Ayant enfin sur ma platine
les 3 CDs du troisième coffret « À la française » de l’intégrale des œuvres pour claviers de Johann Sebastian Bach,
j’admire toujours davantage _ depuis ses prodigieux débuts, déjà ! _ la formidable intelligence de jeu de Benjamin Alard ;
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et cela en tous ses aspects, y compris le choix de ses instruments (ici deux clavecins et un orgue).
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L’article de Frédéric Muñoz sur le site de ResMusica le 21 septembre dernier,
intitulé « Troisième volet très français pour l’intégrale Bach de Benjamin Alard« ,
rendait parfaitement justice à l’art raffiné, tout de légèreté profonde,
d’une infinie justesse,
du jeune interprète.
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Le 21 septembre 2020 par Frédéric Muñoz
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Voici le troisième coffret de trois CD consacrés à une intégrale en cours de l’œuvre pour clavier de Johann Sebastian Bach. Cette fois-ci, le fil conducteur en est la France. Benjamin Alard, aux claviers de l’orgue historique alsacien de Marmoutier et sur deux clavecins de style français et allemand, met judicieusement en valeur de nombreuses influences que Bach sut cultiver dès son adolescence.
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À la suite de deux premiers coffrets, sur le thème des premières influences du jeune Bach et du voyage vers le nord, le présent volet propose les inspirations du compositeur pour le style français, alors très en vogue dans l’Europe musicale. Le premier CD intitulé À la française est enregistré sur le célèbre clavecin du château d’Assas, anonyme français du début du XVIIIᵉ siècle. Benjamin Alard propose sur ces claviers historiques plusieurs suites de danses dans le style français. Allemande, courante, sarabande et gigue en constituent l’ossature que Bach agrémente de mouvements supplémentaires (Ouverture ou Prélude, Menuet, Bourrée…) en guise de galanteries. Le clavecin porte magnifiquement cette musique par ses sonorités graves et déliées _ et relativement sobres : à la française… Nous sommes là très proches de ce que les Français eux-mêmes _ oui _ composaient dans leurs suites _ depuis Louis Couperin et Chambonnières… Pour s’en convaincre et comme lors des précédents albums, Benjamin Alard introduit _ aussi _ des invités témoins d’un monde musical alors pratiqué par tous : l’Allemand Johann Caspar Ferdinand Fischer _ un des premiers lullystes de par l’Europe de Louis XIV… _ et François Couperin _ oui. Ces rapprochements sont évidemment troublants et magnifiquement révélés par le jeu savant et ductile _ d’une naturelle souplesse et magnifique évidence _ de l’interprète.
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Le deuxième CD est enregistré sur l’orgue historique de Marmoutier (Bas-Rhin) construit en 1710 par André Silbermann. Cet instrument est l’un des plus beaux d’Alsace, en majeure partie conservé dans son état original, récemment restauré par Quentin Blumenroeder, ce qui en fait un témoin très précieux pour l’interprétation de la musique liée à cette période. Le style même de cet orgue présentant un équilibre sonore à la croisée _ voilà _ des influences françaises et germaniques, est tout indiqué pour les œuvres où Bach a développé ce penchant, par ses découvertes en particulier auprès de Georg Böhm à Lüneburg. Ce dernier en effet avait été initié à ce style particulier notamment par ses fréquentations à la cour _ éminemment francophile _ de Celle. Il adoptait l’ornementation française, et la structure de l’ouverture (grave-fugato), entre autres, ce que Bach avait retenu pour diverses pièces disséminées dans toute son œuvre. L’enregistrement à Marmoutier offre des pièces sous un éclairage différent, notamment au niveau des registrations qui peuvent paraître inhabituelles, mais choisies en toute logique de style. On entend ici la Pièce d’orgue BWV 572 dans une registration sur les anches. Cette famille de jeux, fondamentale dans la facture française, se révèle ici puissamment polyphonique, davantage que le plein-jeu plus adapté à un discours de type harmonique. André Raison composa un petit trio dont la basse servit de modèle au thème de la Passacaille en Ut mineur BWV 582. Le mélange des sonorités est une nouvelle fois différent de ce qui serait envisageable sur un orgue allemand de la même époque, et apporte alors un éclairage proche des pièces rutilantes _ oui _ des livres d’orgue français. À ce propos on se souvient que Bach recopia intégralement le _ somptueux _ livre de Nicolas de Grigny _ voilà. Benjamin Alard nous le rappelle ici avec le dernier verset de l’hymne Pange Lingua qui n’est autre qu’un sublime récit en taille suivant pas à pas _ à la française _ le texte du verset : une musique supérieure et émouvante, à l’égal de celle de Bach. Des chorals complètent le programme ainsi qu’un Trio extrait des Nations de Couperin, transcrit par Bach lui-même pour l’orgue. Les équilibres sonores de l’orgue sont très bien maîtrisés par l’interprète, en particulier les jeux de pédale.
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Le troisième CD revient au clavecin, sur un autre modèle construit _ à Barbaste _ par Philippe Humeau en 1989, d’après un original allemand de 1720. Ce choix permet, en opposition avec le clavecin français d’Assas, d’écouter autrement _ oui _ l’approche de ces suites de danses pensées par Bach, françaises ici, mais sur un clavecin de type allemand, plus charnu _ voilà. On retrouve avec plaisir deux Suites anglaises BWV 807 et 809. Le titre est trompeur, leur structure restant résolument française _ on connaît l’histoire compliquée de ce titre. Une troisième suite BWV 996 écrite au départ pour le luth complète ces exemples où Bach a pu développer ses attirances pour ces danses si proches de l’âme humaine _ en toute la gamme de ses émotions. C’est un cadre que Bach sut conserver _ en effet _ pour d’autres cycles d’œuvres : les _ sublimes _ Partitas, les Suites françaises…
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Les subtilités _ sans le moindre maniérisme : à la française… _ du toucher de Benjamin Alard aux claviers, tant à l’orgue qu’au clavecin, concourent au ravissement _ absolument ! _ de ce nouveau volet.
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Le talent d’évidence dansée de l’interprétation de Benjamin Alard est une fête !!!
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Ce mardi 13 octobre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa
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