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En appendice à mes remarques précédentes sur les films « Andenken, je pense à vous » (de 2020) et « Philippe Lacoue-Labarthe. Altus » (de 2013), le passionnant article « Bordeaux 1965 : pour Philippe Lacoue-Labarthe », de l’excellent Jean-Michel Rabaté (en mai 2007)

30nov

C’est suite à mon envoi, à mon ami Philippe Trouvé, de courriels concernant les films « Andenken, je pense à vous » (de 2020) et « Philippe Lacoue-Labarthe. Altus » (de 2013),

et ma question de savoir si Sylvain Dupasquier, auteur d’images filmées de (et à) Bordeaux en 1965, alors que Sylvain Dupasquier était, cette année-là, élève _ de même  que Philippe Trouvé et Jean-Michel Rabaté _ de Philippe Lacoue-Labarthe en classes de Français au Lycée Montaigne à Bordeaux _ moi-même étant cette année scolaire-là (1964-1965) élève d’Hypokhâgne en ce même Lycée Montaigne, dont le proviseur était Jean Lacoue-Labarthe (1914 – 1999) ; et j’y étais condisciple d’Antoine Lacoue-Labarthe, le benjamin de la fratrie dont Philippe étaît l’aîné, et qui devint lui aussi professeur de Philosophie…)_,

des images de Bordeaux en noir et blanc intégrées en ces deux films de 2020 et 2013,

que Philippe m’a adressé l’article _ hyper-intéressant ! _ de Jean-Michel Rabaté _ né en 1949, et enseignant à l’Université de Pennsylvanie… _, intitulé « Bordeaux 1965 : pour Philippe Lacoue-Labarthe« , paru dans le n° 22 (2007/1) de Lignes, aux pages 37 à 41

Qu’on en juge, le voici _ agrémenté de quelques farcissures miennes, en vert... _ :

1Comme Roland Barthes qui s’étonnait de regarder « les yeux qui ont vu l’Empereur » en contemplant une photographie du frère de Napoléon, j’ai eu un très fort sentiment d’étonnement _ voilà ! _, presque plus fort que le deuil ou la tristesse, lorsque j’ai vu sur l’écran de l’université de New York _ cet éloignement géographico-océanique là, d’outre-Atlantique, venant constituer là une circonstance aggravante… _ les images d’Andenken, ce film sur Hölderlin à Bordeaux voulu depuis toujours _ au moins 1965, en tout cas... _ par Philippe Lacoue-Labarthe _ né le 6 mars 1940 : en 1965, il a 25 ans… _, un film qui montre _ voilà ; et ce qui m’a bien entendu le plus frappé et fasciné, ça a été de retrouver en sa violente vérité à l’image la ville alors si noire de 1965, en les inserts montés là, en des rushes noir et blanc, venant s’immiscer entre les deux panoramiques flmés, eux, en douces couleurs, probablement en 2000  _ en de très larges panoramiques _ oui, au nombre de deux, et à deux heures différentes de la journée, dont le second à la tombée du soir, au crépuscule… _ la ville de Bordeaux vue des rives de la Garonne _ depuis une hauteur verdoyante, arborée et surplombante (et en cela parfaitement fidèle au poème « Andenken«  de Hölderlin, écrit à son retour en Allemagne, en 1803), de Lormont, sur la rive de la Garonne opposée à Bordeaux, en contrebas _, avec un rapide passage sur les allées de Tourny _ monté en insert, et avec un très fort, quasi violent, impact sur nous qui regardons, et nous ressouvenons, aussi, et surtout, de 1965… Et sa voix _ du 20 juin 2000, et ainsi éternelle… _ lit le poème dans sa traduction _ personnelle _ ; sa voix grave, posée, égale, monte de la nuit dans laquelle la ville s’abîme peu à peu _ au moment de ce second panoramique de 2000… Ces images _ ainsi inserrées au montage _ filmées _ elles _ en 1965 m’incluaient forcément _ voilà ! _ puisqu’à cette époque j’y habitais. J’ai pensé : « Je suis dans le film ! » Si j’y suis encore, c’est que je suis encore un peu _ et pour toujours, et désormais même plus que jamais, par la grâce de ce que vient raviver si puissamment ce formidable film… _ cet élève de terminale de Bordeaux, élève dans une classe où Philippe Lacoue-Labarthe enseignait, que je reste marqué par une forte scansion, un temps formateur décisif _ oui _ que je voudrais évoquer brièvement.

2Afin d’entrer _ un peu plus précisément _ dans ce passé presque oblitéré par ce qui l’a suivi, je veux dire la césure historique de 1968, je voudrais prendre appui sur une anecdote récente. En février 2007, préparant quelque chose pour cet hommage à Philippe Lacoue-Labarthe _ décédé à Paris le 28 janvier 2007 _ à New York, j’avais emporté avec moi mon exemplaire de La Poésie comme expérience alors que j’allais à une réunion de parents d’élèves dans l’École française internationale de Philadelphie pour ma fille de huit ans. Son institutrice est française ; après son compte-rendu sur les activités et résultats de ma fille, elle a désigné mon livre : « Mon professeur », a-t-elle dit simplement. Il se trouvait qu’elle avait été étudiante en philosophie à Strasbourg avant de venir enseigner dans une école bilingue aux États-Unis. Elle a ajouté : « Il était toujours très clair, même quand nous lisions des textes difficiles. Pas comme certains autres professeurs de philo ! Mais de lui, je me souviens de chaque mot qu’il a prononcé. » Elle venait de dire les mots exacts que je me répétais à propos de Philippe Lacoue-Labarthe : en effet, plus de quarante ans plus tard, je pouvais me souvenir de presque tout ce qu’il avait dit.

3Cela se passait en 1965, au lycée Michel Montaigne de Bordeaux, lycée où son père _ Jean Lacoue-Labarthe (Paris, 3 octobre 1918 – La-Teste-de-Buch, 14 juin 1999 _ était proviseur _ il le demeurera jusqu’en 1978. Mon père était le professeur de latin et de français en khâgne, et nous étions secrètement unis par cette légère tare, d’être des fils de l’institution. Quand nous parlions de « Lacoue-Labarthe », c’était immanquablement de son père qu’il s’agissait. Lui était pour nous toujours « Lacoue ». Nous n’en parlions pas, mais il savait que je savais qu’il avait été l’élève de mon père comme j’étais son élève et comme, d’ores et déjà, je savais qu’à mon tour, inéluctablement, je serai l’élève de mon père en khâgne. Mon père parlait de lui avec beaucoup de chaleur et disait souvent : « Remarquable, mais trop philosophe pour être un vrai littéraire. » Car, curieusement, Philippe Lacoue-Labarthe enseignait le français et non la philosophie dans cette classe de terminale triée sur le volet, où chacun savait un peu de latin, de grec et d’allemand. Ses cours n’étaient pourtant pas des cours traditionnels _ tiens, tiens… Longtemps j’ai vécu avec ce capital de culture qu’il m’a donné en un an. Nous étudiions Nietzsche sur la tragédie, Racine lisant la Poétique d’Aristote (avec de longs excursus sur la notion de catharsis), le Montaigne sceptique de l’Apologie de Raymond Sebonde, Hegel sur l’esthétique, la Recherche de Proust conçue comme une incarnation romanesque du programme de la Phénoménologie de l’Esprit, les théories de René Girard sur le mensonge romantique et la vérité romanesque, les poèmes de Du Bouchet comme Dans la chaleur vacante, et ceux de Char, les Feuillets d’Hypnos surtout, à travers les lectures thématiques de Jean-Pierre Richard. J’avais seize ans et Philippe Lacoue-Labarthe vingt-cinq ans. Nous lui vouions tous un grand culte.

4Il nous donnait des devoirs difficiles qui nous revenaient couverts d’annotations en marge, et suivis d’une ou deux feuilles de son écriture serrée et minuscule qui faisait penser à un texte dactylographié en italiques de corps 9 ou 10. Nous avisions de discuter si l’on peut comprendre La Chartreuse de Parme selon la formule de Hegel qui définit le roman comme le conflit entre la poésie du cœur et la prose des relations sociales. Je m’étais mis en tête de refuser cette idée, sans doute parce qu’à l’époque je pensais encore naïvement que le chef d’œuvre de Stendhal ne peut se réduire à des formules aussi péremptoires et générales. J’ai longtemps gardé cette copie avec ses trois pages de commentaires agrafées au dos. Il en avait écrit plus que moi, s’efforçant de me démontrer patiemment comment on pouvait comprendre l’idée de Hegel et en quoi elle éclairait la lecture de Stendhal. En effet, je ne pus que m’avouer battu.

5C’était l’époque où les lycéens étaient, selon le mot de Barthes, encore des « petits messieurs » qui portaient la cravate presque tous les jours. Le seul signe de transgression était celui de fumer en classe – ce qui était théoriquement interdit. Dans ce lycée de garçons, nous étions plongés dans un nuage de fumée en cours de philo et de français, car, à cette époque, penser c’était fumer. Penser, c’était aussi bluffer ou faire semblant. Nous bluffions beaucoup ; ainsi je prétendis avec quelque succès avoir lu toutes les nouvelles de Borges alors que je n’en connaissais que deux ou trois (nous n’avions pas oublié le conseil de notre professeur de philosophie, _ le très marquant, lui aussi _ André Pessel _ Versailles, 24 mars 1935 – Paris, 18 décembre 2019 ; de lui, lire son passionnant « Les Versions du sujet« , paru, posthume, en mars 2020 _, qui nous conseillait : « Cuistrez, messieurs, cuistrez ! ») et, avec moins de succès, je jurai que j’avais entendu toutes les symphonies de Mahler qu’on redécouvrait à cette époque. Mais nos velléités de jouer à des petits messieurs cultivés s’évanouissaient devant la culture vraiment universelle de Philippe Lacoue-Labarthe. Un jour qu’il voulait nous parler de la Renaissance et de l’invention de l’humanisme classique, à la suite (je le compris plus tard) de sa lecture de Groethuysen _ son « Anthropologie philosophique« , parue en 1953… _, il s’inquiéta de nos lacunes : « Comment, Pomponazzi, Pomponazzi, vous n’avez jamais entendu parler de Pomponazzi ? Et Pic de la Mirandole ? Vous ne connaissez même pas son nom ? Voyons, vous savez bien,De Omne Scibili”. » Non, nous ne savions pas, nous n’avions jamais entendu ces noms-là, et son accablement n’était pas feint. Ce qui me frappa alors, c’est qu’il avait authentiquement l’espoir que l’un d’entre nous lève le doigt et réponde à l’appel. Je retrouvai plus tard ce même effarement, devant l’ignorance des étudiants, avec Paul Celan, qui enseignait l’allemand à des normaliens en première année, lorsqu’il nous demanda comment il se faisait que nous ne puissions décliner les variations historiques sur le mot « cheval » en dialecte picard…

