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Ré-écouter en continu le puissamment charmeur et envoûtant « El Dorado » de John Adams (de 1991), dans l’enregistrement de Kent Nagano (en 1993, pour Nonesuch), en suivant aussi les analyses qu’en donne, avec admiration et lucidité tranquille, Karol Beffa en son passionnant et très riche « L’Autre XXe siècle musical » : pour contribuer à cerner l’idiosyncrasie de sa puissante imageance à travers les inventives hybridations de ses compositions…

10juil

Ce dimanche matin, et comme pour saluer le très beau temps et la chaleur californienne promise et à venir,

je mets sur ma platine le magique et troublant « El Dorado » de John Adams , en 1991,

tel qu’interprété par le Hallé Orchestra sous la direction de Kent Nagano, en un superbe enregistrement en juillet 1993, à Manchester _ soit le CD 14 du superbe merveilleux coffret de 40 CDs de l’Intégrale Nonesuch 075597932294 de nouveau disponible ! Quel trésor ! _,

en suivant aussi les pages d’analyse que lui consacre Karol Beffa, aux pages 181 à 200, de son indispensable « L’Autre XXe siècle musical »

_ cf aussi la vidéo de mon très détaillé entretien avec Karol Beffa, sur ce livre, à la Station Ausone (de la librairie Mollat) à Bordeaux, le vendredi 25 mars dernier, accessible aussi en mon article du 7 avril suivant : « « 

Outre son talent, d’abord, bien sûr, de compositeur, mais aussi, ensuite, d’interprète (au piano, ou à la direction d’orchestre), ainsi, encore, que d’enflammé improvisateur au piano,

Karol Beffa est un magnifiquement compétent écouteur-mélomane ainsi qu’analyseur merveilleusement fin de musique,

et un très efficace partageur _ communiquant et pédagogue _ de tout cela !

Que de talents réunis _ et si efficacement inter-connectés _ en ce très remarquablement sur-doué de la musique !!!

Ce n’est donc peut-être pas tout à fait un hasard, si, pour Marcel Bluwal et la télévision, en 1982, le petit Karol Beffa, âgé alors de 8 ans, a interprété le rôle de l’enfant Mozart _ écouter ici son témoignage rétrospectif là-dessus le 13 novembre 2020 sur France-Musique…

Bien sûr, jouir de la musique de l' »El Dorado » de Johns Adams, ne passe pas nécessairement, et loin de là (!), par la lecture de l’analyse que sait si finement en donner Karol Beffa.

Et il est même très fortement déconseillé de commencer par là !

La jouissance de la musique est d’abord une délectation de la sensibilité la plus ouverte et accueillante à l’inouï, et impromptue qui soit…

L’analyse compétente et sereine _ dénuée de pathos _ n’est en quelque sorte qu’un luxe supplémentaire pour une écoute peut-être un peu plus affinée _ mais ce n’est même pas sûr : à chacun de savoir aussi la transcender en son écoute la plus sensible et ouverte possible de la musique rencontrée… _, tel celui d’une belle cerise sur un surtout très délicieux gâteau…

Voilà :

découvrir et arpenter tout l’œuvre enregistré sur disques, ici pour Nonesuch, de John Adams, à défaut de l’écouter live au concert, est une chance à saisir désormais bien plus accessible.

Et, oui, John Adams est bien un compositeur admirable de cet « autre XXe siècle musical » un moment discrédité,

qui se situe, en sa création éminemment singulière, et nécessairement hybride aussi, tout à fait dans la lignée des grâces somptueuses d’un  Debussy et d’un Ravel, notamment _ en ce chapitre « El Dorado » de son livre, c’est à trois reprises, pour Debussy, et quatre reprises, pour Ravel, que Karol Beffa évoque ces noms pour les relier au plus intime de l’œuvre si puissamment charmeur et envoûtant, en son idiosyncrasie propre, de John Adams…

Cet article-ci de ce dimanche matin

prolonge celui du mercredi 30 mars dernier « « , qui permettait d’accéder aux podcasts des écoutes de la partie I (« The Machine in the Garden« , 12′ 40), et la partie II (« Soledades« , 16′ 09), de l’ « El Dorado » de John Adams en ce même enregistrement pour Nonesuch, sous la direction de Kent Nagano, à Manchester, en juillet 1993

