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Une nouvelle magistrale réussite discographique ravélienne, le Concerto en sol et le Concerto pour la main gauche, par Alexandre Tharaud et Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France : « une violence inouïe ouvrant sur le plus tendre abandon », et « l’enfance, le secret » aussi, oui…

14oct

Et comme en suite à mon article d’hier « « ,

voici à nouveau une magistrale _ justissimement sentie ! _ réalisation discographique ravelienne, parue tout juste hier vendredi 13 octobre :

le « Ravel -Piano Concertos » d’Alexandre Tharaud avec un parfait Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France _ un enregistrement des 5, 6, 7 et 8 juillet 2022 à l’Auditorium de Radio-France, et en une parfaite prise de son ;

voir ici cette brève vidéo de 1′ ;

et avec cette superbe phrase d’Alexandre Tharaud en quatrième de couverture du CD : « Il y a tout Ravel en deux concertos : une orchestration de haut vol, l’enfance, le secret, l’influence du jazz, les machines infernales, une violence inouïe ouvrant sur le plus tendre abandon » : voilà qui, d’expert, est magnifiquement ressenti... _,

soit le CD Erato 5054197660719 ;

avec, en complément de ces deux sublimes Concertos, celui « en sol » _ créé à Paris, salle Pleyel, le 14 janvier 1932 par Marguerite Long et Ravel lui-même dirigeant l’Orchestre Lamoureux _ et celui « pour la main gauche » _ créé à Vienne le 5 janvier 1932 par le dédicataire Paul Wittgenstein ; puis à Paris le 19 mars 1937 par Jacques Février et Charles Munch... _ de Maurice Ravel (Ciboure, 7 mars 1875 – Paris, 28 décembre 1937),

les « Noches en los jardines de Espana » de l’ami Manuel de Falla (Cadix, 23 novembre 1876 – Alta Gracia – Argentine, 14 novembre 1946)…

Ces deux concertos ainsi somptueusement interprétés et enregistrés, sont une fête des sens et de l’esprit !

Quelle sublime poésie que ces musiques sans jamais la moindre scorie, ni trace d’effort, de Ravel :

« une violence inouïe ouvrant sur le plus tendre abandon« ,

et « l’enfance, le secret » aussi, oui…


Ravel est tout simplement un génie.

Merci !

Ce samedi 14 octobre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Post-Scriptum, ce dimanche 15 octobre 2023 :

Faute de pouvoir avoir accès ici aux interprétations magnifiques d’Alexandre Tharaud et Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France, les 5, 6, 7 et 8 juillet 2022 à l’Auditorium de Radio-France, à l’exception de cette trop brève mais bien engageante vidéo (d’une durée d’une minute seulement),

voici des liens permettant d’accéder aux interprétations

de Vlado Perlemuter et Jascha Horenstein dirigeant l’Orchestre des Concerts Colonne, à Paris, en studio, en 1955, dans le Concerto en Sol Majeur (d’une durée de 21′ 49) et dans le Concerto pour la main gauche (d’une durée de 18′ 24) ;

et de Samson François et André Cluytens dirigeant l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, à Paris, du 1er au 3 juillet 1959, dans le Concerto en Sol Majeur (d’une durée de 20′ 29) et dans le Concerto pour la main gauche (d’une durée de 18′ 24)…

Par comparaison, l’enregistrement d’Alexandre Tharaud et Louis Langrée dirigeant l’ONF, du Concerto en Sol Majeur, est d’une durée de 21′ 46et celui du Concerto pour la main gauche, d’une durée de 16′ 51dans le CD Erato paru avant-hier vendredi 13 octobre dernier…

Le son du CD Perlemuter/Horenstein (de 1955) n’est hélas pas de très bonne qualité ; et il me semble que Samson François, lui, court un brin trop vite la poste (en 1959), à mon goût du moins…

Tharaud/Langrée/l’ONF sont, eux, et à tous égards, en 2022, excellents :

raveliennement justissimes…

L’événement du splendide Don Giovanni, à Salzbourg 2021, de Teodor Currentzis et Romeo Castelluci…

14août

En confirmation de mon article du dimanche 8 août dernier ,

qui qualifiait cette production salzbourgeoise à la fois d' »événement » et d' »absolument splendide« ,  et proposait d’accéder par la vidéo aux 3h 41′ de ce magnifique spectacle,

je découvre ce samedi, sur le site de ResMusica et la signature de Dominique Adrian, un excellent article intitulé À Salzbourg, le choc Don Giovanni,

qui détaille avec une parfaite justesse, en particulier, sur le détail des prestations des divers chanteurs, et leurs incarnations respectives des divers personnages de ce dramma giocoso, les qualités de cette très marquante production d’opéra.

