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Le fantastique « viatique inespéré » d’écrire, ou le legs inespéré d’Alice Carisio : « pour franchir les abymes et renaître des incendies » ; ou la poursuite (« pour continuer ce qui est fini » : « ce qui est fini continue dis-je »… ) des conversations continuées avec ses morts (et quelques vivants) d’Hélène Cixous, et parce que « le temps, c’est surtout la vérité du temps », en un assez désopilant, au moins par endroits, « MDEILMM _ Parole de taupe »…

16nov

Venant de relire les 170 pages

_ comme toujours assez cryptées, mais c’est un jeu du Livre, non seulement, et pas du tout d’abord, avec ses lecteurs, mais d’abord et très fondamentalement avec celle qui accepte, en ses cahiers, de totalement se livrer (= se Livrer…), encore, et toujours (cf là-dessus le bel article très lucide « Ecrire infiniment » de Marie Etienne, paru le 17 novembre 2021 dans En attendant Nadeau, à propos du précédent « Rêvoir » dont « MDEILMM _ Parole de taupe«  est simplement, et très évidemment, la continuation, la poursuite, une suite…), et à nouveau, opus après opus, à l’acte infiniment toujours surprenant d’écrire, avec la gourmandise goulue, à la fois terrorisée mais plus encore ultra-jouissive, de découvertes rétrospectives à-venir merveilleuses et magnifiques (« une Grâce !« , quand et si elle survient ; mais, de fait, cela advient !..) qui, en dépit du puissant effaceur Léthé viennent presque souvent, et toujours, forcément assez subrepticement, avec du temps (à y consacrer et s’y consacrer soi-même) et  surtout de la fulgurance, s’y livrer en ces pages… _

du tout récent nouvel opus d’Hélène Cixous, « MDEILMM _ Parole de taupe« ,

mon impression de désopilance de cet opus,

au moins en maints passages _ par exemple celui, absolument délicieux autant que torrentiel, des irrésistibles « choux à la crème » de la cousine d’Hélène, « Ma Cousine« , l’ambassadrice du salvateur viatique, le 29 décembre 2020, aux pages 74 à 79 ;  ou, par exemple encore, celui, bien plus bref, des pets devenus, pour l’opéra, « à la violette », sur les très avisés conseils de « Monsieur Emile« , le frère en apothicairerie de la maîtresse des tables tournantes du 4ème étage du 54 rue Philippe, à Oran, la demoiselle Alice Carisio, la « médium-écrivain« , à l’orthographe plus qu’incertaine, à la page 162…  _

se confirme et m’enchante…

Et pour confirmation de mon intuition de lecture-relecture de ce « MDEILMM _ Parole de taupe » de maintenant,

je me permets de reproduire ici et en entier _ avec une ou deux farcissures de commentaire miennes, en forme de dialogue poursuivi… _ ce bel article lucide d’il y a un an de Marie Etienne à propos du précédent « Rêvoir » d’Hélène Cixous :

Écrire infiniment

Rêvoir : rêv(e)oir, revoir, ré(ser)voir. Comme toujours, avec Hélène Cixous, on est à la frontière des mots, ce qui fait qu’ils communiquent. Comme des vases surréalistes, ils entretiennent des relations d’êtres parlants, vivants, ils échangent leurs pouvoirs, ils sont puissants et agissants sur la réalité.


Hélène Cixous, Rêvoir. Gallimard, 194 p., 17 €

Hélène Cixous, Le livre de Promethea. Nouvelle édition augmentée d’une préface, d’une interview et d’un dessin d’Adel Abdessemed. Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 272 p., 11 €


 

Tenons-le-nous pour dit, Hélène Cixous n’a pas fini, bien qu’elle écrive infiniment, de nous mener dans son bateau, vers des rives qu’on savait exister mais qu’on ne voyait pas aussi clairement qu’elle.

