Le Duo Constraste formé par le ténor Cyrille Dubois et le pianiste Tristan Raës, propose un disque consacré à des mélodies de Lili et surtout de Nadia Boulanger. L’hommage, fait avec tact et raffinement, est une réussite exceptionnelle _ en effet !
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Déjà en 2015, le même duo avait proposé le cycle de mélodies de Lili Boulanger Clairières dans le ciel, dans le cadre de la monumentale édition « Les musiciens et la Grande Guerre », édité par Hortus _ le CD Hortus 713 _, et remarqué dans nos colonnes. Auréolé entre-temps par le succès critique de leur disque de lieder de Liszt _ le CD Aparté AP 200 _, le binôme Dubois-Raës revient à Lili Boulanger, mais en accordant cette fois-ci une grande part du programme _ 17 Mélosdies sur les 21 du CD _ à sa sœur Nadia, dont il faut redécouvrir le talent de compositrice _ mais oui !
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Parmi ces mélodies, seules Les Heures claires forment un cycle à proprement parler, puisque Nadia Boulanger et Raoul Pugno l’ont composé ensemble sur des textes du seul poèteÉmile Verhaeren _ oui. Les Quatre chants de Lili Boulanger n’ont pas de vraie unité _ en effet _, puisqu’ils concernent trois poètes différents _ Maurice Maeterlinck, Bertha Galeron de Calonne et Georges Delaquys _, mis en musique sur six années par une jeune fille âgée de 11 à 17 ans. Leur intérêt n’en est pas moins grand, et on comprend l’admiration de Nadia pour une cadette aussi douée. Quant aux autres mélodies de Nadia, présentées en première moitié, elles ont été écrites de 1905 à 1922 et n’ont pas _ non plus _ de réelle unité conceptuelle. C’est pourtant la partie la plus passionnante _ en effet ! en leur fidélité à des voix de poètes très différentes, et que la compositrice nous donne magnifiquement à percevoir ! _ de ce récital, car les climats poétiques qui y sont proposés sont d’une variété _ oui ! _ et d’une finesse _ oui ! _ remarquables _ mon article avais mis l’accent là-dessus !..
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Dubois et Raës rendent à chaque joyau son plus bel éclat _ absolument ! _ , en choisissant à chaque fois le meilleur éclairage pouvant le valoriser, toujours dans le même principe de respect et de discrétion _ sans la moindre affèterie. Jamais déclamatoire ou maniéré _ en effet ! _, ni jamais désincarné _ non plus _, Cyrille Dubois joue avec délicatesse de sa palette de couleurs, de nuances _ oui : quel art ! _ et de sa parfaite élocution _ à saluer… Il ouvre à chaque poème, en harmonie avec un piano parfois feutré, parfois brillant, des espaces de résonance fascinants _ oui. A la piété de « Prière » _ de Henry Bataille _ résonne l’écho d’une perversion érotique subtile, à la mélancolie de « Versailles » _ d’Albert Samain _ l’angoisse immanente de la mort, à la douceur des « Roses de juin » _ d’Émile Verhaeren _ la fébrilité d’un adolescent amoureux. Chaque mélodie est à la fois habitée, travaillée _ certes _ mais restituée dans l’immédiateté presque naïve _ oui, et le naturel _ de l’élan qui l’a créée _ oui.
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Ce qu’on nous donne à entendre là est une leçon de chant _ français _ et de complicité musicale _ oui. Au-delà de l’accomplissement artistique admirable, c’est encore une vraie contribution _ mais oui ! _ à une meilleure connaissance de l’univers de la mélodie française du XXᵉ siècle _ de ce début de siècle, dont la poésie est aujourd’hui bien peu courue… Si le Duo Contraste veut, comme il l’explique dans le livret de présentation, contribuer à valoriser les grandes compositrices de notre répertoire, osons leur glisser à l’oreille, avec nos remerciements, les noms de Marie Jaëll et d’Augusta Holmès, en espérant qu’ils pourront leur rendre justice à leur tour.
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Nadia Boulanger (1887-1979) :
« Prière », « Poème d’amour », « Versailles », « Ecoutez la chanson bien douce », « Le couteau », « Heures ternes », « Soir d’hiver », « Elégie », « La mer ».
Lili Boulanger (1893-1918), Quatre chants :
« Dans l’immense tristesse », « Attente », « Reflets », « Le retour ».
Nadia Boulanger (1887-1979) et Raoul Pugno (1852-1914), Les Heures claires :
« Le ciel en nuit s’est déplié », « Avec mes sens, avec mon cœur », « vous m’avez dit », « Que tes yeux clairs, tes yeux d’été », « C’était en juin », « Ta bonté », « Roses de juin », S’il arrive jamais ».
Cyrille Dubois, ténor.
Tristan Raës, piano.
1 CD. Aparté.
Enregistré à Venise _ au Palazzetto Bru Zane _ les 8 et 9 mars 2018.
Notice de présentation bilingue, texte des poèmes français et traduction en anglais.
Durée : 66 minut