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Musiques de joie : le délicieux Aria « Bist du bei mir » (de Gottfried-Heinrich Stölzel) du second Petit Livre de Clavier d’Anna-Magdalena Bach, en 1725, par Sibylla Rubens et Michael Behringer

27mai

Parmi les musiques de joie pures et fondantes de tendresse

_ et marquantes, dans le souvenir du mélomane un peu familier de quelques riches recoins de l’œuvre multiforme de Bach _,

sonne toujours en la mémoire _ reconnaissante _

le délicieux petit Aria Bist du bei mir,

noté en 1725 dans le second Petit Livre pour le Clavier d’Anna-Magdalena Bach ;

longtemps attribué à Johann-Sebastian Bach sous le numéro de catalogue BWV 508 

_ c’est seulement en 2000 qu’un exemplaire de la partition d’origine, considérée jusqu’alors comme comme perdue, a été retrouvé …au conservatoire de Kiev _,

il est, en fait, extrait de l’opéra de Gottfried-Heinrich Stölzel (Grünstädtel, 13 janvier 1690 – Gotha, 27 novembre 1749)

Diomède, ou l’innocence triomphante,

représenté le 16 novembre 1718 à Bayreuth _ Stöltzel et Bach se sont rencontrés et ont tissé des liens d’amitié musicale…

Bist du bei mir, geh’ ich mit Freuden
zum Sterben und zu meiner Ruh’.
Ach, wie vergnügt wär’ so mein Ende,
es drückten deine schönen Hände mir die getreuen Augen zu !
Si tu restes avec moi, alors j’irai en joie
Vers ma mort et mon doux repos.
Ah ! comme elle serait heureuse, ma fin,
Tes jolies mains fermant mes yeux fidèles !

L’interprétation _ adorable ! _ de Sibylla Rubens, soprano, avec le clavecin de Michael Behringer,

dans le double CD Clavier-Büchlein für Anna Magdalena Bach, 1725,

de l’édition bachakademie, du label Hänssler 106, en 1999,

me paraît convenir admirablement,

en son émouvante sobriété et parfaite justesse d’expression,

à ce que pouvait être la pratique, au quotidien, d’Anna-Magdalena _ qui était cantatrice _, et des siens, au domicile des Bach, en 1725, à Leipzig :

c’était le 22 mai 1723 que la famille Bach s’était installée à Leipzig, où Johann-Sebastian Bach avait obtenu, le 22 avril 1723, le poste de Kantor à l’église Saint-Thomas ; poste laissé vacant par le décès du Kantor précédent, Johann Kuhnau, le 5 juin 1722…

Et Anna-Magdalena Wilcke (Zeitz, 22 septembre 1701 – Leipzig, 27 février 1760),

cantatrice, donc,

était devenue le 3 décembre 1721, à Köthen, la seconde épouse de Johann-Sebastian Bach,

veuf, au mois de juillet 1720, de sa première épouse Maria-Barbara Bach, à Köthen le 3 décembre 1721.

Anna-Magdalena Bach eut alors à élever les 4 enfants orphelins de leur mère Maria-Barbara :

Catharina-Dorothea (Weimar, décembre 1708 – Leipzig, 14 janvier 1774),

Wilhelm-Friedmann (Weimar, 22 octobre 1710 – Berlin, 1er juillet 1784),

Carl-Philipp-Emanuel (Weimar, 8 mars 1714 – Hambourg, 14 décembre 1788)

et Johann-Gottfried-Bernhard (Weimar, 11 mai 1715, Iéna, 27 mai 1739) ;

 

et Anna-Magdalena Bach eut elle-même 13 enfants, nés de 1723 à 1742,

parmi lesquels les compositeurs Johann-Christoph-Friedrich (Leipzig, 21 juin 1732 – Bückeburg, 26 janvier 1795) et Johann-Christian (Leipzig, 5 septembre 1735 – Londres, 1er janvier 1782) ;

son aînée a été Christiana-Sophia-Henrietta (Leipzig, printemps 1723 – Leipzig, 29 juin 1726) ;

et sa petite dernière _ la treizième _ est Regina-Susanna (Leipzig, 22 février 1742 – Leipzig, 14 décembre 1809).

On trouve sur le web plusieurs vidéos

à divers titres intéressantes _ ou à divers titres frustrantes _

de ce délicieux Bist du bei mir :

j’apprécie particulièrement

l’interprétation sobre et émouvante _ sans maniérisme aucun, comme il se doit _, du ténor anglais _ très heureusement familier du répertoire (et interprétations) baroques _ Charles Daniels, en 2018 ;

ou celle _ probablement assez proche de ce que devait être la pratique, au quotidien, des enfants Bach, chez eux, à Leipzig, en 1725 _ du petit garçon tchèque David Cizner, âgé de 10 ans _ il est né le 12 février 2002 à Prague _ en 2012 ;

et un peu moins, celle, un peu trop opératique à mon goût, de la grande Janet Baker, en 1973 ;

ou celle, un peu trop lente et doloriste, de la si souvent merveilleuse Aafje Heynis, en 1956 

_ ces deux interprétations-là antérieures à ce qu’a permis d’apprendre le revival baroque des Deller, Leonhardt, Harnoncourt…

Mais aucune de celles-ci n’a la fraîcheur et la merveilleuse évidence _ de Hausmusik , en 1725, à Leipzig… _

de l’interprétation du CD Hänssler

par Sibylla Rubens et Michael Behringer :

à écouter ici

Comparer des interprétations est aussi assez intéressant ;

cela aide à se former le goût…

Ce mercredi 27 mai 2020, Tituss Curiosus – Francis Lippa

Un lumineux programme de cantates de la famille Bach, par Vox Luminis et Lionel Meunier

20juin

Des deux précédents CDs de Vox Luminis et Lionel Meunier,

un CD Bach (le Magnificat) et Haendel (le Dixit Dominus)

m’avait déçu _ pas assez lumineux ! _ ;

et un CD Purcell _ le charme de Purcell était absent _

m’avait déplu.

Ce jour,

le CD Ricercar Bach Kantaten _ le CD RIC 401 _ de divers membres de la famille Bach

_ en amont de Johann-Sebastian : au XVIIe siècle, et pas au XVIIIe… _ :

Heinrich (1615 – 1692) ;

Johann-Christoph (1642 – 1703) ;

Johann-Michael (1648 – 1694) ;

avec aussi la cantate BWV 4 de Johann-Sebastian (1685 – 1750), Christ lag in Todesbanden,

m’enchante

profondément !

La réussite, profonde, grave, est entière.

Bravo !!!

Ce jeudi 20 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le sublime CD Ricercar « Vater unser » de Clematis et Paulin Bündgen : pour confirmation…

07oct

Comme pour confirmer ma déclaration de « sublime« 

à propos du CD Ricercar Vater unser

de Paulin Bündgen et son ensemble Clematis

_ le CD Ricercar RIC 389  _

en mon article Un sublime CD « Vater unser » de Clematis, d’après les collections Düben de Stockholm du 12 juillet dernier

_ presque trois mois, déjà _,

j’y mettais l’accent sur l’importance musicale des archives-collection Düben de la cour de Suède,

voici ce jour un excellent article 

CLEMATIS FAIT DIALOGUER VOIX ET INSTRUMENTS DANS LA PIÉTÉ LUTHÉRIENNE

sur ce même CD Vater unser de Clematis et Paulin Bündgen chez Ricercar

_ avec la présence de Jérôme Lejeune à la viole ténor au sein de l’ensemble instrumental ! _,

sur le très bon site Res Musica,

et sous la plume de Cécile Glaenzer :

Vater unser, German sacred cantatas.

