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Le suicide d’une philosophe : de la valeur de vérité (et de justice) dans le marigot des (petits) accommodements d’intérêts (4 _ en forme d’apothéose)

20nov

Sur l’épisode n°5

_ « sur la sollicitude des philosophes, et la sollicitude heideggerienne en particulier«  _

d’une série d’articles d’Yves Michaud _ « Un Suicide dans les règles » _,

à propos la (bien) pénible affaire du « suicide d’une philosophe«  suite à sa non-titularisation,

dans des circonstances (universitaires) de formes (on ne peut plus) légales (« dans les règles« ), certes,

mais sans guère de « sollicitude«  (« care » : donc éthique), semble-t-il :

voici, du moins, une nouvelle pièce (d’analyse philosophique _ pointue…) à verser, aujourd’hui, à ce dossier ;

et on ne perdra certes pas son temps à accepter de bien vouloir lire in extenso ce nouvel article d’Yves Michaud en son blog « Traverses » du site de Libération, à la date de ce jour : « Rédigé le 20/11/2008 à 16:54« …

En pleine lecture de l’essai « Le Sexe de la sollicitude » de Fabienne Brugère,

qui le présentera à la Société de Philosophie de Bordeaux, dans les salons Albert-Mollat de la Librairie Mollat _ 15 rue Vital-Carles, à Bordeaux _ mardi prochain, 25 novembre, à 18 heures,

je n’ai donc pu que me trouver « interpellé »

par le sous-titre de ce nouvel « épisode »

de la (très remarquable) analyse michaldienne de ce (bien) pénible « cas » :

« sur la sollicitude des philosophes, et la sollicitude heideggerienne en particulier« , donc…

Dans une forme absolument « désopilante«  (!!!)

qui n’est pas sans rappeler le talent _ ou le génie : déchaîné ! _ du Swift des « Instructions aux domestiques »

(afin de « résoudre » « au mieux » l’assez difficile famine irlandaise _ de son temps, en 1745),

Yves Michaud nous prie, nous, lecteurs, de bien vouloir lui pardonner quelque « excès » d’humour noir » :

l’adjectif « désopilant » est, en effet, employé par l’auteur de cet article (d’anthologie) lui-même, pour l’usage de « Heidegger » que « se permet » _ sans doute en vertu de la « méta-fiction » ! _ un auteur de romans japonais, M. Tsutsui Yasutaka ;

en voici le détail :

« Histoire de sourire dans une affaire sinistre,

je renvoie sur ces quelques points à un roman désopilant du japonais Tsutsui Yasutaka, grand maître de la méta-fiction, « Les cours particuliers du professeur Tadano » _ ce roman, de 1990, est paru en traduction française aux Éditions Stock, en 1996.

Que les Brestois se rassurent, le livre de Yasutaka _ né en 1934 à Ōsaka _ ne se passe pas à l’Université de Bretagne occidentale ; et le professeur Tadano n’y enseigne pas la philosophie allemande !

Dans ce  roman, le professeur Tadano, qui a l’air de s’y connaître en jargon heideggerien authentique _ comment ne pas admirer l’emploi d’un tel terme en pareille occurrence ?!.. _, paraphrase ainsi la pensée du maître :

« Tenez, par exemple, quand on aide les autres, quand on couche avec eux, quand on les trahit, quand on se fait transmettre le virus du sida, tout ça, c’est de la sollicitude dans la terminologie de Heidegger » ;

ou encore :

« L’authenticité, c’est quand l’homme fait face à sa souffrance et à sa peine, qu’il l’assume, sans chercher à lui échapper

en faisant du tourisme de masse ou en se réfugiant dans la bouffe,

bref,

qu’il existe réellement en tant que lui-même. » Fin de la citation du roman japonais.

Yves Michaud s’en excuse un peu plus loin, au final de l’article :

« Qu’on me pardonne, pour finir, mes quelques traits d’humour noir.
D’abord ils soulagent.
Ensuite j’espère bien qu’ils ne dissimulent pas mon sentiment profond : que toute cette histoire fut et demeure strictement
_ l’adverbe aussi est important _ « dégueulasse ». »

Merci…

Et sur le fond, maintenant,

lire tout le détail de l’article sur le site « Traverses » d’Yves Michaud…


Titus Curiosus, ce 20 novembre

Le suicide d’une philosophe : de la valeur de vérité (et de justice) dans le marigot des (petits) accommodements d’intérêts (3)

16nov

Ou de l’urgence de davantage philosopher _ en pratique _, en France, en particulier (mais ailleurs aussi),

d’après un excellent article

_ en suivant : c’est le numéro 4 d’une série, avec indication : « (à suivre)« … _

d’un Yves Michaud en pleine forme, sur son blog « Traverses« , réactivé, sur le site de Libération :

toujours à propos du « suicide d’une philosophe« , qui enseignait à l’Université de Brest :

« un suicide dans les règles (4) : sur la chance morale » ; soit

http://traverses.blogs.liberation.fr/yves_michaud/2008/11/un-suicide-da-1.html

L’analyse-réflexion d’Yves Michaud ici porte « sur la chance morale » ; et ses liens avec la différence entre la responsabilité et la culpabilité (morales) ;

en s’éclairant de la différence conceptuelle

élaborée par « notamment la regrettée Susan Hurley _ 1954 – 2007 _ dans son livre « Justice, Luck and Knowledge« )« ,

entre autres philosophes qui « ont introduit une distinction entre chance fine (thin luck) et chance épaisse (thick luck). Je sais, ma traduction n’est pas bonne, mais je ne trouve pas mieux« , indique Yves Michaud.

Qui précise aussi :

« Cette notion de chance morale est bien gênante.

Même si elle a toujours été présente à la réflexion, elle n’a été analysée et examinée en profondeur que depuis une vingtaine d’années. Les deux premiers auteurs à avoir abordé le sujet sont Bernard Williams dans son livre « Moral Luck« , traduit en français sous le titre un peu aplati de « La fortune morale »

_ en 1994, aux PUF _,

et Thomas Nagel dans son livre « Mortal Questions«  dont la traduction française

_ « Questions mortelles« , paru en traduction française, aux PUF, aussi, en 1983 _

n’est plus disponible.

Il ressort de ces analyses au moins deux choses pour ce qui nous intéresse ici.

D’une part, la place de la chance dans nos actions est bien plus importante que nous le croyons (voir la manière dont Nagel énumère les types de chance) ; et donc la notion de chance morale n’est pas si scandaleuse qu’elle en a l’air.

D’autre part surtout, il est probablement plus coûteux de se débarrasser de la notion que de l’accepter _ avec les conséquences que cela implique pour le jugement moral puisque cela donne ces  «non responsables qui sont quand même coupables». »

Sur le premier point, Yves Michaud constate :

« Pour ce qui est de l’omniprésence de la chance dans nos actions, il faut probablement en revenir d’une conception trop «contrôleuse», trop confiante, ou insouciante des actions. Nous faisons ce que nous voulons, oui, mais… quand nous y arrivons, quand ça marche, quand ça ne rate pas, et surtout quand ça ne tourne pas à la catastrophe.

Ce qui ne nous autorise nullement à bien faire et laisser courir, tout au contraire, mais implique que nous agissions avec précaution ; et surtout que nous soyons prêts à assumer moralement les conséquences involontaires. Agir, c’est

_ presque toujours, le plus souvent, parmi (ou « dans ») le jeu (des éléments fluctuants, plus ou moins incertains) du réel _

prendre des risques.

Du point de vue de la responsabilité sociale, les systèmes assuranciels sont là pour nous «couvrir» : nous partageons ainsi

_ le point mérite (toute) notre attention : il est tout à la fois juridique ; mais aussi social, et politique ; en plus d’être « pécuniaire » ; ou « financier »… _

la chance et la malchance.

Du point de vue moral, il nous faut _ impérativement ? pragmatiquement ? faire preuve de soin et de prudence dans l’action.

Quant à leurs conséquences, il n’y a pas d’«assureurs moraux» _ juste des ouvertures de parapluie _, des petites ou grosses lâchetés

_ à moins que nous n’assumions courageusement et «répondions» de nos actes

au lieu de nous «défausser». »

« Quant à se débarrasser de la chance morale, c’est une autre affaire puisqu’il nous faudrait nier purement et simplement qu’il y ait quoi que ce soit de tel« , continue Yves Michaud ;

qui parvient, un peu plus loin,

après avoir bien précisé la différence entre les deux concepts de « thin » et « thick » « luck« ,

à ce constat :

« Une analyse de la chance «épaisse» fait toujours intervenir une réflexion approfondie sur le contrôle, le choix, la liberté, la coopération _ je note tout spécialement ce facteur _ dans les actions. Elle demande de quoi étaient maîtres les gens _ en leur pouvoir même de décision, ici « statutaire » _ qui ont décidé, de quoi ils n’étaient pas maîtres, de quoi ils étaient maîtres seulement partiellement.« 


Ce qui aboutit à :

« De fil en aiguille il y a des chances (c’est le cas de le dire) qu’ils apparaissent maîtres de bien plus qu’ils ne veulent bien le dire, au moins «en creux»,

en termes des omissions, lacunes et abstentions de leurs comportements »

_ et pas seulement de leur agir effectif positif : en l’occurrence une signature « dûment » estampillée de tous cachets ad hoc

Ce qui amène la conclusion :

« La meilleure ou moins mauvaise _ à tout (ou presque) bien « balancer »… _ solution

est au fond d’admettre que tout acteur doit endosser les conséquences même involontaires de ses actions.« 

Avec ce commentaire :

« Qu’y puis-je cependant si la réalité éthique (eh oui, il y en a une !) ne se plie pas à nos désirs de vivre heureusement irresponsables ?

J’attends que l’on demande aux tribunaux de trancher ces questions authentiquement philosophiques.

Tout comme celle de la sollicitude dont je parlerai pour finir

parce qu’il est quand même fort de café que ceux qui parlent de sollicitude,

et pas pour la récuser,

ne la pratiquent pas…

(à suivre) »

Intéressant,

tant socialement que moralement,

sur la « situation » éthique (« actuelle ») de certaines tendances de mœurs de nos sociétés « modernes »…

Et à méditer,

déjà,

quand nous plaçons solennellement,

et dans les règles du Droit et des constitutions,

notre bulletin de vote dans une urne,

et cautionnons indirectement, ou pas, tel et tel « état » de ces mœurs…

Titus Curiosus, ce 16 novembre 2008 

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