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Retour sur la merveilleuse moisson des enregistrements de Lars Vogt pour le label Ondine : un listing…

05nov

Dans la continuité de mes deux articles d’avant-hier «  » et hier « « ,

et après le listing des enregistrements de Lars Vogt d’entre 1991 et 2007 réunis dans le passionnant coffret « Lars Vogt – The complete Warner Classics Edition » de 27 CDs, qui vient de paraître ce 3 novembre 2023,

The Complete Warner Classics Edition : Lars Vogt - Musique classique -  Genres musicaux | Cultura

ainsi qu’avec le listing des CDs enregistrés live au magique Festival Spannungen de Heimbach, que Lars Vogt a fondé en 1998 (et organisé et passionnément animé sa vie durant), consultable en mon article « « 

_ soient, d’une part, les 14 CDs du merveilleux coffret « Spannungen : Musik im Kraftwerk Heimbach – Limited Edition – Kammermusik – Chamber Music – Lars Vogt & Friends » (CAvi-music 8553100, paru en 2007, et comportant des enregistrements live de 1999 à 2006) :

10 Ans Musique De Chambre Du Festival Spannungen A Heimbach : Enregistrements…

Antonin Dvorák (1841-1904)
Quintette pour piano en la majeur, B. 155 (op. 81) (once listed as op. 77)

Tatiana Komarova
Trio pour violon, violoncelle & piano

Igor Stravinsky (1882-1971)
L’histoire du soldat

Arnold Schoenberg (1874-1951)
Verklarte Nacht pour sextuor à cordes, op. 4

Olivier Messiaen (1908-1992)
Quatuor pour la fin du temps

Franz Joseph Haydn (1732-1809)
clavier Trio en sol majeur, H. 1515

Franz Schubert (1797-1828)
Quintette pour 2 violons, alto & 2 violoncelles en do majeur, D. 956 (op. posth. 163)

Johannes Brahms (1833-1897)
Trio pour piano et cordes n° 1 en si majeur, op. 8

Antonin Dvorák (1841-1904)
Quatuor pour piano n° 2 en mi bémol majeur, B. 162 (op. 87)

Franz Joseph Haydn (1732-1809)
Trio pour piano, violon et violoncelle en do majeur, H 15 n° 27

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate pour basson & violoncelle en si bémol majeur, K. 292 (K. 196c)
Divertissement pour violon, alto & violoncelle en mi bémol majeur, K. 563

Paul Hindemith (1895-1963)
Sonate pour violon seul en sol mineur, op. 116
Sonate pour 10 instruments (Fragment)

Alban Berg (1885-1935)
Adagio, pour clarinette, violon & piano (arr. of 2nd mvt. of Concerto de chambre)

Francis Poulenc (1899-1963)
Trio pour hautbois, basson & piano, FP 43

Sergey Prokofiev (1891-1953)
Quintette pour hautbois, clarinette, violon, alto & contrebasse en sol mineur, op. 39

Johannes Brahms (1833-1897)
Quatuor pour piano et cordes n° 1 en sol mineur, op. 25
Quatuor pour piano et cordes n° 3 en do mineur, op. 60

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Quintette pour piano and Winds en mi bémol majeur, K 452
Quatuor pour flûte et cordes n° 1 en ré majeur, K 285
Quintette pour 2 violons, 2 altos et violoncelle n° 4 en sol mineur, K 516

Antonin Dvorák (1841-1904)
Trio pour piano n° 3 en fa mineur, B. 130 (op. 65) (once listed as op. 64)

Dmitry Shostakovich (1906-1975)
Trio pour piano n° 2 en mi mineur, op. 67

Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Carnival of the Animals, zoological Fantaisie pour 2 pianos & ensemble
Fantaisie pour violon & harpe en la majeur, op. 124

Jean Françaix (1912-1997)
Divertissement pour basson & orchestre de cordes

Marcelle Soulage
Légende, pour hautbois, flûte & harpe

Roger Boutry (1932-)
Interferences pour basson & piano

Darius Milhaud (1892-1974)
Scaramouche, op. 165b

Johannes Brahms (1833-1897)
Quatuor pour piano et cordes n° 2 en la majeur, op. 26

Felix Mendelssohn (1809-1847)
Quintette pour cordes n° 2 en si bémol majeur, op. 87

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Quatuor pour piano et cordes n° 1 en sol mineur, K 478

Alban Berg (1885-1935)
Sonate pour piano, op. 1

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Trio pour piano et cordes n° 2 en si bémol majeur, K 502

Arnold Schoenberg (1874-1951)
chambre Symphonie n° 1 en mi majeur, op. 9

Antonin Dvorák (1841-1904)
Sonatine pour violon & piano en sol majeur (Indian Lament), B. 183 (op. 100)

Pyotr Il’yich Tchaikovsky (1840-1893)
Trio pour piano en la mineur (In Memory of a Great Artist), op. 50

Brett Dean (1961-)
Recollections, for chambre ensemble

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano n° 23 en la majeur, K 488

Peter Maxwell Davies (1934-)
8 Mélodies for a Mad King

Isabelle van Keulen (alto)
Tanja Tetzlaff (violoncelle)
Alban Gerhardt (violoncelle)
Kornelia Brandkamp (flûte)
Gustav Rivinius (violoncelle)
Isabelle Faust (violon)
Diemut Poppen (alto)
Tabea Zimmermann (alto)
Diemut Schneider (clarinette)
Rolf Jensen (contrebasse)
Jochen Ubbelohde (cor)
Daniel Hope (violon)
Ib Hausmann (clarinette)
Julia Fischer (violon)
Andreas Bach (piano)
Christian Wetzel (hautbois)
Johann König (hautbois)
Daniel Jemison (basson)
Béatrice Muthebet (alto)
Gregor Bühl (xylophone)
Christian Poltéra (violoncelle)
Mihaela Ursuleasa (piano)
Stefan Fehlandt (alto)
Tatiana Komarova (glockenspiel)
Andrea Lieberknecht (flûte)
Sharon Kam (clarinette)
Jana Bouskova (harpe)
Hartmut Rohde (alto)
Heinrich Schiff (violoncelle)
Natalie Clein (violoncelle)
Hanna Weinmeister (alto)
Heime Müller (violon)
Thomas Adamsky
Stefan Schweigert (basson)
Marie-Luise Neunecker (cor)
Mizuho Yoshii (hautbois)
Sybille Mahni (cor)
Yasunori Kawahara (contrebasse)
Claudio Bohórquez (violoncelle)
Alexander Lonquich (piano)
Hans-Kristian Sorensen (percussion)
Guilhaume Santana (basson)
Jaime Martín (flûte)
Georg Nigl (baryton)
Christian Tetzlaff (violon)
Lars Vogt (piano)
Boris Pergamenschikow (violoncelle)
Antje Weithaas (violon)
Kim Kashkashian (alto)
Nikolaus Schneider (violoncelle)
Stefan Rapp (percussion)
Jeroen Berwaerts (trompette)
Peter Riegelbauer (contrebasse)
David Purser (trombone)
Michael Collins (clarinette)
Dag Jensen (basson)
Tatjana Masurenko (alto)
Anette Behr-König (violon)
Heimbach Strings 2006
Daniel Harding

Format: 14 CD
Release date: 20/9/2007

 

et d’autre part, les 16 autres albums suivants, parus entre 2006 et 2018, dans le même label CAvi-Music :

1)  _ le double CD « Brahms – Piano Quintet op. 34 – Sextett op. 36 » (CAvi-Music 553049, paru en 2006) ;

2) _ le CD « Mendelssohn – Enescu – Octets for strings » (CAvi-Music 8553163, paru en 2009) ;

3) _ le CD « Dvorak – Serenade for winds op. 44 – String Quartet N°13 » (CAvi-Music 8553164, paru en 2009) ;

4) _ le double CD « Schubert – Widmann – Octets » (CAvi-Music 8553209, paru en 2010) ;

5) _ le CD « Tchaikovsky – String Quartet N°3 – Shostakovich – Piano Trio N°2 » (CAvi-Music 8553224, paru en 2011) ;

6) _ le CD « Smetana – Ravel – Watkins – Piano Trios » (CAvi-Music 8553260, paru en 2012) ;

7) _ le CD « Spohr – Ebert – Janacek – Widmann – Winds & Strings » (CAvi-Music 8553261, paru en 2012) ;

8) _ le CD « Boulanger – Hindemith – Debussy » (CAvi-Music 8553295, paru en 2013) ;

9) _ le CD « Mahler – Symphony N°4 (Fassung Erwin Stein) « (CAvi-Music 8553334, paru en 2014) ;

10) _ le CD « Rachmaninoff – Piano Trio N°2 – Trio élégiaque » (CAvi-Music 8553335, paru en 2014) ;

11) _ le CD « Verdi – Dvorak – String Quartets » (CAvi-Music 8553358, paru en 2015) ;

12) _ le CD « Weber – Saint-Saëns – Klughardt – Krein – Chamber Music » (CAvi-Music 8553359, paru en 2015) ;

13) _ le CD « Mendelssohn – Penderecki – Sextets » (CAvi-Music 8553384, paru en 2016) ;

14) _ le CD « Nielsen – Prokofiev – Wind Quintets » (CAvi-Music 8553385, paru en 2016) ;

15) _ le CD « Tchaikovsky – Borodin – String Quartets N°2 » (CAvi-Music 8553101, paru en 2018) ;

16) _ le CD « Glière – Shostakovich – Hahn » (CAvi-Music 8553102, paru en 2018)… _,

je tiens à présenter aussi, et surtout, le listing des somptueux 18 CDs que Lars Vogt a enregistrés _ entre le 27 juin 2011, à Brème (il s’agit de Sonates pour piano et violon de Mozart, et de Sonates pour violon et piano de Schumann, avec le violon de Christian Tetzlaff : pour un CD Mozart Ondine ODE 1204-2, paru en 2012) et un CD Schumann Ondine ODE 1205-2, paru en 2013), et le 5 novembre 2021, à Paris (il s’agit des Concertos pour piano n° 9 et n° 14 de Mozart, avec l’Orchestre de chambre de Paris : pour un CD Mozart Ondine ODE 1414-2, paru en 2023) _, pour le label Ondine,

et qui sont parus de 2012 à 2023.

