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L’héritage littéraire de Bioy, par Eduardo Berti et Edgardo Scott, une superbe conclusion-ouverture de la brillante semaine Bioy à Bordeaux

12oct

L’entretien _ l’héritage littéraire de Bioy _ d’hier vendredi 11 octobre, à 17 h 30,

à l’Auditorium de la Bibliothèque de Bordeaux-Mériadeck,

a merveilleusement tenu toutes ses promesses.

Les deux magnifiques écrivains argentins que sont

Eduardo Berti (né en 1964, à Buenos Aires)

_ dont est sortie la veille, au Castor Astral, L’Ivresse sans fin des portes tournantes _

et Edgardo Scott (né en 1978, à Lanus)

_ dont est sorti au mois de mars dernier, aux Ediciones Godot, à Buenos Aires, un passionnant Caminantes _,

tous deux promis au plus brillant avenir,

nous ont offert un richissime _ lucidissime _ entretien

sur la _ présente _ postérité littéraire et artistique

_ et complètement incherchée par Bioy lui-même, est-il nécessaire de le préciser ?

Seule l’éternité du présent (de la vie, de l’écriture, voire de la lecture…) le passionnait ! _

d’Adolfo Bioy Casares (Buenos Aires, 15 septembre 1914 – Buenos Aires, 8 mai 1999)

en Argentine

et dans tout le monde hispanophone

_ en France, l’œuvre de Bioy, demeurée un peu trop à l’ombre de l’œuvre de Borges,

est encore mal diffusée ;

y compris son chef d’oeuvre

(et c’est aussi l’opinion d’Edgardo Scott et d’Eduardo Berti !),

la partie de son Journal (intitulée Borges) consacrée à ses entretiens quasi quotidiens tout au long de leurs vies avec Borges, non traduite ! pas même l’édition déjà réduite, dite minor

_

en notre XXIéme siècle,

ces vingt ans qui ont suivi son décès.


De même que l’entretien de la veille

_ en ce même superbe Auditorium de la Bibliothèque de Bordeaux-Mériadeck _,

avec René de Ceccatty,

cet entretien-ci a été enregistré,

et sera donc consultable

par tous les chercheurs, les curieux et les amoureux

de l’œuvre multiple, diverse, toujours renouvelée

_ fondamentalement libre en ses propres exigences (de perfection de l’aventure toujours ouverte de sa vive écriture) _

de Bioy _ invétéré humble charmeur…



Ce samedi 12 octobre 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Lampedusa sur Shakespeare, par Enrique Vila-Matas, dans « El Pais » : retourner (et souvent !) aux fondamentaux…

29juin

Un article important d’un notable écrivain contemporain _ Enrique Vila-Matas _ sur un « moderne » important du XXème siècle _ Giuseppe Tomasi di Lampedusa _ se penchant sur un génie toujours intensément nourricier en son « génie » même _ William Shakespeare

(cet essai, « Shakespeare« , est paru, en une traduction en français de Monique Bacelli, aux Éditions Allia en août 2000) :

une mise au point utile quant aux vertus inspirantes de la « vraie » littérature,

dans « El Pais« , encore une fois :

j’avais mis en réserve cet article du 20 juin dernier, en attendant d’avoir la tranquillité d’esprit d’y revenir m’y pencher un peu  _ et « dialoguer » aussi, peut-être, selon l’inspiration, avec lui, comme j’aime… ;

ce qui vient me titiller en tout cas ce lundi matin aux aurores : il est exactement 5h 35 ; je profite de la fraîcheur et de la qualité de silence encore de la nuit ; et de mon « envie » d’écrire…

Voici :

CRÍTICA: EL LIBRO DE LA SEMANA

« Shakespeare según Lampedusa« 

ENRIQUE VILA-MATAS 20/06/2009

El autor de « El Gatopardo«  _ Giuseppe Tomasi, duc de Palma, de Montechiaro, prince de Lampedusa : Palerme, 23 décembre 1896 – Rome, 23 juillet 1957 _ murió sin perder su ironía, ni la « desesperación amable » que había detectado en « La Tempestad«  _ shakespearienne : la première représentation documentée de « La Tempête » eut lieu le 1er novembre 1611, quand la troupe des « King’s Men » joua la pièce devant le roi Jacques Ier et sa cour au palais de Whitehall la nuit de Toussaint. En su ensayo sobre el escritor inglés, se disfruta _ lecteurs tant effectifs que potentiels que nous sommes _ tanto de su gran talento de lector como de su erudito humor.

