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La délicate séduction poétique ravélienne de Daphnis et Chloé : un concert…

23sept

Ce jour, sur le site de ResMusica,

Patrice Imbaud nous signale un beau concert le 20 septembre dernier, à la Philharmonie, à Paris,

de l’Ensemble Les Dissonances et son directeur, le violoniste David Grimal ;

dont le morceau de choix était la sublime Suite n°2 de Daphnis et Chloé, de Maurice Ravel…

Voici l’article,

justement intitulé « Les Dissonances mènent la danse » : 

Les Dissonances mènent la danse

Dans ce concert consacré à la musique de ballet, les Dissonances conduites par David Grimal proposent une judicieuse mise en miroir de la Suite n° 2 de Daphnis et Cloé de Maurice Ravel et du Sacre du printemps d’Igor Stravinski, agrémentée du rare Caprice roumain pour violon et orchestre de George Enesco.

Un concert comme une invitation à la danse, en même temps qu’un hommage aux ballets russes de Serge Diaghilev _ oui _, mettant en scène deux compositeurs majeurs du XXᵉ siècle, Ravel et Stravinski, liés par une amitié qui ne résistera pas au temps et réputés pour leur talent d’orchestrateur ; deux œuvres quasiment contemporaines (1912 et 1913) représentant deux facettes bien différentes de la modernité, l’une aux allures plutôt impressionnistes, l’autre résolument tribale, barbare et expressionniste. Tendu comme un pont entre ces deux œuvres phares, le Caprice roumain conforte la cohérence thématique de cette soirée par ses accents tziganes et orientalisants.

Chef d’œuvre incontestable _ oui ! _ de Ravel très fréquemment donné en concert, la Suite n° 2 de Daphnis et Cloé fait une habile synthèse de tous les dons ravéliens par son sens de la danse et son orchestration foisonnante. Débutant par des ondoiements orchestraux des cordes graves, de belle amplitude progressant dans un crescendo bien mené, le Lever du jour fourmille d’évocations naturelles délicatement rendues par les traits des bois (piccolo, hautbois) avant que la flûte de Julia Gallego Ronda, tout à la fois archaïque et voluptueuse, n’entame dans la Pantomime un superbe dialogue avec le violon solo, préludant à une Bacchanale imprégnée d’urgence, tendue et jubilatoire, concluant une interprétation remarquable qui séduit tout à la fois par la cohésion orchestrale, par la clarté de sa texture, comme par les performances solistiques individuelles qui n’entament en rien la rigueur de la mise en place : ce qui n’est pas une mince affaire dans cette partition complexe _ certes _ parfaitement exécutée malgré l’absence de chef caractéristique des Dissonances

Après l’élégance orchestrale ravélienne, c’est au violon virtuose de David Grima d’occuper la scène avec le Caprice roumain de George Enesco. Une composition à la genèse laborieuse étalée entre 1925 et 1949, laissée inachevée et complétée secondairement par le musicologue Comel Jăranu. Elle s’inscrit délibérément dans la veine folklorique, avec une orchestration assez fruste qui laisse une large place à l’instrument soliste au sein d’une atmosphère tour à tour tzigane (violon), très « Mitteleuropa » ou parfois plus orientalisante (bois). Elle se déroule en quatre mouvements, hauts en couleurs : un Moderato très expressif aux allures rhapsodiques s’appuyant sur une grande variété rythmique ; un Tempo di hora endiablé où le violon tzigane mène la danse ; un Lento méditatif où s’élève la cantilène du violon dans une longue réflexion teintée de mélancolie précédant un Allegro conclusif marquant le retour à une virtuosité débridée. En bis, dans un climat plus apaisé, l’Aurore, extraite de la Sonate n°5 en sol majeur op. 27 d’Eugène Ysaïe apporte un beau moment de paix.

Si David Grimal et les Dissonances ont séduit dans la première partie, le constat est hélas plus réservé pour le Sacre du printemps d’Igor Stravinski où il semble que le concept « d’orchestre sans chef » n’atteigne, ici, ses limites. Non pas tant dans les performances individuelles, toutes de haute volée, que dans l’organisation générale du discours, dans la mise en place des plans sonores et dans les équilibres entre pupitres. Les Dissonances nous livrent, hélas ce soir, une interprétation trop peu nuancée, trop monolithique, parfois confuse malgré une dynamique pleine d’allant, parfois à la limite de la saturation, exagérément expressionniste, virant par instants à la foire d’empoigne, échappant à l’envoutement prégnant qui fait le propre de cette partition hypnotique. Dommage…

Crédit photographique : © Bernard Martinez

Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 20-IX-2021.

Maurice Ravel (1875-1937) : Daphnis et Cloé, suite orchestrale n° 2 ;

Georges Enesco (1881- 1955) : Caprice roumain pour violon et orchestre ;

Igor Stravinski (1882-1971) : Le Sacre du printemps, version 1947.

Les Dissonances, violon et direction : David Grimal

Ce jeudi 23 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Parmi les superbes rééditions de CDs Eloquence d’Ernest Ansermet, l’excellence prioritaire du double album Ravel-Debussy-Stravinsky des Ballets russes

29déc

Parmi les excellentes rééditions de CDs

de la série _ australienne _ Éloquence,

ici

de gravures du chef suisse Ernest Ansermet,

relevons,

avec le magazine Diapason de janvier 2019,

aux pages 124-125 (du Coin du Collectionneur),

et à propos,

au sein de cette remarquable série de rééditions,

du double album Ernest Ansermet and the Ballets russes, Decca 482 4989,

ce commentaire très avisé ci,

et sous la plume de l’excellent Patrick Szersnovicz :



« Son volume prioritaire, un double album partagé entre Ravel, Debussy et Stravinsky, nous ramène à des trésors familiers.

Dans le Daphnis et Chloé de 1965, l’exactitude textuelle s’accompagne d’une fluidité et d’une luminosité exceptionnelles _ son Lever du jour est peut-être le plus fabuleux de la discographie.

La lecture épurée, hautaine, un rien corsetée, du Prélude à l’après-midi d’un faune (1957, avec la flûte envoûtante d’André Pépin) ne sera pas au goût de tous nos collègues _, elle nous enchante.

N’en rajoutons pas sur la seconde version de Jeux (1958), mais précisons que la stéréo dont Decca avait alors le secret flatte l’habileté du chef suisse dans les changements de tempo, imperceptiblement anticipés, pour tendre, sans effet apparent, la continuité dramatique.

Ce regard creusé, éclairant la structure globale autant que les subtilités des alliages de timbres, se trouve déjà dans la version de Jeux (1953) comme dans la première version stéréo (1957) de La Mer, où Ansermet, ciselant le détail, magnifie la diversité des progressions orchestrales.

Mathématicien de formation, Ansermet le cérébral avait pourtant quelque chose de naïvement sauvage et d’une étonnante force poétique.

A preuve  l’admirable verdeur conférée aux Noces de Stravinsky, où s’incarne la fatalité de la souffrance humaine« .

Un double album ainsi indispensable

à toute vraie discothèque.

Ce samedi 29 décembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

4 remarquables articles de Jean-Charles Hoffelé sur des rééditions d’enregistrements de musique française d’Ernest Ansermet autour de Claude Debussy

16sept

Voici 4 articles passionnants

des 4 août, 31 août, 9 septembre et ce jour même, 16 septembre 2018,

de Jean-Charles Hoffelé sur son très riche site Artamag,

à propos de très bienvenues rééditions d’enregistrements d’Ernest Ansermet,

dont trois par l’excellent Decca-Eloquence australien (que dirige Cyrus Meher-Homji),

de musique française,

de, et autour de, Claude Debussy :

  4 août 2018 : Révisons nos classiques http://www.artalinna.com/?p=9805 
31 août 2018 : Sombre Allemonde http://www.artalinna.com/?p=9963 
 9 septembre 2018 : Esprit français http://www.artalinna.com/?p=10007
16 septembre 2018 : Jeux http://www.artalinna.com/?p=10047 
 
http://www.artalinna.com/?p=9805

RÉVISONS NOS CLASSIQUES

Un couplage imparable assemblé sur le thème des Ballets Russes par Cyrus Meher-Homji pour sa _ passionnante ! _ collection Eloquence, rappelle à quel point Ernest Ansermet fut versé dans les musiques écrites pour la troupe de Diaghilev. Ironie de la discographie pourtant abondante du chef helvétique, il ne gravera pas Parade, ni l’intégrale de Chout (mais une grande sélection) et l’éditeur laisse de côté ses versions éclairantes du Tricorne, du Chant du rossignol, de Renard, si bien que seul Pulcinella (peu gâté par un trio vocal frustre) et Les Noces (géniales de bout en bout, écoutez le sel qu’y met Hugues Cuénod !) illustrent ici des œuvres qu’il a créées. L’écriture claire et anguleuse de Stravinsky lui va comme un gant, mais pour parfaites que soient ses interprétations, une émotion supplémentaire _ voilà ! _ se dégage du pan français de ce double album.