1) _ le CD « Mozart – Sonatas for piano and violin » ODE 1204-2, avec Christian Tetzlaff _ enregistré à Brème du 27 au 30 juin 2011, et du 23 au 25 avril 2012 _, paru en 2012 ;

2) _ le CD « Schumann – Violin Sonatas » ODE 1205-2, avec Christian Tetzlaff enregistré à Brème du 27 au 30 juin 2011, et du 23 au 25 avril 2012 _, paru en 2013 ;

3) _ le double CD « Brahms – the Piano Trios » ODE 1271-2D, avec Christian et Tanja Tetzlaff _ enregistré à Brème du 27 au 29 mai 2014 _ , paru en 2015 ;

4) _ le CD « Bach – Goldberg Variations » ODE 1273-2 _ enregistré à Cologne du 24 au 26 mars 2014 _, paru en 2015 ;

5) _ le CD « Brahms – the Violin Sonatas » ODE 1284-2, avec Christian Tetzlaff _ enregistré à Brème du 24 au 26 août 2015 _, paru en 2016 ;

6) _ le CD « Schubert – Impromptus, D 899 – Moments musicaux, D 780, Six German Danses, D 820 » ODE 1385-2 enregistré à Cologne du 29 au 31 mars 2016 _, paru en 2016 ;

7) _ le CD « Beethoven – Piano Concertos N° 1 & 5 » ODE 1292-2, avec le Royal Northern Sinfonia, enregistré à Sage Gateshead le 28 octobre 2016, le 18 novembre 2016 et les 16 et 17 mars 2017, et paru en 2017 ;

8) _ le CD « Beethoven – Triple Concerto – Piano Concerto N° 3 » ODE 1297-2, avec le Royal Northern Sinfonia _ enregistré à Sage Gateshead les 29 et 30 septembre 2016, et le 18 novembre 2016 et le 28 janvier 2017 _, paru en 2017 ;

9) _ le CD « Beethoven – Piano Concertos N° 2 & 4 » ODE 1311-2, avec le Royal Northern Sinfonia _ enregistré à Sage Gateshead les 15 et 17 mars 2017 et du 8 au 10 juin 2017 _, paru en 2018 ;

10) _ le CD « Antonin Dvorak – Piano Trios N° 3 & 4, ‘Dumky’  » ODE 1316-2, avec Christian et Tanja Tetzlaff _ enregistré à Brème en avril 2018 _, paru en 2018 ; 

11) _ le CD « Lars Vogt – Mozart – Piano Sonatas K280 – K281 – K310 – K333 » ODE 1318-2, paru en 1318-2 _ enregistré à Cologne du 3 au 5 mai 2016 et les 18 et 19 janvier 2019 _, paru en 2019 ;

12) _ le CD « Brahms – Piano Concerto N° 1 – Four Ballades » ODE 1330-2, avec le Royal Northern Sinfonia _ enregistré à Sage Gateshead les 30 novembre et 1er décembre 2018 et à Cologne, le 20 janvier 2019 _, paru en 2019 ;

 

13) _ le CD « Brahms – Piano Concerto N° 2 – Handel Variations » ODE 1346-2, avec le Royal Northern Sinfonia _  _ enregistré à Sage Gateshead les 15 et 16 février 2019 et à Cologne, du 17 au 19 décembre 2019 _, paru en 2020 ;

14) _ le CD « Janacek – On an overgrown path – In the mists – Sonata » ODE 1382-2 _ enregistré à Cologne le 3 mai 2016 et du 25 au 27 novembre 2019 _, paru en 2021 ;

15) _ le CD « Beethoven – Sonatas Op. 30″ ODE 1392-2, avec Christian Tetzlaff _ enregistré à Brème les 31 août et 2 septembre 2020 _, paru en 2021 ;

16) _ le CD « Mendelssohn – Piano Concertos – Capriccio Brillant » ODE 1400-2, avec l’Orchestre de chambre de Paris _ enregistré à Paris du 2 au 5 novembre 2021 _, paru en 2022 ;

17) _ le double CD « Schubert – Piano Trios – Notturno – Rondo – Arpeggione Sonata » ODE 1394-2D, avec Christian et Tanja Tetzlaff _ enregistré à Brème du 21 au 25 février 2021, et les 10 et 11 juin 2021 _, paru en 2023 ;

et 18) _ le CD « Mozart – Piano Concertos N° 9 & 24″ ODE 1414-2, avec l’Orchestre de chambre de Paris _ enregistré à Paris du 25 au 28 avril 2021 _, paru en 2023… 

Et il me faut aussi renvoyer à mon article «  » du 11 octobre dernier, dans lequel je rappelais l’historique des ultimes séances d’enregistrement de Lars Vogt concernant ses 5 ultimes CDs ;

un historique d’enregistrements que j’avais détaillé en mon article «  » du 21 septembre précédent :

1) du 21 au 25 février 2021, à Brème, avec Christian et Tanja Tetzlaff, pour le CD « Schubert – Piano Trios – Notturno – Rondo – Arpeggione Sonata » (soit le CD Ondine ODE 1394-2D) ;

2) du 25 au 28 avril 2021, à Paris, avec l’Orchestre de chambre de Paris, pour le CD « Mozart – Piano Concertos N° 9 & 24 » (soit le CD Ondine ODE 1414-2) ;

3) du 10 et 11 juin 2021, à Brème, avec Christian et Tanja Tetzlaff, pour le CD « Schubert – Piano Trios – Notturno – Rondo – Arpeggione Sonata » (soit le CD Ondine ODE 1394-2D) ;

4) du 6 au 8 octobre 2021, à Paris, avec Raphaël Sévère et l’Orchestre de chambre de Paris, pour le CD « Mozart – Clarinet Works » (soit le CD Mirare MIR 626) ;

5) du 2 au 5 novembre 2021, à Paris, avec l’Orchestre de chambre de Paris, pour le CD « Mendelssohn – Piano Concertos – Capriccio brillant » (soit le CD Ondine ODE 1400-2) ;

6) le 24 novembre 2021, à Londres, avec Ian Bostridge, pour le CD « Schubert – Schwanengesang » (soit le CD Pentatone PTC 5186 786) ;

7) les 1er et 2 février 2022, à Paris, avec le Quatuor Modigliani, pour le CD « Mozart – Clarinet Works » (CD Mirare MIR 626).

Que de merveilles et d’accomplissements en ces CDs pour Ondine : un trésor…

Ce lundi 6 novembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une interprétation magistrale et bouleversante de tendresse de 4 chefs d’oeuvre de Schubert par l’immense Lars Vogt et Tanja et Christian Tetzlaff : un trésor pour l’île déserte…

29avr

C’est un double CD absolument exceptionnel _ Ondine ODE 1394 _ qu’Ondine aujourd’hui nous donne _ qu’on écoute pour commencer déjà rien que ces fabuleux courts extraits-ci Qui y résisterait ??? _

avec l’interprétation magistrale bouleversante de tendresse vraie, irremplaçable, et surtout qui nous donne, quasi miraculeusement, à recevoir, à l’écoute, comme absolue, enfin, les œuvres ainsi interprétées en leur essence schubertienne même,

que viennent ainsi nous offrir avec une intensité et une justesse de sens jamais atteinte jusqu’ici à un tel degré de vérité aussi pure _ écoutez jusqu’aux silences de leurs respirations musicales !.. _,

l’immense _ et infiniment regretté et pleuré de tous ; cf mon article du 6 septembre 2022 : « « , qui comporte aussi un commode récapitulatif des articles que je lui avais consacrés (depuis le 17 octobre 2009) à la date de son décès le 5 septembre 2022 _ Lars Vogt (Düren, 8 septembre 1970 – Erlangen, 5 septembre 2022), au piano,

et ses amis, si proches, les magnifiques, eux aussi, Tanja Tetzlaff (Hambourg, 1973), au violoncelle, et son frère Christian Tetzlaff (Hambourg, 29 avril 1966), au violon,

dans, surtout, quatre des chefs d’œuvre absolus, miraculeux, de Franz Schubert (Lichtental, 31 juillet 1797 – Vienne, 19 novembre 1828),

que sont les deux Trios avec piano,

le premier, en si bémol majeur, Op. 99 (D. 898) _ créé chez Joseph von Spaun le 28 janvier 1828 _

et le second, en mi bémol majeur, Op. 100 (D. 929) _ créé au Musikverein de Vienne le 28 décembre 1827 _,

le fragment de Trio dit Notturno, en mi bémol majeur, Op. 148 (D. 897) _ de 1827 : probablement un mouvement non retenu du Trio Op. 100, et sublime lui aussi… _,

et la Sonate Arpeggione (D. 821) _ composée à Vienne en novembre 1824 pour son ami Vincenz Schuster.

Et c’est absolument exceptionnel !!!

Nos larmes coulent en abondance et de peine et de joie…

Sur ce double CD miraculeux,

cf aussi le bien bel article de Patrice Imbaud intitulé « Lars Vogt, Tanja et Christian Tetzlaff, bouleversants dans le dernier Schubert« , paru le 25 avril dernier, sur le site de ResMusica :

Lars Vogt, Tanja et Christian Tetzlaff bouleversants dans le dernier Schubert

Véritable chant du cygne, ce dernier enregistrement de Lars Vogt accompagné de Tanja et Christian Tetzlaff, constitue une nouvelle poignante et douloureuse référence dans les Trios avec piano de Schubert. In memoriam.

Cet album prend bien évidemment une dimension particulière lorsque l’on sait que le pianiste , décédé le 5 septembre 2022, a débuté cet enregistrement des deux Trios avec piano op. 99 et op. 100, du Nocturne op. 148, du Rondo pour violon et piano et de la Sonate « Arpeggione », contre avis médical, alors qu’il était déjà sous traitement _ voilà _ et se savait probablement condamné… Il n’est pas hasardeux non plus de penser que c’est délibérément _ oui _ que le pianiste allemand a choisi ces dernières œuvres de Schubert où la mort rôde… Composés fin 1827-1828, juste avant la mort du compositeur _ le 19 novembre 1828 _ et probablement _ oui _ l’un à la suite de l’autre, les deux grands _ tout simplement merveilleux, l’un et l’autre _  Trios avec piano opus 99 et opus 100, sont tout à la fois le même, par ce mélange typiquement schubertien de joie et de tristesse, et l’autre, par leur climat dissemblable, plus lumineux et lyrique pour l’opus 99, plus sombre pour l’opus 100.

Lars Vogt et ses amis nous en livrent une interprétation mémorable _ et comment !!! _ comme suspendue _ écoutez la ferveur des respirations et silences musicaux… _ entre ciel et terre, faite d’équilibre _ oui, avec une parfaite et justissime humilité _ , de subtilité _ oui _, de couleurs et de superbes nuances, portée par une écoute complice _ de toujours _ et une expressivité dont l’éloquence donne forme à l’indicible _ voilà ! _ et force _ absolument ! _  l’admiration. On admire sans réserve l’allegro lyrique et contrasté du Trio n° 1, son andante mélancolique et rêveur, son scherzo malicieux et bondissant, autant que son rondo final jubilatoire et résolu. Et on souscrit aussi totalement à l’ambiguïté palpable du Trio n°2 hésitant entre révolte et plainte déchirante dans l’allegro, bientôt suivi de la mélodie hypnotique et élégiaque de l’andante, précédant elle-même un scherzo dansant d’où sourd une fragrance de résignation, avant un final aux parfums de fête forcée, hanté par la résurgence du lugubre thème de l’andante, chanté par le violoncelle, comme une menace _ de bien belles analyses…

Contemporain des deux trios, le Nocturne op. 148 (1827) conclut cette progression dramatique dans une interprétation à vous tirer les larmes _ oui ! _ où la désolation acceptée cède progressivement le pas, après quelques sursauts, à une apaisante quiétude.

Deux œuvres en duo complètent _ généreusement _ ce copieux double album : le Rondo D 895 (1826) pour violon et piano _ avec Christian Tetzlaff _ et la _ si belleSonate « Arpeggione » (1824) pour violoncelle et piano _ avec Tanya Tetzlaff : tous deux amis très proches, et vieux complices musicaux (cf les merveilleux concerts et CDs du Festival Spannungen de Heimach, qu’avait créé et dirigeait Lars Vogt) de Lars Vogt… De sublimes CDs à thésauriser !!! Le premier donne libre cours à la virtuosité et à la complicité de et de Lars Vogt. La seconde, plus consistante _ quel chef d’œuvre, elle aussi !.. _, permet de gouter l’impressionnante digitalité de et à la belle sonorité de son violoncelle Giovanni Baptista Guadagnini de 1776 dans une lecture à la fois lyrique et tendue d’un charme envoûtant _ oui, oui : absolument !

Rien d’hagiographique, ni de pathétique _ surtout pas, en effet… _ dans cette élogieuse chronique, mais simplement _ oui _  un _ tout simple _ constat _ de fait, oui ! _ fait par Lars Vogt lui-même à la fin de l’enregistrement : « J’ai un peu l’impression que tout dans ma vie s’est développé vers cet opus 100… s’il ne reste pas beaucoup de temps, alors c’est un adieu digne » et sans doute beaucoup plus que ça… un legs _ absolument _ magistral !

Franz Schubert (1797-1828) :

Trio pour piano et cordes n° 1 en si bémol majeur D 898 op. 99 ;

Trio pour piano et cordes n° 2 en mi bémol majeur D 929 op. 100 ;

Nocturne pour trio avec piano D 897 op. 148 ;

Rondo pour violon et piano D 895 op. 70 ;

Sonate « Arpeggione » en la mineur D 821.

Lars Vogt, piano ; Tanja Tetzlaff, violoncelle ; Christian Tetzlaff, violon.

2 CD Ondine.

Enregistrés du 21 au 25 février et du 10 au 11 juin 2021 _ pour le Trio Op. 99 _ à la Sendesaal de Brême.

Notice bilingue : anglais-allemand. Durée totale : 136:45

 

 

Un double CD pour l’île déserte.

Ce samedi 29 avril 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le fantastique « viatique inespéré » d’écrire, ou le legs inespéré d’Alice Carisio : « pour franchir les abymes et renaître des incendies » ; ou la poursuite (« pour continuer ce qui est fini » : « ce qui est fini continue dis-je »… ) des conversations continuées avec ses morts (et quelques vivants) d’Hélène Cixous, et parce que « le temps, c’est surtout la vérité du temps », en un assez désopilant, au moins par endroits, « MDEILMM _ Parole de taupe »…

16nov

Venant de relire les 170 pages

_ comme toujours assez cryptées, mais c’est un jeu du Livre, non seulement, et pas du tout d’abord, avec ses lecteurs, mais d’abord et très fondamentalement avec celle qui accepte, en ses cahiers, de totalement se livrer (= se Livrer…), encore, et toujours (cf là-dessus le bel article très lucide « Ecrire infiniment » de Marie Etienne, paru le 17 novembre 2021 dans En attendant Nadeau, à propos du précédent « Rêvoir » dont « MDEILMM _ Parole de taupe«  est simplement, et très évidemment, la continuation, la poursuite, une suite…), et à nouveau, opus après opus, à l’acte infiniment toujours surprenant d’écrire, avec la gourmandise goulue, à la fois terrorisée mais plus encore ultra-jouissive, de découvertes rétrospectives à-venir merveilleuses et magnifiques (« une Grâce !« , quand et si elle survient ; mais, de fait, cela advient !..) qui, en dépit du puissant effaceur Léthé viennent presque souvent, et toujours, forcément assez subrepticement, avec du temps (à y consacrer et s’y consacrer soi-même) et  surtout de la fulgurance, s’y livrer en ces pages… _

du tout récent nouvel opus d’Hélène Cixous, « MDEILMM _ Parole de taupe« ,

mon impression de désopilance de cet opus,

au moins en maints passages _ par exemple celui, absolument délicieux autant que torrentiel, des irrésistibles « choux à la crème » de la cousine d’Hélène, « Ma Cousine« , l’ambassadrice du salvateur viatique, le 29 décembre 2020, aux pages 74 à 79 ;  ou, par exemple encore, celui, bien plus bref, des pets devenus, pour l’opéra, « à la violette », sur les très avisés conseils de « Monsieur Emile« , le frère en apothicairerie de la maîtresse des tables tournantes du 4ème étage du 54 rue Philippe, à Oran, la demoiselle Alice Carisio, la « médium-écrivain« , à l’orthographe plus qu’incertaine, à la page 162…  _

se confirme et m’enchante…

Et pour confirmation de mon intuition de lecture-relecture de ce « MDEILMM _ Parole de taupe » de maintenant,

je me permets de reproduire ici et en entier _ avec une ou deux farcissures de commentaire miennes, en forme de dialogue poursuivi… _ ce bel article lucide d’il y a un an de Marie Etienne à propos du précédent « Rêvoir » d’Hélène Cixous :

Écrire infiniment

Rêvoir : rêv(e)oir, revoir, ré(ser)voir. Comme toujours, avec Hélène Cixous, on est à la frontière des mots, ce qui fait qu’ils communiquent. Comme des vases surréalistes, ils entretiennent des relations d’êtres parlants, vivants, ils échangent leurs pouvoirs, ils sont puissants et agissants sur la réalité.


Hélène Cixous, Rêvoir. Gallimard, 194 p., 17 €

Hélène Cixous, Le livre de Promethea. Nouvelle édition augmentée d’une préface, d’une interview et d’un dessin d’Adel Abdessemed. Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 272 p., 11 €


 

Tenons-le-nous pour dit, Hélène Cixous n’a pas fini, bien qu’elle écrive infiniment, de nous mener dans son bateau, vers des rives qu’on savait exister mais qu’on ne voyait pas aussi clairement qu’elle.

Les moments de la vie ne sont pas séparés, le temps n’existe pas

_ car « le temps, c’est surtout la vérité du temps« , qui advient, cette vérité du temps-là, dans l’expérience absolument ouverte de l’écrire, comme l’indique magnifiquement Hélène Cixous à la page 58 de « MDEILMM _ Parole de taupe«  ; poursuivant, en l’élan même de la page, sur sa lancée très lucidement inspirée :  »Toute ma vie est au présent, ma mémoire est une armoire immense pleine de morts et d’éternités de mon vivant, nous sommes naturellement anachroniques et tout aura toujours été écrit dans le présent de mes cahiers. J’écris depuis que je suis. Mes cahiers sont les barques dont on s’est toujours aidés pour franchir le Léthé. On ne dira jamais assez à quel point le papier _ ainsi que l’encre ; cf ce qu’en ont dit nos très chers Montaigne, puis Proust... _, ce matériau si léger, est solide. C’est, comme l’écriture, du rien très puissant. J’écris, c’est-à-dire je monte à bord d’un cahier pour franchir les abymes et renaître des incendies« , toujours en ce puissant « MDEILMM _ Parole de taupe«  _,

du moins tel qu’on l’entend, qu’on le conçoit par habitude. « Il n’est pas impossible d’exister sans temps. » Les morts et les vivants continuent à se voir et même à se rêvoir, dans ce pays juste à côté, qui flotte fortement quand on le croit possible et qu’on a des antennes, un ascenseur particulier pour y descendre ou y monter. « L’amour garde en vie les morts, à condition bien entendu que l’amour soit de bonne qualité – surtout les chats. »

Ainsi, tout continue

_ voilà ! « Ce qui est fini est fini dit ma mère, ce qui est fini continue-dis-je. J’écris pour continuer« , écrit Hélène Cixous en cette même page 58 de « MDEILMM _ Parole de taupe«  _,

nous y sommes habitués chez Cixous, mais cette fois _ et c’est aussi le cas, bien sûr, dans l’opus qui va suivre… _ la mort, ou son idée, se fait pressante, la maladie prend de la place, elle perturbe et le corps et l’esprit et le monde. La peur s’installe. Hélène s’échappe, le plus souvent dans le passé ou le futur, elle est prise de bougeotte, elle est Dame-en-partance, elle est tragique et drôle, follement drôle ! _ avec désopilance même ! Elle donnerait du courage au plus rouillé, au plus trouillé, dirait Ève, sa mère, qui l’amène en voyage, elle est l’incartade même, dépourvue et touchante : « je pris pour tout bien ma robe de chambre en lainage écossais, une vraie maison, un lit de camp, un berceau pour les chats, une peau de mère pour mon corps fatigué

_ cf ce qu’en « MDEILMM _ Parole de taupe« , aux pages 63- 64, vient énoncer, et c’est là même le tournant absolument décisif à mes yeux de ce nouveau livre Hélène Cixous : « Ce jour-là _ le 29 décembre 2020 _ « le messager du destin c’est ma cousine. (…) Et comme si elle était obscurément avertie de cette mission inimaginable, elle s’était spontanément costumée et ornée d’une coiffure d’ambassadeur nommé pour remettre à un.e destinataire à l’essor menacé par la fatigue _ nous y revoilà à ce qu’il faut donc surmonter ! _ la faiblesse, la baisse de la vitalité, un viatique inespéré » : une expression bien sûr capitale !.. ;

venant commenter ces mots en effet tout à fait décisifs pour l’économie de ce nouvel opus, de la page 63 : « L’événement de cette année _ 2020 _ c’est l’arrivée de l’Avis, et par suite le mystère de la vie de l’Avis, une vie de taupe. On aura donc vécu plus de soixante-dix ans

_ soixante-douze ans précisément, entre le 12 février 1948 de la mort de son père, Georges-Jonas Cixous, décédé à Alger le 12 février 1948, et le mercredi 29 décembre 2020 de la réception, via la cousine

(« Quand ma Cousine est passée, ce n’était pas prévu, ni par elle, ni par moi. Elle habite dans la rue voisine, elle remémore sur la même place que moi, c’est une dame, elle porte un long vêtement flottant de coulcousin Saul, eur gris soie..(…) Et je me suis retrouvée avec elle, la ne dame, dans les jardins d’Oran autour d’une table tournante, une de ces tables qui la suivent partout, depuis notre premier étage. Comme d’habitude elle apporte un carton : un carton de pâtisseries pour pâtisser la table et la faire parler. Elle le jette sur la table, elle me regarde en clignant des yeux et elle dit : tu as encore maigri. Elle a les cheveux longs en soie blanche, longs, longs, qu’elle met depuis quatre-vingts ans, c’est comme si elle me regardait dans mes cheveux très courts, de toute la longueur de ses cheveux, et je sautille. (…) La Cousine mange des gâteaux. Ils sont là. Des petites mamelles à la crème. Elle ne peut pas les laisser. Elle met les petits animaux dans sa bouche. Il y a une faim à tout. L’envie d’écrire me saisit. Je ressens ça comme une faim séductrice« , pages 74-75),

et via, surtout, la découverte décisive et probablement déclencheuse de l’écriture de ce nouvel opus qu’est « MDEILMM _ Parole de taupe« , de cet Avis de décès (paru en février 1948 dans le journal Alger républicain), et découpé, puis précieusement conservé par le cousin Saul : « c’est mon cousin Saul, le nain, le descendant inconnu de la grande nation des nains gardiens, l’archiviste demeuré, qui a découpé le petit scarabée de Journal _ avis de décès reproduit tel quel, photocopié qu’il est, à la page 65 _ et l’a conservé, pour une durée perpétuelle, dans l’ambre poussiéreux de ses vieux cartons, parmi les avis de naissances, morts, et divers événementsgénéalogiques. Il avait donc soigneusement découpé le sphinx tête de mort, taillé, rogné, réduit à l’absolu l’événement ainsi sublimé : a eu lieu, sans date, sans lieu, reste le choeur Orant : «  »mort ! mort ! Ça alors ! « , lit-on page 66… _ ;

« L’événement de cette année _ 2020 ; je reprends donc ici ce qui constitue le tournant absolument majeur de la construction de « MDEILMM _ Parole de taupe« … _ c’est l’arrivée de l’Avis, et par suite le mystère de la vie _ souterraine, taupesque… _ de l’Avis _ l’avis de décès du docteur Georges Cixous, le père d’Hélène _, une vie de taupe. On aura donc vécu plus de soixante-dix ans sur la terre _ soixante-douze ans précisément, entre le 12 février 1948 de la mort de son père, Georges-Jonas Cixous, décédé à Alger le 12 février 1948, et le mercredi 29 décembre 2020 de la réception, j’y insiste… _, allant et venant, croissant et diminuant, déjà les enfants de nos enfants nous oublient nous ont oubliés au loin du temps, cependant foulant sous nos pas cette vie si cachée sous l’immortelle terre, cependant elle fouit, elle aura foui et foui, et c’est le mercredi 29 décembre 2020, que la taupe fait surface comme au terme d’un Voyage dans le Ventre de la Terre« , lit-on page 63… Fin ici de cette longue incise mienne sur le « viatique inespéré«  qui permet de retrouver et reprendre pleinement l’élan vital de « l’essor menacé par la fatigue la faiblesse, la baisse de la vitalité«  de la page 64 du tout nouveau « MDEILMM _ Parole de taupe«  _,

une peau de mère pour mon corps fatigué, une barque si nécessaire […], ma mère déjà au volant, déjà roulant, je me jetai comme un ange retardataire ».

La faucheuse n’a qu’à bien se tenir. Car niée, elle vacille. « Ça ne me gêne pas d’être morte », dit la mère. Quelle gifle ! Quelle assurance, et quelle dénégation assourdissante ! Le monde est à l’envers, ce qu’on croit vrai est faux, les certitudes s’écroulent : « Nous roulons volons vers l’endroit où l’aube dure six mois et le crépuscule six mois, où l’aube crépuscule l’aube et l’hiver est l’été où le soleil se couche en se levant ».

