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Relecture-révision de l’article du 28 décembre 2020 : « L’apparentement des Ducos du Hauron d’Algérie avec les Gadel, par plusieurs dames Rey : Marie-Eugénie-Hortense, Aimée-Laurence, et Marie-Louise »

30nov

Voici les résultats, corrections et ajouts, de ma relecture de l’article du 28 décembre 2020 :

Le long temps passé sur les données disparates, telles qu’au fur et à mesure, elles sont devenues, et une par une, accessibles sur le web, des parentés familiales des Ducos du Hauron d’Algérie et des Gadel au cours des quatre premières décennies du XXe siècle, à la recherche de la pièce de ce puzzle qui les connecterait enfin très effectivement, m’a permis de découvrir avec assez de probabilité de vérité, ce lien qui, jusqu’à présent, n’était jamais apparu, encore, avec l’éclat d’une entière clarté d’évidence parfaite de parenté.

Ce lien concerne, pour commencer, et en prémices, la présence suivie, mais toujours particulièrement discrète _ chaque fois isolée de son propre contexte familial spécifiquement Rey ; ce qui accentuait ma difficulté… _, de plusieurs dames née Rey, successives, parmi deux familles : celle de la branche « algéroise-algérienne » des Ducos du Hauron, d’une part, et celle de la famille provençale des Gadel, d’autre part :

soit 1) Marie-Eugénie-Hortense Rey, première épouse _ leur mariage a eu lieu au Grand-Serre (Drôme) le 6 avril 1867 _ de Victor-Alexandre-Philémon Gadel, et mère de ses enfants

_ Marie-Eugénie-Hortense Rey est née au Grand-Serre le 21 mars 1848 ; et décèdera au Grand-Serre le 9 septembre 1880 ;

et Victor-Alexandre-Philémon Gadel est né à Tarascon, le 12 octobre 1835 ; et décèdera à Marseille le 27 septembre 1927 _,

2) Aimée-Laurence Rey, épouse _ à Orléansville, le 11 mars 1905 _, puis veuve _ à Alger, le 30 mars 1930 _, de Victor-Nicolas-Benjamin Gadel ;

et enfin 3) Marie-Louise Rey _ née, mais j’ignore où, en 1879 : sans plus de précision… _, épouse _ mais j’ignore toujours précisément où et quand… _, de Marie-Louis-Amédée Ducos du Hauron _ et non pas son frère Henri-Amédée-Lionel (Agen, 9 février 1866 – Agen, 11 juillet 1866).

Il est aussi plus que probable, mais manquent pour le moment les preuves formelles absolument décisives, qu’existent des liens de parenté proprement et directement Rey _ mais lesquels ? Je vais bientôt le découvrir… _ entre ces trois dames, toutes trois en effet nées Rey.

C’est là le principal résultat, et en dépit des lacunes _ et des flous _ qui demeurent encore au sein de la généalogie des Ducos d’Algérie que je suis parvenu à, tant bien que mal, à peu près reconstituer _ alors que, cependant, demeurent, et je dois y insister, de très importantes lacunes ! _, en ces récentes journées passées à défricher et déchiffrer de multiples données, éparses, que j’ai essayé d’abouter le plus justement possible les unes aux autres ;

c’est-à-dire avec le plus possible de vraissemblance et probabilité de justesse, en dépit de ces « taches aveugles » qui continuent, faute de disposer enfin de preuves décisives de la nature de ces liens, qui continuent de résister à mes efforts d’enquête…

En tout cas, là se trouve la raison qui fait qu’en quelques faire-part de décès de certains des Gadel, figurent des Ducos du Hauron ; comme en certains des décès des Ducos du Hauron, figurent également des Gadel.

Voilà qui finit par mettre la puce à l’oreille…

Et c’est précisément là que finit par éclater au regard la réalité de l’apparentement effectif de ces deux familles, dans la première moitié du XXe siècle, et en Algérie.

Ce lundi 28 décembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Les apports à mon article en date du 28 décembre 2020, concernent donc la découverte des lieux _ tous au Grand-Serre, là même où elle est née le 21 mars 1848 _ et dates et du mariage (le 6 juin 1867) et du décès (le 9 septembre 1880) de Marie-Eugénie-Hortense Rey,

la mère de Victor-Nicolas Benjamin Gadel, le futur époux d’Aimée Laurence Rey ;

et par là futur beau-frère de Marie-Louise Rey et son époux Amédée Ducos du Hauron…

Et le 27 mai 1877,

toujours au Grand-Serre, au domicile des grands-parents maternels, Jean-François-Régis (dit Benjamin) Rey (né au Grand-Serre le 8 décembre 1816 ; et qui décèdera, chez lui, au Grand-Serre, le 11 juillet 1880), et son épouse, puis veuve, Eugénie-Catherine-Louise Sibert,

naîtra le 27 mai 1877 Jeanne-Marie-Louise-Adélaïde Gadel, une petite sœur de Victor-Nicolas-Benjamin Gadel (Le Grand-Serre, 8 juillet 1872, et qui décèdera à Alger le 30 mars 1830) ; l’époux à Orléansville, le 11 mars 1905, de sa cousine Aimée-Laurence Rey ; elle-même fille de l’oncle maternel de l’enfant, Jean-Anatole-Firmin Rey (né au Grand-Serre le 10 juin 1845, époux de l’orléansvillaise Adélaïde Gentet ; et qui décèdera à Oran le 28 janvier 1890)…

Aimée-Laurence Rey, future épouse de son cousin Victor-Nicolas-Benjamin Gadel, étant la sœur cadette de Marie-Louise Rey, née _ toujours hélas sans plus de précisions… _ en 1879, à Orléansville, et qui épousera Amédée Ducos du Hauron _ probablement à Orléansville ; et peut-être le 21 janvier 1897 ; cf la présence ce jour-là à Orléansville de Gaston Ducos du Hauron (au mariage de son frère Amédée ?) mentionnée sur son livret militaire

J’ignore le lieu et la date de naissance d’Aimée-Laurence Rey, mais elle est probablement née, comme sa sœur Marie-Louise, à Orléansville,

où ont été domiciliés leurs parents jusqu’à leur départ, le 22 septembre 1883 _ mentionné sur le livret militaire de Jean-Anatole Rey _ pour Oran (où tous deux décéderont prématurément : Adélaïde Gentet, à l’âge de 31 ans, le le 5 juilet 1886 ; et Jean-Anatole Rey, à l’âge de 45 ans, le 28 janvier 1890.

Et comme je n’ai pas trouvé mention de l’éventuelle naissance à Oran au cours des années 1883 à 1886 d’Aimée-Laurence Rey, je suppose que celle-ci est probablement née, entre 1879, l’année de la naissance de sa sœur aînée Marie-Louise, et le 22 septembre 1883 _ la date du décès de leur mère Adélaïde Gentet _, et à Orléansville, comme sa sœur aînée Marie-Louise en 1879…

Voilà pour les apports à la connaissance de ce que j’avais appris et rédigé à la date du 28 décembre 2020…

Ce mardi 30 novembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Poursuite de la recherche d’indices parmi le réseau des constellations familiales autour des Ducos du Hauron d’Algérie…

10jan

Mon début de recherche d’indices susceptibles de confirmer la validité des hypothèses que j’avançais encore assez prudemment sur quelques filiations au sein de la branche « algéroise – algérienne » des Ducos du Hauron,

cette branche qui naît de l’union d’Amédée Ducos du Hauron et son épouse Marie-Louise Rey,

s’avère bien plus riche et fécond que je ne me le suis figuré hier,

en commençant à rédiger mon article :

Car j’ai d’abord bien plus clairement pris conscience du cousinage très effectif  existant entre celle qui deviendra, le 30 mars 1930, Madame Veuve Gadel,

et celui qui, le 9 mars 1905 à Orléansville, était devenu son époux…

Puisque Victor-Nicolas Benjamin Gadel (Le Grand Serre, 1872 – Alger, 1930), le mari d’Aimée-Laurence Rey _ la future « Mme Vve Gadel » d’à partir du 30 mars 1930… _, n’est autre que le fils aîné de celle, Marie-Eugénie-Hortense-Rey, qui se trouve être la sœur cadette du propre père d’Aimée-Laurence Rey, Jean-Anatole-Firmin Rey _ d’une famille du Grand Serre, un village tout au nord du département de la Drôme…

Ce qui a pour conséquence que la venue en Algérie, en sa carrière militaire, de Victor-Nicolas-Benjamin Gadel, au mois d’octobre 1903 _ au régiment du 1er Tirailleurs algériens _, préalable à la rencontre de sa future épouse, probablement à Orléansville, où Aimée-Larence Rey était domiciliée _ possiblement chez un de ses oncles Gentet, qui pourrait être Louis Gentet (conseiller municipal à Orléansville) : Frédéric et Jacques Gentet, les frères de Louis et de la défunte Adélaïde, ayant quitté, eux, Orléansville pour Alger... _ paraît de moins en moins résulter d’un pur hasard…

J’ai aussi mis le doigt sur la présence renouvelée de divers membres de la famille Ducros, en particulier à Aumaledès les opérations militaires de conquête de l’Algérie, par le maréchal Bugeaud. 

Sans que je sois pour le moment en mesure d’identifier les filiations entre ces différentes personnes portant le patronyme de Ducros, en liaison avec leurs situations, de nature administrative, à Aumale ; ainsi, aussi, mais plus tardivement, qu’à Azazga (qui fera partie de la « commune mixte » du Haut-Sébaou), mais cette fois pour des raisons de colonisation agricole.

Ainsi, le capitaine Ducros, appartenant au 64e régiment de ligne, et « chef du bureau arabe du poste d’Aumale« , « s’est particulièrement distingué à l’attaque de la première position » des insurgés kabyles, au Djurjura, et « a été grièvement blessé d’un coup de feu à la cuisse« , est-il rapporté dans le Mémorial d’Aix (des 30 mai et 3 juin 1847).

Plus tard, la carrière d’administrateur-adjoint de Henri Ducros,

dont la famille est installée depuis les années 80 du XIXe siècle à Azazga, et en l’occurrence son père, Henri Ducros, et sa mère née Philomène Roussel _ le numéro de L’Écho d’Alger du 24 juillet 1931 comporte le faire-part de décès de Madame Veuve Henri Ducros, née Philomène Roussel, décédée, à l’âge de 71 ans, le 19 juillet 1931, à Azazga ; faire-part sur lequel figurent Mme et M. Henri Ducros et leurs enfants Yves et Raymond, MM. Ducros Edmond, Ducros Alphonse et son fils Jean-Pierre, Ducros Paul-Henri, et leurs familles…) _,

passe, entre février 1915 (où Henri Ducros est nommé administrateur-adjoint de la commune mixte de Sidi-Aïssa) et décembre 1919 (où il est nommé administrateur de la commune d’Aumale), par le poste d’administrateur-adjoint de la commune mixte du Haut-Sébaou, dont le centre principal est, justement, Azazga.

À suivre…

Ce dimanche 10 janvier 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’apparentement des Ducos du Hauron d’Algérie avec les Gadel, par plusieurs dames Rey : Marie-Eugénie-Hortense, Aimée-Laurence et Marie-Louise…

28déc

Le long temps passé sur les données disparates, telles qu’au fur et à mesure, elles sont devenues, et une par une, accessibles sur le web, des parentés familiales des Ducos du Hauron d’Algérie et des Gadel au cours des quatre premières décennies du XXe siècle, à la recherche de la pièce de ce puzzle qui les connecterait enfin très effectivement, m’a permis de découvrir avec assez de probabilité de vérité, ce lien qui, jusqu’à présent, n’est jamais apparu, encore, avec l’éclat d’une entière clarté d’évidence parfaite de parenté.

Ce lien concerne, pour commencer, et en prémices, la présence suivie, mais toujours particulièrement discrète _ chaque fois isolée de son propre contexte familial spécifiquement Rey ; ce qui accentuait ma difficulté… _, de plusieurs dames née Rey, successives, parmi ces deux familles : celle de la branche « algéroise-algérienne » des Ducos du Hauron, d’une part, et celle de la famille provençale des Gadel, d’autre part :

soit Marie-Eugénie-Hortense Rey, première épouse _ j’ignore encore en quel lieu et à quelle date eut lieu leur mariage _ de Victor-Alexandre-Philémon Gadel, et mère de ses enfants ;

Aimée-Laurence Rey, épouse _ à Orléansville, le 11 mars 1905 _, puis veuve _ à Alger, le 30 mars 1930 _, de Victor-Nicolas-Benjamin Gadel ;

et enfin Marie-Louise Rey _ née, mais j’ignore où, en 1879 : sans plus de précision _, épouse _ mais j’ignore et où et quand… _, de Henri-Amédée Lionel Ducos du Hauron.

Il est aussi plus que probable, mais manquent pour le moment les preuves formelles absolument décisives, qu’existent des liens de parenté proprement et directement Rey _ mais lesquels ? _ entre ces trois dames, toutes trois en effet nées Rey.

C’est là le principal résultat, et en dépit des lacunes _ et des flous _ qui demeurent encore au sein de la généalogie des Ducos d’Algérie que je suis parvenu à, tant bien que mal, à peu près reconstituer _ alors que, cependant, demeurent, et je dois y insister, de très importantes lacunes ! _, en ces récentes journées passées à défricher et déchiffrer de multiples données, éparses, que j’ai essayé d’abouter le plus justement possible les unes aux autres ;

c’est-à-dire avec le plus possible de vraissemblance et probabilité de justesse, en dépit de ces « taches aveugles » qui continuent, faute de disposer enfin de preuves décisives de la nature de ces liens, qui continuent de résister à mes efforts d’enquête…

En tout cas, là se trouve la raison qui fait qu’en quelques faire-part de décès de certains des Gadel, figurent des Ducos du Hauron ; comme en certains des décès des Ducos du Hauron, figurent également des Gadel.

Voilà qui finit par mettre la puce à l’oreille…

Et c’est précisément là que finit par éclater au regard la réalité de l’apparentement effectif de ces deux familles, dans la première moitié du XXe siècle, et en Algérie.

Ce lundi 28 décembre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Nouvel aperçu récapitulatif sur la poursuite de mes recherches sur les cousinages cibouro-luziens de Maurice Ravel (avec l’ajout du 6 septembre 2020 au 11 octobre 2020)

14oct

En prolongement de mon déjà exhaustif  du 2 septembre dernier,

voici, ce jour, mercredi 14 octobre 2020,

un bref nouvel ajout récapitulatif de mes recherches ravéliennes cibouro-luziennes,

comportant 5 nouveaux articles,

à partir du 6 septembre, et jusqu’au 11 octobre compris :

_ le 6 septembre :  ;

 _ le 4 octobre :  ;

_ le 5 octobre :  ;

_ le 6 octobre :  ;

_ le 11 octobre :  .

Rechercher des faits à découvrir, établir et valider,

implique

en plus d’une certaine culture, déjà _ mais cela se forge peu à peu, avec la constance d’un peu de patience _, du domaine à investiguer,

et d’une relativement solide mémoire _ potentiellement infinie en ses capacités de se repérer à (voire retrouver) des éléments faisant maintenant fonction d’indices… _ grâce à laquelle se trouver en mesure de puiser et se connecter avec efficacité et si possible justesse

une capacité, fondamentale _ très au-delà de la paresse des simples compilations de travaux antérieurs ! _, de forger _ par audace (voire génie : en toute humilité !) d’imageance (cf ici les travaux de mon amie Marie-José Mondzain)… _ des hypothèses _ si peu que ce soit vraisemblables en leur très essentielle visée de justesse… _ de recherche

accompagnées, bien sûr, aussi, de processus pragmatiques afin de, le plus (et le mieux) possible, valider-confirmer ces hypothèses _ Montaigne, lui, parlait d’« essais«  ; un mot que lui a repris, avec la fortune que l’on sait, Francis Bacon, en son Novum organum, en 1620… _,

c’est-à-dire prouver _ avec rigueur _ leur validité de vérité !

_ cf ici le Popper bien connu de La Logique de la découverte scientifique ;

et aussi les si fins travaux, pour ce qui concerne plus spécifiquement les démarches des historiens, de Carlo Ginzburg :

Le Fil et les traces, Mythes, emblèmes, traces, Rapports de force : histoire, rhétorique, preuve, A distance, Le juge et l’historien, etc.

Un minimum de culture épistémologique ne fait jamais de mal en pareilles entreprises

pour mieux asseoir qualitativement l’effort de découvrir de l’insu (ou même du caché)…

Ce mercredi 14 octobre 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Sur le calendrier de « la solution finale » : la suite du débat historiographique Edouard Husson / Florent Brayard

27fév

 A défaut d’un vrai commentaire du nouvel article, cette fois d’Édouard Husson (« Comprendre les origines de la Shoah _ Réponse à Florent Brayard« ), ce 26 février ; en réponse à celui, le 12 février dernier, de Florent Brayard (« Shoah : l’intuition et la preuve _ retour sur le processus décisionnel« ) critiquant son livre « Heydrich et la solution finale« ,

à propos de l’établissement du calendrier des décisions de « programmation » effective et des ordres de mise en œuvre sur le terrain, de la « solution finale« , par les Nazis,

ce courrier, hier soir, à un ami historien :

De :   Titus Curiosus

Objet : La réponse d’Edouard Husson à Florent Brayard sur laviedesidees.fr
Date : 26 février 2009 21:08:01 HNEC
À :  Flavius Historicus

Cher Flavius,

Je n’ai hélas pas le temps de « travailler » un peu (= lire attentivement et réagir par quelques premiers commentaires, en « Candide »)
à la passionnante réponse d’Edouard Husson à la critique de son « Heydrich et la solution finale »
en son article récent sur laviedesidees.fr
« Shoah : l’intuition et la preuve _ retour sur le processus décisionnel« …

Ce que l’on peut espérer,
c’est qu’un débat sur le fond
et sur les méthodes
va pouvoir se développer sérieusement
_ au delà des questions de rivalités personnelles ou d’équipes ou d’écoles…

Florent Brayard avait déjà apporté, en son article, quelques réflexions sur la vertu, sinon des « erreurs », du moins des « hypothèses »
qui avait un peu retenu mon attention
dans ma lecture de son article
;

et sur laquelle j’avais développé surtout mon commentaire,
un peu « épistémologiquement », sans creuser vraiment sur le fond du débat ;

mon optique étant seulement de relayer (un peu) l’article
et donner l’envie de lire les livres
, sur mon blog de la librairie Mollat…

Mais je vous transmets immédiatement ce nouvel article (de réponse) d’Edouard Husson
« Comprendre les origines de la Shoah _ Réponse à Florent Brayard »

qui alimentera utilement votre réflexion plus compétente que la mienne…

Bien à vous,

Titus Curiosus

Voici ce nouvel article :
« Comprendre les origines de la Shoah« 


Réponse à Florent Brayard

par Édouard Husson [26-02-2009]

Domaine : Histoire

Mots-clés : Shoah | nazisme | méthodologie

En réaction au compte rendu que Florent Brayard a donné de son ouvrage sur « Heydrich et la solution finale« , Édouard Husson a tenu à corriger ce qui lui apparaît comme des erreurs de lecture. Mais ce qui transparaît surtout, c’est une divergence sur la méthode historique. Comment écrire l’histoire d’un événement dont les principaux acteurs ont supprimé les documents ? Édouard Husson milite pour une autre forme d’enquête historique.

Je remercie Florent Brayard pour le long compte rendu qu’il consacre à mon ouvrage « Heydrich et la solution finale« . La discussion entre chercheurs fait partie, éminemment _ certes : c’est capital ! _, de la vie scientifique. Et il est fréquent que soient exprimés des désaccords de fond. Florent Brayard a publié chez Fayard en 2004 un gros livre intitulé « La “solution finale de la question juive” _ La technique, le temps et les catégories de la décision« . Il s’agit de la première contribution d’un chercheur français au débat international sur le calendrier de la mise en œuvre de la Shoah par les dirigeants nazis _ rien moins ! Et je n’ai aucun doute : le livre de Brayard est un livre magistral _ dont acte ! Cela ne m’empêche pas d’être en désaccord foncier avec lui sur un certain nombre d’éléments d’interprétation _ les choses se font passionnantes…

Ces désaccords, qu’il lui est facile de constater, Florent Brayard les fait découler d’un certain nombre d’erreurs _ voilà bien le terme décisif ; et qui avait retenu (positivement : par sa fécondité ! cf Bachelard, ou Alain…) ma curiosité « épistémologique«  (et poïétique : cf aussi Cornélius Castoriadis, là-dessus ; par exemple dans son opus magistral : « L’Institution imaginaire de la société« ) _ que j’aurais commises. Le terme est suffisamment répété, dans son compte rendu, pour attirer l’attention. Brayard finit même par un paragraphe sur le statut de l’erreur en histoire _ oui !.. J’ai fauté, mais je révèle quand même quelque chose du degré de complexité auquel est parvenue la recherche sur l’histoire du génocide. Felix culpa !

Pourtant, en regardant de près le compte rendu, on peut juger que Brayard présente souvent mon argumentation sous un jour biaisé, donnant au lecteur une idée déformée de ma démonstration. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à la rédaction de la Vie des Idées de pouvoir répondre à son texte.

Ici débute donc l’article de « réponse«  argumentée d’Édouard Husson à Florent Brayard…

Mutations dans le processus de décision hitlérien

Je donnerai un premier exemple. Florent Brayard résume de façon abrupte l’une des thèses de mon livre par la formulation suivante : selon Husson, « la décision d’exterminer les Juifs fut prise au tout début du mois de novembre 1941« . Je n’ai jamais formulé les choses de cette manière. Toute ma démonstration consiste à restituer le processus de radicalisation _ voilà le concept-clé ! _ au sein du quatuor Hitler-Göring-Himmler-Heydrich. Je défends, documents à l’appui, la thèse selon laquelle une première version de la « solution finale de la question juive en Europe » a été conçue avant même la campagne contre l’Union Soviétique, qui commence le 22 juin 1941. Les nazis imaginaient qu’ils gagneraient la guerre contre l’URSS en quelques mois ; et ils envisageaient donc que, dès l’automne 1941, ils seraient en mesure de commencer le regroupement concentrationnaire des Juifs soviétiques, puis la déportation généralisée des Juifs d’Europe vers l’Union Soviétique conquise, dans un processus de « génocide lent » _ autre concept-clé ici d’Édouard Husson. À partir du moment où la guerre contre Staline s’enlisa, Hitler se trouva devant un dilemme : fallait-il attendre la victoire pour commencer la déportation généralisée des Juifs ? ou bien commencer sans attendre ? C’est pour cette deuxième option que se décida le dictateur ; et cela impliqua l’accélération immédiate _ voilà le concept qui vient préciser, temporellement (= en son « tempo«  de mise en œuvre), le concept précédent de « radicalisation«  _ du processus génocidaire : tant que l’on ne possédait pas les vastes espaces soviétiques pour procéder à une « extermination par le travail forcé » des Juifs, ces derniers devaient être regroupés plus à l’Ouest. Les dirigeants nazis, au terme de controverses complexes, aux échelons supérieurs et intermédiaires du régime et de l’administration d’occupation, se mirent d’accord pour assassiner les Juifs d’Europe centrale et occidentale par le gaz, sur le territoire polonais _ les Juifs soviétiques _ eux _ étant toujours plus largement exterminés là où ils vivaient _ en territoires progressivement conquis _ par des commandos de tueurs (Einsatzgruppen, Ordnungspolizei, Waffen SS).

