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Quelques questions à propos des éditions successives, de 1535 (à Paris, Pierre Attaingnant), février 1539 (à Ferrare, Johannes de Buglhat, Henricus de Campis et Antonio Hucher), août 1539 (à Strasbourg, Peter Schöffer-le-Jeune) et 1555 (à Paris, Adrien Le Roy & Robert Ballard) du motet « Salus populi ego sum » de Pierre Cadéac : la diffusion-circulation des partitions et le carrefour civilisationnel de Ferrare…

07sept

En me penchant d’un peu plus près sur les découvertes présentées hier 5 septembre en mon article «  » _ à écouter ici en une durée de 5′ 09, dans l’interprétation de l’Ensemble Siglo de Oro dirigé par Patrick Allies, dans ce très intéressant CD « The mysterious Book of Motets 1539«  Delphian DCD34284 qui m’a fait et découvrir cette œuvre, et me passionner pour elle depuis… _ concernant quatre éditions successives, en mai 1535 à Paris, en février 1539 à Ferrare, en août 1539, à Strasbourg, et puis en 1555, à Paris, du Motet « Salus populi ego sum » de l’auscitain Pierre Cadéac (ca. 1505 – ca. 1565) :

_ à Paris, au mois de mai 1535, par Pierre Attaingnant (ca. 1494 – ca. 1552) _ au sein (le n° 17) du recueil collectif « Motettorum, Book 13 » de 18 Motets de 14 compositeurs différents (Rogier Pathie, Corneille Joris (2), Jodon, Matthieu Lasson, Jean Lhéritier, Claudin de Sermisy (2), Johannes Lupi (2), Colin Margot, Florentius Vilain, Pierre de Manchicourt, Jacquet de Mantoue, Nicolas Gombert, G. Harsius et Pierre Cadéac (2))  … _

_ à Ferrare, au mois de février 1539, par Johannes de Buglhat, Henricus de Campis et Antonio Hucher _ une édition dédiée à Ercole II d’Este, le duc de Ferrare ; sur Jean de Buglhat, actif à Ferrare à partir de 1528 (où il arrivé dans le bagages de Renée de France, l’épouse d’Ercole II, le 28 mai 1528, à Paris), et décédé en 1558, lire la notice détaillée de Camilla Cavicchi, aux pages 434-435 du « Guide de la Musique de la Renaissance » des Éditions Fayard en novembre 2011 ; ainsi que l’article « the battle of the woodcuts« , à propos de la rivalité des imprimeurs de musique Antonio Gardano, à Venise, et Johannes de Buglhat, à Ferrare… ;

au sein (le n° 4) du recueil collectif « Moteti de la simia » de 20 Motets de 12 compositeurs différents (Nicolas Gombert (3), Jacques Arcadelt (2), Pierre Cadéac, Jaquet de Berchem (3), Nicolle Celliers de Hesdin (2), Claudin de Sermisy, Ivo Barry (2), Jacques du Pont, Jacquet de Mantoue (2), Dominique Pinot, Maistre Jhan et Adrian Willaert) _ ;

_ à Strasbourg, au mois d’août 1539, par Peter Schöffer-le-Jeune _ au sein (le n° 8) du recueil collectif « Cantiones quinque vocum selectissimae » de 28 Motets de 14 compositeurs différents (Maistre Jhan, Nicolas Gombert (9), Jean Conseil, Jacquet de Mantoue (4), Adrian Willaert (3), Pierre Cadéac, Andreas de Silva, Johannes Lupi (2), Dominique Phinot, Simon Ferrariensis, Jehan Sarton, Jhan Billon, Philippe Verdelot et Jacques Arcadelt) _ ;

_ et à Paris, en 1555, par Adrien Le Roy & Robert Ballard _  le n° 14 du recueil de 18 « Moteta quatuor quinque et sex vocum liber primus » de Pierre Cadéac seul, cette fois… _,

vient s’éclairer davantage le lien _ a priori un peu étonnant : Pierre Cadéac n’est ni parisien, ni flamand…_ à Ferrare du Motet « Salus populi ego sum » de Pierre Cadéac…

