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En continuant à creuser autour des liens à préciser entre Adriaen Willaert, Hippolyte II d’Este, Matthias Werrecore, Peter Schöffer-le-fils, et Ferrare, Milan, Strasbourg, ainsi que Pierre Cadéac et Auch, à propos de la publication, en 1539, à Strasbourg, de l’étrange recueil de 28 Motets « Cantiones quinque uocum selectissimae » (et du CD « The mysterious Motet Book 1539″), quelques premières avancées de recherche…

21août

Toujours dans le sillage de mon article du 11 août dernier « « ,

je m’aperçois, ce lundi 21 août, que le musicologue, en poste à l’université de Cambridge, Daniel Trocmé-Latter _ arrière-petit-neveu du pasteur du Chambon-sur-Lignon André Trocmé (Saint-Quentin, 7 avril 1901 – Genève, 5 juin 1971) ; et petit-fils du grand universitaire strasbourgeois Étienne Trocmé (Paris, 8 novembre 1924 – Étretat, 12 août 2002)… _,

d’après les recherches très pointues duquel a été établi le programme _ de 12 Motets sur les 28 que compte l’étrange recueil « Cantiones quinque uocum selectissimae » publié, à Strasbourg, au mois d’août 1539, par l’éditeur Peter Schöffer-le Jeune, à partir d’un envoi milanais du compositeur Matthias Werrecore _, du passionnant CD Delphian _ DCD 34284, paru en 2022 _ « The mysterious Motet Book 1539« , de l’Ensemble Siglo de Oro sous la direction de Patrick Allies _ Daniel Trocmé-Latter a aussi rédigé le texte passionnant du livret de ce CD ! _,

a publié

non seulement un premier ouvrage (d’après sa thèse), intitulé « The singing of the Strasbourg Protestants, 1523 – 1541« , paru aux Éditions Farnham, à Ashbury, en 2015, et reparu aux Éditions Boydell & Brewer, en mai 2023,

mais aussi un second, intitulé « The Strasbourg Cantiones of 1539 – Protestant City, Catholic Music« , paru en 2023, aux Èditions Boydell Press, à Woodbridge ;

dont sont accessibles sur le web certaines pages choisies de son début…

C’est donc de ce travail absolument passionnant qu’est issu le très beau CD de Patrick Allies et son ensemble Siglo de Oro « The mysterious Motet Book 1539« ,

dont la découverte musicale enchantée

m’a non seulement mis sur la piste de la recherche de liens entre la source milanaise (le maître de chapelle Matthias Werrecore) de ce recueil de Motets, avec, non seulement l’éditeur strasbourgeois Peter Schöffer-le-fils, mais aussi, bien sûr, le maître compositeur Adriaen Willaert, et son mécène _ à Milan… _ Hippolyte II d’Este, et la cour si mélomane et si raffinée de Ferrare, etc. ;

mais aussi m’a fait découvrir l’œuvre splendide (!) _ en l’occurrence son Motet « Salus populi ego sum« , jamais enregistré jusque là ! _ du compositeur auscitain Pierre Cadéac :

cette pièce, qui ouvre le CD de Siglo de Oro, étant rien moins que probablement la plus belle (!) des 12 données en ce CD…

À suivre, bien entendu…

Ce lundi 21 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos du compositeur auscitain Pierre Cadéac (Cadéac, ca. 1505-1510 – Auch, ca. 1564-1565) et de la présence-absence à Auch de son archevêque (de 1551 à 1563) le cardinal (de Ferrare) Hippolyte II d’Este (Ferrare, 1509 – Rome, 1572) : une passionnante contribution, à Auch, du musicologue norvégien Rolf Norsen, spécialiste de Clément Janequin ; suite de la recherche…

16août

À nouveau, ce mercredi 16 août, dans la continuité de mes articles précédents,

celui d’hier mardi 15 août : «  » 

et celui d’avant-hier lundi 14 août : « « ),

je viens ici témoigner, ce mercredi, de la réception du très intéressant article « Les compositeurs de musique Clément Janequin et Pierre Cadéac à Auch au début du XVIe siècle« , de Rolf Norsen, concernant précisément l’auscitain Pierre Cadéac (Cadéac, ca. 1505 – Auch, ca. 1564-1565) _ ainsi que Clément Janequin, probablement passé par Auch… _, sur lequel je recherche bien des précisions ;

un article que m’a très aimablement adressé _ avant de prendre le temps de paisiblement me lire attentivement, et de répondre aux questions que je me pose, tant sur Pierre Cadéac, que sur l’empreinte, à Auch, du très mélomane remarquable cardinal Hippolyte II d’Este ; mais celui-ci est-il seulement même une fois venu fouler le sol de son archevêché d’Auch?.. _, le président de l’Association archéologique du Gers,

soit un article présent aux pages 7 à 17 du numéro 447 de la revue de cette Association,  paru tout récemment, au mois d’avril dernier…

Au passage,

l’amusant est que cet aimable et obligeant correspondant auscitain, se trouve domicilié Impasse Pierre Cadéac !!!