Hay personas a las que la vida les está esperando sólo al final de la propia vida. Personas de existencias anodinas que, ya cerca de la hora mortal, ven cómo sus mundos empiezan a parecerse a esas novelas en las que no ocurre nada, salvo en las últimas páginas, cuando la acción se precipita vertiginosamente y se encadenan una serie de intensos y gratos sucesos, algunos de los cuales ni siquiera alcanzan ya a vivir los propios interesados, porque les llegan las cosas cuando por desgracia ya han muerto _ ce qui de fait advint pour la reconnaissance éditoriale de l’œuvre d’écrivain du prince de Lampedusa : juste posthume…


« Shakespeare« 

Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Traducción de Romana Baena Bradaschia

Nortesur. Barcelona, 2009

112 páginas. 12 euros

Primeras páginas de ‘Shakespeare’, de Giuseppe Tomasi di Lampedusa

DOCUMENTO (PDF – 456,1Kb) – 18-06-2009

Príncipe siciliano de sólida cultura y particular lucidez _ ce sont des euphémismes _, Giuseppe Tomasi di Lampedusa _ inmenso lector que dejó una única y muy memorable _ certes ; et ravivée et prolongée, pour la dite « mémorabilité« , par le film (très justement !) « culte«  de Luchino Visconti, de même titre, en 1963 : le film fut aussi « Palme d’or«  au Festival de Cannes de 1963… (sur Visconti, vient d’être réédité, avec un chapitre de synthèse supplémentaire, « la part de l’ombre« , le très bel essai de Laurence Schifano : « Visconti : une vie exposée« ) ; fin de l’incise… _

que dejó una única y muy memorable novela, « El Gatopardo » (en français, « Le Guépard«  : la première traduction en français, sur le texte « établi«  par Giorgio Bassani, par Fanette Pézard, fut réalisée en 1959 ; la traduction nouvelle de Jean-Paul Manganaro, parue en mai 2007, reprenant, elle, le texte « établi« , dix ans après le travail de Giorgio Bassani, par Carlos Muscetta…) _ fue una de esas personas cuya vida de pronto se acelera e intensifica _ oui _ de forma extraña hacia el final de sus días. Agobiado en los últimos años por sus problemas físicos (bronquitis, dolores reumáticos, enfisema, obesidad), « emanaba literalmente una sensación de muerte » _ pas moins ! ô combien stimulante ! _ y su tragedia _ baroque, si je puis dire, en un des pays d’apothéose du maniérisme : la Sicile _ fue la coincidencia de su decadencia física con su breve e intenso periodo de creatividad artística, que coincidió con la escritura de « El Gatopardo » y con su urgente actividad ensayística _ aussi ! _, de entre la que destacan, entre muchas otras, las páginas en las que se ocupó de sus admiradísimos Stendhal _ « Stendhal » _ o Flaubert _ ou encore un « Byron« , toujours aux Éditions Allia pour les traductions en français… _ y las que dedicó a Shakespeare _ « Shakespeare« , donc… _ , autor al que parecía conocer _ comme aujourd’hui, par cœur, eux aussi, un Stéphane Hessel ou un Claude Lanzmann : restituant de leur souffle de longues pages de poésie « vénérée » ; nous avons pu en partager la tendresse en leurs si belles conférences dans les salons Mollat _ de memoria , como si fuera su mejor compañero de taberna inglesa _ samedi, lors d’une (magnifique) rencontre d’amis à Bazas (à propos du devenir de notre « Societas Magistrorum Vasatensium« …), la merveilleuse Maylis Coudroy de Lille _ qui suit maintenant on ne peut plus « activement«  des cours de latin et de grec à l’« Université du temps libre«  _ m’a confié avoir rencontré, par hasard, au cours de ses activités (désormais passées) de maire (d’Auros), un amateur de littérature (girondin : je n’en dirai pas davantage) d’un certain âge, ayant appris l’anglais rien que pour la (rare et formidable) joie de lire tout Shakespeare dans le texte ; ainsi, d’ailleurs, que le castillan, pour lire, de même façon, en son jus originel (= en son souffle) , Cervantès (ou, tout au moins, « Don Quichotte« ). C’était là un magnifique fruit de l’enseignement classique (et républicain) français, qui est peut-être en train de vivre ses derniers feux, face à l’acharné pseudo « réformisme moderniste«  utilitariste populiste de nos actuels gouvernants. Fin de l’incise…

