L’autre chef d’oeuvre , après « L’Art de la joie », de Goliarda Sapienza : ses extraordinaires « Carnets »
Ce début janvier 2019,
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paraissent, aux Éditions du Tripode,
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et toujours en une merveilleuse traduction _ elle coule de source ! _ de Nathalie Castagné
_ sa découvreuse et révélatrice à l’univers entier ! Ce n’est certes pas peu !!! _,
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une sélection _ de 461 pages _
des 8000 pages manuscrites
que rédigea au jour le jour, entre 1976 et 1996 _ l’année de sa mort : le 30 août 1996 ;
des suites d’une chute dans les escaliers de sa maison de Gaeta _
la géniale Goliarda Sapienza
_ soit quelque chose comme 5 % de ce qui a été rédigé en ses Carnets personnels… _ ;
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et ce, d’après une sélection de son mari et veuf, Angelo Pellegrino
(né, lui, à Palerme le 2 août 1946),
et qui est aussi son légataire universel ;
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qui la fit d’abord paraître, cette sélection, en Italie, en 2011 et 2013,
en deux volumes séparés,
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intitulés
Il Vizio di parlare a me stessa _ Taccuini 1976 – 1989
et La Mia Parte di gioia _ Taccuini 1989 -1992,
chez le prestigieux éditeur Einaudi :
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soit un nouvel éblouissant chef d’œuvre,
rédigé _ et strictement pour elle-même : « parlare a me stessa » ! _ par Goliarda au jour le jour,
au fil du quotidien de ses rencontres, voyages et événements survenant divers ;
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_ et avec, aussi, c’est à noter, des intermittences, parfois très longues : de mois ou même d’années :
quand Goliarda choisissait de consacrer-réserver exclusivement le temps si précieux de son écriture
(et son désir d’écrire, pas nécessairement permanent ; elle subissait aussi des moments de dépression ;
d’absence d’enthousiasme envers sa fondamentale passion d’écrire…)
à la rédaction d’autres romans-fictions à composer, ou de divers textes _
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après ce monument et chef d’œuvre presque trop puissant et éclatant
_ quelque part dérangeant pour bien des lecteurs,
y compris ceux, professionnels, des maisons d’édition, qui longtemps le refusèrent ! en Italie… _
qu’est le roman
_ inspiré et transposé (sublimé…) de sa propre vie (Goliarda est née à Catane le 10 mai 1924)
ainsi que de la vie de sa mère, Maria Giudice (Codevilla, 27 avril 1880 – Rome, 5 février 1953) _
_ de 800 pages.
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Cf ce mot de Nietzsche
_ Goliarda fut-elle une de ses lectrices ? _
entamant ainsi
le lucidissime chapitre Lire et écrire
de son sublime Ainsi parlait Zarathoustra _ un livre pour tous et pour personne :
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« De tout ce qui est écrit, je ne lis que ce quelqu’un écrit avec son sang.
Écris avec ton sang : et tu verras que le sang est esprit.
Il n’est guère facile de comprendre le sang d’autrui.
Je hais les oisifs qui lisent« .
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Et c’est assurément avec son sang
_ qui est esprit ! et comment !!! _
que Goliarda a écrit,
tant son L’Art de la joie
que ses sublimes Carnets.
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Pour cela,
je me réfère, aussi, à ce très riche et passionnant article de Valentina Tuveri,
paru le 30 août 2016 sur le site Monde du Livre :
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L’Art de la joie de Goliarda Sapienza : la traduction comme moteur de reconnaissance mondiale
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Personnellement,
je dois dire que je préfère l’ouverture infinie de l’écriture des notations au jour le jour d’un carnet personnel
_ ou d’une correspondance intime :
je pense ici aux courriers (enchantés ! et enchanteurs pour nous qui les lisons…) de trois fois par semaine
de Madame de Sévigné à sa fille, Madame de Grignan :
alternant le compte-rendu précis et parfois amusé du plus quotidien du quotidien, avec des envolées passionnées de sentiments ou d’émotions, de la marquise _,
à la construction tant soit peu organisée, même la plus belle qui soit, d’une fiction,
fut-elle mâtinée de pas mal d’éléments autobiographiques _ ou biographiques.
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Pour y trouver l’accent de la plus grande justesse tissée à la plus audacieuse liberté ;
du moins à son meilleur…
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Ce samedi 5 janvier 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa
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