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Une enthousiasmante nouvelle intégrale des Symphonies de Beethoven par l’épatant Yannick Nézet-Séguin à la tête du Chamber Orchestra of Europe ! Ou l’exaltation emballante de la vie même…

27déc

La nouvelle Intégrale _ absolument emballante de vivacité _ des Symphonies de Beethoven que propose Deutsche Grammophon, en un coffret de 5 CDs 486 3050, par Yannick Nézet-Séguin à la tête du Chamber Orchestra of Europe,

est tout simplement magnifique de vie !

Soit l’exaltation de la vie même !

Et j’apprécie, pour ma part, les interprètes qui font valoir le flux le plus vivace de la vie dans Beethoven,

tels, par exemple, les pianistes Stephen Kovacevich ou Ronald Brautigam, qui jouent Beethoven comme si celui-ci, avec la passion intense et exaltante qui l’anime, improvisait au piano…

J’abonde absolument, par conséquent, dans le sens de l’article de Christophe Huss, intitulé « «Beethoven. The Symphonies»: Yannick Nézet-Séguin surprend dans Beethoven« , paru dans Le Devoir, le 9 juillet 2022 :

Yannick Nézet-Séguin et une partie des musiciens de l’Orchestre de chambre d’Europe offrent une somme cohérente, tonique, chambriste, soudée, dans laquelle les individualités ressortent nettement au sein d’un collectif réduit. Cette affirmation du génie individuel au sein de la société est tout à fait dans l’esprit Beethoven.
Photo: Michael Gregonowits Yannick. Nézet-Séguin et une partie des musiciens de l’Orchestre de chambre d’Europe offrent une somme cohérente, tonique, chambriste, soudée _ oui _, dans laquelle les individualités ressortent nettement au sein d’un collectif réduit. Cette affirmation du génie individuel au sein de la société est tout à fait dans l’esprit Beethoven _ absolument…

La réputée étiquette Deutsche Grammophon fera paraître, le vendredi 15 juillet, une nouvelle intégrale des Neuf Symphonies de Beethoven. Le successeur de Herbert von Karajan, Karl Böhm, Leonard Bernstein et Claudio Abbado en la matière au sein de ce catalogue n’est nul autre que Yannick Nézet-Séguin. Le chef québécois y dirige l’Orchestre de chambre d’Europe. Le Devoir a écouté, savouré, puis discuté avec le chef.

Lorsque la photographie de couverture du futur coffret des Neuf Symphonies de Beethoven chez DG avec Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre de chambre d’Europe a commencé à circuler au printemps, les traditionnels « encore ? » et « à quoi bon ? » n’ont pas tardé à émerger sur les réseaux sociaux.

L’auditeur, qui aujourd’hui, en écoutant les Symphonies, de la Première à la Neuvième, suit le parcours musical du chef et de ces musiciens qui, il y a trente ans, marquèrent la discographie Beethoven dans l’intégrale dirigée par Nikolaus Harnoncourt, aura-t-il vraiment encore l’outrecuidance de poser ces questions ? _ Non !

L’individu

La pertinence esthétique _ voilà ! _, la cohérence et la singularité de cette nouvelle intégrale apparaissent très vite _ mais oui. Yannick Nézet-Séguin et une équipe de musiciens offrent une somme cohérente, tonique _ oui _, chambriste _ à très juste titre ! _, soudée, dans laquelle les individualités ressortent nettement au sein d’un collectif réduit. Cette affirmation du génie individuel au sein de la société est tout à fait dans l’esprit Beethoven  _ oui _ et, orchestralement, nous sommes proches du modèle français, avec des vents mis en valeur _ voilà ; et avec la lumineuse ligne claire, chambriste, des Français….

« Si j’avais à décrire l’Orchestre de chambre d’Europe (COE) en une phrase, l’idée des individualités dans le collectif, c’est ce que j’avancerais, nous confie Yannick Nézet-Séguin. C’est ce qui les rend uniques dans le paysage musical et qui fait que j’adore faire de la musique avec eux. Il faut savoir tirer parti de cette qualité. Ces musiciennes et musiciens, qui se retrouvent quelques fois dans l’année, jouent Beethoven par ailleurs avec leurs orchestres respectifs. Mon rôle est de réveiller cette flamme en eux. » _ la flamme, voilà. Le chef tient à ce que les instrumentistes ne cherchent pas à retrouver leurs habitudes, par exemple dans l’équilibre entre les bois et les cordes.

