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Un très réjouissant CD de musique baroque portugaise, 6 « Concerti Grossi » d’Antonio Pereira Da Costa (1697 – 1770), publiés à Londres en 1741, par l’excellent Ensemble Bonne Corde, soit le très vivant CD Ramée RAM 2104…

15déc

L’Ensemble Bonne Corde, dirigé par Diana Vinagre, nous propose un très réjouissant CD « Concerti Grossi » d’Antonio Pereira Da Costa (c. 1697 – 1770, Maître de chapelle à la cathédrale de Funchal, sur l’île de Madère) _ un CD comportant les Concerti V, VI, VII, VIII, IX et X, extraits d’un recueil de douze publié à Londres en 1741, et d’un style tout à fait corellien… _ que vient de publier l’excellent label Ramée, soit le très réussi CD RAM 2104

 écouter ici le podcast (de 69′) de ce CD …

C’est l’article « Le Portugal à l’ère baroque : deux nouvelles parutions » de Christophe Steyne publié par Crescendo en date du 24 novembre dernier qui  a orienté ma curiosité vers ce CD Ramée : 

Le Portugal à l’ère baroque : deux nouvelles parutions

LE 24 NOVEMBRE 2023 par Christophe Steyne

Hidden Gems of the Portuguese Baroque. Pietro Giorgio Avondano(1692-c1755) : Divertimenti en ut mineur, sol majeur, la mineur, ré mineur, mi mineur. Giovanni Bononcini(1670-1747) : Moi sposo t’arresta [Farnace]. Francisco António de Almeida (1703-1754) : Nell’ incognito soggiorno ; Camminante che non cura [La Pazienza di Socrate]. Ogni fronda ch’è mossa dal vento [Il Vaticinio di Pallade, e di Mercurio]. Rinaldo di Capua (c1705-c1780) : Nacqui agli affanni in seno [Catone in Utica]. Ana Quintans, soprano. Hugo Oliveira, baryton. Real Câmara, Enrico Onofri. Livret en anglais, français, allemand (paroles traduites en anglais). Novembre 2022. TT 70’17. Passacaille PAS1127

António Pereira da Costa (c1697-1770) : Concertos Grossos com doys Violins, e Violão de Concertinho Obrigados, Opera Primeira [V-X]. Ensemble Bonne Corde, Diana Vinagre. Livret en anglais, français, allemand. Octobre 2021. TT 70’24. Ramée RAM2104

Enrichie depuis deux siècles par l’or de la colonisation brésilienne, la Cour de João o Magnânimo (1689-1750) jalousait l’absolutisme de Louis XIV, entendait rivaliser avec les plus prestigieuses monarchies d’Europe, et briguait le reconnaissance du Saint Siège. Telle une réplique du Vatican, la Chapelle Royale fut élevée au rang de basilique patriarcale. « Faire de Lisbonne une nouvelle Rome » selon l’ambition déjà exprimée par le grand poète national Luís Vaz de Camões (c1525-1580). Pour le rayonnement musical de son palais de Mafra, Jean V _ voilà _ convoitait les meilleur artistes et compositeurs d’Europe. Brandissant un poste de Maître de Chapelle, il parvint en 1720 à attirer nul moins que Domenico Scarlatti, alors attaché à la Cappella Giulia auprès de l’Ambassadeur du Portugal. Le Napolitain enseigna le clavecin à la Princesse Marie-Barbara, dont la mère Marie-Anne d’Autriche animait la vie musicale de la cour en toutes ses manifestations, tant publiques que dans les appartements royaux.

C’est un tel fastueux décor qu’investit cet album, sur la piste de la Chambre Royale dont l’ensemble Real Câmara brigue l’augure : « un ensemble international et éclectique de musiciens unis par une esthétique commune, dans l’esprit cosmopolite de l’orchestre de cour portugais du XVIIIe siècle » lit-on sur son site. Revivifier un patrimoine, en lui associant les pratiques historiques d’exécution. Confronté aux incertitudes entourant le répertoire qui put résonner dans ces circonstances, le programme articule œuvres instrumentales mais aussi vocales. Parmi lesquelles un pan annoncé en premier enregistrement mondial : cinq trios de Pedro Jorge Avondano, dont le prénom apparaît comme Pietro Giorgio dans le manuscrit munichois qui conserve ces divertimentos datés de 1748. « Sûre, concise, inspirée, variée », selon le livret du disque, leur écriture renvoie à la sonata da chiesa et témoigne de diverses influences (napolitaines, romaines, vénitiennes, françaises). Le violon se singularise dans ces pages que Fernando Miguel Jalôto, claveciniste de l’équipe, a constitué sous forme de concerto grosso, amplifiée avec répartie de ripieno, selon une pratique courante à l’époque (la notice cite quelques exemples).

Le volet lyrique s’emprunte à trois compositeurs. Tirés de La Pazienza di Socrate, premier opéra-comique connu au Portugal, Nell’ incognito soggiorno et Camminante che non cura émanent de la plume de Francisco António de Almeida dont le roi avait financé le voyage d’études dans la cité pontificale _ Rome. Nous en entendons aussi un air extrait de la sérénade Il Vaticinio di Pallade, e di Mercurio. Au service dès 1698 de Léopold de Habsbourg, père de la reine consort qui lui apporta aussi son soutien au Paço da Ribeira, Giovanni Bononcini fut brièvement actif à Lisbonne au milieu des années 1730, quand il écrivit son Farnace pour l’Academia da Trindade. Ana Quintans chante Moi sposo t’arresta, seul air qui semble survivre à cet opéra, ainsi que Nacqui agli affanni in seno, provenant d’un des quelques opéras que le Napolitain Rinaldo di Capua accorda à la cité lusitanienne. Pour le tout premier CD de l’ensemble qu’il dirige ici, l’éminent Enrico Onofri inculque tout le soin et la virtuosité que réclament ces œuvres rares et dignement révélées. Tout au plus aurait-on souhaité que, derrière la précision du trait, les Divertimenti brillassent d’un panache que leur arrangement concertant semble quelque peu farder.

On doit également à Fernando Miguel Jalôto d’avoir reconstruit la partie de violoncelle qui manque à ce que l’on conserve des « Concertos grossos » d’António Pereira da Costa (exemplaire archivé à la British Library). Ils parurent à Londres en 1741, dans une capitale anglaise qui était un des principaux foyers d’édition européen _ oui _, et friande de partitions ibériques. La vogue du Baroque italien essaima jusque dans l’archipel de Madère _ voilà _, au point que l’on ne s’étonne guère qu’Arcangelo Corelli put servir de modèle à l’unique opus qui survit à ce compositeur. Sa vie est mieux connue depuis les recherches biographiques de Paulo Esteireiro, docteur en musicologie de la Universidade Nova de Lisboa, publiées en 2018. Mestre da Capella à la cathédrale de Funchal, et soutenu par le mécénat de João José de Vasconcelos Bettencourt (riche notable local), ce prêtre entendit-il jamais ses concertos autrement que par le biais de concerts amateurs ?, –dans la province d’un pays où la vie musicale était centralisée à Lisbonne.

La notice du CD détaille une analyse stylistique de ce recueil qui peut s’entendre comme une amplification du genre de la sonate en trio _ voilà _, et inclut _ comme dans les Suites… _ de nombreuses danses, dont la prépondérance du menuet. Tout en activant des idiosyncrasies, comme les élans martiaux et la verve rythmique de la Battaglia qui trouvaient alors fortune sur les chamades des orgues, et résonnent dans le concerto en ut majeur qui clôt le disque _ plages 29 à 33. La segmentation à l’intérieur des mouvements, et la versatilité d’un discours aux cheminements harmoniques parfois étranges, contribuent à l’imprévisibilité de ces œuvres, et à leur charme pittoresque _ oui.

C’est cette versatilité et cette insularité méridionale que valorise l’interprétation _ très vivante et charmante _ de l’ensemble Bonne Corde, jamais avare de condiment. Outre des archets délicieusement flexibles et savoureux _ oui _, on saluera l’archiluth et la guitare de Giovanni Bellini qui strient et épicent ce panel de six concertos. Et quelle prise de son ! Les micros de Rainer Arndt en soutirent tout le suc et les effluves. Réalisée à l’église de l’Enfant-Dieu de Lisbonne, l’ample et dynamique captation magnifie l’éloquence de ces pages qui enivrent _ voilà _ autant que le vin de l’île qui les vit naître.


Christophe Steyne

Passacaille = Son : 8,5 – Livret : 8,5 – Répertoire : 7-8 – Interprétation : 9

Ramée = Son : 9 – Livret : 9 – Répertoire : 9 – Interprétation : 10

Un très charmant travail de cet excellent Ensemble Bonne Corde…

Ce vendredi 15 décembre 2015, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le tout récent merveilleux CD « Scarlatti – Händel » de Pierre Hantaï salué comme il le mérite…

11nov

Hier même 10 novembre,

à l’occasion de mon plaisir de célébrer les joies que procureur le splendide CD des « Grands Motets sur le Cantique des Cantiques » de Pierre Robert,

que vient  de publier l’intéressant label Château de Versailles – Spectacles,

j’évoquais aussi, très brièvement, et au passage,

en ajoutant, surtout que je ne manquerais pas d’y revenir bientôt _ cf mon article  _,

le génie admirable de l’interprétation _ toujours (ou presque) si parfaitement juste, sans hystérie ni virtuosisme _ de l’ami Pierre Hantaï…

Je ne croyais pas si bien dire,

puisque l’article de ce jour de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia,

joliment intitulé « Le Soir et le jour« ,

vient saluer comme il le mérite ce splendide CD « Scarlatti – Händel« de Pierre Hantaï ;

et vient me donner l’occasion, justement, d’y revenir tout de suite…

Voici donc cet article :

LE SOIR ET LE JOUR

Scarlatti et Haendel se croisèrent _  physiquement ; et musicalement… _ plusieurs fois, à Londres, à Venise, et à Rome où le cardinal Ottoboni les réunira le temps d’une joute _ célèbre _ de claviers. C’est que le jeune Haendel éblouissait autant par ses talents de claviériste, plus même à l’orgue qu’au clavecin, que ne le faisait ce diable de Scarlatti. Les destins de leurs œuvres se croisèrent _ oui _, au moment où Scarlatti abandonnait pour le seul clavecin de sa chère princesse portugaise _ Maria-Barbara : à Lisbonne, puis Séville, puis la cour de Madrid, une fois devenue reine d’Espagne… _ l’opéra dont il avait hérité la veine lyrique de son père Alessandro, Haendel délaissait son clavecin pour mettre tout son art au service de la scène. De tout cela, Gaëtan Naulleau, dans un texte épatant, nous conte _ pour le livret de ce CD _  le détail, contrepoint éclairant au disque où Pierre Hantaï réunit _ mais pas gratuitement… _ les deux objets de ses amours.

Voici enfin confrontés ces deux diables de l’instrument à cordes pincées. Pas forcément dans l’idée d’une joute comme l’avait voulue Ottoboni, chez lui _ Pierre Hantaï _ la virtuosité _ et très heureusement ! _ reste invisible, dès le grand geste qui ouvre l’Ouverture d’Il Pastor fido qu’il a transcrite à son propre usage, c’est le génie _ dramatique : et Händel en est un maestro… _ du théâtre qui paraît, nous entraînant dans un univers flamboyant _ oui : Hândel a, en effet, le génie d’enflammer…. La grande Suite en ré mineur apporte une touche de _ douce _ nostalgie française, sentiments mis en musiques ; les trois Sonates de Scarlatti qui y répondent sont des feux d’artifice (la K. 24, littéralement ébrouée), mais Pierre Hantaï y met tant de musique, jusque dans les effets de fandango de la K. 429, que la pyrotechnie n’en est _ très heureusement _ plus le sujet : un génie musical répond à un autre _ voilà !

Le ton réflexif de la Suite en mi majeur apporte des ombres _ oui _, le claveciniste lui donnant une ampleur qui fait songer à Bach, et rappelle à quel point les œuvres de clavecin de Haendel furent tenues en estime de son vivant. La nuance française qui _ à nouveau _ charme tout au long de l’Air et variations ne croit-elle pas déjà apercevoir Mozart ? Les sonneries de la Sonate K. 443, les « emberlificotements » de la K. 12 et même les pas dansés de la Sonate en si bémol majeur ne font pas oublier le ton nostalgique de l’admirable _ ouiCantabile. Est-ce le si beau clavecin de Jonte Knif d’après des instruments allemands du XVIIIe siècle, prêté par Olivier Fortin, qui apporte un éclairage un rien mélancolique _ anticipant en quelque sorte ce que Mozart rendra bientôt de la vraie joie… _ à ce disque si amplement respiré, une nuance vespérale _ voilà _ aux danses et aux saillies scarlatiennes ? Où bien l’ombre de Gustav Leonhardt _ qui ne jouait jamais le trop théâtral à son goût Händel _ venu écouter son élève dans cette église d’Haarlem qu’il fréquenta si souvent ?

La joute, vous la trouverez _ en revanche _ dans l’album spumante que le jeune Cristiano Gaudio signe pour L’Encelade. Deux clavecins, celui déduit par Bruce Kennedy d’après Mieke pour les opus de Haendel, et toujours du même facteur, une solaire création d’après des modèles italiens du XVIIe siècle.

Virtuose _ lui _ dès l’entrée, le jeune homme nous précipite dans une des Toccatas du Manuscrit de Bergame, aux folies de laquelle William Babell a ajouté une pincée d’épices supplémentaires. Ces Toccatas diaboliques rythmeront un album fulgurant où s’invite un Scarlatti résolument ibère qui saisit dans son instrument transformé en guitare les musiques des rues et des champs, culminant dans les formules obstinées de la Sonate K. 43.

Une merveille signée Haendel lui succède, celle en forme de capriccio, la HWV 483, Toccata lente. Aussi brillant que soit le disque, aussi tonique que paraisse le jeu de ce jeune virtuose formé par Olivier Baumont et Francesco Corti, et même si dans une première écoute l’album semble pencher du côté de Scarlatti, le jeune homme atteint une dimension poétique dans la Suite en fa majeur de Haendel, et c’est encore chez Haendel qu’il prend sa plume pour transcrire l’aria parfaite de l’Adagio d’une Sonate pour violon en la majeur, preuve qu’il a plus d’une corde à son art. Et si demain il nous mariait Bach et Couperin ?

LE DISQUE DU JOUR

Georg Friedrich Haendel(1685-1759)


Il pastor fido, HWV 8a (extrait : Ouverture, arr. pour clavecin : P. Hantaï)
Suite en ré mineur, HWV 437
Suite en mi majeur, HWV 430, « The Harmonious Blacksmith »


Domenico Scarlatti
(1685-1757)


Sonate en mi mineur, K. 147
Sonate en la majeur, K. 24 (Presto)
Sonate en la majeur, K. 429 (Allegro)
Sonate en ré majeur, K. 443 (Allegro)
Sonate en sol mineur, K. 12 (Presto)
Sonate en sol mineur, K. 546 (Cantabile)
Sonate en si bémol majeur, K. 16 (Presto)

Pierre Hantaï, clavecin


Un album du label Mirare MIR560

Georg Friedrich Haendel(1685-1759)


Toccata VI en ut majeur
(extrait : attr. William Babell)

Toccata XI en ut mineur
(extrait : attr. William Babell)

