Posts Tagged ‘fête

Irradiant rappel (« vert ») de « Fêtes » slaves : à nouveau le CD Supraphon « Village Stories », via 3 articles réjouis…

19jan

C’est ce vendredi 19 janvier l’article « Noces » de Jean-Charles Hoffelé sur son excellent site Discophilia,

après l’article du vendredi 17 novembre 2023 « Fêtes villageoises entre ripailles et comptines » de Pierre Jean Tribot sur le non moins excellent site du magazine belge Crescendo,

ainsi que le mien, « « , en date du lundi 8 janvier 2024 dernier, sur mon blog Mollat « En cherchant bien »,

qui m’amène à revenir me réjouir sur l’irradiante fête de musique (de Stravinsky, de Janacek et de Bartok) qu’est le très prenant CD Supraphon SU 4333-2 « Village Stories – Stravinsky- Janacek – Bartok »  du Prague Philharmonic Choir dirigé par l’excellent chef tchèque Lukas Vasilek…

NOCES

Vous courrez d’abord aux Trois Scènes de village, l’un des opus les plus abrasifs _ oui ! _ de Bartók où son folklore imaginaire pare d’une folle animation _ voilà _ ou d’un ton mystérieux (la Berceuse) des mélodies qu’il avait notées en Slovaquie. Mariage avec cris d’une verdeur incroyable ici _ oui ! _, qui retrouve l’esprit de l’ancienne version de György Lehel pour Hungaroton, Berceuse étrange dans le mezzo clair de Jana Hrochová, à laquelle Lukáš Vasilek donne des couleurs très Seconde Ecole de Vienne, Danse des filles verte _ à nouveau _ et piquante ; bref, une nouvelle version épatante _ oui, oui ! _ qui rejoint une discographie étonnamment maigre _ hélas, en effet…

Les Noces stravinskiennes, orantes, portées par des percussions cérémonielles (les quatre pianos menés ici par Kirill Gerstein en font, dans l’esprit et la lettre de Stravinski, partie) sont tout aussi saisissantes _ oui ! _, vrai théâtre porté par des solistes qui au-delà du rite dessinent des personnages, Lukáš Vasilek se gardant bien d’en exagérer les effets, privilégiant la narration, puis laissant éclater le discours au long d’un Repas de noces qui frôle la folie _ à nouveau, dans sa sauvagerie d’apothéose.

Perle du disque pourtant, les enfantines que sont Říkadla, où les Pragois savourent les idiomes de ces vignettes dont les notes sont totalement asservies aux mots. Bois verts _ cette fois encore ! _, piano impertinent, un ténor émerveillé pour les herbes _ vertes… _ de printemps avec le babil de la flûte, dix-neuf instantanés de pure poésie qui, je le crois, ont trouvé ici leur version de référence.

LE DISQUE DU JOUR

Village
Stories

Igor Stravinski (1882-1971)
Les Noces, K040


Leoš Janáček (1854-1928)
Říkadla, JW 5/17


Béla Bartók (1881-1945)


Trois Scènes de village,
BB 87b

Katerina Knežíková, soprano
Jana Hrochová, mezzo-soprano
Boris Stepanov, ténor
Jirí Brückler, baryton
Lukáš Hynek-Krämer, basse

Kiril Gerstein, piano (Stravinski)
Zoltán Fejérvári, piano (Stravinski)
Katia Skanavi, piano (Stravinski)
Alexandra Stychkina, piano (Stravinski)
Matouš Zukal, piano

Amadinda Percussion Group (Stravinski)
Dakoda Trio
Zemlinsky Quartet (Bartók)
Belfiato Quintet (Bartók)

Chœur Philharmonique de Prague
Lukáš Vasilek, direction

Un album du label Supraphon SU4333-2

Photo à la une : le chef de chœur Lukáš Vasilek – Photo : © Petra Hajska

Quelle fête, décidément !!!

Ce vendredi 19 janvier 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une nouvelle magistrale réussite discographique ravélienne, le Concerto en sol et le Concerto pour la main gauche, par Alexandre Tharaud et Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France : « une violence inouïe ouvrant sur le plus tendre abandon », et « l’enfance, le secret » aussi, oui…

14oct

Et comme en suite à mon article d’hier « « ,

voici à nouveau une magistrale _ justissimement sentie ! _ réalisation discographique ravelienne, parue tout juste hier vendredi 13 octobre :

le « Ravel -Piano Concertos » d’Alexandre Tharaud avec un parfait Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France _ un enregistrement des 5, 6, 7 et 8 juillet 2022 à l’Auditorium de Radio-France, et en une parfaite prise de son ;

voir ici cette brève vidéo de 1′ ;

et avec cette superbe phrase d’Alexandre Tharaud en quatrième de couverture du CD : « Il y a tout Ravel en deux concertos : une orchestration de haut vol, l’enfance, le secret, l’influence du jazz, les machines infernales, une violence inouïe ouvrant sur le plus tendre abandon » : voilà qui, d’expert, est magnifiquement ressenti... _,

soit le CD Erato 5054197660719 ;

avec, en complément de ces deux sublimes Concertos, celui « en sol » _ créé à Paris, salle Pleyel, le 14 janvier 1932 par Marguerite Long et Ravel lui-même dirigeant l’Orchestre Lamoureux _ et celui « pour la main gauche » _ créé à Vienne le 5 janvier 1932 par le dédicataire Paul Wittgenstein ; puis à Paris le 19 mars 1937 par Jacques Février et Charles Munch... _ de Maurice Ravel (Ciboure, 7 mars 1875 – Paris, 28 décembre 1937),

les « Noches en los jardines de Espana » de l’ami Manuel de Falla (Cadix, 23 novembre 1876 – Alta Gracia – Argentine, 14 novembre 1946)…

Ces deux concertos ainsi somptueusement interprétés et enregistrés, sont une fête des sens et de l’esprit !

Quelle sublime poésie que ces musiques sans jamais la moindre scorie, ni trace d’effort, de Ravel :

« une violence inouïe ouvrant sur le plus tendre abandon« ,

et « l’enfance, le secret » aussi, oui…


Ravel est tout simplement un génie.

Merci !

Ce samedi 14 octobre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Post-Scriptum, ce dimanche 15 octobre 2023 :

Faute de pouvoir avoir accès ici aux interprétations magnifiques d’Alexandre Tharaud et Louis Langrée dirigeant l’Orchestre National de France, les 5, 6, 7 et 8 juillet 2022 à l’Auditorium de Radio-France, à l’exception de cette trop brève mais bien engageante vidéo (d’une durée d’une minute seulement),

voici des liens permettant d’accéder aux interprétations

de Vlado Perlemuter et Jascha Horenstein dirigeant l’Orchestre des Concerts Colonne, à Paris, en studio, en 1955, dans le Concerto en Sol Majeur (d’une durée de 21′ 49) et dans le Concerto pour la main gauche (d’une durée de 18′ 24) ;

et de Samson François et André Cluytens dirigeant l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, à Paris, du 1er au 3 juillet 1959, dans le Concerto en Sol Majeur (d’une durée de 20′ 29) et dans le Concerto pour la main gauche (d’une durée de 18′ 24)…

Par comparaison, l’enregistrement d’Alexandre Tharaud et Louis Langrée dirigeant l’ONF, du Concerto en Sol Majeur, est d’une durée de 21′ 46et celui du Concerto pour la main gauche, d’une durée de 16′ 51dans le CD Erato paru avant-hier vendredi 13 octobre dernier…

Le son du CD Perlemuter/Horenstein (de 1955) n’est hélas pas de très bonne qualité ; et il me semble que Samson François, lui, court un brin trop vite la poste (en 1959), à mon goût du moins…

Tharaud/Langrée/l’ONF sont, eux, et à tous égards, en 2022, excellents :

raveliennement justissimes…

La merveilleuse surprise d’un Jean Rondeau enfin justissime, et non hystérisé, en un magnifique programme « Gradus ad Parnassum », sur un superbe clavecin de Jonte Knif et Arno Pelto : de Palestrina à Debussy, en passant par Haydn, Mozart, Clementi et Beethoven, et bien sûr Fux, l’auteur du « Gradus ad Parnassum », en 1725 ; un miraculeux CD. Ou la révélation de ces oeuvres en leur absolu « naturel » par leur interprétation au clavecin…

02mar

C’est une magnifique _ divine… _ surprise que Jean Rondeau, enfin justissime et non hystérisé _ peut-être parce que le fond de l’affaire, cette fois-ci, est, au moins en son départ, et à sa base, l’assez exigeant contrepoint (de Fux : célèbre Kapellmeister de la cour de Vienne, organiste, compositeur, pédagogue estimé et auteur du Gradus ad Parnassum, en 1725, un traité de composition dont la force et le très durable succès résident dans sa consolidation des traditions contrapuntiques héritées des deux siècles précédents. Les interprétations qui s’ensuivent, en ce CD de Jean Rondeau, étant, elles, tout au contraire, et il faut bien le souligner, rayonnantes de « naturel« , d’élégance et même de tendresse ; sans la moindre once de rigide ni de forcé… _, vient nous offrir en un vraiment splendide, absolument maîtrisé, et d’une fluidité merveilleusement naturelle _ oui, oui, il me faut bien y insister _ et inventive, CD intitulé « Gradus ad Parnassum«  _ le CD Erato 5054197416170  _,

avec un merveilleux programme d’œuvres bâties autour et à partir de ce fameux Traité de contrepoint et composition musicale, de 1725, qu’est le « Gradus ad Parnassum« , du compositeur Johann-Joseph Fux (Hirtenfeld, 1660 – Vienne, 13 février 1741),

et cela sur un superbe clavecin de Jonte Knif & Arno Pelto (de 2006) _ et avec une superlative prise de son d’Aline Blondiau, en la fameuse salle de musique de La Chaux-de-Fonds, à l’acoustique parfaite ! où ce miraculeux enregistrement a eu lieu du 8 au 12 octobre 2021 _ :

un programme tout à la fois ingénieux, inventif _ et d’abord dans le choix, au départ audacieux, d’interpréter toutes ces œuvres, jusqu’à celle de Debussy, Doctor Gradus ad Parnassum, un pastiche de la série d’exercices pour le piano Gradus ad Parnassum, composée par Muzio Clementi, qui constitue la première pièce de « Children’s corner« , entre 1906 et 1908), sur clavecin ! Un choix qui n’a rien d’arbitraire et gratuit, et permet rien moins que leur lumineuse révélation !!!.. _ et absolument splendide,

qui va de Giovanni-Pierluigi da Palestrina (1525 – 1594) à Claude Debussy (1862 – 1918),

en passant par Joseph Haydn (1732 – 1809), Wolfgang-Amadeus Mozart (1756 – 1791), Muzio Clementi (1752 – 1832) et Ludwig van Beethoven (1770 – 1827),

et bien sûr Johann-Joseph Fux (1660 – 1741), l’auteur du célébrissime Traité de contrepoint intitulé « Gradus ad Parnassum« , en 1725…

Qu’on écoute, en particulier, les merveilles tout simplement admirables _ et quasi inouïes jusqu’ici à un tel degré de perfection en leur absolu « naturel«  ! _ qu’obtient ici, sur le clavecin, Jean Rondeau,

dans les 28′ de la Sonate Hob. XVI.46 de Joseph Haydn,

dans les 6′ 24 de la Fantaisie n°3 K. 397 et les 6’23 de l’Andante de la Sonate n°16 K. 545 de Mozart,

ou dans les 6’07 de l’Étude n°14 du Gradus ad Parnassum de Muzio Clementi…

C’est renversant de beauté de classicisme libre et lumineusement, tout en sourire, épanoui,

voilà ;

et qui, sans la moindre précipitation un peu trop virtuose, sait merveilleusement prendre tout le temps, serein, lumineux et joyeux, qu’il y faut, pour que ces pièces, en toute plénitude de leur « naturel« , viennent vraiment s’épanouir…

Ce à quoi il faut ajouter aussi que l’instrument qu’est ce clavecin magnifique _ de Jonte Knif et Arno Pelto (de 2006) _, et cette prise de son superlative _ d’Aline Blondiau _, aident aussi, afin de servir en toute perfection la gracilité toute simple splendidement épanouie, déjà, de ces pièces _ la majorité d’entre celles-ci (8/12) étant postérieures à l’invention (au mitan du XVIIIe siècle), et rapide triomphe, du piano-forte…

Ces Haydn et Mozart, servis donc ici au clavecin par Jean Rondeau, sont ainsi comme enfin révélés à eux-mêmes, voilà, mieux encore que par le pianoforte, ou le piano classique de concert :

j’en prendrai pour exemple une comparaison de cette si heureuse et radieuse interprétation-ci par Jean Rondeau (en 28′) de la Sonate Hob. XVI.46 de Joseph Haydn _ probablement l’acmé de ce si beau CD ! _avec l’interprétation _ qui m’avait pourtant bien plue : « épatamment jeune« , « pétulante« , disais-je…  _ du cher Christian Zacharias (en 17′ 39″ _ contre les 28′ de Jean Rondeau : une différence considérable… _) sur un Steinway Concert Grand Piano D. 1901, en son récent très réussi CD « Haydn Sonatas » MDG 940 2257-6cf mon article du 31 janvier dernier : « « 

Quelle interprétation de Jean Rondeau en tout ce CD « Gradus ad Parnassum » ! Quel jeu !!! quelles délices !

Un pur ravissement de musicalité… Et cela grâce au clavecin, mais oui !

Une fête qui nous comble !!!

Une absolue révélation musicale, donc, par ce très évident CD !

Ce jeudi 2 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Maxim Emelyanychev en état de grâce, sur un pianoforte Conrad Graf, dans le 23e Concerto K. 488 de Mozart, avec son plus que jamais magnifique orchestre il pomo d’oro…

03fév

C’est un Maxim Emelyanychev en véritable état de grâce, sur un splendide pianoforte Conrad Graf, dans le 23e Concerto K. 488 de Mozart, et conduisant son décidément merveilleux orchestre il pomo d’oro,

que vient nous proposer un transcendant album inaugural _ Aparté AP 307 _, intitulé « the beginning and the end », d’une mieux que prometteuse intégrale à venir des 41 Symphonies de Mozart _ avec ici la (toute première)  Symphonie n°1 K. 16 et la (dernière) Symphonie n°41 (« Jupiter« ) _,

comportant aussi, pour chaque parution de 2 Symphonies, un bonus,

tel ici ce sublime, radieux et merveilleusement intime tout à la fois, Concerto n°23 ;

à preuve, ici, cette extraordinaire vidéo (de 6′ 39) du sublime adagio…

Avec aussi l’assentiment de Jean-Charles Hoffelé, en son excellent article « Le petit disque rouge » d’avant-hier 1er février : 

LE PETIT DISQUE ROUGE

On n’y prendrait pas garde, l’éditeur ayant fait abus de discrétion, mais c’est bien le premier volume d’une nouvelle intégrale _ voilà! _ des symphonies de Mozart que je tiens dans mes mains, petit disque rouge logué d’un M graphique.

Surprise, Nicolas Bartholomée a confié ce projet au génie polymorphe de Maxim Emelyanychev, aussi à l’aise chez Haendel (sa Theodora, ici) que chez Beethoven : pour le même label, rappelons sa stupéfiante Eroica.

Sa battue vive, son sang neuf _ oui ! _ irrigue la première et la dernière symphonie, la K. 16 jouée comme une ouverture d’opéra, donne le signal d’un disque festif _ c’est cela ! _, dont l’apothéose, une Jupiter tonnante _ oui _, créera la stupeur.

Pourtant, la perle du disque _ nous y voici ! _ est ailleurs, pas une symphonie, mais un concerto. Dans sa note d’intention, Maxim Emelyanychev indique qu’à chaque volume une œuvre choisie hors du corpus symphonique viendra faire diversion _ si l’on peut dire ainsi…

Le voilà qui s’assoit au clavier de la belle copie d’un Conrad Graf signée par Chris Maene pour envoler _ voilà ! _ un jouissif _  oui !23e Concerto, solaire _ oui _, irrésistible d’élan _ oui ! _ et de fantaisie _ et de tendresse aussi _, Allegro élégant, brodé de nostalgies, Andante tendre _ voilà ! _ avec des airs de sérénade, Finale qui court la poste _ comme cela se doit… _ et où bondit Cherubino, quelle fête ! _ fête splendide, voilà !