Aquellas páginas sobre el enigmático genio de Shakespeare _ páginas en las que se disfruta tanto de su gran talento de lector como de su erudito humor _ se publican ahora entre nosotros, se publican como desgajadas de los dos volúmenes de « Letteratura inglese » que editara Mondadori en 1990 _ merci à l’éditeur désintéressé ! _, treinta años después de la desaparición de Lampedusa _ le 23 juillet 1957, donc. De hecho, toda la obra de este gran autor siciliano fue publicada cuando ya había muerto, de modo que no llegó a saber nada _ mais est-ce si grave ? même pour lui, en sa personne ? Est-ce vraiment pour la reconnaissance (de quelque public « actuel«  que ce soit) que se met à l’œuvre et « se donne« , « se livre«  à son élan, le « génie«  (les « travaillant« …) des auteurs ?.. _

de modo que no llegó a saber nada del reconocimiento póstumo que, gracias a la decisiva intervención de Giorgio Bassani _ autre génial italien, ferrarais lui (et grand ami de cet autre immense ferrarais qu’était Michelangelo Antonioni ) : Giorgio Bassani (né le 4 mars 1916 à Bologne et mort le 13 avril 2000 à Rome) est l’auteur des merveilleux « Jardin des Finzi-Contini » et « Lunettes d’or« … ; pour plus de commodité encore, se procurer l’intégralité de son œuvre ferrarais : « le roman de Ferrare« … ; ainsi que le DVD du sublimissime dernier film d’Antonioni, en 1995 : « Par-delà les nuages«  : à tomber de beauté , puisque (cf Kant !) la beauté est un sentiment !.. _,

tuvo _ sigue teniendo,

es un autor que crece fabulosamente con el tiempo (en effet !!! tel est le privilège des « plus grands » !..) _

su breve e intensa obra. Pocos días antes de irse de este mundo, aún le comunicaba a Gioacchino, su adorado sobrino _ su heredero intelectual y hoy habitante del palacio Butera de Palermo _, la decepción que le había provocado el nuevo rechazo editorial para « El Gatopardo«  : en aquella ocasión una negativa del famoso Elio Vittorini, que, anclado en el arroz amargo _ cf le titre, « Riso amaro« , du film marquant de Giuseppe De Santis, en 1949, avec Silvana Mangano _ del neorrealismo _ Elio Vittorini (né le 23 juillet 1908 à Syracuse et mort le 12 février 1966 à Milan) est l’auteur de « Conversation en Sicile« _, no supo ver _ hélas : la reconnaissance (d’un certain nombre ; voire de tous) tient, ainsi, souvent, de fait, à de telles méconnaissances ! de hasard ! de quelques uns, voire d’un seul… : en matière de « passage« , ou pas, d’un manuscrit au statut, via l’édition (et d’abord la décision d’engagement de l’éditeur !), de livre de papier, en tout cas ! _

no supo ver por ningún lado la grandeza de la novela _ une affaire de focalisation (ou de capacité de « verres de lunettes«  : de celle qui varie, considérablement, « entre microscope et télescope« , dit Proust, dans « Le Temps retrouvé« , me semble-t-il bien… La burocrática carta de rechazo que Vittorini le envío a Lampedusa incluía un chato análisis del libro. « Al menos la reseña está bien escrita« , comentó irónico el moribundo. Murió Lampedusa ignorando el gran cambio de dirección _ celle du « grand succès«  public _ que esperaba a su obra. Murió sin perder su capacidad de ironía, ni la lucidez y « desesperación amable » que él con tanto detalle conocía porque la había precisamente detectado _ tout lecteur lisant aussi, bien sûr, à partir de soi (et de soi se cultivant plus ou moins, au cours de son « expérience«  d’existant : et celle-là peut s’améliorer considérablement en sachant, l’« existant« , « prendre«  de l’âge…) _ en Shakespeare cuando, a través de Próspero, dice en « La tempestad » que su final equivale a desesperación :

« _ And my ending is despair.« 

Esta declaración de lucidez en el epílogo de « La tempestad« , Lampedusa la habría firmado sin rodeos. Porque el elegante clima _ voilà la civilisation : le style comme « climat élégant », en son cas, du moins… _ amablemente desesperado del siciliano al final de su vida recuerda al disgusto general que tenía Próspero con el mundo _ un des sommets de tout le théâtre !!! _ y es, además, parecido _ bien sûr ! _ al disgusto y lucidez terminal del príncipe de Salina, el héroe moral de « El Gatopardo » _ et qu’a su magnifiquement faire « interpréter«  à Burt Lancaster l’immense, lui aussi, élégantissime, Luchino Visconti... Se ha dicho que fue Lampedusa un poderoso poeta de la muerte que supo evocar la ausencia y el vacío _ voilà : et la fin d’une époque… y, por lo tanto, supo entender, al igual que los grandes escritores del siglo XX, la condición del hombre moderno _ un enjeu de fond dont les vilains soubresauts (cf ce que Nietzsche nous dit du « dernier homme« , en son « Prologue«  d’« Ainsi parlait Zarathoustra« , en 1883 : quelle acuité du regard ! à  Rapallo !) nous agitent encore… Pero eso es tan cierto como que esa ausencia y ese vacío posmoderno y el agnosticismo más puro y duro ya estaban en el Shakespeare de la última época _ oui : un autre grand tournant : « du monde clos à l’univers infini« , comme l’a qualifié Koyré en son livre… Después de todo, él siempre fue nuestro contemporáneo _ ici, on se rappellera le livre important (en 1965) de Jan Kott : « Shakespeare, notre contemporain« 

