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juin 27

Une fugitiverie

senfuir

C’est ainsi que Gloria et Uman qualifient leur fuite durant presque quinze jours. Il n’a pourtant jamais été question d’une fugue au sens dont on l’entend mais plutôt d’un besoin d’évasion quasi vital, une volonté de faire onduler les lignes du conformisme. Mais allez expliquer ceci à des parents qui se rongent les sangs pendant deux interminables semaines…

Le roman s’ouvre sur l’audition de Gloria par l’inspectrice Ryan qui cherche à savoir si l’adolescente s’est fait manipuler par Uman. Je ne vous ai pas encore présenté Uman? C’est ce jeune garçon énigmatique et venu de nulle part qui a débarqué un beau jour dans sa classe alors qu’elle s’ennuyait ferme. Il n’y a pas que sa répartie laissant les professeurs mortifiés qui soit intrigante…Pourquoi leur suggère-t-il tout le temps de jeter un œil dans son dossier avant d’éventuelles représailles? Quel secret renferme t-il? Son charisme doublé d’une assurance à faire pâlir n’importe quel ado mal dans sa peau en font un objet de curiosité pour Gloria. Enfin quelqu’un de différent! Quoiqu’il soit un peu bizarre… Et puis cette manière qu’il a de lire en elle comme dans un livre ouvert, c’est agaçant.

Mais Gloria trouve en Uman un alter ego, une personnalité osant braver les interdits et qui se contrefiche de ce que la société attend de lui. Aussi, quand Uman va lui proposer d’aller camper plutôt que de se rendre au lycée, comme d’habitude, Gloria y verra une manière d’affirmer son indépendance.

« L’impulsivité d’Uman me rappelait celle que j’étais autrefois. Cela me donnait envie de redevenir comme ça.

– Un esprit libre, ai-je dit.

– Quoi?

– Oh, juste un truc que ma mère a dit un jour, en vacances, à propos de mon frère et moi. Vous deux, vous êtes deux esprits libres flottant dans la brise. Je ne devais avoir que huit ans, je n’ai pas bien compris, mais cette expression est restée gravée dans mon esprit. Ca me fait penser aux aigrettes, tu sais, la tête des pissenlits, qui sont emportées dans le vent comme des fées.       

– Si on achète un jour un bateau, on devrait l’appeler comme ça: Esprit libre. » 

Sauf que nos deux adolescents vont y prendre goût et balayer d’un revers de main les obligations qui les attendent. L’unique nuit se transformera en jours et les jours en semaines où ils choisiront leurs destinations par le simple biais d’un jeu de cartes; car c’est aussi cela la liberté : décider d’aller où on veut, comme on veut et quand on veut. Il y a néanmoins des limites à se nourrir de crackers et de donut’s et peu à peu, Gloria et lui vont découvrir l’autre facette de la médaille: l’argent s’amenuise, la faim les tiraille et les ennuis commencent.

S’enfuir de Martyn Bedford (éditions Nathan) devrait ravir les lecteurs ayant aimé le célèbre roman Nos étoiles contraires de John Green  car on y retrouve à la fois l’aspect poétique et l’humour de deux adolescents hors du temps qui se construisent un amour. Leurs échanges, à la fois profonds et teintés d’humour, illustrent parfaitement les prémices des sentiments amoureux ou affectueux : on cherche à plaire à l’autre tout en voulant lui montrer sa singularité.

Leurs personnalités atypiques rendent les dialogues à la fois intelligents et poilants et l’on se prête au jeu de l’aventure à leurs côtés, le monde leur dévoilant presque un nouveau paysage chaque jour. Si vous avez besoin d’évasion, si vous aimez vous surprendre à penser que tout est possible et si vous cherchez une vraie histoire d’amour, alors glissez S’enfuir dans votre sac!

 

 

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