Archives du mois de juillet 2022

Quelques nouvelles des superbes miniatures italiennes de Bernard Plossu, en conversation discrète avec François-Marius Granet, cet été 2022 au Musée Granet, à Aix-en-Provence

16juil

Très simplement ceci :

Les miniatures italiennes de Bernard Plossu

Bernard Plossu
Bernard Plossu
Bernard Plossu, Villa Medicis, 2001, collection particulière. © Bernard Plossu.
« L’Italie des paysages est ancrée en moi. Depuis toujours, avec une loupe, je regarde les arrière-plans _ voilà ! _ des grands tableaux classiques, les villages, les châteaux, les collines surtout, souvent peintes dans des teintes brunes » écrit Bernard Plossu dans son ouvrage Voyages italiens publié en 2004. L’Italie pour ce photographe né à Đà Lạt, au Sud du Viêt Nam, c’est une histoire de famille qui remonte à loin, « je me sens très italien à cause de la couleur de ma peau et de mes cheveux. » Son arrière-grand-mère était d’Urbino, cette commune où dit-il dans un entretien réalisé par Bruno Ely et publié dans le livre de l’exposition « Plossu – Granet, Italia Discreta » : « je rêve toujours d’aller et ne suis toujours pas allé. »
C’est en février 1970, à l’âge de vingt-cinq ans et en voiture que Bernard Plossu se rend pour la première fois en Italie. « C’était donc en hiver, il pleuvait à torrents et j’ai attrapé une grippe carabinée à Rome avant d’aller à Pompéi encore sous la pluie. C’était un Pompéi sombre. Il n’y avait personne, j’étais avec une petite amie à l’époque et on nous a ouvert Pompéi et là je me suis dit, là, il se passe quelque chose ! » Avant l’Italie, c’était un peu la famille, mais surtout le cinéma, comme beaucoup de jeunes Français de sa génération, il avait été marqué par les films de Don Camillo.
Bernard Plossu, Rome, 1980, collection particulière. © Bernard Plossu.
François-Marius Granet, Vue prise à la Villa Médicis, 1er tiers du XIXe siècle, musée Granet, Aix-en-Provence. © Claude Almodovar / Musée Granet, Ville d’Aix-en- Provence.
François-Marius Granet, Vue du monastère des Capucins et de l’arbre de San Felice à Tivoli, musée Granet, Aix-en-Provence. © Claude Almodovar / Musée Granet, Ville d’Aix-en-Provence.
Bernard Plossu, Florence, 1993, collection particulière. © Bernard Plossu.
 « Je me souviens être arrivé de nuit à Gênes, et je n’en croyais pas mes yeux de voir sur le port tous les feux allumés – c’était en hiver, les prostituées du port se chauffaient avec des braseros, et tout… On s’est retrouvés là-dedans, j’étais avec ma copine, où dormir ? Je ne m’en souviens plus en fait. » De ce premier séjour, il a quelques images comme une photographie en noir et blanc de Pompéi sous la pluie. Il s’installe ensuite aux États-Unis, sur les hauts plateaux du Nouveau-Mexique pour « un long séjour américain » dont on peut retrouver des images dans l’ouvrage So Long. Vivre l’Ouest américain 1970/1985 publié par les éditions Yellow Now.
« Je suis retourné à Rome en 1979 en provenance du Nouveau-Mexique. Puis, nouveau séjour romain en 1980. À partir de 1985, j’ai fait au moins une bonne quarantaine de petits séjours partout en Italie, en Toscane, en Ligurie particulièrement. Basé à La Ciotat, je pouvais y aller en voiture ou en train… » Le photographe se prend de passion pour l’Italie. Il se rend partout, « des paysages de montagne près de Cuneo, à la frontière du col de l’Arche, c’était à Chialvetta, jusqu’en Sicile ou en Sardaigne. » Ces séjours italiens, il ne les arrêtera jamais, sauf pendant la période du Covid.

