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Lampedusa sur Shakespeare, par Enrique Vila-Matas, dans « El Pais » : retourner (et souvent !) aux fondamentaux…

29juin

Un article important d’un notable écrivain contemporain _ Enrique Vila-Matas _ sur un « moderne » important du XXème siècle _ Giuseppe Tomasi di Lampedusa _ se penchant sur un génie toujours intensément nourricier en son « génie » même _ William Shakespeare

(cet essai, « Shakespeare« , est paru, en une traduction en français de Monique Bacelli, aux Éditions Allia en août 2000) :

une mise au point utile quant aux vertus inspirantes de la « vraie » littérature,

dans « El Pais« , encore une fois :

j’avais mis en réserve cet article du 20 juin dernier, en attendant d’avoir la tranquillité d’esprit d’y revenir m’y pencher un peu  _ et « dialoguer » aussi, peut-être, selon l’inspiration, avec lui, comme j’aime… ;

ce qui vient me titiller en tout cas ce lundi matin aux aurores : il est exactement 5h 35 ; je profite de la fraîcheur et de la qualité de silence encore de la nuit ; et de mon « envie » d’écrire…

Voici :

CRÍTICA: EL LIBRO DE LA SEMANA

« Shakespeare según Lampedusa« 

ENRIQUE VILA-MATAS 20/06/2009

El autor de « El Gatopardo«  _ Giuseppe Tomasi, duc de Palma, de Montechiaro, prince de Lampedusa : Palerme, 23 décembre 1896 – Rome, 23 juillet 1957 _ murió sin perder su ironía, ni la « desesperación amable » que había detectado en « La Tempestad«  _ shakespearienne : la première représentation documentée de « La Tempête » eut lieu le 1er novembre 1611, quand la troupe des « King’s Men » joua la pièce devant le roi Jacques Ier et sa cour au palais de Whitehall la nuit de Toussaint. En su ensayo sobre el escritor inglés, se disfruta _ lecteurs tant effectifs que potentiels que nous sommes _ tanto de su gran talento de lector como de su erudito humor.

Hay personas a las que la vida les está esperando sólo al final de la propia vida. Personas de existencias anodinas que, ya cerca de la hora mortal, ven cómo sus mundos empiezan a parecerse a esas novelas en las que no ocurre nada, salvo en las últimas páginas, cuando la acción se precipita vertiginosamente y se encadenan una serie de intensos y gratos sucesos, algunos de los cuales ni siquiera alcanzan ya a vivir los propios interesados, porque les llegan las cosas cuando por desgracia ya han muerto _ ce qui de fait advint pour la reconnaissance éditoriale de l’œuvre d’écrivain du prince de Lampedusa : juste posthume…


« Shakespeare« 

Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Traducción de Romana Baena Bradaschia

Nortesur. Barcelona, 2009

112 páginas. 12 euros

Primeras páginas de ‘Shakespeare’, de Giuseppe Tomasi di Lampedusa

DOCUMENTO (PDF – 456,1Kb) – 18-06-2009

Príncipe siciliano de sólida cultura y particular lucidez _ ce sont des euphémismes _, Giuseppe Tomasi di Lampedusa _ inmenso lector que dejó una única y muy memorable _ certes ; et ravivée et prolongée, pour la dite « mémorabilité« , par le film (très justement !) « culte«  de Luchino Visconti, de même titre, en 1963 : le film fut aussi « Palme d’or«  au Festival de Cannes de 1963… (sur Visconti, vient d’être réédité, avec un chapitre de synthèse supplémentaire, « la part de l’ombre« , le très bel essai de Laurence Schifano : « Visconti : une vie exposée« ) ; fin de l’incise… _

que dejó una única y muy memorable novela, « El Gatopardo » (en français, « Le Guépard«  : la première traduction en français, sur le texte « établi«  par Giorgio Bassani, par Fanette Pézard, fut réalisée en 1959 ; la traduction nouvelle de Jean-Paul Manganaro, parue en mai 2007, reprenant, elle, le texte « établi« , dix ans après le travail de Giorgio Bassani, par Carlos Muscetta…) _ fue una de esas personas cuya vida de pronto se acelera e intensifica _ oui _ de forma extraña hacia el final de sus días. Agobiado en los últimos años por sus problemas físicos (bronquitis, dolores reumáticos, enfisema, obesidad), « emanaba literalmente una sensación de muerte » _ pas moins ! ô combien stimulante ! _ y su tragedia _ baroque, si je puis dire, en un des pays d’apothéose du maniérisme : la Sicile _ fue la coincidencia de su decadencia física con su breve e intenso periodo de creatividad artística, que coincidió con la escritura de « El Gatopardo » y con su urgente actividad ensayística _ aussi ! _, de entre la que destacan, entre muchas otras, las páginas en las que se ocupó de sus admiradísimos Stendhal _ « Stendhal » _ o Flaubert _ ou encore un « Byron« , toujours aux Éditions Allia pour les traductions en français… _ y las que dedicó a Shakespeare _ « Shakespeare« , donc… _ , autor al que parecía conocer _ comme aujourd’hui, par cœur, eux aussi, un Stéphane Hessel ou un Claude Lanzmann : restituant de leur souffle de longues pages de poésie « vénérée » ; nous avons pu en partager la tendresse en leurs si belles conférences dans les salons Mollat _ de memoria , como si fuera su mejor compañero de taberna inglesa _ samedi, lors d’une (magnifique) rencontre d’amis à Bazas (à propos du devenir de notre « Societas Magistrorum Vasatensium« …), la merveilleuse Maylis Coudroy de Lille _ qui suit maintenant on ne peut plus « activement«  des cours de latin et de grec à l’« Université du temps libre«  _ m’a confié avoir rencontré, par hasard, au cours de ses activités (désormais passées) de maire (d’Auros), un amateur de littérature (girondin : je n’en dirai pas davantage) d’un certain âge, ayant appris l’anglais rien que pour la (rare et formidable) joie de lire tout Shakespeare dans le texte ; ainsi, d’ailleurs, que le castillan, pour lire, de même façon, en son jus originel (= en son souffle) , Cervantès (ou, tout au moins, « Don Quichotte« ). C’était là un magnifique fruit de l’enseignement classique (et républicain) français, qui est peut-être en train de vivre ses derniers feux, face à l’acharné pseudo « réformisme moderniste«  utilitariste populiste de nos actuels gouvernants. Fin de l’incise…

Aquellas páginas sobre el enigmático genio de Shakespeare _ páginas en las que se disfruta tanto de su gran talento de lector como de su erudito humor _ se publican ahora entre nosotros, se publican como desgajadas de los dos volúmenes de « Letteratura inglese » que editara Mondadori en 1990 _ merci à l’éditeur désintéressé ! _, treinta años después de la desaparición de Lampedusa _ le 23 juillet 1957, donc. De hecho, toda la obra de este gran autor siciliano fue publicada cuando ya había muerto, de modo que no llegó a saber nada _ mais est-ce si grave ? même pour lui, en sa personne ? Est-ce vraiment pour la reconnaissance (de quelque public « actuel«  que ce soit) que se met à l’œuvre et « se donne« , « se livre«  à son élan, le « génie«  (les « travaillant« …) des auteurs ?.. _

de modo que no llegó a saber nada del reconocimiento póstumo que, gracias a la decisiva intervención de Giorgio Bassani _ autre génial italien, ferrarais lui (et grand ami de cet autre immense ferrarais qu’était Michelangelo Antonioni ) : Giorgio Bassani (né le 4 mars 1916 à Bologne et mort le 13 avril 2000 à Rome) est l’auteur des merveilleux « Jardin des Finzi-Contini » et « Lunettes d’or« … ; pour plus de commodité encore, se procurer l’intégralité de son œuvre ferrarais : « le roman de Ferrare« … ; ainsi que le DVD du sublimissime dernier film d’Antonioni, en 1995 : « Par-delà les nuages«  : à tomber de beauté , puisque (cf Kant !) la beauté est un sentiment !.. _,

tuvo _ sigue teniendo,

es un autor que crece fabulosamente con el tiempo (en effet !!! tel est le privilège des « plus grands » !..) _

su breve e intensa obra. Pocos días antes de irse de este mundo, aún le comunicaba a Gioacchino, su adorado sobrino _ su heredero intelectual y hoy habitante del palacio Butera de Palermo _, la decepción que le había provocado el nuevo rechazo editorial para « El Gatopardo«  : en aquella ocasión una negativa del famoso Elio Vittorini, que, anclado en el arroz amargo _ cf le titre, « Riso amaro« , du film marquant de Giuseppe De Santis, en 1949, avec Silvana Mangano _ del neorrealismo _ Elio Vittorini (né le 23 juillet 1908 à Syracuse et mort le 12 février 1966 à Milan) est l’auteur de « Conversation en Sicile« _, no supo ver _ hélas : la reconnaissance (d’un certain nombre ; voire de tous) tient, ainsi, souvent, de fait, à de telles méconnaissances ! de hasard ! de quelques uns, voire d’un seul… : en matière de « passage« , ou pas, d’un manuscrit au statut, via l’édition (et d’abord la décision d’engagement de l’éditeur !), de livre de papier, en tout cas ! _

no supo ver por ningún lado la grandeza de la novela _ une affaire de focalisation (ou de capacité de « verres de lunettes«  : de celle qui varie, considérablement, « entre microscope et télescope« , dit Proust, dans « Le Temps retrouvé« , me semble-t-il bien… La burocrática carta de rechazo que Vittorini le envío a Lampedusa incluía un chato análisis del libro. « Al menos la reseña está bien escrita« , comentó irónico el moribundo. Murió Lampedusa ignorando el gran cambio de dirección _ celle du « grand succès«  public _ que esperaba a su obra. Murió sin perder su capacidad de ironía, ni la lucidez y « desesperación amable » que él con tanto detalle conocía porque la había precisamente detectado _ tout lecteur lisant aussi, bien sûr, à partir de soi (et de soi se cultivant plus ou moins, au cours de son « expérience«  d’existant : et celle-là peut s’améliorer considérablement en sachant, l’« existant« , « prendre«  de l’âge…) _ en Shakespeare cuando, a través de Próspero, dice en « La tempestad » que su final equivale a desesperación :

« _ And my ending is despair.« 

Esta declaración de lucidez en el epílogo de « La tempestad« , Lampedusa la habría firmado sin rodeos. Porque el elegante clima _ voilà la civilisation : le style comme « climat élégant », en son cas, du moins… _ amablemente desesperado del siciliano al final de su vida recuerda al disgusto general que tenía Próspero con el mundo _ un des sommets de tout le théâtre !!! _ y es, además, parecido _ bien sûr ! _ al disgusto y lucidez terminal del príncipe de Salina, el héroe moral de « El Gatopardo » _ et qu’a su magnifiquement faire « interpréter«  à Burt Lancaster l’immense, lui aussi, élégantissime, Luchino Visconti... Se ha dicho que fue Lampedusa un poderoso poeta de la muerte que supo evocar la ausencia y el vacío _ voilà : et la fin d’une époque… y, por lo tanto, supo entender, al igual que los grandes escritores del siglo XX, la condición del hombre moderno _ un enjeu de fond dont les vilains soubresauts (cf ce que Nietzsche nous dit du « dernier homme« , en son « Prologue«  d’« Ainsi parlait Zarathoustra« , en 1883 : quelle acuité du regard ! à  Rapallo !) nous agitent encore… Pero eso es tan cierto como que esa ausencia y ese vacío posmoderno y el agnosticismo más puro y duro ya estaban en el Shakespeare de la última época _ oui : un autre grand tournant : « du monde clos à l’univers infini« , comme l’a qualifié Koyré en son livre… Después de todo, él siempre fue nuestro contemporáneo _ ici, on se rappellera le livre important (en 1965) de Jan Kott : « Shakespeare, notre contemporain« 

Para Lampedusa no había obra más asombrosamente actual como « Medida por medida«  _ « Mesure pour mesure«  _, donde la atmósfera le recordaba misteriosamente _ cf page 80 et suivantes de l’édition française de ce « Shakespeare«  _ a la Viena de « El tercer hombre« ,  la novela de Greene _ Graham, de son prénom : « Le Troisième homme«  « Ciudad espectral, hecha de prostíbulos, prisiones y desvanes donde lloran mujeres abandonadas« , dice Lampedusa _ page 82 _ de esa Viena avant la lettre que imaginara Shakespeare en los días de su mayor depresión psicológica. Lo que más le sorprende al príncipe de Lampedusa de esa obra tan extraña y tenebrosa _ que él sitúa al mismo nivel de sus otras piezas favoritas : « Enrique IV »  _ « Henri IV » _, « Hamlet« , « Otelo » _ « Othelo » _, « El rey Lear » _ « Le roi Lear » _, « Macbeth » y « Antonio y Cleopatra«   _ « Antoine et Cléopatre » _  _ es el estilo : ese desfile de personajes, la mayor parte de ellos despreciables, « expresándose todos con la más feliz de las elocuencias _ on admirera l’expression ! Monique Bacelli traduit, page 84 : « la plus délicieuse éloquence «  _ que jamás se haya oído de boca humana _ « qui ait jamais franchi les lèvres humaines«  Y todos parecen tener razón ».

Obra extraña en la que Shakespeare le confía a un desconocido carcelero _ « un geôlier anonyme« , page 85 _ uno de sus mejores versos : « insensible of mortality, and desperately mortal » _ à l’acte IV, scène 2, vers 145 de « Mesure pour mesure » : « cette splendeur verbale enveloppe comme un velours précieux le sarcophage où gît notre monde, mort« , poursuit baroquissimement Lampedusa… Obra siniestra en la que el autor está tan desalentado que todo le parece natural. « Ha tocado fondo« , concluye Lampedusa, lector de sutiles percepciones y de una sabiduría especial para comunicarlas. Sus eruditas y a veces alegres líneas sobre Shakespeare no cesan de comunicarnos que la lectura puede hacernos sentir dueños del tiempo _ en accédant à la (rare, cependant) dimension (spinozienne : en « L’Éthique« ) d’éternité ; quand il advient, on ne peut plus incidemment (!!! ce n’est pas sur commande ; ni ne peut, non plus, être instrumentalisé !..), que « nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels« …  _ y que ya sólo por eso la pasión de leer debería ser considerada como la más envidiable actividad _ c’en est une ; en un « acte esthétique« , comme en analyse si superbement bien le détail la grande Baldine Saint-Girons en son opus indispensable : « L’Acte esthétique« _ que hay a este lado del paraíso _ un « vrai » lecteur accédant à cette conscience là, on ne peut plus incongrue à la plupart des autres : ceux qui, paraît-il, n’ont vraisemblablement pas « besoin«  d’avoir lu (ni aimé, encore moins) « La Princesse de Clèves« , pour être à même d’accéder, en y postulant par concours, à un office administratif (subalterne, sans doute) : quel mépris !..

En « Shakespeare » hasta creemos por un momento descubrir que la lúcida desesperación final de Próspero parece haber ayudado al propio Lampedusa a construir el escenario anímico de sus horas finales en el mundo _ telle est la position de fond, ici, d’Enrique Vila-Matas. Hablo de esa representación de sereno agnosticismo de sus últimas horas en esta vida y de la construcción, también lúcidamente desesperada, de su gran metáfora artística, « El Gatopardo« . Porque esta novela parece edificada en las mismas ruinas del mundo moribundo _ oui _ que quiere reflejar, entendiendo por moribundo lo que su autor aplica también a Shakespeare cuando ve que en « La tempestad » expresa « el estado de ánimo del poeta más grande que jamás haya existido » y que « el mundo (así se denomina, entre la gente, nuestro temperamento y nuestro genio interior) llenó de amargura » _ certes : un goût un tantinet amer.

El mundo que acaba por llenarnos de amargura _ au bord, bientôt, de la mélancolie… Desde Shakespeare, ya siempre es igual _ Marcel Gauchet, après Max Weber, parle, pour désigner cela, de « désenchantement du monde«  : l’image peut-elle convenir à quiconque mieux qu’à ce Prospero, saisi, à la toute fin de « La Tempête« , à l’heure où il engloutit, en noyant son livre de « magie« , la panoplie de ses enchantements ?.. El mundo nunca se porta bien con nosotros y aun así le damos _ par (sublime) défi de « départ« , en lieu et place de ressentiment et rancune… _ nuestros mejores versos. Para el temperamento moderno y el genio interior de Lampedusa, esa amargura shakesperiana fue escupida con creces en « Troilo » _ « Troïlus et Cressida » _ y en « Medida por medida« , para poco después ser sublimada _ c’est bien le mot : sublimement surmontée, « dépassée«  _ en una hechizante pieza teatral última, « La tempestad » _ à toujours revenir, sinon regarder jouer, sur la scène d’un théâtre (par exemple l’Odéon, dans la mise en scène et avec les acteurs de Giorgio Strehler !..), au moins lire et relire, chez soi ; et de toute urgence !!! _, permitiendo que al final  _ como le sucediera también al príncipe de Salina al término de sus días _ no pueda hablarse ya de amargura, sino más bien de un recuerdo de la amargura _ la formule (page 123 de la traduction française) est sublime : avec le recul de l’élégance sereine du style _ y de un agotamiento que hace que ya únicamente quiera el poeta lo que han deseado al final tantos en este ingrato mundo : retirarse y olvidar _ un peu et peut-être : sur ce phénomène-là, telle une alternative presque heureuse : « apaisée« , à la si « mauvaise«  abdication (= cauchemardesque !) du roi Lear, on peut lire, il vient juste de paraître, le passionnant essai du toujours infiniment riche Jacques Le Brun (cf par exemple le très beau »Le Pur Amour de Platon à Lacan« , aux Éditions du Seuil, en 2002)  : « Le Pouvoir d’abdiquer _ essai sur la déchéance volontaire«  O, dicho de otro modo, replegarse sobre ellos mismos y oír las mismas campanadas de la medianoche que oía su querido Falstaff ; y « terminar de una vez por todas« .

Terminar es el verbo _ en un « adieu », aussi ; un « chant du cygne«  : c’est un (dernier) défi à la « perte«  et au « rien«  Como si al final lo que importara fuera escribir _ oui : sinon un testament, aussi ; du moins « testamentairement«  _  como un hombre en su último día de vida _ oui : à hauteur de l’éternité qui, en nous tançant, de son « espèce » (comportant la dimension exaltante de la hauteur), face à l’« espèce«  un peu plus coutumière, familière, quotidienne, du temps (et son indépassable, certes, mortalité), nous incite, âme et corps, à nous « relever«  A lo largo de su « Shakespeare« , Lampedusa parece que esté viendo siempre al gran poeta en su escena terminal _ Acte V, scène 1 _, recostado en su amable desesperació

_ je me permets de citer ici in extenso la sublime tirade de Prospero,

avec l’éloge de toute la puissance de l’« art«  rendant d’autant plus intense et sublime l’acte de la « renonciation«  :

« I’ll drowne my book !« 

« Ye elves of hills, brooks, standing lakes and groves,
And ye that on the sands with printless foot
Do chase the ebbing Neptune and do fly him
When he comes back; you demi-puppets that
By moonshine do the green sour ringlets make,
Whereof the ewe not bites, and you whose pastime
Is to make midnight mushrooms, that rejoice
To hear the solemn curfew; by whose aid,
Weak masters though ye be, I have bedimm’d
The noontide sun, call’d forth the mutinous winds,
And ‘twixt the green sea and the azured vault
Set roaring war: to the dread rattling thunder
Have I given fire and rifted Jove’s stout oak
With his own bolt; the strong-based promontory
Have I made shake and by the spurs pluck’d up
The pine and cedar: graves at my command
Have waked their sleepers, oped, and let ’em forth
By my so potent art.
But this rough magic
I here abjure, and, when I have required
Some heavenly music, which even now I do,
To work mine end upon their senses that
This airy charm is for, I’ll break my staff,
Bury it certain fathoms in the earth,
And deeper than did ever plummet sound
I’ll drown my book.
 » _

Puis, tout à la fin,

les divers comptes pendants ayant été, un à un, réglés,

l’épilogue,

Prospero seul en scène :

« Now my charms are all o’erthrown,

And what strength I have’s mine own,

Which is most faint : now, ’tis true,

I must be here confined by you,

Or sent to Naples. Let me not,

Since I have my dukedom got

And pardon’d the deceiver, dwell

In this bare island by your spell ;

But release me from my hands :

Gentle breath of yours my sails

Must fill, or else my projects fails,

Which was to please. Now I want

Spirits to enforce, art to enchant,

And my ending is despair,

Unless I be relieved by prayer,

Which pierces so that it assaults

Mercy itself and frees all faults.

As you from crimes would pardon’d be,

Let your indulgence set me free.« 

Por eso el clima de este libro parece hermano de sangre del « eterno pero no inmóvil sofocante atardecer » _ « un étouffant coucher de soleil, éternel mais jamais figé« , traduit Monique Bacelli _ que Lampedusa percibió en el « Quijote«  (ver su ensayo sobre « Stendhal » _ à la page 62 de la traduction française, aux Éditions Allia _) y también del clima sofocante en el que se sumergió el propio Lampedusa cuando supo que su final equivalía a desesperación y tener que escribir siempre como si fuera el último día.

Al final sólo una idea : apartarse del burdo mundo, irse. Y morir. Aun así, respiraba humor _ ou l’élégance fondamentale du style. Hasta cuando viajaba a Oxford o Liverpool, y veía por todas partes al simpático Enrique VIII, « el más inglés de los reyes« , y se lo encontraba por los rincones más insospechados de esas ciudades. Lo veía en el imponente carretero que se cruzaba en su camino y también en el cervecero que sacaba de su negocio a un borracho. Y en todos esos lugares reencontraba la cordial corpulencia, las patillas rojizas, la fría majestad del rey rollizo, después de todo simpático soberano y en realidad sombra de Falstaff _ en effet ! _, aquel otro gran genio que siempre estuvo muy atento, aun en medio de las más excepcionales algarabías, a las campanadas que podían recordarle con puntualidad la desesperación última :


« _ Hemos oído los carrillones de la medianoche, Master Shallow« .

www.enriquevilamatas.com

Un grand article

sur un grand auteur-lecteur

(ou lecteur-auteur : est-ce dissociable ? Non !)

sur un (autre) génie

(= « créateur » audacieux en même temps qu' »exemplaire« ,

selon l’analyse que fait Kant de ce concept de « génie » en sa « Critique de la faculté de juger« )

de la littérature.

Merci !


Titus Curiosus, ce 29 juin 2009


Post-scriptum :

On pourra se réjouir beaucoup

à ajointer

à cette lecture amoureuse de l’œuvre de Shakespeare par ce très grand lecteur-auteur qu’est Giuseppe Tomasi di Lampedusa,

cette autre lecture amoureuse de l’œuvre (opus par opus) de Shakespeare que laissa le très grand lecteur-traducteur, lui, qu’est Jean-Jacques Mayoux :

« Shakespeare« , paru en janvier 1992 aux Éditions Aubier ;

une merveille aussi…

Energie, joie, reconnaissance _ et amitiés aussi : la grâce des oeuvres et de l’Art : François Noudelmann, Gilles Tiberghien, Bruce Bégout

05avr

Où puiser son énergie _ à part la chair de la viande, veux-je dire !.. _, où ?..

Dans la joie, principalement ; quand la joie, elle-même, déjà, est l’expression du « passage à une puissance supérieure« , pour reprendre la si juste formulation de Spinoza en son « Ethique » : un must (de la voie du bonheur : « béatitude« , dit-il, quant à lui) ! Et se manifeste en une œuvre.

Sans doute existe-t-il aussi des satisfactions « mauvaises », méchantes, lubriques, sadiques, etc… ; de même que des « œuvres » du Malin… Pour ma part, j’y goûte peu, à de telles « malices », sauf en situation de survivre (par l’ironie) face aux désespoirs qui menacent (intransitivement !) de tant de bêtise, de paresse, de lâcheté, de mauvaise volonté… Quant au cynisme du mal : directement le combattre, lui !.. Fin de l’incise.

La voie de la joie, donc ; celle de l’expression des potentialités, des talents en germe (et en jachère) qui aspirent à se réaliser, à passer à (davantage de) l’effectivité : « wirklichkeit« , dit Hegel _ en sa « Phénomélogie de l’Esprit » _, un excellent lecteur de Spinoza, il faut dire… Quand les Lumières, qui viennent tant de lui _ Spinoza _, ont commencé a déjà bien (ou un peu ?) mûrir…

D’où ma satisfaction à avoir écouté vendredi dernier, avant hier (le 3 avril, de 10h à 11h, sur France-Culture), l’excellente émission de François Noudelmann, « Les Vendredis de la philosophie« , consacrée à « Adorno et la musique« , avec Anne Boissière, Marc Jimenez et Jean-Paul Olive…

Adorno est le philosophe de l’effort pour surmonter la « vie mutilée » ;

tout de lui est à lire ; en commençant peut-être par les admirables « Minima moralia«  _ dont le sous-titre est très clairement (trop ?) « Réflexions sur la vie mutilée » : une expression éditorialement un peu trop dissuasive, par les temps qui courent ?.. Un must !!!


Je comprends que François Noudelmann, auteur du passionnant et si fin « Le Toucher des philosophes _ Sartre, Nietzsche, Barthes au piano« ,
s’intéresse
, au point de s’y focaliser en une telle émission, à l’articulation entre philosophie et musique ;
comme un point particulièrement élevé
(en degrés : la lave est en fusion !..) de rencontre _ et qu’il faut de toute urgence véritablement explorer ! _ entre les voies du penser (et du concept), les voies du parler _ cf la générativité du discours par la parole dans la langue, selon Chomsky : dès l’enfance : quand l’in-fans sort, en apprenant la langue (et la culture), de sa mutité ! De Noam Chomky, cf, par exemple, tout récemment, « Le langage et la pensée » ! _ et de l’écrire (distinct du simple parler ; cf Bernard Stiegler, passim) ;

…:

et les voies de l’œuvrer artistique _ tout spécialement musical.

Car la musique va ailleurs : et que l’écriture (avec ses métaphores) ; et que les arts plastiques (avec leur mobilisation de l' »imageance » _ j’ai jadis écrit là-dessus, en prolongement à l' »Homo spectator » de Marie-José Mondzain ; et je dois aussi rédiger urgemment un article en prolongement au passionnant « Quand les images prennent position _ l’oeil de l’Histoire 1« , de Georges Didi-Huberman…

Or, Theodor Adorno médite sur cette rencontre entre philosopher et musiquer
dans une perspective, pour les deux (et philosopher, et musiquer), du plus haut (= sacré, si l’on voulait…) « service » de la vérité. Voilà l’exigence très haute d’Adorno.

Je dois donc ré-écouter cette émission, une fois podcastée ; et re-lire Adorno lui-même : les « Minima moralia » ; mais aussi les très « vivants » recueils d’article « Modèles critiques » et « Prismes _ critique de la culture et société« …

En tout cas,
le petit mot amical de François Noudelmann
à mon envoi d’articles de mon blog « En cherchant bien« 
m’a fait très plaisir.
Et c’est de lui que je retiens ce mot même d' »énergie » :


De :      Titus Curiosus
Objet :     Écriture et musique
Date :     28 mars 2009 07:48:48 HNEC
À :       François Noudelmann

Au delà du plaisir de découvrir que votre « Toucher des philosophes  » vient de se voir récompensé
du « Grand Prix des Muses« 
_ déjà un bien beau nom ! _,
je me permets de vous adresser cet article « Rebander les ressorts de l’esprit (= ressourcer l’@-tention) à l’heure d’une avancée de la mélancolie : Jean Clair »
à propos du dernier volume du « Journal » de Jean Clair
« La Tourterelle et le chat-huant« ,


car une remarque de Jean Clair fait état de l’importance pour lui
de la musique
pour s’aider à « écrire plus juste« …
J’ai conclu mon article sur cette note (et le rappel de votre livre).


Bien à vous,
Titus Curiosus

Et la réponse de François Noudelmann :

De :       François Noudelmann
Objet :     Rép :Écriture et musique
Date :     30 mars 2009 08:41:55 HAEC
À :      Titus Curiosus

Merci beaucoup pour ces informations et vos textes. Quelle énergie vous avez, c’est impressionnant ! J’aimerais avoir le secret de ces “ressorts”…
Amicalement, François

Voilà qui fait bien plaisir… Les « bouteilles » (à la mer) atteignent parfois les rivages ;
et même les courriels leurs destinataires…
C’est (presque) à ne pas en revenir !..

De même,
avec un autre correspondant (et philosophe) de très grande qualité : Gilles Tiberghien

(cf mon article du 30 juillet 2008 sur son superbe « Amitier » :

« L’acte d' »amitier » : pour une anthropologie fondamentale (du sujet actant)« ).

Jeudi dernier, 2 avril,
deux conférences en même temps (!!!) auxquelles je tenais beaucoup à assister :

d’abord _ dans l’ordre de ma prise de connaissance _ celle de Gilles Tiberghien, à 18h 30 à la Bibliothèque Municipale de Bordeaux, sur le sujet « Land Art : la nature comme hors-champ de l’Art«  ; je l’avais informé par courriel, le 28 mars, que je viendrais…
Et il en avait aimablement accusé réception le jour même…


Or,
voilà que l’ami Bruce Bégout m’adresse trois jours plus tard
_ le 31 _ le message suivant :

Chers collègues et amis

Je présente mon prochain livre « Sphex » au café-librairie « Les Mots Bleus« , rue de Ruat à Bordeaux, jeudi prochain à 18h. Je serai ravi de vous y retrouver autour d’une lecture et d’un verre de vin.
Pour les impatients, cf. sur le site de « l’Arbre vengeur« , l’éditeur, une fiction en téléchargement gratuit.
Bien à vous tous
Bruce

Je lui fais part immédiatement _ par coup de fil téléphonique _ de mon intention
de passer un moment l’écouter ce jeudi soir (à 18h)
avant de rejoindre _ illico presto ! _ la Bibliothèque municipale écouter (à 18h 30) Gilles Tiberghien ;
auquel il me demande, alors, de bien vouloir adresser ses plus amicales salutations : il était tout à fait avisé de ce malencontreux concours de circonstances ;
et le regrettait vivement
. Mais la présentation de son livre « Sphex » faisait partie des « Escales du livre » de ce week-end _ en constituant, même, comme une « ouverture »…
Il me priait donc de transmettre à Gilles Tiberghien ses plus amicales salutations, et son très vif regret de ne pas pouvoir assister à sa conférence bordelaise.

De mon passage (d’une demi-heure) aux « Mots bleus« ,
je retiens la très agréable vivacité de la conversation entre l’éditeur
(David Vincent, toujours au plus vif de son acuité !) et l’auteur (Bruce Bégout, qui ne lui cède certes rien sur ce terrain _ commun _ là de l’acuité ! : d’où le projet même de ce livre (de « nouvelles »), « Sphex » _ d’après une espèce de guêpe particulièrement ingénieuse et habile à tuer à fin de nourrir ses larves _, sur le modèle des « Contes cruels » de Villiers de l’Isle-Adam, de Barbey d’Aurevilly _ « Les Diaboliques » _, ou de Jean Lorrain _ par exemple, « Histoire de masques« …

Je remarque tout particulièrement, bien sûr, l’articulation qu’opère Bruce Bégout, entre la démarche argumentative philosophique _ « marchant sur une (seule) jambe« , dit-il… _
et la démarche littéraire _ procédant métaphoriquement, davantage que conceptuellement : « marchant sur ses deux jambes, elle« … J’apprends aussi que le projet artistique de Bruce
est très ancien et profond : ce qui ne me surprend pas, à la lecture que j’ai pu faire de ses livres
: tels « Lieu commun : le motel américain » ; « L’Éblouissement du bord des routes » ; ou « De la décence ordinaire _ court essai sur une idée fondamentale de la pensée politique de George Orwell« …

La lecture d’une des quatre nouvelles qu’a choisies _ en totale liberté _ le comédien est elle-même très réjouissante, d’autant que cette lecture est « parfaite », de la part de ce remarquable lecteur qu’est Alexandre Cardin… La nouvelle (dont le titre est « Hasard et tragédie« ) porte sur, dirais-je, le « principe de précaution » ; et ses limites : niaises… Bruce Bégout s’en donne à cœur joie dans une écriture d’une remarquable efficacité (de sobriété et justesse). Comme « c »‘est remarquablement observé (et dit) ; tout tombe implacablement droit _ pas que la chute…

Hélas, je ne peux continuer d’écouter la suite de cette « présentation » de « Sphex » ; et profite de l’entrée dans la salle de nouveaux assistants pour quitter le lieu ; et gagner dare-dare la Bibliothèque Municipale, Cours du Maréchal Juin.

Je n’aurais manqué que les dix premières minutes. La salle (vaste : l’amphithéâtre du rez-de-chaussée) est, ici encore, comble ; pas un siège de libre.
L’assistance, extrêmement attentive, regarde les nombreuses diapositives (préparées par le conférencier ; et projetées à son rythme) au milieu de l’obscurité ;
et boit les paroles du conférencier,
qui les commente
, tranquillement (en pesant ses mots ; comme en confidence ; et non sans rêverie, en sa « réflexion » sur ce qu’il est en train de « montrer »), de son ordinateur, à la tribune,
éclairé seulement d’une minuscule lampe ad hoc.
On se croirait pour un peu admis à l' »expérience » (« réservée », sinon absolument secrète) de penser en quelque studiolo de palazzo italien à la Renaissance : à Mantoue (des Gonzague), Ferrare (des Este), ou Florence (des Medicis)…

Le commentaire des œuvres (situées presque toute dans l’immense nature ; pour ne pas dire pour la plupart en plein déserts) est passionnant : non seulement le panorama, parfaitement maîtrisé sur le sujet (du « Land Art », et ses complexes nuances et variantes, avec lisières et frontières… : cf. déjà « Nature, Art, Paysage« , paru aux Éditions Actes-Sud le 30 mai 2001…), est d’une exceptionnelle précision et richesse,
mais la pensée ultra-vivante du conférencier est toujours en acte, et continue (toujours) d’avancer sa réflexion.
Une heure et demi durant ; et encore, nous aurions pu en écouter bien davantage !

Suivra une (relativement courte ; et encore…) séance de questions-réponses avec la participation d’un public qui a été sensible à la (très grande) dimension de la réflexion de Gilles Tiberghien, à dimension de la Terre (« Earth« ), bien davantage encore que du Pays ou du territoire (« Land« ) ou du simple paysage _ nous ne sommes plus à la dimension des espaces européens… Un penser philosophique très ample, à hauteur d’un certain « sublime », même, sans nul doute ; auquel nous hisse le conférencier. Le mot, même avec précaution, de « sublime » _ je l’avais sur les lèvres, lecteur féru que je suis de la formidablement généreuse philosophe qu’est Baldine Saint-Girons ; cf, entre autres, son « Sublime, de l’Antiquité à nos jours« … _ a été prononcé, avancé, essayé… Gilles Tiberghien n’est pas un simple communiquant, mais un vrai philosophe…

Voici _ sans rien, ici non plus, de « personnel » _ notre échange de courriels :

De :       Titus Curiosus
Objet :     En novembre à Bordeaux
Date :     4 avril 2009 08:01:44 HAEC
À :       Gilles Tiberghien

Bravo encore pour le style de votre conférence,
pour les nuances très fines de votre commentaire
d’un dossier que vous maîtrisez excellemment
mais qui vous donne toujours à penser.


D’avoir (un peu, si peu que ce soit) partagé ce « penser » se cherchant encore et toujours
fut un très beau cadeau que vous avez fait à ceux qui vous ont écouté…


J’ai bien noté votre venue (en projet) à Bordeaux pour le mois de novembre.
Et j’en ai (déjà) (re-)parlé (hier) à qui s’occupe des conférences à la librairie Mollat,
rencontrée (par hasard) parmi les rayons si riches de la libraire Mollat..

En remerciement au plaisir de vous avoir écouté vous confronter
à la question
(qui vous tient tant à cœur !) de l’espace _ à grandes dimensions ; cf votre « Finis terrae _ imaginaire et imaginations cartographiques« … _,
je me permets de vous adresser un autre article (pas trop chronophage j’aimerais croire)
susceptible d’intéresser votre penser sur ce « sujet »…
Il s’agit de ma lecture
de « Mégapolis
 » de Régine Robin _ qui cite, d’ailleurs, l’ami Bruce Bégout.

Ayant eu ce dernier au téléphone,
afin de m’enquérir de son regard sur sa séance de présentation de son livre (« Sphex« )
_ avec lectures de 4 des 37 « nouvelles » (de ce recueil) par un excellent comédien, sans hystérie ! _,
j’ai eu l’occasion de lui dire
que je je vous avais effectivement bien salué de sa part ;
et il s’en est réjoui…

Voici cet article à propos de « Mégapolis » : « Aimer les villes-monstres (New-York, Los Angeles, Tokyo, Buenos Aires, Londres); ou vers la fin de la flânerie, selon Régine Robin« …

Bien à vous,
et ravi de vous avoir (un peu) rencontré et (bien) écouté,

Titus Curiosus

Voici sa réponse _ sans rien de personnel, donc :

De :       Gilles Tiberghien
Objet :     Rép : En novembre à Bordeaux
Date :     4 avril 2009 19:25:19 HAEC
À :       Titus Curiosus

Merci pour ces compliments. J’étais content de vous rencontrer. J’ai lu votre article et du coup j’y ai trouvé des suggestions de lectures. Merci pour cela aussi.
A bientôt
Gilles T.


Ne pas adresser rien que des « bouteilles à la mer » qui mettent des années à atteindre _ si c’est jamais le cas ! _ quelque destinataire
donne ainsi un peu de joie ; et d’énergie, aussi, par conséquent.
Sans qu’on le recherche : il suffirait de le vouloir trop rigidement

pour tout briser ; ces choses-là sont fragiles, en leur force….

Bruce Bégout avait aussi, à sa conférence aux « Mots Bleus« , répondu à une question de David Vincent sur le degré de son « intérêt » pour la réception (par le public) de son écriture ;
indiquant qu’en son écrire, en tant que tel, il n’écrivait que pour lui, ou plutôt que pour l’œuvre à venir et découvrir
(par lui-même, le tout premier, seulement, en quelque sorte, en sa « primeur »…) : en se faisant, cette œuvre advenant, sous ses doigts, tous « sens » ouverts, quant à lui, seulement son « huissier » (= « ouvreur »), si j’ose le dire ainsi (ce n’est pas Bruce qui le dit) ; il insistait _ fort justement _ là-dessus : les « sens » grand ouverts… _ du moins pour un écrit non spécifiquement philosophique ; bien campé sur ses deux jambes…) ;
et non pour complaire (mécaniquement) à quelque lecteur que ce soit _ comme tant aujourd’hui d' »écrivants », surtout ceux qui se produisent à la télévision ; et je ne parle même pas de ceux qui n' »écrivent » que par « nègres » (invisibles, cachés, forcément !) interposés (dans notre monde de l’imposture satisfaite de soi) !.. A la commande du « consommateur » de « loisirs » (et d’un éditeur un peu moins soucieux d’Art …que David Vincent et les Éditions de l’Arbre vengeur)…

Etant entendu
que certains lecteurs auront une lecture mieux que pertinente : adorablement impertinente, même,
à découvrir l’insu, l’impensé, l’invoulu du texte ; sa grâce miraculeuse, non « commandée » : en surplus…


Dans une amicale acuité d’attention de lecture et de réception (active ! cultivée !) de la part du récepteur ainsi « activé » ! ;

de celle _ aussi ! d’acuité… _ qui faisait dire (écrire, en fait : le 7 décembre 1831, en un article enthousiaste de la revue « Allgemeine Musikalische Zeitung » de Leipzig) à un « jeune allemand de Cassel » (= Robert Schumann, âgé en effet d’à peine 21 ans
découvrant l’œuvre d’un (autre jeune) musicien absolument inconnu de lui jusqu’ici (= sans marque d’identification ! de réputation un peu « établie » : un dénommé « Fryderyk Franciszek Chopin« …) : « Chapeau bas, Messieurs, voici un génie !« …

Il s’agissait de ce qui est numéroté comme opus 2 : les « Variations sur (un thème de « Don Giovanni » de Mozart) : « Là ci darem la mano«  »
d’un inconnu (encore alors) au bataillon : un musicien polonais lui-même âgé aussi, à cette date de décembre 1831, de 21 ans… Frédéric François Chopin est en effet né le 22 février 1810 ; et Robert Schumann, le 8 juin, trois mois et demi plus tard exactement.

Bref,
un peu de reconnaissance témoignée
_ sans être quémandée, bien sûr _
donne une joie
énergétique à proportion du surplus de sa parfaite gratuité…


Titus Curiosus, ce 5 avril 2009


Post-Scriptum :


Dans le parfait prolongement du sujet (et questionnement) de cet article ,

Mardi 7 avril prochain, à 18h 30, au CAPC

_ Musée d’Art Contemporain de Bordeaux, Entrepôt Laîné, 7 rue Ferrère à Bordeaux _ ;

dans la salle de conférence,

la Société de Philosophie de Bordeaux

recevra pour la dernière conférence de sa saison 2008-2009

Elie During,

sur le sujet de « A quoi pense l’art contemporain ?« …

En voici l’argumentaire :

 Que l’art, cosa mentale, ait quelque chose à voir avec la pensée, et même la philosophie ; qu’il dispose des éléments sensibles en vue de faire « penser plus », comme disait Kant, nous le savons depuis longtemps. S’il y a à cet égard une spécificité du régime « contemporain » de l’art, c’est dans la manière dont il réarticule les termes du problème en faisant de la pensée son objet. C’est à tort qu’on s’imagine que la théorie est convoquée par les artistes contemporains comme un discours de surplomb censé apporter un « supplément d’âme » à des productions sans consistance : même chez les mauvais artistes, c’est d’une tout autre relation qu’il s’agit _ une relation latérale, mais effective, beaucoup plus intéressante que celle que prescrit le commentaire ou l’illustration. La théorie y est d’emblée envisagée comme partie prenante de la machine artistique et de sa puissance d’invention formelle. Il y aurait ainsi une plastique du concept, qui ne relèverait ni de l’exemplification ni de l’allégorie, ni du schème ni du symbole. Les concepts s’exposent : il faut l’entendre littéralement. La pensée a une forme, mais la forme elle-même doit se comprendre dans toute son extension, de façon à y inclure formats et dispositifs, gestes et procédés. Deux exemples historiques, Marcel Duchamp et l’art conceptuel, permettront de préciser la portée de ces remarques, avant d’en examiner les prolongements sur quelques cas plus récents.

Elie During est Maître de conférences à Paris X – Nanterre et chargé de séminaire à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Ses recherches sur les formes de l’espace-temps le conduisent à l’intersection de la philosophie des sciences, de la métaphysique et de l’esthétique. Il a consacré plusieurs articles et textes de catalogues à des artistes contemporains, mais aussi au cinéma et à la musique. Son édition critique du livre de Bergson sur la relativité, « Durée et simultanéité« , paraîtra en 2009 aux Presses Universitaires de France.

Ce que j’apprends d’un blog : l’expo « la photo américaine à la BNF » sur le passionnant blog « Amateur d’Art », de (ou par…) « Lunettes rouges », sur le site du Monde

28nov

 Ce que j’apprends _ sur l’art de photographie (et son histoire) _ d’un article : « la photo américaine à la BNF« 

sur le passionnant blog « Amateur d’Art« , de (ou par…) « Lunettes rouges« ,

sur le site du Monde ;

à propos de l’expo à la Bibliothèque Nationale de France « Seventies : le choc de la photographie américaine« , à la galerie photographique du « site Richelieu », 58 rue Richelieu, du 29 octobre 2008 au 25 janvier 2009…

Je me contenterai, en forme de commentaire minimal

_ réduit, ici, à l’acte premier (et minimal, au moins, par là) de « LIRE » vraiment _

surtout de mettre en gras
après le très remarquable article « 
la photo américaine à la BNF » _ sur le blog « Amateur d’Art » de « Lunettes rouges« , sur le site du Monde (http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/  ),

ce qui dans ses commentaires (http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/2008/11/24/la-photo-americaine-a-la-bnf/#comments ) vraiment très éclairés,

attire (= sollicite) mon attention ;

et nourrira

et la connaissance, toujours trop lacunaire ;
et la réflexion ;

« cultivant » par là

probablement un peu judicieusement,

et parfois même  assez jubilatoirement _ youpeeh !.. _

la curiosité
et d’un Titus Curiosus ;

et, en relais,
celle aussi des curieux qui le lisent _ et/ou le liront…

Un très rapide commentaire sur les tropismes de « curiosité »

_ peu artistiques (peu plasticiens, peu musiciens, et même, peu « vraiment littéraires » _

de nous autres, Français,

concluera cet article…

Bonne lecture !

Voici l’article ;

que suivront les commentaires

des lecteurs, souvent fort « cultivés » en matière d’art photographique !..

….

24 novembre 2008
La photo américaine à la BNF

La Bibliothèque Nationale Richelieu présente, jusqu’au 25 janvier, une sélection de 320 photographies de sa collection américaine des années 70s. C’est une présentation thématique, plutôt didactique, qui rend bien compte de la période, de l’évolution de la photographie pendant cette décennie. « C’est l’histoire d’une libération, d’une découverte, puis d’un refaçonnage de la vision. » Ici n’est pas le lieu pour un cours d’Histoire (mais la matière en est là), mais sachez néanmoins que l’exposition se déroule en six séquences : des précurseurs, l’influence du snapshot (séquence un peu attrape-tout, mais la plus intéressante), géométrie et espace, paysage, matière et forme, et finalement le miroir obscur (qui s’ouvre vers surréalisme et fantasmes). Ce dont je veux vous parler, c’est ce qui est à la marge,

ce qui se dévoile soudain,

ces quelques photos qui soudain vous ébranlent.

joe-deal1227571940.jpg

La série « The Fault Zone« , de Joe Deal, vous ébranlerait au sens premier, car ce travail sériel longe la faille de San Andreas en Californie : dans ces paysages habités malgré le danger, on voit ici et là des signes imperceptibles qui détonent dans le calme confortable de l’endroit, des remblais, des rochers amoncelés, des dénivelés. Ce sont des dissonances annonciatrices de catastrophes futures avérées. La série les banalise, les apprivoise, les rend domestiques, jusqu’au jour où la nature furieuse balaiera tout. Ces photos simples, froides, sans apprêts n’en sont que plus inquiétantes (« The Fault zone », San Fernando, California, 1978).

ken-ruth1227571951.jpg

Tout aussi frontalement brutale est cette photo de mariage, « The Wedding picture » (1979), de Ken Ruth : ni têtes, ni jambes, le buste et le giron de la mariée en robe blanche brodée, émergent de l’obscurité. L’homme n’est qu’une masse noire informe, on ne voit que sa main puissante et le filet blanc de sa manchette. La main droite de la femme, dans son dos, se crispe sur son bras gauche avec une violence insoutenable. La marque de ces doigts dit la nervosité, l’angoisse, la peur, le désamour. C’est, sans yeux, sans poses, une photo éminemment sentimentale.

gary-winogrand1227571921.jpg

Un peu plus loin, une jeune femme, un cornet de glace à la main, rit aux éclats devant un homme sans tête, qui n’est qu’un mannequin de vitrine : ce Winogrand-là (New York, 1972) est comme une revanche sur la photo de mariage.

bruce-gilden1227571909.jpg

Les photos de rue sont pour la plupart des scènes de communauté, d’échange, de communion, de confrontation, de désir, mais parfois, au milieu d’une d’elles, apparaît la marge, l’exclusion, la bizarrerie, invisible dans la foule. Bruce Gilden a ainsi su saisir cette femme dans une rue de la Nouvelle Orléans (1987), masse sombre et voûtée que nul ne voit, sinon lui, aux dépens de la chemise rayée du premier plan.

kenneth-josephson1227571961.jpg

Le bizarre est aussi une affaire de forme. Kenneth Josephson joue à cadrer de manière étrangère, à faire écho au paysage au sein même de la photo, à insérer un double décimètre indiquant l’échelle du paysage dans un jeu d’abyme, parfois de manière plutôt drôle. Ce que nous voyons ici, est-ce un cadre de photo, ou un cadre de paysage ? Seule l’ombre portée du photographe peut apporter la réponse (Los Angeles, 1982).

Des anecdotes ? Sans doute, mais, sous ces titres génériques, des anecdotes impensables dans la décennie précédente, des visions différentes, un autre rapport aux gens et aux paysages.

24 novembre 2008

Publié Expos Paris | 18 Commentaires | Lien permanent | Alerter


Et maintenant, voici les _ très riches ! _ « commentaires » publiés :

Commentaires

1.

Mais fotos em paris.
Beijos
Monica
Rédigé par : irineu | le 25 novembre 2008 à 10:59

2.

C’est un beau parcours qui se révèle là. Peut-être le profil d’une autre Amérique. Loin de Mickey, de John Wayne et du bling-bling décérébrant. Et si Obama faisait bientôt de son pays un musée haut, musée bas, que l’on parcourerait (sic) de long en large afin de savourer TOUS ses fruits ? On the road again, je suis prêt. Et vous, CHEESE ?
Rédigé par : Vince Vint@ge | le 25 novembre 2008 à 11:35

3.

Bonjour Marc,

J’ai trouvé cette exposition assez décevante, peut-être du fait de sa prétention exhaustive. Il y a trop d’absents pour qu’on puisse parler de « photographie américaine des années soixante-dix« . D’abord les artistes conceptuels (Dan Graham avec «Homes For America» aurait constitué un formidable prolongement à Ed Ruscha). Il y a d’autres absents, les photographes du banal, de l’anodin qui ont généralisé l’usage de la photographie couleur (Shore, Meyerowitz, Eggleston). Seule une photo d’Eggleston est présentée ici, et encore, bien cachée et mal éclairée au fond de l’expo. L’accrochage de la seule œuvre d’Ed Rucha est surprenant : un livre accroché au mur, la preuve que cette photo là, continue à être mal appréhendée ici.

L’expo donne une importance démesurée à la Street Photography démontrant que l’exposition se déroule bien au pays des héritiers de Cartier-Bresson. Les expérimentations photographiques concernent soit des auteurs dont le travail (dépassé aujourd’hui) a « cartonné » dans les années 80 (Les Krim) ou alors des expérimentations formelles qui restent dans le cadre d’une photographie autoréférencée (Burk Uzzle).

Ces partis pris empêchent de mesurer à quel point les années soixante-dix furent la scène d’un immense brassage entre des pratiques purement photographiques (historiques et “street”), des expérimentations formelles (Shore / Eggleston bien plus que Uzzle) et conceptuelles. Cette période est essentielle dans l’émergence des travaux des photographes / scénographes des années 80 (parmi lesquelles Philip Lorca di Corcia _ dont l’œuvre m’a personnellement beaucoup intéressé, me permettrai-je d’ajouter _ , Jeff Wall et d’autres).

Enfin, le découpage est un peu trop didactique, en effet. Du coup, il porte atteinte à la lecture de l’œuvre de certains photographes et notamment Friedlander et Winogrand.

Cela étant dit, si on évacue la question de la prétention initiale de l’expo et que l’on parle de la collection BNF même (puisque c’est de ça qu’il s’agit), il faut reconnaître qu’elle est très belle et que certaines séries sont éblouissantes (Winogrand, Arbus et Larry Clark).
Rédigé par : Assia Naïl | le 25 novembre 2008 à 11:38

4.

Bonjour,

De quelle décennie parlez-vous? S’il s’agit des années 70, je crains qu’elle ne soit qu’un prétexte : ce que nous voyons à la BNF est tout simplement l’accrochage hasardeux d’une collection, assortie de classifications ridicules et enveloppée dans un concept inopérant. Exactement le genre d’entreprise dont je sortais furieux quand j’avais 20 ans, en me demandant pourquoi les échos publics étaient si unanimes.
Car que vient faire ici Bruce Gilden, clairement hors-sujet si l’on s’en tient à l’énoncé ?
Pourquoi encore Shore ou Eggleston (une photo pour lui !) sont-ils quasi-absents, si ce n’est parce que monsieur Lemagny n’aimait pas la couleur ?
Quelles perspectives la mise en espace nous ouvre-t-elle ?
Etc., etc., etc.
Il aurait été tellement simple de déballer la collection et de dire : “Voilà ce que nous avons”. De penser un accrochage pertinent en faisant appel exactement aux mêmes images plutôt que de monter cette recension à prétentions historique, inévitablement biaisée par le matériau disponible.

Si l’on oublie la forme de cette exposition et le catalogue qui l’accompagne, il faut bien dire que l’on y voit des images magnifiques et que l’ensemble confirme la place de certains _ Baltz par exemple, vers le haut, et Uzzle ou Harbutt, de toute évidence pas au niveau _ alors que d’autres, comme le remarquait le commentaire précédent, sont sacrifiés.
Quelles que soient les frustrations qu’elle génère, il faut donc voir cette exposition, pour le casting incroyable et l’impact des tirages.
Y aller averti aidera à s’épargner l’exaspération et à profiter sans retenue d’une matière qui se fait de plus en plus rare.
    Rédigé par : C. | le 25 novembre 2008 à 12:34

5.

Au delà de l’exposé historique, ces gens là (les absents, mais aussi Clark, Arbus, Deal, Ruscha…) inventent une nouvelle façon de faire parler la photo, loin de la dénonciation frontale des misères et du discours ressassé sur l’autre visage de l’Amérique.
On aborde du coup d’autres sujets, l’ennui et la monotonie du quotidien (Eggleston, Shore, Clark, Ruscha). On réinvente le road trip (Shore) et le portrait du territoire (Deal, Ruscha) hors des mythes. On aborde l’inhumanité des lieux où vivre (Dan Graham, même si c’est un gros raccourci) …
Surtout, la photo dit le moins de choses et ouvre des portes à d’autres lectures. Une photo où on se sent libre de penser, libéré de toute prescription.

Au final, c’est surtout de ça dont l’expo oublie de parler.
Rédigé par : Assia Naïl | le 25 novembre 2008 à 12:50

6.

Une petite remarque !
Ne trouves-tu pas étrange qu’il n’y ait qu’une photo couleur _ et en plus qui clôt le parcours ?
Est-ce le simple fait de l’absence de telles photos dans les collections de la BNF, et si c’est le cas, n’aurait-on pas du être averti ?
Et si c’est un choix, n’aurait-il pas dû être expliqué plus clairement ?
Parce qu’on ressort avec l’impression que la couleur, l’existait pas encore ; et ça c’est bien étrange !!
C’est vraiment ce qui m’a suprise dans cette expo!
Rédigé par : Alexie | le 25 novembre 2008 à 13:24

7.

Oui, l’expo est un peu terne et un peu sérieuse… De là à parler de « visiteur exaspéré au final« , il ne faut rien exagérer…
Il ne faut pas bouder son plaisir. Les photos sont belles.
  Elles viennent d’une collection gouvernée par des choix, des manques et des ratages (comme toute collection) ; d’où l’absence, je pense, de photos de Stephen Shore, précurseur lui aussi d’une autre vision de l’Amérique…

J’ai trouvé que l’exposition complétait bien le travail accompli depuis quelques années par certains commissaires, notamment au Jeu de Paume et à Sully, autour de la photo américaine des année 50/70. Cf. Stephen Shore, Ruscha, Friedlander.

Mais c’est vrai, j’ai eu la chance d’être curieuse et de voir ces expos sans parfois rien connaître de ces artistes…

Pour ma part, je me suis pris les photos de Larry Clark en pleines gencives (je connaissais son travail de cinéaste, mais non de photographe) _ la série intitulée “teenage lust” est magnifique, très violente et bouleversante.
Rédigé par : Cécile B | le 25 novembre 2008 à 15:01

8.

Sinon, Lunettes rouges, la « wedding picture » … oui … oui … bien sûr …
J’ai eu du mal à la quitter _ Je l’ai lâchée à regret _ J’y suis revenue.
Je suis revenue la contempler au moins cinq fois !!!

Rédigé par : Cécile B | le 25 novembre 2008 à 15:12

9.

Je rejoins le concert des déçus.
Un enchaînement hétéroclite d’œuvres qui, je le confirme, donne très vite le sentiment d’un accrochage aléatoire, en vrac, de pièces qui méritaient mieux que ça.
Etrange aussi le parti pris de ne pas exposer de photos couleurs, même si il est vrai que la photographie couleur n’a été admise dans les institutions qu’à partir des années 80… Et ça repose donc, et encore, la question de la lisibilité de cette expo qui aurait pu être tout autre chose si elle s’était voulue un peu plus ambitieuse.
Rédigé par : arslan | le 25 novembre 2008 à 18:34

10.

Comme il est dit plus haut, Jean-Claude Lemagny, le conservateur du cabinet des estampes, ne s’intéressait pas à la photographie en couleur, et à peine à celle qui est montrée dans cette exposition…
C’est la raison de l’aspect fragmenté de cette collection qui, historiquement, n’est pas représentative. La réflexion semblant avoir été réduite au minimum, on ne comprend pas grand-choses aux intentions des commissaires, à la période et à ses enjeux, ou du moins on comprend qu’il faut encore aller puiser dans des anthologies incomplètes pour se refaire l’histoire (ceux qui ont par exemple assisté à la conférence de Larissa Dryansky à la Mep il y a deux ans seront un peu plus avancés).
Rédigé par : susanna | le 25 novembre 2008 à 19:38

11.

Merci de le rappeler avec autant de force, mais, en effet, c’est l’exposition d’une collection, pas un panorama représentatif.
Elle repose en effet les questions des définitions excluantes de la photographie de la part des critiques et commissaires des années 70s : noir et blanc ou couleur, et prudence face au conceptuel. Ce n’est pas que « Monsieur Lemagny n’aimait pas la couleur« , c’est que sa vision de la photo à cette époque était conditionnée par certains paramètres culturels (disons, pour simplifier, Henri Cartier-Bresson), historiques ou personnels (son père était graveur), et que la collection a été construite sur ces bases (il y aurait sans doute une histoire critique de la collection BNF à écrire, mais ce n’était pas mon propos).

Mais, à l’intérieur de ce cadre pré-défini, j’ai trouvé, pour ma part, à votre différence, le discours assez clair et le parcours, certes trop didactique, mais plutôt lisible (à l’exception de la série sur les gens ordinaires, incompréhensiblement déplacée), ni aléatoire, ni hétéroclite tant qu’on veut bien en accepter les prémisses.

Le seul commentaire sur lequel je ne sois pas d’accord est le second d’Assia Naïl :
la photo dit le moins de choses et ouvre des portes à d’autres lectures. Une photo où on se sent libre de penser, libéré de toute prescription.
Au final, c’est surtout de ça dont l’expo oublie de parler.

Les photographes dont tu regrettes l’absence auraient certes aussi ouvert des portes, d’autres portes, mais ceux présentés ici me semblent être à même d’offrir des espaces de liberté tout aussi enivrants, que ce soit Larry Clark, Gary Winogrand, John Deal ou Kenneth Josephson. Et c’est là, me semble-t-il, la rupture face aux deux décennies précédentes, ce refaçonnage de la réalité, cette liberté face aux règles établies. J’ai eu le sentiment que l’expo parlait justement de ça, dès la première section d’ailleurs.
Rédigé par : Lunettes Rouges | le 25 novembre 2008 à 20:28

12.

10 posts, l’Amérique intrigue toujours. On veut nous bombarder avec les Chinois, les Russes et les Indiens ; mais, n’en déplaise au marché de l’art qui surgonfle les cotes pour attirer les collectionneurs bling bling de ces contrées-là, les Etats-Unis restent une grande mythologie. Un territoire déjà peinture, photo ou film. Du Cinémascope et du Technicolor en live.
Rédigé par : Vince Vint@ge | le 25 novembre 2008 à 20:31

13.

Lunettes rouges,
M. Lemagny n’aimait vraiment pas la couleur, et il s’est au fil des ans enfermé dans sa propre utopie. Un regard à son dernier livre, L’ombre, la matière, la fiction _ en 1995, publié par Nathan/Bibliothèque nationale _ est édifiant de ce point de vue, quinze ans après sa sortie. Mais Lemagny a fait un gros travail pour aider à la reconnaissance de la photographie en France et on peut lui pardonner de ne pas avoir été totalement réceptif à certains courants. Cette collection, avec ses défauts, reste tout de même un beau morceau.

Ceci dit, l’exposition est effectivement claire, et, comme vous le dites, il faut accepter les prémisses. Pour ma part, je trouve celles-ci singulièrement louvoyantes. Malgré tout, avec “Objectivités” et ces photos américaines, on a actuellement à Paris de quoi comprendre un peu mieux la photographie d’aujourd’hui.
Rédigé par : susanna | le 25 novembre 2008 à 21:23

14.

C’est un commentaire mal formulé en fait ; et qui contredit en partie le précédent… Tu as raison, ceux que tu cites ouvrent au même titre que les autres et la cellule “Arbus” à l’entrée réjouit dès le premier coup d’œil. Par “c’est surtout de ça dont l’expo oublie de parler”, je pensais plus à la variété des pratiques, y compris celle qui ne figure pas dans les collections, quitte à la mentionner uniquement.

Pour ceux qui sont exposés, c’est une vraie chance de pouvoir les voir à Paris, comme le dit Susanna. D’autant plus qu’une partie des “absents” est à « la Maison rouge » en ce moment.
Rédigé par : Assia Naïl | le 25 novembre 2008 à 23:37

15.

Je rejoins ce que dit “Lunettes rouges”.

La BN (et notamment Richelieu) monte régulièrement quelques expos d’ampleur faisant le tour transverse et approfondi d’un sujet (voir il y a bien bien longtemps “Tous les savoirs du monde” ou encore “Proust” ou plus récemment “Artaud”). Elles se tiennent souvent à Tolbiac.

Pour ce qui est de la BN Richelieu, les expos, bien souvent, me semble-t-il, pour beaucoup les pratiquer, valorisent et donnent à voir aux visiteurs les fonds d’estampes, d’enluminures et de photos (car ces fonds, nationaux, très riches et extraordinaires, se doivent d’être accessibles à tous et toutes et pas seulement aux chercheurs).
Les commisssaires, contrairement à ce que disent certains posts, s’en cachent rarement et mettent carte sur table dès le début de l’expo.

Après on peut toujours regretter et critiquer :
_ la manière dont une collection s’est constituée (c’est toute la question des musées et des bibliothèques : comment être en prise avec le réel, être fouineur, avoir du flair et de l’intelligence, avoir l’esprit d’avant-garde… et les moyens pour le faire)
,
_ les choix frileux ou contestables des commissaires d’expo (mais c’est ausssi la dure loi du goût de quelques-uns et de la sélection dans la sélection !!),
_ l’état d’esprit de certains conservateurs… régulièrement et volontairement conservateurs…
_ la muséographie souvent sobre, austère et terne des expos à Richelieu (mais ça fait du bien aussi … Au moins, le regard ne se disperse pas et ne s’attarde que sur les œuvres présentées),
_ et enfin, et là j’insiste, le constant manque affreux de mise en perspective historique des expos de la BN Richelieu…
Pour certaines expos _ et par exemple celle-ci, je n’en tiens pas compte… _, je navigue à vue et me laisse séduire. Pour d’autres, c’est plus ennuyeux…
(voir l’expo “Daumier” extrêmement pauvre à ce niveau _ je ne suis pas spécialiste du XIXème et de la Monarchie de Juillet, de ses turpitudes et de ses mouvements d’opposition révolutionnaires socialistes ou républicains ! Malgré une petite culture générale encore présente, j’en ai bavé. J’ai dû compulser des manuels d’histoire en sortant !!) (mais je m’éloigne de la photo des années 70…)
Rédigé par : Cécile B | le 26 novembre 2008 à 14:12

16.

Chère Cécile B,

La vie des artistes, mise en contexte historique, me fait penser à cette phrase du toréador et astrologue espagnol du XVIII Diego Torres Villarroel, que “l’Histoire était le pénible exercice de déterrer des cadavres déjà pourris”. L’historien qui se veuille humain ne peut pas s’empêcher de faire son travail avec des remous dans l’estomac.
Rédigé par : Manuel Montero | le 26 novembre 2008 à 20:32

17.

« l’Histoire était le penible exercice de déterrer des cadavres déjà pourris » (Diego Torres Villarroel)
Oui, j’ai bien connu sa tante, Maria Elena Torres Villarroel del Sol.

A part ça, la science humaine, et pourquoi ne pas mettre la recherche artistique là-dedans, et la mort font bon ménage, Platon ne disait-il pas : “Philosopher, c’est apprendre à mourir” ?

Et pensons à la démarche d’un Opalka, rien que ça. Blanc sur blanc, tel une peinture-linceul, ou la chronique d’une mort annoncée.
Rédigé par : Vince Vint@ge | le 27 novembre 2008 à 19:56

18.

Je me devrais d’arrêter le lettrisme que je fais avec mes miettes ? Il est oraculaire, donc une prospection propre à la science artistique. Je peux sentir la mort et nonobstant la mémoire invente une nouvelle vie.
Rédigé par : Manuel Montero | le 28 novembre 2008 à 01:28

Pour faire un peu personnellement le point sur tout cela, très riche :

les commentaires sont certes « inégaux » ; mais beaucoup, et même la plupart, sont fort bien informés (= cultivés) ; et donc on ne peut plus enrichissants pour le lecteur.

Par là, ce blog-ci (« Amateur d’Art« , de « Lunettes rouges », donc), me paraît même globalement plus précieux à lire en ce qui concerne les interventions des lecteurs-commentateurs

que ma référence « littéraro-culturelle » (sic) : « La république des livres » ;

si riche et intéressante, elle, par la densité d’information (sur ce qui se publie) _ et « appréciations cultivées » _ de son auteur, Pierre Assouline ;

mais un peu moins par la majorité _ à ce qu’il me paraît (et suis bien contraint d’en juger) _ des commentaires de bien des intervenants qui le « squattent » _ avancerais-je :

voilà qui est me semble-t-il

_ et c’est sur ce point-ci, que je veux mettre ici mon accent ! _

révélateur

des tropismes du « public » « culturel »

_ je ne peux m’empêcher chaque fois que j’emploie de ce mot-ci, de « culturel« , de ressentir, le regard sourcilleux, et ô combien à juste titre ! de Michel Deguy, penché juste au-dessus de moi, légèrement en arrière, et en surplomb, tout près de mon épaule _ ;

voilà qui est révélateur

des tropismes du « public » « culturel » _ et désormais « blogger » _

français,

toujours (bien) trop peu assez curieux

_ peu assez « vrai lecteur », « vrai écouteur », « vrai regardeur » _ ;

et,

en conséquence (puis cause, par feed-back) de la faiblesse insigne de cette « curiosité », pas assez « attentive intensive »,

(bien) trop peu assez familiarisé, aussi (ou non plus, ce « public »),

pour se frotter _ et avec régularité (et amour, passion !) _ à davantage d’étrangeté _ « inquiétante » :

soient des « fantômes« ,

« fantômes » aimés et régulièrement fréquentés, eux, d’un Hervé Guibert

_ écrivain, auteur de « Vous m’avez fait former des fantômes » (paru aux Éditions Gallimard en octobre 1987) ; et aussi (grand) photographe _,

et d’un Eugène Green

_ écrivain, auteur du magnifique et très important « Présences _ essai sur la nature du cinéma » (publié en coédition par Desclée de Brouwer et les Cahiers du cinéma en octobre 2003), homme de théâtre, et aussi (grand) cinéaste ;

d’Hervé Guibert, vient de paraître, ce mois de novembre, « Articles intrépides _ 1977-1985 » ;

et d’Eugène Green, ce mois de septembre dernier, « La Reconstruction« _ ;

..

voilà qui est (grandement) révélateur, donc,

des tropismes du « public » « culturel » (et désormais « blogger ») français

toujours (bien) trop peu assez curieux,

je reprends le fil de ma phrase,

des arts plastiques _ et donc de la photo ! _ ;

ainsi que de la musique, d’ailleurs ;

par rapport à l’écrit

_ je ne dirais toutefois pas : « le littéraire » ;

soit, et encore une fois, le révélateur symptomatique (!) d’une certaine (bien dangereuse…) superficialité ;

quand pareilles curiosités _ plus fines… _ me semblent assez mieux partagées par d’autres publics latins,

usagers des langues (et cultures) espagnoles, italiennes et portugaises, par exemple…

A moins que ce ne soit là le simple fruit

de l’impact _ à force de blietzkrieg : bombardement massif et permanent _ du décervelage à immense échelle des media

et de l’appauvrissement, renforcé encore ces temp-ci, de « l »école » !!!

Et sur cette question, et ce danger-ci (de la « pulvérisation » de la « culture » en « milieu scolaire »),

et face à toutes les manœuvres destructrices

et propagandes anesthésiantes, en constante inflation et avancées,

lire l’excellentissime « École : mission accomplie » _ eh oui ! _

du lucidissime Pierre Bergounioux _ « Entretiens avec Frédéric Ciriez et Rémy Toulouse« , paru aux Prairies ordinaires en août 2006…

Avec les conséquences _ tout bonnement suicidaires ! _ qui sapent au quotidien

le sol fragile _ tout se tenant et se délitant solidairement… _

de « civilisation » d’une humanité » « non-inhumaine« …

Ce que la photographie _ et américaine : elle a ses « lucides » ! _ aussi peut « montrer », quand elle est celle de « regardeurs » sans complaisance, mais libres…


Titus Curiosus, ce 28 novembre 2008

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