J’ai donc défendu la thèse que trois décisions _ ou plutôt trois impulsions (successives) _ hitlériennes _ du Führer lui-même _ avaient été nécessaires pour le passage au génocide immédiat : en juillet 1941, le Führer incite à l’intensification des massacres de Juifs en URSS ; en septembre 1941, il autorise la déportation des Juifs du Grand Reich (Allemagne, Autriche, Bohême-Moravie) vers la Pologne ou les Pays Baltes ; en novembre 1941, il franchit le pas décisif : tous les Juifs d’Europe seront soumis sans attendre la fin de la guerre au processus de « solution finale« . Cela équivaut donc bien à un ordre d’extermination généralisée ; mais il doit être relu dans une évolution _ temporelle _ des instructions toujours plus génocidaires _ voilà le cœur de la thèse d’Édouard Husson _ données par Hitler au cours de l’année 1941.

Florent Brayard ne se contente pas de simplifier ma thèse au point de la rendre simpliste. Il la fait reposer entièrement sur un élément de preuve qui est chez moi secondaire _ une déclaration de Himmler à son masseur Kersten, le 11 novembre 1941 _ et néglige les témoignages plus solides sur lesquels je m’appuie pour mettre en valeur ce basculement de novembre 1941 (quand certains de nos collègues chercheurs situent le tournant décisif en septembre ou en décembre) : en particulier les propos de Hitler lui-même _ indices des décisions-ordres, base de tout… _, dont j’entreprends une analyse très détaillée pour la période qui va du 25 octobre au 10 novembre ; mais aussi la conférence de presse secrète tenue par Alfred Rosenberg ; et l’article publié par Josef Goebbels dans « Das Reich« , à la mi-novembre 1941, qui témoignent _ voilà le fond de l’hypothèse sur ce qu’il d’agit d’exhumer _ de leurs conversations avec le dictateur sur le sujet de l’extermination à venir des Juifs _ dont l’idée-projet est la racine de tout ; la question étant celle des éléments progressifs de la mise en œuvre (si « techniquement«  difficile, comme l’énonce le Reichsfürher Himmler en ses deux discours de Poznan des 4 et 6 octobre 1943 ; cf mon précédent article du 13 février : « de l’hypothèse au fait : la charge de la preuve _ un passionnant article de Florent Brayard à propos du “Heydrich et la solution finale” d’Edouard Husson, quant à la datation de la “solution finale”, avant la conférence de Wannsee« 

Le contexte géopolitique est essentiel.

Le plus important de ma démonstration est cependant le lien que j’établis entre la détérioration de la configuration géopolitique pour l’Allemagne nazie et l’accélération hitlérienne du passage au génocide. Or, curieusement, Florent Brayard fait très peu allusion à cet aspect de mon livre dans son compte rendu. Une Europe dominée par Hitler aurait été dans tous les cas une « Europe sans Juifs« . Avant la guerre, les nazis imaginent l’émigration forcée des Juifs du Reich et, pourquoi pas, une « solution » concertée au niveau international de la « question juive« . À partir du moment où la guerre est déclenchée, les Juifs du Reich et de l’Europe conquise deviennent des otages entre les mains de Hitler, qui croit dur comme fer au « complot juif mondial » qui serait à l’origine de la guerre _ en effet, c’est une pensée obsédante de Hitler _ ; et imagine, entre 1939 et 1941, qu’en menaçant d’exterminer les Juifs, il pourra faire pression sur des dirigeants placés « sous la coupe des Juifs » à Paris, à Londres ou à Washington. Il faut se rappeler que Hitler prend, au deuxième semestre 1940, la décision d’attaquer l’URSS alors que son projet d’origine a échoué : il ne sera pas en mesure, par la faute de Churchill, de trouver l’accord avec la Grande-Bretagne dont il rêvait ; et il lui faut donc, pense-t-il, pour impressionner Londres et dissuader Washington d’entrer en guerre, gagner vite la guerre contre une Russie « pourrie par le judéo-bolchevisme« . La « solution de la question juive en Europe » devient alors partie intégrante de la stratégie globale. L’Allemagne nazie ne sera en mesure d’assurer sa domination sur le continent européen qu’à partir du moment où tous les Juifs en auront disparu _ telle est en effet l’idée-force obsédante de Hitler… Hitler le fait comprendre, on ne peut plus clairement, dans un discours du 30 janvier 1941, où il reprend, en la radicalisant, sa déclaration du 30 janvier 1939, par laquelle il avait annoncé que les Juifs d’Europe seraient les premières victimes d’une guerre mondiale.

