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Ecouter Denis Kambouchner analyser l’expression « Quelque chose dans la tête » et la manie du souci de « transmettre » : l’entretien au Studio Ausone le 26 novembre dernier avec Francis Lippa, pour la Société de Philosophie de Bordeaux

10déc

Vient d’être mis en ligne

hier soir 9 décembre

sur son site par la librairie Mollat

le podcast (de 62′) _ cliquez sur podcast, et vous accéderez à son écoute ! _

de l’entretien du 26 novembre dernier à la Station Ausone,

_ et en ouverture de la saison 2019 – 2020 de la Société de Philosophie de Bordeaux _,

de Denis Kambouchner

_ président de la Société française de Philosophie _

avec Francis Lippa

_ vice-président de la Société de Philosophie de Bordeaux _

à propos du magnifique passionnant petit livre

_ de 154 pages : quelle lumineuse finesse et ampleur d’analyse ! _

de Denis Kambouchner,

paru le 28 août dernier aux Éditions Flammarion

Quelque chose dans la tête, suivi de Vous avez dit Transmettre ? ;

muni du bandeau suivant :

« Nous avons perdu la culture de la mémoire : avons-nous gagné celle du jugement ? » 

Cette question des moyens, outils et aliments

de la riche _ et positivement complexe : quelle variété de ressources et méthodes à apprendre à mettre en œuvre et inventivement connecter (ainsi que donner à cultiver à d’autres), sans esprit fermé de système, non plus que de formalismeformation et « culture » _ à tous égards _ du jugement

de tout un chacun et quiconque,

à commencer, bien sûr, par les enfants et les adolescents

_ auxquels s’adresse d’abord, originellement du moins, en sa conception première, le premier des deux essais, Quelque chose dans la tête ;

mais la question, bien sûr, ne s’arrête à nulle génération d’âge, ni d’époque :

apprendre à bien juger est l’affaire de l’entièreté, de son début à sa fin, de toute vie d’une personne,

je veux dire de la vie entière de tout un chacun ! et cela sans la moindre exception : face aux dangers et chausse-trapes incroyablement multiples des situations à tâcher d’éviter, auxquelles échapper quand elles surviennent, à entreprendre de surmonter, en apprenant comment y faire face et s’en dépêtrer et sortir vainqueur et vivant, et pas trop amoché, cabossé, blessé, souffrant… ; Montaigne nous en avertissait en ouverture du Livre III de ses Essais : « Personne n’est exempt de dire des fadaises » (ni de commettre des bêtises !)

et cela ne concerne pas seulement, bien évidemment, la vie humaine : puisque cet enjeu ô combien vital fait à coup sûr déjà partie des conditions de la vie et survie animales : que d’erreurs s’avèreront mortelles… _,

est en effet cruciale,

tant à l’échelle des individus,

qu’à celle des sociétés

et civilisations…

Et cette question-là

des « nourritures » fondamentales et ouvertes

_ ainsi qu’en chantier inventif et constructif permanent… _

du bien (ou toujours mieux) juger

ne cesse,

à côtés de ses recherches proprement cartésiennes

_ afin d’essayer toujours de mieux pénétrer les micro-subtilités infinies (et passionnantes) du travail philosophique de Descartes,

tâche peut-être principale du travail de Denis Kambouchner en sa carrière et œuvre philosophique _,

de constituer un pan essentiel du questionnement foncièrement pragmatique,

et à visée d’authentiques progrès de l’esprit,

de Denis Kambouchner.

Cet art de distinguer les nuances magnifiques et merveilleuses, à bien les considérer, du pensable

caractérise, me semble-t-il bien,

et court la culture philosophique française :

Montaigne, bien sûr, Descartes _ et le sillage des très nombreux cartésiens _, Pascal,

Voltaire, Diderot, Rousseau,

Bergson, Jankélévitch, Ricœur, Derrida, etc.

Tous assez peu adeptes du concept et de ses un peu trop rigides fermetures,

qui va dominer, me semble-t-il encore, la conquérante philosophie universitaire allemande,

au moins à partir de Kant et Hegel.

Oui, l’art des nuances subtiles, à partir de comparaisons ;

et même de métaphores

riches d’humour…

Afin de former et donner consistance à la finesse de la « sagacité » _ une notion cartésienne…

Quant au second des deux essais qui se répondent, « en écho« ,

Vous avez dit transmettre ?..,

celui-ci entreprend de mettre en garde _ délicatement, sans rechercher quelque polémique médiatique _ contre une tentation désagréablement fermée de concevoir l’enseignement de manière exclusivement conservatrice et rétrograde _ celle de certains idéologues réactionnaires, à la versaillaise ! _,

et de défendre un partage ouvert et inventif-créatif _ véritablement progressiste : mais à quels mots se fier parmi l’incroyable déchaînement orwellien de notre époque ? _ de la culture :

le maître judicieux étant seulement « un nain » _ humblement _ juché sur des « épaules de géants« ,

selon une formulation de Bernard de Chartres,

reprise notamment par Montaigne et Pascal…

Le vocable de « transmission » ne convenant, à proprement le penser,

qu’à l’opération de léguer à quelques proches

un héritage bien précis et spécifié à laisser en propriété et usufruit à ses descendants,

un patrimoine à ne pas laisser se disperser et disparaître, se dissoudre,

un secret de création-fabrication à ne pas laisser se perdre en le confiant ainsi à quelque disciple élu

qui saura en faire, à son tour, son miel propre…

Alors que la culture à même d’alimenter richement le bien juger d’autres que soi-même

est de l’ordre de ce « pollen » multiple et divers (de mille fleurs)

dont les abeilles _ montaniennes _ sauront faire leur « miel« ,

« en se l’incorporant » vraiment :

