oct 21 2023

HERGE AUX BASSINS DES LUMIÈRES – Octobre 2023

Les 19 et 20 octobre , les Pélicans Noirs ont donc apporté leur concours à la manifestation organisée par CulturEspace en coproduction avec « Tintinimaginatio »’ consacrée au spectacle de « Tintin, l’aventure immersive » aux Bassins des Lumières à Bordeaux.

Le jeudi 19 plus de 40 journalistes de tous les média étaient accueillis aux Bassins par Humbert Vuatrin le directeur de CultureEspace et Yves Février directeur artistique de « Tintinimaginatio ».

IMG-20231019-WA0000De Bonne heure le matin , entre deux alertes à la bombe, des Pélicans en compagnie de SM le Roi de Syldavie , Muskar XII, accueillaient à l’aéroport de Mérignac l’avion de Tintin et 80 invités en provenance de Bruxelles.

La matinée fut entièrement consacrée aux média dans une excellente ambiance.

Le lendemain , le vendredi 20 octobre, avait lieu le lancement du spectacle en présence de 200 invités.

Après les mots d’accueil de Humbert Vuatrin et de Yves Février et la réponse du maire de Bordeaux , adjoint à la culture, SM Muskar XII s’adressait à son tour à l’assistance.

Voici les principaux extraits de son discours :

« Il y a tout juste neuf siècles et 96 ans, en 1127, une troupe de héros, guidée par mon ancêtre Hvegi, le futur roi Muskar, descendit les pentes du Zstopnohle, pour chasser l’envahisseur et pour reconstruire la nation syldave, dans l’indépendance et la liberté. Je voulais rappeler la mémoire de mon ancêtre.

C’est ici, et maintenant, que j’entends donner le coup d’envoi des célébrations de l’Aventure Immersive de Tintin. Si je suis aujourd’hui parmi vous, c’est pour rendre hommage à Tintin et son père Hergé ! Je tenais à honorer Tintin, qui n’a pas hésité à prendre les plus grands risques, pour que la nation syldave puisse survivre.

Grâce à son créateur Hergé, ses exploits sont lus et racontés, bien au-delà des limites du Royaume du Pélican Noir…

…ainsi, cet événement aujourd’hui, se promet de porter le message universel de paix et de tolérance qui transcende les divisions entre peuples. La nation syldave incarne ces valeurs…

C’est ce souvenir et ces valeurs que je voulais partager aujourd’hui, à Bordeaux, avec tous les membres de la communauté Syldave, et à vous tous qui m’accueillez ici.

Eih bennek, Eih blavek ! »

Et la réponse du Président des Pélicans Noirs, Jérôme Duffort :

« Votre majesté, voilà de fortes paroles. Elles ont ému aux larmes les membres de la communauté syldave, si nombreux à être présents ici et tous les membres de cette assistance. Elles nous ont émus, nous les Pélicans Noirs, jusqu’au bout des palmes.

Mais en dépit des tourments du monde, nous sommes aussi ici pour nous réjouir. Oui, nous réjouir de vous accueillir pour votre troisième visite d’Etat à Bordeaux. Les hôtes de marque ne manquent pas dans notre ville, mais toutes les visites royales ne se valent pas, et toutes les dynasties n’ont pas le même prestige. Rien ne peut dépasser l’honneur que vous faites à notre ville, par votre présence. Personne n’a oublié le concert donné en votre honneur à l’Opéra de Bordeaux, lors de votre première visite. Personne n’a oublié que votre attachement à notre ville vous avait conduit à y revenir inaugurer, la prestigieuse esplanade Tryphon Tournesol, point d’attraction essentiel de notre ville.

Cette place dont l’inauguration répare l’injuste effacement du rôle joué par le port de Bordeaux dans les aventures de Tintin. Nous sommes fiers d’avoir pu réunir les preuves de cette navrante falsification. Nous sommes fiers d’avoir pu les accrocher aux cimaises du Musée mer Marine, à quelques pas d’ici.

Votre troisième visite contribue encore à cette légitime réhabilitation.

Ce n’est pas un hasard si notre ville a été choisie, entre toutes les autres, pour accueillir aussi cette exceptionnelle réalisation visuelle et sonore. L’inauguration de cette aventure immersive consacrée à Tintin est assurément le point culminant de votre visite parmi nous. Ce ne sera pas la dernière preuve de votre intérêt pour notre ville.

Gageons que ce ne sera pas votre dernière visite.

Eih bennek, Eih blavek ! »

Cette manifestation et le spectacle qui a suivi, ont connu de réels succès. Le spectacle en lui-même , au dire de plusieurs Pélicans mérite plusieurs visites pour tout voir et comprendre les multiples subtilités qui se dévoilent dans toutes ces images.

JCS

sept 28 2023

BORDEAUX ACCUEILLE TINTIN

Information primordiale pour tous les Pélicans Noirs… TINTIN revient à Bordeaux ce 20 octobre 2023.

Sa première venue date de mars 1932, d’après le N° 12 du Magazine « Cœur Vaillant » , c’est, en effet, du port de Bordeaux qu’était parti pour le Congo notre ami TINTIN  accompagné de son très fidèle MILOU . On peut lire cette information au Musée Mer Marine de Bordeaux.

Ainsi, TINTIN revient à Bordeaux aux Bassins des Lumières de la base sous-marine .

Un événement  coproduit par  Culturespaces Digital ® / Tintinimaginatio 2023  pour lequel, bien évidemment les Pélicans Noirs sont partenaires.                                    

                                                                                        Ils auront à nouveau l’honneur de recevoir,  et pour la 3ème fois, à Bordeaux en visite officielle, 340984505_1828773527497475_8381731052507024924_n S.M. le Roi Muskar XII de Syldavie

Ainsi Bordeaux s’inscrit dans une tradition historique de liens particuliers avec Tintin et son génial auteur HERGE.

On ne peut que vous inciter à vous rendre dans les semaines qui viennent aux Bassins des Lumières. Mais attention on y attend beaucoup de monde,  n’hésitez pas à  réserver vos  billets en ligne:  

https://bassins-lumieres.tickeasy.com/fr-FR/produits.

(© HERGÉ/TINTINIMAGINATIO – 2023)

jan 29 2023

DUPOND ou DUPONT

Un Pélican noir, faisant fi de l’abondante littérature suscitée par ces personnages importants de la « famille Tintin », a eu l’idée de demander à ses compagnons en tintinophilie de se pencher sur les énigmatiques relations entre les fameux policiers quasi homonymes DuponD et DuponT.

Les Dupondt sont parmi les personnages des aventures de Tintin, ceux qui en dehors bien évidemment de Tintin et Milou apparaissent le plus dans l’oeuvre d’Hergé (20 sur 24 albums). Ils viennent égayer les histoires que raconte Hergé, par leurs pitreries, le burlesque de situation qu’ils provoquent souvent à contre courant et il faut bien le souligner leur totale incompétence.

D’aucuns qui les ont bien étudiés, parlent même de naïveté, d’imbus d’eux même, de maladresse innée, de piètres enquêteurs et de loufoques. En fait ils sont tout ce que n’est pas Tintin.

Notre brève étude n’a pas la prétention de dérouler un portrait total des Dupondt, d’autres l’on fait avec talent. Mais la seule ambition des Pélicans Noirs, après leurs multiples discussions, était de savoir si Hergé a souhaité désigner un leader dans ce « couple  étonnant »

Ayant été désigné, en mon absence, par l’assemblée générale des Pélicans, c’est donc contraint et forcé mais avec enthousiasme et délectation que je me suis plongé dans les analyses que chaque Pélican a réalisées de l’album qui lui est affecté.

Une question subsidiaire à celle du leadership a été soulevée, celle de la gémellité qui pourrait (ou non) expliquer que seule la forme de la moustache et l’orthographe de leur nom les différencient.

Jumeaux ou sosie 

Treize Pélicans ne se sont pas prononcés ou ne sont pas en mesure de trancher, trois refusent l’hypothèse de la gémellité, un seul semble au contraire opter pour cette thèse, un autre enfin émet l’hypothèse osée du couple homosexuel.

La forme de la moustache (droite pour DuponD et en embryon d’accroche-cœur pour DuponT) ne semble pas être un critère pertinent pour nier la gémellité, cette forme n’étant pas déterminée par des facteurs génétiques.

Plus convaincant est l’argument de la différence orthographique. Rien ne peut justifier que des jumeaux portent des noms différents. La déclaration à l’état civil de jumeaux se faisant à priori au même moment il paraît impossible que le même agent administratif ait pu enregistrer sous deux noms différents la naissance des deux comiques malgré eux.

Je connais personnellement un cas de différence orthographique du patronyme de deux frères non-jumeaux puisque nés à quelques années d’intervalle, mais il s’agit de deux déclarations faites à des époques différentes et reçues par des agents différents, l’un ayant transcrit en patois le nom de famille déclaré en français pour son frère

Il faut donc admettre que les Pélicans noirs ne considèrent pas les DuponDT comme des jumeaux. Leur point de vue est confirmé par les DuponDT eux-mêmes, DuponT déclarant à Tintin : « …mon collègue et moi nous détestons dormir tout habillés » dans « On a marché sur la Lune » p.20,2,4. On n’emploie pas le qualificatif de collègue pour parler de son jumeau.

Quant à l’hypothèse du couple, qui pourrait aujourd’hui sembler admissible, elle paraît devoir être exclue si l’on replace l’action dans son époque et dans le milieu culturel dans lequel évolue le père des DuponDT.

Peut-être les noms de DuponD et DuponT ne sont-ils que des pseudonymes plus faciles à porter que X33 et X33bis pour des membres de la police qui se présentent parfois comme des détectives diplômés souvent chargés de missions particulièrement délicates et secrètes.

La première rencontre entre le jeune reporter et les deux policiers se fait donc dans Les Cigares du pharaon quand ces derniers, alors appelés X33 et X33bis dans la première version en noir et blanc, viennent l’arrêter dans sa cabine à bord du paquebot qui les conduit vers I’Egypte.

Qui est le patron ?

Chaque Pélican a étudié avec beaucoup de sérieux son album pour traquer les situations dans lesquelles l’un des deux pouvait paraître dominer son alter ego.

Pour autant que j’aie pu décrypter les contributions de nos analystes, il m’est apparu que dans 4 albums le leadership alterne : les Cigares du Pharaon, le Lotus Bleu, le Sceptre d’Ottokar et l’Affaire Tournesol.

Dans 7 albums il ressort des exégèses pélicanesques que c’est DuponT qui prend

les choses en mains : l’Oreille cassée, l’ Ile Noire (version 1934), le Secret de

la Licorne, le Trésor de Rackham le Rouge, les 7 Boules de Cristal, le Temple du Soleil et On a marché sur la Lune. Cette domination de DuponT est plus ou moins clairement identifiée, tantôt évidente (Objectif Lune et les Bijoux de la Castafiore), tantôt moins affirmée (On a marché sur la Lune).

Mais paradoxalement, dans 4 albums DuponD assume, aussi, le leadership : épisodiquement dans Objectif Lune et nettement dans les Bijoux de la Castafiore mais moins clairement dans le Crabe aux Pinces d’Or et Coke en stock.

Enfin, il a été impossible de départager les zigotos dans 2 albums ; les Picaros et bien évidemment Tintin et l’ Alph’art.

Il faut dire qu’Hergé n’a rien fait pour nous aider dans cette recherche :

D’une part, il n’a jamais donné d’information sur une éventuelle gémellité et, dans plusieurs interviews il a affirmé ne pas s’être inspiré de la gémellité de son père avec son oncle pour la création de ces deux personnages.

Et d’autre part, dans trois albums il a interverti les moustaches qui sont passées de DuponD à DuponT et vice versa : Objectif Lune p.24, 2,3, Bijoux p.58, 4,1 et Picaros p.60,1,2 ! En résumé, et pour synthétiser le travail des Pélicans, on peut affirmer que les DuponDT ne sont pas jumeaux et qu’il n’y a pas de leader dans cette paire de crétins comiques à l’insu de leur plein gré.

L’idée de génie d’Hergé a été d’associer ces deux spécimens car elle multiplie par deux leur imbécillité. Quand l’un énonce une bêtise, aussitôt son compère la renforce par le célèbre « Je dirai même plus… ».

Veulent-ils, passer inaperçus qu’ils se parent d’un déguisement totalement incongru qui attire tous les regards sur eux. Pour mieux souligner leur incurable sottise, Hergé les a dotés d’un langage qui leur est propre, à base de contrepèteries involontaires et de sentence définitives :

« Nous foulons ce sol de la lune où amais la main de l’homme n’a mis le pied »

Haddock, qui a lui aussi son propre langage, les caractérise parfaitement en les traitant d’analphabètes diplômés. Comme l’écrit Pol Vandromme dans Le monde de Tintin, les DuponDT portent le deuil de l’intelligence.

Toujours les mêmes ?

Même dans la seule situation clairement à leur avantage, leur dignité au moment où ils vont être fusillés, (Tintin et les Picaros) DuponD sollicité par DuponT pour prononcer une parole historique avant de passer de vie à trépas ne trouve pas mieux que « Santhéodoriens, je vous ai compris ».

A défaut d’être frères de sang, les cabochards de la bêtise sont frères en balourdise et crétinerie sans qu’il soit possible d’identifier lequel est plus bête que l’autre… Vous pouvez toujours essayer !

 

les Pélicans Noirs

Bordeaux, janvier 2023

jan 29 2023

Benoit Peeters & les Pélicans Noirs

Le  27  janvier 2023, Les Pélicans noirs ont rencontré Benoit Peeters chez Denis Mollat. Ce très grand admirateurIMG_9818 de Hergé est venu présenter la conférence  » Génie de la bande dessinée »  qu’il a donné au Collège de France.

« ...La Bande Dessinée est un langage à part entière que ni le cinéma, ni le jeu vidéo, ni internet n’ont menacé jusqu’à présent. Elle les a précédés! »

(B.P. Bordeaux 27/01/2023)

Benoît Peeters né le 28 août 1956 à Paris, est un écrivain, un essayiste, un scénariste et un critique français. C’est également un spécialiste de l’univers de Tintin.

En 20222023 Benoît Peeters est titulaire de la chaire création artistique du Collège de France, qui accueille, pendant une année académique, une personnalité illustrant la création artistique contemporaine sous toutes ces formes, et il y donner une série de cours sur la « Poétique de la bande dessinée »

Lorsque Carlsen et Casterman envisagent de réaliser une monographie sur Hergé, c’est le créateur de Tintin lui-même qui suggère aux éditeurs de confier la rédaction de l’ouvrage à Peeters8. Pour les besoins de ce livre (Le Monde d’Hergé), il s’entretient longuement avec le dessinateur, trois mois avant la mort de celui-ci.

nov 07 2022

Fan de Tintin, ce grand avocat s’est autoproclamé consul de Syldavie, pays mystérieux

Comme d’autres fans de Tintin, l’ex-bâtonnier de Bordeaux Thierry Wickers s’amuse à se définir comme un ambassadeur du pays inventé par Hergé. Une (fausse) distinction symbolique.Article paru dans Actu.fr sous la signature de Par Nicolas Gosselin le 6 novembre 2022.

Mille milliards de mille sabords, un consul de Syldavie siège à Bordeaux ! Le secret a été encore mieux gardé que celui du trésor de la Licorne, qui a donné lieu à deux tomes des aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge.

Si vous n’avez jamais lu les bandes dessinées sur le célèbre reporter à la houppette, ne vous fatiguez pas à chercher ce pays sur la mappemonde : vous ne le trouverez pas. Il sort de l’imagination d’Hergé, le père de Tintin, qui a inventé l’existence de cette petite monarchie (comme la Bordurie) dont on ne connaît pas très bien la localisation.

Avec son sceptre d’Ottokar aux magnifiques reflets dorés en main, Thierry Wickers est enthousiaste à l’idée de faire visiter son bureau de consul de Syldavie. Vous l’aurez compris, cette distinction est honorifique et surtout symbolique. Ils seraient près de 20 dans le monde – principalement en France et en Belgique – à partager ce titre.

Une plaidoirie tintinophile face à Rachida Dati

« Je tire ma légitimité du fait d’avoir été le premier à m’autoproclamer consul à Bordeaux et que les autres [passionnés de Tintin] me reconnaissent ainsi. Il n’y a pas de circuit officiel pour le devenir », sourit l’homme aux lunettes rondes, comme un certain Tryphon Tournesol.

En réalité, ce bureau n’est pas celui d’un ambassadeur d’un pays mystérieux d’Europe centrale mais celui dans lequel cet avocat chevronné en droit des affaires, ancien bâtonnier de Bordeaux et futur président du Conseil des barreaux européens, a l’habitude de travailler sur ses dossiers.

« Mon métier m’a parfois permis de placer des citations de Tintin dans mes plaidoiries », se marre le magistrat de 67 ans, qui cite par exemple le moment où au titre de président du Conseil national des barreaux, il avait pris la parole lors de la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme pour « violation du droit à une procédure équitable », dans une affaire de garde à vue.

Thierry Wickers possède de nombreuses pièces de collection issues de l’univers d’Hergé. (©Actu.fr / Nicolas Gosselin)

C’était en 2010, Rachida Dati était alors garde des Sceaux. Dans le tribunal européen, Thierry Wickers lui avait alors adressé cette phrase : « Ce n’est ni la Moldavie, ni la Bordurie ou la Syldavie qui a été condamnée, c’est la France ! »

Sa collection a démarré avec son oncle

Une réplique d’ailleurs, qui n’est pas sans rappeler la fameuse phrase du commentateur Stéphane Guy, lors d’un 8e de finale retour de Ligue des champions qui amena à la remontada du FC Barcelone face au Paris Saint-Germain. Bref, on digresse.

Pointure de la magistrature, homme très sérieux de fait, Thierry Wickers a gardé au fond de lui cette âme d’enfant. Ce gamin qui a découvert les aventures de Tintin grâce à un oncle – avocat lui aussi – qui adorait les bandes dessinées d’Hergé (contrairement à son paternel). « Si je lui disais qu’un nouvel album était sorti, je savais qu’il me l’achèterait », se rappelle avec tendresse le môme dont les cheveux sont devenus grisonnants depuis.

Dans son petit musée personnel, il a gardé quelques albums de son enfance, qui sont passés aussi entre les mains de ses deux frères et sont un peu fatigués. « C’est la base de ma collection », dit-il. Puis, en quelques décennies, le consul de Syldavie l’a soigneusement étoffée. « Avec eBay, c’est devenu plus simple qu’autrefois ! »

Des éditions des années 30 par ci, comme cet album d’époque des Cigares du Pharaon, ou des rééditions et des pièces faites à sa demande, comme cette couverture de Tintin au Congo rebaptisée Tintin au Sénégal – en mémoire de ses nombreux voyages là-bas – ou cette couverture coquine « Le Secret du Lotus Rouge », où le héros à la houppette apparaît – comme dans l’album Le Lotus Bleu – dans un vase chinois devant une femme en petite tenue.

La Syldavie : un hymne, un slogan, un drapeau…

« J’ai même fait faire au Sénégal un sceptre d’Ottokar d’1m70 et de 70 kilos. Je ne m’étais pas rendu compte. Au final, je n’ai pas pu l’embarquer dans l’avion et j’ai dû le laisser sur place », raconte Thierry Wickers. En revanche, il a récupéré la fusée d’Objectif Lune. Elle n’est pas aussi grande que l’originale, certes, mais ne passe pas inaperçue dans le bureau.

Dans son élan, après montré différentes maquettes imposantes de Dupond et Dupont, l’ambassadeur sort d’un tiroir un drapeau à l’effigie de la « maison royale ». Car, c’est là tout le charme de la Syldavie, c’est qu’elle possède une hymne, un slogan (« Qui s’y frotte s’y pique »), une langue mais aussi une bannière officielle.

Thierry Wickers arbore le drapeau de la Syldavie. (©Actu.fr / Nicolas Gosselin)

Avec les Pélicans Noirs, une association bordelaise créée en 1999 qui regroupe « des amateurs véritables de l’œuvre d’Hergé » et qui est chargée « de veiller surtout au respect de l’intégrité territoriale de la Syldavie » avec Thierry Wickers pour consul déclaré donc, ils avaient fait faire deux drapeaux.

Un drapeau de la Syldavie hissé à l’aéroport de Bordeaux

L’un d’entre eux avait été hissé à l’entrée de l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, parmi les autres bannières des pays. Par quel miracle ? « Un de nos membres était bien introduit à la Chambre de commerce de Bordeaux », sourit l’avocat. Malheureusement, une nuit, il a disparu. Heureusement, Thierry Wickers a gardé le deuxième précieusement chez lui.

 

« Nous sommes une association secrète influente. Les francs-maçons, à côté, c’est rien du tout, ironise-t-il. Pas mal de nos membres ont eu des postes haut placés, dans de grandes institutions à Bordeaux. Il existe même une association des parlementaires fans de Tintin ! »

Alain Juppé inaugure l’esplanade du Professeur Tournesol

Cette influence, les Pélicans Noirs l’ont bien mise à profit lors du mandat d’Alain Juppé. Ils ont obtenu de l’ancien maire la création d’une esplanade du Professeur Tournesol, sur les quais de Bordeaux, au niveau de Cap Sciences.

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L’inauguration a eu lieu le 16 octobre 2010, en présence de l’ancien Premier ministre, et les Tintinophiles avaient mis les petits plats dans les grands. Ils avaient réuni pour l’occasion le roi de Syldavie et une chorale pour chanter l’hymne syldave

Un récital de la Castafiore et le procès de Rastapopoulos à Bordeaux

Dix ans avant, ils étaient aussi à l’origine du premier récital de la Castafiore, accueillie en grande pompe encore par Alain Juppé, à l’Opéra National de Bordeaux, devant un public nombreux. Il y a aussi eu le procès de Rastapopoulos, le célèbre méchant des aventures de Tintin, au tribunal de commerce de Bordeaux, avec de vrais avocats, un vrai procureur et de vrais experts médicaux pour faire son analyse psychologique.

Et plus récemment, en 2021, le consul de Syldavie Thierry Wickers avait animé une conférence au Musée Mer Marine de Bordeaux sur Tintin et les paquebots. Ou quand l’univers de Tintin n’a jamais semblé aussi réel.

« Avec la Syldavie, Hergé a voulu créer tous les éléments pour qu’on pense à un vrai pays, s’enthousiasme Thierry Wickers. Beaucoup, d’ailleurs, s’amusent à chercher où il se trouve exactement. Au Monténégro ? En Bosnie-Herzégovine ? En Albanie ? En Roumanie ? Dans l’album Objectif Lune, la fusée part de Syldavie et on a une image depuis l’espace qui nous permet approximativement de localiser le pays. »

Des fois, en se présentant comme consul à des confrères, le Bordelais s’amuse à broder autour de la monarchie d’Hergé, si réaliste tant elle a été inspirée par le contexte géopolitique de la fin des années 30, pour créer quelques minutes de confusion. Comme un retour en enfance, une madeleine de Proust dans laquelle il se plaît à croquer.

Tintin au Tibet ou la métaphore de l’avocat

« Par rapport aux autres bandes dessinées, Tintin a toujours bénéficié d’une certaine respectabilité », se remémore cet amateur d’autres bandes dessinées comme Astérix ou Gaston Lagaffe. Dans sa famille, composée de magistrats, il se souvient que le héros de Hergé « rentrait plus facilement ». C’était avant la création du Festival de la bande dessinée et l’essor de la BD.

 

Plus qu’un pied-de-nez à sa carrière d’avocat, cette passion pour Tintin est plutôt un prolongement de son parcours. D’ailleurs, comme c’est l’usage pour chaque membre des Pélicans Noirs, Thierry Wickers a un album référence, qui renvoie à sa profession d’avocat :

Il s’agit de Tintin au Tibet. Dans cette BD, Tintin est confronté à un être monstrueux mais qui a des phases d’humanité.

Thierry Wickers

« Quand il dialogue avec Tchang, un personnage présent dans cet album, ce dernier lui dit : « Tu sais, le Yéti n’est pas si inhumain que ça. » C’est justement le travail des avocats dans les procès pénaux d’être amené à montrer ce qu’il y a d’humain dans ce qui peut paraître inhumain. »

À Bordeaux, le consul de Syldavie ne badine pas avec la Justice. Mais avec Tintin, volontiers.

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