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La « Psyché » retrouvée de Lully (la tragédie lyrique de 1678), sur un livret de Thomas Corneille et son neveu Fontenelle, par Christophe Rousset et ses Talens lyriques…

20fév

Dans l’entreprise en progrès, année après année, d’enregistrement discographique de ce que l’on peut nommer aujourd’hui l’ensemble des « opéras » de Jean-Baptiste Lully (1632 – 1687),

Christophe Rousset, à la tête de ses Talens lyriques, vient de donner, cette fois au label Château de Versailles Spectacles, pour le n° 16 de la collection « Opéra français » de ce label,

la tragédie lyrique en un prologue et cinq actes, sur un livret de Thomas Corneille (1625 – 1709) et son neveu Bernard Le Bovier de Fontenelle (1657 – 1757), « Psyché« , de Jean-Baptiste Lully (1632 – 1687), créée le 19 avril 1678 à l’Académie royale de musique, à Paris,

soit le double CD CVS 086, d’une durée de 144′ 49.

Voici ce que, sous le titre de « Psyché retrouvée« , sur son site Discophilia, et en date du 17 février dernier, nous en rapporte l’excellent Jean-Charles Hoffelé.

PSYCHÉ RETROUVÉE

Privé de Quinault (1635 – 1688)) tombé en disgrâce auprès de la Montespan qui avait cru se reconnaître sous les traits de Junon trompée dans l’intrigue d’Isis, le précédent opéra _ et un précédent enregistrement de Christophe Rousset pour le label Aparté, en 2016 (AP 216) _ du Florentin, Lully dut trouver au débotté un librettiste et un sujet pour son nouvel ouvrage. Impossible de rompre le rythme annuel qui lui était vital, où son inspiration se ressourçait.

Pourquoi ne pas revenir à Psyché, lui souffla Thomas Corneille. Lullyavait écrit quelques musiques pour cette tragédie-ballet _ de même titre _, occasion de son ultime collaboration avec Molière (1622 – 1673) avant la brouille des deux Baptiste, où parut le jeune Quinault, mettant sa plume aux airs (et Lully très probablement lui-même aux arias italiennes), alors que l’illustre Pierre Corneille, frère aîné (1606 – 1684) de Thomas, suppléait Molière, pris de court, pour les vers des quatre derniers Actes.

Lully dût éprouver un certain plaisir au demi-caractère _ qui semble en partie annoncer Rameau (1683 – 1764) _ que Thomas Corneille infusa avec Fontenelle à un livret aussi brillant que vite troussé, comédie entre des Dieux et une mortelle, pleine de doubles sens, de sous-entendus, d’enlèvement spectaculaire et de palais enchanté, d’un ton léger qui conservait un peu du divertissement initial, jusqu’aux figures de la comédie italienne qui paraîtront lors du divertissement final.

Cette tragédie lyrique très peu tragique jusque dans son acte infernal est aussi singulière que merveilleuse _ un aspect non négligeable de l’opéra baroque... Christophe Rousset, rompu à Lully, en trouve l’élégance poétique, le ton badin, la haute fantaisie, animant un orchestre virtuose et sensible qui restitue avec brio autant la forge des cyclopes dont l’effet fit grand bruit à la création au château de Saint-Germain-en-Laye le 19 avril 1678, que le tableau des enfers, plus mélancolique que sinistre.

Touchante Psyché, Ambroisine Bré l’est absolument (écoutez seulement « Par quels noirs et fâcheux passages » de l’Acte IV), alliant la récitation noble et le chant diseur (elle assure également l’air de La Femme affligée à l’Acte I), face à un Amour en jeune homme un peu benêt subtilement _ comme toujours _ campé par Cyril Auvity et la Vénus jalouse, vénéneuse, de Bénédicte Tauran.

Une troupe inspirée les entoure, faisant briller ce bijou secret du théâtre lullyste enfin fêté _ oui ! _ à sa juste valeur.

LE DISQUE DU JOUR

Jean-Baptiste Lully
(1632-1687)


Psyché, LWV 56

Ambroisine Bré, mezzo-soprano (Psyché, Une femme affligée)
Cyril Auvity, ténor (Vertumne, Amour en jeune homme, Mercure)
Bénédicte Tauran, soprano (Vénus, Une muse)
Robert Getchell, ténor (Vulcain, Un homme affligé, Une furie)
Deborah Cachet, soprano (Amour, Aglaure, Une nymphe)
Eugénie Lefebvre, soprano (Flore, Cidippe, Une seconde nymphe,
Une seconde muse)

Philippe Esthéphe, baryton (Jupiter, Un homme affligé, Un premier satyre)
Anas Séguin, baryton (Lycas, Le Roi, Momus, Le Fleuve, Une troisième furie)
Matthieu Heim, baryton-basse (Mars)
Fabien Hyon, ténor (Palémon, Silène, Zéphire, Une seconde furie, Bacchus)
Zachary Wilder, ténor (Apollon, Zéphire, Un second satyre)
Dominique Bonnetain, ténor
Benoît Porcherot, ténor

Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction

Un album de 2 CD du label Château de Versailles Spectacles CVS086

Photo à la une : le claveciniste et chef Christophe Rousset – Photo : © DR

Une très belle réussite !

Ce lundi 20 février 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le beau chemin parcouru de Véronique Gens dans l’opéra baroque français : de Lully à Charpentier, en passant par Collasse et Desmarets…

09sept

Véronique Gens poursuit vaillamment sa passionnante exploration des beaux airs de l’opéra baroque français des XVIIéme et XVIIIéme siècles

_ ici le XVIIéme siècle, pour des airs créés de 1665 (pour le Ballet de la naissance de Vénus, de Lully) à 1694 (pour la Circé de Desmarets) _,

avec un nouveau CD Alpha,

le CD « Passion » Alpha Classics 747 ;

comme nous en informe l’article intitulé Dire de Jean-Charles Hoffelé sur son site Discophilia.

DIRE

L’Opéra du Grand Siècle est _ oui ! _ l’un des objets favoris de l’art de Véronique Gens, déjà illustré _ en effet _ par deux albums _ intitulés « Tragédiennes » en 2006 et 2009 ; et même un troisième, en 2011 _ pour Virgin. Elle change de cavalier, le geste vif et le son coupant de l’Ensemble les Surprises succédant aux magnificences des Talens Lyriques.

Sujet principal, le grand style _ oui ! _ des emplois à baguette (Magiciennes, Reines) comme Lully (1632 – 1687) les aura une fois pour toute imposées _ oui ! _ au genre _ magnifique _ de la tragédie lyrique. Il avait ses héroïnes _ interprètes _, Melle Saint-Christophe, Marie Le Rochois, qui auront posé les canons de la déclamation noble _ voilà ! _  alliée à une puissance dramatique _ en effet ! _ où le mot de Quinault (1635 _ 1688) disait autant _ en effet ! et on ne le soulignera jamais assez ! _ que les notes de Lully.

Dès le sombre air d’Arcabonne tiré d’Amadis (1684), le ton de l’album est donné, Véronique Gens restera une souveraine diseuse _ oui, et c’est bien là une nécessité absolue en ce magnifique répertoire _ pour tout ce qui, dans ce programme constituant un opéra imaginaire, ressort de Lully (la grande scène de Cérès tirée de Proserpine (1680)), mais les pures merveilles seront les découvertes, la Junon de l’Achille et Polyxène (1687) de Collasse merveilleux compositeur (1649 – 1709), bien incompréhensiblement méconnu et joué… _, le grand air de caractère de l’Eolie pris dans la Circé (1694) de Desmarets (maître absolu du genre décidément trop peu documenté _ lui aussi (1661 – 1741)… _ au disque)

_ que l’on écoute les 2 CDs de La Simphonie du Marais, que sont Un Portrait musical de Jean de La Fontaine (paru en 1995), avec l’air sublime du suicide d’Astrée, de L’Astrée (1691) de Pascal Collasse sur un livret de La Fontaine (cf mon article détaillé du 3 juillet 2020 : ) ; ainsi que La Diane de Fontainebleau (paru en 1998), de Henry Desmarets, sous la direction de Hugo Reyne…

La Simphonie du Marais, Hugo Reyne, Christian Asse Jean de La Fontaine - Un portrait musical

La Diane De Fontainebleau - Desmarest, Henry

Deux sommets : sa Cybèle d’Atys (1676) où entendre son grand dessus se saisir d’Espoir si cher et si doux fait songer à Jennifer Smith, et l’air et la scène de fureur de la Médée (1693) de Charpentier (1643 – 1704). Belle présence des Chantres (le sommeil de La Diane de Fontainebleau (1686)), direction sentie de Louis-Noël Bestion de Camboulas (les Canaries du Bourgeois gentilhomme (1670)), est-ce l’amorce d’une nouvelle série d’albums où Véronique Gens continuerait d’herboriser la tragédie lyrique, allant vers des ouvrages plus en aval ? Qui sait.

LE DISQUE DU JOUR

Passion

Airs et pièces d’orchestre de Jean-Baptiste Lully (Amadis, LWV 63 ; Proserpine, LWV 58 ; Ballet du temple de la paix, LWV 69 ; Atys, LWV 53 ; Ballet de la naissance de Vénus, LWV 27 ; Le Bourgeois gentilhomme, LWV 43 ; Armide, LWV 71 ; Persée, LWV 60 ; Le triomphe de l’amour, LWV 59 ; Alceste, LWV 50), Pascal Collasse (Achille et Polyxène, Thétis et Pélée), Henry Desmarets (Circée ; La Diane de Fontainebleau), Marc-Antoine Charpentier (Médée, H. 491)

Véronique Gens, soprano
Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles
Ensemble Les Surprises
Louis-Noël Bestion de Camboulas, direction

Un album du label Alpha Classics 747

Photo à la une : la soprano Véronique Gens – Photo : © DR

Ce jeudi 9 septembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

L’Armida de Salieri (1771) enregistrée par les Talens lyriques et Christophe Rousset, avec l’excellente Lenneke Ruiten en Armide…

27août

L’Armida, de Salieri (en 1771),

vient d’être enregistrée, dirigée par Christophe Rousset, à la tête de ses Talents lyriques _ en un double CD Aparté AP244.

Avec l’excellente Lenneke Ruiten en Armide.

Un article de Jean-Charles Hoffelé, intitulé « Armide re-réformée« , nous en avise ce jour, sur le site Discophilia.

Le voici :

ARMIDE RE-RÉFORMÉE

Gluck puis Traetta avaient rhabillé la magicienne au goût du jour, le premier héritant encore du livret de Quinault _ pour Lully _, le second s’en démarquant pour son Armida écrite pour Vienne en italien (1761). Dix ans plus tard _ en 1771, donc _, Salieri – sur un livret habile de Marco Coltellini réduisant les protagonistes à un quatuor – multipliait les inventions dans son dramma per musica qui prenait bien des libertés avec le genre de l’opera seria.

D’une plume habile, il ouvre les structures, créant un continuo dramatique surprenant entre les airs, les duos, les interventions du chœur, les divertissements et les scènes dramatiques, et habillant le tout d’un univers qu’un orchestre melliflu irrigue de ses inventions harmoniques. Partition aussi magnifiquement ouvragée que surprenante _ voilà _ et qui montre que le jeune Salieri _ Legagno, 18 août 1750 – Vienne, 7 mai 1825 _ n’était avare ni d’inventions ni d’audaces.

L’écriture vocale est souvent périlleuse (l’air de Rinaldo à la fin de l’Acte II) et l’invention mélodique n’est pas si éloignée que cela de celle du jeune Mozart – on pense souvent à Mitridate, rè di Ponto, antérieur d’une année – Salieri gardant son métier le plus inspiré pour la magicienne qu’il incarne vocalement avec maestria au long d’un troisième acte saisissant.

Magnifique Lenneke Ruiten _ cf mon article très admiratif de son talent, le jeudi 21 mai 2020 : _qui, de son soprano de grand caractère _ oui ! _ (il faut l’entendre convoquer les Enfers), campe une magicienne touchante et terrible à la fois, délicieuse Florie Valiquette qui chante son Rinaldo tel que l’a voulu Coltellini : un chérubin en armure. Splendide, l’Ismene de Teresa Iervolino, et remarquable pour l’agilité à parcourir tout l’ambitus de la portée l’Ubaldo buffo d’Ashley Riches.

A tous, Christophe Rousset fait un drame éclatant et virtuose, lui qui se dévoue tant _ en effet _ à la cause de Salieri. Quel sera le prochain ouvrage de cette série essentielle ?

LE DISQUE DU JOUR

Antonio Salieri (1750-1825)
Armida

Lenneke Ruiten, soprano (Armida)
Florie Valiquette, soprano (Rinaldo)
Teresa Iervolino, mezzo-soprano (Ismene)
Ashley Riches, baryton (Ubaldo)

Chœur de chambre de Namur
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset, direction

Un album de 2 CD et à l’iconographie soignée du label Aparté AP244

Photo à la une : © Aparté

 

Ce vendredi 27 août 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

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