Archives du mois de mai 2020

Musiques de joie : le pétillant proprement céleste des Variations pour piano de Mozart, par le jubilatoire Ronald Brautigam

26mai

Certains genres se prêtent, mieux que d’autres, à la belle réalisation _ ludique _ musicale de la joie :

ainsi en va-t-il tout particulièrement du genre de la Suite

_ au départ, des Suites contrastées de danses, comme dans l’œuvre emblématique de Johann Jakob Froberger (1616 – 1667) : allemande, courante, sarabande et gigue… _

que ce soit pour un instrument seul : le luth, le clavecin, etc.,

ou pour un ensemble plus ou moins étoffé d’instruments : un duo, un trio, etc.,

voire pour un orchestre

_ elles sont alors souvent nommées Ouvertures ; toujours d’après le vocable français…

Et c’est davantage le critère de la variété, déjà, qui importe,

plutôt que le critère plus simple du contraste, comme c’est le cas dans les Sonate et Concerti, à l’italienne…

Ainsi que je l’ai éprouvé au fil _ heureux _ de mes écoutes

pour mes articles de « Musiques de joie« …

Mais il en va aussi ainsi,

même si c’est, bien sûr, selon d’autres modalités _ plus destructurées _,

pour le genre de la Variation sur un thème donné,

dont le compositeur se plait à jubilatoirement s’émanciper

_ comme dans les Goldberg, de Bach (vers 1740), ou les Diabelli, de Beethoven (en 1823)…

J’en veux pour exemple les nombreuses Variations pour piano de Mozart (1756 – 1791) ;

et tout particulièrement, pour l’écoute discographique, dans l’interprétation merveilleusement ludique

qu’en a proposé le flamboyant Ronald Brautigam ;

réunies dans un indispensable coffret de 4 CDs Bis _ le coffret Bis-CD-1266/1267 _,

enregistré en 1997, et publié en 2001.

En voici, par exemple, les Variations sur un Allegretto en Si bémol Majeur KV 500 (de 1786) ;

soit la plage 3 du CD 1

de ce magistral coffret Bis.

Ronald Brautigam est un formidable mozartien !

Ce mardi 26 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la sérénité heureuse des Suites françaises, de Johann-Sebastian Bach, pour sa jeune épouse Anna-Magdalena, à Coethen, en 1722

25mai

C’est probablement pour aider sa jeune épouse

_ leur mariage eut lieu à Köthen le 3 décembre 1721 ; Johann-Sebastian Bach avait perdu sa première épouse, Maria-Barbara Bach (Gehren, 20 octobre 1684 – Köthen, juillet 1720), un an et demi auparavant… _,

Anna-Magdalena Wilcke (1701 – 1760)

à se faire les doigts,

et, bien sûr, plus encore le style adéquat, en toutes les subtilités de sa relative complexité,

au clavier,

 

elle qui était d’abord une bonne cantatrice

_ les cinq premières de ces Suites sont en effet notées dans le manuscrit de l’important Petit Cahier dit d’Anna-Magdalena Bach _,

que Johann-Sebastian Bach (1685 – 1750) composa,

pour celle-ci, à Köthen, en 1722,

ses paisibles et alertes _ heureuses ! _ admirables  Suites françaises

_ qualifiées ainsi très postérieurement à leur composition de 1722 :

en 1762, par le compositeur et musicologue Friedrich Wilhelm Marpurg (Altmärkische Wische, 21 novembre 1718 – Berlin, 22 mai 1795) ; puis, à sa suite, en 1802, par Johann-Nikolaus Forkel (Meeder, 22 février 1749 – Göttingen, 20 mars 1818) en sa célèbre et marquante Vie de Johann-Sebastian Bach ;

mais en 1754, en sa Nécrologie de Bach, Lorenz Christoph Mizler (Heidenheim, 26 juillet 1711 – Varsovie, 8 mai 1778), qui fut aussi le premier à avoir enseigné l’histoire de la musique en une université allemande (celle de Leipzig, entre 1736 et 1743), avait simplement répertorié, parmi les manuscrits de partition laissés par Bach, les Suites dites plus tard Suites anglaises (parce que se trouve, ajoutée sur la partition, l’annotation, peut-être de la main même de Bach, « Suites pour les anglois« ) ; ainsi que ces Suites-ci, tout simplement ainsi :

« 11. 6 suites de clavecin ;

12. 6 autres suites, de même, mais plus brèves » ;

ainsi, dans les enregistrements de Christophe Rousset pour Ambroisie, en février 2003, puis février 2004,

les durées de ces Suites, sont-elles respectivement de 126′ 23 pour les Suites anglaises, et de 95′ 50 pour les Suites françaises… ;

on notera encore, au passage, que, au moment de ses études à l’université de Leipzig, de 1731 à 1734, Lorenz Christoph Mizler avait été l’élève de Bach…

