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Philip Roth nous a quittés

23mai

Philip Roth nous a quittés.

En un article d’hommage, Mort de Philip Roth : les cinq livres incontournables du romancier,

Le Monde nous propose un premier choix-repérage de moments jugés importants en son œuvre :

Portnoy et son complexe,

Ma Vie d’homme,

Le Théâtre de Sabbath,

La tache,

et Exit le fantôme.

Pour ma part,

outre le merveilleusement désopilant Ma Vie d’homme (My Life as a man !),

je retiendrai aussi 

Patrimoine

et Un Homme.

Ainsi que

Les Faits _ autobiographie d’un romancier.

Qui m’ont, chacun, beaucoup, beaucoup marqué !

Cf aussi cet autre article d’hommage du Monde :

Mort de Philip Roth : la presse américaine salue une « figure prééminente de la littérature du XXe siècle »

Philip Roth : un auteur libre.

Parfaitement politiquement incorrect.

Et donc non nobelisable : ouf !

Jeune _ et non d’jeun !.. _ à jamais : de la jeunesse vraie,

et véridique,

celle qui ne sait pas _ et ne saura définitivement jamais _ vieillir…

De ceux qui auront su se hisser,

du plan du temps et de la vie,

au plan

_ temporel et vital, aussi : forcément !

Merci la vie ! La vie mortelle, celle qui tire au final son chapeau !

Et avec un grand rire (aux larmes !..) _

de l’éternité.

Merci aussi le merveilleux humour vital…

Ce mercredi 23 mai 2018, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour décrypter ce que peut être « un savoir gai » : un travail d’exploration de William Marx

15jan

Pour explorer et décrypter ce que peut être, en sa spécificité et son étrangement  _ qui est ici un substantif _, l’être-au-monde _ toujours en décalage et toujours au moins en léger déport de situation et vision _ d’un homosexuel _ lambda _,

par rapport à la situation et vision majoritaire et dominante des hétérosexuels _ si tant est que généraliser ait du sens : un peu, au moins, probablement ; et aboutisse à ce qui peut, au-delà de l’expression nietzschéenne de « gai savoir« , se nommer authentiquement un « savoir » un tant soit peu efficace et utile _,

vient à point, ce mois de janvier 2018, aux Éditions de Minuit,

Un savoir gai, de William Marx,

en 33 courts et vifs et alertes _ et ardents militants de la cause… _  chapitres, classés par ordre alphabétique (Altérité, Cabinet secret, Communauté _ voilà _, Communion virile, Contingence, Couples, Désastre, Égalité Liberté, Espérance de vie, Esthétique, Étrangement, Évangile, Fascination, Faux départs, Hypersexualisation _ certes ! _, Invisibilité, Libido sciendi, Littératures, Mathématiques, Mimétisme, Modèles, Pédophilie, Permutabilité, Prostitution, Refuges, Scepticisme, Signes et symétrie, Surface/profondeur, Taille _ du pénis _, Terreur, Urgence _ oui ! _, X, Zeus),

et un Préambule _ tout à fait judicieux, et intitulé, lui, Sexe et pensée.

« La sexualité informe ton esprit : elle lui donne forme.

Elle contribue à la singularité _ voilà _ de ton point de vue sur le monde«  ;

Avec encore cette précision informative sur la perspective de ce livre, page 9 :

« Ce n’est pas tout le sexe qui sera pensé ici, ni tout le sexe qui pensera.

Plutôt la partie désir _ voilà _ de la vie sexuelle,

la façon dont elle informe _ et forme aussi, en le dé-conformant du modèle majoritaire dominant _ l’individu, et dont elle l’informe sur le monde. Sur la culture et sur la société en particulier.

La sexualité implique un rapport particulier au vrai, au beau, au bien ;

autrement dit une épistémè, une esthétique, une éthique, une politique« .

… 

Avec pour conséquence que, page 10 :

« cette différence _ celle qui « t’a fait naître ou devenir amant de ceux de ton propre sexe » et qui « te sépare du plus grand nombre« est le levier _ voilà _ par lequel tu mettras en évidence l’imbrication _ oui _ du sexuel et de l’intellectuel. Toute connaissance _ et tout « savoir« , donc _ t’arrive transformée par cette orientation différente«  ;

si bien que, « à tout prendre, tu prétends davantage expliquer _ ici même _ aux hétérosexuels l’hétérosexualité _ qui, bien trop évidente, leur demeure impensée _ par le simple jeu des différences : on ne se connaît singulier que par la comparaison.

Le monde autour de soi est tellement univoque que les hétérosexuels n’ont guère l’occasion _ quant à eux _, à moins de la chercher, de se confronter à l’altérité« .

Et, page 11 :

« pour _ enfin un peu _ savoir il fallait d’abord ignorer, être perdu, désorienté _ et s’en apercevoir, le découvrir, en prendre peu à peu ou soudain conscience.

La note fondamentale de ton expérience, c’est _ donc _ l’étrangement »…

Et qui, pour le lecteur que je suis,

vient prolonger _ mais sur un tout autre mode d’écriture : analytique et disons sociologique, ici ; assez loin d’une investigation de la singularité idiosyncrasique (et littéraire) de l’auteur ! _ ce que j’ai pu découvrir et apprendre ces six derniers mois, en parcourant de fond en comble l’œuvre autobiographique passionnant à décrypter de René de Ceccatty,

à commencer, tout particulièrement, par cet extraordinaire et sidérant récit très détaillé, publié en septembre 1980 aux Éditions de la Différence, qu’est Jardins et rues des capitales, dont les trois chapitres s’intitulent respectivement : Hugues, Jacques ; Samuel en Samantha ; et Roma-Fanfilù _ une entreprise probe et courageuse de lucidité comme il en existe bien peu. Un chef d’œuvre !!!

Voir là-dessus mon article de synthèse, le 12 décembre dernier, sur Enfance, dernier chapitre : Lire, vraiment lire, ce chef d’œuvre qu’est « Enfance , dernier chapitre », de René de Ceccatty (et au-delà : à propos de tout l’œuvre autobiographique de René de Ceccatty) ;

et écouter le podcast de notre entretien sur ce merveilleux livre, tout de singularité, ainsi que sur la traduction de la Divine Comédie de Dante. 

L’entreprise, ici, de William Marx, a en effet d’abord et surtout, me semble-t-il,  une visée défensive de ce que je nommerai la communauté homosexuelle,

et cela en un temps d’offensives virulentes d’homophobie _ par exemple de la part de la-dite « manif’ pour tous«  à l’égard de ce qui a été nommé « le mariage pour tous« 

William Marx n’aborde pas frontalement ses expériences personnelles _ car tel n’est pas l’objet de son livre _ même s’il lui arrive, à l’occasion, de le faire : quand il s’agit de prendre des exemples précis…

En son important et fort intéressant chapitre « Scepticisme » (pages 139 à 142),

qui débute par ces phrases :

« Longtemps tu n’as pas su que tu étais gai.

Du moins en as-tu douté voilà _, alors même que tu as toujours été attiré par les jeunes gens un peu plus âgés que toi. Tu voulais les imiter dans leur façon de s’habiller. Tu cherchais les occasions de voir des corps masculins nus. Leurs organes sexuels te fascinaient. Par ailleurs, tu n’éprouvais aucun de ces sentiments à l’égard des jeunes filles et des femmes, qui te laissaient indifférent.

Pour autant, tu ne croyais pas _ voilà _ que ton attirance pour les hommes et les jeunes gens fût en rien sexuelle _ mais seulement pré-sexuelle, en quelque sorte. A tes yeux _ voilà _, cette attirance montrait justement que tu n’étais pas encore entré dans le monde _ actif et pragmatique _ de la sexualité, avec ses désirs et ses besoins _ efficients _ propres«  ;

et d’ajouter même, à la page 140 :

« Il n’est pas impossible que cette conviction ait _ carrément _ freiné l’épanouissement de ta sexualité physiologique. Tu ne découvris en effet la masturbation que vers la fin de ta dix-septième année _ en 1983 _, bien que tu en connusses l’existence théorique _ livresque seulement _ justement par ce livre d’éducation sexuelle _ que ses parents lui avaient en effet offert « vers l’âge de onze ou douze ans », soit dès 1977 ou 78. Mais tu ne savais pas comment procéder _ dans la pratique effective de la chose _ malgré tes efforts (…), et puis sans doute ce besoin organique ne se manifestait-il pas avec suffisamment de force pour t’obliger à trouver la solution ; celle-ci ne t’apparut que fort tard, donc » ;

au point même d’avoir cru « que ce retard _ physiologique _ était dû à ta suractivité intellectuelle, au fait que ta vie disparaissait tout entière dans les livres que tu lisais avec boulimie, arrêtant ainsi _ rien moins ! _ ton développement physiologique. »

Et ce n’est qu' »une fois découvert _ un peu plus tard _ le plaisir sexuel » que « tu sus alors fort bien que ton désir te portait vers ceux de ton sexe, puisque c’étaient les seuls _ par contre-épreuve _ qui excitassent ta sensualité. Mais longtemps _ encore _ tu n’osas croire à la réalité et au caractère définitif _ voilà le principal point d’incertitude alors _ de ton propre désir. (…) Tu pensas longtemps _ encore, par conséquent _ que ton développement sexuel _ normal, attendu : selon les normes du manuel de sexualité qui faisait autorité ! _ ne se terminerait pas là et que tu finirais par aimer les femmes. »

en son important et trés intéressant chapitre « Scepticisme« ,

William Marx narre, en effet, alors, page 140-141, un épisode charnière de sa vie affective et sexuelle, survenu en 1988, alors qu’il avait 22 ans, et qui allait asseoir enfin la conviction de son orientation sexuelle :

« A l’âge de vingt-deux ans _ en 1988, donc _, je voulus voir ce que donnerait l’amour avec une femme : l’acte fut accompli, at par deux fois même, mais sans désir et sans plaisir particulier.

Ce fut la preuve que tu attendais : tu n’aimais et n’aimerais jamais que des hommes, et tu en pris ton parti. Tu crus enfin en ton désir _ au-delà de ce qui pouvait n’apparaître que comme un pur et simple fantasme.

Ta vision du monde en fut _ totalement _ changée. Quelques semaines plus tard _ en 1988, donc _, tu déclaras ta flamme à celui _ Erwann ? _ qui deviendrait le compagnon de ton existence _ pour un moment ? pour jamais ? l’auteur ne le précise pas _ et autour duquel tu tournais depuis de longs mois déjà.« 

Avec ces bien intéressantes déductions, à la page 141 :

« Pour toi, l’apprentissage de la sexualité gaie coïncida avec celui d’un scepticisme généralisé. 

Scepticisme à l’égard de mon propre désir, d’abord, auquel tu n’osais pas accorder ta confiance.

Scepticisme à l’égard des discours, ensuite. De tous les discours, de tous les maîtres, même les plus autorisés ou, plus exactement, surtout ceux-là, c’est-à-dire ceux qui prétendent dicter ta vie : maîtres et discours politiques, religieux, philosophiques, scientifiques, dont, même si certains peuvent t’attirer, tu te sens toujours séparé, comme par une cloison mince quoique infranchissable. A la base de tout discours sur le monde, tu perçois _ du fait de cet étrangement de cette homosexualité hors normes dominantes ? _ une illégitimité. Tu te méfies des autorités. Tu te méfies des théories, de toutes les théories.

Mais tu te méfies également de toi-même, de ce que tu peux penser _ réduit ainsi à l’incertitude foncière et sans fond et sans fin du croire : sans jamais parvenir à la légitimité d’un savoir objectivement assuré.

Tu n’es pas certain de détenir une vérité.

A chaque phrase que tu écris, tu voudrais apporter un correctif, une concession _ à la Montaigne (« tant qu’il y aura de l’encre et du papier au monde« ), à la Proust, à la Shakespeare _,

parfois même écrire la phrase inverse.

Ecrire, c’est s’engager dans une instabilité profonde : tu dois croire au moins un instant à ce que tu penses pour pouvoir l’écrire.

Or pour toi le moteur de l’écriture réside au contraire dans la méfiance _ oui : le doute actif _ à l’égard de ce qui est jeté sur le papier, dans le besoin d’ajouter _ voilà ! _ pour corriger et compléter _ les deux !! _ ; et ainsi avance _ en effet ! _ le texte _ la ligne, la phrase, la page _, parce que, tu en as le sentiment profond, aucune phrase ne dit jamais _ à elle seule _ la vérité _ même celle-ci.« 

Je veux aussi m’arrêter aux remarques du chapitre « Terreur » (aux pages 153 à 155),

rédigées à l’occasion d’un rêve, ou plutôt un cauchemar, la nuit du 29 novembre 2015 :

« la date importe« , souligne William Marx en ouverture du chapitre, page 153 _ rappelant, à la page suivante, les « terroristes du 13 novembre 2015, quinze jours plus tôt » que ce cauchemar : « les terroristes de novembre ont pris ton inconscient en otage : tu découvres qu’il y a, tapie au fond de toi, la peur d’être visé en tant que gai, parce que gai«  _ ;

en voici le détail :

« Rêve cette nuit (29 novembre 2015 _ la date importe). Dans un paquebot, avec les officiers du commandement. (…) Tu te rends compte que tout l’équipage est gai. Un sentiment de familiarité _ communautaire, William Marx y revient à d’autres reprises, notamment à propos des sentiments (à la fois rassurants et euphorisants) que suscite en lui la Gay Pride, en son chapitre « Communauté«  (pages 27 à 30) _, de connivence, de joie tendre, d’excitation t’envahit.

Mais tu n’as pas le temps de profiter de ce bonheur. Tout à coup, les lumières s’éteignent au fond de la salle, puis de plus en plus près de toi, comme si des rangées de néon étaient mises successivement hors circuit. Tu entends des cris angoissants. L’ombre s’avance vers toi.  Elle va bientôt tout recouvrir. Au dernier moment, sur le point d’être atteint par la nappe d’obscurité, tu vois dans le noir une silhouette masquée poignarder _ voilà _ chaque participant à la fête, l’un après l’autre. Elle se précipite sur le nouveau commandant et son copain, les assassine, avance vers toi et te donne un coup de couteau dans le ventre. Tu te réveilles.

Le récit de ce rêve, que tu te lis, te terrorise encore.


Tu y trouves beaucoup d’échos
_ en tant que « restes diurnes » du rêve… _ de la journée précédente, où tu avais écrit un texte comparant la Cité radieuse de Le Corbusier _ à Marseille : ville portuaire… _ à un paquebot sans commandement ni équipage ; tu y évoquais le souvenir d’un bal masqué organisé sur le toit-terrasse. La veille au soir, tu avais également aperçu au théâtre _ à Marseille, aussi ? _ le beau Tancrède avec son copain, assis juste derrière toi. Tout ce vécu du jour d’avant explique parfaitement le rêve _ jusqu’à la scène finale exclusivement.

A partir de ce moment,

le rêve a associé spontanément la vie gaie _ ainsi donc raisonne, en cet essai, William Marx ; à la différence, me semble-t-il, de René de Ceccatty, en ses récits autobiographiques ; qui sont en permanence seulement au singulier, eux ; à l’exclusion de considérations communautaristes de quelque sorte que ce soit, y compris sexuelles… _

à la menace homophobe _ très vivement ressentie par William Marx _,

aux terroristes du 13 novembre 2015, quinze jours plus tôt,

à la Troisième Intifada (celle des couteaux),

et il a tourné instantanément au cauchemar.

La perception d’un bonheur gai idéal a créé d’elle-même son négatif, cédant la place à un sentiment de terreur.

Ce songe effrayant te révèle une peur que tu croyais ignorer : sans que tu t’en rendes compte, tu as assimilé confusément l’idée d’une menace _ générale _ planant sur les gais _ pris en tant que communauté. La terreur a gagné à ton insu. Le sentiment d’insécurité triomphe alors même que tu ne te savais pas en danger. Les terroristes de novembre ont pris ton inconscient en otage : tu découvres qu’il y a, tapie au fond de toi, la peur d’être visé en tant que gai, parce que gai.

Tu te souviens d’un soir dans ton quartier _ je suppose à Paris, cette fois, et non plus à Marseille _, il y a quelques années, où tu rentrais du cinéma en compagnie d’Erwann _ le compagnon de William Marx. Il était tard, il n’y avait personne, croyiez-vous, et vous vous teniez par la main. Tout d’un coup, dans le noir, des cris, des insultes : c’était un groupe de jeunes au fond de la rue, que vous n’aviez pas vus. Vous vous êtes lâché la main, vous avez pressé le pas, vous vous êtes demandé s’ils allaient vous poursuivre. C’était en plein Paris _ voilà.

Il y a toujours pour les gais _ du moins identifiés et repérés comme tels : sortis du placard… _, dans le noir, une menace _ de mort ! _ qui rôde, invisible, prête à surgir au dernier moment, à l’instant où ils s’y attendent le moins« …

Avec ces remarques de conclusion du chapitre, page 155 :

« Au cas où vous l’oublieriez, il se trouve toujours des gens de haute moralité _ et d’extrême et totale et parfaite bonne conscience d’eux-mêmes, et d’un déchaînement de haine proprement hallucinant : les haineux sauvages bon chic bon genre de la manif pour tous ! Jamais je n’avais vu dans des regards et entendu proférer dans des cris tant de haine qu’en croisant, par hasard, leur manifestation, place Gambetta, à Bordeaux ! Cf aussi le merveilleux portrait du Tartuffe de Molière… _ pour vous rappeler que vous vivez sous un régime d’excessive _ pour la parfaite suffisance fermée de leur absolue bonne conscience ! _ tolérance : ils défilent parfois sous des bannières à la gloire de la famille dite traditionnelle.

Tu as presque hont d’écrire cela en France aujourd’hui, dans cette ville et ce pays où deux hommes ou bien deux femmes peuvent se marier devant madame ou monsieur le maire, où chacun peut vivre sa sexualité plus librement que presque partout ailleurs dans le monde. Tu l’écris comme soulagé d’avoir échappé _ provisoirement du moins ; mais le limes ressenti demeure ineffaçable : il fonctionne comme avertissentent envers la menace des haineux : ah les excellents paroissiens ! _ à la traque, avec l’espoir que le cauchemar ne reste qu’un cauchemar.

A ta grande surprise la peur t’a rattrapé« .

Un regard assurément très intéressant.

Je dois cependant encore un peu affiner, compléter, corriger à la marge mon commentaire de ce très intéressant essai de William Marx ;

notamment commenter son excellente expression de « myriade de décalages », à propos de ce qu’il nomme « l’existence gaie », aux pages 27 -28 (dans la rubrique « Communauté ») :
pour lui, « un gai » n’est pas « qu’un homme qui aime les hommes en lieu et place des femmes, et rien de plus. Comme si cette différence était du même ordre qu’une préférence alimentaire ou esthétique. (…) Comme si cela n’engageait pas une myriade de décalages _ voilà _ qui font de cette vie tout autre chose que la vie d’un amateur de polars, de jaune canari ou de poires conférence ».
 
