Décès de Ned Rorem (1923 – 2022), compositeur américain attachant…
20nov
C’est un article du ResMusica de ce jour qui m’apprend la nouvelle du décès de Ned Rorem (Richmond, 23 octobre 1923 – New-York, 18 novembre 2022).
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Originaire de Richmond (Indiana), né en 1923, le pianiste, écrivain, compositeur et song-writer américain Ned Rorem s’est éteint à son domicile de Manhattan le 18 novembre 2022, à l’âge de 89 ans. Sa fréquentation de personnalités telles que Leonard Bernstein, Samuel Barber, Virgil Thomson et d’autres encore ne modifie pas son écriture musicale reposant sur un idiome musical tonal revendiqué, éloigné et étranger des habitudes expérimentales et atonales majoritaires à son époque. Élève d’Aaron Copland _ mais aussi de Nadia Boulanger… _, sa Symphonie n° 3 de 1958, créée à Carnegie Hall par Bernstein avec le New York Philharmonic, constitue un excellent exemple de son écriture orchestrale riche et généreuse, brillante héritière revendiquée du passé classico-romantique de ses prédécesseurs. Néanmoins sa notoriété indéniable n’a qu’épisodiquement bénéficié à la diffusion de son catalogue riche de plusieurs opéras (huit), de symphonies (trois), de concertos pour piano (quatre) entre autres, de pièces orchestrales avec ou sans chœur, de musique de chambre et de pièces pour piano. Ses œuvres et son inspiration française _ via Nadia Boulanger… _, prolixe, sont redevables également de ses séjours parisiens _ oui _, de son intérêt profond pour la mélodie, de l’élégance de son inspiration qu’il destinait au grand public et nullement à quelque cénacle élitiste. (J.L. C)
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Cf aussi cet article plus détaillé de Léopold Tobisch paru sur le site de Radio-France dès le 18 novembre :
« Mort de Ned Rorem, compositeur américain majeur du XXe siècle » :
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Mort de Ned Rorem, compositeur américain majeur du XXe siècle
… … Par Léopold Tobisch ……
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Le compositeur et célèbre « diariste » américain Ned Rorem, prix Pulitzer de la musique en 1976, est décédé ce vendredi à New York. Il avait 99 ans.
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C’était un nom incontournable de l’horizon musical américain. Tant connu pour ses œuvres orchestrales et ses mélodies que pour ses journaux intimes, ses « diaries », le compositeur Ned Rorem est décédé ce 18 novembre à New York, a annoncé son éditeur Boosey & Hawkes. Figure atypique de la musique américaine, Ned Rorem restera fidèle aux principes de la tonalité chromatique tout au long de sa carrière, ne souhaitant pas suivre les forces dominantes du sérialisme et de l’atonalisme. Ce choix de s’écarter et d’avancer à contre-courant fera de lui le vilain petit canard de l’avant-garde musicale américaine.
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Au cours d’une carrière qui recouvre presque trois quarts de siècle, il laisse un répertoire d’œuvres conséquent dont dix opéras et plusieurs dizaines d’œuvres pour orchestre et notamment trois symphonies et onze concertos. Sa composition Air Music : Ten Etudes of Orchestra (1975), commandée pour le bicentenaire des États-Unis par le Cincinnati Symphony Orchestra, lui vaudra le prix Pulitzer de la musique l’année suivante. Mais la réputation de Ned Rorem repose principalement sur plus de 500 mélodies _ oui ! _ qui feront de lui l’un des grands compositeurs américains du XXe siècle.
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Ned Rorem naît à Richmond dans l’Indiana, le 23 octobre 1923. Sa famille s’installe ensuite à Chicago. Musicien précoce, il est d’abord initié au piano et aux œuvres de Debussy et de Ravel. La musique de ces derniers sera une révélation pour le compositeur en herbe.
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En 1940, il est inscrit à l’Université de Chicago Laboratory School, puis à l’American Conservatory of Music. Il poursuit ses études à la Northwestern University avant de rejoindre le Curtis Institute de Philadelphie, où il étudie aux côtés du célèbre compositeur d’opéras Gian Carlo Menotti _ et c’est à relever. Il rejoint ensuite Bernard Wagenaar à la Juilliard School de New York. Au cours de ses études, Ned Rorem reçoit plusieurs bourses prestigieuses, dont la bourse Fullbright en 1951 et la bourse Guggenheim en 1957.
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Jeune compositeur fraichement diplômé, il travaille en tant que copiste pour le compositeur et critique américain Virgil Thomson. Il rejoint également le compositeur Aaron Copland au Tanglewood Music Center, avant de quitter les États-Unis en 1949 pour s’installer en France pendant neuf ans _ voilà.
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Ned Rorem, célèbre « diariste »
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Largement applaudi à travers les Etats-Unis et à l’étranger pour ses créations musicales, Ned Rorem se fera autant connaitre pour ses écrits que sa musique. En 1966, il publie Le Journal de Paris de Ned Rorem, suivi par Later Diaries 1951–1972 (1974) et The Nantucket Diary of Ned Rorem, 1973–1985 (1987), où il retrace notamment ses années en tant que jeune compositeur parmi les figures artistiques majeures de l’Europe d’après-guerre _ notamment auprès de Nadia Boulanger.
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Dans un style aussi drôle qu’incisif, les écrits de Ned Rorem ne manquent de séduire par leur sincérité et leur honnêteté. Il évoque librement son homosexualité, sujet encore peu discuté ouvertement, et notamment ses relations avec plusieurs célébrités dont Leonard Bernstein, Samuel Barber, Virgil Thomson et le dramaturge Noël Coward. Ses écrits feront de lui notamment l’un des hérauts de la Gay Liberation américaine de la fin des années 1960.
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Il signe également de nombreux écrits sur la musique, tous aussi francs et incisifs que ses journaux intimes, n’hésitant pas à prendre pour cible des figures telles que Pierre Boulez. Mais c’est dans ses écrits autobiographiques que Ned Rorem évoque sa relation la plus intime de toutes, celle avec la musique :
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« Pourquoi est-ce que je compose la musique ? Parce que je veux l’entendre – c’est aussi simple que ça. D’autres sont peut-être plus talentueux, ont un plus grand sens du devoir. Mais moi je compose uniquement par nécessité _ et c’est bien là l’essentiel ! _, et personne d’autre ne produit ce que je cherche », confie le compositeur dans son livre A Ned Rorem Reader, publié en 2001.
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Cf aussi cet article de Dean Olsher :
« Ned Rorem, major American composer and diarist, has died at age 99 » :
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November 18, 2022 11:10 AM ET
American composer Ned Rorem has died at age 99. The Pulitzer Prize winner was best known for his art songs — and his controversial diaries. Rorem died Friday morning at his home in Manhattan. His publisher, Boosey & Hawkes, confirmed his death from natural causes to NPR.
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Ned Rorem was quietly defiant, in more ways than one. The first was through the music he chose to write. While he did compose symphonies, concertos and operas — the kinds of pieces that will win you a Pulitzer — his reputation rests on his enormous body of more than 500 art songs.
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The song « The Lordly Hudson » won Ned Rorem his first award. The composer got an early start with a scholarship to study at Philadelphia’s prestigious Curtis Institute of Music when he was just 19. Then came a Fulbright, then a Guggenheim and, in 1976, the Pulitzer for his orchestral work Air Music: Ten Etudes for Orchestra.
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Air Music was an exception when it came to the composer’s musical language — something that marked another bit of defiance on Rorem’s part. In general, he held on to a conservative approach at a time when the prevailing style was academic and atonal « serial music » in which practitioners did away with traditional tonality and favored series of notes that were meant to seem unfamiliar.
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And as Rorem told NPR in 2003 with his typical wit, his defiance meant nobody paid any attention to him.
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« When the serial killers came along, a lot of very tonal composers defected to the other camp, and they wrote what was being written in those days, » he said. » A few still do. But some defected, and came back. I felt like the prodigal son’s older brother — I’d always been a good boy. »
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A lot of people saw things quite differently when it came to things non-musical. In fact, Rorem was « licentious » and « highly indiscreet, » in the words of The New Yorker writer Janet Flanner. She was talking about his prose, and she meant it as a compliment. Over the years, Rorem became known for his diaries — perhaps even more than for his music. It started in 1966 with his Paris Diary, which included an explicit chronicle of gay life long before such a thing became routine.
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Tim Page, a Pulitzer Prize-winning music critic himself, is a fan of Rorem’s prose. « Even though I admire his compositions a lot, » Page says, « I would say that in some ways, the diaries and the criticism are the things which mean the most to me. The bracing thing about Ned is that even when you disagree with him, he gets you thinking — and I think that’s one sign of a real master critic. »
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Rorem, who was born Oct. 23, 1923 in Richmond, Ind., shared different parts of himself depending on which medium he was working in. The written word is where he shared the details of his personal life. In his music, not so much.
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« Ned almost prided himself on a certain emotional detachment, on a certain sort of craftsmanship. His diaries were where he kept his diary — his music was something else, » Page says.
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Here’s how Rorem himself put it in one of his books, called Lies:
« I don’t believe that composers notate their moods, they don’t tell the music where to go. It leads them … Why do I write music? Because I want to hear it. It’s simple as that. Others may have more talent, more sense of duty. But I compose just from necessity, and no one else is making what I need. »
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De ce compositeur en effet attachant _ cf mon article du 28 mars 2022 : « Deux compositeurs que j’affectionne, Ned Rorem et Lucien Durosoir, à propos desquels je n’ai rien demandé à Karol Beffa au cours de notre entretien de vendredi 25 mars dernier » … _, et auteur d’un très intéressant « Journal parisien (1951 – 1955)« ,
ma discothèque possède 12 CDs :
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6 du label Naxos, série American Classics (dont un avec les « Flute Concerto » et « Violin Concerto« , par le Royal Liverpool Philharmonic Orchestra, sous la direction de José Serebrier) ;
3 du label New World Records (dont l’album double de l’opéra « Our Town« ) ;
1 du label Erato (« Songs of Ned Rorem« , par Susan Graham et Malcom Martineau) ;
1 du label Linn (« On an echoing road« , par l’ensemble vocal the prince consort) ;
et 1 du label Deutsche Grammophon (le « String Quartet n°4« , par l’Emerson String Quartet)…
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Un esprit libre et créateur !
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Ce dimanche 20 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa