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Musiques de joie : la joie du Concerto italien, de Jean-Sébastien Bach, par Benjamin Alard, ou Pierre Hantaï

21mai

J’avais dans l’idée de poursuivre

par Johann-Sebastian Bach

ma série d’écoute de Suites à la française pour l’orchestre,

selon la pratique festive inaugurée par l’ami Telemann, à Leipzig, au Café Zimmermann…
Mais la joie bachienne me paraît bien moins festive et jubilatoire,
au moins dans le style français de ces Suites pour orchestre,
que la joie ouverte telemannienne :
ainsi les interprétations, pourtant excellentes, des 4 Ouvertures BWV 1066-1069,
tant par le Café Zimmermann de Pablo Valetti et Céline Frisch
que par le Zefiro d’Alfredo Bernardini (et des frères Grazzi),
ne m’enthousiasment-elles pas autant
que les si déliées et délurées et tellement festives Ouvertures de l’ami Telemann,
telles qu’interprétées par Zefiro dans le CD Arcana A 371...
Serait-ce le style français qui convient moins bien à Bach ?
Je change donc mon fusil d’épaule ;
et me tourne, chez Bach, vers son emploi du style italien,
qui me paraît lui convenir mieux que le style français :
et j’opte pour la fantaisie plus accomplie du Concerto italien en Fa Majeur BWV 971.
Soit dans l’interprétation de Benjamin Alard, dans le CD Alpha 180, en 2011 ;
soit dans celle de Pierre Hantaï, dans le CD Mirare MIR 251, en 2014…
Ce vendredi 1er mai 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : et de Bach, quoi choisir ? Les Goldberg ! et par le Trio Zimmermann, par exemple…

25mar

Et du grand Bach lui-même

(Eisenach, 21 mars 1685 – Leipzig, 28 juillet 1750)

quoi choisir

pour ces Musiques de joie ?

_ même si, et bien sûr il faudra y méditer, la joie-Bach diffère de la joie-Monteverdi, et de la joie-Mozart, et de la joie-Zelenka, etc.

Les joies des plus grands sont idiosyncrasiques ! Et « le style, c’est (alors, et alors seulement…) l’homme même« pour reprendre le mot de Buffon en son petit Traité du style ;

là-dessus, cf mon article du 26 octobre 2016 : 


Et si j’opte _ pour ce qui me concernepour la joie _ tellement radieuse ! _ des _ profanes, et non sacrées _ Variations Goldberg,

quelle interprétation choisir,

qui soit quelque chose comme un summum de la jubilation _ en l’occurrence bachienne _, en CD ?

C’est bien difficile…

Je pense par exemple aux 2 merveilleuses versions qu’en a données jusqu’ici Pierre Hantaï

_ en 1993, chez Opus 111 (CD OPS 30-84), et en 2003, chez Mirare (CD MIR 9945)…

Mais pourquoi pas aussi

la jubilatoire transcription pour 3 instruments _ un violon, un alto et un violoncelledu Trio Zimmermann

_ Frank Peter Zimmermann, Antoine Tamestit et Christian Poltéra _

du CD Bis 2347 SACD, en 2019

_ cf mes articles des 10 mai et 4 juillet 2019 :  et

Dans tous les cas,

l’œuvre même _ ces Goldberg _

est un sommet _ et inépuisable _ de la jubilation !

Ce mercredi 25 mars 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le Bach de Benjamin Alard justement reconnu

17juin

Ce jour,

sur son excellent site Discophilia,

Jean-Charles Hoffelé nous donne un bel article

intitulé JSB : univers claviers 

àpropos des deux premiers coffrets de CDs 

que Benjamin Alard consacre à l’intégrale _ qui débute _ des œuvres pour claviers _ au pluriel ! _

de Jean-Sébastien Bach,

chez Harmonia Mundi.

Et rejoint en quelque sorte les articles que j’ai mis en ligne ici même

en hommage à ce superbe travail musical et discographique en cours :

le 13 avril dernier :

le 22 avril 2018 :

le 30 mars 2018 :

le 19 février 2012 :

Voici donc l’article de ce jour de Jean-Charles Hoffelé :


JSB : UNIVERS CLAVIERS

Les grands anciens, Helmut Walcha, Gustav Leonhardt, détestaient l’idée de spécialisation dans leur pratique instrumentale. Ils se proclamaient claviéristes, à l’aise aux buffets des orgues comme devant l’univers secret du clavecin. Benjamin Alard a toujours procédé comme eux, fait plutôt rare dans sa génération où côté baroque, les clavecinistes l’ont emporté sur les organistes _ Benjamin Alard n’a-t-il pas débuté son travail de claviériste sur l’orgue d’Arques-la-Bataille ?


Mais s’engageant chez J. S. Bach, qui depuis ses débuts est l’objet de son art, il savait bien que les deux instruments étaient inséparables, mieux, que la pensée de Bach comme son style ne se trouvaient complets qu’à condition de toucher l’orgue comme le clavecin.


L’idée est donc d’enregistrer tout ce que Bach composa pour les claviers. Long périple commencé _ ici, du moins, pour ces enregistrements pour Harmonia Mundi… _ dans l’Église Sainte-Aurélie de Strasbourg en mai 2017 sur le magnifique Silbermann que l’on sait, et qui suivrait la chronologie.


Le premier volume est empli des audaces du jeune virtuose, Benjamin Alard y déployant des trésors de musicalité qui soulignent la spiritualité des premiers opus en les contrastant avec les œuvres de ses contemporains qui furent ses modèles, Pachelbel, les aînés de la famille Bach, Frescobaldi (comme il joue la merveilleuse Bergamasca !), Böhm évidemment, inspirateur des Chorals de son temps de Lunebourg où les lignes se simplifient, le style s’épure et qu’Alard joue avec une clarté magique _ absolument !

Mais le plus beau CD – les œuvres obligent – du premier volume reste le troisième, où s’alternent le très flûté clavecin d’Emile Jobin d’après Ruckers, et le Silbermann. Clou du disque, et de tout l’album, à l’orgue le Capricio sopra la lontananza del suo fratello diletissimo, merveille de poèsie qu’on entend trop rarement sur cet instrument si propice à en propager les mélancolies, et où le jeune homme retrouve la nudité émue du discours qu’y tenait au clavecin Gustav Leonhardt. _ et c’est un compliment amplement mérité !..

Le second volume de ce voyage initiatique vient de paraître _ voilà. Adieu le Silbermann de Sainte-Aurélie, pour les débuts de la grande pérégrination hanséatique de J. S. Bach, de Lübeck à Hambourg, Benjamin Alard a choisi l’instrument de Saint-Vaast de Béthune (Freytag-Tricoteaux d’après Arp Schnitger), mais aussi un clavierorganum _ en effet.


Pas de clavecin, Bach est alors tout à ses orgues. Quatre CDs où se met en place _ oui _ l’univers Bach dans une plénitude lumineuse, Benjamin Alard interrogeant les textes, les jouant avec un naturel confondant _ oui _, musique du quotidien qu’élève son jeu d’une haute spiritualité _ c’est très juste. Hors Bach, une merveille : la grande Fantaisie sur le choral « An Wasserflüssen Babylon » de Johann Adam Reinken. _ un génie bien trop méconnu des mélomanes, en dépit de quelques trèss beaux CDs. Et il retrouve, comme sur le premier volume, le soprano très « knaben » de Gerlinde Sämann pour les chorals chantés _ et un charme très prenant opère à plein…


Juste un bémol : pour le flamboiement de ces années hanséatiques, les quatre disques du second volume auraient gagné à varier les instruments, et peut-être justement en allant physiquement sur les traces de Bach, à Hambourg ou Lübeck, quitte à franchir la frontière danoise comme le fit jadis Marie-Claire Alain.


LE DISQUE DU JOUR


Johann Sebastian Bach(1685-1750)
L’œuvre intégrale pour claviers
Vol. 1 : Le jeune héritier

Pièces de Johann Michael Bach (1648-1694), Girolamo Frescobaldi (1583-1643), Johann Christoph Bach (1642-1703), Johann Kuhnau (1660-1752), Georg Böhm (1661-1733), Johann Jakob Froberger (1616-1667), Johann Pachelbel (1653-1706), Louis Marchand (1669-1732), Nicolas de Grigny (1672-1703) & Johann Sebastian Bach (1685-1750)

Benjamin Alard, orgue, clavecin
Un coffret de 3 CD du label harmonia mundi HMC 902450.52

Johann Sebastian Bach
L’œuvre intégrale pour claviers
Vol. 2 : Vers le Nord


Pièces de Dietrich Buxtehude (1637?-1707), Johann Pachelbel (1653-1706), Johann Adam Reinken (1643?-1722) & Johann Sebastian Bach (1685-1750)


Benjamin Alard, orgue
Un coffret de 4 CD du label harmonia mundi HMC 902453.56

Photo à la une : l’organiste et claveciniste Benjamin Alard – Photo : © DR

Enchantement à suivre !!!


Ce lundi 17 juin 2910, Titus Curiosus – Francis Lippa

La magique incarnation couperinienne de Carole Cerasi en son enregistrement de l’intégrale (10 CDs) des Pièces pour clavecin de François Couperin

26jan

Après avoir inauguré mon écoute

par les 3 CDS n°4, n°5 et les 2/3 du CD n°6

du coffret Metronome

de l’intégrale des Pièces pour clavier

de François Couperin (1668 – 1733),

qui comportaient les Ordres six à douze du Deuxième Livre de Pièces de clavecin (de 1717),

dans l’interprétation magistrale de Carole Cerasi

_ comme je m’en expliquais en mon article d’avant-hier : ,

en suivant les conseils très judicieux, comme je l’ai bien expérimenté !, de Jean-Charles Hoffelé… _

j’ai passé ces deux jours-ci à poursuivre mon écoute _ encore mieux qu’enchantée ! _,

par les sept autres CDs et 1/3

des Pièces de clavecin

du Troisième Livre (de 1722) _ comportant les Ordres treize à dix-huit _,

du Quatrième (et dernier) Livre (de 1730) _ comportant les Ordres dix-neuf à vingt-sept _ ;

et enfin du Premier Livre (de 1713) _ comportant les Ordres premier à cinq _ ;

ainsi que des huit Préludes et de l’Allemande de L’Art de Toucher le Clavecin (de 1716).

Eh ! bien, cette réalisation discographique _ en 10 CDs, chez Metronome _ de Carole Cerasi

est un événement extrêmement important musicalement :

les merveilles musicales succèdant au merveilles musicales ;

et François Couperin (1668 – 1733) nous apparaissant, rien qu’en cette musique de clavecin,

comme un compositeur égal

à Bach (1685-1750) ou à Rameau (1683 – 1764) !

Et à Domenico Scarlatti (1685 – 1757) _ lui, avare de titres sur ses si aventureuses, fastueuses et toujours brèves, pour lui aussi, étourdissantes sonates !!! _,

ses contemporains d’à peine d’une génération plus jeunes par l’âge !

Pas moins !

Tout en finesse et intimité

_ en son extraordinaire confondante variété ! _ ;

et, de fait, chez lui, rien n’est jamais ni attendu, ni mécaniquement prévisible, non ;

tout est toujours ravissante et tendre et douce éminemment touchante surprise !..

Et François Couperin inaugure aussi,

en ce premier tiers du XVIIIème siècle

_ je rappelle les dates de ses publications : 1713, 1716, 1717, 1722, 1730 _,

une expression radieuse

_ pudique et humble, sans esbroufe ni hyperbole ; mais avec infiniment d’esprit, de tact et de goût ! _

de l’intimité du vécu et du ressenti

_ ainsi que du pensé et de l’imaginé-fantasmé, ou tendrement rêvé ;

mais sans narcissisme aucun, ni complaisance envers soi :

c’est vers l’altérité toujours, et en son mystère, qu’il se penche,

en cette sorte de journal noté de sa fantaisie, au fil des jours et des rencontres impromptues advenant…

tant dans le dessin _ à la pointe hyper-fine : somptuosité des détails, quelle merveille ! _,

et les couleurs _ raffinées selon d’infinies subtiles nuances : les plus justes qui soient _,

du monde perçu _ proche, intime, comme un peu plus éloigné, aussi _ par lui,

que dans la manifestation de ce que lui, idiosyncrasiquement, éprouve,

ou s’invente

_ en peinture, on dirait que sa fantaisie vagabonde entre les parcs de Watteau et les intérieurs de Chardin.

Tel presque un prédécesseur _ en sa promenade _

et de l’Empfindsamkeit (d’un CPE Bach)

ainsi que du Romantisme à venir :

et cela, en une forme brève

_ sans que rien jamais pèse, ni encore moins pose… _

parfaitement classique

du Baroque français !

Et des goûts réunis

_ et parfaitement conciliés : ceux de Lully et Corelli… 

Ce samedi 26 janvier 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le bien que la musique de Bach fait-faisait à Claude Sautet : infinie gratitude !

02sept

A l’instant,

peu avant 8 heures, sur France-Musique,

et en 8 minutes _ musique comprise

et sous les doigts de Leon Fleisher en 2004 _,

ce magnifique _ si juste, profond, avéré de la plupart d’entre nous _ propos de Claude Sautet _ 1924 – 2000 _

en 1982,

à l’émission _ merveilleuse et irremplacée ! _ de Claude Maupomé

talençaise, décédée le 31 mars 2006 ; elle officia splendidement (et en parfaite modestie) de 1975 à 1990 sur France-Musique ;

la notice nécrologique Claude Maupomé, productrice à France Musique de Gérard Condé dans Le Monde du 15 avril 2006

est excellente ! _

Comment l’entendez-vous ?,

à la fois sur Jean-Sébastien Bach

et sur le bien que l’écouter lui faisait-fait _ nous fait _ :

le propos sur Bach de Claude Sautet 

Écoutez-le !

Infinie gratitude !!!

Ce dimanche 2 septembre 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s. :

généraliser aveuglément

_ tels les algorithmes paresseux qui trop souvent nous mutilent et nous font fulminer ! _

est certes stupide ;

mais nous pouvons étendre ce propos à presque toute la musique

_ presque toutes les musiques,

quand elles atteignent, du moins, la perfection : certaines chansons de trois minutes (par exemple le Respect d’Aretha Franklin) ;

et, aussi, que nous sommes en disposition (ce n’est hélas pas toujours le cas) de les recevoir le mieux possible,

condition sine qua non, et toujours perfectible… _ ;

et à tous les chefs d’œuvre de l’art

_ y compris les très grands (et très longs) livres : par exemple, Proust, Faulkner, etc. ! ;

pas seulement un bref poème (par exemple verlainien) qui nous touche et bouleverse pour jamais ;

il faut que tout un monde plein s’ouvre

et s’emplisse de lumières par là :

c’est la une voie d’accès privilégiée, et parfaitement temporelle (immédiate et dynamisante !), à l’éternité, rien que cela !!!

et en toute simplicité et évidence

pour peu qu’on sache l’accueillir, saisir, prendre, suivre, nous laisser conduire par elle

et ses multiples affluents et confluents _,

même s’il ne s’agit en rien _ à commencer pour leurs auteurs _ de médicaments

_ à consommer mécaniquement à la Pavlov (tous sens fermés, éteints, anesthésiés, quasi morts)…

Mais entrer

_ si peu que soit, pour commencer, et par quelque sens que ce soit ; même furtivement, mais à plein !… _

dans quelque moment de joie

élève

tel est l’effet (euphorisant) de cette irrésistible dynamique ! à poursuivre… _

l’entrant

qui est amené à rencontrer et partager ainsi l’aisthesis

infiniment riche en quelques traits simplement réunis

de l’œuvre !

Et à l’approfondir et cultiver, ensuite

et surtout !

Une culture se construisant, pas à pas, œuvre à œuvre,

inter-connectées

par notre sensibilité s’aiguisant et se formant

_ et c’est là l’œuvre (de larges confluences) de toute une vie

peu à peu de mieux en mieux nôtre !

En la singularité de ses riches partages multiples formateurs (et non formatés)…

Jusqu’à peut-être former-inaugurer son propre style, à soi…

C’est tout un monde plein et lumineux qui vient ainsi s’ouvrir-offrir à nous,

si nous savons l’accueillir

et y répondre…

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