Ce dimanche 10 juillet 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’hommage à Berlioz, décédé il y a 150 ans ce 8 mars : l’Intégrale Warner Classics de sa musique en 27 CDs

08mar

En hommage au grand Hector Berlioz,

décédé le 8 mars 1869,

ce superbe coffret Warner Classics

de cette (presque) intégrale de son œuvre,

dont rend très bien compte cet article fouillé de Christophe Le Toquin

La Première Intégrale Berlioz, enfin !

qui lui rend hommage,

sur le site de Res Musica :

LA PREMIÈRE INTÉGRALE BERLIOZ, ENFIN !



Hector Berlioz (1803-1969) : The Complete Works.
CD 1 à 5 – Œuvres orchestrales et instrumentales :

Symphonie fantastique ; Lélio, ou le Retour à la vie ; Roméo et Juliette ; Harold en Italie ; Grande symphonie funèbre et triomphale ; Le Carnaval romain ; Le Corsaire ; Le Roi Lear ; Les Francs-Juges ; Marche troyenne ; Rêverie et caprice ; Rob-Roy, intrata di Rob-Roy MacGregor ; Waverley ; 2 Fugues ; Trois morceaux pour l’orgue mélodium d’Alexandre


CD 6 à 12 – Œuvres vocales et chorales :

La Damnation de Faust ; Amitié, reprends ton empire ; Aubade ; Canon libre à la quinte ; Chansonnette de Mr Léon de Wailly ; Chant des chemins de fer ; Cléopâtre ; Herminie ; Huit scènes de Faust ; Irlande (Neuf mélodies) ; Je crois en vous ; Je vais donc quitter pour jamais ; La belle Isabeau ; La Captive ; La Mort d’Orphée ; La Mort d’Ophélie ; Le Ballet des ombres ; Le Chant des Bretons ; Le Chasseur danois ; Le Cinq mai ; Le Dépit de la bergère ; Le jeune pâtre breton ; Le Maure jaloux ; Le Montagnard exilé ; Le Temple universel ; Le Trébuchet ; Les Champs ; Les Nuits d’été (2 versions) ; L’Impériale ; Marche funèbre pour la dernière scène d’Hamlet ; Méditation religieuse ; Nocturne à deux voix ; Pleure, pauvre Colette ; Prière du matin ; Sara la baigneuse ; Sardanapale ; Scène héroïque (La Révolution grecque) ; Toi qui l’aimas, verse des pleurs ; Vox populi ; Zaïde


CD 13 à 17 – Musique sacrée :

Grande Messe des morts ; L’Enfance du Christ ; Te Deum ; Hymne pour la consécration du nouveau tabernacle ; Messe solennelle ; Quartetto e coro dei maggi ; Tantum ergo sacramentum ; Veni Creator Spiritus


CD 18 à 26 – Œuvres de scène :

Béatrice et Bénédict ; Benvenuto Cellini ; La Nonne sanglante (fragments) ; Les Troyens


CD 26 : Arrangements et orchestrations :

Claude Joseph Rouget de Lisle : Chant du Neuf Thermidor , Hymne des Marseillais (La Marseillaise) ;

Carl Maria von Weber : L’Invitation à la valse ;

Jean-Paul-Égide Martini : Plaisir d’amour ;

Franz Schubert : Erlkönig (version pour orchestre)


CD 27 : Enregistrements pionniers :

Air de Méphistophélès « Voici des roses » et Sérénade de Méphistophélès « Devant la maison », Maurice Renaud baryton.

Air de Didon : « Chers Tyriens, tant de nobles travaux », Marie Delna, soprano.

