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Et le somptueux cadeau, aussi, du CD Melodiya « Reminiscenza » de Ludmila Berlinskaïa, avec de sidérantes magiques justissimement raveliennes « Valses nobles et sentimentales »…

10juin

En forme de suite à mon article «  » du 7 juin dernier,

voici, ce lundi matin 10 juin, l’émerveillement _ absolu ! _ de mon écoute, au sein du magnifique CD Melodiya MEL CD 10 02526 « Reminiscenza » que m’a si gentiment adressé l’ami Manuel Cornejo, de sidérantes magiques raveliennes (en 1911) « Valses nobles et sentimentales« , sous les doigts sublimement inspirés, musicaux et éloquents, de Ludmila Berlinskaïa _ enregistrées à Moscou début juillet 2017…

Et en recherchant un peu, voici ce qu’en disait très justement, sur le site de ResMusica, le critique Bénédict Hévry, en date du 9 juin 2018, en un article intitulé « Reminiscenza, ou le labyrinthe du monde selon Ludmila Berlinskaïa » :

Reminiscenza, ou le labyrinthe du monde selon Ludmila Berlinskaïa

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71SG960Oj-L._SL1200_Quelques semaines après son récital en la salle Gaveau, nous parvient le nouveau disque de reprenant le programme de ce mémorable concert. Le concept permet de réunir, sous l’auspice des souvenirs, des pages opposées ou complémentaires, et met parfaitement en valeur les qualités pianistiques, musicales, et presque narratives _ oui, les deux _ de la pianiste russe qui vit aujourd’hui à Paris.

Fille de Valentin Berlinsky _ Irkoutsk, 1925 Moscou, 2008 _, le violoncelliste légendaire du quatuor Borodine de 1946 à 2007, Ludmila Berlinskaia a pu bénéficier des conseils et de la bienveillante attention d’éminents musiciens de la Russie soviétique. La marque de Sviatoslav Richter est tout à fait audible dans son jeu, tant par l’attention apportée aux vertus expressives du clavier que par la conception très architecturée, quasi-littéraire, du programme, sans que l’on ait pour autant la sensation d’avoir affaire à un simple épigone : ce poids de la grâce intuitive _ voilà _ typiquement féminine oublie la manière parfois plus brusque, léonine, de son maître à penser.

Le choix s’est orienté vers un juste partage entre deux sonates et deux cycles de huit pièces. Et sous le titre de « Reminiscenza » se cachent des références multiples : bien entendu, tout d’abord, la dixième sonate de , qui connaît ici une interprétation somptueuse, d’une engagement et d’une ferveur admirables, tant dans l’attention apportée aux nuances que dans la globalité de la trajectoire de l’œuvre. Mais les autres pièces du programme, au-delà des propres souvenirs de l’interprète, utilisent peu ou prou les effets de mémoire volontaire ou non, et d’ouverture du tiroir aux effluves passées : le Gesangvoll, mit innigster Empfindungconclusif de la Sonate opus 109 de Beethoven boucle la boucle par une réitération de son thème initial après bien des métamorphoses. Les pièces impaires (côté Florestan) et paires (côté Eusébius) des Kreisleriana de Schumann se répondent intimement par des bribes thématiques cycliques ; quant à l’Épilogue des Valses nobles et sentimentales de Ravel (par-delà la référence à Schubert), il égraine en quatre minutes le parcours total du cycle.

On admirera les contrastes de la sonorité de : tantôt assez courte, voire cinglante (par exemple dans un Ravel d’une conception très originale, imaginé loin des standards et clichés « français » superficiels et un peu éculés), ou ailleurs parfois plus enrobée et directement séduisante (premier temps de la Sonate de Beethoven, idéalement rêveur et timbré). Certes, on pourrait imaginer une plus grande différenciation des variations terminales de cette même sonate, telle, dans une conception voisine, la version ultime et très tranchée d’un Emil Gilels (DGG) ; mais le parcours des Kreisleiriana, tour à tour emportés sans précipitation (Argerich, DGG) ou méditatifs sans mièvrerie, nous aura semblé rarement aussi narratif, elliptique et justement tortueux à la fois dans son labyrinthe psychologique et musical : l’interprète semble, plus encore ici, prendre l’auditeur par la main et le guider d’étape en étape dans un voyage intérieur aux multiples entrelacs, pour un périple méditatif ou douloureux dont personne ne sortira indemne. Pour cette vision à l’inquiétante étrangeté (pour citer Freud à propos des Contes d’Hoffmann), ce merveilleux récital _ voilà ! _ mérite à lui seul d’être acquis, et permettra à bien des mélomanes de découvrir une pianiste éminente et attachante, qui par son destin musical et ses paris esthétiques a réussi – et comment ! – à se faire un prénom.