« Qui fait quoi et comment organise-t-on la hiérarchie, dans des symphonies qui ont reposé tant d’années sur la suprématie de cordes ? », se demande le chef, qui se souvient de sa première 9e de Beethoven à Philadelphie en 2012 : « Je me suis dit : il va falloir trouver un terrain d’entente ». Il était conscient du chemin, mais se déclare très satisfait de la récente intégrale en concert avec son orchestre américain à Philadelphie et à New York.

L’équilibre, dans Beethoven, pour Yannick Nézet-Séguin, « ce n’est pas qu’une question de nombre, c’est vraiment dans l’écoute. Dans Beethoven, ce qui m’intéresse ce n’est pas que la mélodie, c’est tout ce qui se passe au milieu, les détails du 2e mouvement de Pastorale. Nous sommes allés loin dans la caractérisation des figures d’accompagnement. »

Yannick Nézet-Séguin souligne le défi physique de l’enregistrement, sur deux semaines _ certes _ : « La partie des deuxièmes violons étant beaucoup plus exigeante que celle des premiers violons, dans la moitié des symphonies les premiers jouent la partie des seconds. » Avantage collatéral : sortir les musiciens de leur zone de confort. Quant à la présence de trompettes naturelles, elle change la couleur, et c’est un hommage à Nikolaus Harnoncourt, qui avait fait ce choix.

Nouveau texte

……

Pour plus de contact avec l’action musicale, DG a opté pour un son compact et dense, qui ne se dilue aucunement dans une réverbération factice : « C’est un gros sujet de travail avant, pendant et après, qui s’étend sur plusieurs années. La salle de Baden-Baden a un son très neutre. C’est une qualité. Mon idée était d’aller chercher les timbres de la manière la plus vraie possible, et je voulais une impression de proximité. C’est un travail énorme, surtout en postproduction, pour tirer le meilleur de chaque timbre. Je ne suis pas très control freak comme chef, mais quand il s’agit d’enregistrements j’aime participer au processus. »

Deutsche Grammophon a cherché à donner une autre valeur ajoutée et légitimité à l’entreprise. L’intégrale Nézet-Séguin est la première réalisée à partir de la nouvelle édition _ voilà _ des partitions publiée chez Breitkopf. Il s’agit, pour être précis, de la « Neue Gesamtausgabe » (nouvelle édition complète) des œuvres de Beethoven, publication musicologique (dite « Urtetxt ») de partitions par les Éditions G. Henle. Breitkopf & Härtel est l’éditeur du matériel d’orchestre et de la partition de direction.

L’éditeur des disques espère que cette première entraînera un effet de curiosité. Cela dit, on a déjà largement fait le tour de l’univers de Beethoven. Il s’agit surtout pour Henle et Breitkopf de « reprendre la main » sur leur concurrent Bärenreiter, qui accapare le marché depuis vingt ans avec une édition critique, dite « édition Del Mar », du nom du musicologue chargé du projet.

La grande révolution de l’édition Del Mar avait été d’imposer de jouer le 2e mouvement de Pastorale avec des sourdines. Il y avait aussi un gros travail sur la notation de l’accentuation des notes, Beethoven utilisant tantôt des traits tantôt des points.

La question des partitions pose problème au critique puisque à défaut de les avoir — certaines ne sont pas encore disponibles, et Breitkopf ne consent qu’à fournir au commentateur la préface et le commentaire critique de la Neuvième et d’une symphonie de son choix ! — il est quasiment impossible de savoir si telle originalité que l’on entend est une intuition du chef ou un changement induit par la partition nouvellement utilisée.