Les moments de la vie ne sont pas séparés, le temps n’existe pas

_ car « le temps, c’est surtout la vérité du temps« , qui advient, cette vérité du temps-là, dans l’expérience absolument ouverte de l’écrire, comme l’indique magnifiquement Hélène Cixous à la page 58 de « MDEILMM _ Parole de taupe«  ; poursuivant, en l’élan même de la page, sur sa lancée très lucidement inspirée :  »Toute ma vie est au présent, ma mémoire est une armoire immense pleine de morts et d’éternités de mon vivant, nous sommes naturellement anachroniques et tout aura toujours été écrit dans le présent de mes cahiers. J’écris depuis que je suis. Mes cahiers sont les barques dont on s’est toujours aidés pour franchir le Léthé. On ne dira jamais assez à quel point le papier _ ainsi que l’encre ; cf ce qu’en ont dit nos très chers Montaigne, puis Proust... _, ce matériau si léger, est solide. C’est, comme l’écriture, du rien très puissant. J’écris, c’est-à-dire je monte à bord d’un cahier pour franchir les abymes et renaître des incendies« , toujours en ce puissant « MDEILMM _ Parole de taupe«  _,

du moins tel qu’on l’entend, qu’on le conçoit par habitude. « Il n’est pas impossible d’exister sans temps. » Les morts et les vivants continuent à se voir et même à se rêvoir, dans ce pays juste à côté, qui flotte fortement quand on le croit possible et qu’on a des antennes, un ascenseur particulier pour y descendre ou y monter. « L’amour garde en vie les morts, à condition bien entendu que l’amour soit de bonne qualité – surtout les chats. »

Ainsi, tout continue

_ voilà ! « Ce qui est fini est fini dit ma mère, ce qui est fini continue-dis-je. J’écris pour continuer« , écrit Hélène Cixous en cette même page 58 de « MDEILMM _ Parole de taupe«  _,

nous y sommes habitués chez Cixous, mais cette fois _ et c’est aussi le cas, bien sûr, dans l’opus qui va suivre… _ la mort, ou son idée, se fait pressante, la maladie prend de la place, elle perturbe et le corps et l’esprit et le monde. La peur s’installe. Hélène s’échappe, le plus souvent dans le passé ou le futur, elle est prise de bougeotte, elle est Dame-en-partance, elle est tragique et drôle, follement drôle ! _ avec désopilance même ! Elle donnerait du courage au plus rouillé, au plus trouillé, dirait Ève, sa mère, qui l’amène en voyage, elle est l’incartade même, dépourvue et touchante : « je pris pour tout bien ma robe de chambre en lainage écossais, une vraie maison, un lit de camp, un berceau pour les chats, une peau de mère pour mon corps fatigué

_ cf ce qu’en « MDEILMM _ Parole de taupe« , aux pages 63- 64, vient énoncer, et c’est là même le tournant absolument décisif à mes yeux de ce nouveau livre Hélène Cixous : « Ce jour-là _ le 29 décembre 2020 _ « le messager du destin c’est ma cousine. (…) Et comme si elle était obscurément avertie de cette mission inimaginable, elle s’était spontanément costumée et ornée d’une coiffure d’ambassadeur nommé pour remettre à un.e destinataire à l’essor menacé par la fatigue _ nous y revoilà à ce qu’il faut donc surmonter ! _ la faiblesse, la baisse de la vitalité, un viatique inespéré » : une expression bien sûr capitale !.. ;

venant commenter ces mots en effet tout à fait décisifs pour l’économie de ce nouvel opus, de la page 63 : « L’événement de cette année _ 2020 _ c’est l’arrivée de l’Avis, et par suite le mystère de la vie de l’Avis, une vie de taupe. On aura donc vécu plus de soixante-dix ans

_ soixante-douze ans précisément, entre le 12 février 1948 de la mort de son père, Georges-Jonas Cixous, décédé à Alger le 12 février 1948, et le mercredi 29 décembre 2020 de la réception, via la cousine

(« Quand ma Cousine est passée, ce n’était pas prévu, ni par elle, ni par moi. Elle habite dans la rue voisine, elle remémore sur la même place que moi, c’est une dame, elle porte un long vêtement flottant de coulcousin Saul, eur gris soie..(…) Et je me suis retrouvée avec elle, la ne dame, dans les jardins d’Oran autour d’une table tournante, une de ces tables qui la suivent partout, depuis notre premier étage. Comme d’habitude elle apporte un carton : un carton de pâtisseries pour pâtisser la table et la faire parler. Elle le jette sur la table, elle me regarde en clignant des yeux et elle dit : tu as encore maigri. Elle a les cheveux longs en soie blanche, longs, longs, qu’elle met depuis quatre-vingts ans, c’est comme si elle me regardait dans mes cheveux très courts, de toute la longueur de ses cheveux, et je sautille. (…) La Cousine mange des gâteaux. Ils sont là. Des petites mamelles à la crème. Elle ne peut pas les laisser. Elle met les petits animaux dans sa bouche. Il y a une faim à tout. L’envie d’écrire me saisit. Je ressens ça comme une faim séductrice« , pages 74-75),

et via, surtout, la découverte décisive et probablement déclencheuse de l’écriture de ce nouvel opus qu’est « MDEILMM _ Parole de taupe« , de cet Avis de décès (paru en février 1948 dans le journal Alger républicain), et découpé, puis précieusement conservé par le cousin Saul : « c’est mon cousin Saul, le nain, le descendant inconnu de la grande nation des nains gardiens, l’archiviste demeuré, qui a découpé le petit scarabée de Journal _ avis de décès reproduit tel quel, photocopié qu’il est, à la page 65 _ et l’a conservé, pour une durée perpétuelle, dans l’ambre poussiéreux de ses vieux cartons, parmi les avis de naissances, morts, et divers événementsgénéalogiques. Il avait donc soigneusement découpé le sphinx tête de mort, taillé, rogné, réduit à l’absolu l’événement ainsi sublimé : a eu lieu, sans date, sans lieu, reste le choeur Orant : «  »mort ! mort ! Ça alors ! « , lit-on page 66… _ ;

« L’événement de cette année _ 2020 ; je reprends donc ici ce qui constitue le tournant absolument majeur de la construction de « MDEILMM _ Parole de taupe« … _ c’est l’arrivée de l’Avis, et par suite le mystère de la vie _ souterraine, taupesque… _ de l’Avis _ l’avis de décès du docteur Georges Cixous, le père d’Hélène _, une vie de taupe. On aura donc vécu plus de soixante-dix ans sur la terre _ soixante-douze ans précisément, entre le 12 février 1948 de la mort de son père, Georges-Jonas Cixous, décédé à Alger le 12 février 1948, et le mercredi 29 décembre 2020 de la réception, j’y insiste… _, allant et venant, croissant et diminuant, déjà les enfants de nos enfants nous oublient nous ont oubliés au loin du temps, cependant foulant sous nos pas cette vie si cachée sous l’immortelle terre, cependant elle fouit, elle aura foui et foui, et c’est le mercredi 29 décembre 2020, que la taupe fait surface comme au terme d’un Voyage dans le Ventre de la Terre« , lit-on page 63… Fin ici de cette longue incise mienne sur le « viatique inespéré«  qui permet de retrouver et reprendre pleinement l’élan vital de « l’essor menacé par la fatigue la faiblesse, la baisse de la vitalité«  de la page 64 du tout nouveau « MDEILMM _ Parole de taupe«  _,

une peau de mère pour mon corps fatigué, une barque si nécessaire […], ma mère déjà au volant, déjà roulant, je me jetai comme un ange retardataire ».

La faucheuse n’a qu’à bien se tenir. Car niée, elle vacille. « Ça ne me gêne pas d’être morte », dit la mère. Quelle gifle ! Quelle assurance, et quelle dénégation assourdissante ! Le monde est à l’envers, ce qu’on croit vrai est faux, les certitudes s’écroulent : « Nous roulons volons vers l’endroit où l’aube dure six mois et le crépuscule six mois, où l’aube crépuscule l’aube et l’hiver est l’été où le soleil se couche en se levant ».

