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L’exploration enchantée du « continent Telemann » : le très jouissif CD « Telemann Works for Violins without Bass » de l’Imaginarium Ensemble The Sharp Band d’Enrico Onofri (suite)…

23mar

Le lundi 27 février dernier, très fervent telamannien que je suis,

j’intitulais «  » l’article que je consacrais au merveilleusement jouissif CD Passacaille 1126 « Works for Violins without Bass » de l’Imaginarium Ensemble The Sharp Band

d’Enrico Onofri et ses compères magnifiques violonistes baroques Alessandro Tampieri, Boris Begelmann et Maria Cristina Vasi,

article que revoici donc :

Et le toujours généreux, inventif, lumineux Telemann, en un réjouissant jubilatoire programme de diverses pièces pour plusieurs violons, et sans basse, par l’Imaginarium Ensemble The Sharp Band, sous la direction entraînante d’Enrico Onofri…

— Ecrit le lundi 27 février 2023 dans la rubriqueHistoire, Musiques”. Modifier cette entrée

Décidément,

l’œuvre féconde de Georg-Philipp Telemann (Magdebourg, 14 mars 1681 – Hambourg, 25 juin 1767) recèle un inépuisable trésor de splendides musiques à réjouir _ chercher par exemple mes premiers choix personnels, spontanés, de musiques de Telemann parmi mon listing de la période de confinement du Covid, récapitulé en mon article du 1er août 2021 : « « … Telemann constituant pour moi l’archétype même du « musicien de joie »

Ce jour,

c’est l’Imaginarium Ensemble The Sharp Band, en l’occurrence les quatre violons de Enrico Onofri, Alessandro Tampieri, Boris Begelman et Maria-Cristina Vasi, qui nous a concocté un superbe programme, très diversifié _ à la Telemann : se réinventant joyeusement sans cesse… _ intitulé « Works for Violins without Bass« , pour le CD Passacaille 1126,

constitué de 2 « Concerti », 4 « Sonate« , 3 « Duetti » ainsi qu’une « Lection des Music-Meisters« , chacun de plusieurs violons mais sans basse,

extrêmement varié et d’une vivacité absolument entraînante,

de pièces à destination de musiciens _ afin de leur donner à pratiquer-interpréter !.._ certes d’un assez bon niveau, mais pas forcément ultra-virtuoses, ayant surtout et d’abord un immense et généreux plaisir à pratiquer et partager en petits concerts aussi la joie contagieuse de la musique.

Telemann ayant été toute sa vie _ et c’est même là un trait majeur, en même temps que tout à fait pionnier au sein de toute l’histoire de la musique… _ animé d’un immence souci de partager et diffuser, en divers journaux de musique, sa musique à la plus large échelle…

Comme  c’est d’ailleurs aussi lui, Georg-Philipp Telemann, qui a fondé-institué à Leipzig, en 1702, les concerts publics, avec des étudiants de l’université, du « Collegium musicum« ,

se produisant aussi au Café Zimmermann _ concerts du Collegium musicum que, après le départ de Telemann de Leipzig, en 1705, plusieurs années plus tard, entre 1729 et 1737 (ou 39), son ami Bach a repris…

« Dans l’année qui suit son entrée à l’Université, Telemann forma un orchestre composé de 40 étudiants mélomanes (le Collegium Musicum), qui donne aussi des concerts publics. Contrairement à d’autres orchestres amateurs, le Collegium survivra, sous le même nom, après le départ de Telemann. Plus tard encore, sous la direction de Johann Sebastian Bach, le « Collegium Musicum » télemmanien aura une grande influence sur la vie musicale de la ville« …

Un CD particulièrement jouissif, donc,

que ce CD Telemann de plusieurs violons sans basse, que nous proposent ces jours-ci Enrico Onofri et son Imaginarium Ensemble, à quatre violons seulement, dans l’excellent label Passacaille !