Vite la suite, et d’autres concertos !

LE DISQUE DU JOUR

Wolfgang Amadeus Mozart(1756-1791)


The Symphonies, Vol. 1: the beginning and the end


Symphonie No. 1 en mi bémol majeur, K. 16
Concerto pour clavier et orchestre No. 23 en la majeur, K. 488
Symphonie No. 41 en ut majeur, K. 551 « Jupiter »

il pomo d’oro
Maxim Emelyanychev, pianoforte, direction

Un album du label Aparté AP307

Photo à la une : le pianofortiste et chef Maxim Emelyanychev – Photo :
© DR

Un CD de bonheur mozartien tout simplement magistral !

Et qui vient nous extraire, au moins le temps de son écoute, de la morosité adipeuse de ce pauvre hiver-ci…

Un CD indispensable, donc !!!

Ce vendredi 3 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Découvrir et savourer enfin Valentin Silvestrov par le piano de Boris Berman, en un double CD du Palais des Dégustateurs _ du cher Eric Rouyer…

22nov

Cela fait déjà quelque temps que j’ai reçu l’envoi du cher Éric Rouyer du « Valentin Silvestrov Boris Berman« , soit le double CD PDD030 du Palais des Dégustateurs, sans avoir osé, jusqu’ici , seulement l’écouter une première fois :

tant me retenait l’intuition d’avoir à faire là l’expérience de découvrir rien moins qu’un continent majeur de la création musicale contemporaine ;

au milieu de diverses activités prenantes qui ne me laissaient pas assez, à mon goût, le loisir de m’y prêter avec assez de la disponibilité qui m’apparaissait nécessaire pour une parfaite qualité d’écoute-découverte assez respectueuse de ce que j’allais ainsi enfin rencontrer…

Et de fait, je continue d’attendre encore un peu d’obtenir enfin cette qualité de pleine disponibilité pour recevoir comme il le faut pareille fête rare de découverte…

Mais voici qu’un tout récent article de ResMusica, en date du 18 novembre dernier, et sous la plume de Jean-Luc Caron, en l’espèce d’un article intitulé « Le piano de Boris Berman à découvrir et savourer dans Silvestrov et Brahms« , vient un peu débroussailler mes approches de ce terrain, de cette fête musicale à venir très prochainement.

Enfin ! Il aura fallu attendre si longtemps pour que l’art du pianiste russe Boris Berman soit dignement présenté _ en concert du moins, car en CDs, Éric Rouyer s’y est déjà fort bien employé… _ en France.

Après le concert mémorable offert au public de la salle Cortot à Paris le 22 octobre dernier, le Palais des Dégustateurs nous propose deux enregistrements à ne manquer sous aucun prétexte tant l’artiste nous y dévoile ses interprétations solides, sincères et brillantes consacrées à Johannes Brahms et à Valentin Silvestrov. Deux univers dissemblables mais réconfortants lorsque l’on songe combien chaque créateur peut et doit trouver sa place dans le cœur des mélomanes de tous bords.

Le volume consacré à Brahms se situe autour de la variation. Thème avec Variations, un arrangement du deuxième mouvement du Sextuor à cordes op. 18 (1860) du natif de Hambourg, offert à son impossible amour Clara Schumann, est parfaitement décortiqué par Berman qui garde le cap entre la rigoureuse lecture respectueuse et les intonations personnelles, amplifiant le charme du discours. La dextérité technique du pianiste et sa recherche d’une vision ou d’un supplément d’âme le positionne parmi les interprètes les plus précieux. Pas question cependant de sombrer dans quelque pathos inadéquat comme le démontre son extraordinaire vélocité dans les Variations sur un thème original et les Variations sur un thème hongrois (qui au passage n’en est pas un) parties de l’opus 21 composé en 1857. Il y révèle sa maîtrise de l’architecture, de l’enchaînement et du raffinement, qualités que l’on retrouve logiquement dans un arrangement pour la main gauche de la fameuse Chaconne en mineur de Jean-Sébastien Bach. La séance s’achève avec l’Allegro con espressione (dit Albumblatt) datant du tout début de la carrière de Brahms où se perçoit déjà son habileté à se singulariser entre une écriture ferme et l’expression d’une émotion non masquée.

Le double CD consacré à l’œuvre pour piano seul de l’Ukrainien Valentin Silvestrov, 85 ans, et récemment exilé en Allemagne en raison de la guerre russo-ukrainienne, consacre un catalogue, somme toute hétérogène au regard de l’évolution stylistique générale mais parfaitement justifiable si l’on considère chaque œuvre individuellement. A l’instar de nombre de ses contemporains, Silvestrov a initialement composé des pièces avant-gardistes avant d’évoluer peu à peu vers une manière de néoromantisme pour atteindre finalement un langage dépouillé mais puissamment riche en suggestions et réflexions. Boris Berman qui connait personnellement Silvestrov et qui a travaillé avec lui les pièces de cet album a bénéficié de ses commentaires et souhaits.

Le dernier opus composé à Berlin en mars 2022 a été travaillé en présence du compositeur et créé par Boris Berman tout récemment. Les Trois Pièces qui le composent, Elégie, Chaconne et Pastoral, illustrent parfaitement la dernière manière de Valentin Silvestrov.

Une pièce antérieure datant de 1977, et baptisée Kitsch-Music, affiche un franc attachement aux grandes lignes de l’histoire classico-romantique, tonale et euphonique qui ont illustré le XIXe siècle occidental principalement. C’est tout simplement beau et l’émotion et les sentiments l’emportent sur les considérations novatrices.

En remontant encore dans le temps, des pièces comme Triade (1962) et Elegy (1967) confirment une certaine sécheresse, un rejet de la consonnance et une volonté assumée de refouler l’héritage d’un passé lointain.

Entre ces extrêmes esthétiques, Silvestrov a exploré un certain entre-deux beaucoup plus expressif et sage, mais néanmoins d’immense qualité avec sa Sonate 1 (1975) et sa Sonate 2 (1977). Elles recèlent de magnifiques et individuelles pages.

Un tel parcours, on l’a dit, concerne d’innombrables compositeurs issus de toutes les latitudes.

Boris Berman, à n’en point douter, avec son jeu solidement teinté de perspicaces nuances, défend merveilleusement et généreusement ce parcours exceptionnel, qui, on peut l’espérer, devrait éveiller l’intérêt de nombreux mélomanes curieux.

Johannes Brahms (1833-1897) :

Thème avec variations (arrangement du Sextuor à cordes op. 18, mouvement I) ; Variations sur un thème original op. 21 n° 1 ; Variations sur une chanson hongroise op. 21 n° 3 ; Chaconne de J.S. Bach, arrangée pour la main gauche seule ; Allegro con espressione (« Albumblatt »). Boris Berman, piano. 1 CD Palais des Dégustateurs. Enregistré au Couvent des Jacobins, Beaune (France) du 5 au 7 décembre 2021. Notice en français et anglais. Durée : 56:55

Valentin Silvestrov (né en 1937) :

Triade ; Elegy ; Sonate n° 2 (CD 1) ; Kitsch-Music ; Postludium op. 5 : Cinq Pièces op. 306 ; Trois Pièces (CD 2). Boris Berman, piano. 2 CD Palais des Dégustateurs. Enregistrés du 6 au 9 juin 2022 au Couvent des Jacobins, Beaune (France). Notice en français et anglais. Durée totale : 103:27

Une approche un peu trop factuelle et un peu trop sèche à mon goût ; et qui ne risque pas d’influencer ma découverte-écoute à venir…

Mais c’est du moins, et au moins, comme un appel à oser enfin pareille découverte-écoute de ce continent Silvestrov…

Ce mardi 22 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur