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Penser la théorie du ruissellement avec Martin Morend regardant Parasite, le film de Bong Joon-ho…

06juil

Hier soir, sur Arte,

j’ai découvert le film Parasite, de Bong Joon-ho,

palme d’Or au Festival de Cannes en 2019…

Impression de revivre _ un peu _ certaines situations de films particulièrement marquants,

tels Théorème, de Pier-Paolo Pasolini (en 1968),

The Servant, de Joseph Losey (en 1963),

ou certains films de Claude Chabrol, comme La Cérémonie (en 1995)…

En cherchant un peu parmi les critiques accessibles de ce film coréen de 2019,

je suis tombé _ enfin ! _ sur un très bon article _ publié par Le Temps le 28 octobre 2019, en un blog intitulé Penser le cinéma _ intitulé Parasite (Bong Joon-ho, 2019): du ruissellement au déluge, du philosophe Martin Morend

_ un article dont l’excellent sous-titre est l’altérité refoulée

 

Parasite (Bong Joon-ho, 2019): du ruissellement au déluge

Parasite a peut-être trop fait parler _ sans assez réfléchir _ de lui. A Locarno cette année, avant la projection de son film, la première recommandation de Bong Joon-ho _ au public _ fut de _ bien vouloir _ « tout oublier » de ce que l’on avait écrit à son sujet. Après l’exigence de « ne rien dire » pour éviter le spoiler, il s’est sans doute rendu compte que les diatribes pouvaient tout aussi gâcher et déformer l’expérience esthétique : on finit par aller voir un film armé d’attentes irréalisables puisque disproportionnées. On espère l’impossible et l’on est déçu _ ce qui n’est pas mon cas, ignorant que je suis de tout l’oeuvre cinématographique de Bong Joon-ho…

Parasite est un excellent film, je ne veux pas revenir là-dessus en réécrivant un nouvel éloge. Ce que j’aimerais faire ici, c’est vous proposer une analyse _ merci ! _ de ce film qui cache beaucoup sous sa nonchalante simplicité. Je n’éviterai donc pas de dévoiler la fin du film, que celui qui ne l’a pas vu en soit averti.

Le pauvre comme parasite

Une société verticale et hermétique

Dans un interview au Hollywood reporter, Bong Joon-ho confesse avoir toujours eu le désir de faire un film ayant pour thème les inégalités sociales. Selon lui, en Corée du Sud riches et pauvres vivent complétement séparés les uns des autres : la société cloisonne et tient hermétiquement fermé ces deux mondes parallèles. Il en va de même en Suisse et dans n’importe quel pays riche.
Au sein de sociétés aussi polarisées qu’aberrantes, il est donc effectivement prometteur – narrativement parlant – de faire confluer ces deux catégories abstraites, ces pôles quasi-électriques, pour voir ce que cela donne, un peu comme une fascinante et dangereuse expérience de chimie, mais faite par un cancre aussi critique qu’ironique.

Dans Parasite, l’opposition des classes est symbolisée par M. Park (le très riche) qui vit tranquillement sur les hauteurs dans une villa d’architecte, et Geun-sae (le très pauvre) _ d’abord et un long moment invisible, caché qu’il est, terré, dans le sous-sol de la villa _ qui, lourdement endetté, n’a pas d’autre choix que de vivre caché, terré dans le sous-sol de cette même villa. Cette opposition est marquée spatialement et visuellement selon un axe vertical : plus le pauvre est pauvre, plus, immanquablement, il s’enfonce dans le sol : l’entresol pour la famille Kim, et le sous-sol pour Geun-sae _ oui. A l’inverse, l’enrichissement s’exprime par une prise de hauteur toujours plus grande : M. Park vit sur sa colline comme sur le mont Olympe.

Cette configuration topologique n’est pas nouvelle, elle a un vénérable précédent dans le cinéma asiatique : Entre le ciel et l’enfer (1963). Dans ce film, Akira Kurosawa recourrait au même procédé : M. Gondo (Toshiro Mifune), un riche industriel vit sur une colline assez semblable à celle de Parasite, dans une villa qui nargue la dense ville de Yokohama. Tandis que le kidnappeur, qui cherche à extorquer ce dernier, vit dans un taudis surchauffé l’été, glacé l’hiver, invivable et inhumain dans les bas-fonds d’un quartier défavorisé. Cet état de fait est somme toute réaliste : tous les « …hills » du monde sont bien souvent truffées de villas paradisiaques à partir desquelles il est possible de contempler le reste de la ville, dense, étouffante, là, en contre-bas. Aussi n’est-il pas étonnant de voir le cinéma s’approprier ce fait pour en faire le signifiant même des disparités économiques.

Le riche comme divinité

Dans Parasite, l’opposition riche-pauvre n’est plus vraiment réaliste (comme dans Entre le ciel et l’enfer), mais plutôt mythologique. M. Park n’est plus un riche parmi d’autres à l’instar de Gondo : il vit dans les cieux, il est un Soleil qui engendre et maintient la vie sans s’en apercevoir ; il est l’Un des métaphysiciens antiques, un Dieu qui déborde, « surabonde », jusqu’à donner la vie sans y prêter attention. Il est calme, serein, tranquille et posé comme un Bodhisattva ou une icône russe. Geun-sae, lui, est un être souterrain, un fantôme qui vit dans les tréfonds obscurs d’un sous-sol oublié. Sa conscience et son estime de soi ont complétement disparu : toute son activité s’est muée en une célébration perpétuelle et délirante de la bienfaisance imaginaire de Park perçu comme un Dieu (il va jusqu’à bâtir un autel avec des icônes de Park, autel qui en rappelle un autre, celui du living room). Cette idée d’un couple Dieu ignorant/créature célébrante est explicitement mise en scène lors de la scène finale (fig.1-2). Le « parasite » du titre semble donc faire référence au pauvre qui vit grâce au riche.