Ce lundi 27 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Or, voici que ce jour, jeudi 23 mars, soit 25 jours plus tard, c’est l’escellent Jean-Charles Hoffelé qui sur son site Discophilia, et sous l’intitulé _ guère imaginatif, et au fond pas très juste pour le caractère prétendument non moucheté des fleurets… _ « Fleurets non mouchetés« , consacre un bien bel article à ce superbe CD telemannien :

 

FLEURETS NON MOUCHETÉS

La jolie idée ! _ oui, extrêmement réjouissante _, glaner dans le cosmos _ oui : un corpus en effet gigantesque, et en grande partie encore inexploré, au concert comme au disque… _ violonistique de Telemann les pages où deux violons s’épaulent ou s’affrontent jusqu’au vertige sans la sécurité _ voilà : un sol ferme… _ d’une basse continue _ dont c’était bien là la fonction : servir de sol… On entre là dans l’atelier _ oui ; mais peut-on réellement dissocier l’oeuvre entier de Telemann de ce qui constitue son atelier expérimental ? Guère : lui qui ne cesse, et si joyeusement, toujours d’essayer, et sans se répéter… _de Telemann, que le violon inspira toujours au point de flirter avec l’écriture polyphonique que Bach _ toujours cette comparaison injustement dévalorisante pour Telemann : c’est un cliché… _ y osa _ Telemann était bien plus généreux…

Certes, mais on trouvera surtout beaucoup d’Italie _ forcément : le violon provient d’Italie _ dans les roucoulades et les échos des Sonates et Duettos ; l’instrument le commande _ oui, évidemment _, et partout des traits emplis d’imagination _ ouverte et fertile _, un vocabulaire inventif _ oui _, un goût de surprendre l’auditeur _ oui, un peu avant le malicieux Joseph Haydn _ par l’abondance vocale et la virtuosité audacieuse.

Littéralement, on ne voit _ certes _ pas le disque passer _ il défile dans l’allégresse _, tant poésie et giocoso s’allient_ mais oui _ dans les archets d’Enrico Onofri et d’Alessandro Tampieri, qui pour les opus à quatre parties comme le somptueux Concerto pour quatre violons en sol majeur (qui ouvre l’album) au Largo absolument vivaldien _ oui : le polyglotte Telemann pratiquait beaucoup, beaucoup d’idiomes musicaux ! _, sont rejoints par Boris Begelman et Maria Cristina Vasi. Les amis se retrouveront aussi en fin d’album pour un Concerto en ré majeur, solaire _ comme très souvent chez l’hédoniste et très généreux Telemann _, enjoué, simplement irrésistible _ voilà _, clou de ce magnifique voyage dans une part encore secrète _ par trop d’incuriosité encore de pas mal d’interprètes, et plus encore de toute la chaîne (commerciale) des producteurs-organisateurs-diffuseurs qui conduit au mélomane, au concert et au disque... _ du continent Telemann _ une expression très heureuse, que je reprends dans l’intitulé de cet article-ci mien…

LE DISQUE DU JOUR

Georg Philip Telemann(1681-1767)

Concerto pour 4 violons sans basse en sol majeur,
TWV 40:201

Sonate pour flûte et violon en sol majeur, TWV 40:111 (extrait du « Der Getreue Music-Meister » ; version pour 2 violons)
Concerto pour 4 violons sans basse en ré majeur, TWV 40:202
Duetto en sol majeur, TWV 40:124 (version pour 2 violons)
Duetto en si mineur, TWV 40:126 (version pour 2 violons)
Concerto pour 4 violons sans basse en ut majeur, TWV 40:203
Duetto en la mineur, TWV 40:125 (version pour 2 violons)
Sonate en ré majeur, TWV 40:120 (No. 3, extrait des « 18 Canons mélodieux » ; version pour 2 violons)
Sonate en sol majeur, TWV 40:118 (No. 1, extrait des « 18 Canons mélodieux » ; version pour 2 violons)
Sonate en ré majeur, TWV 40:103 (No. 1, extrait des « Sonates sans basse » ; ; version pour 2 violons)

Imaginarium Ensemble
Enrico Onofri, Alessandro Tampieri, Boris Begelman et Maria Cristina Vasi, violons

Un album du label Passacaille PAS1126

Photo à la une : Jean-Baptiste Guélard, Le maître d’armes (1740) – Photo : © DR

Une superbe très réjouissante réalisation télémannienne, donc.