Ainsi, élargissant son éloge du jour de la Gay Pride, dit-il aussi, et là je tique un peu : « Tu ne diras jamais assez l’importance des amis gais. Tu en as d’hétérosexuels, bien sûr, et qui savent que tu es gai. Pourtant la communion _ voilà un terme qui me gêne _ ne sera jamais aussi complète _ quel étrange idéal ! _ qu’avec des gais, quand les sous-entendus et les implicites partagés autorisent la compréhension parfaite _ tiens donc ! _, celle qui n’a pas besoin de mots _ halte là ! _ et se contente d’un rire ou d’un regard complice _ c’est commode, mais c’est aussi assez superficiel, et ce peut être lourd de mé-compréhensions : pour ma part, je me méfie beaucoup de ce qui prétend faire l’économie du dicible et faire l’éloge de l’ineffable. Toute zone d’ombre a alors disparu : vous vivez alors, le temps d’une soirée, dans une transparence nouvelle _ vraiment ? _, celle-là même dont vous avez soif _ vraiment ? cette idée ne m’agrée pas du tout : ni l’amour vrai, ni l’amitié vraie n’ont pour but la transparence ou la fusion : seulement l’entente profonde de l’autre en son altérité (aimée et respectée, et en partie, mais dans la différence de l’altérité (aimée) de l’autre, partagée) _ le reste du jour et de la semaine. Ces moments-là sont délicieux. Les amis ont beau t’être chers, ce ne sont que des amis _ ah ! bon ! _, peu nombreux, triés sur le volet _ comme si faire nombre était ce qui importait ici à l’affaire ! Non ! La Gay pride, c’est la société tout entière. Elle en donne du moins l’illusion _ ici un éclair de lucidité… (…) Ce jour-là et lui seul, tu fais corps _ tiens donc ! _ avec autrui _ quelle illusion ! _, simplement, directement, totalement, comme le font _ tiens donc ! _ sans le savoir _ qu’est ce que cela peut-il donc être ? _ les hétérosexuels. (…) La vraie joie (…) est celle d’avoir aboli le limes qui te séparait du mondeComme s’il s’agissait d’être majoritaire… Cela me rappelle l’expérience forte et inoubliable (tout, et partout, dansait !!!) des fêtes de Pampelune (au terme de ma première année d’enseignement à Bayonne, au mois de juillet 1972, avec un ami basque, décédé depuis) : un très gai luron ! Sur la fête, lire les percutants et décapants Essais de Philippe Muray.
D’autre part, cette « myriade de décalages » de la part des écrivains qui me plaisent tout spécialement, et que je trouve chez certains écrivains ouvertement homosexuels, tels un Christopher Isherwood (par exemple en Un Homme au singulier) ou un E. M. Forster (par exemple en Maurice) ;  je la trouve aussi chez certains _ mais pas tous _écrivains juifs, tel un Joseph Roth (par exemple en La Marche de Radetsky ou La Crypte des Capucins), ou un Philip Roth (par exemple en Patrimoine, ou  Ma vie d’homme) ; et chez certains écrivains noirs, tel un Percival Everett (en Blessés ou Effacement). En chacun de ces regards d’écrivains, c’est la singularité de ces « myriades de décalages » qui est proprement irremplaçable à suivre et découvrir, et passionnante à partager…

Titus Curiosus – Francis Lippa, ce lundi 15 janvier 2018

Quand le fric devient l’étalon-or de la culture : l’exemple du cahier « Livres » du Monde…

22oct

Alors même que ces jours-ci, en mon for intérieur _ qu’on veuille me pardonner de l’étaler ainsi au grand jour ! _ je me réjouissais de la qualité des romans de cette rentrée littéraire

(et me préparais à rédiger un éloge du magnifique « Le Siècle des nuages » _ j’ai failli écrire « des lumières«  à la place de « des nuages«  !!! un lapsus plein de sens… _),

voici que ce matin,

je tombe sur un article d’Alain Beuve-Méry, à la page  du cahier « Livres » du Monde,

intitulé « Littérature française : le creux de la vague« ,

qui me chagrine très fort ! :

quant à la dérive d’un quotidien dit « de référence« …

Et qui résiste mal aux _ tristes _ sirènes de l' »air _ intéressé ! cupide… _ du temps« …

Voici,

avec mes farcissures critiques,

le corps du délit :

Littérature française : le creux de la vague

LE MONDE DES LIVRES | 21.10.10 | 11h45  •  Mis à jour le 21.10.10 | 11h45

Mais où est donc passée la littérature française ?

Bien présents sur les tables des librairies, les romans français sont en revanche, en cette rentrée 2010, étrangement absents des palmarès des meilleures ventes _ tel serait donc le lieu privilégié, et même unique, de la littérature ! Tiens, tiens !.. Un seul titre fait la course _ du « palmarès des meilleures ventes«  _ nettement en tête : La Carte et le territoire (Flammarion), de Michel Houellebecq _ je ne le lirai certainement pas !!! Sorti le 9 septembre, soit trois semaines après la première salve de parutions de la rentrée, l’ouvrage a déjà dépassé les 200 000 exemplaires vendus (chiffres d’Edistat) et devrait atteindre les 250 000 avant même l’ouverture du bal des prix _ combien de lecteurs sont-ils capables de se réellement taper cela jusqu’au bout ?.. Le savoir fournirait une mesure de l’avancée du masochisme (du lectorat) en ces temps de nihilisme avancé, faisandé… La Carte et le territoire a d’ailleurs toutes les chances de continuer sur sa lancée _ de chiffres de vente ! _, puisqu’il figure sur les sélections des _ prescripteurs de lecture ! _ trois grands prix d’automne (Goncourt, Femina et Renaudot _ mais pas le Médicis : le moins inféodé ! _) et sur celle du Grand Prix du roman de l’Académie française _ jusque là va donc l’inféodation !.. _, décerné le 28 octobre _ on en vient ainsi à préférer un jury de lecteurs, tel que celui du Prix du Livre-Inter ; un jury (un peu plus aléatoire…) de lecteurs libres : non inféodés, car non stipendiés par « leurs«  maisons d’édition… N’est-ce pas le jury du Prix du Livre-Inter qui, en 2009, osa couronner cette merveille qu’est l’immense Zone de Mathias Enard ! Mais oui… Cf mon article du 3 juin 2009 : Le miracle de la reconnaissance par les lecteurs du plus “grand” roman de l’année : “Zone”, de Mathias Enard

Ce phénomène de l’inféodation de ceux que certains baptiseraient, bien indument, « l’élite« , fait partie des symptômes de la maladie endémique de notre société (nihiliste, en son fond) d’achetés et vendus ! corrompus ! société dans laquelle la parole ne vaut plus rien ; n’est pas digne de confiance, tant elle est « fausse », tant elle ment. Faute d’oser assumer, en un commerce « vrai«  des esprits et des personnes, la moindre liberté du juger !!! C’est très grave…

A la mi-octobre, La Carte et le territoire est le seul ouvrage français en grand format _ hors « poches«  _ présent dans le top 20 (toutes ventes confondues) réalisé par Ipsos pour Livres Hebdo, avec celui _ c’est tout dire ! _ de Bernard Werber, Le Rire du Cyclope, sorti le 1er octobre chez Albin Michel. A la même époque, en 2009, on trouvait quatre titres français, dont Trois femmes puissantes, de Marie Ndiaye (Gallimard) _ peut-être pas son meilleur, me suis-je laissé narrer par des amis à la lucidité littéraire desquels je fais confiance… _, et Mauvaise fille, de Justine Lévy (Stock) _ fille de Bernard-Henri _, plus un Bernard Werber _ déjà, encore et toujours ! ces auteurs ont donc leurs affidés ! _ et un Jean-Christophe Grangé _ et peu importent les titres ; ce voisinage (de ventes, seulement, Dieu merci !) deviendrait presque inquiétant pour Marie N’Diaye... En 2008, c’étaient cinq titres, dont Ritournelle de la faim, de J. M. G. Le Clézio (Gallimard), Où on va papa ?, de Jean-Louis Fournier (Stock), Le Fait du prince, d’Amélie Nothomb (Albin Michel), et toujours un Werber et un Grangé _ avec leur perdreau de l’année ! CQFD !!! Cela dit, ce phénomène n’a rien de neuf en 2010 : que l’on compulse la liste des best-sellers du XIXe siècle ; on constatera, et non sans s’en amuser un peu, ce qui a (littérairement) « survécu«  à (et de) ces succès de ventes !.. Le temps fait son tri ! Et il juge bien mieux… C’est au XIXe siècle que la politique commerciale des éditeurs commence l’ampleur de ses ravages… Dans un texte essentiel de son Ainsi parlait Zarathoustra, Lire et écrire, Nietzsche, recommandant de ne lire que « ce que quelqu’un écrit avec son sang«  (« et tu verras que le sang est esprit« …), s’en lamentait déjà : « Encore un siècle de lecteurs _ et d’éditeurs, ajouterais-je _, et l’esprit va se mettre à puer«  : c’était en 1884…

Pourtant, de Paul Otchakovsky-Laurens, qui dirige POL, à Olivier Nora, patron de Grasset et Fayard, tous assurent qu’« il n’y a pas _ cette année 2010-ci _ d’effet Bienveillantes«  : en 2006, le pavé _ bien peu ragoûtant ! _ de Jonathan Littell avait littéralement assommé _ en concentrant sur lui (par l’appât du nec plus ultra de l’horrible à couleur de vrai : le déchainement d’un sadisme historiquement avéré _ cf par exemple le travail d’historien de Christopher Browning : Des Hommes ordinaires _, avec les confessions imaginées d’un membre des einsatzgruppen), le capital (exploitable) des acheteurs-consommateurs de livres, sinon de lecteurs authentiques ! _ la rentrée _ commerciale, du moins ! Cette fois, d’autres titres se vendent bien _ ouf pour les éditeurs ! _, qu’il s’agisse de _ tant mieux pour eux : combien de saisons dureront-ils ? Guère… _ La Première Nuit, de Marc Levy, en Livre de poche, de La Chute des géants, du Britannique Ken Folett (Robert Laffont), ou encore de XIII, Mystery, Joe Bar Team et Blacksad, trois bandes dessinées parues en septembre _ la BD étant parmi ce qui se vend le mieux, paraît-il…

D’autres ouvrages, à mi-chemin entre essai et littérature _ hum ! hum ! tant pour l’appellation « littérature » que pour l’appellation « essai » !.. « à mi-chemin«  est encore ce qui convient le mieux à ce type de brouet… _, se portent bien _ toujours en chiffres de vente : pour les caisses des éditeurs, donc… Face à Houellebecq, les deux titres qui résistent _ le vocabulaire (de l’auteur de l’article) est opérationnel, voire guerrier _ le mieux sont, d’un côté, le livre assez sombre _ mais l’auteur a ses files de fidèles ! _ de Jean d’Ormesson, C’est une chose étrange à la fin que le monde (Robert Laffont), de l’autre, celui d’Ingrid Betancourt, Même le silence a une fin (Gallimard) _ en tout cela, c’est bien la rumeur des medias qui semble la clé du succès éditorial ! Même si l’interview que j’ai écoutée d’Ingrid Betancourt sur France-Culture, le vendredi 1er octobre, m’a assez impressionné, tant par la langue, que par les analyses…

Histoires de bouche-à-oreille

La littérature étrangère ne connaît pas non plus de fléchissement _ de ventes ! toujours… C’est bien lui le critère (et unique !) ici… _ notable, comme en témoignent les succès _ de vente, toujours ! _ de Suite(s) impériale(s), de Bret Easton Ellis (Robert Laffont), et dIndignation, de Philip Roth _ lui est « un grand«  : lire en priorité Les faits, et sa suite : Patrimoine _, qui constitue l’une des meilleures ventes de Gallimard _ en attendant l’effet « Nobel » _ voilà ! le jury Nobel étant un prescripteur (assez inégal : il y a les Prix Nobel géniaux ! (par exemple, Imre Kertész, dont sort enfin en français le très impatiemment attendu Journal de galère…), mais il y a aussi les politiquement corrects ! A nous lecteurs de faire le tri… _ sur l’œuvre de Mario Vargas Llosa _ de lui, lire par exemple l’excellent La Tante Julia et le scribouillard… De son côté, la littérature scandinave connaît de belles histoires de bouche-à-oreille _ hors marketing, donc ! voilà un bon signe ! _, avec deux auteurs inconnues et traduites pour la première fois en France : la Finlandaise Sofi Oksanen, qui a reçu le prix Fnac pour Purge (Stock) et vendu 60 000 exemplaires de son roman, et l’Islandaise Audur Ava Olafsdóttir, avec Rosa candida, très soutenu par les libraires. Son éditeur, Zulma, en est à plus de 30 000 exemplaires imprimés.

Patron de Denoël, Olivier Rubinstein observe _ on admirera la technicité du langage ! _ « une hyperconcentration des ventes sur quelques titres ». Un phénomène qui a tendance à s’amplifier d’une année sur l’autre _ qu’en déduire quant à la courbe des motivations, sinon des lecteurs, du moins des acheteurs de ces livres ?.. Voilà l’enquête qu’il m’intéresserait de voir mener… De fait, malgré le succès d’estime _ ô la jolie expression ! et ce qu’elle masque de déception (commerciale) ! _ rencontré par Le Troisième Jour, de Chochana Boukhobza, c’est sur Just Kids, de Patti Smith _ encore une people… _, et Le Choc du nouveau siècle, un beau livre _ au titre déjà bien accrocheur : à la Paris-Match : « le choc des photos« _ consacré aux photographes de l’AFP, qu’il mise _ éditorialement : mais, après tout, que peut donc bien rechercher un éditeur ? _ pour cette fin d’année.

Ce constat de faiblesse _ en chiffres de vente ! voilà ici le seul critère qui fait foi !!! _ concernant la littérature française _ l’année, pourtant, de Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, de Mathias Enard (cf en ce même cahier littéraire du vendredi du Monde cet article-ci, de Julie Etienne : Un Orient épique et lyrique à la fois…), l’année du Siècle des nuages (un chef d’œuvre !) du toujours magnifique Philippe Forest, l’année du très riche et très habité Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal ;

cf les entretiens avec ces 3 excellents auteurs dans les salons Mollat : de Francis Lippa avec Mathias Enard ; de Jean-Michel Valençon avec Philippe Forest ; de David Vincent avec Maylis de Kerangal

