Archives du mois de novembre 2022

Et écouter Walter Gieseking jouer si divinement Ravel ; ou le triomphe de la ligne claire…

26nov

Dans le magique coffret « Walter Giesking _ His Columbia Gramophone Recordings » de 48 CDs que vient maintenant nous proposer  Warner Classics (0190296245596)

_ Walter Gieseking, Lyon, 5 novembre 1895 – Londres, 26 octobre 1956 _,

j’ai désiré commencer par l’écoute de ses deux CDs entièrement consacrés à Ravel,

soient les volumes 34 et 35.

Ou le triomphe merveilleusement tranquille et rayonnant de la ligne claire…

 

Ce samedi 26 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Du cliché de l’inapproprié idéologique « devoir de mémoire » au plus juste historiographique « roman national », un courriel à propos de la « table ronde » d’hier soir à l’Amphi Montesquieu de l’IEP de Bordeaux sur la complexité de bien faire comprendre les méthodes et les enjeux de la « Fabrique de l’Histoire » par les Historiens d’Histoire presque contemporaine…

25nov

Suite à mon assistance hier soir (de 17 à 19 h), à l’Amphithéâtre Montesquieu de Bordeaux, à une Table-ronde _ à partir de questions préparées pour cette rencontre par des étudiants de Sciences-Po _ autour de l’exposition « Gurs 1940 » consacrée à ce qu’est « Le devoir de mémoire« , de la 39e saison des « Rencontres Sciences Po Bordeaux – Sud-Ouest« ,

et dont les invités étaient les historiens Annette Wieviorka (née en 1948),  Sébastien Ledoux (né en 1971), et Alain Chouraqui (né en 1949),

voici le courriel que je viens d’adresser ce matin dès 8 h, à son modérateur, Christophe Lucet…

Comme je vous ai glissé à la va-vite au terme de votre table-ronde d’hier soir,
c’était plutôt « Gurs 1940 » qui m’avait incité à venir écouter cette table-ronde réunie à l’Amphi Montesquieu…
En tant que philosophe,
vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux,et autour de mon blog Mollat « En cherchant bien« , ouvert le 3 juillet 2008,
et aussi fils d’un père assistant du Pr Georges Portmann (de 1939 à 1942), et passé (en tant que « T. E.« ) par Gurs en 1942-43,
je me suis beaucoup intéressé à la démarche historienne…
Cf le podcast  écoutable de mon entretien du 25 mars 2010 avec Emmanuelle Picard à propos de son remarquable « La Fabrique scolaire de l’histoire » ;
C’est surtout Alain Chouraqui qui hier soir m’a impressionné : je lirai son « Vertige identitaire » et son « Pour résister ».
Et j’ai compris que c’était surtout les travaux de Sébastien Ledoux
(surtout « Le Devoir de mémoire : une formule et son histoire », mais aussi, plus secondairement, et c’est un peu dommage, « La Nation en récit »)
qui avaient servi de base à l’organisation de cette table-ronde…
J’aurai préféré un regard bien plus critique des étudiants sur _ et le mot est très juste _ cette « formule », bien trop exploitée par les médias et les pouvoirs, de « devoir de mémoire »…
Et là-dessus les vigoureuses très bienvenues mises au point d’Alain Chouraqui ont été tout à fait éclairantes ;
mais ont-elles suffi à bien faire comprendre au public biberonné aux formules ressassées des medias la nécessité de mettre bien plus clairement en critique cette malheureuse expression (idéologisée) de « devoir de mémoire » ? ;
c’est aux « témoins » que s’impose le devoir de témoigner,
et pas aux autres, qui ne sont pas des témoins !
Et pour ce qu’il en est de la compréhension véridique de l’Histoire passée,
c’est là ce qui appartient essentiellement, au fil des jours de leurs travaux s’enrichissant de leurs mutuelles critiques, aux démarches très exigeantes de ce travail très méthodique des historiens sérieux ;
qui ont à intégrer aussi, en effet, à leur matériaux (les documents, les archives),
et en les passant soigneusement au crible de leur critique (pardon du pléonasme !), ces indispensables « témoignages » des « témoins »
_ dont l’« ère » s’achève, chaque fois, au décès du dernier témoin direct, pour reprendre l’expression d’Annette Wieviorka, dans son important « L’ Ére du témoin », paru en 1998…
Là-dessus, et pour la Shoah, mettre l’accent sur l’admirable et extraordinaire recueil de témoignages _ souvent d’outre-tombe (tombes qui, dans ces cas, n’ont pas existé !) _ de Saul Friedlander, dans les 2 tomes de son « L’Allemagne nazie et les Juifs » : un indispensable absolu !
Cf aussi le formidable recueil de témoignages cette fois de témoins indirects et encore vivants de la Shoah par balles du Père Patrick Desbois : «  Porteur de mémoires » 
Et sur l’histoire de l’Ukraine,
lire l’excellent et indispensable Timothy Snyder, en commençant par son indispensable lui aussi « Terres de sang _ l’Europe entre Hitler et Staline »…
Et sur l’historien et le témoignage,
font justement autorité les travaux subtils et lucidissimes de Carlo Ginzburg, dont « Le fil et les traces » et « Un seul témoin », traduits par notre ami le philosophe Martin Rueff…
Bien à vous, Monsieur Lucet,
Francis Lippa
vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux
P. s. :
et ici un lien à la vidéo de mon entretien de mardi dernier 22 novembre avec Pascal Chabot sur son « Avoir le temps » (ainsi que sur l’ensemble de son parcours de penser le réel en philosophe),
pour l’ouverture, à la Station Ausone, de la session 2022-2023 de notre Société de Philosophie de Bordeaux, dont le président est Pierre Crétois (de l’université Bordeaux-Montaigne).
Un philosophe, spécialisé en épistémologie des sciences humaines, aurait pu être utile aux étudiants de Sciences-Po pour préparer avec un degré supplémentaires d’acuité cette table ronde…
Et à la formule trop convenue et surtout inappropriée de « devoir de mémoire », l’expression (et pas le mot) de « roman national » aurait pu être judicieusement substituée…
Ce vendredi 25 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Postlude au lendemain de la fête, et apostille sur les délices de la lamproie à la bordelaise

24nov

Ce courriel-ci, adressé tôt ce matin aux commensaux de la fête,

se trouve ici à titre de simple mais bien parlant témoignage :

La vidéo de l’entretien (d’une durée de 63′ 40″) avec Pascal Chabot de mardi 22 novembre

a été mise en ligne dès hier mercredi 23 dans l’après-midi par la librairie Mollat.
Quant à la très agréable conversation conviviale à la Brasserie bordelaise,
elle a été riche et tout à fait passionnante.
Pascal Chabot, parvenu à Bruxelles mercredi à midi, m’a téléphoné longuement afin de nous remercier tous très chaleureusement
à la fois de cette conférence portant pas seulement sur son « Avoir le temps », mais aussi sur l’ensemble de son parcours de penser en philosophe _ une première pour lui !.. _,
mais aussi pour ces échanges très sympathiques de notre petit repas 
_ Pascal a beaucoup aimé la lamproie à la bordelaise : je lui avais auparavant parlé de Jean Clair qui avait découvert ce plat délicieux chez son ami Jean-Didier Vincent à Paris, et que nous avions dégusté, en compagnie de son épouse, à la Brasserie bordelaise lors de sa venue chez Mollat le 20 mai 2011 ; cf le podcast de cet entretien somptueux avec Jean Clair ! ;
cf aussi ce que je disais de la lamproie, en l’article inaugural, mais oui, de mon blog « En cherchant bien », le 3 juillet 2008, intitulé «   » :
« Bordeaux n’est-il pas, cher Jean de-La-Ville-de-Mirmont _ “car j’ai de grand désirs inassouvis en moi” (chante à part soiL’Horizon chimériqueavec la musique de Gabriel Fauré aussi, par exemple) _,

par cette “petite mer que ne cesse jamais tout à fait d’être la Gironde (cf la vague du mascaret qui remonte, ainsi que les lamproies _ cfLe Livre de la Lamproie(avec photos _ coucou, Alain Béguerie ! _ et CD-Rom) aux Éditions Confluences, en avril 2007) _jusqu’à sinon La Réole, du moins “Gironde“, la bien nommée, sur Dropt),

Bordeaux n’est-il pas, je reprends l’élan de la vague, un port ouvert _ possiblementsur tous les océans du monde, et l’opulente gestation limoneuse de la mer des Sargasses, par le Gulf Stream ?… » _,

ainsi que de fécondes perspectives qu’ils ouvrent.
Ces liens avec Bordeaux comptent déjà pour lui…
Merci à vous tous.
Pascal Chabot, éminemment sympathique,
est un philosophe ouvert passionnant, sur des questions cruciales extrêmement concrètes, afin de toujours mieux penser-élucider notre réel…
Francis

Ce jeudi 24 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sur « Avoir le temps _ essai de chronosophie » (aux PUF), ainsi que sur l’ensemble du parcours de penser en philosophe le réel, avec le plus de pertinence et exigence de lucidité possibles, l’entretien de Pascal Chabot avec Francis Lippa à la Station Ausone de la librairie Mollat à Bordeaux, mardi 22 novembre 2022

23nov

Ce mercredi 23 novembre 2022,

la Librairie Mollat met très vite en ligne sur son site la vidéo de l’entretien (d’une durée de 63′ 40″)

qu’ont eu tout juste hier mardi 22 novembre, à 18h, à la Station Ausone, Pascal Chabot et Francis Lippavice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux _, en ouverture de la session 2022-2023 des conférences de la Société de Philosophie de Bordeaux ;

et qui a porté non seulement sur le tout dernier essai philosophique de Pascal Chabot, « Avoir le temps _ essai de chronosophie« , paru aux Presses Universitaires de France en janvier 2021,

mais aussi sur l’ensemble du parcours philosophique _ de philosopher, même… _ de Pascal Chabot pour penser _ avec une très grande qualité d’ouverture et le plus éminent souci d’exigence de justesse d’élucidation possible _ le réel,

depuis son travail « La Philosophie de Simondon » paru chez Vrin en 2003 _ et aussi, et après son « Simondon et la philosophie de la « culture technique » » (en 1993), « Les Philosophes et la technique« , avec son maître le professeur Gilbert Hottois (1946 – 2019), un ouvrage paru chez Vrin lui aussi en 2003 _,  jusqu’à cet « Avoir le temps _ essai de chronosophie » de 2021,

c’est-à dire, et dans l’ordre des parutions _ aux PUF désormais _ :

« Après le progrès« , en 2008 ;

« Les sept stades de la philosophie« , en 2011 ;

« Global burn-out« , en 2013 ;

« L’Âge des transitions« , en 2015 ;

« Exister, résister _ ce qui dépend de nous« , en 2017 ;

« Traité des libres qualités« , en 2019 ;

jusqu’à cet « Avoir le temps _ essai de chronosophie » de 2021…

Car je désirais entendre Pascal Chabot formuler lui-même son propre regard rétrospectif et actuel sur l’ensemble de son parcours de penser en philosophe le réel,

en sa continuité, comme en ses progrès…

Et inutile de dire toute mon admiration pour ce travail de penser en philosophe de Pascal Chabot,

son éminente clarté, et sa qualité extrêmement marquante et fondamentale de concret,

pour nous aider à mieux penser avec le plus de pertinence possible, en ses efforts constants, nos existences d’humains, en ce temps donné si sensible de nos vies…

Ce mercredi 23 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir et savourer enfin Valentin Silvestrov par le piano de Boris Berman, en un double CD du Palais des Dégustateurs _ du cher Eric Rouyer…

22nov

Cela fait déjà quelque temps que j’ai reçu l’envoi du cher Éric Rouyer du « Valentin Silvestrov Boris Berman« , soit le double CD PDD030 du Palais des Dégustateurs, sans avoir osé, jusqu’ici , seulement l’écouter une première fois :

tant me retenait l’intuition d’avoir à faire là l’expérience de découvrir rien moins qu’un continent majeur de la création musicale contemporaine ;

au milieu de diverses activités prenantes qui ne me laissaient pas assez, à mon goût, le loisir de m’y prêter avec assez de la disponibilité qui m’apparaissait nécessaire pour une parfaite qualité d’écoute-découverte assez respectueuse de ce que j’allais ainsi enfin rencontrer…

Et de fait, je continue d’attendre encore un peu d’obtenir enfin cette qualité de pleine disponibilité pour recevoir comme il le faut pareille fête rare de découverte…

Mais voici qu’un tout récent article de ResMusica, en date du 18 novembre dernier, et sous la plume de Jean-Luc Caron, en l’espèce d’un article intitulé « Le piano de Boris Berman à découvrir et savourer dans Silvestrov et Brahms« , vient un peu débroussailler mes approches de ce terrain, de cette fête musicale à venir très prochainement.

Enfin ! Il aura fallu attendre si longtemps pour que l’art du pianiste russe Boris Berman soit dignement présenté _ en concert du moins, car en CDs, Éric Rouyer s’y est déjà fort bien employé… _ en France.

Après le concert mémorable offert au public de la salle Cortot à Paris le 22 octobre dernier, le Palais des Dégustateurs nous propose deux enregistrements à ne manquer sous aucun prétexte tant l’artiste nous y dévoile ses interprétations solides, sincères et brillantes consacrées à Johannes Brahms et à Valentin Silvestrov. Deux univers dissemblables mais réconfortants lorsque l’on songe combien chaque créateur peut et doit trouver sa place dans le cœur des mélomanes de tous bords.