EN CONCERT

Beethoven dans Lanaudière

Grand week-end Beethoven en vue au Festival de Lanaudière. L’Akademie für Alte Musik Berlin vient donner trois concerts les 15, 16 et 17 juillet. Le principe est le même que dans les enregistrements parus chez Harmonia Mundi : les Symphonies nos 3, 5 et 6  seront mises en regard d’œuvres de leur temps véhiculant les mêmes idées : Grande symphonie caractéristique pour la paix de Wranitzky avec l’Héroïque, 1re Symphonie de Méhul avec la Cinquième, et Le portrait musical de la nature de Knecht, modèle avéré de Pastorale.

Yannick Nézet-Séguin et l’OM cet été

Yannick Nézet-Séguin dirigera l’Orchestre Métropolitain dans la 5e Symphonie de Beethoven au pied du Mont-Royal le 2 août à 20 h. Le tandem se produira avec le même programme au Festival des arts de Saint-Sauveur le 5 août à 20 h. Dans les festivals, Le Domaine Forget accueillera l’OM, son chef et Antoine Tamestit le 23 juillet, et le Festival de Lanaudière prendra fin avec deux concerts les 6 et 7 août, présentant notamment le 1er Acte de La Walkyrie et le Concerto pour piano de Schumann avec Hélène Grimaud.

En résumé, les modifications du texte musical touchent surtout des articulations. Les deux modifications qu’on remarque le plus sont un doublement à l’octave par les trompettes de certaines ponctuations du finale de la 7e Symphonie (ça fait pouet pouet, et c’est étrange) et l’ajout d’un contrebasson dans le final de la 9e. Côté idées particulières de Yannick Nézet-Séguin, la plus saisissante est l’emballement conquérant _ voilà _ à 3 minutes 49 secondes du final de l’Héroïque.

Au-delà de la musicologie

La question de l’utilisation d’une nouvelle partition pose cependant une question de philosophie interprétative. Lorsque l’édition Bärenreiter était sortie, la première intégrale, celle de David Zinman _ excellente ! _, était comme une carte de visite sonore de cette édition. Le chef d’orchestre ne perd-il pas sa liberté d’expression à s’engager dans un tel projet ? « C’était le piège dans lequel j’ai essayé de ne pas tomber », avoue Yannick Nézet-Séguin. « L’idée de l’intégrale avec l’Orchestre de chambre d’Europe date d’il y a environ 10 ans, donc bien avant l’existence de nouvelles partitions, et ce que j’ai à dire dans ces symphonies avec cet ensemble dépasse l’édition. Nous avons respecté les quelques différences et les avons fait valoir, mais il s’agit de détails, des changements d’articulation notamment. » Yannick Nézet-Séguin considère que le nouveau texte « simplifie certaines questions » : « Il y a certains moments où Del Mar, à force de mettre des chevrons partout et des parenthèses, nous perd. Cette édition Breitkopf simplifie les solutions en étant moins obsédée à nous livrer toutes les pistes. »

Au-delà de la musicologie, Yannick Nézet-Séguin opte surtout pour des solutions pragmatiques. Pour lui, le tempo de marche du solo de ténor dans la Neuvième est dicté « par ce qu’il y a après » : « La fugue est d’une qualité incroyable, Beethoven s’envole _ voilà _ avec son désespoir. Alors on trouve le bon tempo de la fugue et on recule. Le tempo de la marche découle de cela. »

Dans l’ensemble, l’intégrale COE/Nézet-Séguin est une somme très pertinente qui, 30 ans après Harnoncourt, repositionne l’Orchestre de chambre d’Europe dans le champ des éminents contributeurs à la cause beethovénienne, et efface, chez DG, la catastrophe industrielle de l’intégrale Nelsons-Vienne de 2019, qui venait après une désastreuse intégrale studio Abbado-Berlin (1999), si insignifiante que le chef l’avait fait retirer et remplacer par les bandes sonores de concerts donnés à Rome en 2001.

Dans l’esthétique Nézet-Séguin, le seul concurrent direct est l’intégrale de Paavo Järvi avec la Deutsche Kammerphilharmonie chez RCA.

Beethoven. The Symphonies

Siobhan Stagg, Ekaterina Gubanova, Werner Güra, Florian Boesch, Accentus, Orchestre de chambre d’Europe, Yannick Nézet-Séguin. DG, 5 CD, 486 3050. Parution le 15 juillet.