Renversement : théorie du ruissellement et théorie du déluge

Un ressort comique…

Bong Joon-ho en rendant la relation riche-pauvre mythologique peut faire plusieurs choses intéressantes. D’abord et surtout, provoquer un effet comique[1] : Park n’est qu’un riche suffisant et non un principe divin ; Geun-sae est simplement un pauvre endetté et non un parasite. La « lumière » du riche est assimilée par Bong Joon-ho à sa transparence, à son manque de rugosité, à sa platitude provoquée par l’excès d’argent ; le riche étant un « homme repassé » (comme le prétend la mère Kim). Le riche, par sa richesse, peut s’isoler du monde et vivre une vie toujours plus semblable à elle-même, une vie qui va s’appauvrissant au risque de devenir comme le film le suggère « simplette[2] » (épithète utilisé par le camarade du fils Kim pour qualifier la femme de M. Park). Cette simplicité se cultive par le refoulement de tout ce qui lui est étranger :  la pauvreté, la sexualité, la maladie, la drogue (causes pour lesquelles, sans leur avouer, ils licencient leurs domestiques sans s’inquiéter outre mesure de ce qu’il leur adviendra). Le licenciement et le réseautage sont leurs moyens privilégiés afin de maintenir leur monde homogène. La famille Kim, elle, en revanche, se qualifie par une lucidité parfaite, une maitrise de l’illusion sans défaut qui leur permet de manipuler les Park comme ils l’entendent jusqu’à en éprouver des remords…

Donc, non pas un Dieu et une « créature », mais un simplet et un fou, au milieu desquels se tiennent les Kim.

… et une critique politique

Mais ce n’est pas tout. A l’aspect purement comique s’ajoute un aspect redoutablement politique. La surabondance divine trouve un corrélat économique dans la fameuse « théorie du ruissellement » selon laquelle, grossièrement, en laissant les riches être de plus en plus riches, leurs richesses finiront bien par « nourrir » les pauvres (notamment par la création d’emplois, pensons à la famille Kim qui parait en bénéficier). Bref, le riche est, et le pauvre peut être grâce à lui. Cette théorie, elle, n’a rien de mythologique, c’est elle qui organise bon nombre de nos sociétés. Mais quel est le rapport avec Parasite ? Le ruissellement divin (et économique) dont croit bénéficier Geun-sae est, comme nous l’avons montré, une pure illusion, un délire. Le seul « ruissellement » que nous montre le film finit par provoquer une inondation dévastatrice qui se termine par une explosion de violence. Dans Parasite, la théorie économique du ruissellement semble laisser place à une théorie inversée, ironique que nous pourrions nommer théorie du déluge. Expliquons.

La théorie du ruissellement fantasme une cohabitation harmonieuse entre riches et pauvres, si tant est que les premiers pourvoient les seconds en emplois, et qu’ils vivent séparés les uns des autres, hermétiquement. Cette théorie du déluge que nous supposons, elle, prend acte de l’impossibilité d’une telle coexistence, et pressent même le conflit à venir, la rupture colapsologique. Le film exprime clairement cette idée : lorsque l’orage se met à gronder, lorsque le déluge commence, la comédie verse dans l’horreur (des images fluviales et aquatiques fortes se succèdent : le débordement de la rivière, l’inondation de la basse-ville, l’eau qui bout). La comédie qui définissait la première partie du film était enracinée dans l’idée d’une cohabitation possible, le spectateur s’amusait de cette possibilité saugrenue et bon enfant que les deux familles, les Park et les Kim, finissaient par vivre ensemble harmonieusement au sein d’un parasitisme socialement « réussi ».

Bong Joon-ho a très savamment et délibérément pris le parti, non pas d’unir, mais de dédoubler la famille pauvre des Kim (significativement, le premier titre envisagé était Decalcomania). Il aurait pu poursuivre dans la comédie en multipliant les scènes où les Kim lutteraient pour masquer leur imposture, et le tout finirait néanmoins par le mariage heureux du jeune Kim et de la jeune Park. Ce faisant, Bong Joon-ho aurait fait passer le message « ruisselant » selon lequel les pauvres peuvent être riches, et, qu’après tout, ils peuvent même vivre ensemble. Mais tel ne fut pas son choix. Plutôt que l’assimilation, il propose le conflit par le redoublement de la pauvreté qui finit par lutter contre elle-même, par s’entredéchirer _ voilà. Cette lutte, nécessairement, s’étendra jusqu’à M. Park qui sera brutalement assassiné.

Ainsi, au « comique » angélisme économique, à la pensée philosophique du « tout ira bien », Bong Joon-ho propose une version cinématographique horrifique de ce qui nous attend peut-être dans les décennies à venir _ voilà… Il prend acte que les emplois sont précaires, asphyxiants, dégradants, la rivalité meurtrière et le sentiment de d’injustice toujours croissants. A croire _ s’illusionner _ que tout ira bien, l’humanité finira dans l’horreur.

Dans le film d’Akira Kurosawa, le riche « gagne », et le coupable miséreux est condamné à mort. Le film, politiquement, s’est contenté de nous sensibiliser au pourquoi du crime, à sa généalogie, à ses origines dans la chaleur et la misère. Le criminel, bien qu’en partie excusé, reste un individu que la police – dans le film, infaillible – peut isoler et combattre avec succès. Bong Joon-ho propose un « message » différent : c’est le riche en tant que classe sociale qui est mis à mort, exécuté par un pauvre qui ne semble plus être maître de lui-même. Dans Entre le ciel et l’enfer, la balance penchait vers un riche finalement édifié, dans Parasite elle penche vers un pauvre déboussolé qui comprend à peine son acte.

Le riche comme parasite

L’idée de la surabondance quasi divine de Park nous a orienté vers l’idée de la théorie économique du ruissellement. Dans cette optique, le pauvre était le parasite. Bong Joon-ho, en mettant en scène une théorie du déluge, finit par proposer une mythologie elle-même inversée : le riche comme enfant inconscient qui vit aux dépens du pauvre.

Sur l’image (fig.3), le « gâteau » des richesses est dévoré impudemment par le fils Park en pleine nuit. Nous sommes passés de la personnalité solaire de Park père, pourvoyeuse de vie (et d’emplois !) à la gloutonnerie nocturne de son enfant soudainement confronté à un fantôme (fig.4-5). L’image est claire et peut être interprétée ainsi : le riche est incapable de penser l’existence du pauvre, car cela lui est simplement intolérable. Il n’est pas possible de trouver une justification convaincante, la seule attitude possible n’est pas une défense argumentée, mais la négation pure et simple du « qui » d’où provient toutes les richesses. Le pauvre est un fantôme moderne, un fantôme non plus romantique qui vient hanter passivement des lieux pittoresques, qui élit domicile dans d’obscures ruines pour y ruminer un grief personnel, mais un être humain bien vivant auquel on refuse l’existence. Le pauvre est celui auquel on a volé la substance vitale, sur lequel on repose, mais qu’on veut paradoxalement oublier. Il est celui qui vit dans l’ombre mais qui, pourtant, éclaire les lieux. Souvenez-vous : c’est Geun-sae qui illumine la montée quotidienne des marches de M. Park. Celui-ci ne se doute de rien ; il ne sait pas d’où provient cet effet scénique. Lorsque Geun-sae tente d’appeler au secours en usant du morse, Mme Park accuse le capteur : elle ne parvient pas à remonter à l’intention initiale, à la condition première du pauvre, en gros elle ne saisit même plus son langage. L’hermétisme entre les hommes ne pourrait être plus grand.

Ce dont la conscience du riche s’occupe ce n’est pas de la « machinerie » cachée et salissante ; mais uniquement de l’effet produit. La conscience du riche semble également simplette parce qu’elle s’arrête volontairement à la surface des choses, ou plutôt à la surface de son propre monde. Ce n’est pas pour rien non plus que le sous-sol ressemble à un égout : la pauvreté est une déjection sociale que l’on doit refouler pour préserver l’équilibre mental. La révélation du sous-sol est la révélation d’une mauvaise conscience refoulée ; c’est à la nauséabonde psychè des Park à laquelle on a soudainement accès. L’épouvante de ce couloir qui n’en finit (fig.6) par de s’enfoncer ressemble fortement à celui que l’on trouve dans le film Creepy réalisé par un autre Kurosawa, – Kiyoshi. Dans ces deux films, une rupture s’opère lorsqu’enfin on descend dans les entrailles du « crime » (qu’il soit le fait d’un individu (Creepy) ou d’une classe sociale (Parasite)).

 

 

Les deux imageries concurrentes proposées par le film convergent néanmoins : en apparence, au vue de notre société, le riche est assimilé à M. Park, tandis qu’en réalité, le riche est un enfant aveugle qui ne parvient pas à retenir son désir de tout manger. On retrouve la figure du pauvre-fantôme dans le tout premier film de Bong Joon-ho Barkings Dogsmais également, de manière moins métaphorique, dans le dernier wagon de Snowpiercer. D’ailleurs ce film se termine également par une explosion finale aigre-douce : l’Homme est perdu, mais la vie semble à nouveau possible (un ours au loin semble à la fois indiquer la vie possible, mais également le danger et les difficultés d’une humanité qui doit repartir à zéro).

Pour résumer, à la surabondance idéologique fantasmatique, Bong Joon-ho substitue une « nauséabondance » réelle, pleine d’aveuglement et d’auto-illusion. Le parasite n’est plus le pauvre, mais au final, le riche. Le titre est volontairement ambigu puisque deux lectures se chevauchent, deux mythologies qui se font face.

Remarques conclusives

Il est évident que Parasite n’est pas pour autant un film politique au sens usuel. De son propre aveu, Bong Joon-ho déteste les films dont la raison d’être est exclusivement politique. Toujours à Locarno, lors d’une conférence au Spazio Cinéma, il a précisé qu’une de ses motivations principales était avant tout le « pur » jeu sur les différents genres cinématographiques qu’il se plait à mêler. C’est d’ailleurs de cet aspect ludique dont on prend le plus directement conscience lors de la vision du film. Pourtant, malgré son apparent formalisme, le message est bien présent ; les images et métaphores qu’il manipule sont très intelligentes et finement mises en place. Il propose de partir d’une imagerie classique du riche : « la magnificence ruisselante du riche philanthrope » pour le traiter, en substance d’enfant gourmand et de simplet aveugle. Parasite, bien que plus ludique qu’Une affaire de famille de Kore-eda, et en apparence plus innocent, n’en demeure pas moins un film plus directement et violemment politique.

Tati voulait que l’on vît le monde comme le prolongement de l’un de ses films, que l’on sorte de Playtime avec un regard un enchanté et poétique. Après Parasite, je le demande, comment ne pas voir sa Palme d’or comme son prolongement ironique ? C’est si métaphorique…

[1] Le comique de la figure du riche n’est pas simplement caricatural : en respectant trop une personne ou une classe on l’expose fatalement au ridicule ; il suffit pour cela de tomber dans la vénération. L’humanité que l’on attend surhumaine est un ressort éternel du comique. Dans nos sociétés, semble suggérer Bong Joon-ho, la dignité que l’on octroie aux riches les rend ridicules malgré eux.

[2] Ce choix permet d’être plus directement comique que le choix de la perversité consciente du riche comme on le trouve par exemple dans les films de son compatriote Im Sang Soo (par exemple The Taste of Money).

MARTIN MOREND

Martin Morend est un philosophe dont le but est d’explorer le cinéma afin d’en montrer les enjeux philosophiques, sociaux et imaginaires. Ce blog lui permettra de proposer des cycles d’articles thématiques ou dédiés à certains réalisateurs classiques et contemporains.

Une lecture, donc, assez éclairante..