« Les abeilles pillotent de ça de là les fleurs ; mais elles en font après le miel qui est tout leur ; ce n’est plus thym, ni marjolaine ; ainsi les pièces empruntées d’autrui, il les transformera et confondra pour en faire ouvrage tout sien, à savoir son jugement : son institution, son travail et étude ne vise qu’à le former.

Qu’il cèle tout ce duquel il a été secouru, et ne produise que ce qu’il en a fait. Les pilleurs, les emprunteurs, mettent en parade leurs bâtiments, leurs achats, non pas ce qu’ils tirent d’autrui. Vous ne voyez pas les épices d’un homme de parlement : vous voyez les alliances qu’il a gagnées, et honneurs à ses enfants. Nul ne met en compte publique sa recette : chacun y met son acquêt

Le gain de notre étude, c’est en être devenu meilleur et plus sage« , Essais, Livre I, chapitre 26, De l’institution des enfants

C’est cette profondeur et intensité de l’incorporation d’une authentique culture personnelle

par celui qui la reçoit,

comme par celui qui la donne _ et l’a donnée _,

qui,

en son authenticité généreuse et désintéressée _ pardon du pléonasme _ seulement,

en fait l’efficace seul effectivement consistant et durable.

Le reste, utile à court terme, se dissipera sitôt l’usage effectué…

Ensuite, selon le mot _ authentiquement progressiste et libérateur _ de Nietzsche, à propos de ce que donne le maître à son disciple :

« Vademecum, vadetecum« …

Tel est le paradoxe généreux du libérateur…

Ce mardi 10 décembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

P. s. :

voici encore, à titre de complément de luxe,

de quoi écouter le podcast de l’entretien _ merveilleux ! _ que j’ai eu avec Denis Kambouchner le 18 septembre 2013 à la librairie Mollat,

à propos de son essentiel _ lucidissime ! _ L’École, question philosophique.

Peut-être le modèle (américain) de l' »as de la martingale de la drague » du « Fais-moi plaisir ! » d’Emmanuel Mouret

07juil

Sur le « Libération«  (édition papier) de ce jour,

le « Portrait » de la dernière page (page 36) est consacré, sous le titre « Drague King« ,

_ cet article n’est pas encore en ligne sur le site du journal ;

on peut cependant accéder à un précédent article (signé Xavier Renard) « Dragueurs de pointe sur le Net« , sous-titré « Rencontres. Sur la Toile, un mode d’emploi du parfait cyber-séducteur » (le 19 mars 2009), présentant le « professeur de drague« ,

et où apparaît, en personne, ce « professeur de drague«  de pointe, officiant à Los Angeles,

sur un sujet, la « drague« , que j’ai abordé en mon article du 22 décembre 2008 : « Le “bisque ! bisque ! rage !” de Dominique Baqué (”E-Love”) : l’impasse (amoureuse) du rien que sexe, ou l’avènement tranquille du pornographique (sur la “liquidation” du sentiment _ et de la personne)« , à propos, lui, du livre de Dominique Baqué « E-Love _ petit marketing de la rencontre«  ;

à cette occasion, on pourra comparer le concept de « professeur de drague » avec celui de « professeur de désir » dans les assez merveilleux (et néanmoins hilarants ! aussi…) « Professeur de désir«  et « Ma vie d’homme » (titre originel « My life as a man« ) de l’excellentissime Philip Roth…), parus respectivement en 1982 et en 1993 en traduction française… : soit le cœur du sujet ici !!! _

le « Portrait » de la dernière page, donc, est consacré, sous le titre « Drague King« ,

à Neil Strauss,

« Ex-critique musical, cet Américain de 40 ans s’autoproclame « roi de la séduction » et fait commerce de ses recettes, entre coaching et best-sellers«  _ c’est le sous-titre de l’article…

Or, je me demande si l’œuvre de ce Neil Strauss

_ en commençant par son premier best-seller « The Game« , paru en 2005 aux États-Unis, et vendu depuis lors à ce jour à 700 000 exemplaires là-bas : une édition de poche vient de paraître en français, le 3 juin 2009, aux Editions J’ai lu : « The Game : les secrets d’un virtuose de la drague«  _

n’a pas « servi« , par un biais quelconque, de « source » au fantasme de la « martingale de la drague » qu’illustre le personnage du dragueur du délicieux et très réjouissant film d’Emmanuel Mouret