Pour goûter, à l’écoute discographique, toute la finesse de ces Suites

dites ainsi françaises _ depuis Marpurg, en 1762 ; puis Forkel, en 1802 _,

j’ai choisi l’interprétation merveilleuse, alerte et toute de délicatesse _ pure de toute mièvrerie et maniérismes _, de l’excellent Christophe Rousset,

sur un superbe clavecin signé Johannes Ruckers, daté de 1632 et 1745,

restauré en 1987 par Reinhard von Nagel ;

et conservé au Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel ;

dans le double album Ambroisie AMB 9960,

enregistré en ce Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel au mois de février 2004 ;

avec une somptueuse prise de son de Jiri Hegel,

sous la supervisée artistique de Nicolas Bartholomée, le producteur d’Ambroisie.

En émane la paix bienfaisante d’une sérénité lumineuse…

En voici, à écouter, la Suite n°1

Ce lundi 25 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : l’allégresse bondissante des Symphonies pour cordes de jeunesse de Felix Mendelssohn, dans la filiation, via son maître Carl Friedrich Zelter, de Carl Philipp Emanuel Bach

24mai

De Felix Mendelssohn (Hambourg, 3 février 1809 – Leipzig, 4 novembre, 1847),

je vénère _ je l’ai maintes fois dit _ les ultra-vives et éblouissantes œuvres de jeunesse de celui qui fut l’élève, à Berlin, de Carl Friedrich Zelter (Berlin, 11 décembre 1758 – Berlin, 15 mai 1832) :

ainsi, par exemple, le vertigineux Concerto pour violon et piano _ tout spécialement dans l’interprétation diabolique de virtuosité de Gidon Kremer et Martha Argerich _, composé, lui aussi, en 1823 ;

ou le plus qu’enthousiasmant : absolument merveilleux _ un chef d’œuvre absolu ! _, Octuor op. 20, composé, lui, en 1825 _ Mendelssohn avait seize ans.

Mais j’aime tout spécialement le bouquet magique et merveilleux de ses treize Symphonies pour cordes _ Felix avait entre 12 et 14 ans !

C’est entre 1821 et 1823, en effet, que le jeune Mendelssohn, né le 3 février 1809, composa ses treize Symphonies pour cordesLes sept premières, en 1821 _ Mendelssohn avait treize ans _ ; la huitième, l’année suivante _ la partition est datée du 27 novembre 1822 _ ; et les neuvième, dixième, onzième et douzième, respectivement en mars, mai, juillet et septembre 1823. Une treizième, commencée en décembre de cette année 1823, devint, avec une orchestration enrichie, la Première Symphonie, en Do Majeur, Opus 11, du compositeur.

Ces merveilleusement rafraîchissantes Symphonies pour cordes de Felix Mendelssohn datent ainsi de l’époque durant laquelle le jeune Felix suivait les leçons de son maître le compositeur berlinois Carl Friedrich Zelter ;

et révèlent ce que, via Zelter, lui-même élève à Berlin de Carl Friedrich Fasch (Zerbst, 18 novembre 1836 – Berlin, 3 août 1800), le jeune Felix Mendelssohn a recueilli et s’est nourri de la splendide tradition contrapuntique de Jean-Sébastien Bach, et plus encore, l’aperçoit-on, de la magique fougue enflammée du fils de celui-ci, Carl Philipp Emanuel Bach (Weimar, 8 mars 1714 – Hambourg, 14 décembre 1788).

Surtout quand on sait que Carl Philipp Emanuel fut lui-même le maître, à Berlin, de Carl Friedrich Fasch, qui fut le maître de Zelter. Une tradition toujours vivace en ce début de XIXe siècle…

Ainsi un épisode de la guerre de Trente Ans nous apprend-il qu’en septembre 1758 la gravissime menace de troupes russes sur Berlin, la capitale du roi Frédéric II de Prusse _ le Roi envisagea même alors de se suicider... _, amenèrent Carl Philipp Emanuel Bach et son élève et ami Carl Friedrich Fasch _ qui étaient premier et deuxième clavecinistes du Roi à la cour de Potsdam _ à se réfugier, avec leurs familles, à Zerbst, auprès du père de Carl Friedrich, le compositeur Johann Friedrich Fasch (Büttelstadt, 15 avril 1688 – Zerbst, 5 décembre 1758) _ l’auteur de merveilleuses Ouvertures pour orchestre ! _ ; et c’est au cours de son séjour de trois mois à Zerbst, avant de pouvoir regagner Berlin, que CPE Bach y composa ses 6 Sonates pour clavier Wq. 50.


Bref, les treize Symphonies pour cordes de jeunesse de Felix Mendelssohn offrent à l’auditeur mélomane cette enthousiasmante allégresse qui exalte aussi son Octuor Op. 20 (composé en 1824) et son Concerto pour violon et orchestre.(composé en 1823)…

Et, pour ces Symphonies pour cordes, si bondissantes et réjouissantes, j’adore l’interprétation, magnifiquement vivante, du Concerto Köln, en ses 3 CDs, publiés par Teldec en 1994, 1996 et 1997.

Ecoutez ici, par exemple, leur Symphonie n° 1.

Ce dimanche 24 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la fraîche Vilanelle qui ouvre les somptueuses Nuits d’été de Berlioz, par Régine Crespin

23mai

Parmi les joies que donne la musique française,

les six somptueuses Nuits d’été d’Hector Berlioz

(La-Côte-Saint-André, 11 décembre 1803 – Paris, 8 mars 1869)

constituent la merveilleuse ouverture du genre de la mélodie française

_ que ce soit avec accompagnement de piano, ou d’orchestre : quel prodigieux chef d’œuvre, d’emblée ! _,

en septembre 1841,

sur six poèmes de Théophile Gautier, réunis dans un recueil intitulé La Comédie de la mort

La plus joyeuse de ces six somptueuses mélodies des Nuits d’été,

est, probablement, la première d’entre elles, Vilanelle, qui ouvre le bouquet,

au futur _ des promesses du printemps _, puis au présent _ de l’invitation à la jouissance actuelle _ :

Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux, nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet aux bois ;
Sous nos pieds égrenant les perles
Que l’on voit au matin trembler,
Nous irons écouter les merles
          Siffler.

Le printemps est venu, ma belle,
C’est le mois des amants béni,
Et l’oiseau, satinant son aile,
Dit des vers au rebord du nid.
Oh ! viens donc sur ce banc de mousse
Pour parler de nos beaux amours,
Et dis-moi de ta voix si douce :
          Toujours !

Loin, bien loin, égarant nos courses,
Faisons fuir le lapin caché,
Et le daim au miroir des sources
Admirant son grand bois penché ;
Puis chez nous, tout heureux, tout aises,
En paniers enlaçant nos doigts,
Revenons rapportant des fraises
          Des bois.

Et j’ai choisi, pour en savourer peut-être au mieux tout le suc,

l’interprétation voluptueuse de l’art de dire (et chanter),

et de la voix toute de soie,

de la grande Régine Crespin

en son célèbre _ à très juste titre _ CD Decca 417813-2,

avec l’Orchestre de la Suisse Romande, et sous la direction d’Enest Ansermet,

enregistré à Genève en septembre 1963.

Cet art est royal…

J’aime beaucoup, aussi, une prise live, au concert, à Londres, le 14 mai 1975,

de la très grande Janet Baker, sous la direction de Carlo Maria Giulini,

en un CD BBC Legends 40772, paru en 2001.

Ce vendredi 22 mai 2020, Titus Curiosus, Francis Lippa

Musiques de joie : le délicieux bonbon fondant de la mélodie « A Chloris » de Reynaldo Hahn

22mai

La mélodie française,

pour poursuivre l’élan de mon inspiration d’hier à propos des saisissantes Nuits d’été de Berlioz

_  _,

est très souvent capable d’un charme fou, vraiment ;

avec la capacité de légèreté, tendresse, douceur, élégance

et merveilleuse délicatesse,

de l’art français.

J’en veux pour preuve quelques unes des mélodies de Reynaldo Hahn

(Caracas, 9 août 1874 – Paris, 28 janvier 1947),

absolument délicieuses.

Par exemple _ et je ne m’en lasse pas _,

sur un poème de Théophile de Viau (Clairac, 1590 – Paris, 25 septembre 1626),

la merveilleuse À Chloris.

Dont m’a enchanté l’interprétation

_ au tout premier abord un peu surprenante _,

en un CD étonnant et magnifique, le CD Virgin Classics 50999 216621 2 6, intitulé _ d’après une très belle mélodie, aussi, de Camille Saint-Saëns _ Opium,

de Philippe Jaroussky ;

qui avait, pour l’occasion _ très heureuse ! _, troqué sa voix de haute-contre, pour celle de ténor léger :

son meilleur disque, à mon goût, tout du moins…

Sur ce magnifique CD Opium de Philippe Jaroussky,

une autre très réussie interprétation

d’une autre merveilleuse mélodie de Reynaldo Hahn,

et sur un poème, cette fois, de Charles d’Orléans (Paris, 24 novembre 1394 – Amboise, 5 janvier 1465) :

Quand je fus pris au pavillon

Bien sûr, on trouvera des interprétations un peu moins surprenantes de ces deux mélodies,

sur ces petits merveilleux chefs d’œuvre de la plus haute poésie française

_ quel goût, déjà, de la part de Reynaldo Hahn ! _,

telle, par exemple, celle

et celle encore

de la magnifique Véronique Gens, en son très beau récital intitulé Néère,

soit le CD Alpha 215.

Reynaldo Hahn sait être prodigieusement simplement délicieux…

Ce samedi 23 mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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