Air de Didon : « Adieu, fière cité », Félia Litvinne soprano
Symphonie Fantastique : Orchestre des Concerts Pasdeloup, direction Rhené-Baton


Interprètes :

Bruno Messina, Colin Davis, Véronique Gens, Alexandre Tharaud, Anna Caterina Antonacci, Charles Munch, City of Birmingham Symphony Orchestra, Daniel Kawka, Désiré Dondeyne, Donald McInnes, Elsa Dreisig, François-Xavier Roth, Janet Baker, Jean Martinon, Jeff Cohen, John Eliot Gardiner, John Nelson, John Osborn, Josephine Veasey, Joyce DiDonato, Leonard Bernstein, Les Éléments, Louis Frémaux, Mark Van Arsdale, Michael Spyres, Nicolai Gedda, Orchestre de Paris, Orchestre national de France, Orchestre national de l’ORTF, Roberto Alagna, Sabine Devieilhe, Stanislas de Barbeyrac, Stéphanie d’Oustrac, Terry Gilliam, Thomas Hampson, Vincent Le Texier, Yves Chauris, Jon Vickers


1 coffret Warner Classics de 27 CDs, enregistrés entre 1901 et 2018. Durée : 31 h 20

Warner Classics met un terme à une trop longue attente en éditant la première intégrale Berlioz (du moins de ses œuvres musicales _ ses écrits ont eux aussi un très grand intérêt ! _), pour les 150 ans de la disparition du compositeur, le 8 mars 1869. Et c’est une grande réussite, avec des inédits et à prix très doux.


Commençons par ce qui peut paraître accessoire mais qui à notre sens signifie beaucoup. Ce coffret édité par une major prend le soin de remercier des figures qui pour être non musicales contribuent à la légende berliozienne, et en premier lieu Michel Austin et Monir Tayeb, animateurs infatigables du site quasi-encyclopédique hberlioz.com et grands défenseurs du compositeur devant l’Éternel. Également dans la liste des premiers remerciés, on notera avec approbation la mention d’Antoine Troncy qui au Musée Hector-Berlioz conserve de précieuses archives sur le compositeur et réalise année après année des expositions au goût parfait.

En remerciant également de manière appuyée le Festival Berlioz et Véronique Gens pour avoir accepté que leur premier enregistrement mondial des extraits de la Nonne sanglante (35 minutes de musique) soit édité dans ce coffret, l’éditeur met en lumière que non, enfin, Berlioz n’est plus un réprouvé en son propre pays _ la France. Le Festival Berlioz à La Côte Saint-André animé par Bruno Messina est aujourd’hui le plus couru des festivals d’orchestre en France, l’Opéra de Paris programme Berlioz consciencieusement – certes avec des fortunes diverses – et sa musique est actuellement brillamment défendue par plusieurs générations d’interprètes qui ne cèdent en rien aux grands disparus, les Charles Munch, Colin Davis, Josephine Veasey, Nicolai Gedda… Berlioz s’exclamait auprès de sa sœur Adèle en 1858 qu’il fallait « donc vivre deux cents ans pour pouvoir se faire connaître en France, quand on est compositeur ». Là aussi, il était visionnaire. Même sa panthéonisation est officiellement défendue par ses pairs de l’Académie  auprès du Président de la République.

Sur le plan du choix des interprètes et des versions, Warner a la main heureuse en héritant des fonds Erato, EMI et Virgin Classics et arrive ainsi à créer une intégrale de grande qualité, riche en musiciens français _ nous le notons _, que ce soit sur le plan orchestral et vocal, à la direction comme à l’interprétation. Si on a pu souvent et à juste titre déplorer l’internationalisation des labels et des équipes amenant une perte d’identité, ce coffret apporte un beau démenti aux déclinistes. Produit par un label mondial, il met en valeur les talents d’hier et d’aujourd’hui et offre un panorama passionnant _ dont acte _ de l’interprétation berliozienne des cinquante dernières années.

Dans les must de cette intégrale, on peut ranger les trois opéras, tous signés John Nelson ainsi que l’Enfance du Christ et la Messe Solennelle signés John Eliot Gardiner. Les Benvenuto Cellini  (Clef ResMusica, Virgin) et Béatrice et Benedict (Erato) sont les meilleures versions au disque _ dont acte _, plus vivantes et naturelles que les versions pionnières de Colin Davis qui ont longtemps tenu le haut du pavé (Philips). S’il y a concurrence, c’est en DVD qu’on la trouvera, pour la Béatrice de référence de Stéphanie d’Oustrac à Glyndebourne (Opus Arte) et la mise en scène survitaminée du Benvenuto Cellini de Terry Gilliam avec l’excellent John Osborn en Benvenuto (Naxos).
Pour Les Troyens, le coffret intègre la version toute récente et multi-récompensée  de John Nelson avec Joyce DiDonato et Michael Spyres (Clef d’Or ResMusica, Erato). Une version superbe d’engagement _ voilà ! _ à ranger à côté des deux gravures de Sir Colin Davis, celle de 1969 pour Philips pour le duo de Josephine Veasey et Jon Vickers, et celle enregistrée sur le vif en 2000 pour son urgence dramatique et son feu orchestral. En DVD, la concurrence vient de la Cassandre incandescente d’Anna Caterina Antonacci (Opus Arte) en 2003 au Châtelet.