Hélène invente et réinvente, dans la voiture d’antan, son Phaéton à elle, Hélène chante en écrivant : « Les chats mènent / Je les conduis / Les chats viennent / Je suis la souris ». La chatte Haya réveille Hélène, c’est avant l’aube, elle veut sortir, la chatte Haya est si pressée qu’elle secouerait un mort, elle appelle à la vie : « je suis la preuve éblouissante, je suis la vitesse même de la vie, le oui qui va et revient ».

Rêvoir et Le livre de Promethea, d'Hélène Cixous : écrire infiniment

De même que l’autrice efface les frontières entre les temps, les lieux de vie, elle revient sur des thèmes évoqués ou traités lors des précédents livres. Dans le fragment « Albertinage », l’Albertine de Proust (longuement étudiée au long du séminaire paru l’année dernière, titré Lettres de fuite) devient une souris capturée par ses chattes dans le jardin de la maison. L’épisode raconté comme un combat d’amour est tendu et sanglant, c’est Tancrède et Clorinde, menés par le « désir qui seul nous fait sentir la beauté et le besoin de l’existence ».

« Les chats s’affairaient comme des laboureurs autour des plis d’un grand parasol gisant sur le parquet et qui représentait un grand voilier échoué. Allant, venant, fouillant, le grand vaisseau renversé sur le flanc, ni vivant, ni mort, désactivé. C’est dans ce monde aux nombreux replis intestins qu’Albertine était réfugiée. » À quoi survit, non Albertine, qui s’est « rendue à la mort comme Cléopâtre. En pleine vigueur » (l’incident domestique est renvoyé au mythe), mais la méditation : « Ce qui fait le charme de l’amour, c’est le désir comme condamné à l’échec, la promesse de la perte au cœur même de la possession, le refus dans le refuge. » Cette dernière formule fait le charme du livre, en est le condensé, ou si l’on veut le cœur.

La narratrice est libre, d’aller, venir, chanter, pleurer. Et condamnée. « On ne peut pas arrêter d’être une souris. » Elle recherche et refuse à la fois le refuge, cette immobilité qui ressemble à la mort, où « la réalité reprend son noir ». À ce jeu des chattes et de la souris, « la mémoire est une chatte, elle ne pense qu’à jouer », elle échappe en rêvant, en sautant vivement dans les trains en partance, tous les trains qui sont rêves, espérant se soustraire « au cauchemar qui occupe le monde prétendument réel comme une armée de bourreaux déments ».

Il lui reste à écrire Le Livre étincelant, le seul grand désiré, pour enfin oublier, puisqu’on oublie ce qu’on écrit, puisque le livre est le garant, est le gardien des souvenirs, est le libérateur du grand poids du passé.

Mais attention, pas de regret : « Une fois tout oublié, reste l’inoubliable », qu’elle écrira quoi qu’il en coûte : « Si brûlants soient-ils, les déserts glacent ». D’ailleurs, ses phrases n’ont pas de fin, ses phrases n’ont pas de point final, elles s’interrompent, pour rebondir de l’une à l’autre, se nourrir l’une de l’autre et entrevoir, de cette manière, très loin, un paysage, ou un rivage, ou un visage. « Malgré tout j’écrirai. »

Dans sa préface au Livre de Promethea publié en 1983, qu’accompagnent aujourd’hui un dessin d’Adel Abdessemed, un fac-similé du manuscrit, une « Interview scénarisée » avec Margot Gallimard (laquelle dirige désormais la collection « L’Imaginaire » où le texte reparait), l’écrire-sans-fin est déjà là.

En fait, de même qu’Hélène Cixous ne veut pas finir d’écrire, sinon lors de son dernier souffle, le dernier de l’histoire, la sienne et celle du monde, on a le sentiment qu’elle commence constamment à le faire. Que le commencement n’a pas de fin. Que le commencement n’existe pas. L’écriture s’inscrirait, à l’entendre, à la lire, dans une trajectoire, un mouvement en soi, intemporel, comme une course de soleil, dans un présent inamovible. « Promethea ? Elle fait ses courses dans les planètes. »

De même qu’elle peine, en 2021, à introduire la réédition de Promethea : « Autant essayer de passer la bride à un torrent » ; « Il vaut mieux le laisser rougeoyer à l’horizon », elle peine à en introduire, en 1983, la première édition. « Soit. Je vais essayer de faire l’introduction. Puisque personne n’a envie de me remplacer pour cette tâche. »

Introduire ne lui convient pas, puisqu’elle ne fait que continuer. Et puis, refaire paraître Le livre de Promethea ? « C’est déjà toute une affaire que de le convaincre de se laisser republier et accepter d’être signé. » Le livre lui a échappé, il mène sa vie tout seul. « Est-ce même un livre ? Ce sont les traces étincelantes d’un animal. » Identique à celui qu’a dessiné pour elle Adel Abdessemed, un cheval bondissant au crayon noir sur papier blanc ?

Les livres, une fois nés, se sont détachés d’elle, qui au présent a trop à faire pour s’en préoccuper, pour les porter encore sur les fonts baptismaux, tout simplement pour les relire. Elle doit garder son innocence de nouvelle spectatrice, découvrir « son propre être en poussant des exclamations galiléennes », continuer à croire « à la possibilité d’une espèce qui sait garder sa sauvagerie lumineuse jusqu’au cœur noir de la culture ».

Nous, lecteurs, ne sommes pas obligés de la suivre, de nous montrer indifférents comme elle, nous pouvons circuler dans ses œuvres, sans prendre garde aux dates de leur fabrication, en savourant les ressemblances, les avancées, les distorsions. Heureux d’entrer dans sa « mémoire accidentée », la « mémoire adoptive » contre laquelle elle lutte : « Je voudrais me laver la mémoire dans l’oubli ». Chose que seule permet l’écriture.

« Et ensuite ? Ensuite c’est du maintenant à maintenant. » Hélène se ressemble et cependant elle ne cesse de nous surprendre. Parce qu’elle se tient sur le bord de la vie, à croire qu’elle peut mourir d’une minute à l’autre, et aussitôt après parce qu’elle crie Alléluia : « Nous n’en finissons pas de visiter la vie ». Nous n’en finissons pas de visiter la vie d’Hélène, la vie avec Hélène.

Voilà.

Pour le lecteur fidèle _ et parfois interlocuteur aussi : cf la vidéo de notre magique entretien à propos de « 1938 _ nuits« , à la Station Ausone, à Bordeaux, le 23 mai 2019… _ « d’Hélène Cixous que je suis,

les chapitres 1 « Les derniers souffles du condamné« , 2 « Les frôle-la-mort. Nécrologies« , et 3 « Mdeilmm. Parole de taupe« , de ce « MDEILMM _ Parole de taupe« ,

sont seulement des préparations au chapitre véritablement essentiel, qui est le chapitre 4 « Les communications« , aux pages 139 à 170 de « MDEILMM _ Parole de taupe« ,

avec ce que vient révéler de nouveau, à Hélène, sur sa famille, quand celle-ci vivait à Oran, ce chapitre :

« Aujourd’hui jour de résurrection a eu lieu l’Événement totalement imprévisible : je trouve sur la table ronde une épaisse liasse de feuilles légèrement jaunies, (…) des Lettres, toutes de la même main visiblement celle d’une personne exceptionnellement grande presqu’immobile, à force de lenteur, majestueuse, ou, monumentale. On croirait qu’une statue romaine est l’auteur de ces lignes « , lit-on en l’ouverture de ce chapitre, à la page 131.

Et il s’avère bien vite que « Ce tas hâtif,

C’est le legs d’Alice _ Alice Carisio, « médium-écrivain« , la sœur de ce « Monsieur Émile » du quatrième étage du 54 de la rue Philippe à Oran (« J’appartiens à Monsieur Émile pharmacien magicien je veux qu’il me raconte des inventions et les croire C’est ici au 4e étage malgré les réserves du 2e étage, que j’ai pris goût à la liqueur d’écriture (…) c’est un enchantement des sens, sous la parole du magicien je suis assise et nous sommes deux sur ses genoux, celle qui croit et celle qui dans le secret ne croit pas, cela n’est pas gênant, on s’entend bien « , page 103), déjà rencontré (ainsi que sa sœur Alice : « Dans tout Oran il n’est personne d’aussi vaste et aussi conséquent en forme et en poids de mystère qu’Alice, appendicée par Monsieur Émile« , page 100…) dans l’œuvre d’Hélène Cixous, par exemple dans le merveilleux chapitre « Escaliers fatidiques«  aux pages 99 à 107 du palpitant « Défions l’augure » de 2018 ; cf là-dessus mon article «  » du 12 juin 2018 _

Le Legs Volé. Le voyageur sans adresse. L’ignoré, l’abandonné, le méconnu, le destin endormi sous des siècles qui se réveille pour l’extase de l’archéologue qui jamais ne l’espéra.

Parvenu, nu, fouillis énigmatique, recherche lecture,

Sauvé ! préservé dans quelque coffre livré aux tribulations de l’Histoire et, _ à ma stupéfaction éblouie, _ dis-je à ma fille _ un trésor d’une valeur incalculable s’épanouit, étincelant devant mes yeux « …

Il nous reste donc à découvrir maintenant en quoi consiste précisément la « valeur incalculable » d’un tel « trésor » pour Hélène…

À suivre…

Ce mercredi 16 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Fin ce lundi à 14h 36 de ma toute première lecture-déchiffrage du « MDEILMM _ Parole de taupe » d’Héléne Cixous : un opus conversationnel désopilant !

14nov

Fin ce lundi 14 novembre 2022, à 14h 36, de ma toute première lecture-déchiffrage du « MDEILMM _ Parole de taupe » d’Héléne Cixous :

un opus absolument désopilant !

_ et à ce propos, je recommande tout spécialement l’épisode à hurler de rire, aux pages 74 à 79, des choux à la crème auxquels ne peut surtout pas résister la cousine d’Hélène, peut-être cette « cousine Pi » (et sœur du cousin « Paul-le-malheureux« ), précédemment évoquée dans son cahier « Nacres« , et qui serait née en 1932 ; cf mon article «  » du 17 octobre 2019… L’irrésistible puissance de comique d’Hélène Cixous emportant tout !

H., décidément, s’amuse énormément,

avec l’offrande de cette n-ième revisite, avec sa réserve bien giboyeuse de magiques nouveautés, du quatrième étage de la rue Philippe, à Oran, de son enfance en Algérie sous Pétain,

où continuent de venir nous parler les adorables tables tournantes des apothicaires « Monsieur Émile » et sa pas tout à fait sybilline sœur-baleine Alice Carisio,

pour notre enchantement…

Avant de rédiger un premier commentaire un peu personnel de cet opus

qui fait suite-prolongement au déjà bien beau « Rêvoir » de l’année dernière, 2021 _ cf mes trois articles des 25 « « , 26 «  » et 27 décembre derniers «  » _,

je désire, en forme d’ouverture à mes propres remarques, citer ici deux articles consacrés à ce récent « MDEILMM _ Parole de taupe« ,

en date des 18 octobre, « Hélène Cixous, messagère de la taupe-littérature« ,

et 22 octobre derniers, « Frappée(e)(s) à l’âme, par Hélène Cixous, écrivain« ,

sous les plumes de Véronique Bergen et Fabien Ribéry…

Et désormais,

en la difficile absence physique, pour Hélène, de sa bien terrienne et solide et si vivante et très généreusement prenante mère Eve, née Klein, à Strasbourg le 10 avril 1910,

