Archives du mois de septembre 2022

A propos de l’opéra « La passagère » de Weinberg : un double CD Capriccio et un DVD Naxos pour une même production réalisée à Graz…

25sept

Crescendo vient, cette année 2022, de consacrer deux articles successifs, et chacun sous la plume de Jean Lacroix, à l’opéra  « La Passagère » de Mieczyslaw Weinberg,

le premier, le 15 février, intitulé « La Passagère de Weinberg, un opéra dans l’ombre funeste d’Auschwitz« , pour un double CD C 5455 paru au label Capriccio,

et le second, le 22 septembre, intitulé « Die Passagierin de Weinberg à Graz : un bouleversant choc émotionnel sur DVD« , pour un DVD Naxos 2. 110713 réalisé pour la même production à Graz…

La Passagère de Weinberg, un opéra dans l’ombre funeste d’Auschwitz

LE 15 FÉVRIER 2022 par Jean Lacroix

Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) : La Passagère, opéra en deux actes, huit scènes et un épilogue, op. 97. Dshamilja Kaiser (Lisa), Nadja Stefanoff (Marta), Will Hartmann (Walter), Markus Butter (Tadeusz) et une quinzaine d’autres chanteurs. Chœurs de l’Opéra de Graz ; Orchestre Philharmonique de Graz, direction Roland Kluttig. 2021. Notice en allemand et en anglais. Livret complet en allemand, avec traduction anglaise. 156.00. Un album de deux CD Capriccio C5455.

La jeune résistante polonaise Zofia Posmysz, née en 1923, n’a que dix-neuf ans lorsqu’elle est arrêtée par la Gestapo. Après un passage par la prison de Cracovie, elle aboutit à Auschwitz, y subit des expérimentations médicales, mais est sauvée par un médecin du camp. Elle participe aux marches de la mort et se retrouve au camp de Ravensbrück. Elle est libérée par les soldats américains en 1945, devient journaliste et écrivaine. En 1962 _ la date est bien sûr à remarquer _ , elle écrit un texte, La Passagère de la Cabine 45, qui est adapté à la radio puis au cinéma. Dimitri Chostakovitch recommande ce récit au musicologue Alexander Medvedev qui en fait part à Mieczyslaw Weinberg, seul rescapé, rappelons-le, d’une famille décimée dans les camps de concentration nazis. Weinberg termine en 1968 _ voilà _ son opéra qui porte le titre La Passagère.

Mais l’œuvre n’est pas appréciée par le régime soviétique qui y voit peut-être un danger d’une dénonciation des goulags, et elle n’est pas jouée. Ce n’est que dix ans après la disparition du compositeur, en 2006 _ toujours ces dates importantes _, qu’une version de concert en est donnée. Une première scénique a lieu en 2010 _ voilà _ au Festival de Bregenz avec les Chœurs de la Philharmonie de Prague et l’Orchestre Symphonique de Vienne menés par Teodor Currentzis, avec Michelle Breedt dans le rôle de Lisa et Elena Kelessidi dans celui de Marta. Le spectacle est filmé sur DVD pour le label Neos, repris par Arthaus en 2015. Il est joué la même année au Grand Théâtre de Varsovie _ voilà _, puis sera donné à Francfort, à Chicago, à Houston ou à Detroit. Un nouvel enregistrement sur CD, une réalisation de l’Opéra de Graz en février 2021, est maintenant disponible. Zofia Posmysz, qui a survécu à l’horreur, est aujourd’hui âgée de 98 ans.