François-Marius Granet, Intérieur d’une cour à Tivoli, musée Granet, Aix-en- Provence. © Claude Almodovar / Musée Granet, Ville d’Aix-en-Provence. / Bernard Plossu, Lucca, 2009, collection particulière. © Bernard Plossu.
Féru de littérature italienne, Bernard Plossu lit tout, du polar à la poésie, et principalement des auteurs contemporains où un certain « humour italien » lui plaît, « un humour qui touche au drame de la vie et qu’on peut résumer en une expression, quand tu lèves les sourcils : “Ecco !” C’est comme ça ! Et ça, c’est très italien, tu vois : il t’arrive un truc terrible, et tu arrives à le prendre ainsi. » La peinture italienne le captive également : Campigli, Sironi, De Chirico, Melli, de Pisis, Scipione. « Quand je suis en Italie, je vais dans les musées. Dans n’importe quelle ville, je trouve toujours un peintre que je ne connais pas, ou deux ou trois, avec souvent des catalogues à cinq euros parce qu’ils ne sont pas connus et que personne n’en veut. »
Dans l’exposition « Plossu – Granet, Italia Discreta », les commissaires Bruno Ely et Pamela Grimaud créent des liens _ voilà _ entre les photographies de Bernard Plossu et les peintures de François-Marius Granet. « Deux siècles les séparent, mais deux amis s’étaient rencontrés. » écrit Pamela Grimaud. Peintre emblématique de la ville d’Aix, François-Marius Granet (1775-1849) fut lui aussi inspiré et fasciné par Rome et l’Italie. « L’un et l’autre ont parcouru la campagne romaine, poursuit-elle, happés par la lumière qui anime le paysage contemplé. La qualité de l’espace devant soi, les valeurs de clair-obscur, les rapports du plein et du vide, autant de critères que le peintre et le photographe ont souhaité donner à voir, appareil Nikkormat ou carnet de croquis à la main. »
Bernard Plossu, Rome, 1979, collection particulière. © Bernard Plossu.
François-Marius Granet, Ruines d’un arc du Colisée à Rome, musée Granet, Aix-en-Provence. © Claude Almodovar / Musée Granet, Ville d’Aix-en-Provence.
Bernard Plossu photographie l’Italie en 50mm, « ce qui est l’unité de ton de Corot et des œuvres italiennes de Granet (…) Au 50 mm, c’est impossible de faire de l’effet, il n’y a ni la distorsion du grand angle, ni l’aplatissement du téléobjectif, c’est l’objectif photographique au plus près de l’œil. » Ruelles chargées d’histoire, de culture, de mémoire, paysages suspendus dans le temps, Bernard Plossu travaille principalement en noir et blanc, mais expérimente parfois la couleur à travers le tirage Fresson qui donne un rendu délavé, granuleux, doux et presque poudré à ses images. Une soixantaine de lavis et d’aquarelles du peintre François-Marius Granet sont mises en regard au Musée Granet avec plus de cent photographies de Bernard Plossu, pour la plupart inédites, des petits tirages, « mes miniatures dit-il, (qui) sont sans doute miniatures pour respecter ce côté miniature des fonds de tableaux. Tout d’un coup, je suis en train d’y penser (…) En général, quand on fait quelque chose, pour que ce soit bien, il faut que ce soit plus fort que soi, c’est-à-dire complètement inconscient, et c’est exactement ce qui m’a fait photographier l’Italie. »
« Plossu – Granet, Italia Discreta » au Musée Granet, Pl. Saint-Jean de Malte, 13100 Aix-en-Provence, dans le cadre du Grand-Arles Express, jusqu’au 28 août 2022.
Plossu – Granet, Italia Discreta est publié par les Éditions Filigranes et le Musée Granet, 192 pages, 29€.
François-Marius Granet, Vue du torrent de Santa Scolastica sur le chemin de San Benedetto Subiaco, musée Granet, Aix-en-Provence © Claude Almodovar / Musée Granet, Ville d’Aix-en-Provence.
Bernard Plossu, Barga, Toscane, 2009, collection particulière. © Bernard Plossu.

Ce samedi 16 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Quand la forêt de l’Eden, ou quasi elle, brûle… Si près du Pyla et ses villas parmi les pins…

15juil

La forêt de l’Eden,
ou plutôt la partie de la forêt usagère de La Teste, qui la jouxte, à peine plus au sud, et qui, elle, est bel et bien encore en train de brûler,
à peine plus au sud, aussi, juste derrière, que les belles villas du Haut-Pyla, à La Teste,
m’évoque bien sûr l’Eden de la famille de René et Marcel Dulas dont parle Hélène Cixous dans les livres qu’elle écrit, non loin de là, dans sa maison d’écriture des mois de juillet-août, des Abatilles-Arcachonvoir, par exemple, et entre plusieurs autres, « Défions l’augure« , ou encore « Nacres _ cahier«  _ :
une fermette de résiniers.
Cf le détail sur cet Eden-ci en mon article du 17 octobre 2019 : «  ».
Et regarder/écouter la vidéo de notre entretien à la Station Ausone le 23 mai 2019 à propos de son magistral « 1938, nuits« …
L’Eden est en effet le nom de cette partie juste au nord de la forêt usagère de La Teste (-de-Buch) où sont nés et où ont vécu les Dulas,
amis (ou hommes-à-tout-faire bienveillants et efficaces) d’Hélène quand elle réside non loin de là, tout près, aux Abatilles (d’Arcachon)…
Cf par exemple ce passage, à la page 83 du « Nacres » d’Hélène Cixous, à propos de René Dulas, dit Tontus, et des promenades avec les enfants d’Hélène au Natus-de-Haut :
« 17 octobre 2017
Tontus est mort. En apparence. Pif Pierre-François, le fils d’Hélène _ me raconte longuement la légende de Tontus René Dulas et le royaume d’Éden (l’habitation des onze Dulas dans la forêt des Landes, hommes des bois, sans école, qui ne vont dans la société extérieure et hostile que pour le service militaire). Mes enfants, élevés _ c’est dit _ par ces forts de la nature, sur le Natus. Natus, nom propre du Bourrier.
Aller au Natus, expression conservée telle quelle  _ de leur enfance.
Au lieu-dit Natus-de-Haut, le Bourrier créé en juillet 1916 au cimetière national de La Teste, tout ça mes enfants, sous les ordres des Dulas, Chef Tontus, l’ignorent, ils vont au Natus comme à l’Éden, l’Éden des enfants sauvages est un mont de débris immondices de la ville, écharnures, morceaux de carcasses d’avions, casques de guerre. »
Et il se trouve aussi qu’une avenue très discrète, presque secrète _ il est très aisé de la manquer, outrepasser son embranchement sans la repérer pour la prendre, et y monter… _, aux splendides villas parmi les magnifiques pins, s’appelle, et en hommage à cette jungle perdue située à son sud-est quelques kilomètres plus loin, Avenue de L’Eden
_ c’est en vérité un chemin sinueux et étroit qui serpente, ne cesse de grimper et redescendre, parmi les pins ; et dessert ses diverses villas ; et c’est aussi un paradis… _,
dont je connais un heureux propriétaire, Raphaël Vialard, de l’une de ces superbes villas, qui s’en fait le très intéressant et exhaustif, passionnant, historien, au Pyla.
Et très souvent je pense à tout cela, si fragile, avec ces pins, dès que la chronique évoque quelque incendie de forêt, même ailleurs qu’en Gironde…
Et voilà que maintenant c’est quasi cet Eden-là même qui brûle, en la forêt usagère de La Teste, à peine plus au sud que la majestueuse grande dune du Pyla, sans qu’on parvienne jusqu’ici à en circonscrire l’incendie…
Et donc je me demande si l’amie Hélène Cixous réside cet été, aussi, en sa chère maison d’écriture, aux Abatilles ;
et bien sûr comment elle va…
Je pense aussi à mes amis Dumora, Bernadette et Jean-Pierre, et à leur si belle maison du Haut-Pyla : quasi en surplomb de l’Eden… Et guère loin, donc, de l’incendie présent en la forêt usagère : à peine un peu plus plus au sud, derrière l’extrémité méridionale de la grande dune du Pyla…
À cette heure-ci, il ne fait que 34° à Bordeaux, au lieu des 38° d’hier.
Ce vendredi 15 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
P.s. :
ce samedi matin, à 8h, le maire de La Teste, interviewé à la télévision, fait le point sur l’extension du feu de la forêt usagère de La Teste, et donne le nombre de 3 150 hectares à cette heure brûlés…

Pour apprécier au mieux les plus belles interprétations discographiques de ce chef d’oeuvre de la musique orchestrale de Bela Bartok, qu’est son éblouissante « Musique pour cordes, percussions et célesta », de 1936…

14juil

Éprouvant le vif désir de confronter diverses interprétations de ce chef d’œuvre du volet orchestral de Bela Bartok qu’est sa « Musique pour cordes, percussions et célesta » de 1936,

j’ai recherché, parmi les très riches ressources qu’offre le web, le podcast d’une émission de la Tribune des Critiques de Disques de France-Musique qui lui aura été consacrée.

Et c’est ainsi que très vite je suis tombé sur le podcast _ d’une durée de 118′ _ de l’émission du 26 mai 2013 de l’émission « Le Jardin des Critiques« , où intervenaient, dirigés par le producteur Benjamin François, les critiques Jean-Pierre Derrien et Jean-Charles Hoffelé, et la musicologue, spécialiste de l’œuvre de Bartok _ elle avait publié le 7 novembre 2012 le « Bela Bartok » de chez Fayard… _, Claire Delamarche.

Les interprétations confrontées étaient dirigées par

_ Marin Alsop, en 2009, pour Naxos (CD 8.572486) ;

_ Michael Gielen, en 2005, pour Hänssler Classics (CD 93127) ;

_ Nicolas Harnoncourt, en 2001, pour RCA (CD 82876 59326 2) ;

_ Georg Solti, en 1981, pour Decca (CD 478 4240) ;

_ Esa-Pekka Salonen, en 1989, pour Sony (CD SK 62598) ;

_ et Pierre Boulez en 1994, pour Deutsche Grammofon (CD 447 747-2)…

Une émission, bien entendu, tout à fait passionnante

pour nous aider à mieux goûter un tel éblouissant _ et singulier ! _ chef d’œuvre orchestral,

et un pareil sommet de toute la musique _ et pas seulement celle du XXe siècle !!!

Ce jeudi 14 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

La poursuite du très intéressant travail discographique de Johannes Pramsohler, à propos du coffret « A Cembalo certato e Violino solo », en son label Audax Records…

13juil

Ce mercredi 13 juillet 2022, sous la plume de Matthieu Roc, et sous le titre « Les Sonates pour violon et clavecin de Bach dans leur contexte« ,

et après mon article du 11 mai dernier « « ,

le site ResMusica vient consacrer un très intéressant article au coffret de 3 CDs « A Cembalo Certato e Violon solo » du label Audax Records ADX 13783,

interprété par le violoniste Johannes Pramsohler et le claveciniste Philippe Grisvard,

confrontant 8 Sonates de Johann-Sebastian Bach à des œuvres similaires de son entourage proche…

Voici donc ce nouvel article publié aujourd’hui par ResMusica :

Les sonates pour violon et clavecin de Bach dans leur contexte

L’idée n’est pas nouvelle, de proposer des œuvres de J.S. Bach entourées de celles de ses contemporains ou successeurs. Mais avec l’élan donné par Johannes Pramsohler et Philippe Grisvard dans toutes ces sonates pour violon et clavecin, et encore avec la diversité des collègues de J.S. Bach, cette contextualisation présente un certain intérêt.

Dans les trailers de présentation, les deux compères expliquent leur projet. Désarticuler les cycles des six sonates pour violon et clavecin obligé de Bach qui n’auraient jamais été conçues comme un cycle, et les alterner avec d’autres sonates violon-clavecin d’autres compositeurs, qui présentent un style proche, et dont certaines n’ont encore jamais été enregistrées. Les trois CD sont ainsi organisés comme autant de concerts, chacun avec deux sonates de J.S. Bach et, pour les introduire ou leur faire écho, diverses sonates de ses amis, ennemis, collègues, fils…, mais tous ayant impacté son influence. Tout cela est très bien, mais le problème de ce genre de programme composite avec du J.S. Bach, c’est qu’il risque d’écraser les autres de sa supériorité, et ici, la difficulté est déjouée.

Une première façon de la déjouer, c’est de traiter J.S. Bach comme les autres, c’est-à-dire avec fraicheur, avec une spontanéité de bon aloi, pour le simple plaisir de l’entendre _ voilà ! _ et non pas pour donner une austère leçon de rhétorique musicale. Nos deux compères y arrivent fort bien, sans donner non plus dans la galanterie. Le violon de Johannes Pramsohler est très chantant (avec bien sûr les aigreurs et aspérités dus à au grand âge de l’objet…), et Philippe Grisvard le suit avec enthousiasme sur un clavecin d’une sonorité très agréable. Un Bach léger, énergique, un peu dansant ? Mais oui, c’est possible, et ça marche bien _ oui ! On sait que l’homme n’était pas dénué d’humour _ certes _ et qu’il avait de nombreux amis. Et ce parti-pris d’interprétation ne nous entraine pas dans des faux-sens. L’andante un poco de la BWV 1015 reste méditatif, et le largo de la BWV 1017 assume pleinement son lien avec la Passion selon St Matthieu.

L’autre façon d’homogénéiser les programmes de chacun des trois concerts consiste à ne pas traiter comme des faire-valoir les autres compositeurs – ceux qui ne sont pas J.S. Bach – mais comme des maîtres dignes du même respect que lui. Pour Telemann et CPE Bach, c’est facile. C’est un peu plus délicat pour J. G. Graun, où le duo violon et clavecin s’apparente davantage à un monologue de violon avec accompagnement au clavecin _ un genre qui a connu une vogue un peu plus tardive : après la mort de Bach… _ qu’à un vrai duo, voire un trio (violon + main droite + basse à la main gauche). Mais l’alacrité de nos deux compères emporte l’adhésion et donne un surcroît d’esprit à des pièces qui en ont, à vrai dire, assez peu.

Mais la vraie difficulté et la vraie nouveauté de cet album, c’est de livrer une première interprétation au disque de trois sonates de J.A. Scheibe, redécouvertes récemment à Bruxelles _ voilà. Ce J.A. Scheibe aurait eu l’outrecuidance de critiquer _ très effectivement, en effet ! _ J.S. Bach pour son style exagérément compliqué, et en même temps, de l’admirer et de s’en inspirer. Mais parlait-il des sonates pour violon et clavecin ? L’écriture semble effectivement un peu moins sophistiquée pour la partie de clavecin, quoique restant d’une belle sensibilité, et les mélodies longues pour le violon sont d’une grande beauté, tout à fait dignes de figurer dans ces très beaux concerts. C. Schaffrath, lui se range immédiatement parmi ceux où l’influence du grand J.S.B. est immédiatement perceptible, sans tomber non plus dans l’imitation.

C’est donc un album très réussi _ voilà _ que nous donne là le directeur de l’ensemble Diderot et son ami Philippe Grisvard, pour leur deuxième gravure « Bach & Entourage » (sic). Pour nous, c’est l’occasion de découvrir des pages inconnues fort belles, et de confirmer encore une fois la richesse de ce mouvement Empfindsamkeit, qui entre le baroque et le Sturm und Drang, forme une sorte de classicisme inspiré et bien différent du style galant _ oui.

Johann Sebastian Bach (1685-1750) :

Sonates pour violon et clavecin BWV 1014 à 1019, BWV 1020 et 1022.

Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) :

Sonate en si mineur Wq 76.

Johann Adolph Scheibe (1708-1776) :

Sonate I en ré majeur ; Sonate II en si mineur ; Sonate III en la majeur.

Georg Philipp Telemann (1681-1767) :

Concerto en ré majeur TWV 42:D6.

Christoph Schaffrath (1709-1763) :

Duetto en la mineur CSWVF:30.

Johann Gottlieb Graun (1703-1771) :

Sonate en si bémol majeur, Graun WV AvXV:46.

Philippe Grisvard, clavecin (copie Miekte 1710) ; Johannes Pramsohler, violon baroque (Rogeri 1713).

3 CD Audax Records.

Enregistrés en janvier, mars et juillet 2021, au studio SWR de Kaiserslautern, Allemagne.

Texte de présentation en anglais, français, allemand et japonais.

Durée totale : 208:45

Ce mercredi 13 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

8 enthousiasmantes interprétations des « Danses populaires roumaines » de Bela Bartok, au sein des 20 CDs du splendide coffret « Bela Bartok The Hungarian Soul » de Warner Classics, de l’automne 2021

12juil

En continuation de mon article d’hier lundi 11 juillet « « ,

il me faut constater la présence à pas moins de huit reprises _ en de superbes, voire indispensables (et même historiques !) interprétations, y compris par Bela Bartok lui-même au piano, le 7 janvier 1930… _ des « Danses populaires roumaines » de Bela Bartok

au sein des 20 CDs bien remplis du splendide coffret _ cf ce très lucide article « Bartok en coffret synthétique » de Pierre Jean Tribot, le 15 septembre 2021, sur l’excellent site Crescendo Magazine… _ « Bela Bartok The Hungarian Soul« ,

que le label Warner Classics a publié le 17 septembre 2021…

C’est dire si cette œuvre,

dont la toute première version, pour piano seul, date de 1915,

a rencontré un très populaire succès,

tant de la part des interprètes, au concert comme au disque, que de la part du vaste public des mélomanes :

_ pour piano seul, en 1915 ;

_ pour petit orchestre, en 1917 ;

_ pour violon et piano, en un arrangement de Zoltan Székely ;

_ pour flûte et piano, en un arrangement d’Arthur Levering ;

_ pour un quatuor de saxophones , en un arrangement d’Andrew Wilson,

_ etc.

Avec, pour interprètes ici, en ce splendide et passionnant coffret Warner, et pour cette œuvre en diverses versions (ou arrangements),

outre Bela Bartok lui-même au piano et Zoltan Székely au violon, enregistrés à Budapest, le 7 janvier 1930,

les pianistes Lily Kraus, Deszö Ranki, Boris Berezovsky,

le violoniste Vadim Repin,

le clarinettiste Kalman Beres,

le flûtiste Emmanuel Pahud,

le guitariste Christian Rivet,

le chef Sakari Oramo dirigeant le Finnish Radio Symphony Orchestra,

l’Adalphi Saxophone Quartet…

Avec, en bonus de ma part,

cette vidéo (de 7′ 19) d’une superbe interprétation par Rémi Delangle, clarinette, et Vassilena Serafimova, marimba,

idoinement dans l’esprit jubilatoirement festif de cette œuvre de 6, ou plutôt 7 _ la sixième et dernière étant constituée de deux pièces directement enchaînées _, danses précieusement recueillies par Bela Bartok dans cette vaste partie de la Hongrie qui deviendra roumaine à la fin de la Grande Guerre de 14-18 :

  • I. Bot tánc / Jocul cu bâtă (Danse du bâton)
  • II. Brâul (Danse du châle)
  • III. Topogó / Pe loc (Sur place)
  • IV. Bucsumí tánc / Buciumeana (Danse de Bucsum)
  • V. Román polka / Poarga Românească (Polka roumaine)
  • VI. Aprózó / Mărunțel (minuscule) (Danse rapide).

Soit

à Mezoszabad, dans le Maros-Torda (aujourd’hui Mures), pour la danse notée « Danse du bâton » ;

à Igris, dans le Banat, pour la danse notée « Danse du châle » ;

à Igris, aussi, pour la danse intitulée « Sur place » ;

à Bucsum, dans le district de Torda-Aranyos (aujourd’hui judet d’Alba), pour la danse notée « Danse de Bucsum » ;

à Belényes (aujourd’hui Beius, dans le judet de Bihor), pour la danse notée « Polka roumaine » ;

à Belényes aussi, pour la très brève danse notée « Minuscule«  ;

à Nyagra, dans la commune de Lunca Bradului, enfin, pour la danse notée « Danse rapide« .

les sept précieusement regroupées par Bela Bartok dans ce qu’il intitule, en 1915, « 6 Danses populaires hongroises« ,

mais qui deviendront un peu plus tard pour lui et pour nous « 6 Danses populaires roumaines« , après la modification des frontières de la Hongrie et de la Roumanie, au Traité dit de Trianon, signé le 4 juin 1920, au Grand Trianon, à Versailles, qui officialise la dislocation de l’Empire austro-hongrois au terme de la Grande Guerre, à la fin de 1918…

Et remarquons aussi, au passage, que la propre ville natale _ le 25 mars 1881 _ de Bela Bartok, Nagyszentmiklós, située dans le Banat alors en Autriche-Hongrie,

se trouve désormais en Roumanie et s’appelle Sânnicolau Mare : ces deux noms signifiant tous deux le Grand-Saint-Nicolas…

Cette ville est toute proche de l’interconnexion des frontières actuelles de la Hongrie, la Roumanie et la Serbie…

Et c’est aussi dans ce Banat-là austro-hongrois _ en 1914 _ que se situe le roman magnifique _ un chef d’œuvre de cet écrivain absolument majeur !!! _ d’Andrzej Kusniewicz (Kowenice, en Galicie, 30 novembre 1904 – Varsovie, 15 mai 1993) « Le Roi des Deux-Siciles« , paru chez Albin-Michel en 1978…

Tout, décidément, se tient…

Ce mardi 12 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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