Johann Hermann Schein (1586-1630), Samuel Eccard (1553-1611), David Pohle (1624-1695), Franz Tunder (1614-1667), Johann Fischer (1646-1716), Johann Wolfgang Franck (1644-1710), Johann Christoph Bach (1642-1703), Georg Böhm (1661-1733), Johann Theile (1646-1724), Johann Michael Bach (1648-1694), Johann Rudolph Ahle (1625-1673), Heinrich Schwemmer (1621-1696).

Paulin Bündgen, contre-ténor.

Ensemble Clematis.

1 CD Ricercar.

Enregistré à Centeilles en octobre 2017.

Durée 1:19:46

Vater-Unser-Clematis-Paulin-BündgenLe label Ricercar revient à ses premières amours avec ce programme de musique sacrée allemande de la deuxième moitié du XVIIe siècle. L’ensemble belge Clematis nous propose ici la découverte d’un pan trop méconnu de ce répertoire, qui fait la part belle au dialogue _ voilà _ entre la voix d’alto de Paulin Bündgen et les instruments.

La plupart des œuvres de ce programme proviennent de manuscrits conservés dans la collection Düben à Uppsala, qui contient de véritables pépites méritant d’être mises en avant _ c’est sur ce point pas assez connu-là que je mettais aussi l’accent ; et ils furent plusieurs membres de la famille Düben à se succéder à la cour de Suède. Nous avons là une génération de compositeurs _ allemands _ très influencés par l’Italie et l’opéra, dans le sillage de Schütz _ et aussi de Buxtehude _, mais aussi pour certains par la France _ mais oui ! _, comme Johann Caspar Fischer _ un compositeur passionnant (1656 – 1746) ; cf le superbe CD Uranie que lui a consacré, au clavecin et à l’orgue, mon amie Elisabeth Joyé (CD Encelade ECL 1402), en 2016 _ qui séjourna à Paris en tant que copiste au service de Lully _ et n’oublions pas non plus le séjour (et la mort, en 1650) de Descartes à la cour de la reine Christine ; Descartes y participant à la réalisation de ballets de cour !

Si le fil conducteur de tout ce répertoire est bien sûr _ comme l’indique le titre même choisi pour ce CD _ le choral luthérien, son traitement instrumental _ oui ! un merveilleux dialogue, en effet ! _ se développe avec une étonnante _ et bienheureuse, joyeuse _ liberté, tant dans l’ornementation _ oui _ que dans le choix des formes (sinfonia, ritornello, sonata …). Ce programme fait _ très _ judicieusement alterner _ lui aussi : en dialogue _ pièces instrumentales et cantates pour alto solo de formes variées : lieder strophiques, lamentos, concerts spirituels… La caractéristique commune de toutes ces pièces vocales est le rôle primordial _ et il faut en effet bien le souligner, en effet ! _ qu’elles donnent aux instruments, offrant un véritable dialogue _ voilà ! _ entre les cordes et la voix.

Le leitmotiv du choral Vater unser, qui donne son titre au CD, revient trois fois dans le programme en trois versions instrumentales _ oui. La dernière est due  à Georg Böhm, dans une transcription de son choral orné pour orgue, où le violon s’empare du thème richement ornementé. Stéphanie de Failly, premier violon et fondatrice de l’ensemble Clematis, y fait merveille _ oui. Bel exemple d’aller-retour entre l’Allemagne et l’Italie, le Salve Regina du papiste Rovetta qui devient Salve mi Jesu sous la signature de Franz Tunder, comme J.S. Bach le fera avec le Stabat Mater de Pergolèse transformé en motet luthérien. On retrouve toutes les caractéristiques de la cantate dans le motet Herr, wer ich nur dich habe de David Pohle (avec les cordes qui imitent le tremblant de l’orgue) et dans le grand Weil Jesu in meinem Sinn de Johann Wolfgang Franck. Mais le chef d’œuvre absolu _ oui !!! _ est le célèbre lamento Ach dass ich Wasser g’nug hätte de Johann Christoph Bach, tant admiré par son cousin Johann Sebastian _ oui. Le premier violon y dialogue admirablement _ oui _ avec la voix d’alto, dans une intensité dramatique qui nous donne à voir _  mais oui _ couler les larmes du pécheur dans des effets descriptifs incomparables qui collent au sens des paroles _ absolument. Le contre-ténor Paulin Bündgen y est magistral _ oui !!! _, comme tout au long de ce programme. Sa voix souple épouse parfaitement _ oui _ toutes les nuances du texte et nous élève _ voilà _ vers une spiritualité intemporelle _ soit l’éternité même : c’est parfaitement relevé.