L’action débute en 1960, sur un bateau en partance pour le Brésil sur lequel voyagent Lisa et son mari Walter qui est diplomate. Lisa croit reconnaître parmi les passagères une femme qu’elle croyait morte : Marta, qu’elle a connue au camp de concentration d’Auschwitz, où elle était gardienne, ce que son mari _ Walter, donc _ ignore. Pressée de questions, Lisa lui avoue son passé, ce qui crée une tension dans le couple. La suite va se dérouler entre réminiscences du camp et scènes sur le bateau _ voilà. Lisa culpabilise et devient angoissée, ne sachant comment Walter va réagir. Inquiet pour sa carrière _ de diplomate, donc _, ce dernier finira par la calmer en évoquant l’inéluctabilité du passé et la nécessité de l’oublier et de le laisser derrière soi. Parallèlement, l’histoire de la détenue Marta _ survivante d’Auschwitz _ se développe. A son arrivée à Auschwitz, Lisa_ la kapo _ l’a choisie pour confidente. Une liaison naît entre Marta et Tadeusz, un autre détenu. Lisa, dont l’attitude est ambigüe, autorise leur rencontre, mais Tadeusz en refuse une autre. Après une séquence de scènes de la vie quotidienne dans le camp, avec vexations puis sélection finale, marche des SS à l’appui, retour sur le bateau et au salon où dansent Lisa et Walter. La passagère inconnue est présente et réclame que l’on joue la valse favorite du commandant du camp de concentration. Lors de la scène suivante, Tadeusz est sollicité à Auschwitz par l’officier supérieur pour interpréter cette même valse. Il se borne à jouer la Chaconne de Bach, est condamné à mort et exécuté. Dans l’épilogue, Marta se souvient de Tadeusz et de ses codétenues. Elle promet de ne jamais les oublier. Un doute subsistera : est-elle vraiment l’ancienne prisonnière ?

Pour ce livret tragique, qui a dû évoquer en lui bien des douleurs liées au destin de ses proches, Weinberg a écrit une partition chargée d’un lyrisme sardonique _ voilà _, à la fois puissante et foisonnante, avec une orchestration abondante, riche en cuivres (six cors, quatre trompettes, trois trombones, un tuba), avec un saxophone, un célesta, une guitare, une batterie jazz et un accordéon. Mais cette abondance est contrôlée par une subtile expressivité, d’où émergent des moments de délicatesse et de mélancolie pleine d’émotion, mais aussi d’ironie. L’audition sur disque ne rend sans doute pas compte de l’impact que la version filmée de Currentzis donnait, avec une scène qui partageait l’action sur le bateau et la vie concentrationnaire. Mais elle reproduit bien la force d’un sujet qui se traduit par une énergie mélodique permanente _ voilà _, dans un discours postromantique et moderne à la fois, avec cette complémentarité populaire que Weinberg a toujours si bien exploitée _ oui ! Si le début de notre siècle rend enfin justice à ce compositeur de premier plan _ majeur ! _, il est certain que le volet opératique de son répertoire (sept oeuvres _ très méconnues _, parmi lesquelles Le Portrait d’après Gogol, L’Idiot d’après Dostoïevski, La Vierge et le Soldat, dont les livrets ont été rédigés aussi par Alexander Medvedev), est à approfondir _ certes…

Cette production de l’Opéra de Graz est des plus convaincantes. Dans le rôle de Lisa, la mezzo Dshamilja Kaiser, qui a passé plusieurs années comme membre permanente de cette maison autrichienne, investit avec vérité un personnage assailli par le retour du passé, la crainte de la réaction du mari et la culpabilité qui l’envahit. Le baryton Will Hartmann, qui s’est déjà produit à la Scala de Milan, à l’Opéra de Vienne ou à Covent Garden, campe un époux sidéré par la découverte du passé de son épouse, partagé entre cette nouvelle qui peut mettre en danger sa carrière et un réalisme qu’il juge nécessaire face au passé. Un certain cynisme conduit son action, bien rendue vocalement. La soprano Nadja Stefanoff, qui a été déjà Médée, Tosca et Norma, est émouvante en Marta, rescapée du camp, dont les souvenirs la poursuivent. Quant au baryton autrichien Markus Butter, auquel est attribué le rôle tragique de Tadeusz, il est poignant dans le courage qu’il déploie lors de son affrontement avec le commandant. Les autres protagonistes, nombreux, sont sans reproche. Menés avec conviction par Roland Kluttig, en poste à Graz depuis 2020, les chœurs et l’orchestre soulignent toute la capacité dramatique de cet opéra qui mérite une place de premier plan.

Si cette version s’impose sur le plan discographique pour sa dynamique émotionnelle, captée dans une prise de son bien définie, il est préférable, pensons-nous, de considérer que le DVD Arthaus dirigé par Currentzis, cité plus avant, devrait être la première étape pour découvrir une partition forte à laquelle les images apportent un surcroît de tragédie _ voilà ; mais l’opéra est aussi (ou d’abord) fait pour être aussi regardé…

Son : 9  Notice : 9  Répertoire : 10  Interprétation : 9

Jean Lacroix

Die Passagierin de Weinberg à Graz : un bouleversant choc émotionnel sur DVD

LE 22 SEPTEMBRE 2022 par Jean Lacroix

Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) : Die Passagierin, opéra en deux actes, huit tableaux et un épilogue, op. 97. Dshamilja Kaiser (Lisa), Nadja Stefanoff (Marta), Will Hartmann (Walter), Markus Butter (Tadeusz), Tetiana Miyus (Katja), Mareike Jankowski (Hannah), Joanna Motulewicz (Bronka), et une douzaine d’autres chanteurs. Chœurs de l’Opéra de Graz ; Orchestre Philharmonique de Graz, direction Roland Kluttig. 2021. Notice et synopsis en anglais et en allemand. Sous-titres en allemand, en anglais, en japonais et en coréen, mais pas en français. 163.00. Un DVD Naxos 2. 110713. Aussi disponible en Blu Ray.

L’année dernière paraissait, en un album de deux CD (Capriccio C5455), l’opéra de Weinberg, Die Passagierin (La Passagère), capté à Graz les 11 et 12 février 2021. Voici maintenant la version en images de cette production, filmée aux mêmes dates _ voilà. Ce diptyque est complémentaire : le texte complet du livret, écrit en plusieurs langues (allemand, polonais, français, anglais, hébreu) n’est pas présent dans la structure DVD/Blu Ray ; il peut par contre être consulté dans l’album Capriccio, en traductions allemande et anglaise.

Nous avons consacré un long article, le 15 février dernier, à la version discographique ; nous renvoyons le lecteur à ce texte pour ce qui concerne les circonstances de la composition, son rejet par le régime soviétique et sa première scénique tardive en 2010, quarante-deux ans après sa conception. Nous avions alors conclu : « Si cette version s’impose sur le plan discographique pour sa dynamique émotionnelle, captée dans une prise de son bien définie, il est préférable, pensons-nous, de considérer que le DVD Arthaus dirigé par Currentzis devrait être la première étape pour découvrir une partition forte à laquelle les images apportent un surcroît de tragédie. » Mais voilà que la production filmée de Graz bouleverse les données ! _ ah ! Nous ne pensions pas si bien dire en précisant _ voilà _ que « les images apportent un surcroît de tragédie » : sans rien enlever aux qualités de la version de Teodor Currentzis, qui est la première dans l’ordre chronologique, avant la création russe en 2016, à Ekaterinenbourg (un DVD Dux dont nous n’avons pas eu connaissance _ je le possède _), celle de Graz ne laisse pas le spectateur intact sur le plan émotionnel _ voilà. Le niveau en est remarquable, à tous points de vue, avec une montée en puissance progressive dans l’acte II.

C’est en regardant la version, très bien filmée, de cette production styrienne, mise en scène par l’Allemande Nadja Loschky qui a déjà fait ses preuves dans Mozart, Puccini, Dukas ou Britten, que l’on prend vraiment conscience _ je le note _ de l’agitation intérieure de Lisa, en voyage avec Walter, son mari diplomate, sur un bateau en partance pour le Brésil en 1960. Lisa a été gardienne à Auschwitz, ce que son mari ignore. Elle croit reconnaître, parmi les passagères, Marta, qui y fut prisonnière et envers laquelle elle avait eu une attitude ambigüe, la prenant pour confidente et favorisant ses amours pour un autre détenu, Tadeusz, tout en affichant une cruauté sadique ; Lisa croyait Marta morte à Auschwitz _ voilà. Le passé resurgit _ donc ici _, avec tout son poids accusateur. L’action va se dérouler entre réminiscences du camp de concentration et scènes sur le bateau _ voilà _, dans une atmosphère de plus en plus oppressante. Pendant tout le spectacle, il y a _ ici, en cette mise en scène-ci de Nadja Loschky _ la présence récurrente et muette d’une vieille femme qui ira jusqu’à revêtir l’uniforme des gardiennes du camp de la mort. Elle se charge _ là, sur le bateau voguant vers le Brésil _ de déplacements d’objets et de mises en place et assiste, ignorée de tous, au déroulement des faits. Etrange figure fantasmatique _ voilà _, aux mimiques remarquables, dont la signification n’est ni évidente ni expliquée. S’agit-il de Lisa au terme de son existence ? La question est ouverte. L’identité de la comédienne (Isabella Albrecht ?) n’est pas claire pour nous au sein de la copieuse distribution _ tiens, tiens : le livret du DVD mentionne pourtant bien explicitement : « Lisa as an old woman : Isabella Albrecht« … 

La production de Graz possède quatre atouts majeurs. La mise en scène, réaliste et sobre à la fois, plante un décor glauque _ voilà. A l’acte I, qui raconte le contexte _ du voyage sur le bateau voguant vers le Brésil _ et entraîne l’aveu du passé de Lisa à Walter, on éprouve l’impression d’être à fond de cale plutôt que dans un restaurant, avec des lumières bleu-vert sombres. Le vaste espace, souvent nu et dépouillé, parfois garni de chaises ou de tables, est constitué de casiers vides et d’armoires fermées, où chaussures et vêtements des condamnées seront consignés, de longs couloirs apparaissant ou disparaissant au fil du récit. Tout cela donne une sensation étouffante d’enfermement _ voilà. Le deuxième atout, c’est la crudité instrumentale _ oui _ instillée par la direction de Roland Kluttig au sein d’une abondante orchestration, puissante et percussive _ voilà. Le chef saisit à bras-le-corps la musique de Weinberg, aussi évocatrice dans le drame que dans la satire. Celle-ci est portée à son comble lors de la séquence de SS ridicules, assis sur des latrines à la scène 2, ou dans la pantomime qui précède la scène 4.

Cette direction véhémente offre au jeu scénique, troisième atout _ voilà _, une force expressive accentuée par l’investissement des chanteurs, qui se révèlent de parfaits comédiens _ et c’est évidemment capital. Les qualités vocales des uns et des autres, qu’il s’agisse de l’homogénéité des chœurs ou des prestations individuelles _ oui _, forment le quatrième atout. Les voix sont belles et bien distribuées _ c’est forcément important. La mezzo Dshamilja Kaiser est une Lisa affolée _ voilà _ par le retour de son passé : elle souligne parfaitement son ambivalence de gardienne, nourrie d’une froide cruauté, puis sans remords. Le baryton Will Hartmann est l’époux idéal de Lisa, sidéré _ oui _  par ce qu’il apprend et affolé _ oui _ par la crainte de voir sa carrière gâchée par son mariage avec une ancienne SS, mais cyniquement désireux d’oublier les faits _ voilà. Le couple Marta/Tadeusz, qui va vivre une histoire d’amour à Auschwitz avec l’aide consentante, mais non dépourvue de duplicité, de Lisa, est incarné par la soprano Nadja Stefanoff, extraordinaire de présence _ et c’est nécessaire _, et le baryton Markus Butter. Tous deux sont exemplaires de dignité humaine _ voilà ; cf là-dessus les indispensables récits (« Être sans destin« , « Le Chercheur de traces« …) d‘Imre Kertész _ dans cet univers de folie, mis à nu par les rôles des autres prisonnières dont la destinée n’a pour issue que la mort. Le reste de la distribution est impeccable. Parmi la quinzaine de rôles, qui ne méritent que des éloges, on saluera les prestations de la soprano Tetian Miyus et des mezzos Joanna Motulewicz et Mareike Jankowski. Chaque prisonnière va faire entrer le spectateur dans sa vie personnelle _ en la singularité de son expression, même si brève ici,  de personne _, par le biais d’un air mélancolique, d’un souvenir de jours heureux ou d’une invocation religieuse ; c’est poignant et interpellant _ voilà _, car la conscience de la disparition _ quasi _ inévitable _ avec si peu de chances de réchapper ; surtout pour elles qui n’y ont pas réchappé… _ est palpable à travers le chant, qui peut se concrétiser en un cri de désespoir ou de résignation.