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« Reminiscenza ».

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate n° 30 en mi majeur op. 109 ;

Nikolaï Medtner (1879-1951) : Sonate n° 10 en la mineur « Reminiscenza » op. 38 n° 1 ;

Robert Schumann (1810-1856) : Kreisleriana op. 16 ;

Maurice Ravel (1875-1937) : Valses nobles et sentimentales.

Ludmila Berlinskaïa, piano.

1 CD Melodiya.

Enregistré en la grande salle du conservatoire de Moscou en juillet 2017.

Textes de présentation de l’artiste en russe, anglais et français.

Durée : 79:40

Un piano de Ravel justissimement somptueux…


Ce lundi 10 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et découvrir un nouveau splendide « Tombeau de Couperin », avec un « Rigaudon » comme il le faut, « à la basquaise » : celui de David Lively au piano en un superbe CD « Ravel à Gaveau », du label La Musica, paru en 2019…

07juin

En réponse en quelque sorte très matérielle et bien sonore à mon article «  » du lundi 3 juin dernier,

dans lequel je recensais la présence de 18 CDs en ma discothèque personnelle comportant « Le Tombeau de Couperin« , par 17 interprètes différents, de Robert Casadesus en décembre 1951, à New-York, à Martin James Bartlett en mars 2023, à Londres _ Robert Casadesus, Marcelle Meyer, Walter Gieseking, Samson François (2 fois), Vlado Perlemuter, Yvonne Lefébure, Jean-Yves Thibaudet, Dominique Merlet, Alice Ader, Jean-Efflam Bavouzet, Alexandre Tharaud, Roger Muraro, Stven Osborne, Bertrand Chamayou, Clément Lefebvre, Philippe Bianconi, James Martin Bartlett… _,

voici que dans le très amical envoi-cadeau, par l’ami Manuel Cornejo, le président de la dynamique et très féconde Association des Amis de Maurice Ravel, de 8 CDs raveliens absents jusqu’ici de ma discothèque personnelle,

s’en trouvent 3 _ par les pianistes François Dumont, David Lively et Louise Akili _ comportant une interprétation de ce merveilleux « Tombeau de Couperin » _ œuvre créée à la salle Gaveau le 11 avril 1919 par Marguerite Long, la veuve de Joseph de Marliave, auquel est dédiée la brillante « Toccata » finale... _, dont l’un emporte ma totale adhésion _ de même que les enregistrements d’Alexandre Tharaud et Martin James Bartlett _ par son jeu « à la basquaise » du « Rigaudon » _ une pièce merveilleuse dédiée aux deux frères luziens Pierre et Pascal Gaudin, je le rappelle ici : deux amis de l’enfance et adolescence de Maurice Ravel lors de ses vacances au pays basque, à Ciboure et à Saint-Jean-de-Luz ; et c’était la grand-tante et marraine du petit Maurice, Gachucha Billac (1924 – 1902) qui était la nounou des 7 enfants Gaudin… _ :

celui de David Lively, au piano,

en un CD lui-même magnifique _ et qui avait jusqu’ici échappé à mon attention ! _ le CD du label La Musica LMU « Ravel à Gaveau« , paru en 2019,

comportant aussi les « Valses nobles et sentimentales » par le piano de Denis Pascal _ une œuvre créée à la salle Gavaud, par Louis Aubert, le 9 mai 1911 _,

le « Trio avec piano«  _ composé à Saint-Jean-de-Luz en 1914… _, par Denis Pascal, au piano, Aurélien Pascal au violoncelle et Svetlin Roussev au violon _ une œuvre créée à la salle Gavaud le 28 juillet 1915, par Alfredo Casella au piano, Gabriel Willaume au violon, et Louis Feuillard au violoncelle _,

ainsi que « Tzigane« , par Svetlin Roussev au violon et David Lively au luthéal _ l’instrument de cette création à la salle Gaveau, le 15 octobre 1924, était le piano, par Samuel Dushkin au violon et Beveridge Webster au piano…

Avec, dans le livret de ce CD, trois textes fort intéressants :

_ « Ravel et Gaveau« , sous la plume de Manuel Cornejo, aux pages 3 et 4 ;

_ « Ravel, le magicien« , sous la plume de Michel Fleury, aux pages 5 à 9 ;

_ et « Les œuvres créées à Gaveau« , sous la plume de Manuel Cornejo, aux pages 10 à 13…

 