Jérôme Lejeune, fondateur du label Ricercar, tient lui-même la partie de viole ténor au sein de Clematis _ c’est, bien sûr, à relever ! _ et nous fait bénéficier de sa grande érudition _ mais oui, comme chaque fois !!! Lumineuse ! _ dans le texte du livret qui nous éclaire _ superbement _ sur ses choix musicaux.

Un merveilleux moment de musique,

vous disais-je ce 12 juillet dernier,

de ce sublime CD Ricercar Vater unser _ German sacred santatas


Ce dimanche 7 octobre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

La superbe entreprise du violoniste Johannes Pramsohler et des disques Audax

28avr

Ce n’est pas le premier CD de la marque Audax qui attire mon attention, et plus encore me séduit.

Mais il me faut reconnaître qu’avec le CD German Cantates with Solo Violin (le CD Audax ADX 13715) un nouveau palier de perfection de réalisation vient d’être atteint.

Le passionnant programme de ce magnifique CD _ dans le registre de l’intimité d’une foi grave et profonde _ concerne des compositeurs _ décédés en 1697 (Nicolaus Bruhns), 1703 (Johann Christoph Bach I), Heinrich Ignaz Franz Biber (1704), Johann Pachelbel (1706) et Daniel Eberlin (c. 1715) _ qui touchent de très près _ sauf peut-être l’autrichien Biber _ la formation musicale de Johann-Sebastian Bach, né le 21 mars 1685 à Eisenach ; et la ville même d’Eisenach.

Magnifique compositeur, Johann-Christoph Bach I (Arnstadt, 6-12-1642 – Eisenach, 31-3-1703) était le cousin germain de Johann-Ambrosius Bach (Erfurt, 22-1-1654 – Eisenach, 22-1-1695), le père de Johann Sebastian ; ainsi que l’oncle de Maria Barbara Bach (Gehren, 20-10-1684 – Köthen, 7-7-1720), la première épouse de Johann Sebastian.

Johnnn Pachelbel (Nuremberg, 1-9-1653 – Nuremberg, 3-3-1706) fut organiste une année à Eisenach, en 1677, où Daniel Eberlin dirige la musique de la cour du duc de Saxe ; et où il devient l’intime de Johann Ambrosius Bach ; Eisenach qu’il quitta le 18-5-1678, pour Erfurt _ où il va demeurer 12 ans _, et où il est logé par un autre cousin Bach, Johann Christian I (qui décédera en 1782). Le lien est fort entre Pachelbel et les Bach…

Daniel Eberlin (Nuremberg, 4-12-1647 – Kassel, ca 1715) est maître de chapelle à Eisenach de 1689 à 1692.

Quant à Nicolaus Bruhns (1665-1697), élève de Dietrich Buxtehude, sa musique fut très tôt connue et aimée de Johann Sebastian Bach…

Seul le rapport entre Johann Sebastian Bach et Biber (1644-1704) demanderait à être davantage éclairci, dans la mesure où leurs chemins _ à la fois géographiques, si je puis dire, et familiaux… _ ne se sont pas croisés.

Bref, un programme aussi passionnant

que merveilleusement interprété,

avec une émotion intense magnifiquement perceptible.

Ce samedi 28 avril 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

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