Le voici, donc :

À Salzbourg, le choc Don Giovanni

Teodor Currentzis et Romeo Castellucci construisent ensemble une lecture forte et exigeante _ oui _ au cœur _ oui _ du Don Giovanni de Mozart _ qui n’a jamais aussi magnifiquement lisible ! Tant dans sa continuité, parfaitement fluide, qu’en son détail, merveilleusement éclairé ! Quel régal tant musical que visuel…

Après les trilogies Da Ponte exsangues signées successivement par Claus Guth (2006-2011), où seules les Noces avaient un intérêt, et Sven Eric Bechtolf (2013-2016), le Festival de Salzbourg avait bien besoin de remettre sur le métier le cœur de la production opératique de l’enfant du pays. Il ne pouvait pas le faire avec plus d’éclat _ oui ! _ que par ce Don Giovanni singulier et puissant _ oui ! Il marque ! _, et on peut espérer qu’il restera longtemps présent au répertoire du festival. Plus que la distribution, ce sont les deux maîtres d’œuvre principaux du spectacle qui font naître cette réussite _ oui, c’est parfaitement juste.

Teodor Currentzis est la star mozartienne du festival depuis la première année de la direction de Markus Hinterhäuser en 2017, et une Clemenza di Tito qui avait ému le public salzbourgeois. Déjà connue par un enregistrement de 2015, son interprétation trouve tout son sens à la scène. Les tempi, bien sûr, ne sont ceux d’aucune tradition, et Currentzis n’entend pas en faire une vérité absolue ; la tendance générale est rapide, parfois un peu trop pour le bien des chanteurs, mais il sait aussi ralentir _ oui. Le récitatif d’Elvira In quagli eccessi est pris très lentement : ce n’est certes pas conforme à la partition, mais c’est juste émotionnellement _ oui _, comme un gros plan qui révèle l’âme du personnage. _ voilà. Le travail de Currentzis ne se limite pas à des questions de tempo qu’on peut toujours contester à loisir : quoi de plus passionnant que cet art de creuser chaque phrase, de chercher une transparence parfaite _ c’est tout à fait cela _ qui révèle à chaque instant des détails dont on avait toujours su qu’ils étaient là mais jamais vraiment consciemment entendus ? Son extraordinaire orchestre, où de nombreux solistes internationaux viennent rejoindre une troupe majoritairement russe, permet toutes les audaces, ne recule devant aucun détail _ sans jamais rien alourdir… _, et réagit au quart de tour aux moindres inflexions de la direction : les spectateurs auront du mal, après une telle performance, à retourner à la routine des grandes maisons d’opéra _ probablement.

Profusion de symboles et vrai théâtre

Cette fois, ce n’est pas Peter Sellars qui est à ses côtés, mais Romeo Castellucci, qui à son habitude signe aussi bien la mise en scène que les décors, costumes et lumières. Dès l’Ouverture, un bouc, une jeune fille nue _ oui _ : la scène mythologique, les symboles archaïques abondent chez Castellucci, et il présente à la fin de l’opéra les survivants comme les corps inertes des victimes de Pompei _ en effet _ : des humains face à _ et définitivement figés par _ la catastrophe _ survenue. Les symboles surabondent dans ce spectacle, mais il y une bonne nouvelle : contrairement à beaucoup d’autres de ses travaux (dont sa Salome salzbourgeoise), ils ne sont pas cette fois un frein au théâtre. La scène initiale, dans le silence (ou plutôt dans les commentaires intempestifs d’une partie du public), illustre la problématique religieuse dont il ne se défait pas _ en effet _ : des ouvriers entrent dans une église pour en retirer tous les symboles religieux, statues, crucifix, tableaux _ et c’est fondamental… Déjà,plus d’un siècle plus tôt, le Dom Juan de Molière procédait ainsi par rapport au Don Juan tenorio de Tirso de Molina…