Hélène invente et réinvente, dans la voiture d’antan, son Phaéton à elle, Hélène chante en écrivant : « Les chats mènent / Je les conduis / Les chats viennent / Je suis la souris ». La chatte Haya réveille Hélène, c’est avant l’aube, elle veut sortir, la chatte Haya est si pressée qu’elle secouerait un mort, elle appelle à la vie : « je suis la preuve éblouissante, je suis la vitesse même de la vie, le oui qui va et revient ».

Rêvoir et Le livre de Promethea, d'Hélène Cixous : écrire infiniment

De même que l’autrice efface les frontières entre les temps, les lieux de vie, elle revient sur des thèmes évoqués ou traités lors des précédents livres. Dans le fragment « Albertinage », l’Albertine de Proust (longuement étudiée au long du séminaire paru l’année dernière, titré Lettres de fuite) devient une souris capturée par ses chattes dans le jardin de la maison. L’épisode raconté comme un combat d’amour est tendu et sanglant, c’est Tancrède et Clorinde, menés par le « désir qui seul nous fait sentir la beauté et le besoin de l’existence ».

« Les chats s’affairaient comme des laboureurs autour des plis d’un grand parasol gisant sur le parquet et qui représentait un grand voilier échoué. Allant, venant, fouillant, le grand vaisseau renversé sur le flanc, ni vivant, ni mort, désactivé. C’est dans ce monde aux nombreux replis intestins qu’Albertine était réfugiée. » À quoi survit, non Albertine, qui s’est « rendue à la mort comme Cléopâtre. En pleine vigueur » (l’incident domestique est renvoyé au mythe), mais la méditation : « Ce qui fait le charme de l’amour, c’est le désir comme condamné à l’échec, la promesse de la perte au cœur même de la possession, le refus dans le refuge. » Cette dernière formule fait le charme du livre, en est le condensé, ou si l’on veut le cœur.

La narratrice est libre, d’aller, venir, chanter, pleurer. Et condamnée. « On ne peut pas arrêter d’être une souris. » Elle recherche et refuse à la fois le refuge, cette immobilité qui ressemble à la mort, où « la réalité reprend son noir ». À ce jeu des chattes et de la souris, « la mémoire est une chatte, elle ne pense qu’à jouer », elle échappe en rêvant, en sautant vivement dans les trains en partance, tous les trains qui sont rêves, espérant se soustraire « au cauchemar qui occupe le monde prétendument réel comme une armée de bourreaux déments ».

Il lui reste à écrire Le Livre étincelant, le seul grand désiré, pour enfin oublier, puisqu’on oublie ce qu’on écrit, puisque le livre est le garant, est le gardien des souvenirs, est le libérateur du grand poids du passé.

Mais attention, pas de regret : « Une fois tout oublié, reste l’inoubliable », qu’elle écrira quoi qu’il en coûte : « Si brûlants soient-ils, les déserts glacent ». D’ailleurs, ses phrases n’ont pas de fin, ses phrases n’ont pas de point final, elles s’interrompent, pour rebondir de l’une à l’autre, se nourrir l’une de l’autre et entrevoir, de cette manière, très loin, un paysage, ou un rivage, ou un visage. « Malgré tout j’écrirai. »

Dans sa préface au Livre de Promethea publié en 1983, qu’accompagnent aujourd’hui un dessin d’Adel Abdessemed, un fac-similé du manuscrit, une « Interview scénarisée » avec Margot Gallimard (laquelle dirige désormais la collection « L’Imaginaire » où le texte reparait), l’écrire-sans-fin est déjà là.

En fait, de même qu’Hélène Cixous ne veut pas finir d’écrire, sinon lors de son dernier souffle, le dernier de l’histoire, la sienne et celle du monde, on a le sentiment qu’elle commence constamment à le faire. Que le commencement n’a pas de fin. Que le commencement n’existe pas. L’écriture s’inscrirait, à l’entendre, à la lire, dans une trajectoire, un mouvement en soi, intemporel, comme une course de soleil, dans un présent inamovible. « Promethea ? Elle fait ses courses dans les planètes. »

De même qu’elle peine, en 2021, à introduire la réédition de Promethea : « Autant essayer de passer la bride à un torrent » ; « Il vaut mieux le laisser rougeoyer à l’horizon », elle peine à en introduire, en 1983, la première édition. « Soit. Je vais essayer de faire l’introduction. Puisque personne n’a envie de me remplacer pour cette tâche. »

Introduire ne lui convient pas, puisqu’elle ne fait que continuer. Et puis, refaire paraître Le livre de Promethea ? « C’est déjà toute une affaire que de le convaincre de se laisser republier et accepter d’être signé. » Le livre lui a échappé, il mène sa vie tout seul. « Est-ce même un livre ? Ce sont les traces étincelantes d’un animal. » Identique à celui qu’a dessiné pour elle Adel Abdessemed, un cheval bondissant au crayon noir sur papier blanc ?

Les livres, une fois nés, se sont détachés d’elle, qui au présent a trop à faire pour s’en préoccuper, pour les porter encore sur les fonts baptismaux, tout simplement pour les relire. Elle doit garder son innocence de nouvelle spectatrice, découvrir « son propre être en poussant des exclamations galiléennes », continuer à croire « à la possibilité d’une espèce qui sait garder sa sauvagerie lumineuse jusqu’au cœur noir de la culture ».

Nous, lecteurs, ne sommes pas obligés de la suivre, de nous montrer indifférents comme elle, nous pouvons circuler dans ses œuvres, sans prendre garde aux dates de leur fabrication, en savourant les ressemblances, les avancées, les distorsions. Heureux d’entrer dans sa « mémoire accidentée », la « mémoire adoptive » contre laquelle elle lutte : « Je voudrais me laver la mémoire dans l’oubli ». Chose que seule permet l’écriture.

« Et ensuite ? Ensuite c’est du maintenant à maintenant. » Hélène se ressemble et cependant elle ne cesse de nous surprendre. Parce qu’elle se tient sur le bord de la vie, à croire qu’elle peut mourir d’une minute à l’autre, et aussitôt après parce qu’elle crie Alléluia : « Nous n’en finissons pas de visiter la vie ». Nous n’en finissons pas de visiter la vie d’Hélène, la vie avec Hélène.

Voilà.

Pour le lecteur fidèle _ et parfois interlocuteur aussi : cf la vidéo de notre magique entretien à propos de « 1938 _ nuits« , à la Station Ausone, à Bordeaux, le 23 mai 2019… _ « d’Hélène Cixous que je suis,

les chapitres 1 « Les derniers souffles du condamné« , 2 « Les frôle-la-mort. Nécrologies« , et 3 « Mdeilmm. Parole de taupe« , de ce « MDEILMM _ Parole de taupe« ,

sont seulement des préparations au chapitre véritablement essentiel, qui est le chapitre 4 « Les communications« , aux pages 139 à 170 de « MDEILMM _ Parole de taupe« ,

avec ce que vient révéler de nouveau, à Hélène, sur sa famille, quand celle-ci vivait à Oran, ce chapitre :

« Aujourd’hui jour de résurrection a eu lieu l’Événement totalement imprévisible : je trouve sur la table ronde une épaisse liasse de feuilles légèrement jaunies, (…) des Lettres, toutes de la même main visiblement celle d’une personne exceptionnellement grande presqu’immobile, à force de lenteur, majestueuse, ou, monumentale. On croirait qu’une statue romaine est l’auteur de ces lignes « , lit-on en l’ouverture de ce chapitre, à la page 131.

Et il s’avère bien vite que « Ce tas hâtif,

C’est le legs d’Alice _ Alice Carisio, « médium-écrivain« , la sœur de ce « Monsieur Émile » du quatrième étage du 54 de la rue Philippe à Oran (« J’appartiens à Monsieur Émile pharmacien magicien je veux qu’il me raconte des inventions et les croire C’est ici au 4e étage malgré les réserves du 2e étage, que j’ai pris goût à la liqueur d’écriture (…) c’est un enchantement des sens, sous la parole du magicien je suis assise et nous sommes deux sur ses genoux, celle qui croit et celle qui dans le secret ne croit pas, cela n’est pas gênant, on s’entend bien « , page 103), déjà rencontré (ainsi que sa sœur Alice : « Dans tout Oran il n’est personne d’aussi vaste et aussi conséquent en forme et en poids de mystère qu’Alice, appendicée par Monsieur Émile« , page 100…) dans l’œuvre d’Hélène Cixous, par exemple dans le merveilleux chapitre « Escaliers fatidiques«  aux pages 99 à 107 du palpitant « Défions l’augure » de 2018 ; cf là-dessus mon article «  » du 12 juin 2018 _

Le Legs Volé. Le voyageur sans adresse. L’ignoré, l’abandonné, le méconnu, le destin endormi sous des siècles qui se réveille pour l’extase de l’archéologue qui jamais ne l’espéra.

Parvenu, nu, fouillis énigmatique, recherche lecture,

Sauvé ! préservé dans quelque coffre livré aux tribulations de l’Histoire et, _ à ma stupéfaction éblouie, _ dis-je à ma fille _ un trésor d’une valeur incalculable s’épanouit, étincelant devant mes yeux « …

Il nous reste donc à découvrir maintenant en quoi consiste précisément la « valeur incalculable » d’un tel « trésor » pour Hélène…

À suivre…

Ce mercredi 16 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un riche passionnant commentaire détaillé « John Adams, l’oeuvre en coffret », du coffret de 40 CDs récemment publié par Nonesuch…

27sept

L’excellent blog musical et discographique du magazine belge Crescendo,

vient de publier, hier lundi 27 septembre 2022, sous la signature de Pierre-Jean Tribot, un riche, passionnant commentaire très détaillé, intitulé « John Adams, l’oeuvre en coffret« , du merveilleux coffret de 40 CDs que le label Nonesuch _ 075597932204 _ vient de faire paraître,

et un épatant outil de connaissance et/ou accession à l’œuvre de ce magistral compositeur américain contemporain qu’est John Adams, à l’occasion de ses 75 ans _ John Adams est né le 15 février 1947.

Cf ce que sur ce blog même j’avais indiqué en mes articles :

 

_ le 20 mars 2022 : « « …

_ le 27 mars 2022 : « « …

_ le 10 juillet 2022 : « « …

John Adams, l’œuvre en coffret 

LE 26 SEPTEMBRE 2022 par Pierre Jean Tribot

John Adams (né en 1947) : Christian Zeal and Activity, China Gates, Phrygian Gates, Shaker Loops, Common Tones in Simple Time, Harmonium, Grand Pianola Music, Harmonielehre, Tromba Lontana, Short Ride in the Fast Machine, The Chairman Dances, Nixon in China, Fearful Symmetries, The Wound-Dresser, Eros Piano, Five Songs, Berceuse élégiaque, The Black Gondola, The Death of Klinghoffer, El Dorado, Chamber Symphony, Hoodoo Zephyr, Violon Concerto, John’s Book of Alleged Dances, I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky, Lollapalooza, Road Movies, Gnarly Buttons, Slominsky’s Earbox, Scratchband, Century Rolls, Hallelujah Junction, Naive and Sentimental Music, El Nino, American Berserk, Guide to Strange Places, On the Transmigration of Souls, The Dharma at Big Sur, My Father Knew Charles Ives, Doctor Atomic, A Flowering Tree, Son of Chamber Symphony, First Quartet, City Noir, The Gospel According to the Other Mary, Saxophone Concerto, Absolute Jet, Roll Over Beethoven, Scheherazade  2, I Still Play, Must the Devil Have All the Good Tunes ? Interprètes divers. 1985-2019. Livrets en anglais. 1 coffret de 40 CD Nonesuch. 075597932294

A l’occasion des 75 ans de John Adams, Nonesuch propose un plantureux coffret qui est une quasi intégrale des partitions du génial  compositeur américain. Certes, il n’y a rien de neuf ou d’inédit dans cette superbe boîte, mais ce coffret permet d’avoir une vision panoramique _ voilà _ d’une œuvre qui s’affirme comme une immense référence de notre temps particulièrement adulée des publics à travers le monde _ et assez peu accessible, eu égard à l’indisponibilité de la plupart de ces CDs américains Nonesuch ; il fallait le préciser !

Car John Adams, comme ses compères Philip Glass ou Steve Reich, c’est un phénomène de société dans le monde de la musique de notre temps _ ce n’est cependant pas là le plus important ! Les modes passent et trépassent… Chacune de ses créations est attendue, suivie et commentée par les fans et des acteurs du milieu musical. Certaines de ses partitions sont même devenues des tubes, régulièrement programmées, par les orchestres y compris les formations d’étudiants _ et alors ? _ ; on pense à Short Ride in the Fast Machine ou The Chairman Dances, et certaines de ses œuvres sont multi enregistrés comme Harmonielehre (1985)pièce orchestrale fondatrice _  oui _ dont il existe déjà 7 versions différentes ! _ dont celle, excellente, par Simon Rattle… Phénomènes quasi incroyables pour de la musique savante _ ah ! _ de notre temps ! Ce parcours artistique unique d’un jeune compositeur qui s’affirme au soleil de la Californie, leader d’une nouvelle génération de compositeurs américains et consacré compositeur en résidence auprès du Berliner Philharmoniker pour la saison 2016-2017 _ c’est prêter là bien de l’importance à la pauvre écume du buzz… 

De cette somme, il faut retenir des axes structurants à commencer par un amour du son _ certes, mais de la musique aussi ! _, que ce soit dans les partitions minimales de ses débuts comme l’envoûtant Harmonium pour chœur et orchestre, sorte de fresque ondoyante, ou dans les créations les plus récentes, à l’image du concerto pour piano  Must the Devil Have All the Good Tunes ? coursé échevelée, ébouriffante et endiablée entre le piano et l’orchestre. L’ultra virtuosité _ mais pas gratuite _ est également une marque de fabrique des partitions pour orchestre : la puissance horizontale de Harmonielehre ou la folie straussienne de City Noir, tryptique lyique et explosif, sorte de Vie de Héros des temps contemporains. On peut moins apprécier certaines partitions orchestrales _ ce n’est pas le cas de l’ami Karol Beffa, qui porte cette œuvre-ci aux nues _, comme El Dorado, Guide to Strange Places, ou Naive and Sentimental Music _ que j’apprécie beaucoup personnellement _ qui peuvent manquer de corps _ ah ! _, mais les textures orchestrales sont superbes _ ouf ! _ et taillées avec la plus haute compétence _ et donc… Tout comme il est loisible de trouver un côté démonstratif _ ah ! _ à Lollapalooza pour orchestre, ou au Concerto pour piano Century Rolls, mais comment ne pas admirer la puissance instrumentale _ wow… _ de la symphonie tirée de l’opéra Doctor Atomic. Le sens de la mélodie est aussi une grande qualité _ tiens donc _ de John Adams, équation si rare chez un musicien de notre temps _ de quelles écoles, donc ? _, on peut ainsi fredonner l’air simple de la Grand Pianola Music, l’air de baryton “Batter my heart” de l’opéra Doctor Atomic, ou la ligne chantante de Tromba Lontana, fanfare pour orchestre. On aime aussi l’humour et le second degré _ ouf !  _qui transparaissnt dans des plus petits formats à l’image du John’s Book of Alleged Dances pour quatuor à cordes ou Gnarly Buttons pour clarinette et petit orchestre.

L’Histoire _ certes _ est également au centre de la démarche artistique de John Adams. L’Histoire par les évènements comme les sujets d’opéras tirés de drames et d’actions de notre époque : la visite du président Richard Nixon à Mao Zedong dans Nixon in China, la prise d’otage des passagers du navire de croisière l’Achille Lauro pour l’opéra The Death Of Klinghoffer, le tremblement de terre de Los Angeles en 1994 pour le bref  I Was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky ou la Nativité, histoire universelle pour El Nino, opéra oratorio multilingue, creuset de notre humanité.  Les drames de notre temps rattrapent même le compositeur par son On the Transmigration of  Souls, en hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001, commande de plusieurs institutions de la ville de New York et créé par le New York Philharmonic sous la direction de Lorin Maazel en 2002. Cette partition pour grand orchestre, chœur mixte, chœur d’enfants et sons fixés sur une bande magnétique valut à John Adams le Prix Pulitzer et plusieurs Grammy Awards. Cette partition fut même une césure dans la notoriété de ce compositeur classé alors à l’avant-garde qui s’institutionnalisa  _ ah ! _ comme l’une des grandes figures de la musique des USA.

Mais cette passion de l’histoire est aussi liée à celle de la musique _ enfin !! _ dont Adams est un fin connaisseur _ eh oui ! _ : Beethoven est décuplé et dynamité dans l’incroyable Absolute Jest pour quatuor à cordes et orchestre, Liszt ou Busoni sont orchestrés, Charles Ives, avec  le délicieux pastiche My Father Knew Charles Ives pour orchestre, est au cœur de cet hommage amoureux à ce pionnier de la musique américaine.

Le génie créatif de John Adams s’appuie _ aussi _ sur une fidélité _ bien sympathique, en effet _ à des artistes ou des institutions : les chefs d’orchestre Edo de Waart, Kent Nagano, Esa Pekka Salonen _ oui _, la violoniste Leila Josefowicz, le San Francisco Symphony Orchestra, le BBC Symphony Orchestra, le Los Angeles Philharmonic, qui mettent toutes leurs compétences artistiques et techniques au service des partitions du compositeur.

Le label Nonesuch, pierre angulaire de ce coffret _ absolument ! une autre fidélité, et cruciale ! _, accompagne John Adams depuis 1985 et le premier album : Harmonielehre sous la direction d’Edo de Waart au pupitre du San Francisco Symphony Orchestra, mais le coffret emprunte également quelques bandes à d’autres labels _ en effet _ DGG, San Francisco Symphony Media et Berliner Philharmoniker.  Certes ce n’est pas une intégrale, car il manque l’avant-dernier opéra The Girls of the Golden West (son dernier opéra Antony & Cleopatra vient _ lui _ juste d’être créé à l’opéra de San Francisco), et le bref I Still Dance, sorte de mouvement perpétuel pour orchestre, mais ce coffret est finalement indispensable _ bien sûr ! _, fenêtre essentielle _ oui, tout simplement ! _ pour l’art de notre temps.