Pareille coïncidence ne saurait s’inventer…

Même si cet article très bien documenté de Rolf Norsen ne dit pas un mot de cet archevêque d’Auch, qu’a été, du 22 avril 1551 au 8 octobre 1563 douze années durant _, le cardinal (dit de Ferrare) _ le très mélomane _ Hippolyte II d’Este (Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572)

_ auquel a, d’ailleurs, succédé, du 8 octobre 1863 à son décès, le 15 décembre 1586, son neveu, le cardinal (dit d’Este) Luigi d’Este (Ferrare, 1538 – Rome, 15 décembre 1586)…

Mais c’est peut-être là que s’ouvriront _ ou pas _ des recherches fertiles

à propos de liens _ qui restent encore à identifier ! _ avec la cour si mélomane et raffinée de Ferrare, de l’auscitain Pierre Cadéac…

Les partitions musicales circulaient beaucoup déjà _ invention strasbourgeoise de l’imprimerie, par Gutenberg, aidant _ à la Renaissance…

Voici quelques extraits significatifs de ce bien intéressant article « Les compositeurs de musique Clément Janequin et Pierre Cadéac à Auch au début du XVIe siècle« , du musicologue norvégien _ né en 1944, directeur de théâtre et musicologue, Rolf Norsen vit en Norvège, à Tynset, et a donné lecture de cet article, à Auch, le 2 mars 2022, lors de la séance de ce jour de la Société Archéologique, Historique, Littéraire et Scientifique du Gers… _ qu’est Rolf Norsen, spécialiste mondialement reconnu de l’œuvre de Clément Janequin (Châtellerault, ca. 1485 – Paris, 1558) :

« Un document bordelais du début mars 1531 identifie Janequin comme « monsr maître Clemens Jehannequyn, curé de Brossay et de Messaulx, et maître des enfants de l’église cathédrale d’Auch ». (…) Le compositeur est décrit comme « maître des enfants de l’église cathédrale d’Auch », c’est-à-dire directeur du chœur de la cathédrale d’Auch. Rien n’a été découvert dans les archives de la cathédrale d’Auch pour corroborer cette nomination… (…) Ravagées par le temps et les révolutions, les informations de toute nature pour cette période dans la région d’Auch sont rares. (…) La nature laconique de l’acte signifie que nous n’avons aucune indication sur le moment où Janequin a peut-être commencé ses fonctions à Auch, combien de temps il est finalement resté, ni quand il en est parti.

(…) En 1531, la population d’Auch pouvait s’élever à trois ou quatre mille personnes. Auch est cependant entouré de riches terres agricoles et, à l’époque, le diocèse d’Auch était le quatrième de France (après Strasbourg, Paris et Cambrai) avec 366 paroisses et 244 annexes. La richesse générée par ces possessions principalement sous forme de dîmes, était considérable. Une indication claire de cette prospérité fut la pose de la première pierre d’une nouvelle cathédrale le 4 juillet 1489. L’archevêque et cardinal François de Clermont-Lodève (1480 – 1540) est l’instigateur majeur du développement du nouvel édifice, dédié à Sainte-Marie. Neveu d’un autre cardinal, archevêque de Rouen, Clermont-Lodève était à la fois immensément riche et éminemment instruit. (…) Clermont-Lodève avait des ambitions esthétiques et artistiques claires pour la cathédrale d’Auch, et avait à la fois les moyens et l’énergie pour les mener à bien. (…) Son mandat dura de 1507 à 1538. (…) Il n’est pas difficile d’imaginer que les ambitions du prélat s’étendaient aussi à la musique qui devait remplir cet édifice privilégié. Outre d’un orgue et d’un organiste, Clermont-Lodève avait besoin d’un chef de chœur, de préférence talentueux et prestigieux. (…) Les motivations de Janequin pour accepter le poste ne sont pas difficiles à imaginer. (…) Entre le 24 juillet 1429, quand Janequin était encore répertorié comme occupant le poste de « procureur des âmes » à Bordeaux, et le 22 mars 1533 quand il fut nommé curé d’Avrillé, aux portes d’Angers, les sources ne sont pas claires, c’est le moins qu’on puisse dire. (…) Pour l’année 1532, aucun document quel qu’il soit concernant Janequin n’a survécu.

