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En avant-propos à ma lecture commentée à venir du « Journal 2008-2018 _ Car vous ne savez ni le jour ni l’heure » de Jocelyne François, un Hors-série (n°4) de la Revue de littérature « Les Moments littéraires », ce message de réception adressé au préfacier, René de Ceccatty…

17mai

Simplement,

ces deux courriels suivants _ le premier à 14h 33 ; et le second à 19h 43 _

adressés ce jour à l’ami René de Ceccatty,

préfacier du « Journal 2008-2018 _ Car vous ne savez ni le jour ni l’heure » de Jocelyne François, un Hors-Série de la Revue de Littérature « Les Moments littéraires« ,

suite à l’inattendue réception ce jour, à la Librairie Mollat, de ce volume,

nommément destiné, par le Directeur de cette Revue, Gilbert Moreau, à Francis Lippa…

« Cher René,

 
De passage, en coup de vent, ce matin, chez Mollat _ pour m’enquérir de l’arrivée, ou pas, de CDs commandés _,

je croise Pierre Coutelle, qui me demande si je suis au courant _ non, je ne le suis pas _ de l’arrivée chez Mollat (le 9 mai) d’un envoi qui m’est destiné, de la part des Éditions _ ignorées de lui !, me dit-il… _ « Les moments littéraires » (le cachet de la poste sur l’enveloppe est daté, lui, du 5 mai).
 
Et il me remet le paquet, sans même attendre que je découvre son contenu ; et que je lui révèle…
 
Il s’agit du « Journal 2008-2018 » de Jocelyne François,
que j’ouvre vite, pour y découvrir, en tête, une préface signée de toi…
Et voilà que je viens de lire cette Préface de 14 pages, intitulée « Pureté et vérité« ,
comprenant vite les raisons littéraro-existentielles qui me font, comme tu l’as senti, un lecteur tout indiqué de ce que dit « cette voix » assez rare et tout à fait singulière, en effet, de Jocelyne François :
« pureté et vérité », « termes limpides et directs », « mots simples, directs, évidents, sans lyrisme, sans sinuosités, sans afféterie », « accent de vérité, de simplicité », « fermeté et luminosité, sans une once d’ambiguïté, sans mauvaise foi, sans théâtralité », « une retenue réflexive et directe en même temps », « les prises de conscience cinglantes et concises », « concision et vivacité assorties d’une relative nonchalance », « visant le cœur de la sincérité », « elle veut, avec un mélange de détermination pensée et d’innocence spontanée, mettre noir sur blanc ce qui est pour elle devenu une évidence, ou au contraire un mystère entier que rien ne pourra résoudre », « le souci de vérité, l’absence de pose aussi, l’absence de vanité et de fard »…
Et c’est bien en effet de cette forme de justesse (et nécessité, voire urgence)-là que je suis demandeur à un livre ;
de même qu’à une personne avec laquelle je vais me trouver en situation d’interlocution attentive et suivie, un tant soit peu approfondie.
Cf aussi mon texte de 2007, retrouvé en 2016 :
Je vais donc lire ce Journal de Jocelyne François avec la plus grande attention…
Merci beaucoup, cher René,
Francis« .

Et puis, ce second courriel :

« Ce jeu d’adresses _ René de Ceccatty m’ayant entretemps informé qu’il avait donné mon adresse personnelle à Gilbert Moreau ! _ est plutôt amusant pour moi…

Cela me permettra d’adresser l’article que j’écrirai, à Pierre Coutelle…
Plus intéressant : l’écriture de Jocelyne Francois me plaît bien ;
de même que son tempérament, que tu cernes excellemment dans ta préface…
Le seul élément qui me reste un peu « exotique » est son côté boutique, gens-de-lettres _ souci éditorial… Même si c’est sans la moindre vanité de sa part…
Mais il faut assurément convenir que l’encre sur le papier constitue une trace qui, de fait, demeure _ et demeurera au moins un moment, au-delà de l’existence mortelle de la personne de l’écrivain… _ ;
et que le livre de papier nourrit très substantiellement, ensuite, du moins un certain temps, les vrais lecteurs _ de ce bien aventureux « message in the bottle« 
De même que d’autres œuvres en diverses autres matières que cette frêle encre sur ce fragile papier.
Et je leur suis personnellement très attaché…
La présence de ces œuvres ainsi transmises, nous tient ainsi fidèlement compagnie, et nous parle, entretient de vrais dialogues avec nous qui nous y intéressons un moment, un peu hors du passage du temps des horloges, à travers le passage fugace des jours, ceux des choses comme ceux des personnes.
Et les auteurs de ces œuvres peuvent ainsi continuer de très audiblement nous parler, converser avec nous, pour peu que nous écoutions et regardions vraiment ces traces de leus voix qui demeurent un peu ainsi spatio-temporellement…
Pour peu que nous nous entretenions vraiment substantiellement avec eux. En une vraie vie : une vie vraiment vraie.
À suivre !
Francis »

Ce mardi 17 mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Bravissimo au ravelissime CD Ravel de Clément Lefebvre

30déc

Pour enfoncer le clou de mon article  du 18 novembre dernier,

dans lequel je me référais au commentaire, excellent, de ce CD par Jean-Charles Hoffelé, en un article intitulé Ravel danse, de la veille,

voilà que je suis tombé hier sur un nouvel article de commentaire de ce ravélissime CD de Clément Lefebvre, sur le site ResMusica, et sous la plume de Stéphane Friédérich :

un article intitulé cette fois Le réjouissant Ravel de Clément Lefebvre

Que voici :

Le réjouissant Ravel de Clément Lefebvre

Après un splendide _ oui ! _ album consacré à Rameau et Couperin également chez Evidence Classics _ cf mon article du 9 juin 2018 : _, Clément Lefebvre nous offre, loin des pages les plus spectaculaires de Ravel, des interprétations marquantes de pièces composées à l’ombre du Grand Siècle.

Classicisme et/ou modernité, précisément : la question est induite dans l’excellent texte de présentation _ de Clément lefèbvre lui-même ? _ qui offre la parole au compositeur placé devant le dilemme de rendre dommage à « ce XVIIIᵉ siècle de mes rêves » tout en demeurant pleinement lui-même dans l’effervescence des années 1890-1910. À la première mesure, la Sonatine naît sous les doigts du pianiste comme une évidence _ oui, tout simplement, en effet. Il est d’ailleurs impossible qu’elle ne soit pas “juste” et d’en relâcher une seule note, mais aussi de ne pas projeter le son vers le haut, de ne pas éviter “l’effet bibelot” ou, pire, le rachitisme analytique. La Sonatine n’est guidée que par une lumière à peine tamisée, jouant de « ce battement d’ailes » comme le décrivit si bien Vlado Perlemuter. Interpréter avec raffinement sans être précieux _ voilà ! _, voilà précisément ce que réussit Clément Lefebvre dans cette œuvre, puis dans l’élan du Menuet sur le nom de Haydn, moins “lent” que supposé, mais toujours ciselé dans le chant intime _ oui : ravélien. C’est, en effet, une musique que l’on joue pour soi et qui devrait être fortement déconseillée dans les grandes salles de concert. L’œuvre ne croît que par ses ambiguïtés, ses suggestions, une divine hypocrisie _ ou plutôt pudeur _ de styles bariolés. Elle s’amuse de ses indications « très vite mais pas précipité», mais aussi « sans prudence et sans merci ! ». Le superbe Yamaha CFX que l’on entend est réglé comme un cartel de Versailles avec juste ce qu’il faut d’or, de patine et de doux balancement.

Le cœur de l’album, ce sont les Valses nobles et sentimentales. Clément Lefebvre multiplie les modes d’attaques, les respirations brèves, les atmosphères qui naissent et disparaissent aussitôt, grâce à un toucher associant tendresse et robustesse _ voilà. C’est à la fois franc, élégant et suggestif _ oui : sans la moindre « hypocrisie« , par conséquent : le mot était un peu malheureux... Les ombres d’une chorégraphie et le pressentiment de l’orchestration déjà pensée par Ravel favorisent la prise de risques. Dans la cinquième danse, par exemple, l’interprète tire les rythmes “à lui”, dans un tempo un peu plus rapide que ce « presque lent », mais l’effet si bien calculé en devient… naturel _ comme il se doit, raveliennement… Les valses sont ce qu’on en attend : piquantes et aimables à la fois, des successions déroutantes de mouvements contraires et indansables.

Le Menuet Antique qui suit, frôle la parodie “chabriesque”. Peut-on imaginer, en 1895, soit deux ans avant la disparition de Brahms, une œuvre plus éloignée de l’écriture du viennois ? Quant à la partition à demi-reniée par le compositeur, la Pavane jouant sur les maux d’une infante, « ce morceau qui fait l’admiration des demoiselles qui ne jouent pas très bien du piano » écrit le critique Roland-Manuel, Clément Lefebvre ne se réfugie pas dans la distanciation affective ou, pire encore, dans un jeu la main sur la poitrine : il laisse les harmonies si délicates s’épanouir par elles mêmes. C’est amplement suffisant, et donc difficile à exécuter. D’une mourante feinte, à l’hommage aux disparus (eux, bien véritables), le Tombeau de Couperin clôt ce disque d’un néo-classicisme d’avant-garde. L’interprète nous a prouvé, en effet, que ces deux termes n’étaient pas tant des oxymores, que la nostalgie de faire revivre une Europe en paix _ probablement. Dans ce Tombeau de Couperin, imaginons que Clément Lefebvre nous convie au souvenir de promenades dans le Palais Royal, dans des jardins à la française. Le piano toujours aussi limpide et narratif ne rompt pas un instant avec le charme moqueur et la noblesse discrète _ oui _ des premières œuvres de ce disque. Rameau et Couperin, toujours _ oui.

Maurice Ravel (1875-1937) : Sonatine ; Menuet sur le nom de Haydn ; Valses nobles et sentimentales ; Menuet antique ; Pavane pour une infante défunte ; Le Tombeau de Couperin.

Clément Lefebvre, piano.

1 CD Evidence Classics.

Enregistré au Théâtre Elisabéthain du Château d’Hardelot, en avril 2021.

Notice en anglais et français.

Durée : 60:05

Un CD délectablement ravelissime en sa sveltesse raffinée

aux antipodes du moindre maniérisme…

Ravel, un musicien de l’intimité discrète, mais ferme.

Ce jeudi 30 décembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

La respiration océanique de Silvia Baron Supervielle en son « En marge », en contrechant des toiles ouvertes et nettes de son amie peintre Geneviève Asse

01juil

La collection Points-Seuil s’enrichit,

ce mois de mai 2020,

d’une importante édition, de 720 pages, de « Poèmes choisis » _ à méditer ! _ de Silvia Baron Supervielle,

réunis sous le titre de En marge (Points-Seuil P5212) ;

et avec une lucidissime préface parfaite _  de 7 pages, sans gras, et tirée au cordeau _ de René de Ceccatty,

intitulée _ coucou, Yves Bonnefoy _  « L’arrière-pays« …

Ces poèmes ont tous été écrits en français ;

mais certains d’entre eux ont déjà connu l’honneur d’une parution en recueil, à Buenos-Aires, en 2013, aux Éditions Adriana Hidalgo,

en une édition bilingue français – espagnol (traduits, pour cette occasion-là, du français).

Cette édition-ci, En marge,

reprend l’écriture originelle des poèmes, en français

_ parus, isolés, dans des revues, seulement,

ou bien en de précédents recueils : Lectures du vent, en 1988 ; L’Eau étrangère, en 1993 ; Après le pas, en 1997 ; Essais pour un espace, en 2001 ; Pages de voyage, en 2004 ; Autour du vide, en 2008 ; et Sur le fleuve, en 2013 _ ;

mais leur sélection, ici, par l’auteur, est « sensiblement différente » de celle de 2013.

La préface de René de Ceccatty,

toujours magnifiquement analytique et synthétique tout à la fois,

saisit d’emblée l’idiosyncrasie de la poïétique même de Silvia Baron Supervielle ;

qui ne distingue pas vraiment ce qui est prose ou poésie en son œuvre ;

et qui,

par son inscription _ particulièrement choisie _  dans l’espace à la fois très ouvert et délimité de la page

_ mais avec beaucoup de blanc : pour la respiration… _,

trouve un contrechant avec l’œuvre si singulière et tout simplement belle

des tableaux si impressionnants en leur sobriété et nuances de couleur

de son amie peintre Geneviève Asse.

Une parution poétique marquante,

et singulière ;

œuvre de toute une vie de respiration par et dans la poïesis même de l’écriture ;

ainsi que son inscription géographique

_ sur et dans la page, qui en est comme soulevée de mille brises océaniques et/ou souffles de chair _

à la fois ferme et nette,

et aussi estompée,

livrée, page après page, au lecteur fasciné et rêveur du livre.

Ce mercredi 1er juillet 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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