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A propos du répertoire de l’opéra baroque français, de Lully à Rameau et quelques autres : quelques beaux florilèges de scènes et d’airs dans la présente production discographique…

19nov

Ce vendredi 19 novembre 2021,

à mon réveil, où je passe en revue les divers sites de medias d’actualité qui m’intéressent,

 

voici que je découvre cet intéressant article-ci, Autour des voix baroques de Lully et Rameau pour Alpha, de Charlotte Saulneron, sur le site de ResMusica,

qui me permet de faire un retour sur mes propres articles les plus récents à propos de quelques interprétations (discographiques) de ce répertoire baroque français que j’aime tant :

des articles _ plus ou moins développés _ en date des

9 septembre : 

17 septembre 2021 : 

18 octobre 2021 : 

ainsi que celui, en forme d’amorce de discussion avec l’ami Patrick Florentin, en date du

20 octobre 2021 : 

Voici donc cet article d’aujourd’hui, Autour des voix baroques de Lully et Rameau pour Alpha, de Charlotte Saulneron :


Autour des voix baroques de Lully et Rameau pour Alpha

Après avoir mis en lumière Dumesny, haute-contre de Lully, Reinoud van Mechelen, à la fois interprète et directeur de l’ensemble A Nocte Temporis, propose Jéliote. De son côté, Véronique Gens revient au sein du répertoire baroque qui l’a fait connaître après son triptyque autour de la musique française du XIXᵉ siècle.

On pourrait se dire qu’en mettant face à face le nouvel enregistrement « Passion » de Véronique Gens accompagné de l’ensemble Les Surprises, et celui de Reinoud van Mechelenet son ensemble A Nocte Temporis, intitulé « Jéliote, haute-contre de Rameau », on perpétue l’éternelle querelle des Lullystes et des Ramistes, avec la tragédie lyrique au centre de cette controverse esthétique qui démarra à la première moitié du XVIIIᵉ siècle.

Reconnaissons-le, le genre _ de la tragédie lyrique _ est naturellement une composante essentielle de ces deux propositions discographiques du Centre de musique baroque de Versailles : qu’il s’agisse d’un « opéra imaginaire » pour la soprano, élaboré par Louis-Noël Bestion de Camboulas autour d’extraits de tragédies lyriques de Lully et de ces compositeurs qui se firent connaître après sa mort, soit Pascal Collasse (1649-1709), Henry Desmarets (1661-1741) et Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) ; ou d’un parcours artistique retracé autour d’un interprète comme Reinoud van Mechelen le propose avec le chanteur lyrique Pierre Jéliote (1713-1797), qui inspira Rameau, mais aussi François Rebel (1701-1775), François Francœur (1698-1787), Jean-Marie Leclair (1697-1764) ou encore Pierre-Montan Berton (1727-1780) – un air composé par le chanteur Pierre Jélyotte est également présenté dans ce disque.

Mais finalement, et tel que le retrace Benoît Dratwicki (directeur artistique du CMBV), auteur des notices de présentation de ces deux disques, le programme pour Véronique Gens tourne autour de deux interprètes majeures de leur époque : « la » Saint Christophe, qui enchaîna les grands rôles de reines, de mères, de magiciennes et de divinités à l’Opéra entre 1675 et 1682 ; et « la » Le Rochois, qui lui succéda et enchaîna les triomphes à partir de 1683. Ce n’est donc pas des programmes autour de compositeurs, mais bien la volonté de faire entendre à l’auditeur des scènes emblématiques _ voilà ! _ tirées du répertoire de trois chanteurs phares _ oui… _ de la période baroque _ pour lesquelles scènes et pour lesquels chanteurs il s’agit de trouver des interprètes le plus idéalement adéquats possible aujourd’hui…

Pour ce faire, Alpha a naturellement choisi le fleuron du chant baroque français de la scène lyrique actuelle. Véronique Gens et Reinoud van Mechelen partagent un amour du verbe _ oui, et c’est capital : hic Rhodus, hic saltus… _ qui semble incommensurable au regard de la qualité – superbe – de la prosodie de la soprano, et de la clarté – idéale – d’émission du haute-contre _ voilà qui est dit. Pour ce dernier, le défi est double puisqu’à la tête de l’ensemble A Nocte temporis, il sait également séduire par une dynamique constamment renouvelée, mais surtout une palette de couleurs d’une belle finesse _ en effet… De son côté, Luis-Noël Bestion de Camboulas n’est pas en reste avec l’ensemble Les Surprises : par les couleurs également, riches, mais aussi par une cohésion d’ensemble qui donne toute la force à ces pages musicales, renforcée par les Chantres du CMBV qui ne manquent ni d’ampleur dans chaque incarnation _ car tel est le défi d’interprétation à réaliser… _, ni de précision technique dans leurs interventions précises.

Le choix de l’un, soit cinq actes retraçant les émois _ d’où le titre « Passion » du CD _ les plus fabuleux de deux interprètes féminines (« L’appel des enfers », « Malheureuse mère », « Cruel Amour », «Tranquille sommeil, funeste mort », « Médée furieuse »), et le choix de l’autre, de retracer chronologiquement une carrière artistique en quatre étapes (« Les débuts en deuxième plan 1733-1741 », « La percée, les premiers rôles 1741-1750 », « La fin à l’Opéra 1750-1755 », « Un retour à le cour 1762-1765 »), permet de proposer une alternance d’airs plus ou moins connus _ ou cruellement méconnus de nous (et de notre défaut de curiosité)… _, alimentant l’intérêt musical de l’auditeur par la diversité des propositions impulsée par cette ligne éditoriale d’une programmation musicale exaltante _ mais oui !!! _, tout comme l’interprétation vocale et orchestrale qui la porte. Deux merveilles ! _ l’une davantage que l’autre, cependant ;

cf les nuances de mon appréciation, telle que je l’ai confiée à l’ami Patrick Florentin en mon article, un peu synoptique, du 20 octobre dernier :

Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : extraits d’Amadis LWV 63, de Proserpine LWV 58, d’Atys LWV 53, du Ballet du Temple de la Paix LWV 69, du Ballet de la Naissance de Vénus LWV 27, du Bourgeois gentilhomme LWV 43, d’Armide LWV 71, de Persée LWV 60, du Triomphe de l’amour LWV 59 et d’Alceste LWV 50.

Pascal Collasse (1649-1709) : extraits d’Achille et Polyxène, de Thétis et Pélée.

Henry Desmarets (1661-1741) : extraits de Circé et de la Diane de Fontainebleau.

Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : extraits de Médée H 491.

Véronique Gens, soprano ;

Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles, direction : Olivier Schneebeli ;

Ensemble les Surprises, direction : Louis-Noël Bestion de Camboulas.

1 CD Alpha.

Enregistré en novembre 2020 à l’Arsenal Cité Musicale de Metz.

Notice de présentation en français, anglais et allemand.

Durée : 57:12

Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : extraits d’Hippolyte et Aricie RCT 43, de Dardanus RCT 35, de Platée RCT 53, du Temple de la Gloire RCT 59, de Castor et Pollux RCT 32 et des Boréades RCT 31.

François Colin de Blamont (1690-1760) : extrait des Fêtes Grecques et romaines.

François Rebel (1701-1775) et François Francœur (1698-1787) : extrait de Scanderberg.

Charles-Louis Mion (1698-1775) : extrait de Nitétis.

Pierre de Jéliote (1713-1797) : extrait de Zélisca.

Jean-Marie Leclair (1697-1764) : extrait de Scylla et Glaucus.

Antoine Dauvergne (1713-1797) : extrait des Amours de Tempé.

Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772) : extraits de Daphnis et Alcimadure op. 9.

Pierre-Montant Berton (1727-1780) : extrait d’Erosine.

Jean-Benjamin de La Borde (1734-1794) : extrait d’Ismène et Isménias.

A Nocte Temporis ; direction et haute-contre : Reinoud van Mechelen.

1 CD Alpha.

Enregistré en septembre 2020 à Amuz (Anvers).

Notice de présentation en français, anglais et allemand.

Durée : 78:51

 

Voilà un point un peu utile sur ce meveilleux répertoire encore trop tristement négligé des divers chainons de la production opéra tique et discographique, tout particulièrement en France…

Même si la réalisation d’un CD de florilège d’airs ou de scènes semble, bien évidemment, un peu plus à la portée des moyens des productions discographiques que de ceux des réalisations scéniques d’opéras complets…

Et je ne veux pas manquer de saluer ici, au passage, et avant d’y consacrer bientôt un article spécifique,

le double CD _ Erato 0190296693946 _ vraiment superbe (!) de l’Achante et Céphise, ou la Sympathie, Pastorale héroïque en trois actes de Jean-Philippe Rameau, sur un livret de Jean-François Marmontel (créée en 1751),  par Les Ambassadeurs et La Grande Ecurie, sous la direction, très enlevée et raffinée, comme il se doit, d’Alexis Kossenko :

une réalisation discographique que m’avait chaleureusement recommandée, il y a un mois, le très éminent ramiste qu’est l’ami Patrick Florentin…

Cf déjà ici cette très brève vidéo de 2′ 30 de la loure de l’Entrée des suivants du Génie, de l’acte I, scène 6, de cet Achante et Céphise de Rameau, enregistrée au Concergebouw de Bruges, par les Ambassadeurs sous la direction d’Alexis Kossenko…

Ou aussi cette vidéo de l’intégrale de l’œuvre, par les Ambassadeurs et Alexis Kossenko, enregistrée au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris…

Ainsi voilà enfin rendu accessible aux oreilles des mélomanes qui en étaient privés depuis 1750 un fort bel ouvrage de Rameau, d’une durée d’un peu plus de deux heures de merveilleuse musique

Ce vendredi 19 Novembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Et encore l’opéra lullyste : l' »Issé » d’André Cardinal Destouches par Les Surprises et Louis-Noël Bestion de Camboulas _ la délicate tendresse de l’opéra baroque français

22nov

Et voici que,

dans la continuité, encore, des CDs de Lully et des lullystes,

paraît l’Issé d’André Cardinal Destouches (1672 – 1749),

pastorale héroïque créée en décembre 1697.