Pour Castellucci, Don Giovanni est le diable, non pas le mal absolu, mais le double négatif de Dieu, celui qui vient détruire _ oui : malicieusement… _ ce que son double a créé. Les réjouissances nuptiales de Zerlina et Masetto à l’acte I sont une sorte d’Arcadie, de paradis originel ; il suffit que Don Giovanni pénètre la scène pour que les invités recouvrent leurs blancs costumes d’un bleu et se retrouvent au travail. Les pommes deviennent alors produits de consommation alors qu’elles étaient jusque là symboles sensuels, pommes du paradis terrestre, pommes d’or des Hespérides. À la fin de l’acte I, la liberté _ voilà ! _ invoquée par Don Giovanni n’est pas une promesse d’accomplissement individuel, c’est un appel au chaos _ oui : par le débridement fou des désirs…. Castellucci mène la danse au gré des transformations du décor unique, souvent couvert par un voile qui l’abstrait, avec un sens du rythme épatant _ c’est très juste ! _, une capacité à prendre chaque scène pour ce qu’elle est _ oui _ sans perdre _ jamais _ la conception d’ensemble _ et c’est très important _ : le spectacle _ en sa parfaite et très réjouissante fluidité _ est extrêmement divertissant tout en prenant au sérieux chaque strate de cette œuvre si riche _ oui.

Au second acte, ce sont les femmes qui mènent la danse. Castellucci invite sur scène une bonne centaine de « femmes de Salzbourg », de tous âges et de toute origine, parfois victimes désignées du séducteur, mais de plus en plus muettes accusatrices d’un monde _ qui advient _ dont Don Giovanni est le révélateur _ oui, celui de désirs débridés, dont apparaît bien clairement la litanie développée de divers instruments de violence (une panoplie très variée d’armes…) qui accompagnent leurs conflits… Le sacré revient bien à l’occasion, avec un crucifix inversé et noir, et plus encore avec la présence du commandeur indiquée _ seulement _ par de simples lumières. Don Giovanni meurt _ lentement foudroyé _ seul en scène, séparé de son seul compagnon Leporello par un voile infranchissable : le destructeur lui-même finit par être dévoré par son œuvre _ de destruction _, mais on ne saurait dire _ certes… _ si c’est une bonne chose _ et tous et chacun d’hésiter…

Quant aux chanteurs, leur grande qualité est leur intégration _ oui _ dans le double projet _ parfaitement unifié _ du chef et du metteur en scène. On aimerait un peu plus de chair _ oui ! _ et un peu plus de volume _ aussi _ pour le rôle-titre (Davide Luciani) _ l’incarnation est en effet pâlichonne, surtout dans le premier acte, d’ailleurs… _, et même _ à un bien moindre degré cependant _ pour Vito Priante en Leporello _ dont la plus grande prestance lui aurait permis d’intrepréter plutôt Don Giovanni _ ; on aimerait surtout un autre Commandeur que le pâle Mika Kares, aussi loin des attentes qu’il y a quelques semaines en roi Marke à Munich. C’est à Michael Spyres, en Ottavio nettement comique dans son désir vain _ mais c’est le livret qui le programme ainsi _ de bien faire, qu’il revient de sauver _ très brillamment musicalement ! _ l’honneur masculin _ oui ! _ dans cette distribution ; les dames, elles, sont tout de même plus satisfaisantes _ oui. Nadezhda Pavlova est une habituée du travail avec Currentzis (elle a entre autres été sa Traviata), et cela s’entend, mais son Non mi dir chanté à la limite du souffle n’est pas très loin de la rupture. Beaucoup plus émouvante est Federica Lombardi _ excellente _ en Elvira, dont Castellucci fait la représentante de l’ordre établi. La distribution est couronnée _ oui ! _ par une Zerlina rayonnante _ c’est vrai _, aussi en voix qu’en verve scénique, Anna Lucia Richter : elle seule crée l’événement ici _ probablement… ; mais l’engagement scénique des divers chanteurs est, lui, excellent ! Romeo Castellucci a su les diriger…

On aurait aimé une distribution plus brillante _ musicalement, peut-être _, c’est certain, mais l’opéra, ce ne sont pas d’abord les chanteurs : c’est d’abord l’œuvre _ voilà ! _, dont les chanteurs sont les serviteurs _ on ne saurait mieux dire... Grâce à une mise en scène créatrice, riche et maîtrisée _ oui ! d’une très grande lisibilité, et sans nulle épaisseur ; et surtout merveilleuse d’engagement de chacun des personnages… _, grâce à un chef qui va _ musicalement _ au fond des choses _ oui _, le festival de Salzbourg assume ici fièrement sa mission _ oui.

