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Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. Et un postlude, pour les images « tendant vers l’abstraction »

13nov

Dans le choix des deux listes (de 13, puis, complémentaire, de 22) de mes préférences personnelles parmi les 80 images du récent sublime « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, aux Éditions Textuel,

j’ai fait le choix principiel d’écarter les images qui tendent _ une image photographique procède toujours d’un réel originel, qui a ensuite été saisi par le geste du photographe sur une pellicule, puis choisi, puis tiré, puis exposé… _ un peu trop, pour moi, vers l’abstraction,

alors que je sais bien la place de cœur que de telles images, quasi abstraites, ou plutôt « tendant vers l’abstraction« ,

occupent au sein du goût personnel de l’ami Bernard Plossu

_ cf ce qu’il en dit dans ses passionnantes, très précises, merveilleusement détaillées, conversations avec Christophe Berthoud dans l’indispensable « L’Abstraction invisible« , en 2013, déjà aux Éditions Textuel.

Mais, à quelque niveau, ou moment, que ce soit, opérer un choix nécessite toujours forcément des sacrifices

_ et en l’occurrence ici, pour moi, celui d’images à ne pas retenir parmi mes préférences personnelles… Et exclure et rejeter (et a fortiori jeter) m’est toujours difficile : mon tropisme de fond est de tout retenir…

Et en effet, pour moi, ces images « tendant vers l’abstraction »

_ une telle image ne pouvant bien sûr pas, dans l’absolu, s’abstraire totalement, absolument, de ce réel dont viendra (ou est venue) sourdre, justement, sur la pellicule nécessairement impressionnée, l’image photographique... _

font plutôt partie de ce que j’appellerais une sorte de « cahier d’exercices » préparatoires du photographe,

telles ce que sont, pour le peintre figuratif, les dessins préparatoires, les  premiers jets, les esquisses _ du moins avant Fragonard _,

le travail de « l’artiste«  _ et je sais que Plossu n’aime pas du tout ce terme-là pour lui être appliqué ! _, du moins en une certaine conception classique _ pour un Molière, par exemple ; même si celui-ci s’est aussi amusé à monter des « Impromptus » un peu audacieux, sortant quasi effrontément des normes officielles des genres en cours (et de la cour)… _,

consistant à _ le plus adroitement et subtilement possible _ effacer dans l’œuvre finale la moindre trace d’effort, de travail long et pénible, difficile, d’exercice préliminaire préparatoire compliqué, afin de donner, a contrario, le plus grand sentiment de « naturel » et d’aisance immédiate possible, de la part de l’auteur de l’œuvre parfaitement accomplie, à qui viendra admirer la grâce aisée la plus évidente, et confondante, de la performance géniale, d’où résulte, comme magiquement, le chef d’œuvre exposé…

Ces exercices d’abstraction sont donc certes bien intéressants pour comprendre d’un peu près la genèse un peu tâtonnante et complexe, nécessairement, et toujours, d’une œuvre, au fil des réalisations successives _ avec bien des « ratés« , forcément : il existe fort peu de miracles du « premier jet«  _ de son auteur,

mais n’offrent pas tout à fait _ à mes yeux de regardeur, du moins _ la qualité de sidération admirative la plus sincère des images dont est clairement mieux perçue la filiation _ figurative _ issue du réel perçu en la ressource immensément généreuse de sa profuse concrétude…

Même si l’artiste est bien sûr, lui aussi, et le premier, placé face à de très nécessaires choix, artisanaux _ de représentation : il s’agit là de sa cuisine interne, de ses démarches d’atelier… _, par rapport à ce si formidablement riche réel à figurer : afin de nous en faire ressentir et partager, sans faisandé trucage, la « poésie » la plus « vraie » de l' »ambiance« , pour reprendre certains des mots de Bernard Plossu…

Et ici, c’est moi qui ai à justifier les options esthétiques de mes injustes (!) choix ici…

Bref,

parmi les 80 images de ce nouveau proprement merveilleux « Tirages Fresson« ,

je viens de choisir encore 3 images « tendant vers l’abstraction » :

à la page 44, l’image référencée « Dans le train, Italie, 2008« ,

à la page 45, l’image référencée « Barcelone, Espagne, 2019« .

et à la page 46, l’image référencée « Mexico, Mexique, 1966« .

Bernard Plossu aime beaucoup, en ses nombreux voyages, se déplacer en train : cela lui donne l’occasion d’images à prendre depuis le compartiment du wagon _ cf son livre « Col treno« , avec Jean-Christophe Bailly, aux Éditions Argol, en 2014

 et cf aussi l’image que j’avais tout spécialement choisie pour l’article inaugural et programmatique de mon blog « En cherchant bien« , intitulé « Le Carnet d’un curieux« , le 3 juillet 2008 :

(sans titre) © Bernard Plossu

 

  _,

et cela lui permet de se plonger, l’assez long moment du voyage, dans la lecture suivie d’un livre de littérature,

qui vient aussi nourrir l’acuité de la sensibilité de sa quête iconique à venir…

L’image de la page 44,

légendée « Dans le train, Italie, 2008« ,

et qui n’occupe que la moitié supérieure de la page de gauche de l’album,

donne ainsi à percevoir la porte ouvrant sur le couloir d’une voiture _ d’un train, en Italie, en 2008, donc _, avec les deux premières fenêtres du couloir, d’où l’on devine _ à la couleur _ le défilement à grande vitesse du paysage _ de verdure _ traversé. C’est principalement le jeu géométrique des lignes qui anime l’image, avec un contraste dominant de noir et de blanc…

L’image qui lui fait face, et sur la page entière cette fois _ et la composition de la mise en page est, bien sûr, toujours très importante ! _,

à la page 45,

est légendée « Barcelone, Espagne, 2019« .

Cette fois-ci, l’image, au contenu très riche, ne se laisse pas aisément immédiatement décrypter,

tant l’entremêlement des lignes et des surfaces colorées _ blanc, gris, noir, avec aussi deux courtes lignes rouges _,

ne permet presque pas d’identifier ce dont il s’agit en cette scène,

saisie ainsi _ à dessein _ de très près :

il pourrait peut-être s’agir là d’un bateau, à quai _ Barcelone est aussi un grand port… _, mais c’est peu discernable…

Cette image a pour moi quelque chose de kafkaïen _ Franz Kafka : 1883 – 1924 _ ;

et aussi, vaguement _ mais plus lointainement _, de Juan Gris _ 1887 – 1927…

Enfin, à la page 46, se trouve l’image légendée « Mexico, Mexique, 1966 » :

qui compte parmi les toutes premières de la carrière photographique de Bernard Plossu, né en 1945

_ Bernard Plossu avait alors ses grands-parents maternels qui vivaient au Mexique…

L’image n’a pas un brin vieilli.

Il s’agit d’une vue, légèrement de biais, prise à travers les barreaux, noirs, d’une fenêtre très moderne,

d’un immeuble très moderne, lui aussi, tout blanc, et au semblable fenêtrage noir ;

avec une unique fine ligne verticale rouge, doublant une fine ligne verticale noire, partageant toutes deux l’image en deux parties égales.

L’effet obtenu en l’image

a quelque chose d’un pastiche réussi de la géométrie d’un Mondrian… 

Ce vendredi 13 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. D’abord le pourquoi du choix de la couleur plutôt que du noir et blanc…

06nov

Hier, je me suis résolu à un choix de 13 images, parmi les 80 du récent admirable « Tirages Fresson » de Bernard Plossu,

paru chez Textuel :

Il va donc me falloir mettre quelques mots et phrases sur ces prédilections singulières…

Mais à l’instant,

peut-être pour me rassurer un peu avant d’affronter cette singularité de chacune de ces 13 images,

et aussi commencer à me mettre en jambes sur les raisons de cette option plossuïenne de la couleur,

je viens de relire le chapitre terminal (pages 195 à 202) de l’excellent entretien de Bernard Plossu avec Christophe Berthoud, « L’Abstraction invisible« ,

paru en septembre 2013,

le chapitre intitulé, justement, « Couleur & noir et blanc« .

Le choix de la couleur _ plutôt que du noir et blanc _ est pour Bernard Plossu essentiellement une affaire d' »ambiance » _ absolument spécifique, chaque fois _

et de « raisons poétiques » _ propres _ (page 95).

« Parce que je recherche avant tout _ par la photo, l’obtention de la restitution finale d’ _ une ambiance _ celle de ce réel surprenant à l’instant si puissamment ressenti : exactement, d’ailleurs, comme avec le noir et blanc ! _,

je ne vois _ tout d’abord pas _ pas la différence avec la manière dont le cerveau _ photographique _ fonctionne en noir et blanc« , commence Bernard par répondre à la question _ en effet basique _ de Christophe Berthoud : « Qu’est-ce qui t’incite à opter pour la couleur ou pour le noir en blanc ?« .

Juste avant d’ajouter :

« Ceci dit,

c’est vrai qu’il y a un « réflexe _ une impulsion immédiate _ couleur » _ je vais contredire ce que je viens d’énoncer _ où tout à coup tu vois _ ce qui s’appelle voir !!!  _ une tâche jaune _ qui rencontre et accroche ton regard _ où c’est effectivement la couleur _ plus que la forme, ici _ qui t’attire _ voilà : et c’est la spécificité de cette « ambiance«  colorée-ci, en son étrange singularité, qu’il s’agit, maintenant, de saisir et servir : le mieux possible, photographiquement ; telle une réponse immédiate, ici et sur le champ, à un défi iconique ! ; agir photographiquement sur le champ le plus adéquatement possible, en vue de ce qui sera le rendu le plus juste, le plus vrai, de cette émotion (et « ambiance » propre et unique), en l’image photographique qui va en résulter… _, et tu fais _ alors _ une image que tu n’aurais pas forcément faite en noir et blanc. (…)

Je crois que les deux cas se rencontrent. Parfois tu es vraiment dans la similitude _ du cas du noir et blanc et du cas de la couleur _, parfois tu es dans le détail _ archi-singulier _ de couleur _ même. (…)

Quand c’est une question d’ambiance, il m’arrive _ même, parfois _ de faire les deux, comme un jeu _ juste pour voir ludiquement, puis comparer, ce qui pourra sortir chaque fois en fait de justesse du « rendu«  photographique final, à venir, de cette émotion originelle éprouvée ici au plus vif de l’archi brève bourrasque kinesthésique déclencheuse, éprouvée, sur ce vif, telle l’opportunissime alerte formidablement bienveillante d’une piqûre de guêpe, fonctionnant comme l’éclair fulgurant d’un formidablement judicieux avertissement du geste photographique à avoir, ici et maintenant (et pas ailleurs ni plus tard : trop tard !), en vue de la plus parfaite charge intensive possible de « vérité poétique«  de l’image photographique qui viendra en résulter. L’épreuve d’un tel formidable jeu (à plus ou moins long terme éreintant, aussi…), sous les auspices follement généreux du diaboliquement malin et terriblement cruel Kairos (sans rattrapage possible de ce qui n’aura pas été, sur le champ même, saisi !), étant, bien sûr, on ne peut plus décisif dans la pratique photographique, face à l’inépuisable trésor offert et disponible du réel si merveilleusement sensible, hyper-kinesthésique, de Bernard Plossu : par la qualité singulière rare de sa vigilance supérieurement attentive. Quel œil il a !

Mais je produis _ quantitativement, à la différence d’un Saul Leiter, par exemple _ plus de noir et blanc que de couleur. » (pages 197-198).

Et page 201, à la question « Comment archives-tu tes images ?« ,

Bernard Plossu répond : « Il n’y a que moi qui m’y retrouve.

En général, je classe par année,

parfois non, dans le cas de commandes par exemple, comme les vêtements Woolrich ou les commandes d’architecture : il existe un dossier Ricciotti, un dossier Fuksas, un dossier Hondelatte…

Sinon oui,

j’archive par année, par pays _ c’est tout ce que je supporte comme légende de toute façon _ voilà qui rejoint parfaitement mes remarques d’hier, au seul souvenir de commentaires d’accrochages d’expos de Bernard…

J’essaye aussi de constituer des dossiers par thèmes _ en vue de futurs petits livres cohérents, par exemple _ : les chats, les arbres, les natures mortes. (…)

J’ai également des dossiers de choses plus abstraites, comme l’amour, la lune, la mort… des énormes dossiers. »  

Ainsi, pour ce qui me concerne,

ne m’attaquerai-je que demain à affronter la passablement difficile haute question de la passionnante singularité _ fascinante _ des images choisies ici en ma prédilection…

Ce vendredi 6 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. Avec un court répertoire des images nouvelles et des déjà montrées… Episode 2.

04nov

Avant de présenter mon _ très _ modeste choix personnel _ forcément subjectif… _

d’images _ de tirages Fresson couleurs _

qui me bouleversent, enchantent et fascinent,

de l’ami Bernard Plossu,

je désire noter d’abord,

dans la comparaison des trois albums de « tirages Fresson couleur » que je connais à ce jour,

quelles sont,

parmi les images que je préfère,

celles qui me paraissent _ eu égard à ma connaissance, plus que probablement incomplète de la très généreusement profuse œuvre-Plossu _ inédites par rapport

au « Plossu Couleurs Fresson » de l’exposition de Nice, au Théâtre de la photographie et de l’image, en 2007 ;

et au « Couleurs Plossu » de l’album paru aux Éditions Hazan, en 2013.

Entre les 80 images du « Tirages Fresson » de 2020 (aux Éditions Textuel)

et les 97 images du « Plossu Couleurs Fresson » de 2007 (dans le catalogue de l’exposition de Nice),

je remarque, ainsi, que sont co-présentes _ Bernard Plossu tient donc particulièrement à elles, pour une raison, ou une autre _ 20 images

_ sommairement légendées d’un lieu, suivi d’une année, sans autre précision,

aux pages 95 (de l’opus de 2020) et 33 (de l’opus de 2007) : « Mexique, 1966«  ;

76 et 35 : « Mexique, 1966«  ;

77 et 59 : « Guanajato, 1966« 

36 et 65 : « Paris, 1968«  ;

69 et 80 : « Sud du Nouveau Mexique, 1980«  ;

86 et 86 : « Santa Fé, 1982«  ;

61 et 95 : « le sofa rouge de Carlos Serrano, Madrid, 1980«  ;

28 et 98 : « le jus d’orange, États-Unis, 1980«  ;

60 et 99 : « Grenoble, 1974«  ;

96 et 100 : « Californie, 1974«  ;

40-41 et 105 : « Taos, 1979«  ;

67 et 106 : « Ranchos de Taos, 1977«  ;

15 et 108 : « Taos, 1978«  ;

24 et 109 : « Nouveau-Mexique, 1978«  ;

87 et 111 : « Mexique, 1981«  ;

54-55 et 114 : « Grenoble, 1988«  ;

29 et 115 : « Californie, 1977«  ;

70 et 118 : « Nijar, 2003«  ;

6 et 130 : « Mexico, 1966«  ;

et enfin 47 et 131 : « Françoise, Paris, 1986« .

Entre les 80 images du présent « Tirages Fresson » de 2020

et les 143 images du « Couleurs Plossu _ séquences photographiques 1956 – 2013 » de 2013 (aux Editions Hazan),

sont co-présentes 24 images

_ aux pages 36 (de l’opus de 2020) et 27 (de l’opus de 2013) : « Foire du Trône, Paris, 1968«  ;

67 et 53 : « Ranchos de Tao, 1977«  ;

87 et 56 : « Nord Mexique, 1981«  ;

24 et 59 : « Taos, 1978«  ;

95 et 65 : « Mexico, 1966«  ;

76 et 66 : « Mexico, 1966«  ;

74 et 73 : « Molène, 2008«  ;

98 et 79 : « Ventotene, 2010«  ;

37 et 81 : « Mer du Nord, 1970«  ;

54-55 et 82 : « Grenoble, 1988«  ;

97 et 94 : « Palerme, 2008«  ;

44 et 97 : « en train, en Italie, 2008«  ;

28 et 101 :« Californie, 1980«  ;

58 et 102 : « San Francisco, 1966«  ;

60 et 104 : « Grenoble, 1974«  ;

61 et 105 : « le sofa rouge de Carlos Serrano, Madrid, 1975«  ;

38 et 106 : « Italie, 2009«  ;

57 et 108 : « Milan, 2008«  ;

86 et 116 : « Santa-Fé, 1982«  ;

18 et 117 : « Palerme, 2008«  ;

77 et 118 : « Guanajato, 1966«  ;

85 et 121 : « Paris, Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, 2007«  ;

46 et 122 : « Mexico, 1966«  ;

et 47 et 122 : « Françoise, Paris, 1986« .

parmi lesquelles 15 d’entre elles sont co-présentes dans les trois albums de 2007, 2013 et 2020

_ aux pages 36 (de l’opus de 2020), 27 (de l’opus de 2013) et 65 (de l’opus de 2007 ) : « Foire du Trône, Paris, 1968«  ;

67, 53 et 106 : « Ranchos de Tao, 1977«  ;

87, 56 et 111 : « Nord Mexique, 1981«  ;

24, 59 et 109 : « Taos, 1978«  ;

95, 65 et 33 : « Mexico, 1966«  ;

76, 66 et 35 : « Mexico, 1966«  ;

54-55, 82 et 114 : « Grenoble, 1988«   ;

28, 101 et 98 : « Californie, 1980«  ;

58, 102 et 29 : « San Francisco, 1966«  ;

60, 104 et 99 : « Grenoble, 1974«  ;

61, 105 et 95 : « le sofa rouge de Carlos Serrano, Madrid, 1975«  ;

86, 116 et 86 : « Santa-Fé, 1982«  ;

77, 118 et 59 : « Guanajato, 1966«  ;

46, 122 et 130 : « Mexico, 1966«  ;

et enfin 47, 122 et 131 : « Françoise, Paris, 1986«  .

Pas mal d’annotations de lieux demeurent ainsi vagues,

car l’important,

pour Bernard Plossu à l’adresse de son public,

n’est jamais _ disons bien jamais _ la localisation géographique de cette partie de réel que son image a saisie ;

et ces annotations de lieux, pays et d’années dénotent aussi, assez souvent, que le vague de la localisation du lieu de la prise de cette image, à la volée,

n’exprime qu’un travail postérieur approximatif _ mais bien suffisant pour sa fonction purement pragmatique _ de repérage par _ et à destination de _ la mémoire

_ de la part de l’auteur de ces images exposées ; et à la seule destination de lui-même… _,

qui n’a pas besoin de localisation géographique précise pour légender, a minima, cette image :

un pays, une province, et une année, ça _ lui _ suffit largement _ pour ses propres repères d’archivage mémoriel _ ;

 

pas mal de vues, aussi, ont été prises _ au vol _ depuis la fenêtre d’un train, d’une voiture ou d’un autobus _ en marche _ ;

et beaucoup, encore, en chemin _ le saisisseur de l’image, lui-même cheminant… _,

au cours de longues randonnées, à l’aventure, souvent dans des zones peu habitées _ de montagnes, plateaux, plus rarement savane ou jungle _ ou carrément désertiques…

Dénuée, surtout, de tout pittoresque et anecdotique _ ainsi que de visée esthétisante séductrice, en un désir malvenu de plaire… _c’est la force même _ en quelque sorte brute et immédiate, quasi totalement décontextualisée… _ de l’image elle-même _ en une sorte, pour l’instant au moins, de quasi auto-suffisance à soi, à elle, l’image ; même si ce ne peut être, bien sûr, jamais absolument le cas : les images, comme le langage, ou l’expérience vécue, se renvoyant, elles aussi (afin de faire sens), les unes aux autres… _,

qui nous attache _ nous, leurs simples regardeurset enflamme _ en une presque pure douce jouissance _ à sa contemplation :

car les images de Bernard Plossu ne sont jamais _ j’y reviendrai ! _ totalement abstraites _ même quand, c’est-à-dire toujours !, les sous-tend quelque « abstraction invisible » ; cf l’important livre de ce nom, « L’Abstraction invisible« , aux Éditions Textuel, en 2013 ; de même que mon passionnant et très riche entretien avec Bernard Plossu, le 31  janvier 2014, dans les salons Albert Mollat, à Bordeaux, à propos de ce très important témoignage de Bernard Plossu sur son parcours photographique : … ; un article qui comporte un très commode lien au podcast (d’une durée de 60′) de ce très éclairant entretien dans lequel Bernard Plossu s’explique et livre de passionnantes clés à tout son travail…  _ ;

ces images entretiennent toutes et toujours un vivant (et très riche) rapport avec le réel _ perçu originaire : source de l’émotion matricielle d’où viendra sourdre l’image précise saisie sur  la photo _ qui a suscité le geste photographique de leur auteur, et dont _ ce réel déclencheur _ elles sont consubstantiellement, justement, une image, une vue, issues aussi du regard _ cadré dans la fulgurance de la volée _ de leur auteur…

Ces images proviennent ainsi tout à la fois du réél rencontré _ inspirateur matriciel du geste photographique _ et du regard photographique singulier _ inspiré et respiré _ de leur auteur, en l’occurrence le fantastique bonhomme Plossu…

Et d’ailleurs, dans ses expositions photographiques, Bernard Plossu choisit de ne surtout pas légender ses « images » _ ce qui risquerait, à ses yeux, de détourner, de l’image elle-même, au profit, parasite, de l’anecdotique du cartouche-légende, le regard présent du visiteur-regardeur, qui doit tout au contraire se plonger absolument en cette image ; et ici le grain succulent, mais pudique, des tirages Fresson est d’un très grand secours…

Pas plus que le livre dont on tourne les pages,

l’exposition que l’on parcourt ne doit constituer une sorte de témoignage-reportage _ touristico-géographique _ sur quelque lieu qu’il s’agirait de visiter ;

même si pas mal de l’âme des personnes _ très rarement saisies frontalement _ et des lieux, nous est aussi indirectement et pudiquement livré par ce qu’a su en percevoir et donner à partager avec une extrême acuité de sensibilité l’œil photographique de Bernard Plossu, en ses fascinantes merveilleuses images du réel le plus vrai…

Alors que la mémoire photographique de Bernard Plossu, elle, est formidablement infaillible,

en sa capacité de se faire un chemin assuré parmi le labyrinthe extraordinairement riche et foisonnant de ses milliers de pellicules et planches-contact, soigneusement conservées et classées :

il s’y repère quasi immédiatement, tel l’animal en son terrier-tanière aux milliers de couloirs, niches et cases… Il y est foncièrement chez lui, en son monde…

Alors, je réserve à demain l’expression de mon choix de préférences un peu personnelles

parmi ce florilège somptueux d’images saisies au vol par l’ami Plossu tout le long de sa vie de photographe voyageur et marcheur

hyper-attentif aux détails et paysages enchanteurs _ cadrés au vol par sa prise de vue _ du réel rencontré _ à saisir : c’est son jeu… _  par son fabuleux merveilleux œil photographique.

Ce mercredi 4 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Trois douloureuses pertes de l’art du chant français : Gabriel Bacquier, Mady Mesplé, Janine Reiss, ce printemps dernier

02juil

L’art _ si merveilleusement fin _ du chant français

vient de subir trois pertes,

ce printemps qui vient de s’achever.

Avec les décès de

 Gabriel Bacquier (Béziers, 17 mai 1924 – Lestre, 13 mai 2020), baryton,

Mady Mesplé (Toulouse, 7 mars 1931 – Toulouse, 30 mai 2020), soprano,

et Janine Reiss (1921 – Deauville, 1er juin 2020), maître de chant.

Pour Janine Weiss,

voici la vidéo de cette interview _ superbe _ de la Radio-Télévision Suisse, le 22 juin 1982,

pour le récit de sa rencontre avec Maria Callas.

Ainsi que le livre passionnant qui lui a été consacré, aux Éditions Actes-Sud, en 2013 :

La Passion prédominante de Janine Reiss : la voix humaine.

Pour Gabriel Bacquier 

et pour Mady Mesplé,

si merveilleusement idiosyncrasiques, tous deux, de l’art du chant français,

je renvoie aux deux superbes articles d’hommages,

d’une brillante justesse !,

que leur ont consacré, dans le magazine Diapason de ce mois de juillet,

Ivan A. Alexandre, aux pages 12-13,

et Jean-Philippe Grosperrin, aux pages 14-15.

Et page 16, Benoît Fauchet rend hommage à Janine Reiss.

Et dans le numéro de juin 2020, l’hommage à Gabriel Bacquier de Jean-Charles Hoffelé

est tout aussi juste et splendide

que celui d’Ivan A. Alexandre dans le numéro de juillet de Diapason :

…`

Hoffelé,

avant Ivan A. Alexandre le mois suivant (« Le théâtre, tout est là. Théâtre du jeu, mais aussi théâtre du phrasé, de la couleur, jusque dans la mélodie française, Duparc, Poulenc, vivifiés par l’insolence de son timbre. Jeune homme, (…) il suivait en auditeur libre les cours de Louis Jouvet. D’où part le geste ? A quoi sert-il ? Où se pose le regard quand on ordonne, quand on attend, quand on ment ? Que pèse, au milligramme, ce verbe, cet adjectif, ce demi-soupir ? Qu’est-ce que jouer juste ? Harry Baur baryton« ),

rappelait lui aussi et déjà que Bacquier « était avant tout acteur » ;

que, en 1960, « Gabriel Dussurget remarque sa voix autant que son maintien. A ce baryton qui sait charbonner son timbre, il offre Scarpia, Don Giovanni, l’établissant à Garnier, puis à Aix qui vient de s’inventer, ramenant Bacquier quasi chez lui.

Son verbe à la ville roulait des accents occitans, mais qu’il chante seulement en français, et un français de haute école résonnait. Le timbre plein, savoureux, rond mais ardent, la voix longue, capable d’alléger à l’aigu qui feront triompher son Don Giovanni et son Comte des Nozze, n’encombraient jamais une diction éloquente, fruit d’une certaine école de chant française, qui le faisait successeur des Endrèze, des Vanni-Marcoux, des Blanc, diseur comme eux« …

Des talents rares qui vont bien nous manquer…

Ce jeudi 2 juillet 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Enfin une interprétation enthousiasmante des Variations Diabelli : par Andreas Staier, enchanteur diabolique, sur un pianoforte

09jan

Je désespérais de trouver enfin une version à mon goût

des Variations Diabelli, de Beethoven :

ni Ronald Brautigam

_ en son coffret Bis de Variations de Beethoven _,

ni Stephen Kovacevich

_ en son coffret Philips repris par Decca de l’intégrale des œuvres pour piano de Beethoven  _

ne m’avaient convaincu.

Ni, non plus, les assez récents CDs de Filippo Gorini et de Martin Helmchen

_ les CDs Alpha 296 et 386.

Etait-ce donc à l’œuvre même que je résistais ainsi ?..

Après tout, il y a tout un monde entre les Goldberg de Bach

_ que je porte au pinacle ! _

et les Diabelli de Beethoven.

Et la forme ludique,

ou même fantaisiste _ ou fantastique _,

du jeu débridé des Variations,

appartient surtout à ce qui se libère dans la pratique d’invention-composition au moment du Baroque…

Même si les diverses Variations de Mozart

et les diverses Variations de Haydn

s’écoutent aussi _ encore _ avec beaucoup de plaisir…

¨¨

Eh bien,

en rangeant une partie de mes piles de CDs,

je suis tombé sur le CD des Diabelli par Andreas Staier

_ dont je n’avais nul souvenir d’écoute… :

un CD Harmonia Mundi, HMC 902091, enregistré en 2010 et publié en 2012 _,

dont venait de me parler, pour me le recommander chaleureusement, Elisabeth, chez Mollat :

une interprétation sur un pianoforte d’après un modèle de Conrad Graf.

Un jeu extrèmement expressif et vivant, et formidablement ludique,

en effet !

Enchanteur !!!

Et diabolique…

Ce jeudi 9 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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