6De omne scibili Ceci se passait en 1965, dans cette capitale provinciale bien douillette _ et aux façades encore tristement noirâtres… _ qui était pourtant parcourue de frissons annonciateurs ; les comités Viêt-Nam de base déclamaient déjà contre l’impérialisme américain ; j’allais écouter des vieux anarchistes espagnols rescapés de la guerre civile dans le quartier ancien de Saint-Michel, où les mots d’ordre étaient « Conseils ouvriers » et « Ni Dieu ni Maître » ; je découvrais Max Stirner et Bakounine que je lisais pieusement ; nous collectionnions précieusement les premiers numéros de L’Internationale situationniste, éblouis de voir nos visages imberbes de préadolescents se refléter dans la couverture miroir teintée en jaune ou vert de certains d’entre eux. C’était en 1965, les Beatles étaient plus célèbres que Jésus-Christ, de Gaulle favorisait un rapprochement avec l’Union soviétique, Claude Simon venait dans le Sud Ouest lire des passages de La Route des Flandres, Jean-Luc Godard et François Truffaut proposaient des marathons filmiques qui duraient tout un week-end, jour et nuit compris, seule façon en effet de monter le génie de Griffith, Eisenstein et Fuller, tous les classiques russes et américains qui les avaient marqués. Et, de toute façon, quand il y avait un trop-plein de culture, la mer n’était pas loin.

7Philippe Lacoue-Labarthe et André Pessel avaient l’habitude de se retrouver chez l’un ou l’autre, et un petit groupe d’entre nous était régulièrement invité. Là, nous fumions beaucoup et buvions un peu, discutant de Pierrot le Fou ou du déjà légendaire « Docteur Lacan » qui parlait de phallus de manière oraculaire à tout bout de champ. Saussure était dans l’air du temps, mais nous savions déjà que, « lassé de Saussure, Lacan délabre. » C’est au cours de ces discussions informelles que j’ai entendu Philippe Lacoue-Labarthe expliquer qu’il allait _ voilà ! _ filmer le voyage de Hölderlin à Bordeaux, pour un long film _ tiens, tiens… _ qui s’appellerait Hölderlin à Bordeaux _ nous y voilà donc ! Et ce sera, mais seulement en 2020, le poignant film « Andenken, je pense à vous«  de Christine Baudillon, à partir de ces divers rushes de 1965, ainsi que des prises de 2000 ; et avec, surtout aussi, la voix grave de Philippe Lacoue-Labarthe, lisant, le 20 juin 2000, le si marquant poème « Andenken« , sur un Bordeaux (et ses « jardins« ) vu(s), à l’équinoxe de mars 1802 (et ouverture du printemps), de la verte colline arborée (d’essences très diverses) de Lormont… Ce séjour bref _ de 102 jours (du 28 janvier au 9 mai) _ de Hölderlin en 1802 lui fit découvrir la Grèce _ celle de Diotima et Hyperion… _ sur les rives de la Garonne, avant sa remontée vers Strasbourg, Paris et le Nord de l’Allemagne _ avant son retour vers la Souabe et Tübingen. D’ailleurs, nous nous voyions bien comme habitant dans une petite Grèce, à cette époque où un autre lieu de réunion des intellectuels était la Librairie Mimesis _ rue de Grassi, que tenait Jacqueline Pontévia ; elle vit toujours, à Bordeaux _ où l’on entendait souvent _ Jean-Marie _ Pontevia _ âgé de 35 ans en 1965 : né le 37 janvier 1930, Jean-Marie Pontévia, mon maître de Philosophie (et Esthétique), est précocement décédé le 27 octobre 1982 _ et _ Philippe _ Lacoue-Labarthe _ âgé de 25 ans alors _ se lancer dans des joutes oratoires époustouflantes au sujet du projet esthétique de Heidegger ou de Totalité et Infini qui venait de paraître et que j’achetai sur le champ. Philippe Lacoue-Labarthe voulait filmer la ville vue par Hölderlin, le poète génial qui entrevoit la lumière et la santé juste avant son obscurcissement fatal, et aussi les « jardins de Bordeaux » et tous ses compagnons disparus inexplicablement. Hölderlin le dit bien : « Was bleibet aber, stiften die Dichter ».

8Ce qui demeure est fondé ou « institué » (verbe _ d’élévation _ qu’il préfère _ à l’acte de donner des fondations dans le sol… _ dans sa traduction) par les poètes. Dichter était un terme qui allait bien à Philippe Lacoue-Labarthe. Nous considérions « Lacoue » comme un poète et un traducteur, autant, sinon plus, que comme un philosophe de l’esthétique ou un éducateur génial. Ce qui reste, il me l’a donné. Il me l’a donné parce qu’il a su l’instituer _ voilà, le faire tenir solidement debout et quasiment pour toujours _, mais sans « institution » _ sociale _, en sa personne singulière _ et par la puissance de la seule portée de sa voix _, en sa vocation _ un appel de (et à) la voix… _ exigeante. Il m’a appris à penser au sujet de la littérature et, ce qui est bien plus, il m’a montré que la littérature pense. Je ne saurais le remercier _ voilà _ assez. Andenken, Andanken.

Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2014
https://doi.org/10.3917/lignes.022.0037

Et en étant un cran plus attentif à la chronologie qu’implique l’article « Bordeaux 1965 : pour Philippe Lacoue-Labarthe » que Jean-Michel Rabaté a publié dans Lignes au mois de mai 2007, et tout particulièrement à ce passage inaugural-ci :

« lorsque j’ai vu _ en 1967, donc ; cet article ayant paru aux pages 37 à 42 du numéro 22 de Lignes au mois de mai 2007  _ sur l’écran de l’université de New York les images d’Andenken, ce film sur Hölderlin à Bordeaux voulu depuis toujours par Philippe Lacoue-Labarthe« ,

il m’a fallu réviser, ou du moins affiner-préciser-compléter, ma datation du film « Andenken, je pense à vous » (de 2020) de Christine Baudillon et Philippe Lacoue-Labarthe (décédé le 28 janvier 2007) _ voir aussi, avec certaines mêmes images, ainsi que la voix, encore, de Philippe Lacoue-Labarthe (enregistrée en 2002), leur précédent film, paru en 2013, « Philippe Lacoue-Labarthe. Altus«  _ :

le film, ou au moins des extraits très significatifs de celui-ci, ayant donc été déjà monté(s) et montré(s) en hommage In Memoriam à Philippe-Lacoue-Labarthe, à l’université de New-York, assez peu de temps après le décès de celui-ci au mois de janvier 2007…

Et Maintanant j’attend bien de nouvelles précisions à coup sûr fort éclairantes de Christine Baudillon, quand nous échangerons sur la genèse et le « travail » qui se poursuit en elle de ses échanges si féconds qu’elle a eus avec Philippe Lacoue-Labarthe, et ce « don d’un poème« …

Et il est vrai que sur le conseil de mon ami Pascal Chabot le 29 novembre dernier

_ cf son beau courriel conjoint à Christine Baudillon et moi-même :

« Christine, Francis, je vous mets en contact, car vous avez des choses à vous dire, je pense ! Et je crois que vous allez vous entendre !
Francis, les films de Hors Œil que tu as regardé, c’est François Lagarde et Christine !
Christine, Francis est philosophe à Bordeaux, et il a bien connu la famille de Lacoue !
Francis, Christine est une amie de Lacoue !
Etcétéra, etcétéra…
Amitiés,
Pascal » _,

je dois prendre contact avec cette passionnante cinéaste…

Mais il se trouve que je tenais à mettre auparavant les choses un peu plus au clair à propos de Jean-Michel Rabaté,

de ses parents et de ses frères _ Étienne et Dominique _que j’ai un peu connus et appréciés, chacun séparément, jadis _ et à des dates différentes du passé _, à Bordeaux…

Ce mercredi 30 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos de diverses traductions en français de l' »Andenken » de Hölderlin (de 1803) : le souvenir vivant et parlant…

29nov

Je voudrais prolonger ce matin, tôt, mes petites réflexions d’hier « « ,

en me penchant sur quelques comparaisons de traductions en français de ce poème « Andanken » de Hölderlin se souvenant de Bordeaux et de la Garonne contemplés par lui du surplomb de la colline de Lormont, à l’équinoxe de mars,
en partant de ceci :d’abord, bien sûr, le poème même de Hölderlin (composé à son retour de Bordeaux en Allemagne, en 1803) :

Andenken

Der Nordost wehet, 
Der liebste unter den Winden 
Mir, weil er feurigen Geist 
Und gute Fahrt verheißet den Schiffern. 
Geh aber nun und grüße 
Die schöne Garonne, 
Und die Gärten von Bourdeaux 
Dort, wo am scharfen Ufer 
Hingehet der Steg und in den Strom 
Tief fällt der Bach, darüber aber 
Hinschauet ein edel Paar 
Von Eichen und Silberpappeln ;

Noch denket das mir wohl und wie. 
Die breiten Gipfel neiget 
Der Ulmwald, über die Mühl, 
Im Hofe aber wächset ein Feigenbaum. 
An Feiertagen gehn 
Die braunen Frauen daselbst 
Auf seidnen Boden, 
Zur Märzenzeit, 
Wenn gleich ist Nacht und Tag, 
Und über langsamen Stegen, 
Von goldenen Träumen schwer, 
Einwiegende Lüfte ziehen.

Es reiche aber, 
Des dunkeln Lichtes voll, 
Mir einer den duftenden Becher, 
Damit ich ruhen möge; denn süß 
Wär unter Schatten der Schlummer. 
Nicht ist es gut, 
Seellos von sterblichen 
Gedanken zu sein. Doch gut 
Ist ein Gespräch und zu sagen 
Des Herzens Meinung, zu hören viel 
Von Tagen der Lieb, 
Und Taten, welche geschehen.

Wo aber sind die Freunde? Bellarmin 
Mit dem Gefährten? Mancher 
Trägt Scheue, an die Quelle zu gehn; 
Es beginnet nämlich der Reichtum 
Im Meere. Sie, 
Wie Maler, bringen zusammen 
Das Schöne der Erd und verschmähn 
Den geflügelten Krieg nicht, und 
Zu wohnen einsam, jahrlang, unter 
Dem entlaubten Mast, wo nicht die Nacht durchglänzen 
Die Feiertage der Stadt, 
Und Saitenspiel und eingeborener Tanz nicht.

Nun aber sind zu Indiern 
Die Männer gegangen, 
Dort an der luftigen Spitz 
An Traubenbergen, wo herab 
Die Dordogne kommt, 
Und zusammen mit der prächtgen 
Garonne meerbreit 
Ausgehet der Strom. Es nehmet aber 
Und gibt Gedächtnis die See, 
Und die Lieb auch heftet fleißig die Augen, 
Was bleibet aber, stiften die Dichter.

 
Puis la traduction de celui-ci, « Souvenir« , par Gustave Roud, en 1967 (cité tel quel par Philippe Jaccottet) :

 » Le vent du Nord-Est se lève,
De tous les vents mon préféré
Parce qu’il promet aux marins
Haleine ardente et traversée heureuse.
Pars donc et porte mon salut
A la belle Garonne
Et aux jardins de Bordeaux, là-bas
Où le sentier sur la rive abrupte
S’allonge, où le ruisseau profondément
Choit dans le fleuve, mais au-dessus
Regarde au loin un noble couple
De chênes et de trembles d’argent.

Je m’en souviens encore, et je revois
Ces larges cimes que penche
Sur le moulin la forêt d’ormes,
Mais dans la cour, c’est un figuier qui croît.
Là vont aux jours de fête
Les femmes brunes
Sur le sol doux comme une soie,
Au temps de Mars,
Quand la nuit et le jour sont de même longueur,
Quand sur les lents sentiers
Avec son faix léger de rêves,
Brillants, glisse le bercement des brises.

Ah ! qu’on me tende,
Gorgée de sa sombre lumière,
La coupe odorante
Qui me donnera le repos ! Oh, la douceur
D’un assoupissement parmi les ombres !
Il n’est pas bon 
De n’avoir dans l’âme nulle périssable
Pensée, et cependant
Un entretien, c’est chose bonne, et de dire
Ce que pense le cœur, d’entendre longuement parler
Des journées de l’amour
Et des grands faits qui s’accomplissent.

Mais où sont-ils ceux que j’aimai ? Bellarmin
Avec son compagnon ? Maint homme
A peur de remonter jusqu’à la source ;
Oui, c’est la mer
Le lieu premier de la richesse. Eux,
Pareils à des peintres, assemblent
Les beautés de la terre, et ne dédaignent
Point la Guerre ailée, ni
Pour des ans, de vivre solitaires
Sous le mât sans feuillage, aux lieux où ne trouent point
La nuit
De leurs éclats les fêtes de la ville,
Les musiques et les danses du pays.

Mais vers les Indes à cette heure
Ils sont partis, ayant quitté
Là-bas, livrée aux vents, la pointe extrême
Des montagnes de raisin d’où la Dordogne
Descend, où débouchent le fleuve et la royale
Garonne, larges comme la mer, leurs eaux unies.
La mer enlève et rend la mémoire, l’amour
De ses yeux jamais las fixe et contemple,
Mais les poètes seuls fondent ce qui demeure. « 

Et maintenant et peut-être surtout sa traduction par Philippe Lacoue-Labarthe telle que de sa voix il la dit dans le film « Andenken, je me souviens » (en 2000) :

 
Le Nordet souffle,
le plus cher qui d’entre les vents
Me soit, car il promet la flamme de l’Esprit
Et bon voyage aux mariniers.
Mais va, maintenant, et salue
La belle Garonne
Et les jardins de Bourdeaux
Là-bas, à l’à-pic de la rive
Où s’avance l’embarcadère et tombe le ruisseau
Tout au fond du fleuve, mais au-dessus
Regarde au loin un noble couple
De chênes et de trembles d’argent.
 
Il m’en souvient très bien encore et comme
Ses larges cimes, le bois d’ormes les incline
Au-dessus du moulin,
Mais dans la cour c’est un figuier qui pousse.
Là-même aux jours de fête vont
Les femmes brunes sur
Un sol soyeux,
Au temps de mars,
Lorsque la nuit s’égale au jour,
Et que dessus les lents embarcadères,
Lourdes de rêves d’or,
S’étirent de berçantes brises.
 
Mais qu’on me tende, pleine
De l’obscure lumière,
La coupe parfumée
Qui me donnerait le repos ; car serait doux
Parmi les ombres le sommeil.
Il n’est pas bon
Que privent d’âme de mortelles
Pensées. Bon en revanche
Est de s’entretenir et de se dire
Ce qu’on pense en son cœur, d’entendre longuement
Parler des jours d’amour
Et des hauts faits qui s’accomplissent.
 
Mais où sont-ils, les amis ? Bellarmin
Avec son compagnon ? Beaucoup
N’ont pas le cœur d’aller jusqu’à la source ;
La richesse en effet commence
Dans la mer. Eux,
Comme les peintres, font moisson
Des beautés de la terre et ne dédaignent pas
La guerre ailée, ni d’habiter
Solitaire, à longueur d’années,
Sous le mât sans feuillage, où ne trouent pas la nuit
De leurs éclats les jours de fête dans la ville,
Ni le chant des cordes ou les danses du pays.
 
Mais c’est chez les Indiens
Que sont partis les hommes, maintenant,
Là-bas par la pointe venteuse,
Au pied des vignes, là
Où descend la Dordogne,
Et ensemble avec la splendide
Garonne, ample comme la mer.
Il part, le fleuve. Mais la mer
Retire et donne la mémoire,
Et l’amour aussi attache avec soin les yeux,
Mais ce qui reste, les poètes l’instituent.
 
Texte traduit par Philippe Lacoue-Labarthe pour le film Andenken (Je pense à vous) – Hölderlin 1804, Hors-Œil Éditions, 2000.
Repris dans Proëme de Lacoue-Labarthe, suivi de Andenken (DVD), avec Jean-Christophe Bailly, réalisation C. Baudillon et F. Lagarde, Hors-Œil Éditions, 2006)
 
Et encore, aussi, cette note, finale, rajoutée in extremis par l’auteur de l’article,
en un article de 2002 « Château du Tertre, Margaux.
consacré à une réception de Philippe Sollers au Château Le Tertre, à Margaux, dans le Médoc :

La traduction de Souvenir dans le livre de Heidegger est de Jean Launay. C’est lui qui traduit Andenken par pensée fidèle. Sa traduction du poème de Hölderlin diffère de celle que cite Sollers ci-dessus et qui est due à Gustave Roud (1967).

La traduction est toujours délicate _ certes ! _ et ouvre des voies proches, mais différentes _ voilà ! _, à l’interprétation.

Ainsi le dernier vers de Souvenir — en allemand Was bleibet aber, stiften die Dichter — est traduit par :
Mais les poètes seuls fondent ce qui demeure (Gustave Roud, 1967),

proche de : Mais ce qui demeure les poètes le fondent (Henri Corbin, Hölderlin et l’essence de la poésie dans Approche de Hölderlin, 1937) _ et il me semble que c’est bien cette traduction-là que nous rapportait Jean-Marie Pontévia _ ;

ou de :
Mais les poètes fondent ce qui demeure (Jean Launay, 1962).


Mais François Garrigue (Œuvres poétiques complètes, Éditions de la Différence, bilingue, 2005) s’en éloigne un peu qui traduit par :

Mais la demeure est œuvre des poètes.


Quant à Bernard Pautrat (Hymnes et autres poèmes, Collection Rivages poche, 2004), il préfère traduire par :

Mais ce sont les poètes qui fondent ce qui reste. 

Ce qui demeure, la demeure, renvoie au fait d’habiter : « C’est poétiquement pourtant que l’homme habite sur cette terre« , dit Hölderlin dans un autre poème.
Ce qui reste est aussi ce qui résiste.

Mais est ici ignorée, probablement parce qu’alors non connue, la traduction de Philippe Lacoue-Labarthe prononcée par lui-même, sa voix, dans le film de Christine Baudillon et lui-même, réalisé à Lormont en 2000…

...

Il me faut ajouter aussi que c’est probablement le souvenir ému de ses travaux avec François Lagarde et Christine Baudillon qui a fait associer à l’ami Pascal Chabot, le souvenir de ce poème (de 1803) de Hölderlin, mais aussi et d’abord le souvenir de ce film-documentaire (de 2000), à cette belle ville de Bordeaux, dont nous foulions mardi dernier les pavés, avec ce vif désir émis par Pascal d’aller de ses yeux voir les puissants flots boueux du beau fleuve Garonne s’écoulant vers la mer.

Et il me semble que l’ami François Lagarde, décédé le 13 janvier 2017 à Montpellier, était bien là présent, sous cette pluie nourrie de mardi dernier 22 novembre, avec nous qui marchions, dans ces rues de Bordeaux et au bord du large fleuve, à la hauteur du miroir d’eau ;

en un temps bien vivant et ultra-sensible, en notre échange nourri et confiant de paroles un peu essentielles…  

Ce mardi 29 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos de l' »Andenken » (1803) de Hölderlin, de Bordeaux (en 1802, 1965, 2000), et de l' »Andenken, je pense à vous », le film-documentaire (2000) de Christine Baudillon : un envoi à l’ami Pascal Chabot à Bruxelles

28nov

En mon parcours de visionnage de plusieurs très remarquables vidéos liées au travail de penser de l’ami Pascal Chabot,

cet envoi-ci, ce lundi 28 novembre 2022 :
Je viens de regarder cet « Andenken, je pense à vous », de Christine Baudillon (en 2000), avec, intégrées dans le film, des vues d’un assez surprenant Bordeaux de 1965,
l’année même où j’étais en Hypokhâgne au lycée Michel-Montaigne, dont le proviseur était …M. Lacoue-Labarthe,
le père de Philippe le philosophe,
mais aussi d’Antoine, qui était mon condisciple en cette classe d’Hypokâgne à Montaigne.
Oui, bien des fils viennent se croiser, se nouer, se filer…
Un peu plus tard, à la Fac, 
c’est Jean-Marie Pontévia _ ami de Michel Deguy, avec lequel je me suis entretenu chez Mollat (cf le podcast de notre entretien du 9 mars 2017 à propos de son magnifique « La Vie subite« …) ; et de Gérard Granel… _ ;
Pontévia, remarquable prof de Philo ainsi que d’Esthétique qui nous a fait connaître ce poème, « Andenken« , de Hölderlin,
et l’usage que fait Heidegger de ces mots : « Ce qui demeure, les poètes le fondent »…
J’ai conservé tous les cours d’Esthétique de Pontévia.
 
 
Ce qui avec quelques corrections et ajouts en rouge, donne ceci :
Je viens de regarder cet « Andenken, je pense à vous », de Christine Baudillon, avec, intégrées dans le film, des vues d’un assez surprenant Bordeaux, noir, de 1965,
l’année même où j’étais en Hypokhâgne (1964-65) au lycée Michel-Montaigne, dont le proviseur était …Jean Lacoue-Labarthe (Paris, 3 octobre 1914 – La Teste de Buch, 14 juin 1999),
le père de Philippe le philosophe (Tours, 6 mars 1940 – Paris, 28 janvier 2007),
mais aussi d’Antoine (né en 1946 ou 47) , qui était mon condisciple en cette classe d’Hypokâgne à Montaigne.
Oui, bien des fils viennent se croiser, se nouer, se filer…
Un peu plus tard, à la Fac, 
c’est Jean-Marie Pontévia (Montreux-Château, 27 janvier 1930 – Bordeaux, 27 octobre 1982) _ ami de Michel Deguy (Draveil, 23 mai 1930 – Paris 5, 16 février 2022), avec lequel je me suis entretenu chez Mollat le 9 mars 2017, sur son « La Vie subite » : podcast à écouter… ; et de Gérard Granel (Paris, 3 janvier 1930 – Cornebarrieu, 10 novembre 2000)… _ ;
Jean-Marie Pontévia, remarquable prof de Philo ainsi que d’Esthétique, qui nous a fait connaître ce poème, « Andenken« , de Hölderlin,
         et l’usage que fait Heidegger de ces mots : « Ce qui demeure, les poètes le fondent »…
         J’ai conservé tous les cours d’Esthétique de Pontévia.

Je commence par donner quelques précisions _ les ajouts ici en rouge _ à mon trop rapide courriel d’hier soir.
Et ensuite, plus tard, je commenterai ce très émouvant film-documentaire « Andenken, je pense à vous » de Christine Baudillon (avec la voix de Philippe Lacoue-Labarthe, en 2000),
et avec quelques images noir-et-blanc de Bordeaux _ avant tout ravalement de la ville… _ prises par Sylvain Dupasquier, en 1965 (!!!), qui n’ont pas manqué de me surprendre,
car on y voit les Allées de Tourny et la statue de Tourny, Place Tourny, sans y voir (!?!), justement, cet Hôtel Meyer, qui occupe tout le fond des Allées de Tourny, et tourne le dos à la Place Tourny (et à la statue de l’Intendant Tourny), où a résidé Hölderlin une partie des 102 jours qu’il a passés à Bordeaux en 1802,
entre le 28 janvier de son arrivée à Bordeaux et le 10 mai de son départ de Bordeaux pour retourner, à pied, en Allemagne…
Mais Sylvain Dupasquier, photographe, ne pouvait pas prévoir, en 1965, que c’est cet Hôtel Meyer qui nous intéresserait, toi, Pascal, et moi-même, en novembre 2022…
Cet Hôtel Meyer que je t’ai désigné d’un peu loin, mardi dernier, vers 16h 15, au coin, très aigu, du Cours du XXX juillet et des Allées de Tourny,
avant même de savoir, tout de suite après, que la pensée de la Garonne évoquée par le poème de Hölderlin, occupait à ce moment précis ton esprit !..
Wow !
Le consul Meyer disposait aussi d’une propriété à la campagne, le château de Fongravey, à Blanquefort, un peu au nord de Bordeaux : Hölderlin a dû y résider aussi, avec ses petites élèves.
Et très visiblement Hölderlin connaissait bien aussi cette colline de Lormont, avec quelques vestiges-ruines d’une tour du Prince-Noir, qui surveillait, de son surplomb autrefois guerrier, la Garonne ;
là où Christine Baudillon est venue planter sa caméra _ en quelle année ? en 2000 ! _ et a filmé ses deux panoramiques sur Bordeaux et la courbe de la Garonne, tout près de l’actuel Pont d’Aquitaine…
Quand avec mes parents et mon frère nous avons voyagé en Allemagne un peu plus tard que 1965, l’été 1967, en route vers Prague et la Bohème (dont Karlsbad), puis Vienne, 
nous sommes passés par Tübingen et avons vu, et j’y tenais beaucoup, la tour du menuisier Zimmer où Hölderlin (1770 – 1843) a séjourné les 36 années qui lui restaient de vie.
Voilà quelques uns des fils, tiens et miens, qui se recoupent donc…
À suivre,
Francis
P. s. : Entendre la voix de Philippe Lacoue-Labarthe, lisant sa traduction personnelle du poème de Hölderlin, c’est assez impressionnant… Et une voix qui parle, c’est important…
Surprenants sont donc ces divers chemins de nos mémoires respectives qui viennent de se croiser, une fois encore, généreux et impérieux Kairos aidant, à Bordeaux…
Ce lundi 28 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa
P. s. :
en regardant très attentivement le lendemain matin, le très riche et passionnant film « Philippe Lacoue-Labarthe Altus« ,  produit en 2013, de Christine Baudillon et François Lagarde, consacré à Philippe Lacoue-Labarthe _ Tours, 6 mars 1940 – Paris, 28 janvier 2013 _, aux Éditions Hors Œil,
et dans lequel Philippe Lacoue-Labarthe
_ filmé le 20 juin 2000 au Centre Chorégraphique National de Montpellier ;
filmé en janvier 2001 sur la route menant à Waldesbach, au Ban de la Roche, dans les Vosges ;
enregistré le 7 mars 2001 dans les salons Albert-Mollat de la Librairie Mollat à Bordeaux ;
enregistré le 24 avril 2001 au téléphone depuis le Centre médical La Rouvière, à Valleraugues, dictant le texte du film… ;
filmé en juin 2001 à Montpellier ;
filmé en juillet 2001 à l’ïle Saint-Pierre, au bord du Lac de Bienne ;
et filmé le 13 juillet 2004 rue des Aiguerelles à Montpellier ;
et aussi,
mais en des prises de vue qui n’ont pas été datées dans le déroulé du générique final du film :
à Corniglia, sur les hauteurs de Saint-Moritz ;
à l’Université d’Iéna ;
à Sils-Maria, dans la maison où logeait Nietzsche ; à Surlèj, au bord du lac de Silvaplana, sur le rocher de l’Eternel Retour ; sur le lac de Sils, jusqu’à la presqu’île de Chasté, et à la pierre où est gravé le texte de « l’autre chant de la danse«  ;
et à Tübingen, sur les bords du Neckar, en face de la maison Zimmer dans laquelle Hölderin a vécu 36 ans…  _,
parle presque continument,
je découvre d’autres vues de Bordeaux _ que celles, moins nombreuses, retenues au montage du film de 2020 « Andenken, je pense à vous » _ prises par Sylvain Dupasquier en 1965, alors que celui-ci était élève de Philippe-Lacoue-Labarthe au Lycée Michel-Montaigne à Bordeaux.
Et sur ces images-là du film « Philippe Lacoue-Labarthe Altus« , cette fois, et à plusieurs reprises, nous pouvons enfin apercevoir, et sous plusieurs angles, le fameux Hôtel Meyer du bout des Allées de Tourny.
J’en déduis que l’absence _ un peu curieuse _ de ces images de l’Hôtel Meyer, où avait séjourné Hölderlin lors de son séjour à Bordeaux en 1802, provenait seulement d’un un peu malencontreux montage, qui, de façon assez surprenante, justement nous privait de lui, de sa belle et noble façade, dans le film tourné en 2000, mais achevé de réaliser et produit en juin 2020 : « Andenken, je pense à vous« …
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