Quelle ingratitude à l’égard des auteurs de ces grands livres !!! _ est aussi partagé chez Grasset et au Seuil. « Les Etats-Unis ont connu un creux semblable _ de vente, faut-il supposer, de la part de ces discours d’éditeurs ! Qui ne sont, eux, après tout, que des passeurs (de livres) ! Faudra-t-il en venir à se passer de tels intermédiaires ??? _, il y a quelques années, avant de repartir _ en chiffres de vente _ avec Jonathan Franzen, notamment » _ je n’ai pas encore lu cet auteur ; je n’ai pas encore éprouvé un désir assez fort de le lire, devrais-je plutôt dire : parmi la cohue des livres se pressant à lire… _, observe Olivier Nora. Dans ce paysage atone _ en chiffres de ventes… _, Apocalypse Bébé, de Virginie Despentes _ cf ceci (et tout à fait succulent !), intitulé Histoire belge, dans le cahier Livres de Libération du jeudi 14 octobre : merci à Madame Edmonde Charles-Roux de mettre, si bien, les pieds dans le plat !.. _, fait d’ailleurs mieux que se défendre. « Un auteur, cela reste toujours une exception », observe _ enfin justement ! en cet article centré sur les chiffres de vente _ M. Nora _ les vrais lecteurs, sans doute aussi !.. De son côté, Martine Saada, qui dirige la littérature au Seuil, note que « les livres sur lesquels il y avait de fortes attentes font moins que prévu » _ toujours dans cette logique des chiffres de vente… Son meilleur résultat, elle le doit au Testament d’Olympe, de Chantal Thomas, avec 30 000 exemplaires sortis. « Pas si mal que ça pour de la littérature exigeante », dit-elle _ c’est tout dire du « bien peu d’exigence«  du commun de ce qui se vend… Le morceau de vérité étant ici craché par l’éditrice qui est la compagne (ou le fut au moins un temps, me souvient-il) de Pascal Quignard : un auteur assez « exigeant« , lui, assez probablement !.. Au Seuil, l’heure est à l’optimisme, car la maison devrait, pour la première fois depuis sept ans, être bénéficiaire en 2011. Et ce, grâce à quatre titres, dont trois beaux livres (Fragments, de Marilyn Monroe _ documentairement intéressant, au moins, sinon un chef d’œuvre de littérature ! Toujours les people : ce sont eux les étalons-mètres de la notoriété ! Ou l’ère sinistrée du « vu à la télé«  _, Les Mythologies (édition illustrée _ par les soins judicieux de Jacqueline Guittard… _), de Roland Barthes _ une grande chose : et qui s’en prend, en ces années cinquante, aux peoples !!! dont il « démonte«  magnifiquement la mécanique de l’idéologie… _, La France, de Raymond Depardon _ un livre trash sur une France trash : à comparer avec les si beaux 101 éloges du paysage français, de Bernard Plossu, édité par Silvana Editoriale, un éditeur italien… _) et un polar, L’Homme inquiet, d’Henning Mankell.

Chez Flammarion, l’ombre portée du livre de Michel Houellebecq nuit _ tiens donc ! _ aux autres titres, en littérature française _ quelle peine ! Mais tous les éditeurs ne se plaignent pas. Françoise Nyssen, patronne d’Actes Sud, se réjouit du succès d’Ouragan, le dernier roman de Laurent Gaudé _ un autre bon vendeur… _, et du bon accueil fait à Jérôme Ferrari pour Où j’ai laissé mon âme. Yves Pagès (Verticales), lui, est l’éditeur comblé de Maylis de Kerangal et d’Olivia Rosenthal, dont les livres _ Naissance d’un pont et Que font les rennes après Noël ?, je suppose : le titre de son roman n’est même pas indiqué ici !.. _ se vendent bien _ plus de 15 000 exemplaires chacun _ et qui figurent sur les listes de prix. Reste que, comme tous les éditeurs, il constate « un effondrement des ventes petites et moyennes », ce qui crée un environnement darwinien _ ah ! ah ! _ pour tous les auteurs en quête d’une place au soleil _ du lectorat.

Alain Beuve-Méry

Article paru dans l’édition du 22.10.10

Il est vrai que cet article _ d’Alain Beuve-Méry _ prend place dans la rubrique « Actualités« , à la page 2 du cahier « Livres » du Monde ; et concerne spécifiquement le petit monde _ surtout germano-pratin _ de l’édition…

Il aurait pu, au moins, être accompagné d’une précision de son auteur, concernant le caractère purement éditorial du point de vue exploré par cette enquête journalistique pour Le Monde…

Quant au titre de l’article _ « Littérature française : le creux de la vague«  _, il est, lui, purement calamiteux,

en laissant penser _ ou plutôt croire : et c’est là qu’il abuse le lecteur pas assez vigilant !.. _ que la valeur de la littérature française est bel et bien déclinante,

au seul item du comptage du palmarès des ventes :

c’est contre cela que je veux protester ici,

en un blog qui n’a en vue que le (modeste) service, mais exclusif _ sans en déchoir ! c’est le luxe de ma liberté ! _, de la qualité des œuvres… 


A contrario

de cet article, et de son malencontreux titre,

je dis donc :

vive la littérature (française, et autre) !

Vivent les vrais auteurs !

Et vivent _ et survivent : au marketing ; et aux medias… _ les vrais lecteurs !

Et tant pis pour les livres achetés

encombrant vainement la mémoire oublieuse _ de poisson-rouge ? _ de tant de lecteurs…

Dans le même Lire et écrire, cité plus haut,

Nietzsche,

qui, lui, sur sa montagne,

ne cherchait à ménager personne

_ le sous titre de ce plus que jamais sublime Ainsi parlait Zarathoustra n’est autre que : Un Livre pour tous et pour personne ! _,

Nietzsche disait aussi :

« Je hais les oisifs qui lisent« …

Soient les destinataires _ nihilistes : proliférant… _ de l’industrie _ plus que jamais prospère, elle… _ du divertissement !

Au passage,

et en faveur de l’a contrario,

je signale la parution, aux Éditions Flammarion, de l’essai important du très vaillant Bernard Stiegler :

Ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue _ De la pharmacologie

Titus Curiosus, le 22 octobre 2010

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