Et un très riche et dense continent telemannien à continuer d’explorer avec un pareil bonheur d’interprétation

ouvert et fidèle à la générosité hyper-inventive de ce très heureux compositeur épanoui…

Ce jeudi 23 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir et savourer enfin Valentin Silvestrov par le piano de Boris Berman, en un double CD du Palais des Dégustateurs _ du cher Eric Rouyer…

22nov

Cela fait déjà quelque temps que j’ai reçu l’envoi du cher Éric Rouyer du « Valentin Silvestrov Boris Berman« , soit le double CD PDD030 du Palais des Dégustateurs, sans avoir osé, jusqu’ici , seulement l’écouter une première fois :

tant me retenait l’intuition d’avoir à faire là l’expérience de découvrir rien moins qu’un continent majeur de la création musicale contemporaine ;

au milieu de diverses activités prenantes qui ne me laissaient pas assez, à mon goût, le loisir de m’y prêter avec assez de la disponibilité qui m’apparaissait nécessaire pour une parfaite qualité d’écoute-découverte assez respectueuse de ce que j’allais ainsi enfin rencontrer…

Et de fait, je continue d’attendre encore un peu d’obtenir enfin cette qualité de pleine disponibilité pour recevoir comme il le faut pareille fête rare de découverte…

Mais voici qu’un tout récent article de ResMusica, en date du 18 novembre dernier, et sous la plume de Jean-Luc Caron, en l’espèce d’un article intitulé « Le piano de Boris Berman à découvrir et savourer dans Silvestrov et Brahms« , vient un peu débroussailler mes approches de ce terrain, de cette fête musicale à venir très prochainement.

Enfin ! Il aura fallu attendre si longtemps pour que l’art du pianiste russe Boris Berman soit dignement présenté _ en concert du moins, car en CDs, Éric Rouyer s’y est déjà fort bien employé… _ en France.

Après le concert mémorable offert au public de la salle Cortot à Paris le 22 octobre dernier, le Palais des Dégustateurs nous propose deux enregistrements à ne manquer sous aucun prétexte tant l’artiste nous y dévoile ses interprétations solides, sincères et brillantes consacrées à Johannes Brahms et à Valentin Silvestrov. Deux univers dissemblables mais réconfortants lorsque l’on songe combien chaque créateur peut et doit trouver sa place dans le cœur des mélomanes de tous bords.

Le volume consacré à Brahms se situe autour de la variation. Thème avec Variations, un arrangement du deuxième mouvement du Sextuor à cordes op. 18 (1860) du natif de Hambourg, offert à son impossible amour Clara Schumann, est parfaitement décortiqué par Berman qui garde le cap entre la rigoureuse lecture respectueuse et les intonations personnelles, amplifiant le charme du discours. La dextérité technique du pianiste et sa recherche d’une vision ou d’un supplément d’âme le positionne parmi les interprètes les plus précieux. Pas question cependant de sombrer dans quelque pathos inadéquat comme le démontre son extraordinaire vélocité dans les Variations sur un thème original et les Variations sur un thème hongrois (qui au passage n’en est pas un) parties de l’opus 21 composé en 1857. Il y révèle sa maîtrise de l’architecture, de l’enchaînement et du raffinement, qualités que l’on retrouve logiquement dans un arrangement pour la main gauche de la fameuse Chaconne en mineur de Jean-Sébastien Bach. La séance s’achève avec l’Allegro con espressione (dit Albumblatt) datant du tout début de la carrière de Brahms où se perçoit déjà son habileté à se singulariser entre une écriture ferme et l’expression d’une émotion non masquée.

