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la « vraie vie de la culture » à Nérac ; soit « le bonheur vrai de la recherche : ce dont témoignent les « Journées du livre d’Histoire » de Nérac » (II)

28oct

J’en viens donc maintenant au fait de mon propos : rendre compte de ma joie d’avoir « rencontré » une « vraie vie de la culture«  « en Région » _ sic : ainsi que cela se dit parmi certains « institutionnels«  de la-dite « Culture«  (re-sic)… _ :

à Nérac, lors de la seconde édition de ses « Journées du livre d’Histoire« , samedi 24 octobre 2009 dernier ! Et en prenant le temps d’échanger bien avec les uns et avec les autres…

Bien sûr, j’ai ramené de Nérac une moisson de livres (d’Histoire) :

_ un concernant le devenir plus ou moins « clair » du personnel politique de Vichy _ l’époque, ainsi que « ses suites« , continue(nt) de m’intéresser ; eu égard à tout ce qui demeure de non-dit brûlant (et tu) ; notamment en ce qui concerne Bordeaux et sa région… _, signé M. Érick Labrousse : à creuser… ;

_ deux livres concernant l’histoire d’Agen, la cité de l’enfance (heureuse) de la mère de mon épouse ; comme en souvenir d’elle ; et à destination de mes enfants : « Agen et les Agenais dans la Grande Guerre« , aux Éditions Alan Sutton, avec une dédicace des deux auteurs, Bertrand Solès et Alexandre Lafon ; ainsi que l’album de photos de la collection « Mémoire en Images« , toujours chez le même éditeur, Alan Sutton : « Agen _ l’Entre-Deux-Guerres« , par Bertrand Solès, agenais…

_ un « Hors-Série » de « La Dépêche du Midi » : « Jean Jaurès 1859-1914 : Les grandes unes de La Dépêche » _ 50 éditoriaux signés de Jean Jaurès _, avec des articles de présentation des professeurs Rémy Pech, Rémy Cazals, Georges Mailhos, Jean Sagnes, Jean Faury & Alain Boscus ; en souvenir d’une personnalité dont on célèbre le cent-cinquantième anniversaire de la naissance, et dont les Éditions Fayard poursuivent la publication d’une importante sélection d’écrits (17 volumes sont prévus), sous la direction de Madeleine Rebérioux et Gilles Candar _ vient de paraître le volume 1 consacré aux Écrits des « Années de jeunesse » (1859-1889)…

_ « Parade pour une Infante« , sous-titré « le périple nuptial de Louis XIV à travers le midi de la France (1659-1660)« , de Hubert Delpont (aux Éditions d’Albret, à Narrosse) _ fondateur en 1983 de l’association (dédiée à la « recherche«  historique) « Les Amis du Vieux Nérac«  _ ; ouvrage qui m’intéresse tout particulièrement pour avoir entrepris, il y a un peu plus d’une dizaine d’années, des recherches autour des musiciens accompagnant le roi (ou, aussi, Mazarin) en ces périples vers Saint-Jean-de-Luz et l’ïle des Faisans ; pour un projet de Hugo Reyne (et « La Simphonie du Marais« ) : Hugo Reyne a depuis _ en novembre 2007 _ proposé en un double CD Accord _ n° 4442 9894 _ un album « Musiques pour le mariage de Louis XIV« … Hubert Delpont n’a certes pas centré sa recherche sur les musiciens faisant partie de ce(s) voyage(s), mais il m’indique, samedi, la présence, lors de ce « périple nuptial » de Louis XIV, de Francesco Cavalli à Bordeaux _ où le couple royal (et la cour) séjourne(nt) du 23 au 27 juin 1660 _ ; tandis que moi-même lui apprend celle, à Toulouse, de Louis Couperin, à l’automne 1659 _ la cour y demeure du 14 octobre au 28 décembre… De fait, Hugo Reyne peut affirmer que Louis Couperin tenait l’orgue de l’église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz où se déroula la cérémonie du mariage royal ayant eu lieu « côté français« , le mercredi 9 juin 1660 ; une autre cérémonie de mariage ayant eu lieu un peu plus tôt, le jeudi 3 juin 1660 (Louis XIV n’y étant présent qu’en la personne d’un « tenant-lieu » : en l’occurrence Don Luis de Haro : le détail est donné page 186), « côté espagnol« , en l’église de Fontarabie, Santa María de la Asunción y del Manzano… Les documents officiels indiquaient fort rarement les noms des musiciens-interprètes participant aux cérémonies, de même que les noms des musiciens-compositeurs dont étaient interprétées des œuvres : la musique était alors essentiellement fonctionnelle… C’est donc seulement « par la bande« , au travers de correspondances personnelles, ou de contrats (professionnels notariés) que le chercheur peut aujourd’hui parvenir à obtenir ce type de « renseignements« , le plus souvent. Ainsi ignore-t-on, de même, quels furent les compositeurs des musiques « ayant servi » à la cathédrale Saint-André de Bordeaux pour un autre mariage franco-espagnol, celui du père de Louis XIV, Louis XIII, avec Anne d’Autriche (la cérémonie eut lieu le 21 novembre 1615) ; en même temps que se célébrait, le 25 novembre, à Burgos, le mariage du frère d’Anne d’Autriche, le roi Philippe IV d’Espagne, avec la sœur de Louis XIII, Elisabeth de France _ les parents de la future reine Marie-Thérèse ; Louis et Marie-Thérèse étant par là doublement cousins germains… : ce double mariage entre les dynastie des Bourbons et des Habsbourg avait vu l' »échange » des princesses Elisabeth de France et Anne d’Autriche à l’Île des Faisans, sur la Bidassoa, le 9 novembre 1615 _ Hubert Delpont le signale page 204 de son livre… 

_ et enfin le livre des « Actes du colloque d’Agen & Nérac (14-15 novembre 2008) La Grande Guerre aujourd’hui : Mémoire (s), Histoire(s)« 

Paradoxalement, j’ai réservé pour une « autre fois » les deux livres, qui, avec le « Parade pour une Infante » de Hubert Delpont, stimulaient le plus ma curiosité :

mais parce que je suis sûr que je les lirai, quand je disposerai d’un peu (plus) de temps pour me plonger dans leurs arcanes ;

il s’agit d’une part du « Haussmann d’Albret«  de ce même Hubert Delpont, en collaboration avec Hervé-Yves Sanchez-Calzadilla, édité par « les Amis du Vieux Nérac« , en 1993 :

Haussmann, qui sous-préfet de Nérac, ainsi que sous-préfet de Blaye, avant de transformer, comme on le sait, l’urbanisme parisien _ sur une vision romanesque du « phénomène« , lire le magnifique « La Curée«  d’Emile Zola… _, a marqué aussi de son empreinte l’urbanisme bordelais… _ ;

et, d’autre part, des « Carnets de guerre d’un hussard de la République«  _ ceux de Marc Delfaud _, qui viennent de paraître ce mois d’octobre 2009 dans une passionnante édition critique préparée par le général André Bach (auteur de « Fusillés pour l’exemple _ 1914-1915« , paru aux Editions Tallandier en 2003 : déjà un très grand livre !) et Solange Delfaud, la fille de ce « témoin » de la Grande Guerre _ et elle-même géographe _, aux Éditions Italiques…


Je joins ici la (très éloquente) quatrième de couverture :

« Septembre 1914. « À celui qui trouvera le présent carnet, prière de le faire parvenir à Mme Delfaud, institutrice à La Barde par Saint-Aigulin, Charente-Inférieure. »

Cette sobre phrase inscrite en tête du premier des 18 carnets de guerre de Marc Delfaud nous avertit : ce jeune marié, instituteur dans le civil, parti à la guerre sans même avoir pu embrasser sa femme, tient à lui laisser une trace de son passage dans cette machine à broyer les hommes. C’est pour elle, avant tout, qu’il tient son journal. Tel le miroir que Stendhal promenait au bord du chemin, son témoignage est toujours minutieux, spontané ; mais documenté.

Et Marc Delfaud est un observateur digne de confiance : pacifiste, il est aussi un patriote que l’on ne peut soupçonner d’aucun secret défaitisme. S’il a tenu à partager les misères de la piétaille des tranchées, alors que son niveau d’études lui aurait permis de prendre du galon, ses opinions progressistes ne l’aveuglent en rien. Il n’y a nul sectarisme chez cet observateur lucide, qui sait que le peuple n’est pas exempt de tares et de vices, au front comme ailleurs. Delfaud, affecté au peloton des téléphonistes, est en permanence au contact du commandement, dont il observe la conduite sans complaisance. Il rend hommage à la valeur et l’humanité de nombreux officiers ; mais il est révolté par l’arrogance de certains gradés et les brimades stupides infligées à des hommes qui ont les plus grandes chances de finir déchiquetés par les obus.

On n’oubliera pas de sitôt ces portraits au vitriol : le colonel qui force les hommes à passer dans les mares de boue sous prétexte qu’ils sont déjà sales ; cet autre qui lève sa cravache sur le soldat qui ne se dérange pas assez vite. Cet autre encore qui expédie chez lui, par malles entières, le butin pillé dans les villages évacués…

Marc Delfaud vérifie ses informations et les recoupe. Et quand elles ne sont pas de première main, il cite ses sources. Témoin intelligent, il sait lire entre les lignes les ordres et les bulletins, et en tire souvent des conclusions exactes. Le front, il le montre bien, est aussi le reflet d’un monde en pleine évolution. Face aux sous-officiers et officiers de carrière, encore empreints de routine bureaucratique et de préjugés de classe, les mobilisés sont désormais des citoyens, formés par l’école publique de la IIIeRépublique ; ils veulent bien accepter de sacrifier leurs vies, mais non d’être insultés ; combattre, mais non crever comme des cloportes dans des trous fangeux et puants.

Il ne faudrait cependant pas croire que Marc Delfaud n’est qu’un observateur froid à force d’être lucide. S’il absorbe toutes les informations, son œil demeure sensible à ce qui reste de beauté dans cet univers de feu et de folie : le ciel et ses nouveaux oiseaux de métal, dont on peut oublier, quand on les voit de loin, qu’ils sont aussi des moyens de destruction ; les bribes de paysage, les objets miraculés, l’indestructible aptitude de l’homme à créer la beauté jusqu’en enfer. En témoigne sa rencontre avec ce curieux musicien, en mars 1915, qui « sort de son sac un archet fait avec un morceau de bois et des crins de cheval, et un violon dont une boîte à cigares et un manche à balai ont fait tous les frais », et qui en tire des sonorités insoupçonnées qui font oublier aux Poilus, l’espace d’un instant, la guerre et la mort qui rôde.

Frappé par la finesse et la qualité littéraire du récit de Marc Delfaud, le général André Bach, ancien chef du Service historique de l’Armée de terre qui, depuis plus de dix ans, réfléchit sur le premier conflit mondial à partir des archives militaires et de son expérience d’officier, voit en ce livre l’un des très rares documents mis au jour récemment qui soit capable de changer notre vision de la Grande Guerre, Les notes et l’apparat critique très complets qu’il a rédigés pour cette première édition en font bien davantage qu’un témoignage : une source historique à part entière » _ on ne saurait, en effet, mieux dire…

J’ai entendu deux fois le général Bach, le 14 novembre 2008 à Agen, au colloque « La Grande Guerre aujourd’hui : Mémoire (s), Histoire(s) » ; et samedi 24 octobre dernier, d’abord en une remarquable conférence d’une vingtaine de minutes, en compagnie de Solange Delfaud, dans une salle annexe à la Salle des Écuyers ; ensuite, en aparté :

sur le fond du sujet _ la guerre _, comme sur la forme _ je veux dire le travail historiographique de l’historien _, son travail est magnifique et passionnant.

Je veux dire aussi ici combien ont été riches les diverses conférences auxquelles j’ai assisté _ conversant avec des auteurs dans la grande salle (« des Écuyers« ), j’ai pu en « manquer«  une ou deux… _ :

_ celle de Bertrand Solès, sur « La carte postale et l’histoire du Lot-et-Garonne » ;

_ celle de Brigitte Coppin, auteur de livres de jeunesse, sur « L’Histoire proposée aux jeunes » ;

_ celle du président de l’Association des Professeurs d’Histoire et Géographie d’Aquitaine, Eric Bonhomme, sur la Revue « Historiens et géographes pour les enseignants » ;

_ et enfin celle du général Bach et Solange Delfaud sur leur édition des « Carnets de guerre » de Marc Delfaud ;

de même qu’ont été vivants et nourris les échanges avec le public, qui ont suivi…

Pour ma part, j’ai posé à Éric Bonhomme une question sur la « liberté » du professeur d’Histoire-et-Géographie comme « auteur de son cours« , face, d’une part aux programmes _ ainsi qu’au rythme que ces « programmes«  semblent quasiment imposer aux enseignants ; tout particulièrement, mais pas seulement non plus, dans les classes d’examen… _ ; et, d’autre part, face au savoir produit (= créé) par les historiens et les géographes, en permanence ; et face à des « synthèses » de ces savoirs, telles que celles que propose précisément aux enseignants de la discipline la « Revue » ici présentée…


Une comparaison entre les pratiques de fait des enseignants en France et dans d’autres pays _ par exemple aux États-Unis ; mais aussi dans des pays européens, l’Allemagne ou l’Espagne… : mais les finalités y sont très diverses ; il faut bien les identifier avant de procéder à des comparaisons… _ a permis de réfléchir un peu sur le travail de l’enseignant d’Histoire-et-Géographie dans _ ainsi qu’avec _ sa classe ; notamment par rapport à l’épistémologie de ces disciplines (de l’Histoire et de la Géographie) ; afin de faire prendre un peu mieux conscience, peut-être, que l' »Histoire historienne » est le fruit d’un travail exigeant et ouvert de l’esprit ; et ne doit pas être confondue, par les élèves, avec une « réalité historique » qui irait de soi ; et que, comme si celle-ci « s’imposait » d’elle-même, il suffirait à tous et à chacun de constater et enregistrer, passivement en quelque sorte. La tâche d' »établir les faits«  _ en visant une idéale objectivité… _ représentant une ardente tâche critique et collective (par le débat vivant des analyses) à l’égard des diverses idéologies et propagandes qui ne manquent pas de chercher à accaparer les esprits… 

Bref, cette manifestation des secondes « Journées du livre d’Histoire » à Nérac, ce samedi 24 octobre, de 10 heures à 18 heures, fut passionnante à tous égards ;

et elle témoigne, par le soutien, en amont, des « Amis du Vieux Nérac » d’une curiosité culturelle exigeante, vivante, de fond et féconde, dans les « pays » de notre Région Aquitaine ; d’un amour désintéressé de la recherche et de la culture, indépendamment des carriérismes et des raisonnements pragmatiques à court terme et à courte vue…

Voilà comment j’ai « articulé » pour moi-même cette « manifestation » à « soutenir » et aider à « pérenniser » à ce que j’avais entendu la veille au Conseil Régional, rue François de Sourdis, à Bordeaux, à propos  de « la créativité et l’innovation au cœur de la relation homme / territoire dans un monde numérique« …

Peut-être l’apport d’outils numériques des dernières hyper-technologies pourrait-il conserver la trace et répandre au loin les échanges féconds d’une telle manifestation.

Bravo et un grand merci aux organisateurs

qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour ces « rencontres » d’une culture vivante ;

et conviviale !..

Gasconne, en Albret !..

Titus Curiosus, ce 28 octobre 2009

le bonheur vrai de la recherche : ce dont témoignent les « Journées du livre d’Histoire » de Nérac (I)

28oct

De la séance dite de « débats«  au Conseil Régional, alléchamment intitulés « La créativité et l’innovation au cœur de la relation homme / territoire dans un monde numérique« ,

en ce début d’après-midi de vendredi 23 octobre dernier ; « débats » (bien trop étiques ! ; de « débats« , il n’y eut guère que des « discours » ; sans réels échanges de « discussions« …) ; eux-mêmes consécutifs, il est vrai, à des séances d' »ateliers » consacrés au « numérique et la créativité en région« ,

je sortais un tantinet perplexe ;

à la fois heureux _ et plein d’espoir… _ qu’acteurs (« créateurs » peut-être ; « institutionnels« , surtout, probablement…) de la culture et « gestionnaires » de la mise en œuvre de « directives » _ forcément... _ des « décideurs » politiques de la « Région » _ la mienne ; et j’y suis très intensivement (ou charnellement) « attaché » !.. _ « prennent langue » ! et s’attellent à l’entreprise d‘aggiornamento de « la créativité et l’innovation » artistique et culturelle dans ma « Région »

_ même s’il faut bien (!) s’entendre sur le sens de tous ces mots, parmi l’emmêlement de tant de faux-semblants (et même carrément des « impostures » : sans être en rien un Savonarole, ni un « redresseur de torts« , j’ai le « goût » passablement exigeant et difficile, en ces matières de toute première importance, c’est-à-dire « civilisationnelle« , à mes yeux ;

ainsi que doit en témoigner, au fil des jours et des mois, ce blog-ci même ! ; de même que ma passion toujours aussi vivace d’« enseigner«  (et « vraiment » ! : suis-je encore naïf !..) le cœur de ce qui peut et doit faire sens pour un « humain« , versus l’absurde et l’imposture, encore ; et l’« in-humain«  !..) _,

à l’heure des bouleversements (formidables !) de la « révolution » du numérique ;

et des pressants appels _ cf Howkins et Florida, par exemple… ;

mais sont-ils d’incontestables « autorités«  en matière de « diagnostic«  comme de « propositions » (autres que pragmatiques : « civilisationnelles«  !) pour l’« époque«  ?.. _ à la « créativité » et à l' »innovation »

pour, déjà, au moins _ eux, les artistes _ ne pas mourir, survivre « économiquement » en cette « globalisation » (pour laquelle Bordeaux n’a, semble-t-il, déjà plus la « dimension » d’une « métropole » : il lui faudrait un million d’habitants, s’est-il dit…) ;

et peut-être _ surtout ! _ s’accomplir, s’épanouir : donner la fleur de l’œuvre…

Mais la « réussite » en ces matières (artistiques) est-elle affaire de « succès » et de « reconnaissance » publics _ et seulement « économiques« … : mais on me dira que c’est là d’abord une condition sine qua non d’« être« , au lieu de « ne pas être« _ ?..

La question s’impose à moi _ et j’ai « mes » réponses…

A la génération de mes enfants aussi, bien sûr…

Une vie (et ce qu’elle offre de potentialités à « réaliser« , ou pas…) étant si infiniment précieuse : que valent à ces égards les seuls étalons « sociaux » (et économiques) ?.. ;

j’étais, donc, à la fois heureux

mais aussi un tantinet perplexe ;

cf mon (court) billet d' »humeur » (du samedi matin : 07:23:13 ; juste avant de prendre la route, amusé, pour Nérac : j’y parvins vers 9 h15 ; le temps d’arpenter un peu la ville _ c’était jour de marché _ et de prendre un café…) à Bernard Stiegler _ avec lequel je n’avais pas pu « échanger » d’« impressions » : probablement, ce désir d’échanger « trois mots«  avec lui constituait-il la raison majeure de ma présence (incongrue, comme presque toujours…) à cette « rencontre » au Conseil Régional… _ ;

je doute un peu trop _ et par diverses expériences personnelles _, en effet, de la « positivité » de l’action de la plupart de ces « médiateurs » de l’Art et de la culture ; même s’il serait injuste de généraliser.

Ainsi en ai-je débattu le 5 septembre dernier à Paris, avec Nicolas Bomsel _ que je connaissais pas jusque là… _, au repas d’amis (dans un bistro du quartier) qui a suivi le merveilleux concert « Jacques Duphly » (cf le CD Alpha 150 : « Pièces de clavecin » de Jacques Duphly) d’Elisabeth Joyé à l’Hôtel de Soubise _ cf mon article du 9 septembre « merveilleux concert Duphly«  _ ; j’ignorais au départ que Nicolas Bomsel occupait de semblables fonctions (d' »institutionnel » de l’Art et de la culture) ; et œuvrait très positivement à l’éclosion de jeunes vrais talents…

Mais existent heureusement aussi de tels « médiateurs » d’Art et de culture passionnés et de grand goût ! _ et pas seulement (incultes, incurieux, dénués de passion d’Art) parasites…

Car existent, en effet, des Jean-Michel Verneiges, que j’ai rencontré à deux ou trois reprises, et davantage

_ à Saint-Michel-en-Thiérache et à Laon : il est et demeure (car la constance _ c’est une vertu ! _, et donc la permanence factuelle en la fonction, aussi, est considérablement importante en ces affaires ; contre la manie meurtrière et suicidaire tout à la fois ! des turn-over… des managers up to date !) « délégué à la musique«  au Conseil Général de l’Aisne ; et est l’heureux maître d’œuvre de la très belle collection de CDs de musique d’orgue « Tempéraments«  (bien que l’orgue Boizard de l’Abbatiale de Saint-Michel-en-Thiérache y soit sollicité, il est certes fort beau, un peu plus souvent que bien d’autres, demeurant, eux, encore, en leur singularité, « à découvrir » pour nos oreilles ; mais je ne veux pas être injuste : que de découvertes d’instruments merveilleux cette collection nous a permises et offertes !..) _

quand je fus « conseiller artistique » de « La Simphonie du Marais » ; et récitant _ quelles joies ! merci Hugo ! _ ; et aussi, plus encore peut-être, principal auteur d’un programme de disque (« Un Portrait musical de Jean de La Fontaine« , paru chez EMI en 1996 ; « programme » et disque dont je ne suis pas peu « fier« …) : la demi-semaine d’enregistrement du CD dans l’abbatiale de Saint-Michel-en-Thiérache, et le logement dans les cellules des moines de l’abbaye, du 25 au 28 août 1995, est peut-être un des « sommets » (de joie) de ma vie… quelle jubilation ! ;

je revis Jean-Michel Verneiges au concert de clôture de l' »année La Fontaine« , donné à Laon, le 14 décembre 1995 ; et j’avais été aussi récitant, en cette même superbe abbatiale de Saint-Michel, le 3 juillet 1994, pour un concert « Philidor » : Jean-Michel Verneiges m’avait bien « tuyauté » sur l’acoustique capricieuse de la nef (le CD « Marches, fêtes et chasses royales pour Louis XIV » de la Simphonie du Marais et Hugo Reyne fut enregistré courant juillet 1994, mais à la Maison de la Radio, quai Kennedy : j’y criai « la retraite ! la retraite » pour une bataille avec fanfare des armées du Roi-Soleil face aux troupes de Guillaume d’Orange)…

Je connais donc d’un peu près les difficultés des artistes à parvenir _ quelles courses d’obstacles pour eux ! _ à la réalisation matérielle (le livre, le disque, etc…) d’œuvres qu’ils « portent » pourtant si fort en eux… ; et à se battre au quotidien contre, souvent, de fausses hiérarchies _ artistiques, économiques, institutionnelles _ qui les réduiraient à la mort d’un quasi complet silence (d’œuvre !)…

J’ai aussi pour ami Jean-Paul Combet, le brillant et formidablement fécond créateur-éditeur du catalogue de CDs Alpha (que de merveilles s’engrangent pour les mélomanes de par le monde entier, ainsi !.. ; ainsi au Japon, par exemple, le succès d’Alpha est-il considérable…) ;

ainsi que créateur _ avec, à Arques, l’excellent Philippe Gautrot _ de l' »Académie Bach » d’Arques-la-Bataille _ tout à côté de Dieppe _, où se produisent chaque année, tout au long du jour et de la nuit _ parfois à l’aube même ; on éteint alors les chandelles… _, en une somptueuse semaine de musique de concerts (« magiques » !) se succédant les uns aux autres, la fine fleur des meilleurs musiciens ; dans la passion de l’excellence (de tous ; et de tout !)…

Et j’ai écrit pour Alpha des textes de livret de CDs dont je m’autorise, également, aussi, à être un peu « fier » :

par exemple celui du CD Alpha 017 « L’Orgue Dom Bedos de Sainte-Croix de Bordeaux« , par le très grand Gustav Leonhardt _ ma « présentation«  s’intitule : « La construction de l’orgue de Dom Bedos en l’abbatiale Sainte-Croix de Bordeaux sous la réforme mauriste » ; c’était en octobre 2001… _ ;

ou celui du CD Alpha 920, collection « Voce Umana » « Le Sermon sur la mort » de Jacques-Bénigne Bossuet, déclamé par Eugène Green _ ma « présentation«  s’intitule « Lecture de Bossuet : la traversée du mystère, le singulier du Présent«  ; des sous-parties ont à leur tour des titres ; les voici : « Dans le siècle et au milieu du monde _ chronique du temporel«  et « Poétique baroque de la Présence : la fraîcheur du vent dans les plis«  ; c’était en septembre 2002 ; et tout cela est parlant… 

J’en viens, enfin, au fait _ ma venue aux « Journées du Livres d’Histoire » de Nérac, samedi 24 octobre dernier, donc _ ;

ou plutôt, d’abord _ encore ! _, au « concours de circonstances » _ où participe l’amitié ! _ qui l’a permis :

ma décision, vendredi soir 23 _ il allait faire beau la journée du samedi… _ de répondre favorablement aux aimables invitations _ par mails _ de Céline Piot et Alexandre Lafon aux secondes « Journées du livre d’Histoire » de Nérac de ce 24 octobre 2009,

notamment à (et pour) l’occasion de la parution des « Actes du colloque d’Agen & Nérac (14-15 novembre 2008) La Grande Guerre aujourd’hui : Mémoire (s), Histoire(s)« , publiés par les Éditions d’Albret & l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Agen ; et sous la direction d’Alexandre Lafon, David Mastin et Céline Piot…

J’avais joint vendredi soir au téléphone Alexandre Lafon pour lui demander et les horaires (10h-18h) et la localisation (la salle des Écuyers, en sous-sol du château de Henri IV) de la manifestation.

Car j’avais assisté le 14 novembre 2008 à une partie des contributions (remarquables !) de ce colloque, dans la salle des Illustres de l’Hôtel-de-Ville d’Agen :

j ‘y venais principalement saluer l’ami Alain Paraillous,

pour lequel j’avais rédigé, en 1998 _ du temps que je me démenais (jubilatoirement !) comme « conseiller artistique » de « La Simphonie du Marais » en Aquitaine _, un article : « La bibliothèque musicale des ducs d’Aiguillon _ un aperçu historique« ,

soit une passionnante

au moins pour moi ! j’y ai tellement appris ;

et de ce qui ne se trouve pas à recevoir passivement _ « informationnellement«  ou « communicationnellement« , seulement, dirais-je ; à quoi réduisent tout, hélas, les « pressés«  _ ;

et de ce qui ne se trouve pas à recevoir passivement, donc,

de la simple lecture, ou de la simple compilation, de la plupart des livres : il faut, en effet, procéder « en esprit« , dirais-je _ c’est là tout le sel, le piment, et bien d’autres savoureuses épices, ainsi que toute la fécondité de la démarche de la « recherche » : l‘ »enquête«  !!! _,

procéder, donc, à de très riches « mises en connexions » _ au pluriel _ de myriades de données _ toujours au pluriel _, que seule l’enquête « rassemble » et vient enfin « faire parler« … : activement et inventivement !

et viennent alors, comme une grâce non recherchée, comme en « surplus« , les « découvertes » !!!

soit une passionnante

découverte de la « constitution de la bibliothèque musicale de trois générations de Ducs d’Aiguillon«  (portant sur la fin de la période de la musique baroque en France et ce qui lui succède : tout au long du siècle…),

pour un colloque consacré aux Ducs d’Aiguillon, tenu (et superbement organisé par Alain Paraillous et toute son équipe) à Aiguillon le 19 septembre 1998…

L’article passe en revue les « acteurs » (tous trois mélomanes passionnés) de cette collection de musique constituée pour l’essentiel à Paris _ tout au long du siècle !.. _, et transportée au château ducal d’Aiguillon lors de l’exil forcé _ le 16 mai 1775 _ du second duc, le ministre _ « ministre principal » = le chef du gouvernement : rien moins !.. du 6 juin 1771 au 2 juin 1774 _ de Louis XV, à la suite de la mort du roi qu’il servait (et de la disgrâce qui s’ensuivit pour lui : la reine Marie-Antoinette lui en voulait spécialement de son amitié pour la Du Barry…) ; puis « entreposée et remisée » (et longtemps ignorée et à l’abandon, dans un grenier du Théâtre…) à Agen, au moment des troubles de la Révolution : soient les trois ducs d’Aiguillon, Armand-Louis Vignerod du Plessis Richelieu (1683-1750), Emmanuel-Armand (1720-1788) et Armand-Désiré (1761-1800) ;

l' »enquête » pour cet article m’a ainsi (amplement ; généreusement !) donné à « découvrir » toute une vie et musicale et musicienne, foisonnante, au XVIIIème siècle (à Paris, du moins : le « centre du monde » des Arts et de la Culture alors _ cf le très riche livre de Marc Fumaroli « Quand l’Europe parlait français » (aux Éditions de Fallois ; ou en Livre de poche…) ; comportant les activités : services, concerts, publications d’œuvres, voyages par toute l’Europe, d’une myriade de musiciens (dont la musique était d’abord le gagne-pain !) ; ainsi qu’une très intense vie musicale elle-même : tant les concerts privés dans les hôtels particuliers et les châteaux _ pas seulement à la cour du roi ; à Versailles _ que les concerts publics _ qui se développèrent à partir de la création du « Concert Spirituel« , en 1725 _ ; etc…

Soit une mine très riche de « découvertes » ; et que je peux entrecroiser aussi avec la vie (et les œuvres) philosophique(s) riches, elles aussi, en ce siècle (ainsi, d’ailleurs, qu’au précédent…).

L’article parut dans le n°1 de l’année 2000, aux pages 39 à 50, de la « Revue de l’Agenais«  (publiée, elle aussi, par l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Agen…) ;

A ce colloque du vendredi 14 novembre 2008, dans la Salle des Illustres de l’Hôtel-de-Ville d’Agen,

je venais donc saluer l’ami Alain Paraillous,

mais aussi rencontrer Georgie Durosoir,

que je connaissais depuis le temps de mes recherches baroqueuses pour « La Simphonie du Marais » et Hugo Reyne, notamment lors de mon travail autour de l’activité _ pionnière : par sa « passion de la musique« , La Fontaine est en quelque sorte l’initiateur de la critique (et de l’esthétique) musicale en France ; rien moins ! mais qui le sait ? qui s’en soucie ?.. Que l’on consulte ma présentation du « Portrait musical de Jean de La Fontaine« , aux pages 9 à 14 du CD EMI 7243 5 45229 2 5, de 1996, pour qui le déniche !!! _ en faveur de la musique de Jean de La Fontaine ; de ses rapports avec Marc-Antoine Charpentier, etc… ;

mais que j’avais « re-contactée » à l’occasion de la publication, par l’entremise de ses soins (filiaux !) ainsi que ceux de son mari, Luc Durosoir, de cette « merveille des merveilles de musique » que sont les trois « Quatuors à cordes » de Lucien Durosoir (1878-1955), interprétés au disque par le Quatuor Diotima : CD Alpha 125. Œuvres du niveau _ pas moins !!! _ des « Quatuors » de Debussy et de Ravel ! Et je pèse mes mots !

Cf mes deux articles à la réception du CD, en juillet 2008 : « musique d’après la guerre« , le 4 juillet, et, le 17 juillet, « de la critique musicale…« … ;

mais aussi, encore (et beaucoup !),

parce que le champ exploré par les contributeurs à ce colloque d’Agen « La Grande Guerre aujourd’hui : Mémoire (s), Histoire(s)« 

me passionne ;

cf mon article sur le magnifique roman (sur la guerre aujourd’hui) « Zone » de Mathias Enard : « Émerger enfin du choix d’Achille« …

La guerre est une question capitale !

La comprendre, l’analyser est ainsi proprement essentiel !


Et celle de 14-18 fut le suicide de notre Europe !!! Et nous n’arrivons toujours pas à nous en remettre…


Au milieu des gazes, paillettes et autres « miroirs aux alouettes«  abrutissants de la « Foire aux vanités » de l' »entertainment » débridé des écrans !..

J’interromps ici ce qui n’est donc que le « prologue« , ou le « prodrome« , de l’article que je veux consacrer à l' »amour vrai de la recherche« 

que j’ai, de fait, rencontré (« incarné » en quelques personnes particulièrement remarquables !) à ces secondes « Journées du livre d’Histoire » de Nérac, samedi 24 octobre dernier (de 10 heures à 18 heures),

notamment auprès des « Amis du Vieux Nérac« 

(dont Hervé-Yves Sanchez Calzadilla _ avec lequel j’ai eu une conversation à table, et après, qui m’a passionné : au repas très convivial au restaurant « La Cheminée«  _, Hubert Delpont et Céline Piot)

et des auteurs invités à ces « Journées«  (dont le général André Bach) ;

je vais, bien sûr, détailler cet « essentiel« -là…


Un chaleureux merci à Alexandre Lafon et à Céline Piot de m’avoir fait signe…

L’article principal (II) dont celui-ci (I) n’est donc que le « prologue« , va immédiatement le suivre ;

et sa lecture pourra se passer de celle de ces trop longues prémices…


Titus Curiosus, ce 28 octobre 2009

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