Ce mardi 6 juillet 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Disparition d’un autre frioulan hyper cultivé, et surtout poète : Nico Naldini, le cher cousin de Pier Paolo Pasolini

12sept

D’abord, voici le courriel que je viens d’adresser à René de Ceccaty,

qui fut ami, ainsi que traducteur, de Nico Naldini

(Casarsa della Delizia, 1er mars 1929 – Trévise, 9 septembre 2020),

cousin et biographe _ à deux reprises : en 1989 (Pasolini, una vita) ; puis en 2009 (Breve vita di Pasolini) ; cette seconde biographie, suite aux révisions des thèses, et polémiques, sur l’assassinat de Pier-Paolo Pasolini… _ de Pier Paolo Pasolini :

En accomplissant ma prière laïque (de lecture matinale des journaux),

j’apprends, dans le Corriere della Sera, le décès de ton ami Nico Naldini, chez lui, à Trévise, à l’âge de 91 ans.
 
Cf aussi cet article de La Repubblica du 10 septembre, qui m’avait échappé :
 
Bien sûr tu as traduit sa biographie _ Pier-Paolo Pasolini _ une vie, parue, dans une traduction de René de Ceccatty, chez Gallimard, en 1991 … _  de son cousin Pier Paolo _ Bologne, 5 mars 1922 – Ostie, 2 novembre 1975 _,
mais aussi tu l’as rencontré à diverses reprises, notamment en Tunisie _ où Nico Naldini séjournait fréquemment, à Sidi Bou Saïd _,
comme tu l’a raconté dans Enfance, dernier chapitre.
 
Nico Naldini était peut-être d’abord poète _ René de Ceccatty a traduit aussi son recueil de poèmes frioulans Je reviens des champs d’azur, paru, aux Éditions du Scorff, en janvier 2000 _, avant d’avoir à son actif une œuvre polyforme _ poésies, narrations, essais, biographies (de Giovanni Comisso, Goffredo Parise, Filippo De Pisis, Giacomo Leopardi), et même un film-documentaire, Fascista, en 1974…
 
Dès que j’ai appris cette nouvelle de son décès,
c’est d’abord de ce que tu évoques de lui dans Enfance, que je me suis immédiatement souvenu.
La mémoire nous parle, même si c’est un peu capricieusement.
 
Nico Naldini : encore un frioulan hyper-cultivé… _ ici c’est au triestin Magris que je pense.
 
Et c’est à lui que je vais consacrer mon article d’aujourd’hui…
 
Bien à toi, cher René,
 
Francis

Pour le reste,

on se reportera à l’œuvre polyforme que nous laisse Nico Naldini…

Ce samedi 12 septembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

A propos du Roma de Bernard Plossu : un très bel article de Fabien Ribéry

11jan

Ce jour,

mon ami Bernard Plossu m’a fait parvenir un superbe article de Fabien Ribery

à propos de son superbe album, aux Éditions Filigranes,

Roma.

Voyages à Rome, par Bernard Plossu, photographe

par fabienribery

© Bernard Plossu
« Tout au 50 mm en noir et blanc, effets interdits, vision pure, classique – moderne quoi
Il y a le monde, oui, peut-être, gisant là comme un pantin effondré _ qui se découvre, ainsi donné et surtout saisi, au vol, en marchant voire dansant, en une sorte de sidération émerveillée, mais active et lucidissime : quel œil fantastiquement lucide que celui de Plossu ! _, et le monde _ aussi : quel plus ! délicieusement richissime, instantanément cultivé pluriellement, tout surgit immédiatement en ce regard… _ selon William Klein, Robert Frank, Walker Evans, Pablo Picasso, Jean Siméon Chardin, Giorgio Morandi, et Le Bernin, Borromini, Mimar Sinan _ c’est-à-dire le monde vu par bien d’autres artistes éclaireurs vivaces du regard (sur les espaces) ; et pas des moindres ; et des plasticiens d’abord (photographes, peintres, sculpteurs, architectes), mais pas uniquement ; la culture faite sienne par soi est nécessairement ouvertement plurielle (la musique y a aussi sa part, comme la cuisine, et les odeurs et les parfums, un peu typés ; comme les couleurs). La culture, ce sont des ponts, des voies, et pas des murs ou des remparts et fossés…
Il nous faut Paul Cézanne pour approcher un peu ce qu’est une pomme _ certes ; et l’on connaît l’assidue fréquentation aixoise par Plossu de l’atelier de Cézanne au chemin des Lauves…
Il nous faut Marcel Proust pour comprendre les mystères du temps _ merveilleusement retrouvé, repris, et travaillé, re-travaillé.
© Bernard Plossu
Il nous faut Le Christ voilé _napolitain _ de Giuseppe Sanmartino pour ne plus craindre de mourir totalement.
Il nous faut Ordet de Carl Theodor Dreyer _ là, j’y suis un peu moins : Rome est ultra-catholique… _ pour recommencer à prier.
Et il nous faut maintenant Bernard Plossu pour entrer à Rome _ entrer est magnifiquement choisi ! Entrer, et arpenter, ré-arpenter, joyeusement, à l’infini…
Livre publié par Filigranes Editions – tirages de l’ami italianophile Guillaume Geneste -, Roma _ 1979 – 2009  _ est le fruit de trente ans d’arpentages _ ce mot qui me plaît tant ! cf mes 5 articles sur Arpenter Venise du second semestre 2012 : , , et _, de déambulations, de flâneries amoureuses _ voilà _ dans la ville délicieuse _ on ne le soulignera jamais assez : quelles délectations nouvelles rencontrées à l’improviste chaque fois !
voilà
© Bernard Plossu
Le regard est d’un passionné de cinéma (De Sica), de peinture (La Scuola Romana), de littérature (Andrea Camilleri _ mais plus encore les vraies romaines que sont Rosetta Loy et Elisabetta Rasy ! _), parce que la culture _ plurielle, formidablement, et sans casiers jamais clos : la culture vraie, ce ne sont que des ouvertures et des invites à regarder toujours mieux un peu plus loin et d’abord tout à côté ; et pas toujours fétichistement au même endroit et sous la même sempiternelle focale… _ n’est pas que l’apparat de la domination analysé par Bourdieu, mais un mode d’accès majeur _ voilà : accéder (et surmonter) n’est pas si courant, tant nous en barrent les clichés des copier-coller à l’identique de la comm’ _ à l’autre, à l’être, à soi _ oui : l’autre, l’être, soi : constitué de myriades de pièces s’ajointant (et s’enrichissant ainsi) à l’infini d’une vie vraiment ouverte.
Ici, les ruines ne sont pas abordées comme un spectacle de délectation romantique _ à la Gœthe lors de son long séjour (de plus de deux années) romain : c’est seulement à la fin de son séjour que Gœthe en vient à s’affranchir enfin des clichés partagés ; cf mes articles des 22 et 23 mai 2009 :  et … Et en les relisant, je me rends compte que je m’y entretenais avec Bernard Plossu ! _, mais comme une source de vie _ oui ! _, une puissance _ éminemment constructive de joie bien effective _ existentielle _ à la Spinoza _, des directions sensibles _ à arpenter, step by step, toujours un petit pas plus loin ; cf le regard sur Rome du sublime L’Eclisse d’Antonioni (en 1962)…
A Rome, malgré la vulgarité marchande effrayante (relire les Ecrits corsaires de Pier Paolo Pasolini _ cher à mon ami René de Ceccatty _ ; revoir Ginger et Fred, de Federico Fellini), nous pouvons ne pas être seuls, mais portés, aspirés, exaltés _ oui _, par des siècles de raffinement, de délicatesse _ oui _, de _ très _ haute civilisation.

© Bernard Plossu
Pour Plossu, Rome est un aimant, un amer, un amour : « Rome m’attire sans arrêt, j’y vais presque chaque année et je photographie en désordre _ oui _, surtout rien de systématique ni d’organisé ! _ bien sûr : en parfaite ouverture à l’inattendu du plus parfait cadeau de l’imprévu non programmé, qu’il va falloir saisir au vol de sa marche dansée, quand il va être croisé… Divin Kairos ! Quartier par quartier _ bien sûr : aux frontières-passoires étranges, par exemple celles du Ghetto du Portico d’Ottavia, avec sa fantastique pâtisserie… _, n’écoutant que mon instinct et surtout ma passion _ pour Rome _ : je suis amoureux fou de cette ville et, en même temps _ c’est un autre pan essentiel du goût de Bernard pour quelque chose d’essentiel de l’Italie _, de toutes les petites îles italiennes où je vais le plus souvent possible » _ et je suis impatient aussi de la publication à venir de ses regards sur les îles (surtout les plus petites : les plus îliennes des îles !) de la Méditerranée.
A Rome, il y a les amis, installés ou de passage _ les Romains de longtemps, c’est tout de même mieux… _, le couple Ghirri, l’architecte Massimiliano Fuksas, Jean-Christophe Bailly, Patrick Talbot qui lui fait découvrir l’intégralité du _ sublime _ palais Farnèse _ pas seulement la galerie des Carrache _ (un cahier de plus petit format est inséré dans l’ouvrage), tant d’autres.
Toute occasion, invitation, proposition, est _ certes _ bonne _ utile _ à prendre _ pour le photographe voyageur _, qui permettra d’effectuer _ voilà : œuvrer, et s’accomplir, en photographe de la plus pure et simple, non banale (à qui sait la percevoir et la capter), quotidienneté... _ de nouvelles photographies, de faire des découvertes _ voilà le principal ; en tous genres, et à foison !

© Bernard Plossu
Non pas d’épuiser le lieu _ ce qui est bien heureusement impossible : quel fou rêverait de cela ? _, mais de l’ouvrir toujours davantage _ et l’attention aux détails les plus particuliers des instants intensément ressentis, au passage si furtif du présent, mais ainsi saisis (par le pur instantané de l’acte photographique) en leur éternité, est ici tout particulièrement d’une richesse incroyablement profonde et infinie pour qui les regarde, ne serait-ce qu’un instant, ainsi vivifié-magnifié, maintenant… Voilà ce qu’apporte le regard sur le livre.
Aucune grandiloquence _ superficiellement décorative et extérieure, répétitive _ ici _ non : rien que du singulier délicieux raffiné _, mais de l’intimité _ oui _, de la familiarité _ mieux encore _, du simple _ comme le plus chaleureux et fraternel de ce qu’offre une vie, notamment dans les rues _, comme dans un tableau du maître Camille Corot.
Le sublime est un kiosque à journaux inondé de soleil, une devanture de magasin, un tunnel de périphérique, une moulure de cadre, une chaise, les longues jambes d’une passante, un pavé luisant, un if _ l’un après l’autre, et en une telle diversité : à l’infini de ce qui se prodigue si généreusement à qui passe ; tels les si incroyables merveilleusement imprévisibles, et surtout plus délicieux les uns que les autres, parfums des glaces de Giolitti, Via degli Uffici del Vicario, 40, peut-être le centre même du monde. A fondre de bonheur sous la langue… Il y a aussi les restaurants romains que connaît si bien ma fille Eve, pour avoir été romaine une année…
Venant de Santa Fe, passé par le désert _ oui : le contraste est assez impressionnant, mais pas tant que ça, à un peu y réfléchir : il y a en chaque vie un côté de Guermantes et un côté de chez Swann… _, Bernard Plossu découvre à Rome _ et s’en réjouit à l’infini _ un summum de présence _ voilà : fémininine, généreuse, maternelle ! _, une énigme métaphysique _ offerte _ à sa mesure, une joie de Nouvelle Vague _ cinématographique aussi, en effet _ poursuivie jusqu’à aujourd’hui _ sauf que le cinéma italien a, lui aussi, maintenant, pas mal hélas décliné. Bernardo Bertolucci est décédé le 26 novembre 2018.