Crédits photographiques : © SF / Ruth Waltz (photo 1) ; Monika Rittershaus (photos 2 et 3).

Salzbourg. Grosses Festspielhaus. 10-VIII-2021.

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Don Giovanni, opéra en deux actes sur un livret de Lorenzo da Ponte.

Mise en scène, décors, costumes, lumières : Romeo Castellucci ; chorégraphie : Cindy van Acker.

Avec : Davide Luciano (Don Giovanni) ; Mika Kares (Il Commendatore) ; Nadezhda Pavlova (Donna Anna) ; Michael Spyres (Don Ottavio) ; Federica Lombardi (Donna Elvira) ; Vito Priante (Leporello) ; David Steffens (Masetto) ; Anna Lucia Richter (Zerlina) ;

MusicAeterna Choir ; MusicAeterna Orchestra ;

direction : Teodor Currentzis.

Voilà qui est parfaitement bien rendu…

Ce samedi 14 août 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

La remarquable humanité profondément vraie du maire Bernard Mounier dans l’affaire de la tragédie des Plantiers (Gard)

15mai

Le traitement de l’affaire de la tragédie des Plantiers _ le meurtre de Luc Teissonnière et Vincent Guérin, puis la traque quatre jours durant de Valentin Marcone _ par les autorités locales,

soient

le maire de la commune des Plantiers, M. Bernard Mounier,

le procureur de la République de Nîmes, M. Eric Morel,

le général de Gendarmerie de la Région Provence-Alpes-Côtes d’Azur, M. Arnaud Browaeÿs,

la préfète du Gard, Mme Marie-Françoise Lecaillon,

a été tout particulièrement remarquable ; 

et tranche singulièrement _ au moins à mon regard _ avec bient des comportements politiciensd’un éhonté cynisme démagogique instrumentalisant _ auxquels nous ne sommes désormais hélas que trop bien habitués…

Pour ma part,

j’ai été très touché de l’humanité profonde et vraie _ telle que je l’ai ressentie _ de M. Morel, le procureur, et de M. Mounier, le maire,

tout spécialement,

et, bien entendu, chacun à sa place institutionnelle

_ mais transcendant aussi cette place institutionnelle et légale de tout le rayonnement de leur personne humaine…

De quoi ne pas désespérer de la fonction publique, au moins,

de notre présente République…

À mon jugement, 

le Procureur Morel a simplement été parfait ;

et le maire Mounier, admirable d’humanité profonde,

dans le moindre de ses mots et gestes : sobres, humbles, et surtout vrais.

Aussi ai-je désiré en apprendre un peu plus sur la personnalité et le parcours de vie de ce maire

de cette toute petite commune du Gard cévenol, qu’est le village des Plantiers _ dans le canton de Saint-André-de-Valborgne (Gard) _,

au flanc du Mont Aigoual, sur les confins des départements du Gard et de la Lozère

_ non loin du lieu où est décédée, au pied d’une falaise, côté Lozère, la fille de Bernadette Lafont, Pauline : les Lafont sont de Saint-André de Valborgne. Un haut pays de camisards et résistants.

Et là je suis tombé, sur le Net, sur le Discours de Réception à l’Académie de Nîmes, le 9 janvier 2004, de Bernard Mounier : admirable d’humanité déjà _ aux pages 10 à 32 de ce document accessible en entier : lisez-le !

Bernard Mounier est natif _ le 6 février 1955 _ de la ville minière de La Grand Combe, quelques kilomètres au nord d’Alès, dans le département du Gard.

Et c’est au cours de ses années d’études à la Faculté libre de Théologie protestante, à Aix-en-Provence _ en 1979, il y présente son mémoire sur la pensée de René Girard : « Réflexion sur la violence, et recherche sur le bouc-émissaire«  : tiens, tiens… _ qu’il fait la connaissance de celle qui devient, le 5 juin 1977, aux Plantiers (dans le Gard), son épouse : Sylvette Bonfils _ les Bonfils y disposent d’une résidence secondaire…

De 1977 à 1984,

Bernard Mounier est pasteur, dans les Cévennes, à Sainte-Croix-Vallée-française (Lozère),

à une vallée de distance de Saint-André-de-Valborgne (Gard).

Jusqu’à ce que Bernard Mounier estime qu' »il ne suffit plus d’être croyants,

mais qu’il faut aussi devenir crédibles,

et entrer dans un chemin de risque« …

C’est ainsi que le 12 juillet 1987, Bernard Mounier crée une société de production audio-visuelle : Acor Vidéo Télévision.

Il a en effet remarqué que dès 1929 _ cf la publication en 1928 de « Propaganda _ comment manipuler l’opinion en démocratie« , le maîtrelivre du marketing, d’Edward Bernays, le neveu (devenu américain) de Freud ; cf par exemple mon article du 25 janvier 2013 : _, a commencé l’ère du marketing,

pour lequel « il faut communiquer pour faire désirer et acheter« …

D’où sa volonté de s’engager, dès lors, dans la vie de la société telle qu’elle se transforme ;

et adopter les langages qui vont devenir dominants,

afin d’être un peu compris de ceux auxquels on veut s’adresser un peu plus efficacement…

Etc. Etc…

Et c’est ainsi que le 15 mars 2020

Bernard Mounier est élu au premier tour des élections municipales aux Plantiers,

dont il va devenir le nouveau maire,

succédant au maire précédent, Francis Maurin.

La fonction publique de notre république a donc encore quelques beaux restes, bien vivants

là même où « le désert gagne« …

Ce samedi 15 mai 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. L’aventure, aussi, d’un oeil de regardeur…

18nov

Le 8 mai 2019, à l’occasion d’une cérémonie d’hommage, à Belus (chez lui, dans les Landes), au compositeur merveilleux qu’est Lucien Durosoir (1878 -1955) _ avec l’inauguration d’une statue d’Aitor de Mendizabal honorant l’œuvre de cet extraordinaire compositeur (cf l’article, avec image,  du 9 mai, le lendemain : …) _,

je publiai sur mon blog En cherchant bien un article intitulé , dans lequel je redonnais le texte de mon parcours d’admiration pour l’œuvre de ce compositeur si singulier _ et si discret, si peu mondain _, que je découvrais musicalement peu à peu, au fur et à mesure de la parution des CDs qui ont été consacrés à sa musique _ en commençant par les CDs Alpha 105, 125, 164 et 175 ; aujourd’hui, son œuvre entier est accessible en CDs…

Ce texte, intitulé « L’aventure d’une oreille : la découverte du « continent Durosoir »« , et daté du 6 janvier 2019, se trouve en effet aux pages 64 à 69 du bel album « La Chaîne de création Lucien Durosoir – Aitor de Mendizabal 1919 – 2019« , publié par les Éditions FRAction…

C’est donc aujourd’hui de « l’aventure d’un œil« , un œil de regardeur enthousiaste et passionné _ et pas un œil de photographe _, que je dois maintenant parler pour caractériser mon _ modeste _ parcours de simple regardeur enthousiaste passionné _ et non professionnel _ de l’œuvre photographique de mon ami Bernard Plossu,

comme j’avais parlé de « l’aventure d’une oreille« , l’oreille d’un écouteur enthousiaste et passionné _ et pas une oreille de musicien _, pour caractériser mon _ modeste _ parcours de simple écouteur enthousiaste passionné _ et non professionnel _ de l’œuvre musical de Lucien Durosoir…

En les récits de ces « aventures » de « regardeur » et « écouteur » enthousiaste et passionné -là, j’accomplissais de fait, tout simplement, le programme que je m’étais fixé, en un courriel _ programmatique, donc _ daté du 20 mai 2008, à mon amie Corinne Crabos _ qui m’avait proposé d’ouvrir un tel blog sur le site de la librairie Mollat… _, un mois et demi avant l’ouverture effective de ce blog En cherchant bien, qui eut lieu le 3 juillet 2008, et dont témoigne l’article inaugural de ce blog, intitulé « « …

Un article qui comportait _ déjà ! _ une photo signée Bernard Plossu !

 

Et je dois noter, encore, que mon article du lendemain 4 juillet 2008, intitulé, lui, «  « , était cette fois consacré au sublime CD Alpha 125 des 3 bouleversants _ quel mémorable choc ! à dimension d’éternité !! _ Quatuors à cordes de Lucien Durosoir, par le Quatuor Diotima _ un article qui (ainsi que ses suites) allait me conduire, alors que je ne suis ni musicien, ni musicologue, à donner, trois années plus tard, le 21 février 2011, au Palazetto Bru-Zane, à Venise, 2 contributions au Colloque international « Un Compositeur moderne né romantique : Lucien Durosoir (1878 – 1955) » « Une poétique musicale au tamis de la guerre : le sas de 1919 – la singularité Durosoir » et  » «  ; « Wow !« , dirait l’ami Plossu…

De même que l’article suivant de ce blog _ daté lui aussi du 4 juillet 2008 _, intitulé « « , était consacré à l’exposition milanaise de ce titre, « Attraverso Milano« , de Bernard Plossu !

Bernard Plossu dont j’avais fait, par hasard, la connaissance le 22 décembre 2006 à la librairie Mollat, à l’occasion de sa signature du merveilleux (!!!) gros album « Bernard Plossu Rétrospective 1963 – 2005« . Je venais d’acheter, peu de temps auparavant, son admirable « L’Europe du Sud contemporaine« , paru en 2000, et dont _ par très grande chance pour moi ! _ un exemplaire demeurait encore sur une étagère du riche rayon Beaux-Arts de la librairie Mollat.

Bernard Plossu, je l’admirais donc déjà…

Or, il se trouve que du mardi 4 avril au lundi 10 avril de cette même année 2006, les membres de notre atelier « Habiter en poète » _ du lycée Nord-Bassin d’Andernos, où j’enseignais aussi la philosophie _, avions séjourné à Rome, arpentée en tous sens, appareil photo à la main, afin d’essayer, mais oui !, chacun _ avec le concours, d’expert, du photographe bordelais le cher Alain Béguerie _ de saisir et rendre par ses propres photos le regard idiosyncrasique sur sa Rome d’Elisabetta Rasy _ j’adore les vraies villes, telle Rome : l’Urbs… _ en son roman autobiographique « Entre nous« , paru en traduction française aux Éditions du Seuil en août 2004 ; et sur lequel nous avions travaillé à nous sensibiliser, le plus près possible, depuis plus d’un an…

Une expérience forcément inoubliable, que ce séjour romain consécutif à un tel an et demi _ à raison d’une séance de trois heures par semaine _ de lecture méthodique hyper-attentive de ce très beau roman romain, associée à une initiation très suivie à la pratique de la photographie, pour chacun de ces jeunes apprentis photographes, par Alain Béguerie, présent lui aussi à Rome…

Et le vendredi 7 avril de ce merveilleux séjour romain, après avoir eu un rendez-vous avec l’auteur de ce passionnant roman autobiographique, devant sa maison d’adolescence, Via delle Alpi, nous avions conversé, sur son roman, avec Elisabetta Rasy durant une bonne heure et demie dans le parc, immédiatement voisin, de la Villa Paganini cf l’analyse que je propose de ce superbe roman romain, en annexe de mon article du 22 février 2010, , dans lequel j’ai inséré mon texte intitulé « Sur les chemins de la présence : Tombeau de Bérénice avec jardin« , consacré au magnifique portrait qu’Elisabetta Rasy dresse de sa mère (et de Rome !) dans ce si beau « Tra noi due« … 

Dans l’échange _ immédiatement _ amical que j’eus, chez Mollat, le 22 décembre 2006, avec Bernard Plossu _ au bout de 5 minutes, Bernard s’est mis à me tutoyer _, je lui ai bien sûr parlé, et de mon atelier photographique « Habiter en poète« , et de Rome, et d’Elisabetta Rasy _ ainsi que de Rosetta Loy, autre romaine, que je lisais aussi (et avais rencontré à plusieurs reprises) avec un très grand plaisir… _, et nous avons engagé tout de suite une correspondance frénétique par courriels _ qui a même failli être publiée ! Il faut dire ici que Bernard Plossu, d’une insatiable curiosité, est un fou de littérature italienne contemporaine ! Mon enthousiasme pour ces écrivains italiens m’ouvrait ainsi grandes les portes de sa propre curiosité…

Ainsi est née notre amitié,

dont un des sommets fut notre magnifique entretien (d’une heure) dans les salons Albert-Mollat, le 31 janvier 2014, à propos de « L’Abstraction invisible » de Bernard Plossu ; et  dont est disponible le passionnant _ ultra-vivant ! _ podcast, dont voici un lien

Ce bien trop long préambule est simplement là pour essayer de justifier l’injustifiable audace _ qui est la mienne _ d’oser opérer des choix de « préférences » entre les 80 merveilleuses images que nous offre ce sublime présent « Tirages Fresson » aux Éditions Textuel !  Et cela tout particulièrement en s’adressant directement à l’auteur même de ces images !!! Quelle impudence !

Cependant l’expérience même _ d’analyses et réflexions renouvelées, jour après jour de cet examen… _ de ces déjà 15 articles  

_ en voici  les liens :

que je viens de consacrer aux images, déjà si merveilleusement variées, de ce splendide « Tirages Fresson » de l’ami Bernard Plossu, se révèle déjà riche, en son cheminement, de pas mal d’enseignements, au moins pour moi _ qui suis probablement un des rares, sinon le seul ! à ne pas perdre patience à l’excessive longueur de ces phrases, et plus encore de ces articles si peu synthétiques ! Mais sur ce point, je demeure hélas un incorrigible montanien : « Indiligent lecteur, quitte ce livre«  : ainsi prévient, à très juste titre, et avec humour, l’avertissement inaugural des (labyrinthiques) « Essais«  _ ;

car, si, en ces articles miens, se dégagent, et même se renforcent et s’approfondissent _ heureusement pour l’état présent de ma lucidité de septuagénaire ! _ certaines constantes d’approbation de mes « préférences » d’images initiales,

 

y apparaissent aussi quelques révisions d’appréciations, mais presque toujours positives :

j’apprécie davantage et mieux, en effet, certaines des images, que pour une raison ou une autre _ parfois : trop de beauté ! par exemple pour l’image presque trop belle (!) de la page 80, légendée « Giverny, France, 2010«  _, j’avais placées non pas sur ma liste des 13 premières préférées, mais seulement _ et bien à tort ! pour cette image de la page 80… _ sur ma liste complémentaire de 22 (cf mon article du jeudi 5 novembre : ) ;

alors que cette image-là de Giverny, de Plossu, est bien, in fine pour moi, en son équilibre ouvert, un absolu miracle de sublime splendeur… 

Par contre, je n’ai toujours pas « retenues« ,

ni l’image page 51 légendée « Giverny, France, 2011 » ; ni l’image page 52 légendée « Île d’Houat, France, 2003 » ;  soient deux images avec fleurs rouges _ qui, pardon !, manquent d’un peu, à mes yeux, de singularité _ ;

pas davantage, même si cela fut avec un peu plus d’hésitation, l’image page 50, avec parterres et arbre verts, en partie derrière des persiennes, légendée « Giverny, France, 2010«  _ cette image possède un charme certain, mais probablement pas tout à fait assez singulier, lui non plus, ni assez puissant, pour me retenir, du moins personnellement, vraiment… _,


L’image, page 62, légendée « San Francisco, Californie, États-Unis, 1968« , fait, pour moi, partie d’une autre catégorie, encore :

celle des images singulières possédant une incontestable puissance, avec le très fort _ mais presque aveuglant ici ! et à mes yeux excessif… _ contraste de ses couleurs (blanc / noir / rouge), qui lui confère un je ne sais quoi de répulsif, trop violent…

Et je dois dire que je ne ressens, en général _ existent aussi des exceptions ! _, aucun tropisme positif envers la plupart des images américainessouvent trop brutales, ou trash, pour mon goût d’européen ; ou encore un peu trop datées à mes yeux _ et sans assez de cette toute simple dimension d’éternité qui me bouleverse…

Je leur préfère, et de beaucoup, la douceur et délicatesse, sereines, des plus récentes images européennes, qui possèdent, elle, ce doux et très léger coefficient d’éternité que j’admire ; surtout celles de la plus pure quotidienneté du réel, qu’elles ont su _ comme magiquement, avec une folle aisance… _ si admirablement saisir…