La montée en puissance tragique ne cesse de grandir _ voilà, le temps que le met le souvenir tragique à traverser la chappe de plomb de l’oubli de toutes les années qui précèdent l’événement de ce resouvenir putride… _ _ pour trouver son apogée dans l’acte II, à partir de la scène 6, dans le baraquement des femmes _ d’Auschwitz _ où, après humiliations, la sélection impitoyable a lieu. Ironie morbide : les numéros de celles qui vont être exécutées sont annoncés et chaque plaque chiffrée est apportée par un serveur du restaurant du bateau. Le moment est _ proprement _ insoutenable : après les exécutions, les corps sont relégués dans de longs tiroirs d’armoires _ du bateau _, symboles des fours crématoires. Marta ne fait pas partie de l’élimination, un sort différent lui est réservé. Avant de le découvrir, la scène 7 se déroule sur le bateau : Lisa et Walter, décidés à tourner la page, sont dans le salon où des couples dansent. Marta demande à ce que l’on joue la valse préférée du commandant d’Auschwitz. Il n’y a plus d’hésitation à avoir : c’est bien la rescapée ! Lisa veut l’affronter, mais elle se dérobe.

La scène 8 est vraiment cruelle : retour à Auschwitz. Tadeusz, presque nu, est placé devant des cadavres alignés dans des casiers et sommé de jouer la fameuse valse au violon, mais il s’y refuse et se lance par défi dans la Chaconne de Bach. Sa mort sous les coups, même si elle est montrée de façon virtuelle, glace le sang. On distingue alors furtivement la présence de Marta, forcée d’y assister. Dans l’épilogue, Marta, qui a survécu, est seule en scène ; elle évoque le souvenir de Tadeusz et de ses amies disparues, et promet _ voilà _ de ne jamais les oublier _ pour annuler cette seconde mort perpétuelle que serait leur définitif oubli, sans noms… Ce désespoir, que l’on vit avec elle, on en mesure la dignité : elle n’a révélé à personne qui était réellement Lisa, préférant le silence et l’éloignement à l’accusation et à la vengeance _ voilà. 

Cette production de Graz est une expérience musicale et vocale très forte _ oui _, qui rend justice au génie _ voilà ! _ de Weinberg dont la famille a disparu, elle aussi, dans les camps de la mort. Mais c’est avant tout une aventure humaine qui laisse au fond du cœur et de l’âme du spectateur un goût amer de souffrance partagée _ via l’œuvre musicale, où s’adjoignent ici la force propre des images de la scène, ici captées au DVD. On pense alors avec une infinie émotion à celle qui a vraiment vécu cette épouvantable épreuve, la résistante polonaise Zofia Posmysz, qui n’avait que 19 ans lorsqu’elle fut internée à Auschwitz, puis participa aux marches de la mort. C’est à partir de son histoire, qu’elle a racontée dans un récit _ en 1962 _, que cet opéra _ achevé de composer en 1968 _ a vu le jour. La destinée a voulu qu’elle disparaisse le 8 août dernier, à l’âge de 98 ans, entre la parution de l’album Capriccio et la sortie du DVD _ voilà. Lorsque Marta prononce l’épilogue, une image récente de Zofia Posmysz _ qui vivait encore ces 11 et 12 février 2021, quand furent prises ces images, sur la scène de Graz _ apparaît sur un rideau de fond de scène. Ce témoignage filmé devient dès lors un hommage vibrant à sa mémoire.