L’objet est en lui-même une pièce de collection _ aussi… ; il est en tirage limité… _, complété des 2 généreux livrets, l’un consacré aux informations artistiques, et l’autre à la mise en perspective de l’art de John Adams.   

Son : 10  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

Un parcours d’écoute musicale fascinant autant que parfaitement réjouissant, voire jubilatoire !!!

Quel trésor de musique ouverte et festive ainsi accessible !

Merci beaucoup !!!

Ce mardi 27 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

En une assez jolie promenade au pays du lied, « In meinem Lied », avec Helmut Deutsch et Sarah Traubel : à comparer au trésor bien heureusement conservé d’autres interprétations des mêmes oeuvres (ici de Gustav Mahler, Franz Liszt, Erich-Wolfgang Korngold, Richard Strauss)…

13août

Le bien connu pianiste Helmut Deutsch, grand amoureux et praticien du lied,

vient de nous proposer

intitulé « In meinem Lied«  _ soit l’expression qui conclut le poème de Ruckert « Ich bin der Welt abhanden gekommen » du sublime lied de Gustav Malher, en ses « Ruckert Lieder » de 1902 _,

un très joli CD _ Aparté AP 288 _ comportant des Lieder de Gustav Mahler, Franz Liszt, Erich Wolfgang Korngold et Richard Strauss,

nous donnant l’occasion de découvrir le timbre de voix _ et l’art, à la diction bien lisible _ de la soprano Sarah Traubel _ Helmut Deutsch faisant l’éloge de l’enthousiasme de Sarah Traubel, auquel il ne trouve de comparaison, page 21 du livret, qu’avec l’enthousiasme de Hermann Prey !.. _,

en un répertoire ou bien déjà très bien connu _ y compris en des CDs de Lieder avec Helmut Deutsch lui-même au piano _, ou bien pour beaucoup encore à découvrir…

Le pianiste Helmut Deutsch est en effet l’âme de ce CD « In meinem Lied » _ le CD Aparté AP 288 _,

dont il signe aussi la présentation en un entretien _ avec Thomas Voigt _ développé sur 5 pages du livret, intitulé « Certainement aussi une devise pour la vie« …

Et Helmut Deutsch de situer ce présent travail sur le Lied, en ce CD avec Sarah Traubel enregistré sous la direction artistique de Nicolas Bartholomée du 31 août au 4 septembre 2021 à Hohenems, en Autriche, au sein de sa très vaste discographie sur le Lied _ j’ai dénombré pas moins de 107 CDs _dont, à propos de ses enregistrements discographiques précédents des compositeurs interprétés ici, soient Gustav Mahler, Franz Liszt, Erich-Wolfgang Korngold et Richard Strauss, Helmut Deutsch mentionne ses CDs de Lieder de Liszt avec Diana Damrau (« Liszt Lieder« , Virgin Classics LC 7873), en 2011 ; et Jonas Kaufmann (« Freudvoll und Leidvoll« , Sony Classical SK 19439892602) en 2021 ;

ainsi que ses CDs de Lieder de Korngold avec Angelika Kirschlager (« Debut Recital Recording« , Sony Classical SK 68344), en 1996 ; Dietrich Henschel (« E.W. Korngold Lieder« , Harmonia Mundi HMC 901780), en 2001 _ je possède ce CD _et Bo Skovhus (« Wolf -Korngold Einchendorff Lieder« , Sony Classical SK 57969), en 1993 ;

ainsi qu’il évoque, mais sans précisément les mentionner, ses deux CDs des « Quatre derniers Lieder » de Richard Strauss, avec Konrad Jarnot (« Richard Strauss« , Œhms Classics OC 518), en 2005 ; et Sumi Hwang (« Strauss Liszt Britten Songs« , Deutsche Grammophon DG 4818777), en 2019 ; deux CDs que charitablement il préfère ne pas nommer ici : « J’espère avoir fait mieux cette fois que dans mes précédents enregistrements, et je suis très reconnaissant à Sarah Traubel de m’avoir offert cette occasion« , se borne-t-il à déclarer à la page 20 de la notice de ce CD « In meinem Lied » de 2021…

Bref une étape à noter dans le parcours discographique d’accompagnateur de Lieder au piano de Helmut Deutsch.

À propos des Lieder de Liszt _ auquel je dois bien constater que jusqu’ici mon oreille s’est montrée hélas assez souvent réfractaire aux enregistrements discographiques… _,

je renvoie ici à deux excellents articles parus sur ForumOpera.com,

le premier intitulé « Mehr Liszt…« , paru le 15 février 2012, sous la plume de Hugues Schmitt, à propos du CD de Diana Damrau et Helmut Deutsch ;

et le second, intitulé « Une voix ne fait pas tout« , paru le 13 octobre 2021, sous la plume de Claude Jottrand, à propos du CD de Jonas Kaufmann et Helmut Deutsch.

Mehr Liszt…

CD Lieder de Liszt
Par Hugues Schmitt | mer 15 Février 2012 |

N’est-ce pas ainsi qu’il fallait comprendre les mots que porta le dernier souffle de Goethe ? Car Liszt ne composa pas plus de six Lieder sur les vers du poète de Weimar. Tout comme Schumann, tout comme Brahms. Six Lieder dont quatre (cinq si l’on compte les deux versions de « Freudvoll und Leidvoll ») sont rassemblés dans cet album, qui pris isolément du reste font apparaître de manière éclatante combien Liszt, plus que Schumann et plus que Brahms, occupe une place irremplaçable _ voilà qui est dit _ dans le Lied « germanique » romantique. Ces six Lieder sont le chaînon nécessaire _ voilà qui est réaffirmé _ qui unit les quelque soixante-dix Lieder que Schubert a consacrés à Goethe aux cinquante pièces que Wolf compose sur ses vers, à l’autre extrémité du siècle.

Plus que dans les flamboyants « Sonnets de Pétrarque », restés sans postérité véritable dans le répertoire vocal tant ils appellent les versions pour piano seul, ou plus que « Liebestraum », dont l’héritage sera plus français et italien qu’allemand, c’est dans cette petite collection de Lieder sur les vers de Goethe, mais aussi de Heine ou Lenau, que se révèlent les apports de Liszt à l’esthétique du romantisme tardif _ voilà. Schumann avait, en travaillant l’extrême grave du piano, introduit dans le Lied un monde abyssal insoupçonné ; Liszt explore l’aigu et l’extrême aigu _ voilà _, où le piano se mêle à la voix, se tresse à elle, l’enveloppe dans un voile de fines gouttelettes parfois tendres mais parfois cliquetantes et corrosives, et l’y laisse comme suspendue, sans recours possible aux solides appuis _ voilà _ des puissantes fondamentales schumaniennes ou brahmsiennes. C’est peu de dire que le piano dialogue avec la voix : il dialogue quand la main droite se fait monodique ; le reste du temps, il la colore, en altère les timbres, en diffracte la clarté. La voix passe par le piano comme la lumière traverse un vitrail. La voix ne commande pas : elle n’est pas une pure volonté, aboutissement et principe de l’ordonnancement des timbres et des registres. Elle ne commande pas _ oui _ comme, dans la célèbre analogie musicale de Schopenhauer, l’homme commande aux forces de la nature. Dans les Lieder de Liszt s’exprime une force supérieure, l’homme lutte avec l’ange _ oui.

Il serait un lieu commun de dire que Liszt importe la rhapsodie dans le Lied : c’est bien plus que cela. Liszt rompt _ voilà _ avec le mode de discours continu, unifié, organique de Beethoven et Schubert, et renoue avec un discours discontinu plus proche de Mozart : une idée apparaît, évidente et radieuse, et disparaît aussitôt ; une autre prend la place, sans lien immédiatement perceptible, et s’interrompt à son tour _ rhapsodiquement. Le propos, fantasque _ oui, à la Hoffmann… _, suit ainsi son chemin, à sauts et à gambades. Et Liszt désoriente _ oui, malmène diaboliquement _ son interprète, son auditoire, les réoriente, pour les désorienter à nouveau. Le Roi de Thulé en est l’exemple même : un début entièrement conforme au canon schubertien, bientôt interrompu… Rien n’y fait, les reprises du motif initial, loin de marquer la forme, ne servent plus qu’à souligner le décousu _ voilà _ du propos ; puis il réexpose, prépare apparemment une coda schubertienne, la brise encore, module et assombrit, effiloche le tissu pianistique, prend à peine le soin de résoudre. Wolf saura s’en souvenir _ en effet.

Mehr Liszt, donc. Car cet album n’explore qu’une facette de l’écriture de Liszt pour voix et piano. Il faut à ces Lieder adjoindre désormais, dans un second volume, les Mélodies françaises (Hugo est, avec Goethe, le second grand inspirateur de Liszt pour la voix), les Airs hongrois de la fin de sa vie, les Chansons anglaises, russes, tout ce par quoi Liszt dépasse le Lied, et montrer ainsi qu’aucun compositeur _ aussi expérimentateur _ , dans toute l’histoire de la musique, n’aura coulé ses notes, avec un égal succès, dans tant de langues et d’esthétiques diverses.
Mehr Liszt, enfin parce qu’on eût souhaité que cet enregistrement fût plus lisztien, plus charmeur, plus âpre, plus fantasque, plus sombre _ voilà. Somme toute, plus contrasté. Entendons-nous bien, la prestation est de remarquable tenue, et nulle verrue ne vient la défigurer. Diana Damrau, dont la diction ne souffre guère de reproche, montre, opportunément, de beaux élans passionnés. Malheureusement, la voix reste trop souvent monochrome, et seule l’intensité varie lorsque tout _ oui, tout _ devrait _ diaboliquement _ chavirer : timbre, débit, émission. La gageure est, vocalement, presque intenable : il faudrait malmener _ oui ! _ l’instrument – au demeurant superbe –, le pousser à bout. Car s’il est une chose que le dernier siècle d’enregistrements lisztiens nous a apprise, c’est bien que la véritable grandeur de Liszt réside davantage dans la démesure _ voilà ! _ que dans la maîtrise. Comment ne pas le reprocher, surtout _ probablement oui ! _, à Helmut Deutsch, dont le piano sans vice ni vertu est toujours _ trop _ impeccablement peigné, et qui ne quitte jamais la sage réserve de l’accompagnateur alors que tout, dans l’écriture même des parties de piano, lui crie d’ _ oser _ être soliste ? Son jeu est distant, flegmatique, glacé. Il est à côté du style, à côté du sens _ voilà. Alors qu’on songe au fougueux coursier arabe auquel Liszt comparait son piano, Helmut Deutsch nous fait l’impression d’un trotteur de Vincennes, certes trotteur de grand prix, mais trotteur quand même…
Il était question de cet album dans le dernier n° de Cave Canem, notre tribune des critiques

NB. Il ne sera pas indifférent au lecteur d’apprendre que le producteur de ce disque a nom Wilhelm Meister !

Franz Liszt

Lieder
….
Diana Damrau
Soprano

Der Fischerknabe S 292b/2
Im Rhein, im schönen Strome S 272/2
Die Lorelei S 273/2
Die Drei Zigeuner S320
Es war ein König in Thule S 278/2
Ihr Glocken von Marling S 328
Über allen Gipfeln ist Ruh S306
Der du von dem Himmel bist S 279/1
Benedetto sia’l giorno S 270a/2
Pace non trovo S 270a/1
I vidi in terra angelici costumi
Freudvoll und leidvoll (1848) S 280/1
Vergiftet sind meine Lieder S289
Freudvoll und leidvoll (1860) S 280/2
Es rauschen die Winde S294/2
Die stille Wasserrose S 321
Bist du !
Es muss ein Wunderbares sein S314
O lieb S 298/2
Helmut Deutsch, piano
Enregistré à l’August Everding Saal, Grünwald, juillet 2011

1 CD, Virgin Classics LC 7873 – 76’37

Une voix ne fait pas tout

CD Freudvoll und Leidvoll
Par Claude Jottrand | mer 13 Octobre 2021 |

Liszt n’occupe pas, dans le panthéon des compositeurs de Lieder, la place qui est dévolue aux plus grands : il n’a ni la spontanéité confondante de Schubert, ni la profondeur poétique de Schumann, ni le lyrisme intense de Brahms, ni la concision imaginative de Wolf. Ni quantitativement (guère plus de 80 Lieder), ni qualitativement il ne peut rivaliser avec ses illustres compétiteurs. Mais son œuvre comprend néanmoins quelques pages intéressantes, très peu présentes dans les programmes de récital et rarement enregistrées.

Dès lors, comme il semblait prometteur, ce nouvel enregistrement de Jonas Kaufmann et Helmut Deutsch ! Un duo de très grand renom cumulant une longue expérience, et qui avait déjà fait ses preuves dans le Winterreise de Schubert ou dans un autre enregistrement de Lieder romantiques intitulé Selige Stunde il y a quelques années, un répertoire sortant un peu des sentiers battus, des moyens vocaux quasi inégalés, une parfaite maîtrise pianistique dans le domaine du Lied, tout semblait réuni pour une réussite complète.

D’où vient alors que l’écoute ne tient pas toutes les promesses de l’affiche ?

Cela tient peut-être à la composition même du récital dont le fil, la trame dramatique ou poétique nous échappe _ et nous perd. Le cœur du programme est constitué des Trois Sonnets de Pétrarque (en italien, naturellement) que les deux partenaires ont souvent donnés en concert, qu’ils maîtrisent et qu’ils donnent avec beaucoup de conviction,mais pas toujours avec légèreté _ ah ! Le choix des pièces qu’ils ont réunies autour de ce cœur de programme, _ fâcheusement _ on n’en perçoit guère la logique ni la pertinence.

Cela tient peut-être aussi aux grandes disparités de ton et de caractère que le chanteur met en œuvre d’un Lied à l’autre, mais aussi au sein d’une même pièce _ ce que Hughes Schmitt caractérisait en son article du 15 février 2012 comme « typiquement lisztien«  ! _, qui rompent l’homogénéité du récital et font que les numéros s’enchaînent sans parvenir à créer l’atmosphère d’un véritable Liederabend _ probablement étranger à l’idiosyncrasie de Liszt ! _, sans créer de tension poétique durable. Le sentiment d’intimité, de chaleureuse communion _ à la Schubert… _ avec les artistes n’émerge que sporadiquement, sans cesse mis en péril par l’ampleur des moyens vocaux, évidemment considérables, mais pas nécessairement adéquats ni dispensés avec souplesse, et souvent disproportionnés par rapport aux textes ou au propos musical ; saluons cependant les efforts constants fournis par le pianiste pour établir et entretenir la trame poétique.

L’entame du disque est particulièrement étrange, tout en énergie et en force avec de très grands contrastes – que le texte ne justifie guère – mais peu de distance ou de second degré, pourtant si précieux chez Heine. On goutera bien, par petites tranches, quelques réussites ponctuelles, comme Im Rhein, im schönen Strome et Die Loreley (plages n°5 & 6), avec de belles demi-teintes et une émouvante transparence vocale, ou Die stille Wasserrose (plage 14), insuffisantes hélas à sauver l’ensemble.

Il reste bien entendu que la voix est grande, très grande – mais pas toujours très homogène ni très précise, que le piano est particulièrement soigné et intelligent, que la diction est irréprochable. Mais voilà, l’art du Lied est un des plus difficile, où le chanteur se trouve complètement à découvert, en constante quête de sens, où il doit porter le son plutôt que se laisser porter par lui, un art qui demande une très grande souplesse, une grande simplicité de ton, si différent de l’opéra…

J’gnorais jusqu’ici ces deux articles,

et tout spécialement, celui, très remarquablement lucide et éclairant sur Liszt, de Hugues Schmitt,

mais ma connaissance jusqu’ici des Lieder de Liszt ne m’avait guère prédisposé alors à l’écoute de ces deux CDs de Lieder de Liszt, parus en 2011 et 2021, interprétés par Diana Damrau et Jonas Kaufmann, avec le piano de Helmut Deutsch.

Cf toutefois, et a contrario (!), mes articles à propos de 3 CDs de Lieder de Liszt que je possède, et ai, eux, beaucoup appréciés :

mon article du 5 novembre 2019 : «  » ;

celui du 25 novembre 2019 : «  » ;

celui du 17 décembre 2019 : « « … ;

et celui du 11 mars 2020 : « « …

J’en tire cette modeste conclusion que

le talent d’exécution des interprètes, au concert comme au disque _ soient ici les chanteurs Cyrille Dubois, André Schuen, Stéphane Degout, et les pianistes qui les accompagnent dans les CDs cités, soient Tristan Raës, Daniel Heide et Simon Lepper _, a une non négligeable importance sur la réception-écoute des œuvres des compositeurs _ même les plus grands ! _, par le mélomane,

dont le goût, jamais non plus, et c’est bien sûr aussi à remarquer, ne saurait être parfaitement neutre et objectif en sa réception, toujours circonstancielle

_ ainsi que toujours révisable, mais oui !, à de nouvelles écoutes ; telles que celles qu’offrent bien opportunément, et à contre-courant du passage du temps, les CDs bien matériels et durables de nos discothèques précieusement et bien heureusement conservées…

Un trésor !

Bref, un assez joli CD

_ qu’on écoute ici par exemple son « Ich bin der West abhanden gekommen » (6′ 04) ; ou son « Im Abendrot » (6′ 57)… _

mais qui ne soulève pas vraiment _ peut-être d’abord une affaire de timbre de la voix : et c’est hélas rédhibitoire… _ mon enthousiasme de mélomane…

Ce samedi 13 août 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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