Un mérite essentiel de ce coffret est d’offrir plusieurs enregistrements en première mondiale dont la plus importante est celle de la Nonne sanglante captée l’été dernier avec Véronique Gens, Mark van Arsdale et Vincent Le Texier, avec l’orchestre OSE ! dirigé par Daniel Kawka. On se demande comment on a pu attendre aussi longtemps pour disposer d’un enregistrement, alors que l’œuvre a toujours été connue et avait été conservée par Berlioz qui avait noté de la brûler après sa mort (une coquetterie dont il était coutumier, il s’était bien gardé de la brûler lui-même). Créée probablement dans les années 1960 en Angleterre selon Michel Austin et Monir Tayeb, elle dut attendre 2007 pour sa création française au Festival de Radio France à Montpellier. On y découvre un Berlioz qui tente d’amadouer le public et l’Opéra de Paris en travaillant avec le librettiste à succès Eugène Scribe et en composant dans un style très bel canto, dont l’intensité dramatique culmine dans les duos et l’air d’Agnès. Mais Berlioz n’est jamais aussi bon que lorsqu’il laisse libre court à sa fantaisie _ voilà _, et là on le sent contraint par le goût lyrique de l’époque. La partition de la fin du second duo d’Agnès a été arrachée par Berlioz et le musicologue Hugh MacDonald a pu démontrer que la conclusion avait été reprise dans le duo où Cassandre conjure Chorèbe « Pars ce soir ! », qui est la culmination et le moment de génie de ce fragment. Cette Nonne sanglante est mieux qu’un projet inabouti, elle révèle les tourments d’un artiste _ libre et courageux _ qui réalise qu’il fait fausse route en se conformant aux attentes dominantes de son époque.


Autre première mondiale, Le Dépit de la bergère par Elsa Dreisig et Jeff Cohen au piano est une charmante romance qui est émouvante à double titre, parce qu’elle a été écrite par un compositeur de 16 ans et qu’on reconnaîtra une signature dans la sicilienne de Béatrice et Benedict, sa dernière œuvre d’importance. Comme un hommage du vieil homme fidèle à la fièvre du jeune homme.

Si les deux fugues pour orgue composées pour le Prix de Rome n’ont d’intérêt que documentaire, l’orchestration du Temple universel (1861) par Yves Chauris est une heureuse initiative de François-Xavier Roth, car c’était un projet auquel Berlioz tenait sans avoir trouvé l’énergie de l’accomplir. Avec le Chant des chemins de fer de 1846, ces pièces méconnues montrent un Berlioz apôtre qui rêve d’un monde meilleur avec cet appel visionnaire et qui devra peut-être attendre encore longtemps : « Embrassons-nous par-dessus les frontières, L’Europe un jour n’aura qu’un étendard ». Dix ans plus tard, Napoléon III déclenchait une guerre catastrophique contre l’Allemagne…

Si les opéras et ces nouveautés ne suffisent pas _ à susciter la démarche d’achat _, il y a encore une excellente raison d’acquérir ce coffret, qui est la possibilité de pouvoir embrasser d’un geste _ c’est judicieux _ les œuvres méconnues, cantates du Prix de Rome, mélodies et romances, ouvertures, œuvres de jeunesse rejetées parce que fécondantes d’œuvres de maturité (Huit scènes de Faust, Messe Solennelle, Scène héroïque qui préfigure Les Troyens). David Cairns, auteur de la notice du livret de 164 pages, ouvre son propos sur le corpus des mélodies, et il a bien raison. Ce n’est certainement pas le volet le mieux connu de Berlioz, et cette musique sera une découverte passionnante _ tant mieux ! _ pour les mélomanes. Pour aider à mieux goûter ces pièces variées, on ne saurait trop recommander de se procurer le guide Berlioz de B à Z de Pierre-René Serna (Van de Velde, Clef ResMusica), qui analyse chaque œuvre avec beaucoup de finesse et dans une écriture accessible.