Voici la présentation qu’en donne ce jour,

sur son blog Discophilia,

Jean-Charles Hoffelé,

en un article intitulé Apollon démasqué :


APOLLON DÉMASQUÉ



Louis-Noël Bestion de Camboulas
 _ le frère de Simon-Pierre Bestion, qui dirige l’Ensemble La Tempête _ et Les Surprises ont de la suite dans les idées, ils poursuivent leur explorations du catalogue de Destouches _ 1672 – 1749 _ pour nous offrir _ après, en avril 2016 (et déjà chez Ambronay) l’opéra-ballet Les Éléments (de 1721), composé avec Michel-Richard Delalande (1657 – 1726) _ le premier enregistrement de cette Issé, œuvre d’un jeune homme de vingt-cinq ans tout juste sorti de l’atelier de Campra _ à peine plus âgé que lui : 1660 – 1744. La première d’Issé eut lieu au château de Fontainebleau le 7 octobre 1697


Elle lui assura mieux qu’un succès, que les circonstances périlleuses de sa création rendaient incertaines – l’œuvre fut commandée et donnée en décembre 1697 à l’occasion des noces du Duc de Bourgogne _ le fils aîné du Grand Dauphin _ et de la Princesse de Savoie _ les parents du futur Louis XV _ à Trianon, sous les jugements d’une cour sévère dont elle triompha de toutes les prévenances (ou plutôt préventions) –, une renommée.


Le genre de la “pastorale héroïque” allait connaître _ bientôt _ les faveurs de la cour _ de plus en plus hédoniste _, suscitant des chefs-d’œuvre jusque chez Rameau _ Zaïs, Naïs, Acanthe et Céphise, Daphnis et Églé en 1748, 1749, 1751 et 1753 _ : son monde de bergers et de bergères se liant d’amour avec les Dieux charmait des spectateurs qui savaient y lire bien des allusions _ cf déjà l’affection de La Fontaine pour cet univers de bergers, en l’Epître à M. de Nyert, en 1677 ; et par opposition au genre un peu trop « idéologique« , voire militaire, que Lully développait au service de Louis XIV…


Le livret d’Houdar de La Motte est habile, autant que celui de la future Europe galante _ en 1697 aussi _ de Campra, il le remania avec encore plus d’à propos pour la reprise de l’œuvre à l’Opéra _ le 7 décembre 1719 au Palais Royal _, lui donnant la stature classique de la tragédie lyrique : un prologue et cinq actes, avouant la source de son inspiration, rien moins que l’Acis et Galatée de Lully _ créé à Anet le 6 décembre 1686, pour le Grand Dauphin.


Le public parisien ne s’y trompa guère, il plébiscita l’œuvre. Issé allait rester un des piliers du répertoire lyrique jusqu’à la chute de l’Ancien Régime _ et même au-delà : le 17 décembre 1797, au Petit-Trianon. L’œuvre est merveilleuse _ le merveilleux étant le ressort principal de l’opéra français à l’ère dite Baroque _, autant par la grâce _ voilà ! _ de ses parties vocales que par l’imagination d’un orchestre où Destouches fait entendre les symphonies de la nature avec un art confondant _ anticipant en quelque sorte le génie propre de Rameau.


Louis-Noël Bestion de Camboulas se saisit littéralement de l’œuvre, soulignant tout ce que Rameau reprendra _ voilà ! _ à son compte. Ce n’est pas le moindre des trésors de cette partition solaire, révélée par une équipe de chant relevée où brille particulièrement l’Apollon de Mathias Vidal, mais tous sont parfaits, de l’Issé élégante de Judith van Wanroij à l’Hylas sonore de Thomas Dolié.


Et si demain Les Surprises nous révélaient Omphale _ créé à l’Opéra de Paris le 10 novembre 1701 _ ?


LE DISQUE DU JOUR


André Cardinal Destouches(1672-1749)
Issé

Judith van Wanroij, soprano (Issé)
Chantal Santon-Jeffery, soprano (Doris)
Mathias Vidal, ténor
(Apollon, sous les traits du berger Philémon)
Thomas Dolié, baryton (Hylas)
Eugénie Lefebvre, soprano
(La première Hespéride, Une nymphe, Une Dryade)
Etienne Bazola, baryton (Hercule, Le Grand Prêtre)
Matthieu Lécroart, baryton (Jupiter, Pan)
Stéphen Collardelle, ténor (Un berger, Le Sommeil, L’Oracle)

Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles
Ensemble Les Surprises
Louis-Noël Bestion de Camboulas, direction

Un album de 2 CD du label Ambronay MAY053

Photo à la une : © DR


De bien belles découvertes d’œuvres idiosyncrasiques du _ tendre et délicat _ génie musical français…

Ce vendredi 22 novembre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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