(…) Où était donc notre compositeur entre 1529 et 1533 ? (…) L’alternative la plus satisfaisante, malgré l’absence de document, est que Janequin s’est rendu à Auch sur ordre de Clermont-Lodève, et y est resté pour une durée inconnue. (…) Deux années à Auch pourraient être envisagées. (…) Ce qui est clair, c’est qu’à un moment donné, Janequin a décidé que son avenir était au nord, pas au sud, et a prévenu Clermont-Lodève. (…) Auch était tout simplement très loin de l’imprimerie parisiennne de Pierre Attaingnant. Pour Janequin qui avait vu pleinement les potentialités du medium d’impression musicale, cela aurait été une préoccupation importante et croissante à mesure que le contact avec Attaingnant devenait plus essentiel.

(…) Avant de quitter le sujet d’Auch, un bref regard s’impose sur un autre compositeur ayant servi à la cathédrale Sainte-Marie d’Auch, Pierre Cadéac.

(…) Lorsque Janequin a brièvement dirigé le chœur de la cathédrale vers 1531, Cadéac aurait pu avoir une vingtaine d’années. C’était un jeune chanteur talentueux, un compositeur en herbe qui était en contact avec un personnage expérimenté et réputé au service de l’archevêque local.

Quelque chose de plus sur Cadéac peut être déduit de la manière dont ses œuvres ont atteint la publication, qui semblent se diviser en quatre périodes :

1) une période entre 1534 et 1535, au cours de laquelle ses premières chansons sont publiées par Attaingnant, avec des attrivbutions erronées (« Je suys déshéritée » a été attribuée à Lupus dans RISM 1534, et « C’est trop aymer » à Le Heurteur en 1535) ;

2) une période de 1538 à 1541, durant laquelle apparaissent plusieurs autres (sept ou huit) chansons profanes, et durant laquelle l’attribution des deux premières chansons est corrigée ;

3) une période de 1553 à 1556 au cours de laquelle Cadéac se concentre particulièrement sur la composition de messes ;

et 4) une période qui s’est intensifiée en 1555, et a continué le reste de sa vie, dans laquelle le motet était son objectif principal.«  

Or je peux souligner ici, à propos de ces deux dernières périodes (1553-1556 et 1556 et années suivantes) de la production musicale de Pierre Cadéac, que distingue Rolf Norsen, le fait assez intéressant que le titulaire de l’archevêché d’Auch est devenu, à partir du 22 avril 1551, le très mélomane cardinal de Ferrare, Hippolyte II d’Este, en succession du cardinal François de Tournon (Tournon, 1489 – Sait-Germain-en-Laye, 1562), lequel avait succédé au siège archi-épiscopal d’Auch, au cardinal François-Guillaume de Castelnau de Clermont-Lodève (Lodève, 1480 – Avignon, 1540).

De même que je dois faire remarquer aussi que dès le mois d’août 1539, un tout premier motet de Pierre Cadéac, « Salus populi« , avait été publié, à Strasbourg, par l’imprimeur Peter Schöffer le Jeune, au sein du recueil de 28 Motets intitulé « Cantiones quinque uocum selectissimae« , de 15 compositeurs différents (dont faisaient aussi partie trois Motets d’Adriaen Willaert), d’après l’envoi, depuis Milan, du maître de chapelle de la cathédrale de Milan Matthias Werrecore

_ cf mon article-source du vendredi 11 août dernier : « « 

Le cardinal de Ferrare Hippolyte II d’Este (1509 – 1572),

Adriaen Willaert (1490 – 1562),

Matthias Werrecore (1500 – 1574),

Pierre Cadéac (1505 – 1564) :

autant de noms de compositeurs et de mécénes mélomanes contemporains les uns des autres qui lient entre elles les cités de Ferrare, Milan et Auch…

À suivre…

Ce mercredi 16 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Recherches sur le cardinal Hippolyte II d’Este (Ferrare, 1509 – Rome, 1572) et sa présence-absence en l’archevêché d’Auch (1551 – 1563)…

13août

Afin d’élucider davantage les liens entre la cité d’Auch _ où résida le compositeur Pierre Cadéac (Cadéac, ca. 1505 – 1510 – Auch (ca. 1564 – 1565), dont le Motet « Salus Populi«  fait partie des 28 Motets du recueil « Cantiones quinque uocum selectissimae«  publié au mois d’août 1539, à Strasbourg, par l’éditeur Peter Schöffer le Jeune, en compagnie de Motets ayant des liens assez forts avac la cour de Ferrare, qui lui avaisent été adressé, de Milan, par le compositeur d’origine flamande Hermann Matthias Werrecore qui avait côtoyé de près, à Milan, et Hippolyte II d’Este, et Adriaen Willaert, quand ceux-ci y résidaient, de 1522 à 1525 ; cf mon article d’avant-hier, 11 août 2023 : « «  _

et la présence-absence, en cette cité épiscopale d’Auch, du cardinal (dit de Ferrare) Hippolyte II d’Este (Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572),

très présent pourtant en France, entre son arrivée attestée à Lyon au moins en 1536, et son départ de Paris pour se rendre au concile de Trente, en 1562…

Beau-frère du roi de France François Ier _ Renée de France (Blois, 1510 – Montargis, 1575), l’épouse du frère d’Hippolyte, le duc Hercule II d’Este (Ferrare, 1508 – Ferrare, 1559), était en effet la sœur cadette de la reine Claude de France (Romorantin, 1499 – Blois 1524), l’épouse de François Ier (Cognac, 1494 – Rambouillet, 1547), et la mère du roi Henri II (Saint-Germain-en-Laye, 1519 – Paris 1559)… _,

le ferrarais Hippolyte II d’Este (1509 – 1572) était en effet aussi oncle par alliance du roi de France Henri II (1519 – 1559),

et grand-oncle de ses fils, les successifs rois François II (Fontainebleau, 1544 – Orléans, 1560), Charles IX (Saint-Germain-en-Laye, 1550 – Vincennes, 1574) et Henri III (Fontainebleau, 1551 – Saint-Cloud, 1589) ;

et il a eu ainsi à jouer toute sa riche et fastueuse vie durant un rôle diplomatique non négligeable entre les cours  de France, où il a durablement séjourné, celle des Este de Ferrare _ celle de son frère Hercule II (duc de Ferrare depuis le 31 octobre 1534 jusqu’à son décès, le 3 octobre 1559), puis celle de son neveu, le duc Alphonse II d’Este (Ferrare, 1533 – Ferrare, 1597) _, ainsi que celle des divers papes successifs, à Rome,

où Hippolyte II est décédé, à l’âge de 63 ans, le 2 décembre 1572…

Cependant, mes recherches, ce dimanche, ne sont pas encore parvenues à découvrir quelque attestation bien concrète de la venue et présence effective du cardinal Hippolyte II d’Este en cet archevêché d’Auch, dont il a  été le titulaire à dater du 22 avril 1551 _ et jusqu’au 10 octobre 1563, 12 ans durant… _ : ce 22 avril 1551, quand le très en cour cardinal François de Tournon (Tournon-Sur-Rhône, 1489 – Saint-Germain-en-Laye, 22 avril 1562) obtint d’échanger avec lui l’archevêché d’Auch, dont le-dit Tournon avait été jusqu’alors le titulaire _ le 6 juin 1538, le cardinal de Tournon avait en effet obtenu d’échanger avec le cardinal de Clermont l’archevêché de Bourges qu’il détenait alors contre l’archevêché d’Auch, plus riche… _, contre celui de Lyon, que le cardinal Alphonse II d’Este détenait depuis le 29 octobre 1539…

Peut-être ce nom d’Auch avait-il pourtant quelque vague lien en la mémoire mélomane d’Hippolyte d’Este avec celui du compositeur auscitain Pierre Cadéac, un peu étrangement présent, du moins a priori, dans le recueil des « Cantiones quinque uocum selectissimae » qu’avait collectées à Milan le maître de chapelle de la cathédrale Matthias Werrecore, recueil transmis en 1539 à Strasbourg, à l’éditeur Peter Schöffer le Jeune, assez probablement à des fins d’édition de ces pièces liées d’assez près à l’œuvre d’Adriaen Willaert, ainsi qu’à celles de maîtres très appréciés à la cour ultra-raffinée de Ferrare…

Des liens à essayer de démêler un peu…

À suivre…

Ce dimanche 13 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une piste de recherche à creuser : les liens entre le compositeur auscitain Pierre Cadéac (ca. 1505-1510 – ca. 1564-1565 ; actif à la cathédrale d’Auch…) avec surtout la cour des Este à Ferrare ; mais aussi les éditeurs à Milan, Venise, Strasbourg, Paris, Nuremberg, Anvers.., à partir du programme du CD « The Mysterious Motet Book 1539″, et de ma curiosité envers Adriaen Willaert (Roeselare, ca. 1490 – Venise, 1562)…

11août

L’intitulé de cet article mien de ce vendredi 11 août 2023 « Une piste à creuser : les liens entre le compositeur Pierre Cadéac (ca. 1505-1510 – ca. 1564-1565 ; et actif à la cathédrale d’Auch…) avec Ferrare, Milan, Venise, Strasbourg, Paris, Nuremberg…), à partir de mon intérêt pour le  CD « The Mysterious Motet Book 1539″, et ma curiosité envers le génie d’Adriaen Willaert (Roeselare, ca. 1490 – Venise, 1562…« ,

provient de la découverte _ cf le détail donné en mon article de 8 août dernier : « «  _ de la proximité des deux noms de compositeurs de Motets : l’auscitain Pierre Cadéac (Cadéac, ca. 1505 – 1510 – ca. 1565) et le flamand Adriaen Willaert (ca. 1490, Roselare, Venise, 7 décembre 1562),

dans la publication, à Strasbourg, au mois d’août 1539, par l’éditeur Peter Schöffer le Jeune (Mayence, entre 1475 et 1480 – Bâle, 1547) du recueil de 28 Motets, intitulé « Cantiones quinque uocum selectissimae« , de 15 compositeurs différents, dont « Adrian Vuillart » _  = Adriaen Willaert _ pour 3 Motets _ les numéros 7 (« Congratulamini« ), 21 (« Laetare sancta« ) et 22 (« Peccavi super numerum« ) de la listede ce recueil  _et « Cadeac » _ Pierre Cadéac _ pour un seul Motet _ le numéro 8 de la liste, « Salus populi« _,

recueil effectivement bien « mystérieux » de 1539, dans lequel a su superbement puiser pour son programme de 12 morceaux le CD « The mysterious Motet Book 1539 » (CD Delphian DCD 34284) l’Ensemble Siglo de Oro et son chef Patrick Allies,

ce passionnant et très intriguant CD sur lequel je suis tombé en cherchant à élargir ma connaissance de l’œuvre musical du génial Adriaen Willaert, enchanté que j’étais du sublime CD « Adriano 4 » (CD Evil Penguin EPRC 0054) du merveilleux Ensemble Dionysos Now! et son chef Tore Tom Denys… 

Le départ de la présente recherche mienne de ce jour étant la connaissance que c’est du compositeur Hermann Matthias Werrecore (Warcoing – Pecq, ca 1500 _ ?, après 1574), en poste de maître de chapelle à la cathédrale de Milan _ de 1522 à 1550… _, que l’éditeur Peter Schöffer fils, installé  alors _ depuis 1529, où il a quitté Worms, à 1539, où il gagne Bâle _ à Strasbourg, a reçu copie de la réunion même, par Werrecore, de ces 28 Motets,

passés ainsi par l’Italie… 

J’ai donc recherché à en apprendre davantage sur ce Pierre Cadéac, natif _ probablement _ du village bigourdan de Cadéac, situé en vallée d’Aure, juste en amont d’Arreau (actuellement dans le département des Hautes-Pyrénées), et qui fut actif sa vie durant en la cité épiscopale d’Auch ;

et dont la musique connut de son vivant un assez remarquable retentissement international :

au moins, pour ce qui concerne l’Italie, jusqu’à Milan (le compositeur Matthias Werrecore) et Venise (l’éditeur Antoine Gardane), et peut-être à Ferrare (la fastueuse cour des Este)…

Ainsi qu’en témoignent diverses publications de ses œuvres, non seulement en France, à Paris (une publication de ses Motets y eut lieu, selon Fétis, dès 1543 ; surtout chez les éditeurs Adrian Le Roy & Robert Ballard, en 1553, 1555 et 1558 ; Nicolas du Chemin, en 1553 et 1556 ; Pierre Attaingnant, en 1534, 1535, 1538 et 1541), et Lyon (Jacques Moderne, en 1543) ; mais jusqu’à Nuremberg (chez les éditeurs Johannes Montanus et Ulrich Neuber, en 1564 et 1568), Strasbourg (chez l’éditeur Peter Schöffer fils, en 1539), et Anvers (chez Tilman Susato, en 1546-47), ainsi que Venise (chez Antoine Gardane, en 1554) _ cf le très intéressant détail de la notice consacrée à Pierre Cadéac, à la page 152 du volume 2 de la « Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique » (1834-1835), de François-Joseph Fétis

C’est le fil ainsi tendu _ qu’il faudrait préciser ! _ entre les cités d’Auch et de Ferrare, qui m’a ainsi intrigué ; surtout connaissant les séjours _ si décisifs pour l’accomplissement de sa musique… _ à la cour de Ferrare d’Adriaen Willaert, dès 1515 et jusqu’en 1525… :

« en juillet 1515, il entre, comme chantre, au service de la cour du cardinal Hippolyte Ier d’Este _ Ferrare, 20 mars 1479 – Ferrare, 3 septembre 1520 _, à Ferrare » ;

puis « en 1520, à la mort du cardinal, Willaert entre au service du duc Alphonse Ier d’Este _ Ferrare, 21 juillet 1476 – Ferrare 31 octobre 1534 ; Alphonse Ier est en effet le frère aîné du cardinal Hippolyte Ier ; fils qu’ils sont du duc Hercule Ier d’Este et son épouse Eléonore de Naples… _, dont il sera le maître de chapelle de 1522 à 1525, année où il suit Hippolyte II d’Este _ Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572 : le cardinal Hippolyte II d’Este étant, lui, fils du duc Alphonse Ier et son épouse Lucrèce Borgia _, neveu de son premier employeur _ le cardinal Hippolyte Ier d’Este _, à Milan« 

_ et à Milan, donc, va se conserver le souvenir très marquant de la présence musicale (de 1525 à 1527) du compositeur Willaert ! Cela n’a certainement pas échappé au correspondant de l’éditeur strasbourgeois Peter Schöffer fils, je veux dire le compositeur Hermann Matthias Werrecore, qui a été durablement (depuis 1522 jusqu’à 1550) en poste de maître de chapelle à la cathédrale de Milan, celui-là même qui a transmis à Strasbourg les 28 Motets du « Cantiones quinque uocum selectissimae«  comportant des œuvres du flamand Adriaen Willaert et de l’auscitain Pierre Cadéac ; et de 1525 à 1527, quand réside aussi à Milan, au service d’Hippolyte II d’Este, Adriaen Willaert, celui-ci et Matthias Werrecore se sont ainsi régulièrement cotoyés !…

Voilà donc précisée la proximité musicale entre ces deux flamands résidant à Milan qu’étaient alors, entre 1525 et 1527, Matthias Werrecore et Adriaen Willaert ; de même que ce qu’a pu transmettre à son compatriote Werrecore Adriaen Willaert des riches liens musicaux que celui-ci avait pu établir ou conserver avec tout un cercle de compositeurs (pas mal d’entre eux étants flamands) lors de sa présence prolongée de dix années, de 1515 à 1525, à la très aristocratique cour des Este à à Ferrare…

Et dont Werrecore a pu faire profiter l’éditeur de Strasbourg, entre 1529 et 1539, Peter Schöffler fils… _ ;

et « la réputation de Willaert, comme musicien et compositeur, rayonne » alors tellement « dans toute l’Italie » que « en 1527, à l’instigation du doge Andrea Gritti, il est nommé maître de chapelle à la basilique Saint-Marc de Venise, poste prestigieux qu’il occupe jusqu’à sa mort, en 1562« .

Or, dans cette France « italienne » de la Renaissance _ cf le livre fort intéressant de Jean-François Dubost « La France italienne (XVIe – XVIIe siècle« , paru chez Aubier en 1997  _, marquée de nombreux liens matrimoniaux royaux, notamment celui du roi Henri II avec Catherine de Médicis,le 28 octobre 1533, et celui de Marie de Médicis avec le roi Henri IV, le 17 décembre 1600,

j’ai souvenir tout particulièrement du mariage, à Paris, le 28 mai 1528, entre la seconde fille du roi Louis XII et son épouse Anne de Bretagne, Renée de France (Blois, 25 octobre 1510 – Montargis, 12 juin 1575 _ sœur de la reine Claude de France (1499 – 1524), et ainsi belle-sœur du roi François Ier (1494 – 1547), et tante maternelle du roi Henri II (1519 – 1559)… _), avec Hercule II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559), qui, au décès de son père, Alphonse Ier d’Este, le 31 octobre 1534,  succèdera à celui-ci à la tête du duché de Ferrare.

Or, l’histoire du cardinal Hippolyte II d’Este (1509 – 1572), autre fils du duc Alphonse Ier, ne concerne pas que Ferrare ou Milan _ en  1519, en effet, Hippolyte II d’Este, succède, à Milan, au poste d’administrateur de l’archi-diocèse de Milan, que détenait jusqu’alors son oncle le cardinal Hippolyte Ier  qui décèdera un an plus tard, le 3 septembre 1520 _,

mais aussi … Auch !

Auch, dont Hippolyte II sera archevêque du 22 avril 1551 au 8 octobre 1563 ; comme il sera aussi, et parfois même simultanément, archevêque de Lyon du 29 octobre 1539 au 11 mai 1551, de Tréguier de 26 avril 1542 au 26 novembre 1548, d’Autun du 23 janvier 1547 au 17 juin 1550, de Narbonne de 27 juin 1550 à 1551, d’Auch du 22 avril 1551 au 8 octobre 1563, de Lyon du 24 avril 1562 au 14 juillet 1564, de Milan de 1555 au 16 décembre 1556, d’Arles de 1562 à 1567, et de Maurienne de 1563 à 1567.

Et la question se pose ainsi de la venue, ou pas, à Auch du cardinal Hippolyte II d’Este

 

Bien sûr, cette présence-absence _ à rechercher… _ à Auch, entre 1551 et 1563, du cardinal _ qu’il était déjà depuis le 20 décembre 1538 _ Hippolyte II d’Este, est bien postérieure à la publication, au mois d’août 1539, à Strasbourg _ alors ville d’Empire _, du Motet « Salus populi » de l’auscitain Pierre Cadéac, dans le recueil de 28 Motets « Cantiones quinque uocum selectissimae » du strasbourgeois Peter Schöffer fils, transmis, de Milan, par Hermann Matthias Werrecore ;

il n’empêche que le très fin mélomane qu’était aussi le fastueux cardinal Hippolyte II d’Este (né à Ferrare en 1509, et patron, trois ans durant, de Willaert à Milan, de 1522 à 1525), non seulement connaissait excellemment l’œuvre musical d’Adriaen Willaert, mais il avait possiblement eu connaissance aussi de la musique de l’auscitain Pierre Cadéac, connue au moins à Milan avant 1539, et liée, en ce recueil strasbourgeois de Motets d’août 1539, à plusieurs autres _ voire sinon tous ; et c’est à préciser… _ compositeurs liés, d’une façon ou d’une autre, à la trés mélomane cour des Este de Ferrare :

non seulement Willaert, mais aussi, exemple parmi bien d’autres _ sinon tous ceux réunis en cet effectivement bien « mystérieux » recueil strasbourgeois de 1539, au nombre de 15 : Maistre Ian, Nicolas Gombert, Consilion (Jean Conseil), Ioan Lebrun, Adrian Vuillart (Adriaen Willaert), Pierre Cadéac, Jacquet de Mantoue, Andreas Silva, Ioan Lupi, Dominique Finot, Simon Ferrarensis Ioannes Sartori (Jean Certon), Jhan de Billon, Philippe Verdelot, Jacques Arcadelt  ! _, ce Simon Ferrarensis (!)  compositeur du Motet « Ave & gaude« , le numéro 16 de ce recueil de 28 Motets…

Soit un décidément bien passionnant « mystérieux » Livre de Motets !!!

À suivre…

Ce vendredi 11 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

De nouvelles découvertes (et redécouvertes) discographiques (suite…) d’interprétations de l’oeuvre musical d’Adriaen Willaert ; et de l’importance de l’interprétation, ainsi que du niveau de qualité de la performance dans l’interprétation elle-même de la musique (et du génie du compositeur !) : un CD de l’Ensemble Siglo de Oro comportant deux sublimes Motets d’Adriaen Willaert…

08août

Toujours dans le sillon de mes précédents articles « « ,

« « ,

« » ,

« « ,

et « « ,

voici ce mardi 8 août une nouvelle très intéressante découverte discographique de ma part _ à nouveau en fouillant bien les rayons de CDs de mon disquaire préféré _, et en une splendide interprétation de la part du magnifique ensemble _ anglais _ Siglo de Oro, sous la direction de son chef Patrick Allies,

soit le CD « The Mysterious Motet Book 1539 » _ enregistré à Cambridge du 7 au 9 janvier 2022 _, le CD Delphian DCD 34284,

comportant deux merveilleux Motets d' »Adrian Vuillart«  _ Adriaen Willaert _, « Laetare sancta mater ecclesia » et « Peccavi super numerum arenae maris«  (d’une durée de 5′ 35 : écoutez et regardez ici ! ), d’après un recueil de 28 Motets de divers compositeurs, parus dans un recueil, « Cantiones quinque uocum selectissimae« , publié à Strasbourg _ devenue protestante… _ au mois d’août 1539, publié par Peter Schöffer le Jeune, et d’après un envoi de Hermann Matthias Werrecore, maître de chœur flamand de la cathédrale _ catholique _ de Milan _ le CD comporte un passionnant livret de 6 pages, signé du musicologue-chercheur Daniel Trocmé-Latter _ : d’où le choix de ce titre « The Mysterious Motet Book 1539 » pour ce passionnant et très beau CD…  

À la sortie de ce beau CD Delphian DCD 34284,

une chronique de Gramophone l’a qualifié de « the most enticing _ séduisant _ album of the year » !

Et dans le numéro n° 723 du magazine Diapason du mois de juin 2023,

Frédéric Degroote, consacrant lui aussi à ce CD un bel article, en détache tout spécialement  l’interprétation du motet de Willaert « Laetare sancta mater ecclesia » _ en effet sublime ! _, à côté de celles des _ très beaux _ motets « Pater noster« , « Ave & gaude« , et « Salus populis » des beaucoup moins connus, eux, Maistre Jhan (France, vers 1485 – Ferrare, octobre 1538), Simon Ferrariensis _ actifs tous deux à la cour des Este à Ferrare : Maistre Jhan, de 1512 à sa mort, en 1538 ; et Simon Ferrariensis, sans plus de précisions… _ et Pierre Cadéac _ actif à la cathédrale d’Auch, et né vers 1505, à Cadéac, près de Lannemezan ; non natif, lui, des Flandres ; c’est son seul renom musical, important, qui a gagné l’Italie, lui n’ayant pas rejoint en personne la très raffinée cour des Este à Ferrare.

Cf ce qui demeure de cet ultra-raffinement ferrarais des Este dans le génie de l’œuvre du romancier ferrarais Giorgio Bassani ; et dans celui de l’œuvre de l’ami cinéaste de celui-ci, le merveilleux Michelangelo Antonioni, ferrarais lui aussi, dont le sommet de l’œuvre est probablement la magique séquence ferraraise de son ultime film « Al di là delle nuvole« , en 1995 ; cf l’analyse détaillée que j’en donne en mon essai inédit « Cinéma de la rencontre : à la ferraraise _ ou un jeu de halo et focales sur fond de brouillard(s) : à la Antonioni« 

Ce qui redouble la question des raisons de la réunion, en ce « mysterious » recueil musical strasbourgeois _ de l’éditeur-imprimeur Peter Schöffer le Jeune (Mayence, entre 1475 et 1480 – Bâle, 1547) _ issu d’une source milanaise _ en l’occurrence le compositeur Hermann Matthias Werrecore (Warcoing – Pecq, ca 1500 _ ?, après 1574), maître de chapelle à la cathédrale de Milan de 1522 à 1550 _, de ces 28 motets de 15 compositeurs ainsi associés par leurs œuvres, les uns ayant accompli le voyage d’Italie, en particulier, et surtout, à la cour des Este à Ferrare, et les autres, demeurés dans les contrées plus nordiques franco-flamandes _ voire, comme le gascon Pierre Cadéac, étant demeuré en Gascogne, à Auch… _, dont seule la diffusion des œuvres (avec l’excellence de la réputation) a franchi la barrière des Alpes : jusqu’à Ferrare, puis Milan…

Et, étant donné l’excellence de ces œuvres ultra-raffinées, c’est en effet passionnant !

Et l’interprétation du génie musical d’Adriaen Willaert que nous offre, via ces deux Motets d’Adriaen Willaert _ ce « Laetare sancta mater ecclesia«  et ce « Peccavi super numerum arenae maris« … _, l’ensemble Siglo de Oro de l’anglais Patrick Allies en ce CD « The Mysterious Motet Book 1539« ,

est certes bien différente de celle _ d’une formidable intensité (et transcendance, presque nue…) ! _ du Dionysos Now ! du belgo-flamand Tore Tom Denys,

plus fleurie et angélique ; et comportant quelques voix féminines ;

mais bien belle aussi…

C’est par la médiation de telles incarnations ultra-sensibles des interprétations, au concert comme au disque, que nous, mélomanes, avons accès aux œuvres que nous ont laissées, via leurs partitions _ fragiles, mais en dépit de tout un peu durables _ d’encre et de papier, les compositeurs…

D’où l’importance cruciale de la qualité d’excellence de telles médiations…

À suivre…

Ce mardi 8 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

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