_ cf mon article du 3 juillet 2009 « Deux comédies épatamment délicieuses sur le jeu de la rencontre et du hasard, l’une à Paris, l’autre à New-York : “Fais-moi plaisir !” d’Emmanuel Mouret et “Whatever works” de Woody Allen » _

 « Fais-moi plaisir !« …

De ce même Neil Strauss, paraît aussi, en date du 11 juin _ à l’approche de la saison (de disponibilité accrue) estivale… _ un second best-seller, « Règles du jeu » (en anglais « Emergency« ), aux Éditions Au diable Vauvert (à Vauvert)…

Voici ce que rapporte la chroniqueuse Cordelia Bonal en son « Portrait » de Neil Strauss, page 36, de ce « Libération » du 7 juillet :

« Son éditeur, ayant eu vent d’une obscure communauté de dragueurs compulsifs et méthodiques, lui demande d’enquêter. Strauss, alors trentenaire _ il est né le 4 avril 1969 à Chicago _, s’exécute. Le voilà parti à Los Angeles intégrer la classe d’un nommé Mystery _ cela ne s’invente pas ! à moins que… _, à 500 dollars le « séminaire » de drague. Soir après soir, les élèves passent _ aussi _ à la pratique dans les boîtes de Sunset Boulevard, chasser tout ce qu’Hollywood compte d’apprentis actrices ou de mannequins. Auprès de Mystery, Strauss, qui tient tout de même à sa réputation, coupe tout contact avec sa vie d’avant. »

« Plus je les regardais faire, et plus je me disais : « Ça marche, ils savent s’y prendre. » J’ai décidé de devenir _ sic ; et pas de faire, d’agir _ comme eux : un pro de la drague. »


Strauss s’entraîne
_ donc _ sans relâche, apprend les codes, le jargon, la technique _ abordés en leur détail dans l’article de Cordélia Bonal. Ne jamais approcher la proie de face ou de dos _ ce qui la hérisserait et la mettrait sur ses gardes _, toujours de biais. S’adresser d’abord au groupe d’amis, se faire désirer. Ne jamais offrir un verre, ne jamais dire « excuse-moi » !

L’élève progresse jusqu’à _ bientôt _ dépasser son mentor. Il collectionne les « conclu-tel » (décrocher le numéro de la fille), les « conclu-sex », les Anya, Carrie, Stacy, Pétra, Sarah… Jusqu’à l’obsession. Où qu’il soit, l’ancien frustré repère ses proies, guette les « indicateurs d’intérêt », passe à l’attaque.

Pathétique ? _ demande Cordelia. « Certains naissent en sachant comment draguer, d’autres, non. J’ai découvert que ça s’apprend, ça se pratique, comme un sport » _ répond Strauss…


Misogyne ? Il répond qu’« au bout du compte c’est toujours la fille qui choisit ». Et que, « tant qu’il ne s’agit que d’un coup d’un soir _ le mot même dont j’ai usé dans mon article du 3 juillet _, personne n’est blessé »… » _ qu’en est-il dans l’intrigue ficelée par Emmanuel Mouret dans son « Fais-moi plaisir ! » ? Les blessures, là, sont « collatérales«  seulement…

Depuis, « douze personnes font tourner l’agence de coaching par Internet qu’il a fondée à Los Angeles. Le business a fait quelques émules en France, où Strauss est vu comme un pape du savoir séduire » _ une technique (plus qu’un « art« ) assez juteuse…

« L’homme _ cependant, ajoute encore Cordélia Bonal _ est un angoissé, un maniaque du plan B, toujours à repérer la sortie de secours« …

« Strauss est toujours à Los Angeles. Il n’a plus peur des femmes, n’a plus peur du monde. Que craint-il ? De ne pas savoir « construire une relation stable avec quelqu’un ». S’il trouve la clé _ mais est-ce bien là seulement une « technique » ?.. _, gageons qu’il en fera un livre » _ est le « mot-de-la-fin«  de l’article de Cordélia Bonal…

A verser au dossier des deux films d’Emmanuel Mouret, « Fais-moi plaisir !« , et « Whatever works » de Woody Allen,

sur lesquels je vais « revenir« …

On pourra consulter aussi mes articles sur l' »intimité » :

celui, « la pulvérisation maintenant de l’intime : une menace contre la démocratie« , consacré, le 11 novembre 2008, au livre important du philosophe Michaël Foessel : « La Privation de l’intime_ mises en scène politiques des sentiments » ;

et celui, « Le “bisque ! bisque ! rage !” de Dominique Baqué (”E-Love”) : l’impasse (amoureuse) du rien que sexe, ou l’avènement tranquille du pornographique (sur la “liquidation” du sentiment _ et de la personne)« , consacré, le 22 décembre 2008, au dérangeant « E-Love _ petit marketing de la rencontre«  de l’historienne de l’Art et philosophe de l’Esthétique Dominique Baqué…

Titus Curiosus, ce 7 juillet 2009 

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