La présence effective de compositeurs ou chanteurs ou instrumentistes français ou flamands à Ferrare, à partir de 1528, de même que la présence de partitions _ manuscrites, ou imprimées _ de ces compositeurs à la cour de Ferrare, est en partie liée à _ ou plutôt réactualisée (la fine-fleur des musiciens franco-flamands est en effet très présente à Ferrare dès la fondation de la chapelle musicale des Este par Leonello d’Este, en 1441 ; et même un peu avant, lors du brillant concile tenu à Ferrare en 1438-1439, en présence du pape Eugène IV, sous le règne du père de Leonello, Niccolo III d’Este… ; cf mes articles des 2 et 3 septembre derniers : « «  et « « …) ; ou plutôt réactualisée, donc, par _ la présence à Ferrare, et au cœur même de la vie de cour ducale, de la duchesse Renée de France (Blois, 25 octobre 1510 – Montargis, 12 juin 1575) _ fille du roi Louis XII (Blois, 27 juin 1462 – Paris, 1er janvier 1515) et son épouse la reine Anne de Bretagne (Nantes, 25 janvier 1477 – Blois, 9 janvier 1514), et belle-sœur du roi François Ier (Cognac, 12 septembre 1494 – Rambouillet, 31 mars 1547) : la sœur aînée de la duchesse Renée était la reine Claude (Romorantin, 13 octobre 1499 – Blois, 15 juillet 1524)… _, l’épouse du duc Ercole II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559) ; dont le mariage venait d’avoir eu lieu, à Paris,  le 28 mai 1528.

Et la duchesse Renée sera _ très (voire un peu trop) _ présente, avec son entourage français _ seront ainsi présents, un moment, à Ferrare, entre autres notables hôtes personnels de la duchesse Renée : le poète Clément Marot (ca. 1496, Cahors – Turin, 12 septembre 1544), d’avril 1535 au carême 1536, et le théologien de la Réforme Jean Calvin (Noyon, 15 juillet 1509 – Genève, 27 mai 1564)… _, à Ferrare jusqu’au décès de son époux, le 3 octobre 1559 ; le nouveau duc, leur fils Alfonso II d’Este (Ferrare, 22 novembre 1533 – Ferrare, 27 octobre 1597), s’empressant de renvoyer alors la duchesse douairière, sa mère, en France, où elle décèdera, à Montargis, le 12 juin 1575. Mais la duchesse Renée eut auprès d’elle nombre d’artistes, mais aussi entre les mains nombre de poèmes et de partitions de ses musiques aimées :

ont ainsi composé pour elle, entre autres, Jakob Buus (Gand, ca. 1500 – Vienne, août 1565), qui lui dédie en 1543 son « Primo libro di canzoni francesi«  ; mais aussi Adrian Willaert et Cipriano de Rore, qui ont composé sur la « Méditation de Savonarole » _ Jérôme Savonarole (Ferrare, 21 septembre 1452 – Florence, 23 mai 1498) était en effet ferrarais… _ du compositeur Simon Joly (1524 – 1559)…

Par conséquent, c’est très probablement dans ce contexte culturel ferrarais que l’imprimeur Jean de Buglhat _ en rivalité avec le grand imprimeur vénitien Antonio Gardano (Gardanne, 1509 – Venise, 28 octobre 1569), installé Calle della Simia, non loin du pont du Rialto… _ fait paraître en février 1539, à Ferrare _ où Buglhat demeurera désormais toute sa vie durant : il décède à Ferrare en 1558 ; sur l’éditeur Jean de Buglhat, lire la notice de Camille Cavicchi aux pages 434-435 du « Guide de la Musique de la Renaissance«  _ le recueil de 20 motets _ intitulé par pure provocation professionnelle ! _ « Moteti de la simia« , dans lequel Buglhat intègre, très probablement emprunté au recueil de 18 Motets « Motettorum, Libro 13 » publié au mois de mai 1535 à Paris par Pierre Attaingnant, en raison de sa beauté singulière, le Motet de Pierre Cadéac « Salus populi ego sum« .

Et c’est probablement par ce biais ferrarais-là des « Moteti de la simia » de Buglhat, de février 1539, et via la diffusion-circulation _ jusqu’à la cour si mélomane de Ferrare ; et en 1535, justement, Clément Marot y séjourne depuis le mois d’avril de cette année-là… _ du recueil de Motets « Motettorum, Libro 13 » de Pierre Attaingnant publié à Paris en mai 1535, qu’a pu en prendre connaissance, à son tour, à Milan, le maître de chapelle de la cathédrale de Milan, le flamand Matthias Werrecore (Warcoing-Pecq, ca. 1500 – après 1574) _  dont l’envoi et la réception strasbourgeoise a permis l’édition de ce motet « Salus populi ego sum«  de Pierre Cadéac au sein des 28 « Cantiones quinque vocum selectissimae » qu’a fait paraître, six mois plus tard, au mois d’août 1539, l’éditeur- imprimeur strasbourgeois Peter Schöffer-le-Jeune ; recueil de Motets sur lequel Daniel Trocmé-Latter a travaillé en son « The Strasbourg Cantiones of 1539« , qui a servi de source au CD Delphian « The mysterious Book of Motets 1539 » de l’Ensemble Siglo de Oro, qui m’a permis, lui, de découvrir et admirer ce superbe motet de Pierre Cadéac…

Lequel milanais Matthias Werrecore, lié lui-même _ d’une manière qu’il serait bien intéressant de préciser… _ au brillant et très mélomane cardinal Ippolito II d’Este (Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572 _ en 1519, Ippolito II d’Este (âgé alors de 10 ans) avait hérité de son oncle le cardinal Ippolito I d’Este (Ferrare, 14 mars 1579 – Ferrare, 3 septembre 1520) l’archevêché de Milan ; et il est possible que le jeune Ippolito II ait sinon résidé du moins séjourné un peu, ces années-là à Milan, en particulier entre 1519 et 1527 au moins (je retiens cette année de 1527, parce que le brillant Adriaen Willaert, après avoir été pendant cinq années (1515-1520) au service de l’oncle le cardinal archevêque de Milan Ippolito I d’Este, quitte le service musical du neveu, Ippolito II, lui aussi archevêque de Milan, mais résidant à Ferrare à la cour de son père Alfonso I ; un service musical attesté par des paiements entre décembre 1524 et avril 1525 _ cf Giuliano Danieli : « La musica nel mecenatismo di Ippolito II d’Este« .., aux pages 97 et 199 _, pour aller prendre le prestigieux poste de maître de chapelle de la basilique Saint-Marc à Venise ; en 1527, Ippolito II a alors 18 ans ; cf mon article du 11 août dernier : « «  _,

a adressé, de Milan, à l’imprimeur-éditeur alors installé à Strasbourg Peter Schöffer-le Jeune (Mayence, ca. 1475 – Bâle, 1547), qui l’a publié au mois d’août 1539 au sein de son recueil de Motets « Cantiones quinque vocum selectissimae« , dont il faisait partie, en huitième position, le Motet « Salus Populi ego sum » de l’auscitain Pierre Cadéac…

Et de même que les deux cardinaux d’Este, Ippolito II et son neveu Luigi, n’ont jamais mis les pieds de leur vie dans leur diocèse d’Auch,

de même Pierre Cadéac ne s’est jamais rendu ni à Ferrare, ni à Venise, ni à Milan, ni à Strasbourg, et probablement jamais non plus seulement à Paris _ où très tôt (dès 1534 pour la chanson « Je suis deshéritée« ) Attaingnant publie sa musique, sacrée comme profane : et c’est très vraisemblablement Clément Janequin (Châtellerault, ca. 1485 – Paris, ca. 1558), passé par Auch vers 1531-1532 (cf le remarquable article de Rolf Norsen « Les compositeurs de musique Clément Janequin et Pierre Cadéac à Auch au début du XVIe siècle«  cité en mon article « «  du 16 août dernier) qui lui avait ainsi mis le pied à l’étrier éditorial de l’éditeur-imprimeur de musique si important et décisif pour la plus large diffusion et circulation de la musique à ce moment, qu’a été Pierre Attaingnant _ :

mais son œuvre, elle, a brillamment voyagé pour lui, ainsi jusqu’à Ferrare et Milan en février et août 1539, et aujourd’hui, jusqu’à nous : en partitions à déchiffrer et lire, et maintenant en disques (et concerts) à écouter ici _ et savourer…

Ce mercredi 6 septembre 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Recherches sur le cardinal Hippolyte II d’Este (Ferrare, 1509 – Rome, 1572) et sa présence-absence en l’archevêché d’Auch (1551 – 1563)…

13août

Afin d’élucider davantage les liens entre la cité d’Auch _ où résida le compositeur Pierre Cadéac (Cadéac, ca. 1505 – 1510 – Auch (ca. 1564 – 1565), dont le Motet « Salus Populi«  fait partie des 28 Motets du recueil « Cantiones quinque uocum selectissimae«  publié au mois d’août 1539, à Strasbourg, par l’éditeur Peter Schöffer le Jeune, en compagnie de Motets ayant des liens assez forts avac la cour de Ferrare, qui lui avaisent été adressé, de Milan, par le compositeur d’origine flamande Hermann Matthias Werrecore qui avait côtoyé de près, à Milan, et Hippolyte II d’Este, et Adriaen Willaert, quand ceux-ci y résidaient, de 1522 à 1525 ; cf mon article d’avant-hier, 11 août 2023 : « «  _

et la présence-absence, en cette cité épiscopale d’Auch, du cardinal (dit de Ferrare) Hippolyte II d’Este (Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572),

très présent pourtant en France, entre son arrivée attestée à Lyon au moins en 1536, et son départ de Paris pour se rendre au concile de Trente, en 1562…

Beau-frère du roi de France François Ier _ Renée de France (Blois, 1510 – Montargis, 1575), l’épouse du frère d’Hippolyte, le duc Hercule II d’Este (Ferrare, 1508 – Ferrare, 1559), était en effet la sœur cadette de la reine Claude de France (Romorantin, 1499 – Blois 1524), l’épouse de François Ier (Cognac, 1494 – Rambouillet, 1547), et la mère du roi Henri II (Saint-Germain-en-Laye, 1519 – Paris 1559)… _,

le ferrarais Hippolyte II d’Este (1509 – 1572) était en effet aussi oncle par alliance du roi de France Henri II (1519 – 1559),

et grand-oncle de ses fils, les successifs rois François II (Fontainebleau, 1544 – Orléans, 1560), Charles IX (Saint-Germain-en-Laye, 1550 – Vincennes, 1574) et Henri III (Fontainebleau, 1551 – Saint-Cloud, 1589) ;

et il a eu ainsi à jouer toute sa riche et fastueuse vie durant un rôle diplomatique non négligeable entre les cours  de France, où il a durablement séjourné, celle des Este de Ferrare _ celle de son frère Hercule II (duc de Ferrare depuis le 31 octobre 1534 jusqu’à son décès, le 3 octobre 1559), puis celle de son neveu, le duc Alphonse II d’Este (Ferrare, 1533 – Ferrare, 1597) _, ainsi que celle des divers papes successifs, à Rome,

où Hippolyte II est décédé, à l’âge de 63 ans, le 2 décembre 1572…

Cependant, mes recherches, ce dimanche, ne sont pas encore parvenues à découvrir quelque attestation bien concrète de la venue et présence effective du cardinal Hippolyte II d’Este en cet archevêché d’Auch, dont il a  été le titulaire à dater du 22 avril 1551 _ et jusqu’au 10 octobre 1563, 12 ans durant… _ : ce 22 avril 1551, quand le très en cour cardinal François de Tournon (Tournon-Sur-Rhône, 1489 – Saint-Germain-en-Laye, 22 avril 1562) obtint d’échanger avec lui l’archevêché d’Auch, dont le-dit Tournon avait été jusqu’alors le titulaire _ le 6 juin 1538, le cardinal de Tournon avait en effet obtenu d’échanger avec le cardinal de Clermont l’archevêché de Bourges qu’il détenait alors contre l’archevêché d’Auch, plus riche… _, contre celui de Lyon, que le cardinal Alphonse II d’Este détenait depuis le 29 octobre 1539…

Peut-être ce nom d’Auch avait-il pourtant quelque vague lien en la mémoire mélomane d’Hippolyte d’Este avec celui du compositeur auscitain Pierre Cadéac, un peu étrangement présent, du moins a priori, dans le recueil des « Cantiones quinque uocum selectissimae » qu’avait collectées à Milan le maître de chapelle de la cathédrale Matthias Werrecore, recueil transmis en 1539 à Strasbourg, à l’éditeur Peter Schöffer le Jeune, assez probablement à des fins d’édition de ces pièces liées d’assez près à l’œuvre d’Adriaen Willaert, ainsi qu’à celles de maîtres très appréciés à la cour ultra-raffinée de Ferrare…

Des liens à essayer de démêler un peu…

À suivre…

Ce dimanche 13 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une piste de recherche à creuser : les liens entre le compositeur auscitain Pierre Cadéac (ca. 1505-1510 – ca. 1564-1565 ; actif à la cathédrale d’Auch…) avec surtout la cour des Este à Ferrare ; mais aussi les éditeurs à Milan, Venise, Strasbourg, Paris, Nuremberg, Anvers.., à partir du programme du CD « The Mysterious Motet Book 1539″, et de ma curiosité envers Adriaen Willaert (Roeselare, ca. 1490 – Venise, 1562)…

11août

L’intitulé de cet article mien de ce vendredi 11 août 2023 « Une piste à creuser : les liens entre le compositeur Pierre Cadéac (ca. 1505-1510 – ca. 1564-1565 ; et actif à la cathédrale d’Auch…) avec Ferrare, Milan, Venise, Strasbourg, Paris, Nuremberg…), à partir de mon intérêt pour le  CD « The Mysterious Motet Book 1539″, et ma curiosité envers le génie d’Adriaen Willaert (Roeselare, ca. 1490 – Venise, 1562…« ,

provient de la découverte _ cf le détail donné en mon article de 8 août dernier : « «  _ de la proximité des deux noms de compositeurs de Motets : l’auscitain Pierre Cadéac (Cadéac, ca. 1505 – 1510 – ca. 1565) et le flamand Adriaen Willaert (ca. 1490, Roselare, Venise, 7 décembre 1562),

dans la publication, à Strasbourg, au mois d’août 1539, par l’éditeur Peter Schöffer le Jeune (Mayence, entre 1475 et 1480 – Bâle, 1547) du recueil de 28 Motets, intitulé « Cantiones quinque uocum selectissimae« , de 15 compositeurs différents, dont « Adrian Vuillart » _  = Adriaen Willaert _ pour 3 Motets _ les numéros 7 (« Congratulamini« ), 21 (« Laetare sancta« ) et 22 (« Peccavi super numerum« ) de la listede ce recueil  _et « Cadeac » _ Pierre Cadéac _ pour un seul Motet _ le numéro 8 de la liste, « Salus populi« _,

recueil effectivement bien « mystérieux » de 1539, dans lequel a su superbement puiser pour son programme de 12 morceaux le CD « The mysterious Motet Book 1539 » (CD Delphian DCD 34284) l’Ensemble Siglo de Oro et son chef Patrick Allies,

ce passionnant et très intriguant CD sur lequel je suis tombé en cherchant à élargir ma connaissance de l’œuvre musical du génial Adriaen Willaert, enchanté que j’étais du sublime CD « Adriano 4 » (CD Evil Penguin EPRC 0054) du merveilleux Ensemble Dionysos Now! et son chef Tore Tom Denys… 

Le départ de la présente recherche mienne de ce jour étant la connaissance que c’est du compositeur Hermann Matthias Werrecore (Warcoing – Pecq, ca 1500 _ ?, après 1574), en poste de maître de chapelle à la cathédrale de Milan _ de 1522 à 1550… _, que l’éditeur Peter Schöffer fils, installé  alors _ depuis 1529, où il a quitté Worms, à 1539, où il gagne Bâle _ à Strasbourg, a reçu copie de la réunion même, par Werrecore, de ces 28 Motets,

passés ainsi par l’Italie… 

J’ai donc recherché à en apprendre davantage sur ce Pierre Cadéac, natif _ probablement _ du village bigourdan de Cadéac, situé en vallée d’Aure, juste en amont d’Arreau (actuellement dans le département des Hautes-Pyrénées), et qui fut actif sa vie durant en la cité épiscopale d’Auch ;

et dont la musique connut de son vivant un assez remarquable retentissement international :

au moins, pour ce qui concerne l’Italie, jusqu’à Milan (le compositeur Matthias Werrecore) et Venise (l’éditeur Antoine Gardane), et peut-être à Ferrare (la fastueuse cour des Este)…

Ainsi qu’en témoignent diverses publications de ses œuvres, non seulement en France, à Paris (une publication de ses Motets y eut lieu, selon Fétis, dès 1543 ; surtout chez les éditeurs Adrian Le Roy & Robert Ballard, en 1553, 1555 et 1558 ; Nicolas du Chemin, en 1553 et 1556 ; Pierre Attaingnant, en 1534, 1535, 1538 et 1541), et Lyon (Jacques Moderne, en 1543) ; mais jusqu’à Nuremberg (chez les éditeurs Johannes Montanus et Ulrich Neuber, en 1564 et 1568), Strasbourg (chez l’éditeur Peter Schöffer fils, en 1539), et Anvers (chez Tilman Susato, en 1546-47), ainsi que Venise (chez Antoine Gardane, en 1554) _ cf le très intéressant détail de la notice consacrée à Pierre Cadéac, à la page 152 du volume 2 de la « Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique » (1834-1835), de François-Joseph Fétis

C’est le fil ainsi tendu _ qu’il faudrait préciser ! _ entre les cités d’Auch et de Ferrare, qui m’a ainsi intrigué ; surtout connaissant les séjours _ si décisifs pour l’accomplissement de sa musique… _ à la cour de Ferrare d’Adriaen Willaert, dès 1515 et jusqu’en 1525… :

« en juillet 1515, il entre, comme chantre, au service de la cour du cardinal Hippolyte Ier d’Este _ Ferrare, 20 mars 1479 – Ferrare, 3 septembre 1520 _, à Ferrare » ;

puis « en 1520, à la mort du cardinal, Willaert entre au service du duc Alphonse Ier d’Este _ Ferrare, 21 juillet 1476 – Ferrare 31 octobre 1534 ; Alphonse Ier est en effet le frère aîné du cardinal Hippolyte Ier ; fils qu’ils sont du duc Hercule Ier d’Este et son épouse Eléonore de Naples… _, dont il sera le maître de chapelle de 1522 à 1525, année où il suit Hippolyte II d’Este _ Ferrare, 25 août 1509 – Rome, 2 décembre 1572 : le cardinal Hippolyte II d’Este étant, lui, fils du duc Alphonse Ier et son épouse Lucrèce Borgia _, neveu de son premier employeur _ le cardinal Hippolyte Ier d’Este _, à Milan« 

_ et à Milan, donc, va se conserver le souvenir très marquant de la présence musicale (de 1525 à 1527) du compositeur Willaert ! Cela n’a certainement pas échappé au correspondant de l’éditeur strasbourgeois Peter Schöffer fils, je veux dire le compositeur Hermann Matthias Werrecore, qui a été durablement (depuis 1522 jusqu’à 1550) en poste de maître de chapelle à la cathédrale de Milan, celui-là même qui a transmis à Strasbourg les 28 Motets du « Cantiones quinque uocum selectissimae«  comportant des œuvres du flamand Adriaen Willaert et de l’auscitain Pierre Cadéac ; et de 1525 à 1527, quand réside aussi à Milan, au service d’Hippolyte II d’Este, Adriaen Willaert, celui-ci et Matthias Werrecore se sont ainsi régulièrement cotoyés !…

Voilà donc précisée la proximité musicale entre ces deux flamands résidant à Milan qu’étaient alors, entre 1525 et 1527, Matthias Werrecore et Adriaen Willaert ; de même que ce qu’a pu transmettre à son compatriote Werrecore Adriaen Willaert des riches liens musicaux que celui-ci avait pu établir ou conserver avec tout un cercle de compositeurs (pas mal d’entre eux étants flamands) lors de sa présence prolongée de dix années, de 1515 à 1525, à la très aristocratique cour des Este à à Ferrare…

Et dont Werrecore a pu faire profiter l’éditeur de Strasbourg, entre 1529 et 1539, Peter Schöffler fils… _ ;

et « la réputation de Willaert, comme musicien et compositeur, rayonne » alors tellement « dans toute l’Italie » que « en 1527, à l’instigation du doge Andrea Gritti, il est nommé maître de chapelle à la basilique Saint-Marc de Venise, poste prestigieux qu’il occupe jusqu’à sa mort, en 1562« .

Or, dans cette France « italienne » de la Renaissance _ cf le livre fort intéressant de Jean-François Dubost « La France italienne (XVIe – XVIIe siècle« , paru chez Aubier en 1997  _, marquée de nombreux liens matrimoniaux royaux, notamment celui du roi Henri II avec Catherine de Médicis,le 28 octobre 1533, et celui de Marie de Médicis avec le roi Henri IV, le 17 décembre 1600,

j’ai souvenir tout particulièrement du mariage, à Paris, le 28 mai 1528, entre la seconde fille du roi Louis XII et son épouse Anne de Bretagne, Renée de France (Blois, 25 octobre 1510 – Montargis, 12 juin 1575 _ sœur de la reine Claude de France (1499 – 1524), et ainsi belle-sœur du roi François Ier (1494 – 1547), et tante maternelle du roi Henri II (1519 – 1559)… _), avec Hercule II d’Este (Ferrare, 4 avril 1508 – Ferrare, 3 octobre 1559), qui, au décès de son père, Alphonse Ier d’Este, le 31 octobre 1534,  succèdera à celui-ci à la tête du duché de Ferrare.

Or, l’histoire du cardinal Hippolyte II d’Este (1509 – 1572), autre fils du duc Alphonse Ier, ne concerne pas que Ferrare ou Milan _ en  1519, en effet, Hippolyte II d’Este, succède, à Milan, au poste d’administrateur de l’archi-diocèse de Milan, que détenait jusqu’alors son oncle le cardinal Hippolyte Ier  qui décèdera un an plus tard, le 3 septembre 1520 _,

mais aussi … Auch !

Auch, dont Hippolyte II sera archevêque du 22 avril 1551 au 8 octobre 1563 ; comme il sera aussi, et parfois même simultanément, archevêque de Lyon du 29 octobre 1539 au 11 mai 1551, de Tréguier de 26 avril 1542 au 26 novembre 1548, d’Autun du 23 janvier 1547 au 17 juin 1550, de Narbonne de 27 juin 1550 à 1551, d’Auch du 22 avril 1551 au 8 octobre 1563, de Lyon du 24 avril 1562 au 14 juillet 1564, de Milan de 1555 au 16 décembre 1556, d’Arles de 1562 à 1567, et de Maurienne de 1563 à 1567.

Et la question se pose ainsi de la venue, ou pas, à Auch du cardinal Hippolyte II d’Este

 

Bien sûr, cette présence-absence _ à rechercher… _ à Auch, entre 1551 et 1563, du cardinal _ qu’il était déjà depuis le 20 décembre 1538 _ Hippolyte II d’Este, est bien postérieure à la publication, au mois d’août 1539, à Strasbourg _ alors ville d’Empire _, du Motet « Salus populi » de l’auscitain Pierre Cadéac, dans le recueil de 28 Motets « Cantiones quinque uocum selectissimae » du strasbourgeois Peter Schöffer fils, transmis, de Milan, par Hermann Matthias Werrecore ;

il n’empêche que le très fin mélomane qu’était aussi le fastueux cardinal Hippolyte II d’Este (né à Ferrare en 1509, et patron, trois ans durant, de Willaert à Milan, de 1522 à 1525), non seulement connaissait excellemment l’œuvre musical d’Adriaen Willaert, mais il avait possiblement eu connaissance aussi de la musique de l’auscitain Pierre Cadéac, connue au moins à Milan avant 1539, et liée, en ce recueil strasbourgeois de Motets d’août 1539, à plusieurs autres _ voire sinon tous ; et c’est à préciser… _ compositeurs liés, d’une façon ou d’une autre, à la trés mélomane cour des Este de Ferrare :

non seulement Willaert, mais aussi, exemple parmi bien d’autres _ sinon tous ceux réunis en cet effectivement bien « mystérieux » recueil strasbourgeois de 1539, au nombre de 15 : Maistre Ian, Nicolas Gombert, Consilion (Jean Conseil), Ioan Lebrun, Adrian Vuillart (Adriaen Willaert), Pierre Cadéac, Jacquet de Mantoue, Andreas Silva, Ioan Lupi, Dominique Finot, Simon Ferrarensis Ioannes Sartori (Jean Certon), Jhan de Billon, Philippe Verdelot, Jacques Arcadelt  ! _, ce Simon Ferrarensis (!)  compositeur du Motet « Ave & gaude« , le numéro 16 de ce recueil de 28 Motets…

Soit un décidément bien passionnant « mystérieux » Livre de Motets !!!

À suivre…

Ce vendredi 11 août 2023, Titus Curiosus – Francis Lippa

Une nouvelle pépite d’or de La Compagnia del Madrigale : le CD Cipriano de Rore « Vieni, dolce Imeneo » _ ou la perfection de l’interprétation

20jan

Pas un seul des CDs

de La Compagnia del Madrigale

qui ne soit décidément un pur chef d’œuvre !


Et celui qui paraît ce mois de janvier

ne déchoit pas davantage que les précédents

_ je veux dire leurs merveilleux et sublimes CDs Gesualdo, Marenzio, Monteverdi, L’arte del Madrigale, tous parus chez Glossa ;

et leur Orlando furioso, paru chez Arcana _

à cette règle de constat _ admiratif ! _ de fait !

Celui de ce jour

est un CD consacré à l’œuvre de Cipriano de Rore,

et est intitulé Vieni, dolce Imeneo _ Madrigali ;

soit le CD Glossa GCD 922808.

Ici, je me permets un simple rappel de dates

concernant ces compositeurs

auxquels La Compagnia a consacré ces si somptueux enregistrements,

dans l’horizon de leurs rapports de filiations _ artistiques _,

auprès des cours des _ si raffinées _ principautés italiennes

de la Renaissance _ et de la naissance du Baroque _,

au premier chef, celle des Este à Ferrare,

mais aussi, celle des Gonzague à Mantoue, et celle des Farnese à Parme :

Cipriano De Rore (Renaix/Ronse, 1515/16 – Parme, 1565) ;

Luca Marenzio (Coccaglio, près Brescia, 1553 – Rome, 1599) ;

Carlo Gesualdo (Venosa, 1566 – Gesualdo, 1613) ;

Claudio Monteverdi (Crémone, 1567 – Venise, 1643).

A cette liste,

j’ajouterais pour ma part,

à titre de jalons intermédiaires

entre Cipriano de Rore (décédé en 1565) et Luca Marenzio (né en 1553),

les noms de compositeurs décisifs, eux aussi,

dans le raffinement _ inouï _ des cours de ces principautés italiennes,

_ d’abord celle des Este à Ferrare,`

mais aussi celle des Gonzague à Mantoue

et celle des Farnese à Parme, j’insiste là-dessus _ ;

ainsi que dans la composition de madrigaux,

tels que

Giaches de Wert (Bornem, 1535 – Mantoue, 1596)

et Luzzasco Luzzaschi (Ferrare, c. 1545 – Ferrare, 1607),

tous deux très effectivement élèves de Cipriano de Rore à Ferrare,

où celui séjourna, de 1547 à 1559, auprès du duc

_ modèle d’esthète-mécène d’un extrême raffinement (et en tous les arts) pour toute l’Europe ! _

Hercule II d’Este (1508 – 1559)

_ dont l’épouse était Renée de France (1510 – 1574),

fille du roi de France Louis XII (1462 – 1515),

et sœur de la reine Claude (1499 – 1524), la première épouse de François Ier (1494 – 1547):

peut-être pour de futurs _ voire prochains _ enregistrements

de La Compagnia del Madrigale…

Cf aussi mes récents articles du 24 juin

et du 14 juillet derniers (2018)

à propos de CDs consacrés à l’œuvre de Cipriano de Rore.

Quelle chance de pouvoir physiquement _ sonorement, je veux dire _ jouir de telles musiques

en de telles sublimes interprétations !!!

Ce dimanche 20 janvier 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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