Para Lampedusa no había obra más asombrosamente actual como « Medida por medida«  _ « Mesure pour mesure«  _, donde la atmósfera le recordaba misteriosamente _ cf page 80 et suivantes de l’édition française de ce « Shakespeare«  _ a la Viena de « El tercer hombre« ,  la novela de Greene _ Graham, de son prénom : « Le Troisième homme«  « Ciudad espectral, hecha de prostíbulos, prisiones y desvanes donde lloran mujeres abandonadas« , dice Lampedusa _ page 82 _ de esa Viena avant la lettre que imaginara Shakespeare en los días de su mayor depresión psicológica. Lo que más le sorprende al príncipe de Lampedusa de esa obra tan extraña y tenebrosa _ que él sitúa al mismo nivel de sus otras piezas favoritas : « Enrique IV »  _ « Henri IV » _, « Hamlet« , « Otelo » _ « Othelo » _, « El rey Lear » _ « Le roi Lear » _, « Macbeth » y « Antonio y Cleopatra«   _ « Antoine et Cléopatre » _  _ es el estilo : ese desfile de personajes, la mayor parte de ellos despreciables, « expresándose todos con la más feliz de las elocuencias _ on admirera l’expression ! Monique Bacelli traduit, page 84 : « la plus délicieuse éloquence «  _ que jamás se haya oído de boca humana _ « qui ait jamais franchi les lèvres humaines«  Y todos parecen tener razón ».

Obra extraña en la que Shakespeare le confía a un desconocido carcelero _ « un geôlier anonyme« , page 85 _ uno de sus mejores versos : « insensible of mortality, and desperately mortal » _ à l’acte IV, scène 2, vers 145 de « Mesure pour mesure » : « cette splendeur verbale enveloppe comme un velours précieux le sarcophage où gît notre monde, mort« , poursuit baroquissimement Lampedusa… Obra siniestra en la que el autor está tan desalentado que todo le parece natural. « Ha tocado fondo« , concluye Lampedusa, lector de sutiles percepciones y de una sabiduría especial para comunicarlas. Sus eruditas y a veces alegres líneas sobre Shakespeare no cesan de comunicarnos que la lectura puede hacernos sentir dueños del tiempo _ en accédant à la (rare, cependant) dimension (spinozienne : en « L’Éthique« ) d’éternité ; quand il advient, on ne peut plus incidemment (!!! ce n’est pas sur commande ; ni ne peut, non plus, être instrumentalisé !..), que « nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels« …  _ y que ya sólo por eso la pasión de leer debería ser considerada como la más envidiable actividad _ c’en est une ; en un « acte esthétique« , comme en analyse si superbement bien le détail la grande Baldine Saint-Girons en son opus indispensable : « L’Acte esthétique« _ que hay a este lado del paraíso _ un « vrai » lecteur accédant à cette conscience là, on ne peut plus incongrue à la plupart des autres : ceux qui, paraît-il, n’ont vraisemblablement pas « besoin«  d’avoir lu (ni aimé, encore moins) « La Princesse de Clèves« , pour être à même d’accéder, en y postulant par concours, à un office administratif (subalterne, sans doute) : quel mépris !..

En « Shakespeare » hasta creemos por un momento descubrir que la lúcida desesperación final de Próspero parece haber ayudado al propio Lampedusa a construir el escenario anímico de sus horas finales en el mundo _ telle est la position de fond, ici, d’Enrique Vila-Matas. Hablo de esa representación de sereno agnosticismo de sus últimas horas en esta vida y de la construcción, también lúcidamente desesperada, de su gran metáfora artística, « El Gatopardo« . Porque esta novela parece edificada en las mismas ruinas del mundo moribundo _ oui _ que quiere reflejar, entendiendo por moribundo lo que su autor aplica también a Shakespeare cuando ve que en « La tempestad » expresa « el estado de ánimo del poeta más grande que jamás haya existido » y que « el mundo (así se denomina, entre la gente, nuestro temperamento y nuestro genio interior) llenó de amargura » _ certes : un goût un tantinet amer.

El mundo que acaba por llenarnos de amargura _ au bord, bientôt, de la mélancolie… Desde Shakespeare, ya siempre es igual _ Marcel Gauchet, après Max Weber, parle, pour désigner cela, de « désenchantement du monde«  : l’image peut-elle convenir à quiconque mieux qu’à ce Prospero, saisi, à la toute fin de « La Tempête« , à l’heure où il engloutit, en noyant son livre de « magie« , la panoplie de ses enchantements ?.. El mundo nunca se porta bien con nosotros y aun así le damos _ par (sublime) défi de « départ« , en lieu et place de ressentiment et rancune… _ nuestros mejores versos. Para el temperamento moderno y el genio interior de Lampedusa, esa amargura shakesperiana fue escupida con creces en « Troilo » _ « Troïlus et Cressida » _ y en « Medida por medida« , para poco después ser sublimada _ c’est bien le mot : sublimement surmontée, « dépassée«  _ en una hechizante pieza teatral última, « La tempestad » _ à toujours revenir, sinon regarder jouer, sur la scène d’un théâtre (par exemple l’Odéon, dans la mise en scène et avec les acteurs de Giorgio Strehler !..), au moins lire et relire, chez soi ; et de toute urgence !!! _, permitiendo que al final  _ como le sucediera también al príncipe de Salina al término de sus días _ no pueda hablarse ya de amargura, sino más bien de un recuerdo de la amargura _ la formule (page 123 de la traduction française) est sublime : avec le recul de l’élégance sereine du style _ y de un agotamiento que hace que ya únicamente quiera el poeta lo que han deseado al final tantos en este ingrato mundo : retirarse y olvidar _ un peu et peut-être : sur ce phénomène-là, telle une alternative presque heureuse : « apaisée« , à la si « mauvaise«  abdication (= cauchemardesque !) du roi Lear, on peut lire, il vient juste de paraître, le passionnant essai du toujours infiniment riche Jacques Le Brun (cf par exemple le très beau »Le Pur Amour de Platon à Lacan« , aux Éditions du Seuil, en 2002)  : « Le Pouvoir d’abdiquer _ essai sur la déchéance volontaire«  O, dicho de otro modo, replegarse sobre ellos mismos y oír las mismas campanadas de la medianoche que oía su querido Falstaff ; y « terminar de una vez por todas« .

Terminar es el verbo _ en un « adieu », aussi ; un « chant du cygne«  : c’est un (dernier) défi à la « perte«  et au « rien«  Como si al final lo que importara fuera escribir _ oui : sinon un testament, aussi ; du moins « testamentairement«  _  como un hombre en su último día de vida _ oui : à hauteur de l’éternité qui, en nous tançant, de son « espèce » (comportant la dimension exaltante de la hauteur), face à l’« espèce«  un peu plus coutumière, familière, quotidienne, du temps (et son indépassable, certes, mortalité), nous incite, âme et corps, à nous « relever«  A lo largo de su « Shakespeare« , Lampedusa parece que esté viendo siempre al gran poeta en su escena terminal _ Acte V, scène 1 _, recostado en su amable desesperació

_ je me permets de citer ici in extenso la sublime tirade de Prospero,

avec l’éloge de toute la puissance de l’« art«  rendant d’autant plus intense et sublime l’acte de la « renonciation«  :

« I’ll drowne my book !« 

« Ye elves of hills, brooks, standing lakes and groves,
And ye that on the sands with printless foot
Do chase the ebbing Neptune and do fly him
When he comes back; you demi-puppets that
By moonshine do the green sour ringlets make,
Whereof the ewe not bites, and you whose pastime
Is to make midnight mushrooms, that rejoice
To hear the solemn curfew; by whose aid,
Weak masters though ye be, I have bedimm’d
The noontide sun, call’d forth the mutinous winds,
And ‘twixt the green sea and the azured vault
Set roaring war: to the dread rattling thunder
Have I given fire and rifted Jove’s stout oak
With his own bolt; the strong-based promontory
Have I made shake and by the spurs pluck’d up
The pine and cedar: graves at my command
Have waked their sleepers, oped, and let ’em forth
By my so potent art.
But this rough magic
I here abjure, and, when I have required
Some heavenly music, which even now I do,
To work mine end upon their senses that
This airy charm is for, I’ll break my staff,
Bury it certain fathoms in the earth,
And deeper than did ever plummet sound
I’ll drown my book.
 » _

Puis, tout à la fin,

les divers comptes pendants ayant été, un à un, réglés,

l’épilogue,

Prospero seul en scène :

« Now my charms are all o’erthrown,

And what strength I have’s mine own,

Which is most faint : now, ’tis true,

I must be here confined by you,

Or sent to Naples. Let me not,

Since I have my dukedom got

And pardon’d the deceiver, dwell

In this bare island by your spell ;

But release me from my hands :

Gentle breath of yours my sails

Must fill, or else my projects fails,

Which was to please. Now I want

Spirits to enforce, art to enchant,

And my ending is despair,

Unless I be relieved by prayer,

Which pierces so that it assaults

Mercy itself and frees all faults.

As you from crimes would pardon’d be,

Let your indulgence set me free.« 

Por eso el clima de este libro parece hermano de sangre del « eterno pero no inmóvil sofocante atardecer » _ « un étouffant coucher de soleil, éternel mais jamais figé« , traduit Monique Bacelli _ que Lampedusa percibió en el « Quijote«  (ver su ensayo sobre « Stendhal » _ à la page 62 de la traduction française, aux Éditions Allia _) y también del clima sofocante en el que se sumergió el propio Lampedusa cuando supo que su final equivalía a desesperación y tener que escribir siempre como si fuera el último día.

Al final sólo una idea : apartarse del burdo mundo, irse. Y morir. Aun así, respiraba humor _ ou l’élégance fondamentale du style. Hasta cuando viajaba a Oxford o Liverpool, y veía por todas partes al simpático Enrique VIII, « el más inglés de los reyes« , y se lo encontraba por los rincones más insospechados de esas ciudades. Lo veía en el imponente carretero que se cruzaba en su camino y también en el cervecero que sacaba de su negocio a un borracho. Y en todos esos lugares reencontraba la cordial corpulencia, las patillas rojizas, la fría majestad del rey rollizo, después de todo simpático soberano y en realidad sombra de Falstaff _ en effet ! _, aquel otro gran genio que siempre estuvo muy atento, aun en medio de las más excepcionales algarabías, a las campanadas que podían recordarle con puntualidad la desesperación última :


« _ Hemos oído los carrillones de la medianoche, Master Shallow« .

www.enriquevilamatas.com

Un grand article

sur un grand auteur-lecteur

(ou lecteur-auteur : est-ce dissociable ? Non !)

sur un (autre) génie

(= « créateur » audacieux en même temps qu' »exemplaire« ,

selon l’analyse que fait Kant de ce concept de « génie » en sa « Critique de la faculté de juger« )

de la littérature.

Merci !


Titus Curiosus, ce 29 juin 2009


Post-scriptum :

On pourra se réjouir beaucoup

à ajointer

à cette lecture amoureuse de l’œuvre de Shakespeare par ce très grand lecteur-auteur qu’est Giuseppe Tomasi di Lampedusa,

cette autre lecture amoureuse de l’œuvre (opus par opus) de Shakespeare que laissa le très grand lecteur-traducteur, lui, qu’est Jean-Jacques Mayoux :

« Shakespeare« , paru en janvier 1992 aux Éditions Aubier ;

une merveille aussi…

De Ben à l’Atelier Cézanne à Aix, à Jeff Koons chez Louis XIV à Versailles

10sept

Suite aux « petites réflexions » sur « Art et Tourisme » (« à Aix _ et ailleurs« ) ; puis sur « Tourisme et Environnement _ dans le massif du Mont-Blanc » : à propos de l' »installation » _ visible dès demain _ d' »œuvres » de Jeff Koons au Château de Versailles…

Sur une des blogs invités par le journal Le Monde _ le blog « Qu’est-ce que l’art (aujourd’hui) ? » _ , on trouve, en date d’aujourd’hui, ceci _ selon mon habitude, je mets en gras ce qu’il me plaît de souligner :

09 septembre 2008

Jeff Koons au château de Versailles

jeff-koons-lobster.1220945639.jpg Demain, c’est l’ouverture de la rétrospective Jeff Koons au château de Versailles. Au total, 16 pièces ont ainsi pris place, et jusqu’en décembre prochain, entre les appartements du roi et la Galerie des Glaces. « Art contemporain » versus « Ère du Roi-Soleil » ? Avouons-le, de ce côté-ci de l’Atlantique, on attendait l’artiste américain, phare du flashy et fan du kitsch plutôt à Londres, et dans le très grand « Hall des Turbines » de la Tate Modern…

Mais à la “surprise” générale, c’est à Versailles, dans le château XVIIe siècle du Roi-Soleil, au cœur même des appartements du Roi et de la Reine, qu’il faudra donc se rendre pour prendre la mesure de cette rétrospective, première du genre sur le sol français. Parmi ces 16 pièces, une seule, Split Rocker, avec ses 12 mètres de haut et son installation interne de 90.000 plantes, est postée à l’air libre devant l’ »Orangerie ». Les 15 autres s’égrènent dans les pièces du château : Lobster, une langouste en acier et aluminium peint et pendu comme un jouet gonflable, dans le « Salon de Mars » (voir image ci-dessus) ; Rabbit, un lapin en acier chromé placé dans le « Salon d’Abondance » ; Balloon Dog dans le « Salon d’Hercule », un bouquet de fleurs en bois polychrome dans la « Chambre de la Reine » ; enfin, une Marilyn scotchée à une panthère rose baptisée « Pink Panter » dans le « Salon de la Paix ».