Une première forme du génocide des Juifs planifiée dès le printemps 1941

C’est dans cet état d’esprit que les principaux dirigeants nazis préparent la campagne contre l’Union Soviétique : la « solution finale de la question juive en Europe » fait partie intégrante de la planification. Comme le souligne Florent Brayard, pour le déplorer, je mets _ bien _ en question le consensus historiographique selon lequel aucun ordre d’extermination n’a été formulé avant le 22 juin 1941. Ainsi va la recherche : pendant longtemps, les historiens ont pensé que toute la Shoah avait été planifiée _ tout est dans le processus de mise en œuvre sur le terrain des opérations peu à peu programmées _ avant le déclenchement de la guerre germano-soviétique ; ensuite est venue une école d’historiens, plus attentive à la complexité du processus révélé par les documents _ en particulier au rôle des initiatives prises _ lieu par lieu ; moment par moment _ par les agents locaux du génocide _ qui a douté et, au contraire, défendu la thèse selon laquelle rien (!) n’avait été planifié avant juin 1941 : la Shoah serait progressivement sortie de la radicalisation de la guerre, à partir d’août 1941. Florent Brayard se rattache à cette école ; dans son ouvrage, il défend même une version extrême de la thèse, puisque, pour lui, la Shoah n’est vraiment décidée qu’en juin-juillet 1942, lorsque Himmler lance l’Aktion Reinhard (l’extermination systématique des Juifs de Pologne) et inaugure les installations de gazage d’Auschwitz.

Plus je travaille sur la genèse de la Shoah, moins ce nouveau consensus historiographique me satisfait _ le questionnement se fait toujours progressivement… Travaillant à la fois _ aux tenants et aboutissants des chaînes de décisions et applications ; en s’efforçant de reconstituer les processus de terrain _ sur les processus de décision au sommet du régime et sur la mise en œuvre de la Shoah sur le terrain, en Ukraine, je ne peux pas rendre compte de l’ampleur des massacres dès le deuxième semestre 1941 (500 000 morts pour la seule Ukraine dans ses frontières d’aujourd’hui dans le cadre de la « Shoah par balles » _ cf le passionnant livre du Père Patrick Desbois : « Porteur de mémoires : sur les traces de la Shoah par balles«  _ entre juin et décembre 1941) sans reprendre de fond en comble la question de la planification avant le 22 juin 1941. Bien entendu, je reconnais, avec les historiens de l’école à laquelle se rattache Florent Brayard, l’importance _ aussi ; après il s’agit d’évaluer au plus juste (objectivement !) les poids respectifs de chacun des éléments de ces « chaînes«  _ des initiatives prises par les agents du génocide sur le terrain pour la radicalisation très rapide _ en effet _ du processus de tuerie. Mais je pense avoir montré que cette initiative ne porte que sur le choix des moyens _ pas sur la programmation organisée des ordres même _ du génocide : la radicalisation de l’été et de l’automne 1941 est impensable sans l’impulsion meurtrière totale _ voilà le moteur de tout le processus _ donnée depuis Berlin ; et qui s’ancre dans un long processus de maturation de la mentalité génocidaire _ en amont de la programmation effective des ordres eux-mêmes _ qui a commencé dès la planification de la campagne de Pologne ; et a atteint un degré inouï lors de la planification de la guerre contre l’URSS.

C’est pourquoi je défends la thèse _ la voilà _ qu’une première conception de la « solution finale » avait été planifiée _ le terme est important _ dès le printemps 1941. Ce n’était pas exactement la Shoah telle qu’elle s’est effectivement déroulée _ voilà l’acquis des discussions scientifiques de ces vingt dernières années _ mais c’était déjà un projet _ commencé d’élaborer, donc, selon Édouard Husson _ de génocide : il aurait été plus progressif que la Shoah ; et aurait plus eu recours à la mort provoquée par famine ou par le travail forcé que ce que nous connaissons. Il est de mon point de vue impossible de comprendre le passage, extrêmement rapide, au judéocide, dès l’été 1941 en URSS puis à l’automne 1941 en Pologne, sans voir que le massacre généralisé avait déjà été souhaité et conçu _ échafaudé sur le papier… _ par les dirigeants nazis. Tel est bien le cœur de ma thèse ; et c’est là ce que Florent Brayard refuse absolument _ voilà donc ce dont il y a à débattre ici et maintenant, pour les historiens, en ce début de 2009…

Le projet de déportation à Madagascar est déjà génocidaire

À l’été 1940, les nazis travaillèrent à un projet de déportation des quatre millions de Juifs sous leur domination vers Madagascar. C’était à la fois un héritage de la période d’avant-guerre, où les dirigeants du Reich avaient espéré un « règlement international » de la « question juive » ; et le signe d’un basculement vers le génocide. J’y vois _ et c’est un élément important de l’apport historiographique propre d’Édouard Husson _ un maillon essentiel dans la marche à la planification concrète du génocide. La plupart de nos collègues jugent le projet « irréaliste » ; c’est sans doute vrai ; mais je prends au sérieux, pour ma part, la brutalité des conceptions développées par le Ministère des Affaires étrangères et par la SS, pour y voir une mutation majeure _ c’est la contribution de cette analyse du « Projet Madagascar«  à la thèse d’Edouard Husson sur les enchaînements de la mise en œuvre de « la solution finale«  (ou « Shoah« ) _ dans la planification de la persécution des Juifs. Florent Brayard sous-estime considérablement _ presque tout est affaire de nuances (ou degrés) dans la prise en compte de l’importance respective des diverses données au processus global… _ la brutalité qui aurait accompagné ce processus de déportation et de réinstallation forcée. Peut-on imaginer un seul instant que les bateaux envisagés par Adolf Eichmann auraient été, sinon des paquebots de luxe, du moins des moyens de transport confortables ? Combien de déportés auraient-ils survécu au transport ? Combien auraient-ils supporté la transplantation dans un nouvel environnement ? La population locale aurait-elle accepté la coexistence imposée ? Surtout, les plans élaborés par les hommes de Heydrich témoignent plutôt du projet de mettre les Juifs au travail dans des structures concentrationnaires que de leur permettre d’établir des kibboutzim.