Note globale : 10

Jean Lacroix

Mieczyslaw Weinberg est une compositeur essentiel, auquel j’ai consacré de multiples articles enthousiastes de ce blog…

Et transmettre l’excellence

est bien sûr, et à tous niveaux, un devoir culturel primordial et capital : fondamental…

Ce dimanche 25 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Les Villas Kypris (1926), au Moulleau, et Téthys (1927), au Pyla, des cousines germaines Mme Jules Guérin, née Marie-Catherine Dorlet, et Mme Georges Droin, née Marie-Amélie Lourreyt

24sept

Les commanditaires des deux superbes villas art-déco Kypris, au Moulleau (en 1926), et Téthys, au Pyla (en 1927) _ cliquer ici sur Kypris et Téthys pour accéder à quelques photos de ces deux villas… _,

dessinées toutes deux par l’architecte Roger-Henri Expert (Arcachon, 18 avril 1882 – Cérons, 13 avril 1955),

et bâties par l’entrepreneur grenoblois Marius Dotto _ « Jules Guérin connaissait Roger-Henri Expert et Marius Dotto pour les avoir choisis précédemment comme architecte et entrepreneur pour la construction de l’agence de la Banque de France de Grenoble«  _,

sont les époux de deux cousines germaines issues des familles bordelaises de médecins, Oré et Bitôt,

soient Jules Guérin (Bordeaux, 24 mai 1876 – j’ignore le lieu et la date de son décès), alors directeur de la Banque de France à Grenoble,

et Georges Droin (Paris, 4 avril 1885 – Paris, 22 avril 1943), docteur en droit, administrateur de sociétés, et alors domicilié à Paris, au 10 Boulevard Malesherbes, 

époux respectifs, donc _ Jules Guérin et Marie-Catherine Dorlet se sont mariés à Bordeaux le 14 janvier 1914 ; et Georges Droin et Marie-Amélie Lourreyt se sont mariés à Dax le 1er août 1910 _, de ces deux cousines germaines que sont Marie-Catherine Dorlet (Bourges, 27 février 1892 – ? 11 avril 1994) et Marie-Amélie Lourreyt (j’ignore jusqu’ici les lieux et dates de naissance

_ éventuellement à Dax : mais j’ignore à quelle date précise Alfred Lourreyt est venu s’installer notaire à Dax (au plus tard en 1895) ; je sais que c’est à Dax que se sont mariées ses trois filles : Charlotte, en octobre 1901, avec le médecin et professeur de médecine bordelais le Dr André-Jean-Baptiste Venot, d’après une publication de mariage parue dans La République nouvelle, journal de Bordeaux, le 13 octobre 1901, indiquant que si le Dr André Venot est domicilié à Bordeaux, Cours Tourny, n° 8, sa fiancée, Charlotte Lourreyt, elle, est domiciliée à Dax  ; puis ce sera le tour de Pauline, épousant le parisien Raoul-Simon Gallié, le 27 février 1905, selon un long compte-rendu de la cérémonie de mariage à la cathédrale de Dax, paru le 13 mars 1905 dans Gil Blas ; et enfin de Marie-Amélie, donc, avec l’avocat parisien Georges Droin, le 1er août 1910… ; Alfred Lourreyt se trouve donc en poste notarial à Dax à l’étude des successeurs de Me Campet, même si j’ignore de quel précédent notaire il a pris là la succession ; et aussi et surtout qu’il a été élu, « notaire à Dax« , membre titulaire de la Société de Borda, à Dax, lors de la séance du jeudi 7 novembre 1895, présenté par MM. Dufourcet et Alphonse Campet ; et que l’Annuaire administratif, judiciaire et industriel du département des Landes du 1er janvier 1901 mentionne à la page 49 de l’édition de cette année-là, entête de la liste des notaires du département des Landes MM. « Lourreyt, Darracq et Borie«  à Dax, probablement associés et successeurs de Me Campet…  _

et de décès de Mme Georges Droin en tout cas après le 22 avril 1943 : car elle survit à son époux décédé à cette date _),

filles des deux sœurs Bitôt Thérèse-Marie (Bordeaux, 21 mai 1867 – Bordeaux, 24 novembre 1915) et Valentine (Bordeaux, 4 juin 1852 – Bordeaux, 1931) ;

elles-mêmes filles du couple formé de Catherine-Pauline Oré (?, 2 novembre 1825 – Bordeaux, 19 octobre 1898) et _ mariés à Bordeaux, vers 1848 _ son époux Pierre-Anselme Bitôt (Podensac, 12 mars 1822 – Bordeaux, 2 février 1888), médecin et professeur d’anatomie à la Faculté de Médecine de Bordeaux ;