“Les habitués seront étonnés […], confiait Jeff Koons dans le dossier de presse. Mais j’aimerais qu’on ait le sentiment d’embrasser le futur. Le temps est une ligne continue qui se perpétue à travers les Arts et les artistes. […] Versailles ? Oui, je suis emballé par ce défi royal, c’est mon plus beau projet.”

Une récente adjudication à New-York de l’une de ses pièces à plus de 23 M$, et le tableau de cette exposition versaillaise se fait plus précis ; d’autant que, pour cet événement, François Pinault est le mécène principal, présent à hauteur de quelque 2 M€. Cela ajoute sans doute à l’enthousiasme ambiant.

Pourtant, cette exposition ne fait pas l’unanimité.

Jeff Koons à Versailles, certes, le ton est donné : du grand, de la démesure, des installations imagières rigolotes et narcissiques, le tout bien coté et valant une petite fortune, car appartenant aux plus grandes collections de la planète (Pinault, Joannou, Fearnley, Broad). A y regarder de plus près, ce profil d’artiste ressemblerait aussi et de plus en plus à son feu compatriote pop, grand brasseur de business lui aussi : Andy Warhol. Pour l’anecdote, dans le « Salon d’Apollon », Jeff Koons a choisi d’exposer son autoportrait tout en marbre…

Au-delà d’une œuvre chère et en apparence simplette qui plaît aux grands comme aux petits, que peut bien chercher Jeff Koons : la notoriété ? l’argent ? les femmes ? Il semble que sa période sexe et picturale, inspirée de son idylle avec la Cicciolina son ex-épouse, qui fit scandale en son temps à la Biennale de Venise (1990), soit du passé. Cet artiste de 53 ans, cravaté et corseté dans son beau complet tout neuf, se concentre visiblement maintenant sur la réussite de ses affaires et la trace artistique qu’il souhaite laisser.

Pour avoir quelques clés et mieux appréhender ces œuvres ainsi que l’engouement qu’elles peuvent susciter, il est sans doute préférable de pointer le jeu volontaire et décalé de leur l’échelle, les matériaux hétéroclites qui, agencés selon les soins de ses ateliers bien organisés, troublent un instant (est-ce un ballon gonflé ? de l’acier ? du bois ? de la peinture ?). Mais quoi qu’il se passe, le recours à une représentation qui fait référence quasi systématiquement à un univers enfantin et populaire renvoie aussi au style Disney.

09 septembre 2008

Commentaires

  1. Non, non… il n’y a pas du tout de “surprise générale”… Jeff Koons en France et à Versailles, c’est dans l’ordre des choses…
    Il y a 10 ans ou plus, Alisson Gingeras arrivait au Centre Pompidou, dont le président était Jean-Jacques Aillagon, avec le projet d’une expo Koons… Aujourd’hui et depuis plusieurs années, Alisson Gingeras, à la suite de Jean-Jacques Aillagon, gère la collection Pinault, grand collectionneur de Koons.
    10 ans donc que le milieu de l’art contemporain attend cette rétrospective : le rêve. « Rédigé par Sylvie Philippon« 
  2. Où est la “vision” ?
    Où est l’âme ?
    Que cette œuvre “gentiment” régressive et “poliment” nihiliste soit l’expression servile du pouvoir de l’argent, n’indispose donc personne !
    Faut-il que ces messieurs nous aient fait dégorger toute notre mœlle pour que nous nous vautrions gaiement là-dedans !f »Rédigé par Bats and Swallows« 
  3. Quand on sait que l’un des principaux collectionneurs de Jeff Koons est François PINAULT, au demeurant il a bon goût, et que le responsable du Château de Versailles est Jean Jacques AILLAGON, ancien ministre de la culture, mais aussi proche collaborateur de PINAULT quand celui ci imaginait installer sa fondation d’art contemporain sur l’Île Seguin à Boulogne, et aujourd’hui à Venise, on se dit qu’il y avait sans doute un intérêt réciproque à la rencontre de Versailles, son château et Jeff Koons.Cela étant, on ne peut s’empêcher de craindre dans cette histoire un quelconque intérêt _ voire affaire de gros sous _ pour glorifier la rencontre du Kitsch US et celle du classicisme Français.Allez, la vipère n’est pas bonne conseillère, quand elle utilise sa langue ! »Rédigé par  Thierry« 
  4. Le lien que vous faites entre Warhol et Koons me semble judicieux (je le fais aussi !). J’avais vu la rétrospective Warhol à Bruxelles il y a quelques années. Ce qui m’avait le plus ému, c’étaient ses photos en noir et blanc et ses petits films, notamment celui consacré à sa petite égérie de la Factory (dont le prénom m’échappe sur le moment). Je n’ai jamais vu, “en vrai” du moins, une œuvre de Koons, et, pour être honnête, je ne me déplacerai pas spécialement à Paris pour voir la rétrospective de Versailles (à moins que quelque mécène, Jean Jacques Aillagon peut-être, m’offre le séjour !). J’ai plutôt tendance à penser ainsi : de Warhol à Koons, une Amérique enfantine et grandiose, certes, mais peut-être dérisoire ? J’ai envisagé de publier sur mon propre blog (L’Amour délivre), une fois n’est pas coutume s’agissant d’un blog littéraire, un article sur le sujet… De la même façon que beaucoup se rendent compte aujourd’hui que Picasso était probablement plus un virtuose qu’un génie (si j’en crois le dossier Bacon du Monde 2 de samedi dernier, Francis Bacon semblait le penser aussi…), il est probable que la trace laissée dans l’histoire de l’Art par nos deux acolytes américains ne sera pas celle que reflète leur cote du moment ! D’autres, dont on parle un peu moins (Marc Rothko par ex.), prendront leur place, insensiblement : c’est souvent ainsi ; il y a les œuvres du moment, et celles qui grandissent dans la durée, et ce ne sont pas nécessairement les mêmes, loin s’en faut ! mais vous savez cela aussi bien que moi. J’apprécie vos articles, mesurés, bien écrits et… “instructifs”, comme on disait autrefois, dans ma tendre enfance ! Bravo.
    Joël Bécam « Rédigé par: joelbecam « 

Comme pour les commentaires des lecteurs de l’article de « Libération » de vendredi 5 septembre « Le Mont-Blanc broie du noir » à propos des dangers de la « surfréquentation touristique »

_ cf mon « Du tourisme (suite) : une surfréquentation destructrice » _,

les commentaires des lecteurs du blog « Qu’est-ce que l’art (aujourd’hui) ? » ne nécessitent guère de commentaire, pour prolonger les réflexions que j’esquissais à partir de la présence d’une expo Ben _ et du panneau « L’Art m’emmerde » _ aux portes du « sanctuaire » qu’a pu être le « Musée-Atelier » du Chemin des Lauves (et atelier de Paul Cézanne, entre 1902 et 1906)…


Corinne Rondot interrogée à propos de l' »expo Koons » à Versailles dans l’émission _ d’Arnaud Laporte _ d’entre 12 heures et 13 heures 30 sur France-Culture ce mercredi, se demandait qui avait le plus à « gagner » de l' »Art classique » et de l »Art contemporain » à pareille « installation », « confrontation », « cohabitation »… Une réflexion que je livre ici telle quelle…


Michel Fraisset, Directeur de l' »Atelier Cézanne » (d’Aix-en-Provence), fait _ cf mes 4 articles « Art et Tourisme à Aix » _ du « lieu » internationalement attractif, à Aix, dont il a la responsabilité (« touristique »), un « lieu de culture ouverte » _ caractérisé « surtout » par sa « convivialité« , le « partage » et des « émotions«  : dont profitent les artistes (et les œuvres) invités ;

mais qui peut retentir aussi sur le regard (titillé malicieusement par un « L’Art m’emmerde« ) posé par les visiteurs-amateurs sur un maître admiré, voire vénéré, tel que Paul Cézanne…

Dans le cas des « Galeries », « Salons » et « Chambres » (royaux et royales) de Versailles, existe aussi une « mise en mouvement » à double-sens _ du présent vers le passé ; et du passé vers le présent _ des regards (et pensées) des regardeurs-spectateurs _ du moins potentiellement, « en puissance », dirait Aristote…

Cependant, l’aura _ et la cote sur le marché international _ de Jeff Koons s’augmente(nt) passablement de pareille « rétrospective » en un tel lieu ; davantage que s’enrichit la gloire de Versailles…


Soit un avatar de plus de ce qui se passa ici en 1870, en 1919, et même en 1940, avec le « passage » en ces mêmes « Galeries » et « Salons », non seulement d’un Bismarck ou d’un Foch, mais aussi d’un certain Adolf Hitler…

« Le Roi s’amuse » aussiauraient dit un Victor Hugo _ en son théâtre _ ;

un Pascal _ en ses « Pensées » _ ;

ainsi qu’un Giono _ dans le terrible « Un roi sans divertissement« …

Qu’on relise surtout les « Lettres » de Madame de Sévigné sur ses visites « enchantées » _ et les éblouissants « medianoche » en musique _ à Versailles ;

et le duc de Saint-Simon, en ses « Mémoires« …


Titus Curiosus, ce 10 septembre

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