Le double CD consacré à l’œuvre pour piano seul de l’Ukrainien Valentin Silvestrov, 85 ans, et récemment exilé en Allemagne en raison de la guerre russo-ukrainienne, consacre un catalogue, somme toute hétérogène au regard de l’évolution stylistique générale mais parfaitement justifiable si l’on considère chaque œuvre individuellement. A l’instar de nombre de ses contemporains, Silvestrov a initialement composé des pièces avant-gardistes avant d’évoluer peu à peu vers une manière de néoromantisme pour atteindre finalement un langage dépouillé mais puissamment riche en suggestions et réflexions. Boris Berman qui connait personnellement Silvestrov et qui a travaillé avec lui les pièces de cet album a bénéficié de ses commentaires et souhaits.

Le dernier opus composé à Berlin en mars 2022 a été travaillé en présence du compositeur et créé par Boris Berman tout récemment. Les Trois Pièces qui le composent, Elégie, Chaconne et Pastoral, illustrent parfaitement la dernière manière de Valentin Silvestrov.

Une pièce antérieure datant de 1977, et baptisée Kitsch-Music, affiche un franc attachement aux grandes lignes de l’histoire classico-romantique, tonale et euphonique qui ont illustré le XIXe siècle occidental principalement. C’est tout simplement beau et l’émotion et les sentiments l’emportent sur les considérations novatrices.

En remontant encore dans le temps, des pièces comme Triade (1962) et Elegy (1967) confirment une certaine sécheresse, un rejet de la consonnance et une volonté assumée de refouler l’héritage d’un passé lointain.

Entre ces extrêmes esthétiques, Silvestrov a exploré un certain entre-deux beaucoup plus expressif et sage, mais néanmoins d’immense qualité avec sa Sonate 1 (1975) et sa Sonate 2 (1977). Elles recèlent de magnifiques et individuelles pages.

Un tel parcours, on l’a dit, concerne d’innombrables compositeurs issus de toutes les latitudes.

Boris Berman, à n’en point douter, avec son jeu solidement teinté de perspicaces nuances, défend merveilleusement et généreusement ce parcours exceptionnel, qui, on peut l’espérer, devrait éveiller l’intérêt de nombreux mélomanes curieux.

Johannes Brahms (1833-1897) :

Thème avec variations (arrangement du Sextuor à cordes op. 18, mouvement I) ; Variations sur un thème original op. 21 n° 1 ; Variations sur une chanson hongroise op. 21 n° 3 ; Chaconne de J.S. Bach, arrangée pour la main gauche seule ; Allegro con espressione (« Albumblatt »). Boris Berman, piano. 1 CD Palais des Dégustateurs. Enregistré au Couvent des Jacobins, Beaune (France) du 5 au 7 décembre 2021. Notice en français et anglais. Durée : 56:55

Valentin Silvestrov (né en 1937) :

Triade ; Elegy ; Sonate n° 2 (CD 1) ; Kitsch-Music ; Postludium op. 5 : Cinq Pièces op. 306 ; Trois Pièces (CD 2). Boris Berman, piano. 2 CD Palais des Dégustateurs. Enregistrés du 6 au 9 juin 2022 au Couvent des Jacobins, Beaune (France). Notice en français et anglais. Durée totale : 103:27

Une approche un peu trop factuelle et un peu trop sèche à mon goût ; et qui ne risque pas d’influencer ma découverte-écoute à venir…

Mais c’est du moins, et au moins, comme un appel à oser enfin pareille découverte-écoute de ce continent Silvestrov…

Ce mardi 22 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Les beautés inouïes du « continent » Durosoir : admirable CD « Le Balcon » (CD Alpha 175) !

25jan

En ouverture à l’admirable CD Alpha 175 « Le Balcon » de Lucien Durosoir…

Mon commentaire des œuvres

_ Le Balcon (Poème symphonique pour Basse solo, Cordes vocales et Cordes instrumentales) (1924) ; Sonnet à un enfant, pour soprano et piano (1930) ; Idylle, pour quatuor d’instruments à vents (1925) ; Trilogie : Improvisation, Maïade, Divertissement, pour violoncelle et piano (1931) ; Trio en si mineur, violon, violoncelle et piano (1926-1927) ; Berceuse, pour violoncelle et piano _

est à suivre ;

mais j’ai hâte de signifier sans retard le degré,

la hauteur et toute l’étendue

de mon admiration,

tant pour les 6 nouvelles œuvres de Lucien Durosoir mises par ce CD Alpha 175 à disposition de la joie des mélomanes du monde entier _ Wow !!! _,

que pour la perfection des interprètes _ l’ensemble vocal Sequenza 9.3, le Quatuor Diotima & Yann Dubost, le trio Hoboken, le Quintette Aquilon, Jeff Cohen & Kareen Durand, Raphaël Merlin & Johan Farjot : quelle vie ! quelle époustouflante jeunesse ils savent donner à cette musique ! On dirait que celle-ci sort toute fraîche de la plume et de l’encrier de Lucien Durosoir lui-même ! Wow !!! _

et celle _ sur un autre plan : mais c’est aussi un art ! _ de la _ magnifique ! c’est la perfection incarnée du rendu musical ! _ réalisation !.. Vive Hugues Deschaux !

Merci à eux tous !

Et Merci à Alpha,

et à l’initiateur _ et metteur en œuvre _ de cette réalisation artistique discographique d’ampleur mondiale et historique _ pour l’enrichissement de notre connaissance, et de la « musique française« , et de la « musique du XXème siècle«  ! ce qui n’est pas peu… _ :

l’éditeur visionnaire qu’est Jean-Paul Combet…

A l’écriture _ cf mon (tout premier) article du 4 juillet 2008 : Musique d’après la guerre _ de ma première écoute _ complètement subjuguée de l’intensité et retentissement si bouleversant du sentiment de beauté éprouvé !!! _ du CD Alpha 125 _ Lucien Durosoir : Quatuors à cordes _,

l’expression de « continent » _ pour désigner cette musique qui se découvrait alors : combien splendidement ! _

m’était venue

d’elle-même

à l’esprit,

tant elle me paraissait à même de rendre (un peu) compte de la force

_ d’une évidence subjuguante, en sa puissance renversante à la fois de vérité (eh oui !), et de beauté sublime (j’ose ici l’oxymore !) : une rencontre de ressenti musical éprouvé somptueux

appelée, sans nul doute, à des « suites«  : celles d’autres découvertes encore, et renouvelées, d’œuvres se surpassant les unes les autres ; 

des « suites«  de sidération de beauté comme promises, en des promesses virtuelles qui seraient immanquablement tenues (et voilà ! c’est le cas !) : par la générosité créatrice comme à profusion (et parfaitement fiable en sa force ! voilà ce qui est désormais parfaitement avéré ! avec Jouvence (CD Alpha 164) et maintenant Le Balcon) du compositeur Lucien Durosoir, en son œuvrer, juste (mais impeccablement !) déposé sur le papier et laissé « au tiroir«  (ou, plutôt,  « dans une armoire«  : cf ce qu’en dit son ami Paul Loyonnet, en ses Mémoires : Lucien Durosoir « avait la plus entière confiance dans sa musique, et m’écrivit qu’il mettait, à l’instar de Bach, ses œuvres dans une armoire, et qu’on la découvrirait plus tard« …) :

comme en certitude tranquille d’être, quelque jour, posthume même (et probablement …), sonorement enfin « joué«  ; Lucien Durosoir (1878-1955) n’avait pas l’impatience, et tout particulièrement après ce à quoi il avait survécu lors de la Grande Guerre !, de la reconnaissance mondaine ! encore moins immédiate, ni rapide ! : la plénitude des œuvres parfaitement achevées (par ses soins purement musicaux : quel luxe !), suffisant à le combler !.,

Durosoir, donc, en son œuvrer,

« tient«  mille fois plus

qu’il n’a pu paraître, à son insu même, bien sûr !, « promettre«  !.. Quel prodige !) _

l’expression de « continent« , donc,

m’était très spontanément venue à l’esprit,

tant elle me paraissait à même de rendre (un peu) compte

de la force

de puissance

et intensité

de mon sentiment d' »aborder » une terra incognita (de musique : inouïe !) à dimension d’immensité profuse (= tout un univers !) :

pas un petit « territoire« , quelque « canton » adjacent et adventice, ou quelque nouvelle « province » vaguement subalterne, voire anecdotique _ si j’osais pareils qualificatifs inadéquats _

à gentiment abouter au « massif » bien en place de la musique française,

ou de la musique du XXème siècle _ ou/et les deux _ ;

ni même quelque « pays« , de plus notables dimensions ;

non !

rien moins qu’un « continent » !

une Australie (mais d’ici ! : simplement inouïe _ et inimaginée _ de nous !..)

immense !

et cela, au sein, donc, de la plus _ et meilleure _ « musique française« , qui soit ;

et de la plus _ et meilleure _ « musique du XXème siècle« , qui soit ! aussi…

Rien moins !

Mais qui d’un coup venait

« dépayser« 

tout le reste…

Charge à tous les « rencontreurs » _ par ces CDs, déjà ; ou par les concerts donnés de ces œuvres… _

de ces musiques de Lucien Durosoir,

d’y « faire« , chacun, peu à peu _ mais ça vient ! CD après CD ! Concert après concert… _ « son oreille » :

encore toute bousculée

de ce qui s’y découvrait,

et ayant à « reprendre tous (ou enfin presque…) ses esprits« 

s’ébrouant de la surprise un peu affolante du « dépaysement » de l’inouï

de telles « expériences » d’audition

d’œuvres :

et si merveilleusement idiosyncrasiques,

et à un tel degré _ confondant ! _ de finition, « dominées« …


De fait,

audition de CD après audition de CD _ et en les renouvelant ! _,

il faut bien convenir, maintenant,

après le CD Jouvence et avec ce CD Le Balcon,

que les œuvres de Lucien Durosoir que nous « rencontrons« 

_ soient, 28 à ce jour, réparties en 4 CDs _

ne sont,

et aucune _ pas la moindre, même ! certes pas, ni jamais… _,

interchangeables,

ou « équivalentes« ,

mais

se révèlent, à notre écoute,

encore, à nouveau, et chaque fois,

et pour chacune d’elles, en leur « unicité« ,

singulières _ quelle puissance de surprise ainsi renouvelée ! _,

toutes :

tout aussi surprenantes et subjuguantes !

De cela,

j’ai eu l’intuition

étrangement intense

rien qu’à comparer, déjà, entre eux, les trois quatuors,

de 1919, 1922 et 1934,

dans le CD Alpha 125 des Quatuors à cordes de Lucien Durosoir…

Comme si le génie musical singulier de Lucien Durosoir

disposait _ et avec quelle aisance ! et quelle force d’évidence ! _

de la puissance _ somptueuse ! _ de la diversité

dans une fondamentale unité :

le mélomane _ face à de tels tourbillons (dominés) de musique le saisissant _ parvient peu à peu _ il lui faut d’abord « recevoir«  (et « accuser le coup«  de…) la force considérable (et assez peu fréquente) de cette musique inouïe ! afin de se mettre, lui, le « receveur«  de (= « invité«  à) cette musique, à sa hauteur, en cette « réception«  singulière… _ à dégager la profondeur de cette capacité _ durosoirienne _ de diversité dans l’unité,

en toute la force et l’étendue de sa rare puissance

_ beethovenienne ?

en tout cas, assez peu exprimée comme ainsi et à ce degré-ci, dans tout ce qu’a pu donner le génie français… _,

disque après disque !

et œuvre après œuvre !..

C’est maintenant plus que manifeste avec ce quatrième CD, Le Balcon

Deux CDs  _ un de musique de piano ; un de musique symphonique _

nous demeurant à découvrir ;

et comportant les deux œuvres (vastes, les deux) que Lucien Durosoir gardait toujours à portée de sa main, chez lui, à Bélus :

Aube, sonate d’été (pour piano), composée en 1925-26 ;

et Funérailles (suite pour grand orchestre) : à la mémoire des soldats de la Grande Guerre ; composée de 1927 à 1930…

Les œuvres de Lucien Durosoir ainsi approchées et découvertes

venant à composer ainsi peu à peu pour chacun des auditeurs, au fur et à mesure de ses « rencontres« -écoutes,

un « massif » _ tout de plénitude ! _

d’efflorescences profusément généreuses

splendidement dominées

_ le (riche et dense) génie de Durosoir est d’une extraordinaire amplitude ;

et d’une non moins formidable stature ;

le maître d’œuvre façonnant sculpturalement les flux généreux de matière musicale vivante profonde, somptueusement colorée, dont il s’empare

et qu’il pétrit, magistralement,

tel un Rodin de la musique… Ou un Michel-Ange musicien… _

les œuvres de Lucien Durosoir tour à tour approchées

venant à composer ainsi,

œuvre à œuvre, pour chaque auditeur,

un « massif » _ floral _ de musique

de plus en plus riche :

nous en prenons chaque fois davantage et un peu mieux conscience,

en nous en approchant,

et l’explorant

peu à peu, à chaque audition _ au CD, au concert _,

et de mieux en mieux ;

cela,

à la dimension d’un « continent« , donc…

Dans un article à suivre,

je détaillerai ma « réception » des six œuvres (de ce CD Le Balcon) _ si variées, dès le choix de leur instrumentarium…

Cf les analyses parfaites, comme chaque fois (soient des bijoux de finesse et justesse !) de Georgie Durosoir dans le livret du CD !

Mais d’ores et déjà, je souhaite mettre en exergue la force du frisson qui nous saisit dans le Poème symphonique Le Balcon (en 1924) au ressenti du jeu des « Cordes vocales«  et des Cordes instrumentales, mettant en relief la voix de Basse interprétant les vers de Baudelaire en son poème des Fleurs du mal… ; ainsi que la puissance bouleversante du Trio (en 1926-27), à comparer, en l’intensité de sa vie et de son audace (sublime !), avec cet autre merveilleux accomplissement durosoirien qu’est le troisième Quatuor (en 1934)… _

de ce CD admirable :

le CD Alpha 175 Le Balcon, de Lucien Durosoir…

A quelle qualité de joie (musicale)

accédons-nous là !


Titus Curiosus, le 25 janvier 2011

Post-Scriptum :

Je m’aperçois _ je l’avais donc oublié ! _ que le même mot de « continent« ,  à propos de l’œuvre de Lucien Durosoir, m’était à nouveau venu à l’esprit lors de l’écriture de deux autres de mes articles à l’occasion de la parution du CD Alpha 164 Jouvence _ les voici : le “continent Durosoir” livre de nouvelles merveilles : fabuleuse “Jouvence” (CD Alpha 164) !!! et Le génie (musical) de Lucien Durosoir en sa singularité : le sublime d’une oeuvre-”tombeau” (aux vies sacrifiées de la Grande Guerre) ; Baroque et Parnasse versus Romantisme et Nihilisme, ou le sublime d’éternité de Lucien Durosoir _ : toujours la même impression de profondeur, puissance et vastitude !

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