Catherine-Pauline Oré, leur commune grand-mère,

étant elle-même fille du bordelais Jean Oré (Bordeaux, 29 décembre 1791 – Bordeaux, 5 novembre 1850), directeur d’une pension de jeunes à Bordeaux, et de son épouse _ à Figeac, le 16 août 1814Marie-Joséphine Loureyt (Figeac, 7 août 1796 – Bordeaux, octobre 1878) _ l’ascendance d’Alfred Lourreyt (La Guerche sur l’Aubois, 31 août 1855 – Bordeaux, 5 janvier 1914), notaire à Dax, et son frère Paul Lourreyt, notaire à Bordeaux, remontant à ces Loureyt originaires, via Figeac dans le Lot, à ces Lourreyt de Maurs, dans le Cantal…

Et afin de préciser le lien adventice, indirect, qui relie ces Guérin et ces Droin bâtisseurs des Villas Kypris, au Moulleau, et Téthys, au Pyla, à Raphaël Vialard, de l’Avenue de l’Eden au Pyla, via sa mère « Bébelle » Leuret (Bordeaux, 3 mars 1910 – Pessac, 13 décembre 2001), pharmacien laquelle « Bébelle » Leuret est fille de Marie-Marc « Eugène«  Leuret (Châteauneuf-sur-Loire, 22 mai 1878 – Bordeaux, 22 juillet 1965), professeur de médecine à la Faculté de Médecine de Bordeaux et médecin-directeur des thermes de Barbotan, et son épouse (à Bordeaux le 6 mars 1902) Marthe Daurel (Bordeaux, 16 janvier 1883 – Bordeaux, 4 décembre 1959) _,

il me faut ici rappeler que c’est par l’oncle François Leuret (Orléans, 12 juin 1890 – Lourdes, 8 mai 1954), médecin, président du bureau d’études scientifiques à Lourdes et directeur du bureau des constatations médicales à Lourdes, et par son épouse _ François Leuret et Geneviève Dorlet se sont mariés, peut-être à Bordeaux, le 12 janvier 1920 _ la tante Geneviève Dorlet (Bourges, 4 novembre 1894 – Bordeaux, 26 mars 1977), oncle et tante de « Bébelle » Leuret, et grand-oncle et grand-tante du fils de « Bébelle » Leuret, Raphaël Vialard (né en 1941) François Leuret étant, en effet, le plus jeune des frères de cet « Eugène » Leuret qui est le père de « Bébelle«  Leuret, ainsi que le grand-père maternel de Raphaël Vialard ; et son épouse Geneviève Dorlet étant une des filles de Victor-Jean-Pierre-Charles Dorlet (Chantenay-Saint-Imbert Nièvre, 23 décembre 1858 – ?, 3 juin 1918), et son épouseà Bordeaux le 28 décembre 1889, Thérèse-Marie Bitôt (Bordeaux, 21 mai 1867 – Bordeaux, 24 novembre 1915) _, que Raphaël Vialard _ sans ascendance, lui, ni Dorlet, ni Bitôt, ni Oré, ni Loureyt _ se trouve de fait apparenté et aux Guérin de la Villa Kypris, au Moulleau, et aux Droin, de la Villa Téthys, au Pyla, qui sont issus eux de ces ascendances Dorlet, Bitôt, Oré et Loureyt.

Le vif goût d’Arcachon et du Bassin en ces familles aux puissantes attaches bordelaises et girondines, étant très probablement issu de la fréquentation _ pionnière _ très appréciée par le Dr Emile Bitôt (Bordeaux, 5 mai 1861 – Bordeaux, mai 1932), frère de Valentine Bitôt – Lourreyt et Thérèse-Marie Bitôt – Dorlet, de la Villa, sise sur le rivage, à Arcachon, ou Chalet Servantie _ du nom de son premier propriétaire… ; Edouard Manet (Paris, 23 janvier 1832 – Paris, 30 avril 1883) y avait séjourné et peint au mois de mars 1871… _, dans laquelle Emile Bitôt et sa famille avaient pris l’habitude et le plaisir de venir séjourner, en location balnéaire, à Arcachon… 

Voilà donc ces précisions

afin d’apporter quelques compléments et un aperçu un peu panoramique aux diverses relations de parenté abordées en mes articles «  » du dimanche 18 septembre dernier _ je voulais ici bien sûr évoquer et Raphaël Vialard et sa Villa de l’Avenue de l’Eden, et Nikita Droin et la Villa Téthys de l’Avenue de la Plage, au Pyla-sur-Mer… _concernant les heureux et heureuses proprétaires de ces si belles Villas art-déco (œuvres toutes deux, Kypris et Téthys, du très talentueux architecte _ à l’élégance et prestance proverbiales… _ Roger-Henri Expert, en 1926 et 1927) de la sortie du Bassin, sur les Passes vers l’Océan, au Moulleau, pour la Villa Kypris, et au Pyla, pour la Villa Téthys

Ce samedi 24 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Passionnant Jacques Rancière à la Maison des Sciences de l’Homme de Bordeaux : « Sans commencement ni fin. Sur quelques nouvelles de Tchékhov »…

23sept

Ce vendredi 23 septembre,

à la Maison des Sciences de l’Homme de Bordeaux, Salle Jean Borde _ de 9h 15 à 10h 05 _,

Jacques Rancière a présenté une suberbe communication intitulée « Sans commencement ni fin. Sur quelques nouvelles de Tchékhov« .

Et cet après-midi _ de 15h 15 à 16h 10 _,

Stéphanie Péraud-Puiségur a proposé un passionnant questionnement sur le sujet de « Tisser l’égalité : scène et style indirect libre dans l’écriture de Jacques Rancière« ,

conclu sur une question posée à Jacques Rancière, sur le regard que lui-même porte à sa propre écriture (et son propre penser),

à laquelle celui-ci a sublimement répondu.

Un très grand (et rare) intense moment philosophique.

Des enregistrements vidéos de ces communications ont été réalisés,

et seront prochainement disponibles.

Ce vendredi 23 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Splendeur absolue des « Sonates » pour piano de Mozart, interprétées par le claviériste Robert Levin sur le propre piano de Mozart dans la Grande Salle du Mozarteum de Salzbourg : un sublime cofffret de 7 CDs ECM…

22sept

C’est un événement discographique absolument marquant

que la parution du coffret de 7 CDs ECM 2710-16 des « Sonates pour piano » de Mozart, interprétées par le merveilleux claviériste américain Robert Levin _ né le 13 octobre 1947 à New-York _,

dans la Grande Salle du Mozarteum de Salzbourg, sur le propre pianoforte Anton-Gabriel Walter _ d’autour 1782... _, de Mozart ;

enregistrées en février 2017 et février 2018, en une prise de son proprement magistrale de Markus Heiland….

Le résultat musical _ sans égal _ est tout simplement prodigieux.

Ce jeudi 22 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Francesco Corti aussi excellentissime à la direction musicale, depuis son clavecin, que comme soliste au clavecin : son CD de cantates italiennes de Haendel « Armida abbandonata » (1707) et « Apollo e Dafne » (1709-1710)…

21sept

Francesco Corti aussi excellentissime à la direction musicale, depuis son clavecin,

que comme soliste au clavecin :

à preuve, l’enchanteur enthousiasmant CD « Handel Apollo e Dafne & Armida abbandonata« ,

soit le CD Pentatone PTC 5186 665,

dans lequel, depuis son clavecin, il dirige le toujours épatant Ensemble il pomo d’oro,

et les chanteurs _ très bons, eux aussi _ Kathryn Lewel, soprano, et John Chest, baryton,

dans les bien connues électrisantes cantates italiennes de Haendel de 1707 et 1709-1710…

Ce mercredi 21 septembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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