J’ai relevé dans le projet des hommes de Heydrich la mention d’un Vorkommando de la Sicherheitspolizei (la police commandée par Heydrich) chargé de surveiller la réinstallation des Juifs sur place. Brayard est choqué de ce que j’y voie une préfiguration de la logique des Einsatzgruppen, les groupes d’intervention de la SS et de la police, qui seront à l’œuvre, un an plus tard en URSS. Il affirme que Vorkommando est un terme neutre : « D’ailleurs, selon le Langenscheidts Grosswörterbuch Französisch« , écrit-il, « un Vorkommando est “un détachement précurseur (chargé de préparer le campement)”. Rien, vraiment, de criminel à cela« . Je me permets de rappeler que le Vorkommando est, dans la terminologie des SS, une avant-garde d’Einsatzgruppe, chargé de préparer l’arrivée du reste des troupes (Sic). ; et que, contrairement à la traduction donnée dans la version française de « La Destruction des Juifs d’Europe » de Raul Hilberg (« groupe mobile de tuerie« ), qui donne une interprétation réductrice de leur champ d’action, les Einsatzgruppen étaient conçus à la fois pour organiser le marquage et la déportation des Juifs ; et pour éliminer d’emblée, parmi eux, les individus jugés dangereux. Deux versants d’une politique génocidaire, à court et moyen terme, dont on trouve l’embryon _ en ce concept consiste la thèse ici d’Édouard Husson _ dans la conception du plan Madagascar, véritable « laboratoire » _ tout s’élaborant, peu à peu _ des plans de « solution finale » rédigés au printemps suivant.

Florent Brayard me fait dire que des chambres à gaz étaient planifiées par les nazis à Madagascar. En fait, je relève simplement qu’il était question, à l’été 1940, de faire contribuer le personnel de l’Aktion T4, chargé de la mise à mort des aliénés et des handicapés en Allemagne, au projet Madagascar. Nous n’avons que quelques indices, mais ils me semblent suffisants _ tout est dans la nuance de l’évaluation _ pour se demander si l’idée de Himmler n’était pas de profiter de l’infrastructure de T4 pour mettre à mort des Juifs âgés, malades, handicapés ou aliénés que l’on n’aurait ainsi plus à déporter vers Madagascar. Les structures d’extermination par le gaz qui servaient déjà à l’euthanasie depuis le début 1940 auraient ainsi pu servir à se débarrasser, en Europe, d’emblée _ avant même l’embarquement _, d’une petite partie des Juifs à déporter. Quant à imaginer que le personnel de T4 aurait pu être sollicité uniquement pour assurer du transport, cela reviendrait à envisager le document, rien que lui, hors de tout contexte, au risque de se laisser prendre au camouflage linguistique des nazis _ toujours important : cf, par exemple, Victor Klemperer : « LTI : la langue du IIIème Reich _ carnets d’un philologue«  On voit bien les limites d’une telle approche lorsque les sources sont peu nombreuses à nous être parvenues. Derrière les organisations de transport de T4, faut-il le rappeler, se camouflait une entreprise d’extermination qui fit _ déjà pas moins de _ 70 000 morts entre janvier 1940 et août 1941.


Le rôle des Einsatzgruppen en URSS

Florent Brayard écarte rapidement ma relecture du rôle et du comportement des Einsatzgruppen en URSS en 1941. Pourtant, je propose un schéma complexe, que je peux résumer ainsi :

_ Les Einsatzgruppen se voient confier la tâche, avant le 22 juin 1941, à la fois d’éliminer d’emblée le plus possible des « agents du judéo-bolchevisme » ; et de préparer le regroupement concentrationnaire du reste de la population juive d’URSS, qui devra avoir lieu après la victoire contre l’URSS. On est donc d’emblée dans un cadre génocidaire ; mais il est prévu que la majorité des Juifs soient soumis à un génocide lent, « d’extermination par le travail » _ nous avons vu l’importance des rythmes (et « tempo« ) dans la mise en œuvre sur le terrain des décisions prises à la tête, auprès d’Hitler… Lorsque l’Allemagne dominera définitivement le continent (c’est une question de six mois, pour les dirigeants nazis, au printemps 1941), alors elle pourra commencer à déporter les Juifs de toute l’Europe vers l’URSS conquise et les faire mourir progressivement de la même façon que les Juifs soviétiques.

_ Progressivement, dans le courant de l’été 1941, les unités de la SS et de la police sont conduites à radicaliser leurs tueries. L’historiographie des années 1990 mettait l’accent sur la radicalisation à la base. On sait aujourd’hui que l’impulsion est venue d’en haut, en particulier de Himmler _ sur l’action duquel mon attention (de non historien) a été aussi attirée… _, qui est quasiment en permanence sur le terrain pour inciter les unités de la SS et de la police à tuer toujours plus de Juifs.

_ Au plus tard en septembre _ 1941 _, les communautés juives sont systématiquement exterminées. Il s’agit bien de la première étape de la Shoah, qui a commencé avant celle des camps d’extermination en Pologne. L’assassinat massif des Juifs soviétiques devait, dans la logique folle des nazis, permettre de gagner la guerre contre Staline. Il s’agissait simplement d’une accélération régionale au sein d’un processus globalement envisagé _ voilà parfaitement rappelée à cette occasion-ci la thèse d’Édouard Husson _ depuis le printemps, d’élimination globale des Juifs d’Europe ; au lieu d’un processus étalé sur plusieurs années, il devait être réalisé _ désormais : par accélération ; du fait de l’évolution rapide des opérations de guerre… _ le plus vite possible. Cette accélération _ voilà  _ a lieu peu après _ aussi _ en Pologne ; et elle concerne au plus tard au printemps 1942 les Juifs de toute l’Europe dominée par les nazis.

J’y insiste : pour qu’une telle accélération ait été possible, il fallait que les esprits _ et à divers échelons de pouvoir _ aient été disposés _ activement, pratiquement, technologiquement aussi _ au génocide dès le début de l’année 1941. C’est ce qui m’amène à réinterpréter _ ah ! _ des documents clés de la période. Je pense pouvoir montrer que le procès-verbal de la Conférence de Wannsee (20 janvier 1942) contient un noyau _ concept à nouveau décisif de l’analyse des faits par Édouard Husson _ rédigé un an auparavant par Heydrich. C’est aussi ce qui m’amène à proposer une datation beaucoup plus précoce pour les « directives pour le traitement de la question juive à l’Est« , un document largement négligé par la recherche et que je pense pouvoir dater de mars 1941. Florent Brayard reconnaît que c’est la partie la plus neuve de la démonstration. En laissant de côté le débat technique sur la traduction du procès-verbal ; et la confusion de deux de mes arguments, l’essentiel ici est la contestation de ma méthode.

Une réfutation un peu courte

Florent Brayard me traite de « disciple d’Edgar Poe« . On a vu plus mauvaise école. Il écrit en effet à mon propos : « À l’instar du héros de « La Lettre volée«  d’Edgar Poe, il croit avoir découvert le document que tous les historiens cherchaient sans se rendre compte qu’ils l’avaient sous les yeux. Dès la fin de l’année 1940 ou au début de 1941, en effet, Heydrich avait rédigé et présenté à Hitler et à Göring une première planification de la “solution finale”, que nous connaissons seulement par des références indirectes. Ce document fondamental, dont la découverte nous permettrait de mieux comprendre la genèse de ce programme, aurait, à en croire Husson, toujours été là, à portée de vue : il se serait tout simplement agi de l’exposé de Heydrich à Wannsee…« . Effectivement, je suis sur ce point d’accord avec Brayard ; telle est mon intuition fondamentale, que j’ai essayé d’étayer dans mon livre. Pour être plus précis, je dirai que le cœur de l’exposé de Heydrich à Wannsee, tel que le retrace le procès-verbal de la Conférence, me semble reprendre le plan rédigé un an plus tôt. Pour arriver à cette conclusion, je suis effectivement parti de l’idée que la compréhension de la genèse de la Shoah _ c’est bien l’objet de la recherche, et d’Édouard Husson;  et de Florent Brayard _ avait forcément beaucoup de points de ressemblance avec une enquête de police _ « Historia«  signifiant bien « Enquête« , depuis Hérodote_ sur un crime. Je suis bien un « disciple d’Edgar Poe« . La méthode déployée dans « La Lettre volée » n’a-t-elle pas une valeur épistémologique fondamentale ? Les criminels _ y compris nazis, tout méthodiques qu’ils étaient dans l’effacement des traces de leurs actes _ laissent toujours plus de traces de leurs cheminements de pensée qu’ils ne le pensent.

Florent Brayard met le doigt sur ce qui nous sépare méthodologiquement. Confronté, comme lui, à la destruction sciemment entreprise d’une partie des sources par les criminels eux-mêmes, je constate la faiblesse d’une lecture qui tend à isoler _ sans les relier entre eux, en leur genèse on ne peut plus matérielle, en quelque sorte _ les documents les uns des autres. Plutôt qu’à une telle méthode, qui me semble tomber sous le coup des critiques que l’on a pu faire à l’école positiviste des historiens, j’ai largement recours, comme Brayard le remarque lui-même, « à la génétique textuelle » _ la méthode est bien le nœud de l’affaire ! _ pour tenter de reconstituer _ avec souci de vérité objective la plus rigoureuse _ une chronologie cohérente _ non irrationnelle, fantasmatique _ du processus _ effectif (et en toute sa « chaîne ») _ de décision. Il se peut que ma thèse soit un jour sérieusement remise en cause, soit grâce à la découverte d’un document inconnu, soit par des méthodes d’analyse différentes des miennes. Pour réfuter ma démonstration, il faudra cependant avoir une discussion méthodologique plus approfondie que celle que mène Brayard ici.

Il est curieux, d’ailleurs, d’écrire un compte rendu aussi long pour finalement traiter le cœur de la démonstration de « fantaisie« . C’est un peu court ! Tout se passe comme si Brayard voulait bien faire voler en éclat mon argumentation sans pouvoir faire autre chose que la prendre de biais, en mettant l’accent sur des questions annexes et en taisant des éléments essentiels. À vrai dire, je trouve cela bien dommage. Je pense que nous aurions à gagner, tous les deux _ et la connaissance historique tout court ! toujours en mutation : ne jamais le perdre de vue ; elle progresse !.. _, à entrer dans un vrai débat _ qu’il se profile serait d’excellent augure ! et combien plus riche de sens que les épouvantables sinistres pantalonnades d’un quasi auto proclamé « Monseigneur«  Williamson ! qu’on prenne soin de lire bien le détail de son tout récent « acte de repentance«  !… _ entre chercheurs qui ont des méthodes différentes mais certainement complémentaires _ pour le profit de l’avancement de la connaissance du réel historique ; et de la vérité…

par Édouard Husson [26-02-2009]

Aller plus loin
Sur La Vie des Idées, voir la recension du livre d’Edouard Husson par Florent Brayard, « Shoah : l’intuition et la preuve _ retour sur le processus décisionnel« .

Voilà ; à suivre :

c’est ainsi, par le débat argumenté, que progresse la connaissance, à partir des progrès de la recherche

sur l’analyse et la compréhension des « faits », à établir ; et avérer…

Je ne rappellerai pas ce que j’ai dit en mon article précédent du 13 février (« de l’hypothèse au fait : la charge de la preuve _ un passionnant article de Florent Brayard à propos du “Heydrich et la solution finale” d’Edouard Husson, quant à la datation de la “solution finale”, avant la conférence de Wannsee« ) de l’importance épistémologique du concept de « falsification« , de Karl Popper, en sa « Logique de la découverte scientifique« 


Vive la recherche ! Vivent les enseignants-chercheurs !..


Titus Curiosus, ce 27 février 2009

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