L’édition discographique nous donne, de temps en temps, une occasion d’approfondir la connaissance
de l’œuvre musicale de compositeurs tout à fait remarquables,
mais dont la renommée ne déborde pas assez souvent le premier cercle des interprétes
ou de mélomanes un peu connaisseurs.
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Ainsi en va-t-il de l’œuvre de Franz Xaver Richter
(Holešov, 1er décembre 1709 – Strasbourg, 12 septembre 1789).
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Ainsi est parue au mois d’octobre dernier un CD Supraphon SU 42742
comportant les Motets Super Flumina Babylonis et Miserere,
par le Czech Ensemble Baroque
dirigé par le chef Roman Valek.
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Les musiciens de Bohème-Moravie-Slovaquie de l’ère baroque
me plaisent tout particulièrement ;
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et j’essaie de ne pas laisser passer les CDs
permettant d’accéder à l’écoute de leurs œuvres...
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C’est grâce à un article, hier, de Res Musica,
et sous la plume de Maciej Chiżyński,
Franz-Xaver Richter, découverte d’un important compositeur morave,
que j’ai pris connaissance de cette récente parution !
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Le 26 janvier 2020 par Maciej Chiżyński
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Le Czech Ensemble Baroque Orchestra & Choir sous la direction de Roman Válek, nous procurent une belle découverte : les premiers enregistrements mondiaux de deux partitions sublimes de Franz Xaver Richter, composées pour le Concert spirituel à Paris et pour la cathédrale de Strasbourg.
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Né en Moravie dans l’empire des Habsbourg en 1709, Franz Xaver Richter était chanteur (la basse), instrumentiste (le violon et l’alto), compositeur, chef d’orchestre, ainsi que théoricien de la musique, mais surtout l’un de ces artistes moraves qui ont obtenu la reconnaissance à l’étranger. Un homme ambitieux, il fut, entre 1740 et 1746 vice-maître de chapelle auprès du prince-abbé Anselme de Reichlin-Meldegg à Kempten dans l’Allgäu, en Bavière _ auparavant, il avait travaillé à Stuttgart, à Schiltz, près de Fulda, et Ettal… Puis, de 1746 jusqu’en 1768, il fut l’un des principaux membres de l’orchestre de la chapelle de cour de Mannheim, un centre important de la vie musicale européenne à l’époque, au service du prince-électeur Charles-Théodore. Il semblerait que Richter ne fût pas satisfait à Mannheim car son travail y consistait avant tout à jouer de l’alto et à chanter. Et quand il s’agissait d’écrire de la musique, il était surtout accepté comme compositeur de pages chambristes, tandis que dans ses précédents engagements – dans des villes moins significatives –, il avait eu la possibilité de créer des oratorios. À Mannheim, il n’a pas réussi à s’imposer comme auteur de musique sacrée ni comme théoricien de premier plan. Malgré ces désavantages, il a façonné 80 symphonies qui se sont avérées essentielles pour le développement de la symphonie préromantique, bien qu’il était toujours resté baroque sur le fond. Le titre du « compositeur de chambre de la cour » qui lui a été décerné en 1768, paraît n’avoir été qu’honorifique en raison de son style « à l’ancienne ». Entre 1761 et 1767, Richter a rédigé un traité d’harmonie et de composition, traduit et publié à Paris en 1804. Par la suite, de 1769 jusqu’à son décès en 1789, il fut maître de chapelle de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, où il avait comme assistant, à partir de 1783, Ignace Pleyel….
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Le Super flumina Babylonis à douze voix, élaboré sur le texte du psaume 136 (137) et destiné au concert, appartient au genre du « motet à grand chœur ». Avec ses modulations harmoniques soudaines et les brusques changements dynamiques, cette œuvre est inspirée par l’esprit Sturm und Drang comme par la musique d’opéra. Franz Xaver Richter l’écrivit en vue d’un concours pour la composition de grands motets, publié en 1767 par Antoine Dauvergne, le directeur du Concert spirituel. Ce concours fut organisé (à plusieurs reprises) par cette prestigieuse société de concerts publics parisienne car Dauvergne manquait de répertoire après que son prédécesseur à ce poste, Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, lui avait refusé de mettre à sa disposition sa bibliothèque de partitions. Encore que la participation au concours _ le 28 mars 1769 _ ne valût pas à Richter de prix, il se fit remarquer en France et put, par la suite, prendre fonction à la maîtrise de la cathédrale de Strasbourg, le 24 avril 1769, en y succédant à Joseph Garnier.
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Pour ce qui est du Miserere à dix voix pour le Vendredi saint, façonné sur le texte du psaume 50 (51), il est l’une des trois mises en musique de ce poème de pénitence que Franz Xaver Richter accomplit au commencement de sa période strasbourgeoise, dans les années 1770-1773. Ces pages étaient destinées à être proposées durant l’Office des Ténèbres. Il s’agissait de prières nocturnes constituées de psaumes bibliques et de lamentations, se tenant – dans l’atmosphère du deuil et de la douleur – les trois derniers jours de la Semaine sainte. Pendant la liturgie, on éteignait successivement les bougies d’un chandelier triangulaire, d’où le nom « ténèbres ». Une curiosité de ce Miserere en fa mineur est que Richter y fit des citations du Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolesi, en rendant ainsi hommage au style « italien », l’un de ses préférés.
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Sur le plan de l’interprétation, nous admirons aussi bien l’apport de l’ensemble instrumental que celui du chœur, de même que des solistes qui en sont issus. Pour le jeu de l’orchestre, nous sommes saisis par la subtilité des nuances et la souplesse des phrasés, mais également par sa vitalité _ voilà. L’énergie solaire _ oui _ est ici au rendez-vous de la variété des couleurs, de la netteté des attaques et donc d’une sonorité cristalline. Quant au chœur, nous en apprécions l’intensité et l’homogénéité en termes de la maîtrise du vibrato, jamais envahissant, et du timbre. Pour les solistes, les deux sopranos et les deux ténors sont aussi légers et délicats que lumineux, le fausset du contre-ténor Piotr Olech a de la douceur, le contralto de Kamila Mazalová est noble et la basse de Miroslav Procházka est habile et assez chaleureuse, quoique manquant de gravité.
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Franz Xaver Richter (1709-1789) :
Super flumina Babylonis, psalmus 136 à 12 voci ;
Miserere à 10 voci per il Venerdì Santo.
Markéta Böhmová, soprano. Pavla Radostová, soprano. Piotr Olech, contre-ténor alto. Kamila Mazalová, alto. Jaroslav Březina, ténor. Jakub Kubín, ténor. Jiří Miroslav Procházka, basse.
Czech Ensemble Baroque Orchestra & Choir (chef de chœur : Tereza Válková), direction : Roman Válek.
1 CD Supraphon.
Enregistré du 12 au 15 juin 2019 en l’église Saint-Michel à Znaïm dans la région de Moravie-du-Sud, en République tchèque.
Textes de présentation en anglais, allemand, français et tchèque.
Durée : 67:56
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Ce n’est là certes pas le tout premier CD comportant des œuvres de ce Franz-Xaver Richter
à accéder à l’enregistrement discographique !!!
_ par exemple, je possède dans ma discothèque,
par le même Ensemble et le même chef,
le CD Supraphon 2402-2 : La Deposizione dalla Croce di Gesu Cristo, Salvator Nostro
et le CD Supraphon 4240-2 : Te Deum (de 1781), Exsultate Deo, la Sinfonia n°52 en ré majeur et un Concerto pour hautbois en fa majeur.
Et aussi, par le casalQuartett, un double album Solo Musica SM 184 des 7 Streichquartette op. 5, intitulé Genesis 1757…
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mais ce compositeur a joué un rôle important dans la diffusion en France
des musiques de ce très remarquable répertoire baroque-là.
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Ce lundi 27 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa
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