© Bernard Plossu
De la classe _ toujours : et à un point extraordinaire ! _ en pantalon moulant ou robe de soirée, de la piété _ aussi, et aussi populaire _, des palais _ à foison ; des églises aussi, même si le plus souvent fermées au public ; avoir la chance d’y pénétrer quelques instants, à l’occasion furtive de quelque messe ou cérémonie, se prend et reçoit avec gratitude comme un petit miracle…
Des statues ont perdu leur nez, ou leur tête, ou leur phallus, si belles et fortes dans leur vulnérabilité même _ une richesse poétique du temps et de son œuvre ouverte.
Cité du dieu unique des catholiques, Rome est aussi _ bien sûr _ païenne, polythéiste _ oui _, animée de mille entités de grande vigueur _ assurant sa pérennité.
Le photographe la parcourt en tous sens _ bien sûr, Rome, elle aussi, est un labyrinthe : peu de voies qui soient tout uniment droites _ à pied, la regardant aussi de la vitre d’un train, d’un autobus, d’une voiture _ un dispositif très plossuien, intégrant (et surmontant) une dimension de défi à la vitesse, tout en étant protecteur : une distance demeure, hors viol. Et aidant au cadrage…

© Bernard Plossu
Rome est Cinecittà, kinésique, cinétique, cinématographique _ oui.
Vous arrivez à Roma Termini _ ou à Roma Ostiense, parfois aussi : en plein cœur déjà de la Ville… _ mais tout ne fait pourtant que commencer, recommencer, reprendre vie _ voilà, avec éclat, mais sans excès de théâtralité : pas pour quelque galerie extérieure ! juste pour dérouler son propre innocent plaisir, sa joie… Ni vulgarité trash, ni affèterie, jamais, chez Plossu… _ dans la bande passante _ voilà _ de votre regard _ dont témoigneront quelques unes, heureuses, des milliers de photos alors prises.
Un pyramidion, une arche, un parapluie _ oui.
Des voitures, des escaliers, des jardins _ belles spécialités romaines, en effet.
Des empereurs, des cyclistes, des naïades _ voilà ; les fontaines sont aussi une splendeur romaine…
Comme dans ce que donnent à apercevoir de Rome, par exemple, les merveilleux Journal intime de Nanni Moretti (en 1993) et La Luna de Bernardo Bertolucci (en 1979).

© Bernard Plossu

Des rails et des murailles.
Le Colisée _ sans y _ et ses lions.
Les toitures et les chambres d’hôtel _ Bernard m’a fait cadeau d’un tirage d’une magique vue de nuit prise d’une fenêtre de sa chambre d’hôtel près de Sant’Eustacchio… Un quartier que j’idolâtre, moi aussi, autour du sublime Panthéon, et non loin de Navona.
Les anonymes, le peuple, la rue _ si importants ici, en la noblesse sans apprêts de leurs allures chaloupées et rapides.
Roma témoigne du corps de son auteur _ marchant, dansant, lui aussi _, d’un esprit _ ouvert _ sans cesse en mouvement, d’une volonté de voir _ vraiment ce qui passe, se croise, dans le plus vif de l’instant bientôt évanoui _, encore et encore, jusqu’à l’ivresse _ oui, comme en témoignent les photos qui restent. Bref, ce qu’offre Rome à qui s’est dépris des œillères des clichés.
Roma _ le livre que, page après page, nous regardons _ traverse le temps, entre ici et là, regarde un arbre, une place, une foule, un prêtre, une femme.
Roma ? Amor fati bien sûr _ en ayant le malicieux divin Kairos de son côté, avec soi : à la suite du regard de Bernard Plossu…


Bernard Plossu, Roma, 1979-2009, textes Alain Bergala, Patrick Talbot et Bernard Plossu, Filigranes Editions, 2019, 320 pages
Filigranes Editions

© Bernard Plossu

Roma, pour rajeunir dans l’éternité la plus fraîche et vive que peut offir une vie

_ sa vie à soi, ouverte au meilleur le plus réjouissant de la vie des autres,

par la grâce d’un vrai pur regardeur tel que Bernard Plossu _,

ou la joie même.

Un bien bel article de Fabien Ribery.

Pour un nouveau chef d’œuvre de l’ami Bernard Plossu.

Ce samedi 11 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sur l’exposition de photos « Mondo perduto » de Paolo di Paolo, à Rome, au Musée du XXIème siècle

06mai

Un article dans El Pais de ce lundi 6 mai 2019,

La Dolce Vita que nunca existió,

m’avise de l’existence en ce moment à Rome _ du 13 avril au 30 juin _, au Musée du XXIème siècle,

d’une exposition de photos, intitulée Mondo Preduto,

du photographe italien Paolo di Paolo (né en 1925).

Voici ce que j’ai ainsi pu découvrir :

La Dolce Vita que nunca existió

Paolo di Paolo, leyenda de la fotografía que solo ejerció durante 16 años, expone a sus 93 años un relato desmitificado e íntimo de la Italia del ‘boom’ económico…


Pier Paolo Pasolini, en el monte del Testaccio.

Pier Paolo Pasolini, en el monte del Testaccio. PAOLO DI PAOLO


DANIEL VERDÚ

Roma 6 MAY 2019 – 10:13 CEST

La serie de verano se llamaría La larga carretera de arena, un viaje de norte a sur de Italia a través de sus playas. Un ensayo fotográfico sobre las costumbres vacacionales de un país en plena mutación social para el semanal Il Tempo. Pero aquel año, en el asiento de copiloto del MG del fotógrafo Paolo di Paolo (Larino, 1925) se sentó un tal Pier Paolo Pasolini, un intelectual que apenas había escrito algunos libros de poesía y una novela y que no abrió la boca en siete días de viaje. Miraba, paseaba, se quedaba absorto en segundo plano. No bebía, tampoco hablaba de mujeres, claro. Solo al llegar a Cinquale, la playa frecuentada por Thomas Mann o Malaparte, cuando el fotógrafo recitó un poema de Rilke, comenzó a forjarse una amistad, a la manera que uno podía ser amigo de Pasolini. De aquello salió también un libro y un reportaje maravilloso, cuyas mejores imágenes muestra el propio Di Paolo, a los 93 años, paseando con su bastón y una tranquila elegancia por los rincones de su Mundo perdido, la exposición que el MAXXI le dedica en Roma.