Est-ce là une affaire d’ancrage civilisationnel personnel _ subjectif _ de ma part ? _ c’est possible…

Ou cela tient-il aussi à une certaine évolution, dans le temps, du preneur-auteur même de ces images ? _ lui-même, Plossu, désormais plus apaisé, plus serein, et qui en aurait transfusé quelque chose à son regard ; à ses cadrages ; et ainsi à ses images… Peut-être…

À suivre…

Ce mercredi 18 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Face au stupéfiant du réel, le souci de tenir-réponse-révélation crépitant de la poésie : un entretien avec Jean-Paul Michel à la Station Ausone

14mai

Vendredi 3 mai dernier,

Jean-Paul Michel m’a fait la joie

d’être son interlocuteur, à la Station Ausone,

pour un entretien (vidéocasté, et podcasté, de 82′) présentant trois livres

importants pour lui :

Défends-toi, Beauté violente ! (édition nouvelle) dans la Collection Poésie/Gallimard, préfacée par Richard Blin
_ les Actes du colloque de Cerisy qui viennent de paraître dans la Collection Classiques Garnier, sous la direction de Michael Bishop et Matthieu Gosztola : Jean-Paul Michel, “la surprise de ce qui est”,
_ et la Correspondance avec Pierre Bergounioux (1981-2017) publiée aux éditions Verdier.

C’est à ce qui vient, là,

nous saisir-prendre,

face au réel

_ présent (en personne, allais-je presque dire ! et nous défiant de le saisir-penser-pénétrer vraiment-connaître…) ;

ou à l’expérience implacablement marquante de son puissant souvenir, du moins,

aussi formidablement vivant pour nous, alors, que présentement extrêmement actif encore,

et terriblement incitatif ! en son défi, justement ! _,

que la poésie _ c’est-à-dire le poème lui-même qui survient,

ou plutôt survenant, le poème ;

car c’est au participe présent que toute la grâce de l’opération en nous,

et par nous qui le pensons et l’écrivons,

est en train de se passer… _

que la poésie-le poème

tente de _ s’essaie à,

en un certain affolement (inspirant, si l’on veut) vertigineux de tous nos sens,

quasi asphyxiant pour le souffle, nous respirons à peine,

à tenter de saisir-capter-retenir-faire revenir un peu, là, sur le champ ;

mais c’est aussi extraordinairement euphorisant

et transportant-élevant-envolant ! _ ;

que le poème

tente de donner

_ et puis donner à partager à quiconque, en suite, sera en situation (tellement improbable et si rare a priori, comme a posteriori ) de l’écouter, ou le lire vraiment,

en s’y branchant entièrement, de tous les sens de son corps (pris, le corps, en l’acception la plus large)

à son tour… _

l’incandescente réponse _ le feu à survenir-retrouver-recouvrer-raviver

des braises qui reposaient-dormaient-veillaient, là, encore timidement et humblement, sous la cendre, de la parole captée au vol

parce que tant bien que mal, et avec les moyens disponibles, de bric et de broc !, du bord

(soient les ressources vives du langage, pour ce qui est du poème),

cette parole prononcée

enregistrée ou écrite : gardée _

de son _ propre _ feu à lui 

_ en tentative désespérée de réponse au feu premier

d’un incroyable (incalculé) moment du réel survenu et éprouvé, et puis ressouvenu, conservé,

de ce qu’il faut bien nommer, probablement improprement, une expérience poétique subie

et en même temps un peu cultivée aussi ; et nous défiant :

car on apprend quand même, et plus ou moins à son corps défendant,

à s’y faire un peu, et tant bien que mal ;

car parfois aussi (voire souvent) ça rate !.. Il faut recommencer !

Mais c’est toujours midi, le grand midi, midi le juste ! qui vient sonner,

quand nous osons essayer de répondre si peu que ce soit à ce défi-là…

que le poème

tente de

donner

l’incandescente réponse

de son feu à lui

musicalement noté…

Car « ça crépite sous les pylônes« ,

pour retenir _ et glorifier un peu : avec forcément humilité _

le mot si juste _ comme toujoursde l’ami Pierre

Bergounioux…

Et il arrive, mais oui, parfois,

que ça « matche« …

Ce mardi 14 mai 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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