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Un aperçu italo-centré irrité sur le « Piccola » de Rosita Steenbeek, sur le site « L’Italie à Paris »

01nov

M’enquérant de la réception du « Piccola » de Rosita Steenbeek, en sa traduction française par René de Ceccaty (aux Éditions Vendémiaire),

je découvre un article récent _ en date du 25 octobre dernier _ de Riccardo Borghesi _ qui travaille à l’IRCAM depuis 1996, et semble toscan : « né et grandi à Cecina, entre Maremme et Livourne«  _,

sur le site de L’Italie à Paris,

et intitulé très simplement « Piccola, roman de Rosita Steenbeek« …

Cet article m’a amusé

par une certaine irritation _ italo-centrée… _ qu’il exprime

envers l’auteur, Rosita Steenbeek _ néerlandaise, calviniste et ayant fait des études de théologie ; et gérontophile, selon lui… _,

en sa façon de présenter le machisme invétéré des hommes italiens dont la narratrice-auteur fait ici le portrait ;

et sa façon de s’en présenter comme une victime, elle,

en réalité la prédatrice _ selon lui _ de ces hommes tous les trois vieillissants :

le titre originel _ en néerlandais _ du roman,

ainsi que de sa traduction italienne, aussi _ par Rosita Steenbeek elle-même ! _,

n’étant autre que « La dernière femme » _ celle que chacun des trois aura « eue« , « possédée« , juste avant de mourir…

Riccardo Borghesi semblant ignorer par là

que Rosita Steenbeek _ extrêmement italophile ! _ a vécu de très nombreuses années à Rome,

et dans l’appartement même, Via del Sudario, dans lequel le récit nous la montre justement en train de s’installer…

Et cela, bien longtemps après la disparitions de ces trois vieux mâles italiens machistes qu’elle avait pu approcher

et auxquels elle avait pu plaire alors _ sans chercher à toute force à les séduire…

Voici donc cet article bien intéressant _ par son point de vue de lecteur vilainement agacé _ de Riccardo Borghesi, italien de Paris :v

Publié le dimanche, 25 octobre 2020 à 10h09

Piccola, roman de Rosita Steenbeek

Par Riccardo Borghesi

Piccola - couverture

La « Piccola » qui donne son titre au livre est une très jeune étudiante hollandaise, Suzanne, qui s’installe à Rome à la fin des années quatre-vingt pour chercher fortune dans le monde du cinéma. Un monde du cinéma en déclin, comme d’ailleurs à cette époque l’étaient toute la culture et le monde politique italiens qui vivaient les dernières années de la pax démo-chrétienne. Le personnage de Suzanne, qui n’est autre que l’auteur du livre, nait de la friction entre sa culture puritaine et sévère (elle est fille d’un pasteur protestant _ professeur d’université _ et est étudiante en théologie) et son désir d’une Italie à ses yeux sans vertus mais imprégnée d’une sensualité et d’une vitalité disruptives _ voilà le point de vue exacerbé de ce lecteur.

Je vous avoue que son personnage, bien que cohérent et bien dessiné, m’a dérangé _ certes ! _ dès le début, en raison de son regard voilé de préjugés _ sans doute : en débarquant d’Utrecht, tout au moins… _ et d’un certain mépris nordique pour cette Italie à ses yeux corrompue et sans valeurs _ c’est tout de même très exagéré : Rosita adore au contraire l’Italie, au point d’y passer presque toute sa vie, à Rome, Via del Sudario…

Comme si cela ne suffisait pas, dans sa bouche on retrouve souvent des expressions lourdes de sens telle « il s’est comporté comme un Arabe » _ à propos du psychiatre sicilien de Catane… _ avec tout ce qui va avec (à un moment donné, elle affiche son amitié pleine d’admiration pour le réalisateur raciste et antisémite Theo Van Gogh, tué en 2004 par les islamistes). Bref, beaucoup de petites allusions qui m’ont rendu inconfortable l’identification au personnage _ mais s’agit-il jamais de s’identifier à un personnage de roman ?.. C’est là une profonde (et très grave) étroitesse de lecture !

Au cours de la lecture, je me suis demandé à plusieurs reprises si ces aspects lourds et désagréables relevaient du choix littéraire ou du bagage culturel. Je n’ai pas trouvé la réponse, parce que Suzanne est ambiguë _ ah ! Elle se voit et se raconte comme une personne de cœur, généreuse et romantique, mais dans les faits elle est toujours en équilibre entre l’aventurière sans scrupules et la petite fille naïve à la merci de forces plus grandes qu’elle _ pourquoi pas, du moins au départ de l’aventure…

..

Dès les premières pages, Suzanne se lance dans ce qui sera finalement le cœur du roman et de son activité en Italie : séduire des vieux messieurs _ est-elle donc si active ? Des vieillards riches en argent et en pouvoir certes, mais qui restent des vieux _ certes ! _, et même très vieux par rapport à son très jeune âge. Le prénom Suzanne est-il une référence à l’épisode biblique qui porte le nom de « Suzanne et les vieillards« ** (« Susanna e i vecchioni » en italien)? Mais dans la Bible, Suzanne est la victime innocente de la concupiscence sénile , tandis qu’ici, elle est actrice et moteur _ c’est du moins le point de vue de ce lecteur...

Sa chasse aux vieillards _ à ce point ?.. Non ! _ commence en se prostituant contre de l’argent _ cela n’est pas tout à fait faux, du moins au tout début de ses séjours en Sicile… _ à un vieillissant playboy sicilien, riche et superficiel. Cette partie du roman m’a un peu embarrassé à cause du voyeurisme sans empathie et de l’érotisme maladroit _ probablement ; mais la personnalité de ce personnage va, elle aussi, s’infléchir… Mais la suite, avec ses proies bien plus intéressantes _ en effet ; mais pour de tout autres motifs que libidineux… _, accompagne le roman dans une véritable accélération tant dans le rythme que dans l’inspiration _ ce n’est pas faux _, comme si l’auteur avait finalement trouvé une évidence poétique _ face à deux génies artistiques un peu sur le retour (de leur libido)…

L’identité des deux vieillards principaux est à mon avis la véritable raison de la publication du livre _ ce n’est pas faux ! Parce que, bien que cachés derrière deux chiches pseudonymes qui en vérité n’essaient même pas d’en dissimuler la véritable identité _ en effet _, il ne s’agit rien moins que de l’octogénaire Alberto Moravia et du septuagénaire Federico Fellini _ oui. Et ici la violence du temps qui passe, pour le mâle dominant et narcissique _ Moravia n’avait rien de narcissique _, explose dans toute sa brutalité et nous montre hélas combien de dégâts peut faire le désir vampirique de la jeunesse désormais perdue _ en des vieillards libidineux, en quête de leur « dernière femme » à posséder…

Bien que j’aie été un peu attristé de voir deux monuments de la culture italienne réduits _ c’est assez discutable ! _ à de tragiques caricatures lubriques et concupiscentes (ce qu’ils étaient probablement _ aïe ! _), cette partie du roman a la force magnétique du rite révélateur _ d’une certaine machitude méditerranéenne. Avec l’accumulation méthodique et hypnotique d’épreuves toutes plus embarrassantes les unes que les autres, de pathétiques escarmouches amoureuses à de véritables violences sexuelles _ à l’aune des critères de 2020, du moins _, il montre hélas que l’amour « transgénérationnel » n’est qu’un tragique et inutile malentendu _ on devrait en discuter : Rosita étant à mille lieues de faire de Moravia et Fellini de telles ignobles caricatures…

La lecture de « Piccola » confirme aussi, que de la vie des grands hommes, il vaut mieux en savoir le moins possible _ qui est alors le puritain ?..


** Voir par exemple au Louvre le très beau tableau du Véronèse : Suzanne et les vieillards

Ce dimanche 1er novembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Borges citant Bioy dans ses conférences retrouvées de 1965 sur le Tango

06jan

La quatrième de couverture du Tango _ quatre conférences

de Jorge Luis Borges, enregistrées en octobre 1965,

et ici traduite par Silvia Baron Supervielle

cite à diverses reprises le nom de Bioy,

tant le fils Adolfo Bioy Casares _ trois fois _,

que le père, Adolfo Bioy Domecq _ trois fois aussi _,

et une fois Sivina Ocampo, 

sur lesquels je travaille.

Voici la quatrième de couverture de ce très intéressant opuscule de 121 pages :

« Au mois d’octobre 1965, Jorge Luis Borges donne quatre conférences sur l’histoire du tango devant un groupe d’admirateurs et d’amis réunis à Buenos Aires. L’un des invités enregistre secrètement les propos de l’écrivain, mais les bandes sonores s’égarent et ne sont retrouvées que quarante ans plus tard. En 2013, María Kodama, la veuve et ayant droit du grand auteur argentin, certifie l’authenticité des enregistrements et en autorise la transcription et la publication. Voilà en quelques lignes l’histoire rocambolesque de ce petit livre délicieux. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un texte littéraire conçu comme tel par Borges, la transcription des quatre conférences porte en elle toute la vitalité et la force de la prose borgésienne grâce à la richesse des anecdotes, des contes et des digressions s’immisçant tout au long d’une intervention qui semble soigneusement préparée. Chaque conférence nous offre l’occasion unique de redécouvrir un auteur qui, avec humour et poésie, n’hésite pas à réciter ni à chanter des tangos, tout en déployant son incroyable érudition sur la culture de Buenos Aires et sur la formation de l’Argentine moderne au début du XXe siècle. Comme on pourra le constater, le souvenir, le savoir et l’émotion vive se conjuguent souvent dans ses paroles et font de ce livre un ouvrage exceptionnel qui ravira, sans nul doute, les lecteurs de Borges, mais aussi tous les amateurs de tango et de bonne littérature.« 

Un document historique aussi sur lhistoire du machisme et sa violence

en Argentine…

Ce dimanche 6 janvier 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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