Le volume consacré à Brahms se situe autour de la variation. Thème avec Variations, un arrangement du deuxième mouvement du Sextuor à cordes op. 18 (1860) du natif de Hambourg, offert à son impossible amour Clara Schumann, est parfaitement décortiqué par Berman qui garde le cap entre la rigoureuse lecture respectueuse et les intonations personnelles, amplifiant le charme du discours. La dextérité technique du pianiste et sa recherche d’une vision ou d’un supplément d’âme le positionne parmi les interprètes les plus précieux. Pas question cependant de sombrer dans quelque pathos inadéquat comme le démontre son extraordinaire vélocité dans les Variations sur un thème original et les Variations sur un thème hongrois (qui au passage n’en est pas un) parties de l’opus 21 composé en 1857. Il y révèle sa maîtrise de l’architecture, de l’enchaînement et du raffinement, qualités que l’on retrouve logiquement dans un arrangement pour la main gauche de la fameuse Chaconne en mineur de Jean-Sébastien Bach. La séance s’achève avec l’Allegro con espressione (dit Albumblatt) datant du tout début de la carrière de Brahms où se perçoit déjà son habileté à se singulariser entre une écriture ferme et l’expression d’une émotion non masquée.

Le double CD consacré à l’œuvre pour piano seul de l’Ukrainien Valentin Silvestrov, 85 ans, et récemment exilé en Allemagne en raison de la guerre russo-ukrainienne, consacre un catalogue, somme toute hétérogène au regard de l’évolution stylistique générale mais parfaitement justifiable si l’on considère chaque œuvre individuellement. A l’instar de nombre de ses contemporains, Silvestrov a initialement composé des pièces avant-gardistes avant d’évoluer peu à peu vers une manière de néoromantisme pour atteindre finalement un langage dépouillé mais puissamment riche en suggestions et réflexions. Boris Berman qui connait personnellement Silvestrov et qui a travaillé avec lui les pièces de cet album a bénéficié de ses commentaires et souhaits.

Le dernier opus composé à Berlin en mars 2022 a été travaillé en présence du compositeur et créé par Boris Berman tout récemment. Les Trois Pièces qui le composent, Elégie, Chaconne et Pastoral, illustrent parfaitement la dernière manière de Valentin Silvestrov.

Une pièce antérieure datant de 1977, et baptisée Kitsch-Music, affiche un franc attachement aux grandes lignes de l’histoire classico-romantique, tonale et euphonique qui ont illustré le XIXe siècle occidental principalement. C’est tout simplement beau et l’émotion et les sentiments l’emportent sur les considérations novatrices.

En remontant encore dans le temps, des pièces comme Triade (1962) et Elegy (1967) confirment une certaine sécheresse, un rejet de la consonnance et une volonté assumée de refouler l’héritage d’un passé lointain.

Entre ces extrêmes esthétiques, Silvestrov a exploré un certain entre-deux beaucoup plus expressif et sage, mais néanmoins d’immense qualité avec sa Sonate 1 (1975) et sa Sonate 2 (1977). Elles recèlent de magnifiques et individuelles pages.

Un tel parcours, on l’a dit, concerne d’innombrables compositeurs issus de toutes les latitudes.

Boris Berman, à n’en point douter, avec son jeu solidement teinté de perspicaces nuances, défend merveilleusement et généreusement ce parcours exceptionnel, qui, on peut l’espérer, devrait éveiller l’intérêt de nombreux mélomanes curieux.

Johannes Brahms (1833-1897) :

Thème avec variations (arrangement du Sextuor à cordes op. 18, mouvement I) ; Variations sur un thème original op. 21 n° 1 ; Variations sur une chanson hongroise op. 21 n° 3 ; Chaconne de J.S. Bach, arrangée pour la main gauche seule ; Allegro con espressione (« Albumblatt »). Boris Berman, piano. 1 CD Palais des Dégustateurs. Enregistré au Couvent des Jacobins, Beaune (France) du 5 au 7 décembre 2021. Notice en français et anglais. Durée : 56:55

Valentin Silvestrov (né en 1937) :

Triade ; Elegy ; Sonate n° 2 (CD 1) ; Kitsch-Music ; Postludium op. 5 : Cinq Pièces op. 306 ; Trois Pièces (CD 2). Boris Berman, piano. 2 CD Palais des Dégustateurs. Enregistrés du 6 au 9 juin 2022 au Couvent des Jacobins, Beaune (France). Notice en français et anglais. Durée totale : 103:27

Une approche un peu trop factuelle et un peu trop sèche à mon goût ; et qui ne risque pas d’influencer ma découverte-écoute à venir…

Mais c’est du moins, et au moins, comme un appel à oser enfin pareille découverte-écoute de ce continent Silvestrov…

Ce mardi 22 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

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