Anna Magnani, tumbada al sol en su casa del Circeo.


Anna Magnani, tumbada al sol en su casa del Circeo. PAOLO DI PAOLO

Di Paolo fue una estrella fugada de un oficio que solo ejerció durante 16 años por pánico a tropezar en el abismo de la decadencia. Un buen día, con solo 46, disparó por última vez. En lugar de explotar su valioso trabajo, enterró sus mejores fotos temiendo perjudicar a unos protagonistas demasiado cercanos. Sucedió con la decena de negativos de Oriana Fallaci bailando en la orilla de una playa de Venecia donde solo pasaba René Clair un mañana de resaca del festival. “¿Alguna vez la había visto sonreír? Ahí la tiene”, muestra orgulloso Di Paolo. Lo mismo ocurrió con el trabajo que Anna Magnani le encargó en su villa del Circeo: la primera vez que alguien fotografiaba a su hijo discapacitado. O con el único reportaje que existe de Pasolini, paseando por el arrabal del Testaccio y permitiendo hacerle la que quizá fue su mejor fotografía. Todas esas imágenes fueron a parar a una caja que su hija Silvia encontró en el viejo desván de casa con 250.000 negativos de entre 1954 y 1968, la mayoría inéditos.


La casualidad marcó también el inicio. Di Paolo, que solo quería ser profesor de filosofía hasta que la víspera de su graduación se topó con una Leica III C en un escaparate, fue siempre un intelectual con una cámara colgada al cuello. Un artista a veces más preocupado por la ética que la estética de su obra. Una anomalía en una época en la que florecían los paparazzi y el oficio se llenaba de cazarrecompensas en la puerta de los restaurantes caros. Él siempre lo odió. Cuando llegaba una actriz a Roma, de hecho, él le hacía llegar un ramo de flores y una tarjetita pidiéndole fotografiarla. Así retrató a Kim Novak saltándose el tumulto que esperaba en la puerta de su hotel. “Lo de los paparazis fue un fenómeno alimentado por Fellini. No había ni uno cuando yo empecé, pero él creó un modelo que luego copiaron. ¿La Dolce Vita? No existió nunca. También es una invención suya y de su publicista. Pero la gente venía de todas partes para vivir ese fenómeno en la Via Veneto y, al final, ellos eran el paisaje”, señala mostrando una foto de tres jeques sentados en la serpenteante avenida romana.


Un buen día, con 46 años y tras 16 de carrera, realizó su último disparo


La “fotografía laica” de la generación de Di Paolo transitó a través del rastro de las huellas de Henri Cartier-Bresson tratando de ir algo más allá. “Teníamos esa presunción no confesada. Para él el elemento humano era compositivo, no había interpretación o profundización de un personaje. Las personas son instrumentos al servicio de la composición. Recuerdo que estuvo en Scanno (Abbruzzo) haciendo un reportaje… son fotos espléndidas, pero ve a esas mujeres vestidas de negro una al lado del otro como si las hubiera puesto él. No es una crítica, él es insuperable. Pero su límite era ese”, explica mientras ilustra su teoría con algunos ejemplos de su exposición.


Una familia de agricultores en día de la inauguración de la Auopista del Sol en 1962.
Una familia de agricultores en día de la inauguración de la Autopista del Sol en 1962. PAOLO DI PAOLO

Italia temblaba ya con las primeras explosiones del boom económico que la transformó. Pero Di Paolo muestra también una sociedad que salía fatigosamente de la pobreza y del analfabetismo. Un inestable equilibrio entre las desigualdades y el impulso renovador de unos años fundamentales para entender un país que enterraba su pasado, literalmente ilustrada en la foto del funeral del secretario general del PCI, Palmiro Togliatti. O en la inauguración de la Autopista del Sol, eje vertebrador de una nueva Italia que ahondaría en las heridas entre norte y sur. Ese día, en lugar de fotografiar al obispo y el alcalde cortando la cinta, Di Paolo se fue a lo alto de una colina y retrató de espaldas a una familia que vivía en una chabola observando cómo el primer automóvil acuchillaba el paisaje de olivos y campos que el país se disponía a dejar atrás.


Su casa guardaba 250.000 negativos de entre 1954 y 1968 nunca publicados


Una Italia alejada del relato pomposo y artificial de la Via Veneto que despreciaba. “Explotaba la creatividad en todos los campos. Y yo me sentí un afortunado artífice de esa generación. Pudimos atravesar ese periodo siendo jóvenes, fue un despertar, un segundo Renacimiento para Italia. Sentíamos dentro algo extraordinario. No teníamos dinero, era difícil trabajar. Pero teníamos una felicidad extraordinaria por poder desarrollar el sentido de libertad y creatividad. Eso nos ayudó a algunos colegas a aventurarnos en la fotografía sin saber nada de fotografía. Esa fue la Dolce Vita para mí”. Pero fue breve.


El 8 de marzo de 1966, el día que cerró Il Tempo, Di Paolo mandó un telegrama a su histórico director, Mario Pannunzio. “Para mí y para otros amigos muere hoy la ambición de ser fotógrafo”. No era una manera de hablar, en aquel instante, justo cuando más brillaba, liquidó su carrera. “¿Quién me iba a publicar? La televisión había quemado la posibilidad de hacer reportajes largos y elaborados. Un día me vino a ver un director de periódico y me dijo: ‘Cualquier cosa que tenga algo de picante, tráemela: tienes las puertas abiertas’. Salí de su despacho y esas puertas se me cerraron a la espalda. El mundo del scoop y los escándalos no eran el mío. Habría empezado el declive y hoy seguramente no existiría esta muestra”. Y algunos podrían seguir soñando con la Dolce Vita.


martedì 4 Dicembre 2018, 18:30 – 20:00

Presentazione del volume.


Paolo Di Paolo. Mondo Perduto. Fotografie 1954-1968


Auditorium del MAXXI – ingresso libero fino a esaurimento posti
per i possessori della card myMAXXI possibilità di prenotazione del posto per i primi 10, scrivendo a mymaxxi@fondazionemaxxi.it


Uno straordinario fotografo e cantore dell’Italia tra gli anni Cinquanta e Sessanta

Aspettando la grande mostra monografica a marzo 2019, MAXXI e Gucci presentano in anteprima il libro dedicato al lavoro di Paolo Di Paolo, uno dei principali fotografi della rivista intellettuale Il Mondo, il cui archivio è rimasto sconosciuto per oltre quarant’anni.
Il volume, immaginato come una ricognizione sul lavoro del fotografo, si articola in sezioni che presentano la vastità di interessi dell’autore. Ogni tema è introdotto dal contributo di una figura si spicco del mondo della cultura e di quello intellettuale restituendo, con l’esperienza del testimone del tempo o con la visione dell’attualità, uno dei temi cruciali affrontati da Paolo Di Paolo nel suo lavoro ventennale: da Pier Paolo Pasolini alle feste nei palazzi romani, da Tennesse Williams in spiaggia con il cane a Anna Magnani con il figlio, da Salvatore Quasimodo a Sofia Loren che scherza con Marcello Mastroianni negli studi di Cinecittà e ancora Brigitte Bardot, Alberto Moravia, Federico Fellini fino ai volti affranti del popolo ai funerali di Palmiro Togliatti.

Introduce
Giovanna Melandri Presidente Fondazione MAXXI
Intervengono
Marco Belpoliti scrittore e critico letterario italiano
Mario Calabresi giornalista e scrittore italiano, direttore del quotidiano la Repubblica
Giovanna Calvenzi curatrice della mostra e del volume Paolo Di Paolo. Mondo Perduto
Emanuele Trevi critico letterario e scrittore italiano
Paolo Di Paolo fotografo
Modera
Bartolomeo Pietromarchi Direttore MAXXI arte

Voilà.

Ce lundi 6 mai 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Un après-midi d’écoute de musique, à la maison : un beau panier de CDs…

11jan

Cet après-midi, beaucoup de musique, à la maison : des CDs.
D’abord, un beau Purcell (et autres) par La Rêveuse
_ le CD London circa 1700 volume 1, le CD Mirare Mir368 _,
même si un poil trop mélancolique pour moi (mais c’est leur habitude).
Cela dit, ce CD London circa 1700 est vraiment très réussi dans son genre ; avec beaucoup de découvertes superbes
de compositeurs moins connus que Henry Purcell, si exceptionnel, lui ; tels que Godfrey Finger, Daniel Purcell, William Croft, etc.., vraiment intéressants
 
Ensuite, un magnifique CD Erlebach Complete Trio Sonatas, par L’Achéron, dirigé par François Joubert-Caillet, toujours très musical _ il s’agit d’un CD Ricercar, RIC 393 ; et qui paraît ce jour même. Philipp-Heinrich Erlebach (1657 – 1714) est vraiment un excellent compositeur, proche de Buxtehude et Reincken (= le stylus fantasticus), en un peu plus apaisé. C’est un vrai régal de musique !
Qui me fait penser à un merveilleux CD Alpha _ le CD Alpha 018 _, Zeichen in Himmel, de l’ensemble Stylus Fantasticus, dirigé par l’excellente Friederike Heumann, et avec la basse Victor Torres : une révélation de ce compositeur !
Puis, changeons tout à fair de genre, et d’époque : un très, très bel album Debussy à l’orchestre, par Les Siècles et François-Xavier Roth, Prélude à l’après-midi d’un faune, Jeux et Nocturnes _ soit le double CD/DVD Harmonia Mundi HMM 905291. C’est littéralement envoûtant !!! Une merveille d’interprétation orchestrale !
Et en ce moment, tout autre chose : un CD Tindersticks, The Waiting Room _ un CD LuckyDog18/Slang588. J’aime beaucoup la voix grave du chanteur, Stuart Staples :
je n’ai pas résisté quand j’ai reconnu sa voix sur le CD qui passait au rayon Musique chez Mollat. Oui, j’aime décidément beaucoup Tindersticks.
Pour en revenir à Goliarda qui continue d’occuper mes pensées _ en ses Carnets _, avec Rome, Gaeta, Catane et la Sicile,
je dois dire que j’aimerai un jour découvrir enfin Naples et les petites îles de Ponza, Ventotene, Palmarola _ l’ami Bernard Plossu m’en a souvent parlé…
Je pense aussi à La Luna de Bertolucci,
avec une superbe villa près du Mont Circeo ; comme celle (ou même carrément celle !) de Moravia et Pasolini…
J’aime beauucoup ce film, qui nous montre une Rome quasi africaine ; et aussi la musique (dont Mozart, Cosi.., avec un sublimissime Soave sia il vento…).
Quelles lumières !!! _ une pensée pour Bernardo Bertolucci, le tendre et vif poète parmesan de l’image, qui vient de nous quitter.
J’ai aussi déniché l’autre jour un superbe Paris 1900, 3 sonates pour violon et piano (de Fauré, Pierné et Saint-Saëns),
par Geneviève Laurenceau et David Bismuth. C’est un CD absolument parfait ! Soit la musique française à son acmé _ le CD Naïve V 5446.
Geneviève Laurenceau était, avec Lorène de Ratuld, du tout premier CD Durosoir : sa Musique pour violon et piano, dont Aquarelles _ il s’agit du CD Alpha 105. Aquarelles que Lorène de Ratuld, avec Vanessa Szigeti, cette fois au violon, avai(-en)t joué au Palazzetto Bru-Zane en ouverture raffinée du colloque Durosoir, en février 2011, dans le délicieusement baroque salon de musique du Palazzetto ;
un merveilleux souvenir pour moi, ce séjour vénitien,
avec ces déambulatons dans le labyrinthe des calli, et les moments en vaporetto sur la lagune,
en plus de la musique de Durosoir à explorer…
Voilà.
A suivre…
Ce vendredi 11 janvier 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa
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parmi plus de 300 000 titres.

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