Pas de vraie faiblesse dans ce coffret hormis peut-être les Nuits d’été par Gardiner/Orchestre de l’Opéra de Lyon (Apex) avec différents interprètes, mais la version de Janet Baker et Barbirolli (EMI) est également proposée, et elle est un classique _ oui ! La Damnation de Faust de la version Nagano (Erato) disposait d’un superbe casting, mais elle est moins incarnée et flamboyante que par Munch, Markevitch ou Colin Davis _ dont acte. Roméo et Juliette par Muti (EMI) sonne magnifiquement, mais cela ne suffit pas, et Colin Davis, Ozawa et tout dernièrement Tilson Thomas (SFS Media, Clef ResMusica) dominent _ nous le notons. Le Te Deum par John Nelson et l’Orchestre de Paris, la Symphonie Fantastique et Lélio par Jean Martinon et l’Orchestre national de l’ORTF, Harold en Italie par Leonard Bernstein avec l’Orchestre national de France et l’altiste Donald McInnes (rééditée récemment dans un coffret Warner Berstein/ONF) ne comptent pas parmi les références, mais elles offrent un aperçu intéressant des orchestres français.

Quelques regrets _ nous y voilà _ :

La Belle voyageuse n’est proposée qu’en version pour piano (certes par Thomas Hampson, mais on est loin des sortilèges de la version orchestrée) et la Grande symphonie funèbre et triomphale n’est proposée que dans la version initiale pour instruments d’harmonie (certes dans la version historique et savoureuse de la Musique des Gardiens de la paix dirigée par Désiré Dondeyne).

Le dernier disque est consacré aux stars de l’époque, ainsi du baryton Maurice Renaud, né à Bordeaux en 1861 et enregistré en 1901 dans deux airs de La Damnationau sommet de ses moyens. Les voix de femmes sont plus difficiles à nos oreilles contemporaines, et c’est curieusement Didon qui retenait l’attention à l’époque. Quoique, cela peut s’expliquer car Marie Delna avait été découverte en 1892 dans le rôle de Didon donné à l’Opéra Comique, elle n’avait alors que 17 ans (!) et avait stupéfié le tout Paris. On l’entend en 1903 dans « Chers Tyriens, tant de nobles travaux« . La gravure de Félia Litvinne en 1904 dans « Adieu, fière cité » pose une énigme sur le plaisir que pouvaient retirer les mélomanes de l’époque. L’honneur du tout premier enregistrement de la Fantastique revient à l’Orchestre des Concerts Pasdeloup dirigé par Rhené-Baton dans une instrumentation corrigée (réduction des percussions et en particulier des cymbales), et il bénéficie des bons soins du Studio Art & Son d’Annecy. Berlioz, si attentif au son et aux progrès techniques, aurait été émerveillé et impatient des compromissions imposées par la technique.

Finissons par les coups de cœur _ c’est toujours intéressant ! _, choix forcément subjectifs.

Pour les voix, tout Véronique Gens (, La Captive, Zaïde _ oui ! _), Sabine Devieilhe accompagnée par Alexandre Tharaud (La Mort d’Ophélie, d’un impact supérieur à la version pour chœur qui n’est d’ailleurs pas proposée _ c’est dommage… _ dans le coffret), Roberto Alagna dans le Te ergo quaesumus du Te Deum, Janet Baker _ magnifique _  en Herminie (avec Colin Davis, issue de son fameux cycle Berlioz chez Philips) et Stanislas de Barbeyrac dans le Roi des Aulnes en version orchestrée. Pour les chœurs, le Requiem par Louis Frémaux et les forces du City of Birmingham Symphony Orchestra sera une vraie découverte pour beaucoup, dont l’importance avait à juste titre été soulignée par Michel Tibbaut à l’occasion du coffret Warner consacré au chef _ Louis Frémaux _ et à l’orchestre _ de Birmingham. On ne voudra pas non plus passer à côté du court Ballet des ombres avec le Chœur Les Éléments, que Berlioz réutilisera dans Benvenuto et Roméo et Juliette

Un coffret à la hauteur des espérances _ fort bien !!! _ nées d’une si longue attente.

Un événement discographique d’importance, par conséquent !


Ce vendredi 8 mars 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

La magique incarnation couperinienne de Carole Cerasi en son enregistrement de l’intégrale (10 CDs) des Pièces pour clavecin de François Couperin

26jan

Après avoir inauguré mon écoute

par les 3 CDS n°4, n°5 et les 2/3 du CD n°6

du coffret Metronome

de l’intégrale des Pièces pour clavier

de François Couperin (1668 – 1733),

qui comportaient les Ordres six à douze du Deuxième Livre de Pièces de clavecin (de 1717),

dans l’interprétation magistrale de Carole Cerasi

_ comme je m’en expliquais en mon article d’avant-hier : ,

en suivant les conseils très judicieux, comme je l’ai bien expérimenté !, de Jean-Charles Hoffelé… _

j’ai passé ces deux jours-ci à poursuivre mon écoute _ encore mieux qu’enchantée ! _,

par les sept autres CDs et 1/3

des Pièces de clavecin

du Troisième Livre (de 1722) _ comportant les Ordres treize à dix-huit _,

du Quatrième (et dernier) Livre (de 1730) _ comportant les Ordres dix-neuf à vingt-sept _ ;

et enfin du Premier Livre (de 1713) _ comportant les Ordres premier à cinq _ ;

ainsi que des huit Préludes et de l’Allemande de L’Art de Toucher le Clavecin (de 1716).

Eh ! bien, cette réalisation discographique _ en 10 CDs, chez Metronome _ de Carole Cerasi

est un événement extrêmement important musicalement :

les merveilles musicales succèdant au merveilles musicales ;

et François Couperin (1668 – 1733) nous apparaissant, rien qu’en cette musique de clavecin,

comme un compositeur égal

à Bach (1685-1750) ou à Rameau (1683 – 1764) !

Et à Domenico Scarlatti (1685 – 1757) _ lui, avare de titres sur ses si aventureuses, fastueuses et toujours brèves, pour lui aussi, étourdissantes sonates !!! _,

ses contemporains d’à peine d’une génération plus jeunes par l’âge !

Pas moins !

Tout en finesse et intimité

_ en son extraordinaire confondante variété ! _ ;

et, de fait, chez lui, rien n’est jamais ni attendu, ni mécaniquement prévisible, non ;

tout est toujours ravissante et tendre et douce éminemment touchante surprise !..

Et François Couperin inaugure aussi,

en ce premier tiers du XVIIIème siècle

_ je rappelle les dates de ses publications : 1713, 1716, 1717, 1722, 1730 _,

une expression radieuse

_ pudique et humble, sans esbroufe ni hyperbole ; mais avec infiniment d’esprit, de tact et de goût ! _

de l’intimité du vécu et du ressenti

_ ainsi que du pensé et de l’imaginé-fantasmé, ou tendrement rêvé ;

mais sans narcissisme aucun, ni complaisance envers soi :

c’est vers l’altérité toujours, et en son mystère, qu’il se penche,

en cette sorte de journal noté de sa fantaisie, au fil des jours et des rencontres impromptues advenant…

tant dans le dessin _ à la pointe hyper-fine : somptuosité des détails, quelle merveille ! _,

et les couleurs _ raffinées selon d’infinies subtiles nuances : les plus justes qui soient _,

du monde perçu _ proche, intime, comme un peu plus éloigné, aussi _ par lui,

que dans la manifestation de ce que lui, idiosyncrasiquement, éprouve,

ou s’invente

_ en peinture, on dirait que sa fantaisie vagabonde entre les parcs de Watteau et les intérieurs de Chardin.

Tel presque un prédécesseur _ en sa promenade _

et de l’Empfindsamkeit (d’un CPE Bach)

ainsi que du Romantisme à venir :

et cela, en une forme brève

_ sans que rien jamais pèse, ni encore moins pose… _

parfaitement classique

du Baroque français !

Et des goûts réunis

_ et parfaitement conciliés : ceux de Lully et Corelli… 

Ce samedi 26 janvier 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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