La lumière d’Ysaÿe, Franck, Vierne, par le violon d’Alina Ibragimova et le piano de Cédric Tiberghien

— Ecrit le mercredi 17 avril 2019 dans la rubriqueHistoire, Musiques”.

Eugène Ysäye,

le célèbre violoniste virtuose belge (1858 – 1931)

fut aussi compositeur ;

ainsi que le récipiendaire ou commanditaire

de deux magnifiques pièces pour violon et piano :

la Sonate pour violon et piano n° 1 en la Majeur, de César Franck (1822 – 1890),

en 1886, pour son mariage ;

et la Sonate pour violon et piano opus 23 en sol mineur, de Louis Vierne (1870 – 1937),

en 1905/6.


La violoniste Alina Ibagimova et le pianiste Cédric Tiberghien

ont construit un superbe programme,

merveilleusement interprété,

ouvert par le Poème élégiaque opus 12 (en 1892/3) d’Ysaÿe lui-même ;

et conclu par le très beau Nocturne pour violon et piano (en 1911) de Lili Boulanger (1893 – 1918) :

soit le CD Hyperion  CDA 68204.

Voici le commentaire qu’en a donné Jean-Charles Hoffelé

en son blog Discophilia le 3 avril dernier :

POUR L’ARCHET D’YSAŸE


Susciter des chefs-d’œuvre, Eugène Ysaÿe en fut coutumier, il est le héros du nouvel album qu’Alina Ibragimova et Cédric Tiberghien font paraître après leur grand voyage chez Mozart.

Son Poème élégiaque, inspiré par la scène au tombeau de Roméo et Juliette ouvre ce disque et vient rappeler quel compositeur d’importance il fut, avant même d’être l’inspirateur et l’interprète de génie que l’on sait. Il avait le don de créer un univers poétique hypnotique que l’archet de la violoniste saisit dans toutes ses nuances : le paysage qu’elle compose avec le piano éolien de Cédric Tiberghien à la fin de l’œuvre me poursuit de son long trille fuligineux.

La Sonate de Franck évite toute hystérie, sans pourtant rien perdre de son pouvoir d’émotion, la sonorité creusée du violon, le piano orchestral mais sans tapage, tout conduit à produire une lecture intériorisée qui suspend le temps dans le Recitativo-Fantasia, aux teintes fauréennes ici : quel art du pianissimo !

Vingt ans plus tard, Ysaÿe se tournait vers un autre organiste : Vierne lui écrirait-il une sonate ? Ysaÿe y mit son grain de sel, la partie de violon est étourdissante. Vierne, se prenant au jeu, écrivit une œuvre brillante, capricieuse de rythmes, pleine de surprises harmoniques, avec une magnifique partie de piano – pensée pour Raoul Pugno – que Cédric Tiberghien fait sonner avec des raffinements que peu y auront mis jusque-là alors que le l’archet d’Alina Ibragimova danse avec ivresse ou rêve, nostalgique à souhait. Heureux Vierne dont cette Sonate trop longtemps restée peu courue malgré les efforts de Jean Moulière et de quelques autres, aura suscité récemment deux belles versions, celle-ci et celle d’Elsa Grether et François Dumont.

En postlude, quelle jolie idée d’avoir placé la berceuse en train de s’endormir qu’est le tendre Nocturne de la grande Lili, pur instant de poésie, comme tout ce disque !


LE DISQUE DU JOUR












Eugène Ysaÿe (1858-1931)
Poème élégiaque, Op. 12 (version pour violon et piano)


César Franck (1822-1890)
Sonate pour violon et piano en la majeur, FWV 8


Louis Vierne (1870-1937)
Sonate pour violon et piano en sol mineur, Op. 23


Lili Boulanger (1893-1918)
Nocturne pour violon et piano


Alina Ibragimova, violon
Cédric Tiberghien, piano


Un album du label Hypérion CDA68204

Photo à la une : le pianiste Cédric Tiberghien et la violoniste Alina Ibragimova – Photo : © DR


Ce mercredi 17 avril 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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