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Pour les gourmands : quelques unes des meilleures pâtes à savourer quand vous serez à Rome…

27juil

Mon bref passage _ avant hier _ Via Margutta avec Enrico Todi,

m’a mis un peu en appétit

d’italianité romaine…

Bientôt, je suis tombé sur un article, dans le Figaro du 22 juillet dernier, de Lucie Tournebize,

qui m’a mis l’eau à la bouche ;

le voici :

Rome : quatre plats de pâtes à goûter absolument

La carbonara, l’amatriciana, la gricia et la cacio e pepe sont des recettes incontournables de la cuisine italienne. Nos quatre adresses _ romaines _ sans chichi et savoureuses.

Par Lucie Tournebize
Publié le 22 juillet 2020 à 08:00, mis à jour le 23 juillet 2020 à 17:29
À Rome, les recettes de pâtes se transmettent de génération en génération.
À Rome, les recettes de pâtes se transmettent de génération en génération. Adobe Stock / pfeifferv

La famille, c’est important dans les trattorie romaine. Et pas seulement parce qu’on est aux fourneaux de grand-mère en fils ou de père en fille. Mais aussi parce qu’un drôle d’air de famille semble unir les spécialités présentées au chapitre primi piatti des menus. Carbonara, amatriciana, gricia, cacio et pepe : quatre variations autour des pâtes et de quelques ingrédients, qui donnent à chaque plat son caractère.

Leur gène commun vient des brebis : c’est le pecorino romano, un fromage produit sur les collines autour de Rome. À cette spécialité au goût légèrement piquant, s’ajoutent selon les cas le guanciale (joue de porc séchée et poivrée), les œufs ou la tomate. Venus des montagnes entre le Latium et les Abruzzes, ces plats étaient le pain quotidien des bergers _ voilà ! _ qui partaient en transhumance chargés de produits à longue conservation.

Rome s’est approprié _ oui _ ces spécialités rustiques et leur réserve une place d’honneur dans sa gastronomie _ de même qu’aux abats… Nous avons sélectionné quatre restaurants où vous pourrez expérimenter chacun de ces plats cousins.

La carbonara de Nabil Hassen Hadj chez Roscioli

La carbonara de Roscioli a été élue la meilleure d'Italie en 2008.
La carbonara de Roscioli a été élue la meilleure d’Italie en 2008. Facebook / Salumeria Roscioli

Roscioli c’est un restaurant mais c’est avant tout une famille. Présente depuis 1824 dans le centre de Rome, elle ouvre tour à tour un forno(boulangerie) puis une salumeria (épicerie fine) où sont également servis les généreux plats de la tradition romaine.

Cette bonne table s’est distinguée en 2008, lorsque la carbonara de Roscioli, préparée par le chef Nabil Hassen Hadj, reçoit le prix de meilleure d’Italie, faisant de ce plat la pierre angulaire du menu. Mais qu’est-ce qu’une carbonara, pour les Romains ?

Certainement pas un plat à base de crème, exclue de la liste des ingrédients. Mais plutôt des œufs fouettés avec le pecorino, le guanciale saisi à la poêle, croquant à l’extérieur et fondant à l’intérieur, et beaucoup de poivre. Parce que carbonara viendrait de carbone, le charbon en italien. Le résultat est crémeux, piquant et fondant à la fois : un délice qui se déguste le long du comptoir où reposent les produits disponibles à la vente à emporter.

Roscioli. Via dei Giubbonari, 21. Du lun-sam 12h30-16h et 19h-minuit. Tél. : +39 06 687 5287. Réservation indispensable. https://salumeriaroscioli.com/


La gricia de Claudio Gargioli, chez Armando al Pantheon

La recette de gricia d'Armando al Pantheon repose sur trois ingrédients : guanciale, pecorino et poivre.
La recette de gricia d’Armando al Pantheon repose sur trois ingrédients : guanciale, pecorino et poivre.Facebook / Armando al Pantheon

La gricia, « c’est la mamma ». Du guanciale, du pecorino, du poivre. Une recette simple, puissante, entière. Claudio Gargioli, qui tient le restaurant ouvert par son père Armando en 1961, estime qu’elle se prépare « avec les yeux, le nez et les oreilles ». Exit le chronomètre, place à l’expérience. Et aux produits sourcés : pâtes de la petite fabrique toscane Martelli, pecorino Lopez en direct des campagnes romaines, et guanciale de Montefiascone, au nord de Rome.

Des ingrédients harmonieusement unis pour un résultat crémeux et piquant, grâce au poivre que le chef aime toaster à part, pour en libérer les arômes. On s’en régale dans la petite salle aux murs lambrissés et aux nappes blanches, en s’imaginant l’époque où Jean-Paul Sartre aimait la fréquenter pour jouer aux cartes avec la clientèle.

Armando al Pantheon. Salita dei Crescenzi, 31. 12h30-14h45 et 19h-23h. Fermé le dimanche. Tél. : +39 06 6880 3034.

L’amatriciana selon Arcangelo Dandini, à L’Arcangelo

Le chef Arcangelo Dandini tient sa passion pour la cuisine de sa grand-mère.
Le chef Arcangelo Dandini tient sa passion pour la cuisine de sa grand-mère. Facebook / Ristorante L’Arcangelo

Fille de la gricia, l’amatriciana naît sur d’anciennes terres du Latium, rattachées aujourd’hui à la région des Abruzzes. Dans le village de montagne d’Amatrice, la gricia s’enrichit de tomate. Rome, jamais rassasiée, s’empare du plat qui devient un classique de la capitale, figurant dans la majorité des menus. Arcangelo Dandini, chef du restaurant l’Arcangelo, a déjà tranché : « c’est mon plat préféré ! ».

Sa grand-mère, lectrice de Pellegrino Artusi (grand auteur culinaire italien), lui a transmis sa passion pour la cuisine. « Qui dit tradition dit aussi mouvement : mon amatriciana n’est pas la même que celle de ma grand-mère, le monde change ». À commencer par les tomates, ingrédient que le chef aime varier pour tirer bénéfice des milles variétés disponibles selon les saisons. Dans son établissement non loin du Vatican, son amatriciana se déguste sur des bucatini (une variété de gros spaghettis percés d’un trou) ou des gnocchis.

L’Arcangelo. Via Giuseppe Gioachino Belli, 59. Lun-vendredi 13h-14h et 20h-23h et samedi 20h-23h. Fermé le dimanche. Tél. : +39 06 321 0992.

La cacio e pepe de Felice, au Testaccio

Des pâtes, du pecorino, du poivre et un filet d'huile d'olive : difficile de faire recette plus simple que la cacio e pepe.
Des pâtes, du pecorino, du poivre et un filet d’huile d’olive : difficile de faire recette plus simple que la cacio e pepe. Facebook/Felice a Testaccio

C’est une institution en vue dans le quartier depuis l’ouverture du restaurant par Felice Trivelloni en 1936. Aller dîner chez Felice, même s’il n’est plus aux commandes de l’établissement, est une garantie pour le palais des Romains. Encore plus si l’on y déguste une cacio e pepe. Sur le papier, c’est la plus simple des spécialités romaines. Du pecorino finement râpé et du poivre, un filet d’huile d’olive : voilà pour les ingrédients.

On les accommode avec une variété toute romaine de pâtes, les tonnarelli, d’épais spaghettis frais, choisis dans leur version acqua e farina chez Felice -comprenez, sans œufs.

La dernière étape de la préparation, la mantecatura (mot difficile à traduire qui désigne la liaison de l’ensemble avec le pecorino) qui donne au plat toute son onctuosité, est réalisée par le serveur directement à votre table, sans verser une goutte sur la nappe immaculée. Un sans-faute.

Felice a Testaccio. Via Mastro Giorgio, 29. 12h30-15h et 19h-23h30. Tél. : +39 06 574 6800. Réservation fortement conseillée.

et toi et toi …
le 26/07/2020 à 10:35

vi consiglio questa osteria a roma
osteria da fortunata
via del Pellegrino

Zéphirin Babouin chômeur volontaire
le 25/07/2020 à 21:21

Et la paiata pour les plus avancés dans l’art culinaire romain

grainamoudre
le 25/07/2020 à 17:42

Per una volta, faccio fiducia all’articolo del Figaro. Armando al Pantheon , un posto prediletto dai Romani !
Il faut savoir lire ! Pour une fois, 4 grandes adresses. Merci

Casquivan
le 25/07/2020 à 16:51

Totole, ceux-ci sont des plats qu’on mange maison tous les jours, mais il y a plein de pâtes végétariennes en Italie. Vous devez vous renseigner. Si vous n’aimez pas le fromage, ce serait dur en Italie, comme en France. Je vous conseille pasta alla norma, pasta fredda avec caponata de legumes, des bruschettas pomodoro olive, des arancini siciliens etc.

Steak-frites

le 25/07/2020 à 16:04

Pour mesurer le niveau culinaire de l’Italie, vous pouvez aller manger pas cher au buffet de la gare Termini quand vous êtes à Rome, ou au restoroute. Vous constatez alors que ce qu’on vous sert écrabouille en niveau de qualité le 9/10e des brasseries parisiennes. Pour bien manger en Italie, ne suivez pas les guides, suivez les Italiens. Leur niveau d’exigence est tellement élevé qu’ils valent mieux que tous les guides du monde, qui ne vous aiguilleront jamais que vers des endroits « typiques » où vous ne tombez que sur des touristes.

testxyz
le 22/07/2020 à 15:52

« Rome s’est approprié ces spécialités rustiques et leur réserve une place d’honneur dans sa gastronomie » On prend un plat traditionnel, que le resto populaire du coin maîtrise à la perfection depuis plusieurs générations, on le « ré-invente » pour le mettre au goût du jour en jouant sur les textures, les couleurs et les saveurs, on travaille la présentation, et on obtient … quelque chose qui a un vague relent du terroir en cherchant bien, qui a surtout été uniformisé pour coller aux goûts internationaux de la grande gastronomie. Au final, si vous voulez voyager, c’est simple il suffit d’aller dans le plus petit bouiboui, aussi loin que possible de Rome, payer 5€ maximum le plat, et là vous aurez des saveurs authentiques. C’est le vrai plat que vous aurez dégusté, pas un truc hors de prix à la mode primé par des concours débiles. A noter que ceci est valable spécifiquement en Italie, où les resto de villages quasi vides surpassent presque toujours les gastros des grosses villes en terme de saveurs, pas en France où le turnover est plus important et où la qualité servie dans les petites enseignes est pour le moins … inégale.

A cet article du Figaro,

j’ajoute ces liens-ci à 7 articles purement romains :

_ Le Megliori paste alla Carbonara di Roma 

_ Le migliori 30 paste all’Amatriciana di Roma 

_ Cacio e Pepe : ecco le 30 migliori di Roma

_ Pasta alla Gricia, ecco le 10 migliori di Roma 

_ Carciofi alla Giuda, ecco 10 ristoranti di Roma dove mangiare i megliori 

_ Ristoranti non turistici a Roma, Trattorie e locali dove mangiare bene 

_ Tra Top e Pop, ecco i migliori ristoranti de Roma

Bon appétit !

et bon séjour à Rome !!!

Ce lundi 27 juillet 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Musiques de joie : la paix radieuse, à dimension d’éternité, du classicisme baroque apollinien d’Arcangelo Corelli, par Enrico Gatti, Gaetano Nasillo et Guido Morini

02avr

Après l’époustouflant versant dyonisiaque

des virtuosités baroques

de Carlo Farina (Mantoue, 1600 – Vienne, 1639)

_ cf mon article du mercredi 1er avril : _,

de Heinrich Ignaz Franz Biber (Wartenberg, 1644 – Salzbourg, 1704)

_ cf mon article du lundi 30 mars : _,

ou de Johann Adam Reincken (Deventer, 1643 – Hambourg, 1722)

_ cf mon article du samedi 28 mars : _,

voici l’admirable versant apollinien 

du Baroque _ romain _ :

je veux parler du classicisme

pacifié et radieux

_ formidablement réconfortant : mais oui !!! _

d’Arcangelo Corelli

(Fusignano, 17 février 1653 – Rome 8 janvier 1713

_ Corelli est inhumé au Panthéon, ou la chiesa Santa Maria della Rotonda : un lieu lui-même magique !

le plus beau de Rome ! _) ;

pour lequel j’ai choisi le double CD Arcana A397 de l’Opera Quinta (Sonate a violino et violone o cimbalo)

par le magnifique _ et toujours parfait ! _ Enrico Gatti, violon,

et ses amis Gaetano Nasillo, violoncelle,

et Guido Morini, clavecin ;

l’enregistrement de ces 12 admirables Sonates de l’Op. 5

_ qui ont immédiatement fait le tour de l’Europe musicale ! et continuent d’enchanter le monde entier !!! _

a été effectué à la Badia Cavana, à Langhirano (Parma) du 25 mai au 2 juin 2003.

Cette interprétation _ de 126′ 30 _ est elle-même la perfection absolue ;

et irradie une paix profonde

_ de réconciliation avec tout, ou presque… _

qui fait un bien fou !!!

Et c’est là le miracle de la dimension d’éternité

de quelques œuvres (et interprétations),

comme ici…

Ce jeudi 2 avril 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et Rome maintenant déserte : les pins du Forum et la Piazza del Panthéon…

14mar

Rome que j’aime tant

est en ce moment déserte

_ et pas tout à fait comme à Ferragosto…

Un ami m’a adressé deux superbe photos

de cette Rome vide :

une de la Via dei Conti, qui longe le Forum ;

l’autre, de la Piazza del Pantheon…

Je pense beaucoup aussi au sublime L’Eclisse

du merveilleux Michelangelo Antonioni.

Ce samedi 14 mars 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et Rome maintenant déserte : les pins du Forum et la Place du Panthéon

14mar

Rome que j’aime tant

est en ce moment déserte

_ et pas tout à fait comme à Ferragosto…

En voici 2 superbes photos que m’adresse un ami :

Rome Corona.jpeg

Via dei Conti

Rome Corona 2.jpeg

Piazza del Pantheon

Je pense beaucoup aussi au sublime L’Eclisse

du merveilleux Michelangelo Antonioni.

Ce samedi 14 mars 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos du Roma de Bernard Plossu : un très bel article de Fabien Ribéry

11jan

Ce jour,

mon ami Bernard Plossu m’a fait parvenir un superbe article de Fabien Ribery

à propos de son superbe album, aux Éditions Filigranes,

Roma.

Voyages à Rome, par Bernard Plossu, photographe

par fabienribery

© Bernard Plossu
« Tout au 50 mm en noir et blanc, effets interdits, vision pure, classique – moderne quoi
Il y a le monde, oui, peut-être, gisant là comme un pantin effondré _ qui se découvre, ainsi donné et surtout saisi, au vol, en marchant voire dansant, en une sorte de sidération émerveillée, mais active et lucidissime : quel œil fantastiquement lucide que celui de Plossu ! _, et le monde _ aussi : quel plus ! délicieusement richissime, instantanément cultivé pluriellement, tout surgit immédiatement en ce regard… _ selon William Klein, Robert Frank, Walker Evans, Pablo Picasso, Jean Siméon Chardin, Giorgio Morandi, et Le Bernin, Borromini, Mimar Sinan _ c’est-à-dire le monde vu par bien d’autres artistes éclaireurs vivaces du regard (sur les espaces) ; et pas des moindres ; et des plasticiens d’abord (photographes, peintres, sculpteurs, architectes), mais pas uniquement ; la culture faite sienne par soi est nécessairement ouvertement plurielle (la musique y a aussi sa part, comme la cuisine, et les odeurs et les parfums, un peu typés ; comme les couleurs). La culture, ce sont des ponts, des voies, et pas des murs ou des remparts et fossés…
Il nous faut Paul Cézanne pour approcher un peu ce qu’est une pomme _ certes ; et l’on connaît l’assidue fréquentation aixoise par Plossu de l’atelier de Cézanne au chemin des Lauves…
Il nous faut Marcel Proust pour comprendre les mystères du temps _ merveilleusement retrouvé, repris, et travaillé, re-travaillé.
© Bernard Plossu
Il nous faut Le Christ voilé _napolitain _ de Giuseppe Sanmartino pour ne plus craindre de mourir totalement.
Il nous faut Ordet de Carl Theodor Dreyer _ là, j’y suis un peu moins : Rome est ultra-catholique… _ pour recommencer à prier.
Et il nous faut maintenant Bernard Plossu pour entrer à Rome _ entrer est magnifiquement choisi ! Entrer, et arpenter, ré-arpenter, joyeusement, à l’infini…
Livre publié par Filigranes Editions – tirages de l’ami italianophile Guillaume Geneste -, Roma _ 1979 – 2009  _ est le fruit de trente ans d’arpentages _ ce mot qui me plaît tant ! cf mes 5 articles sur Arpenter Venise du second semestre 2012 : , , et _, de déambulations, de flâneries amoureuses _ voilà _ dans la ville délicieuse _ on ne le soulignera jamais assez : quelles délectations nouvelles rencontrées à l’improviste chaque fois !
voilà
© Bernard Plossu
Le regard est d’un passionné de cinéma (De Sica), de peinture (La Scuola Romana), de littérature (Andrea Camilleri _ mais plus encore les vraies romaines que sont Rosetta Loy et Elisabetta Rasy ! _), parce que la culture _ plurielle, formidablement, et sans casiers jamais clos : la culture vraie, ce ne sont que des ouvertures et des invites à regarder toujours mieux un peu plus loin et d’abord tout à côté ; et pas toujours fétichistement au même endroit et sous la même sempiternelle focale… _ n’est pas que l’apparat de la domination analysé par Bourdieu, mais un mode d’accès majeur _ voilà : accéder (et surmonter) n’est pas si courant, tant nous en barrent les clichés des copier-coller à l’identique de la comm’ _ à l’autre, à l’être, à soi _ oui : l’autre, l’être, soi : constitué de myriades de pièces s’ajointant (et s’enrichissant ainsi) à l’infini d’une vie vraiment ouverte.
Ici, les ruines ne sont pas abordées comme un spectacle de délectation romantique _ à la Gœthe lors de son long séjour (de plus de deux années) romain : c’est seulement à la fin de son séjour que Gœthe en vient à s’affranchir enfin des clichés partagés ; cf mes articles des 22 et 23 mai 2009 :  et … Et en les relisant, je me rends compte que je m’y entretenais avec Bernard Plossu ! _, mais comme une source de vie _ oui ! _, une puissance _ éminemment constructive de joie bien effective _ existentielle _ à la Spinoza _, des directions sensibles _ à arpenter, step by step, toujours un petit pas plus loin ; cf le regard sur Rome du sublime L’Eclisse d’Antonioni (en 1962)…
A Rome, malgré la vulgarité marchande effrayante (relire les Ecrits corsaires de Pier Paolo Pasolini _ cher à mon ami René de Ceccatty _ ; revoir Ginger et Fred, de Federico Fellini), nous pouvons ne pas être seuls, mais portés, aspirés, exaltés _ oui _, par des siècles de raffinement, de délicatesse _ oui _, de _ très _ haute civilisation.

© Bernard Plossu
Pour Plossu, Rome est un aimant, un amer, un amour : « Rome m’attire sans arrêt, j’y vais presque chaque année et je photographie en désordre _ oui _, surtout rien de systématique ni d’organisé ! _ bien sûr : en parfaite ouverture à l’inattendu du plus parfait cadeau de l’imprévu non programmé, qu’il va falloir saisir au vol de sa marche dansée, quand il va être croisé… Divin Kairos ! Quartier par quartier _ bien sûr : aux frontières-passoires étranges, par exemple celles du Ghetto du Portico d’Ottavia, avec sa fantastique pâtisserie… _, n’écoutant que mon instinct et surtout ma passion _ pour Rome _ : je suis amoureux fou de cette ville et, en même temps _ c’est un autre pan essentiel du goût de Bernard pour quelque chose d’essentiel de l’Italie _, de toutes les petites îles italiennes où je vais le plus souvent possible » _ et je suis impatient aussi de la publication à venir de ses regards sur les îles (surtout les plus petites : les plus îliennes des îles !) de la Méditerranée.
A Rome, il y a les amis, installés ou de passage _ les Romains de longtemps, c’est tout de même mieux… _, le couple Ghirri, l’architecte Massimiliano Fuksas, Jean-Christophe Bailly, Patrick Talbot qui lui fait découvrir l’intégralité du _ sublime _ palais Farnèse _ pas seulement la galerie des Carrache _ (un cahier de plus petit format est inséré dans l’ouvrage), tant d’autres.
Toute occasion, invitation, proposition, est _ certes _ bonne _ utile _ à prendre _ pour le photographe voyageur _, qui permettra d’effectuer _ voilà : œuvrer, et s’accomplir, en photographe de la plus pure et simple, non banale (à qui sait la percevoir et la capter), quotidienneté... _ de nouvelles photographies, de faire des découvertes _ voilà le principal ; en tous genres, et à foison !

© Bernard Plossu
Non pas d’épuiser le lieu _ ce qui est bien heureusement impossible : quel fou rêverait de cela ? _, mais de l’ouvrir toujours davantage _ et l’attention aux détails les plus particuliers des instants intensément ressentis, au passage si furtif du présent, mais ainsi saisis (par le pur instantané de l’acte photographique) en leur éternité, est ici tout particulièrement d’une richesse incroyablement profonde et infinie pour qui les regarde, ne serait-ce qu’un instant, ainsi vivifié-magnifié, maintenant… Voilà ce qu’apporte le regard sur le livre.
Aucune grandiloquence _ superficiellement décorative et extérieure, répétitive _ ici _ non : rien que du singulier délicieux raffiné _, mais de l’intimité _ oui _, de la familiarité _ mieux encore _, du simple _ comme le plus chaleureux et fraternel de ce qu’offre une vie, notamment dans les rues _, comme dans un tableau du maître Camille Corot.
Le sublime est un kiosque à journaux inondé de soleil, une devanture de magasin, un tunnel de périphérique, une moulure de cadre, une chaise, les longues jambes d’une passante, un pavé luisant, un if _ l’un après l’autre, et en une telle diversité : à l’infini de ce qui se prodigue si généreusement à qui passe ; tels les si incroyables merveilleusement imprévisibles, et surtout plus délicieux les uns que les autres, parfums des glaces de Giolitti, Via degli Uffici del Vicario, 40, peut-être le centre même du monde. A fondre de bonheur sous la langue… Il y a aussi les restaurants romains que connaît si bien ma fille Eve, pour avoir été romaine une année…
Venant de Santa Fe, passé par le désert _ oui : le contraste est assez impressionnant, mais pas tant que ça, à un peu y réfléchir : il y a en chaque vie un côté de Guermantes et un côté de chez Swann… _, Bernard Plossu découvre à Rome _ et s’en réjouit à l’infini _ un summum de présence _ voilà : fémininine, généreuse, maternelle ! _, une énigme métaphysique _ offerte _ à sa mesure, une joie de Nouvelle Vague _ cinématographique aussi, en effet _ poursuivie jusqu’à aujourd’hui _ sauf que le cinéma italien a, lui aussi, maintenant, pas mal hélas décliné. Bernardo Bertolucci est décédé le 26 novembre 2018.

© Bernard Plossu
De la classe _ toujours : et à un point extraordinaire ! _ en pantalon moulant ou robe de soirée, de la piété _ aussi, et aussi populaire _, des palais _ à foison ; des églises aussi, même si le plus souvent fermées au public ; avoir la chance d’y pénétrer quelques instants, à l’occasion furtive de quelque messe ou cérémonie, se prend et reçoit avec gratitude comme un petit miracle…
Des statues ont perdu leur nez, ou leur tête, ou leur phallus, si belles et fortes dans leur vulnérabilité même _ une richesse poétique du temps et de son œuvre ouverte.
Cité du dieu unique des catholiques, Rome est aussi _ bien sûr _ païenne, polythéiste _ oui _, animée de mille entités de grande vigueur _ assurant sa pérennité.
Le photographe la parcourt en tous sens _ bien sûr, Rome, elle aussi, est un labyrinthe : peu de voies qui soient tout uniment droites _ à pied, la regardant aussi de la vitre d’un train, d’un autobus, d’une voiture _ un dispositif très plossuien, intégrant (et surmontant) une dimension de défi à la vitesse, tout en étant protecteur : une distance demeure, hors viol. Et aidant au cadrage…

© Bernard Plossu
Rome est Cinecittà, kinésique, cinétique, cinématographique _ oui.
Vous arrivez à Roma Termini _ ou à Roma Ostiense, parfois aussi : en plein cœur déjà de la Ville… _ mais tout ne fait pourtant que commencer, recommencer, reprendre vie _ voilà, avec éclat, mais sans excès de théâtralité : pas pour quelque galerie extérieure ! juste pour dérouler son propre innocent plaisir, sa joie… Ni vulgarité trash, ni affèterie, jamais, chez Plossu… _ dans la bande passante _ voilà _ de votre regard _ dont témoigneront quelques unes, heureuses, des milliers de photos alors prises.
Un pyramidion, une arche, un parapluie _ oui.
Des voitures, des escaliers, des jardins _ belles spécialités romaines, en effet.
Des empereurs, des cyclistes, des naïades _ voilà ; les fontaines sont aussi une splendeur romaine…
Comme dans ce que donnent à apercevoir de Rome, par exemple, les merveilleux Journal intime de Nanni Moretti (en 1993) et La Luna de Bernardo Bertolucci (en 1979).

© Bernard Plossu

Des rails et des murailles.
Le Colisée _ sans y _ et ses lions.
Les toitures et les chambres d’hôtel _ Bernard m’a fait cadeau d’un tirage d’une magique vue de nuit prise d’une fenêtre de sa chambre d’hôtel près de Sant’Eustacchio… Un quartier que j’idolâtre, moi aussi, autour du sublime Panthéon, et non loin de Navona.
Les anonymes, le peuple, la rue _ si importants ici, en la noblesse sans apprêts de leurs allures chaloupées et rapides.
Roma témoigne du corps de son auteur _ marchant, dansant, lui aussi _, d’un esprit _ ouvert _ sans cesse en mouvement, d’une volonté de voir _ vraiment ce qui passe, se croise, dans le plus vif de l’instant bientôt évanoui _, encore et encore, jusqu’à l’ivresse _ oui, comme en témoignent les photos qui restent. Bref, ce qu’offre Rome à qui s’est dépris des œillères des clichés.
Roma _ le livre que, page après page, nous regardons _ traverse le temps, entre ici et là, regarde un arbre, une place, une foule, un prêtre, une femme.
Roma ? Amor fati bien sûr _ en ayant le malicieux divin Kairos de son côté, avec soi : à la suite du regard de Bernard Plossu…


Bernard Plossu, Roma, 1979-2009, textes Alain Bergala, Patrick Talbot et Bernard Plossu, Filigranes Editions, 2019, 320 pages
Filigranes Editions

© Bernard Plossu

Roma, pour rajeunir dans l’éternité la plus fraîche et vive que peut offir une vie

_ sa vie à soi, ouverte au meilleur le plus réjouissant de la vie des autres,

par la grâce d’un vrai pur regardeur tel que Bernard Plossu _,

ou la joie même.

Un bien bel article de Fabien Ribery.

Pour un nouveau chef d’œuvre de l’ami Bernard Plossu.

Ce samedi 11 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

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