Sonate (Allemande) pour clavecin en la mineur, HWV 478
Toccata IX en sol mineur, HWV 483 (extrait : attr. William Babell)
Suite pour clavecin en fa majeur, HWV 427
Toccata I en sol majeur (extrait : attr. William Babell)
Chaconne en sol majeur, HWV 435
Sonate pour violon en la majeur, HWV 372 (extrait : I. Adagio, arr.: Gaudio)


Domenico Scarlatti (1685-1757)


Sonate en fa majeur, K. 82 (Fuga)
Sonate en fa mineur, K. 69 (Presto)
Sonate en ut mineur, K. 32 (Aria)
Sonate en ut mineur, K. 64 (Gavotta Allegro)
Sonate en sol mineur, K. 43 (Allegrissimo)
Sonate en ut majeur, K. 33
Sonate en ut majeur, K. 53 (Presto)
Sonate en ut majeur, K. 86 (Andante moderato)
Sonate en ut mineur, K. 84
Sonate en ut mineur, K. 58 (Fuga)

Cristiano Gaudio, clavecin



Un album du label L’Encelade ECL2003

Photo à la une : le claveciniste Cristiano Gaudio – Photo : © Julian Bowen Levendusky

Ce jeudi 11 novembre 2021, Tutus Curiosus – Francis Lippa

En fouillant dans les recoins de discothèque : les dynamiques 4 symphonies de Méhul, par Michel Swierczewski dirigeant l’Orchestre de la Fondation Gulbenkian en 1989,en l’honneur du bicentenaire de la Révolution française, en 1989…

27oct

Afin de mieux découvrir l’œuvre d’Etienne-Nicolas Méhul (Givet, 22 juin 1763 – Paris, 16 octobre 1817),

j’ai retrouvé aussi dans un recoin de ma discothèque un très épatant album double _ NI 5184/5 _ « The Complete Symphonies« , de ce compositeur,

publié par Nimbus en 1989 ;

comportant ses 4 symphonies _ composées entre 1808 et 1810 _,

ainsi que 2 ouvertures (pour « La Chasse du Jeune Henri » _ créée à Paris le 1er mai 1797 _ ; et « Le Trésor supposé » ),

toutes superbement enlevées en cette réalisation de 1989, par l’Orchestre de la Fondation Gulbenkian, à Lisbonne, sous la direction très vivante et souple de Michel Swierczewski.

Une musique symphonique épatante,

qui fait honneur à ce compositeur encore trop mal connu !

Ce mercredi 27 octobre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Michel Corboz (1934 – 2021) : un chef de choeur qui a marqué son époque…

04sept

La nouvelle de la disparition, avant-hier jeudi 2 septembre, à l’âge de 87 ans, du chef de chœur (et d’orchestre) suisse _ fribourgeois, de la région de Gruyère : il était né à Marsens le 14 février 1934… _ Michel Corboz,

me touche

et me rappelle ses contributions à l’exploration d’un vaste répertoire musical _ Monteverdi, Carissimi, Bach, Marc-Antoine Charpentier, etc. _,

avec de remarquables contributions discographiques _ une centaine d’albums ; dont certains réalisés à Lisbonne, à la Fondation Gulbenkian… _,

principalement pour le label Erato…

Je me souviens aussi, à cette malheureuse occasion,

de Michel Daudin _ décédé à l’âge de 66 ans, le 1er septembre 2017 ; il était né à Chambéry le 1er septembre 1950 ; cf mon article  du 10 décembre 2018 _,

qui avait accompagné Michel Corboz en quelques unes de ses réalisations :

Michel Daudin avait en effet été l’élève, puis l’assistant, de Michel Corboz, ainsi que chanteur (basse) dans l’Ensemble Vocal de Lausanne ;

et il parlait avec affection de son maître, Michel Corboz…

Ce samedi 4 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Question : lesquels des « Tirages Fresson » de Bernard Plossu, sont ceux que je préfère ?.. Et maintenant, les images de villes

10nov

Aujourd’hui,

c’est aux images de villes, de grandes cités, parmi mes « Tirages Fresson » préférés (au nombre de 13 pour la liste principale, et de 22 pour la liste complémentaire),

que l’amateur de villes que je suis, moi aussi, va consacrer son attention.

Bernard Plossu, en effet, n’est pas seulement

un infatigable marcheur de montagnes, déserts et campagnes les plus diverses _ cf mon article d’avant hier :  _

et un amoureux passionné de découvertes de sublimes villages un peu perdus _ cf mon article d’hier :  _,

il est aussi un magnifique arpenteur _ inépuisable : si intenses sont l’appétit et l’ouverture photographiques permanente de son insatiable curiosité iconique _ de villes,

de grandes villes, de par le monde _ et en Europe tout particulièrement ; et cela, qu’il s’agisse de commandes qui lui ont été passées, ou pour le pur plaisir d’images à saisir et puis réaliser.

Ainsi qu’en témoignent,

et parmi bien d’autres qui, à coup sûr, m’échappent

_ étant encore loin de connaître la totalité des albums de Plossu ; même si, assez souvent, il prend soin de me faire part de certaines de ses nouvelles sorties… _,

les superbes albums d’images consacrés spécifiquement aux villes suivantes :

Marseille (« Marseille Plossu au tournant du siècle 1991 – 2011« , en 2012),

Paris (« Paris« , en 2018),

Rome (« Roma _ 1979 – 2009« , en 2019),

Milan (« Attraverso Milano« , en 2008),

Bari (« Bari/Porto« , en 2012),

Valence (« Ciudades y paisajes« , avec Marcelo Fuentes, en 2006 ; « En Valencia« , avec Luis Baylon, en 2008 ; « Valencia in colour, live« , en 2010 cf un tout à fait excellent article de fond, de Jacques Terrasa, en 2019 : « Madrid et Valence Deux villes au cœur de l’œuvre espagnole de Bernard Plossu«  _,

Barcelone (« Barcelona, 1974« , en 2012),

Almería (« Almería« , en 2018),

Lisbonne (« Lisbonne Portugal : ceci n’est pas une carte, mais un voyage photographique« , en 2017),

Le Havre (« Le Havre en noir et blanc« , en 2015),

Hyères (« L’Étrange beauté de la ville d’Hyères« , en 2007 _ cf aussi « L’Improbable destin de la villa Noailles« , en 2010 ; « La Villa Noailles : une aventure moderne« , en 2001 ; « La Villa Noailles« , en 2003 _),

etc. :

la production éditoriale de Bernard Plossu est si riche, profuse, généreuse,

ainsi que si merveilleusement variée _ et sous de très multiples formats, qui plus est… _,

que bien d’autres ouvrages consacrés à des villes ont échappé _ et échappent _ à mon attention…

Du regard urbain _ sur lequel je désire ici me pencher _ de Bernard Plossu,

je retiens ici, parmi mes 13 images préférées de ce sublime « Tirages Fresson« ,

deux fascinantes images d’Italie :

d’abord, à la page 18,

l’image référencée « Palerme, Italie, 2008« ,

déjà montrée, au sein d’un chapitre intitulé « Still life 19665 – 2013″, à la page 117 du très riche « Couleurs Plossu _ séquences photographiques 1956 – 2013 » de 2013, aux Éditions Hazan ;

et déjà référencée « Palerme, Italie, 2008 » _ le référencement n’étant rien de plus que celui de Bernard Plossu à destination de lui-même…

 et ensuite, à la page 26, l’image référencée « Milan, Italie, 2009« ,

une image peut-être cette fois inédite _ datée de 2009, cette image ne peut bien sûr pas avoir déjà paru, en 2008, en l’album « Attraverso Milano » (que je possède), paru chez Mondadori Electa, et pour la couverture duquel, le 4 juillet 2008, j’avais publié sur mon blog En cherchant bien, qui naissait tout juste à peine alors (la veille, le 3 juillet !), l’article  ; et de fait l’album milanais de 2008, exclusivement en noir et blanc, ne comportait pas, et pour cause, cette admirable image couleur, en tirage Fresson !.. Plossu était donc retourné arpenter les rues de Milan l’année suivante…

La sublime image palermitaine _ une merveille absolue ! _, en 2008,

peut-être prise _ comme parfois c’est le cas ; et, ici, légèrement en oblique par rapport au tracé de la rue qui traverse l’image de ses pointillésde la fenêtre de quelque chambre d’hôtel qui aurait surplombé la scène nocturne _ Bernard m’a offert un tirage d’une sublime vue nocturne de Rome, prise d’une chambre d’hôtel situé tout à côté de Sant’Eustachio (et non loin du Panthéon)… _

à dominante ocre,

donne à contempler le vaste _ large, ouvert _ espace béant d’une rue _ marquée par des pointillés blancs sur le sol _, que vient manger, sur toute la partie gauche de l’image, l’obscurité envahissante de la nuit ; alors qu’est, éclairée, d’une lumière blafarde, au premier plan, sur plus du quart de l’image, en bas et à droite, une zone totalement vide, jeaunâtre d’aspect.

Au plein centre de la photo, se tient la toute petite silhouette dressée d’un homme, bien campé sur ses jambes, et possiblement les bras derrière le dos ;

alors que tout en bas de l’image, sur la droite, mais presque totalement mangée par le bord inférieur de l’image, qui la coupe, se distingue à peine _ on ne l’aperçoit pas tout de suite _ la tache minuscule du haut de la silhouette d’un autre homme, dont ne se perçoivent que la tête et les épaules.

Qui sont-ils ? Que font-ils là, à cette heure de la nuit ?

La partie supérieure droite de l’image, et de l’autre côté de la rue présentement déserte d’autres personnes que ces deux silhouettes-là, présente _ toujours en léger oblique par rapport au cadrage de l’image _ deux grilles d’entrée, en continuité l’une de l’autre, mais légèrement dissemblables _ une clôture ajourée sépare les deux propriétés _, avec, juste posée sur le pilier qui leur sert de séparation, la tache lumineuse d’un éclairage.

Cette scène muette m’évoque étrangement quelque chose de la poésie assez énigmatique du sublime cinéma d’Antonioni,

du temps de « L’Avventura » (tourné en Sicile), « L’Eclisse » (tourné à Rome) et « La Notte » (tourné à Milan)…

Voilà, en tout cas, un pur chef d’œuvre de Plossu, en 2008, à Palerme.

L’image milanaise de 2009,

est d’une tout autre veine,

peut-être, disons, moderniste _ avec des lignes géométriques bien marquées _ ;

et elle est dépourvue, elle, de personnages, ne serait-ce que sous forme de silhouettes pressées…


Il s’agit d’une vue de rue _ où ont lieu des travaux _, centrée sur un immeuble qui occupe _ jusqu’au haut de cette image _ plus de la moitié gauche de l’image ; et s’ouvre sur deux vastes bâtiments industriels _ le premier bas et long, recouvert d’un toit de tuiles ; et l’autre plus haut, et cubique, en béton _ qu’on aperçoit, par dessus un mur bas, sur la partie droite de cette image, laissant entrevoir aussi un peu d’un ciel d’un bleu passablement brumeux…

Milan est une cité du Nord, et assez industrielle. 

Bien sûr, cette image me rappelle l’article que j’avais consacré, le 4 juillet 2008, au magnifique carton d’invitation à la mostra « Attraverso Milano« ,

dont voici un lien :

Et je sais bien que pour ces images de ville,

Bernard Plossu a plus que l’embarras du choix…

Que d’images de lui, dans le trésor de son immense réserve, attendent la chance d’une publication en album !

Ce mardi 10 novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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