Par Catherine Debray
Publié le 25/08/2020
Mis à jour le 26/08/2020

VIDEO – Micheline Banzet-Lawton _ née à Paris le 18 novembre 1923 _ s’est éteinte le week-end dernier _ le samedi 22 août _ à l’âge de 97 ans à Bordeaux, elle avait participé à la fondation de France Musique et percé le petit écran aux côtés de Maïté dans La cuisine des Mousquetaires 

Une femme hors normes, une existence hors du commun. Ainsi fut la vie de Michèle Banzet-Lawton dont le grand public connaît le visage et la voix pour cet immortel et drôlissime duo qu’elle composa avec Maïté dans une émission culte de France 3 (1983 1999) La Cuisine des Mousquetaires. Cette Bordelaise érudite _ et éminente mélomane _ s’est éteinte le week-end dernier dans sa ville d’adoption à l’âge de 97 ans.

"La cuisine des mousquetaires". de gauche à droite Micheline Banzet-Lawton, Pierre Bellot et Maïté
« La cuisine des mousquetaires« . de gauche à droite Micheline Banzet-Lawton, Pierre Bellot et Maïté

 Journaliste mélomane 

Hôtesse remarquable qui n’ignorait rien de la grande cuisine française et à qui l’éducation et la culture n’ont pas manqué, Micheline, jeune parisienne bien née _ son père, Paul Banzet (1896 – 1960) était un grand chirurgien ; et sa mère, Marie-Hélène (1898 – 1962) était une Peugeot _, avait montré tôt un don pour le violon, rêvant de concerts. Dans le brouhaha de la guerre, le destin prit la forme d’un amour _ ils se sont mariés le 6 avril 1946 _, un jeune Bordelais nommé _ Hubert _ Cruse _ 19 mars 1920 – 26 août 1950 _ parti rejoindre en Espagne les troupes de la France Libre et  dont elle aura trois enfants _ Didier, né en 1947, Jean-Paul, né en 1948, et Claire, née en 1950.  Veuve très jeune _ le 26 août 1950, elle n’a pas 27 ans _, celle qui accueillit à Bordeaux Chaban, puis plus tard Juppé, décida alors que son avenir tiendrait en deux mots : journaliste mélomane.

C’est ainsi qu’elle co-fonda France Musique dont elle produisit pendant 35 ans des émissions aujourd’hui gravées dans la mémoire radiophonique. Son rendez-vous dans  les années 50 et 60 s’intitulait « Trois jours avec » : elle y recevait les plus grands de Karajan à la Callas dont elle réalisa la dernière interview avant de lui consacrer en 2007 un livre d’entretiens _ Trois jours avec Maria Callas. Personnalité bordelaise et parisienne, pétillante  et sachant gouverner sans hésitation son monde, Micheline Banzet-Lawton avait en second mariage _ le 7 juillet 1956 _ épousé un autre Bordelais et résistant Hugues Lawton _ 6 octobre 1926 – 1er février 1999 _, dont elle eut un fils Pierre Lawton _ né en 1958 _ toujours à la tête de cette historique maison de négoce.

Micheline Banzet-Lawton avait su faire profiter Bordeaux et Biarritz de l’incroyable réseau _ oui ! _ de concertistes classiques qu’elle côtoyait, tutoyait et écoutait à l’infini. Elle avait participé à la fondation _ en 1950 _ du Mai Musical de Bordeaux qui réveilla la Belle endormie, comme à la création du festival Musiques en côte de basque _ créé en 1960, l’année du tricentenaire du mariage de Louis XIV et de l’Infante Marie-Thérèse à l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz.
« Cette féministe qui ignorait le mot de féministe« , rapporte un proche, avait proposé à France 3 cette idée d’un tandem de femmes pour évoquer la cuisine gasconne, « une sorte de duo à la Laurel et Hardy ».

C’est à Rion, dans les Landes, que son comparse et ami Alain Pujol avait déniché la Rabelaisienne Maïté _ Marie-Thérèse Ordonez. On sait  la suite : Micheline et Maïté, parfaits contraires dans le rôle du faire-valoir et du surjoué, du chant et contre-chant, ont trucidé ensemble pléthore de canards à l’écran pendant 15 ans. Micheline s’est éteinte, elle qui mettait autant d’humanité _ hautement et humblement cultivée _ à accompagner Maïté qu’à interviewer la Callas.