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La discographie désordonnée et incomplète de l’oeuvre musical de Nicola Porpora (1686 – 1768) : à enrichir et compléter urgemment…

03juin

Suite aux frustrations évoquées en mon article d’hier 2 juin «  » de ne pas découvrir assez au disque de l’art de Nicola Porpora en faveur du chantant violoncelle, dont il a pourtant été un des découvreurs,

et en cherchant à faire un bilan rétrospectif un peu exhaustif de la discographie réalisée _ sinon disponible… _ jusqu’ici de Nicola Porpora (Naples, 10 août 1686 – Naples, 3 mars 1768),

je suis bien forcé de constater un assez grand désordre, et pas mal d’absences criantes en cette discographie de ce très marquant compositeur du XVIIIe siècle ;

absences bien dommageables pour la curiosité en éveil du mélomane….

De fait, j’ai tout de même découvert l’existence d’un double CD Brillant intitulé « Porpora Cello Concertos & Sonatas » par les soins du violoncelliste Rinato Crisculo et de l’Ensemble Musica Perduta,

dont une vidéo accessible sur youtube permet de prendre connaissance par l’oreille d’une interprétation intégrale de ce Concerto en sol majeur de Nicola Porpora : 

de la minute 61′ 25 jusqu’à la minute 78′ 55 de cette vidéo, soit la fin de ce concerto-ci.

Et le Largo donné par le Concert de La Loge de Julien Chauvin et Christian-Pierre La Marca à la plage 4 du CD « Legacy« , et d’une durée de 3′ 23 sur ce CD Naïve, en une superlative interprétation, et dont voici la très précieuse vidéo,

est accessible aussi, de la minute 70′ 32 à la minute 74′ 15, de cette vidéo-ci du double CD Brilliant de l’Ensemble Musica Perduta.

Mais hélas l’interprétation, cette fois, n’est guère engageante…

Pas grand chose à voir, en tout cas, avec les talents lumineux et enthousiasmants de Christian-Pierre La Marca et Julien Chauvin à la tête de son concert de La Loge, en le merveilleux Largo de leur CD « Legacy« .

Ce CD dont je me plais à donner à nouveau ici l‘excellente présentation vidéo _ réalisée le 8 février 2023 _ par Christian-Pierre La Marca et Julien Chauvin...

De ce CD « Legacy« , et toujours de la main de Nicola Porpora, mais cette fois en sa cantate « Gli orti esperidi« , créée le 28 août 1721, à, Naples, au Palais royal, sur un livret de Métastase,

voici encore cet air magnifique, avec Philippe Jaroussky, avec un superbe accompagnement de violoncelle de Christian-Pierre La Marca, « Giusti amor, tu che m’accendi« ,

à déguster en cette vidéo de 6′ 52…

Où l’on mesure comme jamais l’idéale harmonie entre la voix qui chante et le violoncelle, comme l’a si bien saisi, le tout premier _ déjà, du moins, dès 1721… _, le subtil et sensible Nicola Porpora…

Bref, l’ensemble de ce qu’a légué spécialement pour le violoncelle _ qu’il pratiquait _ Nicola Porpora (1686 – 1768)

demeure encore à proposer aux mélomanes au disque en une version qui soulève vraiment l’enthousiasme,

comme ont su le réaliser _ mais trop parcimonieusement pour ce qui concerne Porpora lui-même… _ Christian-Pierre La Marca et Julien Chauvin en leur enthousiasmant CD « Legacy » _ privilégiant là, et d’un certain point de vue cela peut se comprendre, ces deux formidables chefs d’œuvre que sont les deux sublimes Concertos pour violoncelle, n°1 et n°2, de l’héritier direct de Porpora au violoncelle, Joseph Haydn (1732 – 1809), qui fut, et grâce à leur ami commun Métastase, son élève à Vienne au cours de la décennie 1750… ; cf aussi le cadeau inestimable de ce radieux fragment de la rare Sinfonia concertante pour violon, alto et violoncelle Kv. 320e Anh 104, de Mozart, donné à la plage 5 du CD : une autre merveille encore (de 9′ 34)… _,

très appétant pour mieux découvrir tout ce qu’a fait _ et légué _ ce délicieux mélodiste qu’a été Nicola Porpora non seulement pour le chant _ cela étant bien connu, et assez bien servi au disque… _, mais aussi pour le violoncelle…

Vers un CD « Legacy II » ?

Nous voudrions l’espérer…

Ce samedi 3 juin 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et à nouveau à propos du CD Vivaldi « Intorno a Pisendel » de Julien Chauvin et son Concert de la Loge, frémissant de vie…

13mar

Et à nouveau à propos du superbe CD Vivaldi « Intorno a Pisendel » de Julien Chauvin et son Concert de la Loge (le CD Naïve OP 7546),

et après mon assez dithyrambique article « «  du 2 novembre 2022,

voici cette fois ce que sur le site de Crescendo, ce lundi 13 mars 2023, dit de ce CD de Julien Chauvin le critique Christophe Steyne,

sous l’intitulé assez sobre « Vivaldi, concertos pour violon autour du virtuose Pisendel » :

Vivaldi, concertos pour violon autour du virtuose Pisendel

LE 13 MARS 2023 par Christophe Steyne

Concerti per violino X Intorno a Pisendel.

Antonio Vivaldi (1678-1741) : Concertos en ré majeur RV 225, RV 226, en ré mineur RV 237, en sol majeur RV 314, en la majeur RV 340, en si bémol majeur RV 369.

Julien Chauvin, violon et direction.

Le Concert de la Loge.

Livret en français, anglais, italien, allemand.

Mars 2021.

TT 60’04.

Naïve OP 7546

Parvenu au deuxième tiers _ voilà _ de son ambitieux projet (faire entendre l’intégralité des manuscrits vivaldiens conservés à la Bibliothèque Nationale de Turin, source fondamentale _ en effet ! _), cette collection apporte ici un dixième volume de concertos pour violon. Chaque fois confié à des interprètes de premier plan. Le précédent jalon concertant était confié à l’ensemble de Rinaldo Alessandrini. On retrouve ici le Concert de la Loge qui s’était illustré dans le volume 8, « Il Teatro ». Au programme : des concertos autour de la personne de Johann Georg Pisendel, le célèbre violoniste de la Cour de Dresde, que le futur Frédéric-Auguste II de Saxe (1696-1763) avait emmené à Venise lors de son voyage d’aguerrissement, et qui devint un proche élève du Prete Rosso. Pisendel était déjà à l’honneur dans le volume 5, par Dmitry Sinkovsky et Il Pomo d’Oro, et gageons qu’il le sera encore car certains opus (RV 172, 205, 242) dédiés à son archet n’ont pas encore surgi dans cette édition au long cours _ information précieuse.

On trouve ici trois concertos expressément écrits pour lui (RV 237, 314 et 340), et trois autres qu’il recopia (RV 225, 226, 369) _ une distinction intéressante elle aussi. Le Largo du RV 226 s’inscrit sur un fond de pizzicato ; le présent enregistrement a choisi la même parure de cordes pincées pour l’Adagio du Concerto en sol majeur _ RV 314 _, tirée d’une mouture alternative archivée à Dresde comme RV 314a. Cet opus ouvre le disque et attaque comme une déflagration _ voilà ! À entendre ces contrastes radicaux, éblouissants comme un flash, on suppose d’emblée que la prestation va préférer le fil du rasoir au dos de la cuiller. Joutant avec ces tranchantes ritournelles, Julien Chauvin se montre non moins affuté dans les passages rhapsodiques dont il soutire d’étranges phosphores. Cette même liberté _ mais jamais hystérisée, ni complètement arbitraire… _ dynamise le relief soliste que Vivaldi incrusta dans le ripieno du premier allegro RV 226. Dans le RV 237 en ré mineur, l’élasticité des bariolages titillés de l’archet instille une vie frémissante _ oui _, digne du dramatique RV 369 que l’équipe anime avec sensibilité et science.

Car il y a de l’audace, mais surtout du contrôle derrière ce méthodique panache que le Concert de la Loge sertit dans un ton lucide _ oui, jamais hystérisé _, rappelant que l’orchestre officie par ailleurs, conformément à son nom de baptême, dans les grandes pages du classicisme _ mais oui. Un drapé en couleurs primaires alambiqué de clair-obscur, netteté du dessin, compacité de la pose, une certaine rigidité du maintien sous la souplesse revendiquée du geste, regard vaguement compassé : l’interprétation du Largo RV 225 fait immanquablement songer au Christ chez Marthe et Marie de Mathieu Le Nain (1607-1677). Ailleurs, l’esthétique altière des musiciens de la Loge nous vaut une anthologie tracée avec une force brute et un brin guindée, heureusement décillée par l’imagination de son chef et ses arsouilles cabrioles à l’instrument. En tout cas, une étape à ne pas manquer _ voilà ! _ dans l’exploration du corpus vivaldien, tant pour la relative rareté des œuvres que leur charismatique exécution, en habit d’apparat _ oui.

Son : 8,5 – Livret : 9 – Répertoire : 9 – Interprétation : 9,5

Christophe Steyne

CD après CD,

 

et aux deux tiers de son parcours,

cette Intégrale Vivaldi d’après les manuscrits précieusement retrouvés et conservés à la Bibliothèque de Turin,

tient donc magnifiquement ses promesses…

Vivaldi sachant se renouveler merveilleusement à chacun de ses infiniment variés, mais oui !, opus…

Ce lundi 13 mars 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Maxim Emelyanychev et il pomo d’oro en extraordinaire état de grâce dans les Symphonies n°1 (« the beginning ») et n°41 (« the end ») de Mozart : un sublimissime (de vie !) CD Aparté AP 307 ; ou la pressante question de l’énigme de l’idiosyncrasie du style…

04fév

Ce que j’ai, bien à tort _ et gravement, j’en demande pardon ! _, négligé de dire dans mon article d’hier « « ,

c’est que Maxim Emelyanychev, non seulement est absolument magnifique en la grâce ultra-vivante et justissime de son jeu si fin, si vif et si pleinement « mozartien » au pianoforte _ cf la vidéo (de 6′ 39) du sublime adagio du 23e Concerto en la majeur K. 488, achevé de composer le 2 mars 1786 ; interprétation à comparer avec celle de cette vidéo du même adagio par Andreas Staier et Le Concert de la Loge dirigé par Julien Chauvin : l’adagio tendrissime de Maxim Emelyanychev est sans la moindre complaisance pré-romanticissante, encadré qu’il est par deux sublimes (eux aussi) jubilatoires allegros ; quelle merveille !.. _mais qu’il est peut-être plus encore absolument transcendant et magistral dans la conduite si merveilleusement « naturelle » de jubilatoire _ enthousiasmante ! _ évidence de son superbe orchestre d’instruments anciens _ quelle saveur extraordinaire révèle ici chacun des instruments ainsi joués par de tels si magnifiques et parfaits instrumentistes ! _ qu’est ce magique il pomo d’oro…

Ces deux premières symphonies de Mozart données-enregistrées ici, soient la première K. 16, en mi bémol majeur, de 1764, et la quarantième et ultime K. 551, en ut majeur, « Jupiter« , de l’été (août) 1788, n’ont probablement jamais connu jusqu’ici de pareille si juste, vivante et profondément marquante incarnation au disque, en ce magique _ oui ! _ CD Aparté AP 307.

Et ne pas mettre l’accent là-dessus serait la plus terrible injustice à l’égard de ce génial chef si parfaitement musicien qu’est Maxim Emelyanychev ;

ainsi qu’à l’égard aussi, bien entendu, de chacun des membres présents ici de ce formidable ensemble qu’est décidément, CD après CD, cet extraordinaire il pomo d’oro

Le principal et fécondissime apport de ce début de réalisation de ce projet d’exploration symphonique mozartien de Maxim Emelyanychev, est de si bien ici s’approcher, et nous donner à ressentir, bel et bien, en cette recherche interprétative effective _ les enregistrements de ce CD Aparté ont été réalisés sous la direction artistique de Nicolas Bartholomée à Paris, en l’église Notre-Dame du Liban, du 28 au 30 juin 2022 : c’est l’excellent Nicolas Bartholomée qui avait été le directeur artistique de l’enregistrement, à Saint-Michel-en-Thiérache, du CD de la Simphonie du Marais « Un Portrait musical de Jean de La Fontaine« , l’été 1995 : j’étais présent tout au long des séances d’enregistrement ; et cela m’avait, bien entendu passionné ! _, ce qui constitue la génialissime idiosyncrasie mozartienne,

de son départ _ tout du moins pour ce qui concerne ici le volet de l’œuvre symphonique, qui va du K. 16, noté en 1764, au K. 488, noté en 1788… _, à son apogée,

tout du moins pour ce qui concerne le volet symphonique de l’œuvre de Mozart…

C’est-à-dire plus précisément en s’interrogeant, au plus près de la musique symphonique ainsi notée au vol de la composition par Mozart, sur ce qui, en le K. 16 de 1764, anticipe en quelque sorte déjà tout le reste _ symphonique, donc, mozartien _ qui suivra, année après année ;

et, de même, sur ce qui est venu nourrir, infinitésimalement, au fil de la succession des œuvres réalisées, au fil des ans, cet absolu chef d’œuvre symphonique étourdissant-éblouissant qu’est cette radieuse Symphonie « Jupiter » K. 551 d’août 1788…

Ou encore,

puisque, selon l’intuition justissime de ce contemporain de Mozart (Salzbourg, 27 janvier 1756 – 5 décembre 1791) qu’a été Buffon (7 septembre 1707 – 16 avril 1788) _ son magnifique « Discours sur le style » a été prononcé à l’Académie française le jour de sa réception, le 25 août 1753 _« le style, c’est l’homme même« ,

qu’est ce donc qui constitue et crée l’essence la plus fondamentale et si reconnaissable _ quasi instantanément à l’écoute ! _ de ce miraculeux rayonnant _ mais pas jusqu’à l’insolence… _ style mozartien _ tel qu’a pu en baver de jalousie le moins génial, plus laborieux, Antonio Salieri, comme est venu le figurer l‘ »Amadeus » de Milos Forman, en 1984… 

Nul doute, déjà, que Maxim Emelyanychev, dans Mozart, ici, comme en d’autres de ses explorations du champ musical, nous réserve encore maintes merveilleuses découvertes et surprises de révélations _ mais oui, à ce point ! _ des œuvres, par sa si vivante et jubilatoire interprétation…

Mais, déjà, et pour aujourd’hui :

« Chapeau, Messieurs, bien bas, à vous tous, superbes interprètes » de ce grand « PETIT DISQUE ROUGE » d’Aparté…

….

Ce samedi 4 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

En puisant encore et encore dans le trésor Vivaldi : la belle réussite du CD « Il Mondo al rovescio » d’Amandine Beyer et Gli Incogniti…

17déc

Mon article d’avant-hier 15 décembre « « 

_ ainsi que celui, abondamment cité, de Jean-Charles Hoffelé intitulé « Ordre de désordre« … _,

me conduit à porter attention au CD Harmonia Mundi HMM 902688 « Il Mondo al rovescio » d’Amandine Beyer et ses Incogniti :

et alors que je craignais une pente un peu trop « symphonique » de ces divers « Concerti con molti istromenti » d’Antonio Vivaldi, voici que la découverte attentive de ce CD non seulement me rassure pleinement, mais surtout m’enchante et me ravit…

Et me permet d’abonder dans le commentaire qu’en a donné, sur le site de Crescendo, le 12  octobre dernier, Jean Lacroix,

sous le titre « Amandine Beyer et les Gli Incogniti : un tourbillon vivaldien« …

Le voici donc :

Amandine Beyer et les Gli Incogniti : un tourbillon vivaldien

LE 12 OCTOBRE 2022 par Jean Lacroix

 

Antonio Vivaldi (1678-1741). Il Mondo al rovescio. Concerti con molti istromenti.

Concerto en ré majeur RV 562 ; Concerto pour flûte en mi mineur RV 432 ; Concerto en do majeur RV 556 ; Concerto en fa majeur RV 571 ; Concerto pour violon et hautbois en sol mineur RV 576 ; Concerto pour violon en la majeur RV 344 ; Concerto pour deux hautbois en la mineur RV 536 ; Concerto en fa majeur « Il Proteo ò sia il Mondo al rovescio » RV 572.

Gli Incogniti, violon et direction Amandine Beyer. 2021. Notice en français, en anglais et en allemand. 76.34. Harmonia Mundi HMM 902688.

Amandine Beyer et ses Gli Incogniti nous entraînent dans une nouvelle aventure vivaldienne, avec un Mondo al rovescio (un « Monde à l’envers ») plein de vitalité, d’imagination et de sonorités audacieuses. On ne va pas se priver du plaisir de savourer plusieurs « concerti con molti istromenti » du Prêtre Roux que la virtuose française décrit, dans un texte de présentation, comme un mage, qui se transforme, et qui nous transforme. Amandine Beyer le considère comme un compositeur contemporain, de tous les instants, il nous accompagne au fil des siècles, il est là pour nous soutenir, nous faire rêver, pour nous encourager, nous proposer de nouveaux défis ou des essais impromptus […]. 

On ne se privera pas non plus, avant audition, d’une lecture attentive de la notice éclairante rédigée par le violoniste et musicologue Olivier Fourés, auteur d’une thèse à Lyon en 2007 sur l’œuvre pour violon du maître italien, et collaborateur de l’Institut Vivaldi de Venise. Le signataire détaille des options choisies ici au niveau de l’interprétation, qu’il est bon d’assimiler pour apprécier la qualité de la recherche et de la réalisation. Fourés précise que ces « concerti con molti istromenti » sont des précurseurs de la symphonie _ un peu, mais pas tout à fait encore… _, et qu’ils avaient pour but principal d’exhiber les instruments qu’on avait à sa disposition _ oui. Il n’en manquait _ certes _ pas à l’Ospedale della Pietà de la cité des Doges : l’une des plus célèbres pupilles de l’orphelinat, Anna Maria (c. 1696-1782) jouait aussi bien du clavecin, du luth ou du théorbe que de la mandoline, de la viole d’amour et du violoncelle.

Le programme propose un éventail de huit concertos, aux timbres brillamment diversifiés _ en effet. Dès le RV 562 « per la Solennità di S. Lorenzo » qui ouvre la série, on est accueilli par de joyeuses timbales, deux cors, deux hautbois se joignant au violon dans cette page de jeunesse pour en souligner la vie trépidante _ oui. Fourés a raison de souligner que ce concerto a été conçu par Vivaldi pour montrer son « inimitable » façon de jouer du violon. On en trouve un autre exemple dans le virevoltant RV 571, aux acrobaties parfois échevelées. Lui aussi s’ouvre par des timbales démonstratives. On écoute tout cela avec jubilation _ parfaitement ! Amandine Beyer, comme à son habitude, déploie sa facilité d’archet, à la fois précise, acérée et suprêmement racée ; les Gli Incogniti font valoir la qualité de leurs pupitres chaque fois que l’opportunité leur en est donnée _ oui, oui, oui.

Les occasions ne manquent pas, par exemple dans le RV 576 où deux solistes principaux, violon et hautbois, rivalisent d’effets et d’inventivité. Ou encore dans le RV 536, avec deux hautbois, dont on salue la souplesse teintée de sensualité, ou dans le très bref RV 432, qui laisse la part belle à l’improvisation. Quant au RV 572 qui clôture le tout avec verve et donne son titre l’album, Il Mondo al revescio, il fait participer à la fête le violon et le violoncelle qui, dans le cas présent, peuvent intervertir leur partie. C’est bluffant à tous égards, dans une atmosphère débridée, Vivaldi ayant fait lui-même un arrangement du RV 544, auquel il a ajouté flûtes, hautbois et clavecin. L’allusion à Protée, fils de Poséidon, qui vient s’ajouter au titre initial, définit bien les capacités d’un dieu marin fluctuant pour de multiples et ludiques changements et modifications.

Voilà un disque à goûter avec délices _ oui. On le placera, comme d’autres dont Amandine Beyer et ses Gli Incogniti nous ont déjà gratifiés, parmi les _ infinies _ merveilles vivaldiennes auxquelles on revient sans jamais se lasser _ parfaitement ! On y ajoutera le choix judicieux, pour la couverture de l’album, de la reproduction de la superbe huile sur bois La Gomera de la jeune artiste Cinta Vidal, née à Barcelone en 1982. Elle est tout à fait dans l’esprit de ce « monde à l’envers » qui nous fait tourner la tête.

Son : 9  Notice : 10  Répertoire : 10  Interprétation : 10

Jean Lacroix

Avec ou après le CD « Vivaldi Concerti per violino X ‘Intorno a Pisendel’« 

de Julien Chauvin et son Concert de la Loge,

..

un nouveau somptueux CD vivaldien que ce CD « Il Mondo al rovescio« 

d’Amandine Beyer et ses Incogniti.

Ce samedi 17 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Retour sur l’éblouissant CD Vivaldi (et Pisendel) du somptueux Julien Chauvin et son Concert de la Loge : le CD Naïve OP 7546…

15déc

Avec l’article « Ordre et désordre » _ ou Apollon et Dionysios _ publié ce jour par Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia,

l’actualité des médias consacrés à la discographie me donne l’occasion d’enfoncer encore un peu plus le clou de mon enthousiasme de mélomane, exprimé sur ce blog le 2 novembre dernier en mon assez dithyrambique article « « .

Voici donc cet article « Ordre et désordre » :

ORDRE ET DÉSORDRE

Pisendel, devenu le premier violoniste de la cour du Prince héritier de Saxe, aura accentué _ en effet _ le goût transalpin déjà si célébré _ oui _ par le Prince Electeur qui faisait volontiers le voyage de Venise, s’y faisant accompagner de ses musiciens _ voilà.

Sa rencontre avec Vivaldi affermira encore une technique et un goût musical tout italien formé par Torelli et Pistocchi. Vivaldi, émerveillé par sa technique imparable, ira jusqu’à lui confier quelques manuscrits que Pisendel conservera précieusement à Dresde _ voilà ! _, et qui pourraient constituer un portrait resté vivant de son art brillant et profond à la fois _ mais oui !!! _, ressuscité avec autant de caractère que de perfection _ parfaitement ! _ par Julien Chauvin _ tant au violon qu’à la direction de son orchestre _ au long de son bel album.

De son violon il marie à égalité les humeurs virtuoses et l’aspiration à une élévation du discours _ mais oui ! _ qui regarde déjà vers un certain classicisme _ il existe bien ainsi toute une vraie filiation, via leur commun mécène bohème le Comte Morzin, entre Antonio Vivaldi et Joseph Haydn… _ : les œuvres sont magnifiques, de grande parade, elles arborent des décors d’orchestre somptueux dont Le Concert de la Loge se régale, célébrant une harmonie rayonnante où transparaît la perfection corellienne _ c’est très justement dit.

À l’autre bout _ oui _ de la planète Vivaldi, Amandine Beyer et ses Incogniti nous entraînent dans les folies des concerti con molti stromenti, paradis ou enfer (c’est selon) où Vivaldi bouscule tout comme dans les trompes de chasse et de combat qui ouvrent le premier (ici) des deux concertos « Per la Solennità di S. Lorenzo », rappelant jusque dans ses fêtes religieuses comme Venise se régalait de pompes profanes.

Les _ audacieux et très inventifs _ alliages instrumentaux les plus capricieux _ oui _ bariolent les opus réunis ici, osant jusqu’au charivari ravageur dont sont capables les cors naturels. Vivaldi exulte dans ces outrages à l’harmonie dont l’impertinente bande se régale, signant un disque joliment iconoclaste _ bien différent des CDs de virtuosité de solistes….

LE DISQUE DU JOUR

Vivaldi Edition, Vol. 69


Concerti per violino X
« Intorno a Pisendel »

Antonio Vivaldi (1678-1741)


Concerto pour violon en sol majeur, RV 314
Concerto pour violon en
ré majeur, RV 226

Concerto pour violon en
si bémol majeur, RV 369

Concerto pour violon en ré mineur, RV 237
Concerto pour violon en ré majeur, RV 225
Concerto pour violon en la majeur, RV 340

Le Concert de la Loge
Julien Chauvin, violon, direction
Un album du label naïve classique OP7546

Il mondo al rovescio
Concerti con molti strumenti

Antonio Vivaldi (1678-1741)


Concerto en ré majeur, RV 562 « Per la Solennità di
San Lorenzo »

Concerto pour flûte en
mi mineur, RV 432

Manuel Granatiero, flûte

Concerto en ut majeur, RV 556 « Per la Solennità di San Lorenzo »
Concerto en fa majeur, RV 571
Concerto pour violon et hautbois en sol mineur, RV 576
Neven Lesage, hautbois – Amandine Beyer, violon

Concerto pour violon en la majeur, RV 344
Amandine Beyer, violon


Concerto pour 2 hautbois en la mineur, RV 536
Neven Lesage, Gabriel Pidoux, hautbois
Concerto en fa majeur, RV 572 « Il proteo o sià Il mondo al rovescio »

Gli Incogniti
Amandine Beyer, violon, direction
Un album du label harmonia mundi HMM902688

Photo à la une : le violoniste Julien Chauvin – Photo : © Maro Borggreve

Ce jeudi 15 décembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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