Posts Tagged ‘dynamique

Epatante Angela Hewitt, cette fois dans les 6 Partitas de Bach (BWV 825 à 830)

15déc

Longtemps,

un imbécile préjugé _ de je ne sais quelle provenance _

m’a fait vilainement considérer Angela Hewitt, pianiste canadienne _ née à Ottawa le 26 juillet 1958 _,

comme une sorte de sous-disciple du pianiste, canadien lui aussi, Glenn Gould _ Toronto, 25 septembre 1932 – Toronto , 4 octobre 1982.

Jusqu’au jour où j’ai véritablement écouté un de ses CDs,

probablement une interprétation de Bach,

peut-être même les Variations Goldberg.

Une interprétation tout à fait jouissive

_ alors que j’exècre Glenn Gould !!! L’imposture incarnée…

Même si je continue de préférer Bach au clavecin,

et probablement d’abord par l’ami Pierre Hantaï…

Mais Hewitt procure un très grand plaisir d’écoute,

sans maniérisme, ni affèterie aucune ;

mais beaucoup d’élan vital.

Elle est dans la jubilation.

Nouveau déclic : ses deux CDs Domenico Scarlatti _ un de mes compositeurs fétiches.

Et à nouveau, très grands plaisirs de la suivre l’écouter jouer :

de nouveau les mêmes qualités motoriques,

et de souplesse jubilatoire.

Et là encore même si je place ici encore au pinacle les CDs Scarlatti/Pierre Hantaï au clavecin :

tout simplement _ superlativement _ géniaux.


Et aujourd’hui, voici le double CD Hyperion _ Hyperion CDA 68271/2 _ des 6 Partitas de Bach BWV 825 à 830.

Et Angela est de nouveau au rendez-vous parfait de la jubilation

confortable _ et surtout ne rien y voir de péjoratif ! _

pour ce nouveau grand volume Bach au piano.

Nous sommes dans de l’apollinien _ et pas du dionysiaque…

A conseiller pour l’auto-radio d’un un peu long parcours en voiture :

vous aurez l’impression d’un parfait accompagnement de jubilation,

comme si votre véhicule vous transportait, sinon au paradis sur un tapis volant,

du moins vers un lieu de vacances parfaitement ensoleillé et joyeux :

heureux.

Sans trop vous poser de questions.

Telle une évidence tranquillement dynamique

et dynamisante.

Angela Hewitt, ou une amie de la meilleure compagnie musicale qui soit.

Très hautement recommandable, donc,

pour le moins.


Ce dimanche 15 décembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Mort de Jean-Louis Chrétien

07juil

Ce dimanche main,

apprenant la disparition de Joao Gilberto,

et recherchant des précisions sur lui,

voici que je tombe sur la nouvelle _ qui m’avait échappée _ du décès le 28 juin dernier de Jean-Louis-Chrétien, philosophe,

dont j’avais beaucoup apprécié bien des livres.

Cf par exemple mon article du 15 mai 2009 : 

Et je ne mentionnerai pas ici mes références si nombreuses en mes articles à ce maître-livre qu’est La Joie spacieuse _ essai sur la dilatation

Je ne le connaissais pas personnellement,

mais j’étais très attentif à ses travaux, si précis et si éclairants.

Mort du philosophe et poète Jean-Louis Chrétien

Par Camille Riquier, vice-recteur à la recherche de l’Institut catholique de Paris et professeur 1 juillet 2019 à 16:22

Jean-Louis Chrétien en 1987.


Jean-Louis Chrétien en 1987.
Archive personnelle

Adepte de Vladimir Jankélévitch, ce fut un Socrate des temps modernes pour ses étudiants et les anciennes humanités ont été son champ de prédilection.



Jean-Louis Chrétien est mort vendredi, à 9h28 du matin, à l’âge de 66 ans. Encore peu connu du grand public, il a préféré l’ombre à la lumière. Fuyant sa propre image, quoiqu’il n’eut rien à cacher, il se refusait _ bravo ! _ par principe à revêtir une de ces renommées factices qui se bâtissent à coups de bonnes fortunes médiatiques. Philosophe et poète, il voulut l’être sans se soucier de le paraître _ excellent ! Et trop rare. Maintenant que son corps a péri et que peut éclater dans son ordre la grandeur de l’esprit qui l’habitait, il faudra bien se rendre à l’évidence : il fut l’un des plus grands de sa génération _ sans en parler avec quiconque, et rien qu’en le lisant, je m’en étais aperçu.

Jean-Louis Chrétien est né à Paris le 24 juillet 1952. Après des études au lycée Charlemagne, il fit ses classes préparatoires à Henri IV. Reçu premier à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm (1972) ainsi qu’à l’agrégation de philosophie (1974), il partit quelques années en province enseigner dans le secondaire, à Mâcon puis à Vire. De retour à Paris, il fut pensionnaire de la fondation Thiers de 1977 à 1980, quand elle possédait encore son bâtiment Porte Dauphine, sur la place du Chancelier-Adenauer. Il obtint ensuite un poste à l’université de Créteil, enfin à la Sorbonne où, nommé professeur de la chaire d’histoire de la philosophie de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge, il devait enseigner jusqu’à sa retraite, l’an dernier.

L’humaine parole

Si Heidegger lui a ouvert les yeux pour le jeter au plus près de la source grecque, c’est néanmoins sa rencontre avec le philosophe Henri Maldiney _ un auteur majeur à mes yeux ! _ qui décida de sa vocation. Elle eut lieu très tôt ; dans les hauts alpages le chalet des Chrétien côtoyait celui des Maldiney. Et jeune adolescent, il se plaisait à le suivre dans les montagnes, du bon pas des randonneurs. Il s’est noué entre eux un lien d’autant plus fort qu’il fut intellectuel et profondément humain. Il y eut plus tard, alors qu’il était étudiant, la rencontre avec Vladimir Jankélévitch, qui espérait le voir écrire le livre sur Plotin que lui-même n’avait eu le temps d’écrire. Il ne réalisa pas son souhait. Mais le néoplatonisme garda chez lui son attrait et devait le conduire jusqu’à l’antiquité tardive et les débuts du christianisme. La conversion est un mystère qui s’opère dans le secret des cœurs. Mais c’est un fait que Jean-Louis Chrétien n’a pas toujours été chrétien et que son père, médecin de profession et communiste engagé, fut hostile à l’idée qu’il le devînt. Baptisé à l’âge où beaucoup perdent la foi, entre ses 25 et ses 28 ans, il entra dans l’Eglise et lui demeura fidèle jusqu’à sa mort. Tout son chemin de pensée et d’existence en conserve l’empreinte et lui doit probablement son unité. S’il a pu investir une diversité de champs d’écriture (philosophie, littérature et poésie, théologie), la Parole divine a été l’orient qui ne cessa de guider sa compréhension de l’humaine parole _ la parole, la voix, l’échange.

Jean-Louis Chrétien laisse ainsi derrière lui plus d’une trentaine d’ouvrages dont voici quelques titres: l’Effroi du beau, l’Appel et la Réponse, la Voix nue, Corps à corps, De la fatigue, la Joie spacieuse… Nombreux sont ceux qui trouvèrent une place dans les colonnes de Libération. Et la plus digne et la plus noble vocation d’un média nous semble de mettre dans la lumière, au moment venu, qu’il faut souhaiter le plus tard possible, la grandeur d’une pensée qui s’est construite sans son appui, qui ne lui doit rien et à qui secrètement il doit beaucoup. A l’œuvre qu’il portait en lui et pour l’écriture de laquelle la solitude _ du méditer avec des voix : oui _ était requise, le silence de l’écoute était en effet l’essentiel _ oui, du fait de la nécessaire très haute qualité de l’attention requise _, après quoi seulement une parole selon lui pouvait _ vraiment _ dire quelque chose _ qui ne soit plus de l’ordre du psittacisme du bavardage…

Quelques auteurs furent certes décisifs dans l’itinéraire de sa pensée : Heidegger, Platon, saint Augustin. Mais lecteur infatigable, ce sont toutes les anciennes humanités qu’il a fait remonter _ comme tout authentique penseur : en perpétuel dialogue… _ du fond de notre mémoire oublieuse. Sa voix, elle, était l’hospitalité même. Elle a vécu d’accueillir _ pour dialoguer avec _ d’innombrables voix _ voilà ! _ que les nôtres avaient recouvertes, que sans lui nous aurions peut-être cessé d’entendre _ oui _ et qui pourtant, seules, continuent de donner du sens et de la gravité à notre propre parole _ oui. C’est dire que l’œuvre de Jean-Louis Chrétien fut aussi bien un dévouement à l’œuvre commune et qu’il est difficile de dissocier le métier d’écrivain et celui d’enseignant qu’il exerça toujours en parallèle _ c’est très juste.

Le chagrin est une ivresse, et il faut pardonner à ceux qui, brassant leurs souvenirs dans les larmes, m’ont aidé à retracer son parcours non sans un certain désordre, puisqu’ils ont perdu pour certains celui qui fut le garant de leur existence. Car il était, le mot est faible, extraordinaire, littéralement hors du commun. Lui qu’un éloge trop soutenu aurait contrarié de son vivant, il nous faut le faire à présent qu’il n’est plus. Ce n’est pas assez de dire qu’il évitait les mondanités _ bravo _ ; elles lui étaient parfaitement étrangères. Les fois qu’il s’est attablé à une terrasse de café ou rendu dans un cinéma peuvent se compter sur les doigts des deux mains. Il n’appréciait que les conversations en tête-à-tête _ voilà : un entretien réciproque _, et n’était pas loin de penser qu’à trois dans une pièce, une personne était déjà de trop. Jusqu’à une date récente, il n’eut ni poste de télévision ni téléphone portable et, quand il ne recevait pas un ami chez lui, il lisait le soir des romans qui le reposaient des essais plus âpres qu’il avait lus le jour. Hormis un séjour en Angleterre, un autre en Pologne et un dernier en Tunisie, il ne voyagea pas. C’est qu’il ne voyageait que trop à travers ses lectures _ certes : là est la force puissante de la très grande attention. Il s’aperçut d’ailleurs que beaucoup partaient voir ailleurs ce qu’avec de bons yeux il était possible de voir sans quitter son lieu _ oui. Invité partout, à chaque fois il déclina poliment. Sa vie devait se tenir entre Paris et Dieppe, où il avait sa résidence secondaire. Enfin, il n’eut jamais d’ordinateur et se servait de cahiers d’écolier à la couverture rigide dont, de son écriture fine et serrée, il remplissait entièrement la page de droite, en laissant blanche celle de gauche en vue d’éventuels compléments. Une fois le manuscrit achevé, il sortait une vieille machine à écrire et en faisait un tapuscrit qu’il envoyait sous cette forme à l’éditeur.

Il était toujours habillé de semblable façon _ sans perdre de temps _, avec pour unique coquetterie de porter un chapeau quand il sortait. Et assurément il était d’un premier abord étrange. C’est que je n’ai jamais vu un homme qui était aussi indifférent à ce qui ne relevait pas du spirituel, ne voyant le corps lui-même que tout plein d’esprit. Il pouvait paraître négligé et j’en ai hélas surpris certains qui souriaient ; il suffisait pourtant qu’ils s’approchassent un peu de lui pour s’arrêter devant son élégance. Timide, il pouvait intimider ; sévère parfois, il l’était surtout avec lui-même ; drôle et espiègle le plus souvent, il l’était sans qu’il le fût aux dépens d’un autre. Philosophe, il l’était sans discussion ; et devant lui, même les méchants se taisaient _ bigre.

Invulnérable aux sirènes du dehors

Jean-Louis Chrétien ressemblait lui aussi au satyre Marsyas dont parlait Platon et dont l’intérieur était rempli de divines figures. Sa voix, qu’il trouvait balbutiante, heurtait peut-être l’auditeur la première fois ; mais en l’écoutant, il découvrait vite, enveloppée dans l’écrin des mots, une parole qu’il n’avait jamais entendue auparavant _ pour ma part, je n’ai eu accès à sa voix que via la lecture de l’écriture de ses livres ; mais elle s’y ressentait fort clairement. Ses étudiants ne s’y sont pas trompés. Il avait beau avoir des lunettes et un chapeau, ils savaient qu’il était vieux de 2 500 ans, qu’il y avait face à eux, vivant, en chair et en os, un Socrate des temps modernes. Sa vie et son œuvre semblent n’avoir fait qu’un. Et il n’est rien de plus saisissant que d’entendre les résonances _ voilà ce qu’est une vraie culture vivante et authentique _ entre elles. Le dernier livre qu’il publia s’intitule Fragilité (Minuit, 2017). Invulnérable _ oui _ aux sirènes du dehors – argent ou réputation –, robuste et bon marcheur, sa fragilité était en lui. Quand il l’écrivait, il ignorait que la maladie le rongeait déjà. Il l’ignorait encore quand il s’attelait à son dernier livre, qu’il était sur le point de finir et auquel ne manquera que la conclusion : l’Absence. Absent, il ne savait pas qu’il le serait quand le livre paraîtra aux éditions de Minuit. Dans la mémoire de ses proches et par son œuvre qui s’achève ainsi, qu’il puisse être assuré comme nous le sommes de sa présence _ voilà : la voix demeure _, la seule qui compte et sur laquelle le temps ne peut mordre, celle de l’esprit.


Camille Riquier vice-recteur à la recherche de l’Institut catholique de Paris et professeur

Je lirai Fragilité,
même si cet accent mis sur la finitude n’est pas ce qui me plaît le plus…
Je préfère la dynamique de la joie. 


Ce dimanche 7 juillet 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Le miroir à illuminations de Venise et l’enfant de Corps-Nuds : un souvenir-écran _ une lecture du casanovien « Venise à double tour » de Jean-Paul Kauffmann

01juil

Venise, la Venise insulaire, inchangée presque complètement depuis 1800, offre _ et avec une merveilleuse profusion _ une constante (permanente) et totale immersion dans le passé _ demeuré quasiment tel quel ! _ à tout visiteur forcément ébloui, en son passage _ une fois traversé-passé-percé le rideau de légère brume de la lagune _, et son séjour, par la lumière et les échos de bruits très spéciaux et si riches ; et vierges de voitures : confinées aux vastes parkings d’entrée, l’île du Tronchetto et le grand garage de la Piazzale Roma.


Il en va bien sûr immanquablement ainsi, aussi, et à chacun de ses (nombreux et fréquents) passages, pour l’enfant de Corps-Nuds (Île-et-Vilaine) que demeure, à certains égards, Jean-Paul Kauffmann ; et qu’il se plaît à narrer, à divers endroits de ce superbe Venise à double tour : et c’en est presque un leitmotiv.
Mais il se trouve que l’extraordinaire trésor d’œuvres d’art religieux, tout spécialement, que recèlent _ et que sont architecturalement aussi, et cela jusqu’à la fin du XVIIIe siècle _ les multiples belles églises de la cité dogale, les ouvertes et, plus encore peut-être, les fermées, forme en fait ici, pour « le chasseur » qu’est le narrateur-auteur, un puissant souvenir-écran _ voilà ! _ de la mémoire (toujours partielle et à trous) qui se met en quête, comme ici, et passionnée, de retrouver-revoir ce qui a jadis très fortement touché, voire ébloui, sa sensibilité ; au point de le contraindre à retourner régulièrement à Venise, ne serait-ce que pour se replonger quelques heures ou jours en elle, à la recherche de ce qui continue de le poursuivre de son obsession primale…
C’est que le souvenir-écran sert de cache pratique et durablement efficace à d’autres souvenirs, moins évidents, moins affrontés peut-être tels quels, probablement, quoique… _ et aux sources en tout cas jusqu’ici non localisées _comme c’est en l’occurrence le cas (mais cela, nous ne l’apprendrons que comme très accessoirement et sans le moindre commentaire de l’auteurà l’ultime page du récit, en une sorte de post-scriptum quasi superfétatoire…), de fresques de Giambattista Tiepolo (Venise, 1696 – Madrid, 1770) à connotations non religieuses, mais disons à parfum érotique : la rencontre d’Antoine et Cléopâtre, de la salle de bal du Palazzo Labia.
Résultat de recherche d'images pour "Tiepolo Palais Labia La Rencontre d'Antoine et Cléopâtre"
Des fresques réalisées au moment (1746-47) où ce palais était proche, à deux pas à peine, de ce qui était le siège de l’ambassade d’Espagne auprès de la Sérénissime République, le Palazzo Manin-Sceriman (dit aujourd’hui Palazzo Zeno) _ les Labia étaient de richissimes catalans _ ; le siège de l’ambassade de France (en 1743-44, Jean-Jacques Rousseau _ plutôt pisse-vinaigre, lui _ y fit fonction de secrétaire de l’ambassadeur, le Comte de Montaigu) ; et de 1752 à 1755, le Cardinal de Bernis _ bien plus savoureux ! _ y fut l’ambassadeur de Louis XV auprès du doge, et accessoirement grand ami de Casanova), le Palazzo Surian – Belotto, se trouvant, lui, à l’autre bout de ce Canal de Cannaregio, qui les borde tous deux ; en ce sestier de Cannaregio qui constitue le « quartier préféré » (page 56) de Jean-Paul Kauffmann _ et j’y apprécie, pour ma part, la taverne Da’ Marisa : juste passé le Pont-aux-trois-arches…
En conséquence de quoi, il me semble que le souvenir-écran de forte connotation catholique post-tridentine de cette « peinture miroitante » aperçue en 1968 ou 69, source de la quête passionnée des églises fermées de Venise où cherche à pénétrer et regarder « le chasseur », vient ici prendre le devant d’une anthropologie _ voilà _  plutôt a-religieuse, et ouvertement hédoniste, dont les références, parfaitement assumées, d’ailleurs, sont Casanova et Lacan. Sans qu’il y ait forcément une absolue contradiction entre les deux. Mais la conscience nette immédiate de cela nous aurait privés de cette découverte progressive passionnante du secret de ce qui nous rend si vivants et si prodigieusement « animés » les espaces intimes des églises, tout spécialement à Venise, tels que narrés par Jean-Paul Kauffmann en ce passionnant très réussi _ et même jubilatoire ! _  Venise à double tour. L’alacrité règne.
Une anthropologie plutôt a-religieuse, et ouvertement hédoniste : que veux-je dire par là ? Que le goût de la sensualité _ si présent dans l’art qui s’exprime, et avec un tendre éclat en permanence ré-affirmé, au long des siècles (de Giorgione et Bellini à Tiepolo, en passant par Titien et Véronèse surtout, peut-être moins Tintoret) dans la Venise marchande si friande de toute la palette des couleurs douces et non violentes, ici jamais hystérisées, de la chair… _ de Jean-Paul Kauffmann lui-même, tel qu’exprimé par ailleurs en son œuvre en faveur des vins, des cigares ou des gastronomies, comme des paysages à découvrir et explorer, s’il a peut-être eu besoin, et c’est possiblement à tort que je le dis ici au passé, pour s’assurer et se légitimer un peu à ses propres yeux, de l’abri et cadre chaleureux des bras accueillants et protecteurs de l’église _ cf page 105 : « À ce compromis permanent du péché et de la grâce, j’ai adhéré d’emblée. N’autorise-t-il pas entre autres la transgression ? » ; et page 131 : « Avec le catholicisme, on trouve toujours des arrangements. Quiconque commet une faute sait qu’il sera accueilli à bras ouverts et reconnu en tant que pécheur. La vraie indignité n’est pas d’enfreindre, mais de prétendre n’avoir pas enfreint«  _, du templum sacré de cet espace clos sur lui-même en son bâti et ses dispositifs mobiliers, mais intensément ouvert et dynamisé vers, en son sein même, quelque transcendance _ haute _ d’une puissante présence offerte en son absence même, mais très puissamment ressentie en l’irrésistible attraction de son magnétisme, et cela davantage encore en quelque sanctuaire verrouillé « à double tour »… ;
que ce goût-là _ de la sensualité _ est proprement casanovien : Casanova étant « certainement un homme selon mon cœur » _ pour reprendre les mots de l’auteur à la page 318 _, « le « grand vivant » (Cendrars), l’homme supérieurement libre, toujours gai, dépourvu de tout sentiment de culpabilité« 
Ce casanovien que fondamentalement, et peut-être à la suite de ce goût-là, est aussi Jean-Paul Kauffmann lui-même, en personne _ en et par sa personne : épanouie _, ainsi que l’attestent, et son voyage _ nécessaire alors _ à Duchcov en 1988 _ pour lui « redonner un peu de tonus«  _, et ses retours réguliers et fidèles, depuis, à Venise : « la ville de la jouvence et de l’alacrité« .
« Venise n’est pas « là- bas », mais « là-haut », selon le mot splendide de Casanova« , lit-on aussi page 15.
Alors qu’affronter directement le sans-cadre _ et sans fil auquel se tenir (et, au cas où, retenir) _ du clinanem d’Épicure et Lucrèce, serait probablement un poil plus vertigineux…
Ce lundi 1er juillet 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Interpréter Joseph Haydn : le dynamisant et électrique projet Haydn 2032 de Giovanni Antonini _ 6 CDs publiés à ce jour…

02oct

De même que hier,

j’ai fait l’éloge

_ cf mon article   _

de l’admirable superbe travail de Julien Chauvin

et de son Concert de La Loge _ chez Aparté _ ;

de même,

ce jour

je ne saurais passer sous silence la non moins admirable magnifique entreprise de Giovanni Antonini _ chez Alpha _ ;

en son grand projet Haydn 2032 :

enregistrer à nouveaux frais,

et avec une parfaite dynamique virevoltante

absolument enthousiasmante,

l’intégralité de la musique symphonique de Joseph Haydn

à l’horizon 2032 :

sont à ce jour parus les CDs

n° 1 La Passsione ;

n° 2 Il Filosofo ;

n° 3 Solo e pensoso ;

n° 4 ‘Il Distratto‘ ;

n° 5 L’Homme de génie :

N° 6 Lamentatione ;

_ les quatre premiers (CDs Alpha 670, 671, 672 et 674)

à la tête de son ensemble bien connu Il Giardino Armonico :

et les deux plus récents (Alpha 676 et 678)

à la tête du Kammerorchester Basel on period instruments.

Nous suivons, bien sûr,

et avec la plus vigilante attention,

ce qui va suivre de ce très remarquable travail de Giovanni Antonini :

avec la plus grande gourmandise

musicale !!!

Le génie musical de Joseph Haydn

mérite

ce justissime et délicieux dépoussiérage-là !

Ce mardi 2 octobre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le bien que la musique de Bach fait-faisait à Claude Sautet : infinie gratitude !

02sept

A l’instant,

peu avant 8 heures, sur France-Musique,

et en 8 minutes _ musique comprise

et sous les doigts de Leon Fleisher en 2004 _,

ce magnifique _ si juste, profond, avéré de la plupart d’entre nous _ propos de Claude Sautet _ 1924 – 2000 _

en 1982,

à l’émission _ merveilleuse et irremplacée ! _ de Claude Maupomé

talençaise, décédée le 31 mars 2006 ; elle officia splendidement (et en parfaite modestie) de 1975 à 1990 sur France-Musique ;

la notice nécrologique Claude Maupomé, productrice à France Musique de Gérard Condé dans Le Monde du 15 avril 2006

est excellente ! _

Comment l’entendez-vous ?,

à la fois sur Jean-Sébastien Bach

et sur le bien que l’écouter lui faisait-fait _ nous fait _ :

le propos sur Bach de Claude Sautet 

Écoutez-le !

Infinie gratitude !!!

Ce dimanche 2 septembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s. :

généraliser aveuglément

_ tels les algorithmes paresseux qui trop souvent nous mutilent et nous font fulminer ! _

est certes stupide ;

mais nous pouvons étendre ce propos à presque toute la musique

_ presque toutes les musiques,

quand elles atteignent, du moins, la perfection : certaines chansons de trois minutes (par exemple le Respect d’Aretha Franklin) ;

et, aussi, que nous sommes en disposition (ce n’est hélas pas toujours le cas) de les recevoir le mieux possible,

condition sine qua non, et toujours perfectible… _ ;

et à tous les chefs d’œuvre de l’art

_ y compris les très grands (et très longs) livres : par exemple, Proust, Faulkner, etc. ! ;

pas seulement un bref poème (par exemple verlainien) qui nous touche et bouleverse pour jamais ;

il faut que tout un monde plein s’ouvre

et s’emplisse de lumières par là :

c’est la une voie d’accès privilégiée, et parfaitement temporelle (immédiate et dynamisante !), à l’éternité, rien que cela !!!

et en toute simplicité et évidence

pour peu qu’on sache l’accueillir, saisir, prendre, suivre, nous laisser conduire par elle

et ses multiples affluents et confluents _,

même s’il ne s’agit en rien _ à commencer pour leurs auteurs _ de médicaments

_ à consommer mécaniquement à la Pavlov (tous sens fermés, éteints, anesthésiés, quasi morts)…

Mais entrer

_ si peu que soit, pour commencer, et par quelque sens que ce soit ; même furtivement, mais à plein !… _

dans quelque moment de joie

élève

tel est l’effet (euphorisant) de cette irrésistible dynamique ! à poursuivre… _

l’entrant

qui est amené à rencontrer et partager ainsi l’aisthesis

infiniment riche en quelques traits simplement réunis

de l’œuvre !

Et à l’approfondir et cultiver, ensuite

et surtout !

Une culture se construisant, pas à pas, œuvre à œuvre,

inter-connectées

par notre sensibilité s’aiguisant et se formant

_ et c’est là l’œuvre (de larges confluences) de toute une vie

peu à peu de mieux en mieux nôtre !

En la singularité de ses riches partages multiples formateurs (et non formatés)…

Jusqu’à peut-être former-inaugurer son propre style, à soi…

C’est tout un monde plein et lumineux qui vient ainsi s’ouvrir-offrir à nous,

si nous savons l’accueillir

et y répondre…

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur