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Musiques de joie : l’orgasmique « Moro, lasso, al mio duolo » du divin prince Carlo Gesualdo da Venosa (1566 – 1613), un hapax miraculeux de la Musique…

18juin

Comment ne pas proposer

une des plus fantastiques « Musiques de joie« 

_ à grimper au plafond ! _,

qu’est ce madrigal du 6éme Livre de Madrigaux _ à cinq voix _,

de 1611,

de Carlo Gesualdo da Venosa

(Venosa, 8 mai 1566 – Gesualdo, 8 septembre 1613,

le sublimissime

« Moro, lasso, al mio duolo »

un des sommets absolus _ orgasmique ! _ de toute la musique occidentale ?!!

Pendant très longtemps,

je n’ai pu en supporter que l’interprétation dithyrambiquement vénéneuse,

en 1965, à la Villa Litta, à Milan,

du Quintetto Vocale Italiano,

dirigé par le génial Angelo Ephrikian (Trévise, 20 octobre 1913 – Rome, 30 octobre 1982) :

constitué des voix _ a capella, bien sûr _,

miraculeusement idiosyncrasiques,

de Karla Schlean, soprano ; Clara Foti, mezzo-soprano ; Elena Mazzoni, contralto ; Rodolfo Farolfi, ténor ; Gastone Sarti, baryton ; et Dmitri Nabokov, basse.

Et je courais à Rome me procurer ces extraordinaires CDs de la marque Rivo Alto.

Le madrigal est bien sûr présent dans le coffret de 6 CDs

de l’Intégrale des 6 Livres de Madrigaux de Gesualdo,

tel que republié en 2012 par Newt on :

dans le sublime coffret Newt on 8802136/6. 

En voici le podcast.

A se pâmer _ à quasi en mourir ! _ de joie.

Puis, assez récemment,

en un CD Glossa GCD 922801,

de 2013,

vint l’interprétation presque aussi saisissante _ enfin ! _

et aussi idiosyncrasique,

de la toujours excellente

La Compagnia del Madrigale,

soient Francesca Cassinari, soprano ; Rossana Bertini, soprano ; Laura Fabris, soprano ; Elena Cazzaniga, alto ; Giuseppe Maletto, ténor ; Raffaele Giordani, ténor ; Marco Scavazza, baryton, baryton ; et Daniele Carnovich, basse

en un CD enregistré en juin et juillet 2012

en la Chiesa della Beata Vergine al Coletto, à Roletto.

Et voici une vidéo de l’interprétation de ce sublimissime madrigal gesualdien

par cette merveilleuse Compagnia del Madrigale

en un concert, ici,

à la Tenuta La Morra, à Cavour, le 7 février 2012.

Et voilà que je continue d’avoir un petit faible pour le génie intuitif d’Angelo Ephrikian, en 1963.

Mais jugez-en vous-même !

Ma première rencontre avec l’univers musical gesualdien

a été un vrai coup de foudre

_ nous écoutions surtout du Bach.

Gesualdo : un specimen unique,

un hapax,

miraculeux,

de la Musique.


Ce jeudi 18 juin 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Comment interpréter Gesualdo et son irradiante singularité ?..

05déc

Carlo Gesualdo da Venosa

(Venosa, 8 mars 1566 – Gesualdo, 8 septembre 1613)

est un de mes compositeurs préférés !


Mais combien sont rares les interprétations de ses œuvres

vraiment satisfaisantes

_ et réellement idiosyncrasiques ?..

Longtemps, de ses six livres de Madrigaux,

ne m’a exclusivement agréé

que l’interprétation du Quintetto Vocale italiano, d’Angelo Ephrikian

_ avec les chanteurs Karla Schlean (soprano), Clara Foti (mezzo-soprano), Elena Mazzoni (contralto), Rodolfo Farolfi (ténor), Gastone Sarti (baryton) et Dimitri Nabokov (basse).

Puis,

m’a beaucoup plu _ voire même comblé ! _,

livre à livre,

celle de La Compagnia del Madrigale,

pour les livres 6, 3 et 2

_ de même, d’ailleurs, que la totalité de leurs CDs : chaque fois, une extase…

Les chanteurs en sont Rossana Bertini, Francesca Cassinari (sopranos), Elena Carzaniga (alto), Giuseppe Maletto, Raffaele Giordani (ténors) et Daniele Carnovich (basse). 

Alors que m’horripilaient

toutes les autres interprétations,

tout particulièrement du fait de la non-italianité criante des chanteurs.

Alors quand est paru,

le 28 novembre dernier,

l’article de Jean-Charles Hoffelé sur son blog Discophilia

intitulé D’amour à mort,

ai-je été quasi blessé

de la chronique très négative _ et non argumentée ! _

portée par ce critique que j’apprécie beaucoup en général

à l’égard

et de La Compagnia del Madrigale,

et de leur CD du 2e livre de Madrigaux de Carlo Gesualdo ;

notamment par la comparaison faite par Hoffelé

avec le double album

que les Arts Florissants, dirigés par Paul Agnew

_ avec les chanteurs Miriam Allan et Hannah Morrison (sopranos), Lucile Richardot et Mélodie Rubio (contraltos), Sean Clayton (ténor), Edward Grint (basse) et Paul Agnew lui-même (ténor) _,

ont consacré aux Livres 1 et 2 des Madrigaux de Gesualdo !

D’AMOUR À MORT

La Compagnie del Madrigale s’est lancée voici quelques années dans une intégrale toujours en cours _ manquent encore les livres 1, 4 et 5 _ des Madrigaux de Gesualdo, je croyais l’entreprise salutaire _ certes ! _, après tout on n’avait pas vraiment d’alternative au geste expressionniste _ oui, éblouissant ! _ déployé par Angelo Ephrikian et ses chanteurs qui avaient enregistré dans des conditions difficiles la version princeps de l’ensemble des Livres.


Hélas, les nouveaux venus faisaient bien pâle figure _ ah ! non !!! _ et ce dès le premier disque, étrange que Glossa n’ait pas préféré confier une entreprise si périlleuse à La Venexiana _ tellement décevante, elle, depuis le départ de ses membres qui allaient fonder La Compagnia del Madrigale… Quel ensemble pourrait concilier le style musicologiquement juste avec l’expression si intense _ oui _ devinée _ oui _ par la petite troupe dépareillée d’Ephrikian ?

Une divine surprise m’attendait à la poste dans une enveloppe d’harmonia mundi, un joli double album qui semble le premier volume d’une intégrale des six Livres selon Les Arts florissants emmenés par Paul Agnew.


Leur parcours Monteverdi m’avait bluffé _ pas moi ! _ ; dès Baci, soavi, e cari qui ouvre le Libro primo, les mots éclatent, assaillant les notes _ c’est vrai _ ; les affects brillent ; tout le feu du baroque italien exalte _ oui _ les couleurs et les accents de ces six voix, faisant résonner cette alliance coupante comme une pointe de diamant entre le mot et la note qui donne à la musique de Gesualdo ses vertigineuses _ en effet ! _ propriétés expressives. Car ici les mots dansent, dans la clarté aveuglante qu’impose Paul Agnew conduisant de son ténor ces efflorescences de sons.

Admirable, jusque dans la sensualité trouble de bien des pages qui ne sont pas sollicitées _ artificiellement _ mais simplement exposées dans leurs singulières harmonies _ oui. Lorsque l’on sait qu’à mesure que les Livres s’accumulent, cette langue si libre se radicalise encore _ oui _, je peine à me dire qu’il faudra attendre les prochains volumes, je les voudrais tous pour m’immerger enfin dans ce corpus de chefs-d’œuvre _ assurément ; et sans postérité.


LE DISQUE DU JOUR

Carlo Gesualdo (1566-1613)
Madrigaux à 5 voix, extraits des “Libro primo” et “Libro secondo

Les Arts florissants
Paul Agnew, direction

Un album de 2 CD du label harmonia mundi/Les Arts florissants HAF8905307.08

Photo à la une : le ténor et directeur des Arts florissants – Photo : © DR

J’avais renâclé à me procurer ce double album des Arts Flo (et Paul Agnew), redoutant un certain défaut d’italianité de leur part…

J’ai bien voulu cependant tenter l’expérience…

Et n’ai pas été déçu, bien au contraire,

d’avoir écouté le conseil de Jean-Charles Hoffelé.

Même si je ne change _ pas du tout ! _ d’avis sur La Compagnia del Madrigale !

Je dirai simplement que

du Livre second des Madrigaux de Gesualdo,

nous disposons là

de deux interprétations qui diffèrent

quant à leur regard sur le parcours même de création du compositeur :

entre la tonalité des œuvres de la période de Ferrare (1594 – 1596),

pour les quatre premiers Livres,

et celle de la période de Gesualdo (1611 – 1613),

pour les deux derniers _ sublimissimes…

La Compagnia del Madrigale se refusant, elle, à interpréter les premiers Livres de Madrigaux de Gesualdo

de la manière qui conviendra aux deux derniers…

Quant à l’appréciation de Jean-Charles Hoffelé

sur la valeur des précédents CDs de La Compagnia del Madrigale

_ leurs merveilleux et magiques Monteverdi (les Vespro), Marenzio (les livres 1 et 5 de Madrigaux), De Rore (Vieni, dolce Imeneo)

et l’album Orlando furioso : madrigaux composés sur des poèmes de l’Arioste… _,

je ne la partage _ ni ne comprends _ pas du tout !!!

À quoi peut donc tenir cette exécration musicale ?

Je me le demande bien…

Ce jeudi 5 décembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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