Dans une petite ville tranquille de Belgique, un enfant a disparu. Alors qu’elle faisait une petite course dans une boutique située dans une rue peu passante, Denise Desantis a laissé son plus jeune fils, âgé de 13 mois dans sa poussette, la capote rabattue, et est entrée chez la commerçante avec son fils aîné. Alors qu’ils sortent du magasin, la stupeur puis l’angoisse jettent la mère affolée dans les rues avoisinantes, ameutant les riverains. Aucun indice, aucune trace de l’enfant, elle fait appeler la police et très vite, l’enquête commence…
Tu ne jugeras point est certes un roman policier avec pour personnages principaux les incontournables policiers, l’indispensable juge d’instruction sans oublier victimes, témoins et suspects. Tout est en place donc pour mener à terme une enquête qui ne tarde pas à désigner aux yeux du lecteur la mère du petit garçon (mère modèle qui élève ses quatre enfants avec amour) comme une suspecte potentielle. Mais tout n’est pas si simple et les apparences pourraient bien s’avérer trompeuses…
Avec une écriture élégante qui s’applique à peindre avec finesse le décor de cette petite ville et de ses habitants d’une part et d’autre part l’univers des enquêteurs rendus prudents par des affaires antérieures (nous sommes après l’affaire Dutroux, clairement citée à plusieurs reprises), Armel Job pose habilement la question de la présomption d’innocence et place son lecteur face aux difficultés qu’ont les juges à se forger une intime conviction qui implique une énorme responsabilité. Chacun des personnages est dépeint avec ses failles, ses secrets et il apparaît bien vite que les fils vont être difficiles à démêler dans une affaire passionnante pour le lecteur, jusqu’aux rebondissements des dernières pages.
En refermant le roman d’Armel Job reste le sentiment d’avoir vécu quelques heures avec des personnages habités d’une véritable existence. Poignants, donnant leur meilleur d’eux-même, ils se débattent dans leur vies ordinaires, avec maladresse et sincérité et ce sont eux qui donnent tout son charme au récit, peut-être davantage que l’intrigue elle-même. Un très beau roman noir qui n’est pas sans évoquer l’univers du grand Simenon.