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oct 28

10 heures du soir…

Frankie fait des listes. Obsédantes et indispensables à son bien-être ou du moins à son équilibre : listes de ce que l’on peut avaler en nageant dans la piscine, listes de maladies abominables, listes de denrées absolument indispensables et dont la pénurie mettrait toute la famille en péril. Personnage éminemment sympathique qui laisse deviner une évidente fragilité à travers ses obsessions et ses motifs d’angoisse, Frankie mène sa vie de jeune garçon comme il peut, avec ses petits hauts et ses petits coups de moins bien, aidé en cela par la complicité sans faille de son meilleur ami Gigs. Soudés jusqu’à avoir inventé un langage bien à eux où se mêlent argot, verlan, italien et russe, ces deux là commentent, du haut de leurs douze ans,  les péripéties de leur quotidien avec une bonne dose de vitalité et un humour salvateur.

Sans être jamais inquiétant, l’entourage familial de Frankie suscite toutefois assez vite de nombreuses questions dans l’esprit du lecteur : trois tantines hautes en couleurs à qui il rend visite avec une belle régularité semblent avoir joué un rôle tout à fait déterminant dans sa vie, son père est appelé oncle George par Gorgana, sa grande soeur…Et puis, bien sûr, au coeur du roman, ces mystérieux et quotidiens rendez-vous de 10 heures du soir…La nuit tombée, Frankie retrouve sa mère alitée dans sa chambre avant d’aller lui-même se coucher après ce rituel apaisant fait de questions apparemment sans importance…Une mère très présente, toujours enveloppée des délicates effluves des pâtisseries renommées qu’elle concocte à domicile avant de les faire livrer aux quatre coins de la ville…

Le jour où Frankie commence à s’attacher à Sydney, une fillette de son âge nouvellement arrivée en ville, la fantaisie du même coup fait son entrée dans son quotidien si ritualisé. Energique et fonceuse, Sydney a un caractère bien trempé et entraîne Frankie à dépasser ses propres limites, à aller au-delà de ses peurs pour ne pas la perdre. Mais Sydney elle aussi a une histoire familiale bien compliquée à vivre…

Elu en Nouvelle -Zélande « meilleur livre de l’année » et « meilleure fiction pour jeunes adultes », La question de 10 heures du soir est un roman d’une infinie délicatesse où il ne faudra pas venir cherche un rythme endiablé et nerveux. Fais de petites digressions apparemment sans importance, il dresse le portrait de deux enfants en mal de mère, deux enfants perdus faute de repères, habités par des questions qui pèsent sur eux comme un étouffoir. Kate de Goldi prend son temps pour immerger son lecteur dans l’intimité de ses personnages et traite avec minutie du désarroi de la fin de l’enfance, avec douceur et empathie. Un roman qui touchera au coeur les âmes sensibles….

1 commentaire

  1. Sally Ballard

    Voilà un roman qui a l’air tout doux et sans doute un peu bouleversant aussi…Je note !

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