Ce vendredi 7 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et dans l’ordre-désordre complexe de ma discothèque personnelle, le cadeau d’avoir retrouvé un coffret Decca-Eloquence comportant les sublimes « Chansons madécasses » de Ravel par la radieuse miraculeuse musicalement parfaite Irma Kolassi…

06juin

C’est bien sûr en recherchant tout autre chose que m’est tombé sous la main, dans les ordres-désordres complexes de ma discothèque personnelle, l’inespéré coffret de 4 CDs Decca – Eloquence 482 4637 « Irma Kolassi – The Decca Recitals« ,

comportant de radieuses »Chansons madécasses » _ en un enregistrement à Londres, au studio Decca, du 27 septembre au 1er octobre 1954, avec le violoncelle de William Pleeth, le piano d’André Collard et la flûte de Geofffrey Gilbert… _ :

un trésor d’intelligence et musicalité… 

Une interprétation exceptionnelle _ dont je n’ai hélas pas trouvé de liens à un podcast à partager ici... _,

vers laquelle m’a tout récemment aiguillé celui qui fut un temps son élève et avec les commentaires discographiques duquel je me trouve rarement en désaccord _ un guide par conséquent très précieux (de confiance !) pour ma curiosité discographique passionnée… _, Jean-Charles Hoffelé…

Ce jeudi 6 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et maintenant un incisif, enflammé et très juste Quatuor de Ravel par des Tchalik en état de grâce…

05juin

Ma première impression à la toute première audition, hier soir, du Quatuor de Ravel par les Tchalik, en leur tout nouveau CD « Ravel – Lyatoshynsky« , le CD Alkonost 009 :

« Et à la toute première écoute du Quatuor par les Tchalik, ma première impression est très favorable : une interprétation incisive et vive,

dénuée d’une once de graisse : à la Ravel donc…« .

Et en effet, en ré-écoutant quasiment en boucle ce matin ce chef d’œuvre du jeune Maurice Ravel, en 1903, par les Tchalik

et en comparant aussi leur jeu avec celui des Parkanyi, en 2003 (en leur CD Praga Digitals PRD/DSD 250 208) et avec celui des Arcanto, en 2009 (en leur CD Harmonia Mundi 902 067) deux enregistrements qui m’ont beaucoup plu ! Cf les annotations de mon article « « , en date du 3 juin 2020, durant la période des 106 jours de confinement du Covid, marquée par la brûlante nécessité de joies .. _

il se trouve que mon impression première se confirme, les Tchalik suivant à la perfection les notations précises de Ravel pour les 4 mouvements de ce somptueux Quatuor :

« Très doux » pour le premier mouvement _ ouaté et infiniment tendre par eux ; écouter ici le podcast de 8′ 20 _ ;

« Très rythmé » pour le deuxième mouvement remarquablement vif et incisif, affirmé ; regarder ici cette superbe vidéo de 6′ 33 _ ;

« Très lent » pour le troisième _ grave, sombre, et très doux ; écouter ici le podcast de 8′ 13  _ ;

et « Vif et agité » pour le quatrième _ à nouveau très incisif, et même exacerbé pour ce final ; écouter ici le podcast de 4′ 54...

Bravissimo les Tchalik !!!

Ce mercredi 5 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le très dynamique délicieux régal de valse sur le volcan du « Vienna – Joyful Apocalypse » d’Aurélien Pontet au piano…

04juin

C’est d’une merveille de récital de pièces magnifiquement choisies sur le thème de « Vienne : l’apocalypse joyeuse » que le parfait pianiste qu’est Aurélien Pontier vient présentement nous régaler avec son jubilatoire CD « Vienna – Joyful Apocalypse« , le CD Warner Classics 5054197633492 _ enregistré Salle Colonne à Paris du 5 au 7 juillet 2021…

Ce mardi 4 juin 2014,

l’excellent écouteur de musique (et de disques) qu’est Jean-Charles Hoffelé a consacré un bel et très juste article, intitulé « Vertiges« , à ce superbe magistral CD « viennois » d’Aurélien Pontier,

qui comporte en son final _ écoutez et regardez cette vidéo… _ une très belle incarnation, vertigineuse _ et juste comme il faut : sans pathos ni surcharge de graisse ; y compris en son final, un tout simple arrêt vital, le raptus implacable d’une rupture absolument muette d’anévrisme, sifflet coupé net, à l’échelle de la valsante civilisation viennoise ainsi interrompue d’un coup sec sans réplique, ni possible moment de répit (à l’« encore un instant, Monsieur le bourreau » de la viennoise, elle aussi, Marie-Antoinette sur l’échafaud)… _, de « La Valse » de Ravel _ et cela faisait un moment que cette « Wien« -là lui trottait dans la tête… Et, pour Ravel, c’est seulement l’œuvre qui fait le tombeau qui durera (et survivra ainsi jouée) un peu… Et il me faut ajouter aussi que c’est à Vienne, en 1938, qu’est décèdée ma grand-mère Fryderika, la mère de mon père…

VERTIGES

L’Apocalypse joyeuse, celle que célébra en son temps l’exposition _ de l’ami Jean ClairVienne à Beaubourg, exista aussi en musique, Aurélien Pontier se délecte _ absolument : c’est un régal de délices… _ à en composer un portait imaginaire où son brio naturel se pimente d’une pointe de génie _ oui… _, transformant la paraphasse d’Alfred Grünfeld en une folie fantasque, occasion de fabuleux raptus de clavier. Quelle ivresse dans le contrôle, quel mordant et quel délié, comme cela piaffe et vole sans jamais taper _ c’est cela… _, rappelant l’âge d’or des pétrisseurs d’ivoire, leur art de timbrer, leurs clavier alertes !

Les opus de fantaisie seront tous irrésistibles _ voilà ! _, et pour l’Alt-Wien de Godowsky, transcendant _ oui. Au centre du disque une parenthèse Schubert nous invite soudain à une dimension élégiaque, avant que ne résonne le grand apparat déployé par Schulz-Evler autour du Beau Danube bleu, joué avec un goût qu’on y aura rarement mis _ oui… Aurélien Pontier y est funambule en diable, s’amusant avec élégance du clavier si preste à répondre de son splendide Steinway capté à la perfection par Jiri Heger _ tout cela est excellemment perçu.

Une transcription minimaliste, mais si poétique, de l’Adagietto de la 5e Symphonie invite dans cette guirlande d’opus pianistiques les cordes en songe de Gustav Mahler, avant de saisir tout l’orchestre que Ravel fait tenir dans le piano : cette version _ pour piano seul _ de La Valse, vertigineuse, prodigieuse de détails et d’élan _ oui, oui _, file vers son apocalypse dans un clavier fuligineux _ c’est-à-dire de suie... Sidérant _ rien moins ! _ après la proposition tout aussi saisissante _ voir aussi par exemple mon propre article «  » du 16 février 2024… _ offerte chez le même éditeur _ Warner Classics _ par Martin James Bartlett voici peu (voir ici).

LE DISQUE DU JOUR

Vienna : Joyful Apocalypse

Alfred Grünfeld (1852-1924)


Soirée de Vienne, Op. 56. Paraphrase sur des motifs en forme de valse extraits de « La Chauve-souris » et autres ouvrages de Johann Strauss fils


Leopold Godowsky (1870-1938)


Triakontameron (extrait : No. 11. Alt-Wien)


Otto Schulhoff (1889-1958)


3 Bearbeitungen nach Motiven von Johann Strauss, Op. 9 (extrait : No. 2. Pizzicato-Polka)


Sergei Rachmaninov (1873-1943)


Polka de W. R.. Allegretto


Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893)


6 Pièces, Op. 51, TH 143 (extrait : No. 6. Valse sentimentale en fa mineur. Tempo di Valse)
Valse-Scherzo en la majeur, Op. 7, TH 129. Tempo di Valse


Fritz Kreisler (1875-1962)


3 Alt-Wiener Tanzweisen (extrait : No. 2. Liebesleid ; version pour piano seul : Rachmaninov)


Franz Schubert (1797-1828)


An die Musik, D. 547 (version pour piano seul : Pontier)
38 Walzer, Ländler und Ecossaises, D. 145 (extrait : Valse No. 6 en si mineur)
Valse en sol bémol majeur, D. Anh.I/14 « Kupelwieser-Walzer ». Ruhiges Walzertempo (version élaborée par Richard Strauss)


Adolf Schulz-Evler (1852-1905)


Arabesques sur des motifs de « An der schönen blauen Donau » de Johann Strauss fils


Franz Liszt (1811-1886)


4 Valses oubliées, S. 215 (extrait : No. 2 en la bémol majeur)


Gustav Mahler (1860-1911)


Symphony No. 5 (extrait : IV. Adagietto ; version pour piano seul : Aurélien Pontier)


Arnold Schönberg (1874-1951)


6 kleine Klavierstücke, Op. 19 (extrait : No. 6. Sehr langsam)


Maurice Ravel (1875-1937)


La Valse, M. 72b (version pour piano seul)

Aurélien Pontier, piano

Un album du label Warner Classics 5054197633492

Photo à la une : le piano Aurélien Pontier – Photo : © Paul Montag

Un régal !!!

Ce mardi 4 juin 2024, Titus Curiosus – Francis Lippa

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