Daphnis et ChloéLa Valse, le Prélude à l’après-midi d’un faune (avec les incroyables diaprures de la flûte de Pépin), Jeux, ces disques sont célèbres, mais les connait-on vraiment ? _ d’où le caractère si bienvenu de ces rééditions !

Daphnis et Chloé _ par Ansermet _ est une merveille qui égale les gestes de Pierre Monteux, Charles Munch ou André Cluytens, avec en prime une prise de son _ Decca _ faramineuse qui sculpte l’espace et que cette réédition rend mieux que les précédentes : on y voit _ voilà ! _ non seulement le ballet, Ansermet battant ses mesures dans le tempo des danseurs, mais on y entend aussi la narration de la pantomime dans la volupté des décors de Bakst ; en tous points la sensation d’être à la création de l’œuvre _ ce qui devrait être le cas pour tout concert et toute interprétation (discographique y compris…) !!! Et la poésie trouble _ voilà _ de Ravel fut-elle jamais mieux servie, dite avec tant de pudeur et pourtant tant de sensualité ? Quel orchestre, quel art des respirations, quelle magie des atmosphères _ oui _ qui gagne même jusqu’au chœur, magnifiquement mené.

La Valse, filée comme un mauvais songe, est superbe de style (c’est l’ultime enregistrement _ 2-8 avril 1963, au Victoria Hall de Genève _ des quatre que lui consacra Ansermet). Et Debussy ? Le Prélude, torpide _ oui _, ne s’oublie plus avec ses pleins et ses déliés extatiques, son faune si sexuel : on voit le râle de plaisir de Nijinsky _ mais oui !

Le sommet de l’ensemble est pourtant Jeux, partition réputée injouable pour les orchestres d’alors. Mais Ansermet savait se débrouiller des mesures les plus complexes et dirige le tout _ en avril 1958, à Genève, donc _ dans une fluidité envoûtante, faisant apparaître le trio amoureux des joueurs de tennis, décrivant cette symphonie de nuit éclairée avec non plus simplement de la sensualité, mais un érotisme qui s’échevèle dans des crescendo névrotiques _ voilà. Lecture géniale, unique _ que celle-ci, de 1958 _, que l’on ne connaît pas assez. Ecoutez seulement. Et lisez le très beau texte de François Hudry.

LE DISQUE DU JOUR

Ernest Ansermet and the Ballets Russes

Claude Debussy (1862-1918)
Prélude à l’après-midi d’un faune, L. 87
Jeux, L. 133
Maurice Ravel (1875-1937)
Daphnis et Chloé, M. 57
La Valse, M. 72
Igor Stravinski (1882-1971)
Pulcinella
Les Noces

Marilyn Tyler, soprano (Pulcinella)
Basia Retchitzka, soprano
Lucienne Devallier, contralto
Carlo Franzini, ténor (Pulcinella)
Hugues Cuénod, ténor
Boris Carmeli, basse (Pulcinella)
Heinz Rehfuss, baryton-basse
Chœur Motet de Genève
Chœur et Orchestre de la Suisse Romande
Ernest Ansermet, direction

Un album de 2 CD du label Decca 482 4989 (Collection « Eloquence Australia »)

Photo à la une : © Decca

 
http://www.artalinna.com/?p=9963

SOMBRE ALLEMONDE

29 décembre 1962, Ernest Ansermet dirige au Metropolitan de New York l’opéra qu’il aura défendu toute sa vie. Pelléas et Mélisande n’avait plus aucun secret pour lui, et il faut entendre avec quelle sensualité il emporte dans un flot dramatique incessant ce qui s’impose comme sa plus grande version _ notons-le _ du chef-d’œuvre de Debussy, devant même ses deux admirables versions genevoises captées par les ingénieurs de Decca.

La distribution au français immaculé y participe en grande part, à commencer par le Golaud blessé et mordant de George London, voix noire de vrai baryton-basse auquel vient se brûler le ténor solaire du Pelléas de Nicolai Gedda, avec son timbre de jeune premier et son sourire triste. Quel duo fraternel ils forment, sublime d’élans et d’accents (la remontée des souterrains !) confronté à la Mélisande naturellement sensuelle et vraiment comme venue d’un autre monde d’Anna Moffo, modèle de style qu’on n’espérait pas à ce point tenu.

La scène de la lettre de Geneviève selon Blanche Thebom est admirable pour le français, la ligne, les inflexions, et la soirée réserve une sacrée surprise avec Yniold, génialement campé par la toute jeune Teresa Stratas.

Version historique, indispensable, et enfin restituée dans toute sa présence sonore par Yves St-Laurent qui propose ici un ajout considérable à l’héritage sonore d’Ernest Ansermet. Immanquable.

LE DISQUE DU JOUR

Claude Debussy (1862-1918)
Pelléas et Mélisande, L. 93

Anna Moffo, soprano (Mélisande)
Nicolai Gedda, ténor (Pelléas)
George London, basse (Golaud)
Blanche Thebom, mezzo-soprano (Geneviève)
Jerome Hines, basse (Arkel)
Teresa Stratas, soprano (Yniold)

Metropolitan Opera Orchestra and Chorus
Ernest Ansermet, direction


(Enregistré le 29 décembre 1962)

Un album de 3 CD du label Yves St-Laurent Studio YSLT738

Photo à la une : © DR

http://www.artalinna.com/?p=10007

ESPRIT FRANÇAIS

Dans cet immédiat après-guerre où la gravure directe sur 78 tours régnait encore, Ernest Ansermet céda à la proposition de Decca : graver avec l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire les œuvres de Claude Debussy et de Maurice Ravel. Le projet fit long feu et se déporta de Paris à Genève, la saga des albums de l’Orchestre de la Suisse Romande et de son « patron » pouvait commencer.

C’est très exactement cette bascule qu’illustre cet album parfaitement composé. Ecoutez La Valse enregistrée à Paris _ le 6 octobre 1947 à la Maison de la Mutualité _ : son mouvement vif, l’équilibre des bois et des cordes toujours placés avant les cuivres, s’ils soulignent le génie de la balance qui fut toujours le signe de l’art d’Ansermet, rappellent aussi la manière dont Gaubert et ses amis dirigeaient le répertoire français à Paris. Ecoutez ensuite l’Alborada del gracioso qui ouvre l’album, sèche, d’une précision fanatique, aux phrasés et aux accents si percussifs qui dessinent le personnage et font voir la sérénade, c’est le génie visuel d’Ansermet qui s’y impose, parfaitement re-situé par un orchestre qui est devenu le prolongement naturel de sa personne _ enregistrée le 4 février 1947, au Studio Radio de Genève .

Avec ses amis genevois, il réussit _ ce même 4 février 1947 _ sa version princeps de La Mer (il en laissera quatre versions successives), précis minutieux qui fait tout entendre, mais sait d’abord distiller des atmosphères d’une subtilité sciante _ ô la justesse de cet oxymore ! _, orchestre clair jusque dans les ultimes pages où exulte une tempête solaire, l’inverse de la catharsis qu’y déchaînait Charles Munch.

Avec les Parisiens _ le 28 mai 1948 à la Maison de la Mutualité _, il distille le plus onirique des accompagnements que j’ai jamais entendus dans Shéhérazade : sa chère Suzanne Danco n’a plus qu’à voguer sur cet orchestre d’épices. Ils y reviendront ensemble à Genève pour la stéréophonie, mais auront-ils retrouvé les élans qui emportent ici La Flûte enchantée, son mystère érotique ?

Transferts parfaits, textes éclairants signés par François Hudry, album essentiel.

LE DISQUE DU JOUR

Ernest Ansermet
Ravel & Debussy – The Decca 78s
Claude Debussy (1862-1918)
La Mer, L. 109
Petite Suite, L. 65
Maurice Ravel (1875-1937)
Shéhérazade, M. 41
La Valse, M. 72
Alborada del gracioso, M. 43/4

Suzanne Danco, soprano
Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire
(Ravel, La Valse, Shéhérazade ; Debussy, Petite Suite)
L’Orchestre de la Suisse Romande
Ernest Ansermet, direction

Un album du label Decca 482 5007 (Collection Eloquence Australia)

Photo à la une : Le chef d’orchestre Ernest Ansermet – Photo : © DR

http://www.artalinna.com/?p=10047

JEUX

Depuis sa création le 15 mai 1913, au Théâtre des Champs-Elysées sous la baguette de Pierre Monteux, Jeux effrayait les orchestres, mais aussi les chefs. Debussy y avait écrit tout un nouveau monde de sons et de rythmes qui allaient plus loin encore dans l’abstraction lyrique _ voilà _ que ne l’avait fait la simple complexification métrique du Sacre du printemps.

Comme aimait à le rappeler Pierre Boulez, Jeux est l’alpha de l’orchestre moderne _ rien moins. Monteux lui-même l’aura dompté pour le ballet – deux lectures en concert témoignent de sa mise en place au cordeau – mais ce seront les chefs d’orchestre dévolus à la musique de leur temps, Bruno Maderna, puis Pierre Boulez, qui en saisiront toute l’importance historique _ voilà _, précédés au disque par deux pionniers : Victor de Sabata, lui-même compositeur, et Ernest Ansermet.

Octobre 1953, Victoria Hall _ à Genève _, Gil Went et Roy Wallace règlent leurs micros pour saisir ce qui deviendra la version la plus parfaite du chef-d’œuvre de Debussy enregistrée alors. Si Ansermet se souvient du ballet – ses tempos sont ceux des danseurs – il fait entendre avec une impérieuse sensualité chaque repli harmonique _ oui _ de cette langue si neuve, pliant, dépliant, froissant, défroissant son orchestre qui semble un grand félin dans la nuit.

Cette poésie gorgée de timbres où danse encore le souvenir du faune languide, si sensuel, torride comme une nuit d’été, vous enveloppe littéralement d’une symphonie de sons. Abstrait et érotique pourtant. Ansermet refera d’autres Jeux tout aussi réussis (et peut-être plus fluides, de mouvements moins détaillés, ici on voit les beaux muscles), je vous en ai causé il n’y a pas si longtemps _ cf son article Révisons nos classiques du 4 août dernier, donné ici même un peu plus haut _, mais il faut connaître ceux-ci, enregistrés pour faire exemple _ en 1953, à Genève, donc _, et qui sont pourtant la vie même.

L’éditeur ajoute la version la moins connue de La Mer (octobre 1957 _ toujours au Victoria Hall à Genève _) selon le chef helvète, un rien plus sombre que les trois autres moutures, et passe aux séances parisiennes _ à la Maison de la Mutualité, les 20 et 21 septembre 1954 _ dévolues à Paul Dukas : L’Apprenti sorcier narré comme un tranquille cauchemar, mais surtout et pour la première fois rééditée en stéréophonie, La Péri (sans sa Fanfare), torpide, sensualiste, emperlée, toute en diaprures, un Orient de sons qui tourne immanquablement la tête. Ernest Ansermet était décidément bien plus que l’esprit cartésien auquel certains veulent le réduire.

LE DISQUE DU JOUR

Claude Debussy (1862-1918)
La Mer, L. 111(enr. 1957)
Jeux, L. 133 (enr. 1953)
Paul Dukas (1732-1809)
La Péri
L’Apprenti sorcier

L’Orchestre de la Suisse Romande, mezzo-soprano
Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire
Ernest Ansermet, direction

Un album du label Decca 4824975 (Collection « Eloquence Australia »)

Photo à la une : Le chef d’orchestre Ernest Ansermet – Photo : © OSR

 
Des articles très à l’écoute, donc, de Jean-Charles Hoffelé,
sur son très riche site d’Artamag,
d’enregistrements magnifiquements réédités _ pour trois d’entre ces albums _
par l’australien Decca-Eloquence,
que dirige le très perspicace Cyrus Meher-Homji.
Grand merci à chacun d’entre eux !!!

Ce dimanche 16 septembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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