Et aussi ce très juste article en date du 22 juillet 2022, sous la plume de François Hudry, intitulé « Le nouveau Beethoven de Nézet-Séguin » :

Le nouveau Beethoven de Nézet-Séguin

Par François Hudry |

Le chef canadien Yannick Nézet-Seguin signe une impressionnante _ et jubilatoire _ intégrale des symphonies de Beethoven reposant sur une nouvelle édition critique. Passionnant _ oui !

Voilà longtemps que les partitions des neuf symphonies de Beethoven font l’objet de soins attentifs de la part des chefs d’orchestre et des musicologues. Ensemble, ils ont édité des « éditions originales » venant corriger les éditions fautives accumulant les erreurs à la suite de l’inattention des premiers éditeurs et des mauvaises interprétations des manuscrits quelquefois indéchiffrables. Ils sont remontés aux sources en s’aidant notamment des partitions utilisées à l’époque de leur création.

En 1982, le chef d’orchestre Igor Markevitch avait déjà publié une édition rigoureuse et documentée à la tête d’une équipe de musicologues chevronnés, puis ce fut le tour de Norman Del Mar de diriger une nouvelle édition chez Bärenreiter en 1997. Aussitôt enregistrée par David Zinman à la tête de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, cette intégrale d’une grande valeur musicale _ oui ! _ passa malheureusement presque inaperçue _ pas tout à fait : ainsi mon disquaire préféré, Vincent Dourthe _ à côté des nouvelles versions « historiquement renseignées » qui avaient alors le vent en poupe.

C’est maintenant au tour de Yannick Nézet-Seguin de proposer chez Deutsche Grammophon une intégrale reposant sur une toute nouvelle édition critique, la New Beethoven Complete Edition, dans laquelle on trouve de menus détails d’articulation et d’expression. Ce qui compte en définitive dans ce nouvel enregistrement, réalisé au cours de quatre concerts donnés _ en suivant _ en juillet 2021 avec l’Orchestre de Chambre d’Europe, c’est la position historique d’un jeune chef très doué et ayant parfaitement assimilé les modes de jeux et le style retrouvés par ses aînés, notamment Nikolaus Harnoncourt dont l’intégrale à la tête de ce même orchestre avait fait sensation _ en effet _ lors de sa parution en 1990 (Teldec).

..;

Moins radical que ses prédécesseurs, Harnoncourt, Brüggen ou Norrington, le chef canadien recherche avant tout à souligner « la manière dont la musique de Beethoven peut nous surprendre _ et nous toucher au cœur _ aujourd’hui. » Ses tempos sont souvent vifs _ oui _, les articulations saillantes, sans emphase ni ego surdimensionné _ c’est cela. C’est une approche enjouée, humble et vivante _ oui, oui, oui _ qui rend à Beethoven toute sa brûlante actualité _ en sa flamme lumineuse _ avec un classicisme _ oui _ d’où toute excentricité _ d’un quelconque maniérisme _ est _ très heureusement _ bannie.

Voici aussi, encore, le bel article, intitulé « Renouveau« , de Jean-Charles Hoffelé, sur son excellent site Discophilia, le 24 décembre dernier,

et qui m’a incité à me procurer illico presto cette très réjouissante nouvelle Intégrale par Yannick Nézet-Séguin,

qui tout simplement m’emballe et m’enchante ! :

RENOUVEAU

Londres, début des années 1980, Michael Tilson Thomas, prenant de cours les adeptes de l’interprétation beethovénienne historiquement informée, enregistrait avec l’English Chamber Orchestra, dans les studios d’Abbey Road, une intégrale des Symphonies rendue à l’effectif des orchestres viennois de son temps _ une très judicieuse initiative !

Stupeur et tremblement dont l’écho se prolonge jusqu’à nos jours. David Zinman en reprendra _ non moins excellemment _  l’esprit sinon la lettre, aujourd’hui Yannick Nézet-Séguin, dans un beau coffret trop peu discuté chez nous _ depuis sa parution, le 15 juillet dernier _, ressuscite la lettre et l’esprit de cet acte pionnier, y ajoutant son tempérament si physique, idéalement marié à la grammaire beethovénienne _ mais oui _  et rappelant que oui, dans les temps de révolution, la lettre est bien l’esprit.

Écoutez comment fuse le Finale de la Quatrième, l’articulation du quatuor qui crépite chaque note, et puis, immédiatement le mouvement impérieux qui emporte la Septième Symphonie, ce Vivace cravaché.

Tout ici renouvelle l’écoute jusque dans une Neuvième fabuleuse (avec une partie de contrebasson retrouvée, tendez l’oreille !), vrai cosmos de sons qui ouvre sur de nouveaux mondes ; mais écoutez d’abord le con fuoco de la 8e (pas entendu ainsi depuis Scherchen), les idylles et les orages de la Pastorale dont le verni est ôté, l’élan épique de l’Eroica, fusant, irrésistible.

Alors oui, vous saurez que cette intégrale ne doit pas vous manquer _ en effet.

LE DISQUE DU JOUR

Ludwig van Beethoven(1770-1827)


Les Symphonies (Intégrale)


No. 1 en ut majeur, Op. 21
No. 2 en ré majeur, Op. 36
No. 3 en mi bémol majeur, Op. 55
« Eroica »

No. 4 en si bémol majeur, Op. 60
No. 5 en ut mineur, Op. 67
No. 6 en fa majeur, Op. 68
« Pastorale »

No. 7 en la majeur, Op. 92
No. 8 en fa majeur, Op. 93
No. 9 en ré mineur, Op. 125 « Chorale »


Siobhan Stagg, soprano – Eketarina Gubanova, mezzo-soprano – Werner Güra, ténor – Florian Boesch, basse – Accentus

Chamber Orchestra of Europe
Yannick Nézet-Séguin, direction

Un coffret de 5 CD du label Deutsche Grammophon 4863050

Photo à la une : le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin – Photo : © Michael Bode

Bravissimo, donc, maestro Nézet-Séguin !

Et merci !

Ce mardi 27 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Les bons souvenirs de Philadelphie de Daniil Trifonov

26oct

En suite _ et confirmation _ de mon article  du 23 octobre dernier,

cet article-ci Bons souvenirs de Philadelphie

de Jean-Charles Hoffelé

à la même date

sur son site Discophilia d’Artamag : 

BONS SOUVENIRS DE PHILADELPHIE


Le timbre d’argent qui ouvre le premier volet du chef-d’œuvre choral de Rachmaninov, Les Cloches, résonne dans l’aigu du clavier avant que tout le meuble n’y fasse résonner l’orchestre : le ténor prononce son « Entendez ! » magique : deux notes, puis une liesse de sons, mais quel génie ! dans cette transcription que la gourmandise de Daniil Trifonov pour tout ce que Rachmaninov n’aura pas écrit pour le piano lui aura commandé de placer en tête du second volume de son intégrale des Concertos.


J’avais un peu négligé le premier album, encore froissé par son épuisante et si métallique (la prise de son ?) intégrale des Etudes d’exécution transcendante de Liszt, j’avais tort, déjà dans les abymes maîtrisés du Deuxième Concerto, dans l’électricité fulgurante du Quatrième, il avait abandonné les façons, les manières, les singularités qui chez Chopin surtout lui faisaient trop dire « moi je », la direction classique et fusante de Yannick Nézet-Séguin, la présence pour ainsi dire philologique de l’Orchestre de Philadelphie, formation Rachmaninov par excellence depuis Stokowski et Ormandy, l’inspirant. Trifonov ajoutait la Suite que Rachmaninov avait tirée de la Partita pour violon BWV 1006.


Allez, le second volume est tout aussi éblouissant et peut-être même plus encore. Preste, drastique, d’une énergie assez folle dans le Finale, leur Premier Concerto est un modèle de style, ils y osent cette tension si particulière, un rien névrotique, qui rend la musique de Rachmaninov si addictive. Comme un postlude au Concerto, Trifonovajoute dans des teintes très sombres la transcription de Vocalise, façon de rappeler que l’échec rencontré par l’Opus 1 entraîna la dépression que l’on sait.


Le Troisième Concerto est une splendeur, une symphonie avec piano où Yannick Nézet-Séguin dore les paysages dépeints par les philadelphiens, lecture d’une cohérence, d’une ampleur, d’une simplicité surtout qui convoque le souvenir de la gravure du compositeur.


Le pianisme solaire de Trifonov y est aujourd’hui probablement unique : écoutez seulement le passage ornementé de l’Intermezzo, merveille pas entendue ainsi depuis le disque assez peu connu de Jorge Bolet et Ivan Fischer. Maintenant, il faut que je réécoute leur Rhapsodie sur un thème de Paganini. Irais-je cette fois encore à Canossa ?


LE DISQUE DU JOUR


Sergei Rachmaninov
(1873-1943)



Concerto pour piano et orchestre No. 2 en ut mineur, Op. 18
Concerto pour piano et orchestre No. 4 en sol mineur, Op. 40
Suite d’après la « Partita pour violon seul No. 3 en mi majeur, BWV 1006 » de J. S. Bach

Daniil Trifonov, piano
The Philadephia Orchestra
Yannick Nézet-Séguin, direction
Un album du label Deutsche Grammophon 4835335


Sergei Rachmaninov
(1873-1943)



Concerto pour piano et orchestre No. 1 en fa dièse mineur, Op. 1
Concerto pour piano et orchestre No. 3 en ré mineur, Op. 30
Les Cloches – extrait : I. Allegro ma non tanto (arr. Trifonov)
Vocalise, Op. 34 No. 14 (arr. Trifonov)


Daniil Trifonov, piano
The Philadephia Orchestra
Yannick Nézet-Séguin, direction
Un album du label Deutsche Grammophon 4836617


Photo à la une : le pianiste russe Daniil Trifonov – Photo : © DR

Ce samedi 26 octobre 2017, Titus Curiosus – Francis Lippa

Brillantissime Daniil Trifonov dans son flamboyant russo-américain voyage Rachmaninov

23oct

Après un premier très brillant CD Rachmaninov,

Variations (Deutsche Grammophon 00289  479 4970),

Dannil Trifonov

nous livre un Destination Rachmaninov

en deux volets-étapes :

Departure (DG 00289 483 5335) ;

et maintenant Arrival (DG OO289 483 6617) ;

comportant principalement les 4 Concertos pour piano

_ op. 1, op. 18, op. 30 et op. 40 _

du compositeur (1873 – 1943) ;

tous avec The Philadelphia Orchestra,

et sous la direction _ souple et extrêmement vivante, elle aussi _ de Yannick Nézet-Séguin.

Le pianiste, comme l’orchestre, sont prodigieux de vie !

Quel merveilleux voyage !

Il me rappelle le flamboyant _ fantastique _ voyage _ et séjour _ russo-américain

de Vladimir Nabokov,

dans son étourdissant Ada, ou l’ardeur… 

Ce mercredi 23 octobre, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le concerto pour piano et orchestre en ré mineur de Francis Poulenc

16jan

Voici très simplement

la fiche du Palazzetto Bru-Zane

concernant le concerto pour piano et orchestre en ré mineur

de Francis Poulenc :

CONCERTO POUR PIANO ET ORCHESTRE (FRANCIS POULENC)

Auteur(s)

POULENC, Francis (1899-1963)

Date

1950

Description

Allegretto – Andante con moto – Rondeau à la française : Presto giocoso


Texte


En 1948, Poulenc effectue sa première tournée aux États-Unis. Son succès incite l’Orchestre symphonique de Boston à lui commander un concerto pour piano, que le compositeur écrit en 1949 puis crée dans la capitale du Massachusetts sous la direction de Charles Munch, le 6 janvier 1950. Poulenc remarque que la partition est accueillie avec « plus de sympathie que de direct enthousiasme ». De prime abord, la forme n’a rien pour effaroucher, avec sa coupe traditionnelle en trois mouvements. Certes, un passage lent se glisse au centre de l’Allegretto initial, l’Andante con moto renferme un épisode médian plus rapide, mais le Concerto pour deux pianos (1932) avait déjà employé ces idées. Les deux premiers mouvements sont dominés par le lyrisme typique du Poulenc des années 1940. Le contraste produit par le finale n’en est que plus frappant, avec son esprit canaille qui rappelle les œuvres des décennies 1920 et 1930. Poulenc y cite la chanson de Stephen Foster Old Folks at Home ainsi que La Maxixe, danse originaire du Brésil popularisée en France par Milhaud (et qu’on entend aussi dans Un Américain à Paris de Gershwin). La création française du Concerto pour piano, à Aix-en-Provence le 24 juillet 1950, divise la critique. Claude Rostand défend la partition avec une formule devenue célèbre : « Il y a deux personnes chez Poulenc : il y a, si j’ose dire, du moine et du voyou. C’est le second qui a signé le nouveau concerto. Un mauvais garçon, sensuel et câlin, polisson et attendri, gracieux et brusque, aristocrate et peuple, et qui a infiniment de distinction dans l’accent faubourien. »

Je la consulte

en écoutant l’interprétation qu’en donnent

Alexandre Tharaud

et Yannick Nézet-Séguin

à la tête du London Philharmonic Orchestra

en un récent CD LPO  0108 du London Philharmonic Orchestra…


J’apprécie décidément beaucoup le swing

de la musique de Francis Poulenc.

Ce mercredi 16 janvier 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

A nouveau la question de l’interprétation (et de l’interprète) : Daniil Trifonov et Sergei Rachmaninov

13oct

Incontestablement,

l’évidence de la puissance et de la sagacité de certains interprètes de la musique

_ au concert, bien sûr, mais aussi au disque tel qu’il est enregistré _

s’impose à nous ;

et ramène sur le tapis

la question cruciale de la légitimité ou pas de l’interprétation _ et de sa part _ dans la simple réalisation sonore _ pour d’autres, comme pour soi-même, dans la solitude _ de la musique,

telle qu’elle peut _ et plus encore a pu être _ être notée sur une partition,

quand cette musique,

jouée,

n’est pas purement et simplement improvisée sur le champ,

en une seule et unique à jamais

performance _ absolument et définitivement irrépétable.

Cette question vient de m’être plus ou moins posée

retournée _

lors de l’éloge que je viens de commettre,

et diffuser _ à quelques amis mélomanes _,

de l’interprétation par Pavel Kolesnikov de la sonate Au Clair de lune de Beethoven

_ cf mon article d’il y a à peine trois jours, le 10 octobre dernier : _ :

 doit-on seulement remarquer _ et admirer, ou vilipender _ la plus ou moins grande singularité

du jeu de l’interprète

face à la qualité intrinsèque

de l’œuvre

voulue par son auteur : le compositeur-créateur ?

La part de la virtuosité

de l’interprétation

s’enfle considérablement à l’époque des concerts romantiques,

tout particulièrement avec les triomphes en salles

que s’assurent un Liszt

ou un Paganini…


Ici, le virtuose

que le mélomane,

même à son corps défendant

_ eu égard au culte qu’il voue à la création de l’oeuvre par le compositeur _

ne manque pas d’admirer

_ voire vénérer, à son tour _,

est

Daniil Trifonov,

dans les Concertos pour piano n° 2 & 4 de Sergei Rachmaninov,

en un CD Deutsche Grammophon 483 5335

intitulé Destination Rachmaninov – Departure ;

soutenu par The Philadelphia Orchestra,

tout aussi brillammente dirigé

par Yannick Nézet-Séguin.


C’est lumineux, et transportant !

Déjà, j’avais été sidéré par de précédents CDs de Daniil Trifonov :

son Carnegie Recital,

son double Transcendental (Liszt),

son double Chopin Evocations

L’interpréte d’exception

est

_ à côté d’autres : plus fades et moins justes _

celui qui nous fait accéder

avec la plus grande évidence de lumière

_ qui peut être, bien sûr, ombreuse, en maintes de ses parties… _

de son jeu,

à l’œuvre même du créateur

en sa plus simple et forte

_ qui peut aussi être très douce ; mais jamais plate ! _

vérité.

J’aime Rachmaninov, mais oui.

Ce samedi 13 octobre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et ce tweet,

à propos de l’enthousiasme de mon article du 10 octobre 

pour le CD Beethoven de Pavel Kolesnikov,

de la part de la librairie Mollat :

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

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