ce sont sa linguiste de fille Anne-Emmanuelle, née à Sainte-Foy-la-Grande le 27 juillet 1958, et son scientifique et mathématicien de fils Pierre-François (dit Pif), né à Paris le 22 septembre 1961, qui sont devenus les interlocuteurs priviligiés de ces vives et très animées magnifiques conversations de voix d’Hélène,

confiées à l’accueillante soie tendre, mais durable, et donc in fine assez solide, du papier

de ce qui va nous demeurer, à nous lecteurs tant soit peu attentifs _ ou inattentifs, c’est selon… _, en livres

à toujours encore jouer _ comme Hélène Cixous, la première, en l’activité hyper-sensible et hyper-ouverte, et plutôt joyeuse, de son imageance si joueuse _ à déchiffrer _ de tels livres ne se livrant pas, de même que le plus fin nectar de leur suc, immédiatement, à la toute première lecture, un peu trop rapide : leurs mystères nous défiant (de même qu’ils défient aussi Hélène, la première, en ses séances béantes d’écriture de tels livres…) ironiquement toujours un brin… Il nous faut donc apprendre un minimum à jouer, avec délices, avec la vraie littérature s’écrivant et se lisant, ainsi que se donnant finement à écouter… _,

et éventuellement _ c’est aussi selon nos propres humeurs… _ ruminer…

À suivre, donc,

Ce lundi 14 novembre 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chronique de ma lecture de « Rêvoir » (II) : le merveilleux chapitre-pivot, le chapitre IV : « A Bord de l’Endurance _ Préparation à ce à quoi on ne peut pas se préparer »

26déc

Le chapitre suivant de « Rêvoir« , est un superbe et magnifique chapitre-pivot, aux pages 57 à 81,

intitulé « À Bord de l’Endurance _ Préparation à ce à quoi on ne peut pas se préparer« .

Ce chapitre, en effet, est consacré au tout début des retrouvalles précipitées, loin de Paris, avec la maison d’écriture d’Hélène Cixous, aux Abatilles, un quartier excentré d’Arcachon ;

en cette maison construite en 1960, quand Hélène Cixous s’est trouvée nommée à enseigner l’Anglais au collège et lycée Grand-Air d’Arcachon ;

et où elle aime se réfugier, les mois d’été (juillet-août), afin de se consacrer exclusivement, au grand calme _ l’Allée Fustel de Coulanges est elle-même excentrée au sein du quartier déjà excentré des Abatilles _, à son travail annuel _ acrobatique, éperdu _ d’écriture…

Hélène, ou plutôt « On« , « y arrive le mardi 17 mars 2020« , lit-on à la page 73 _ le décret présidentiel de confinement du pays datant de la veille au soir, le lundi 16 mars…

La référence au vaisseau de L’Endurance (page 68) et son capitaine-explorateur de l’Antarctique Ernest Shackleton _ Kilkea (Irlande), 15 février 1874 – Grytviken (Île de Géorgie du Sud), 5 janvier 1922 _ (page 67),

fonctionne comme une des métaphores de l’entreprise toujours très audacieuse _ et magnifique ! _ d’écriture d’Hélène Cixous…

À suivre passionnément…

Ce dimanche 26 décembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chronique de ma lecture de « Rêvoir », d’Hélène Cixous : les trois chapitres du début du récit

25déc

Ce soir de Noël, 25 décembre 2021,

j’ai lu les trois premiers chapitres du « Rêvoir » d’Hélène Cixous (achevé d’imprimer le 22 septembre 2021) :

1) « Chute« 

2) « Cri« 

3) « Pâques » _ situé à la date du 12 avril, cette année 2020-là.

Déjà, je remarque que quelques dates sont ici données,

situées aux alentours du confinement,

annoncé, mais sans jamais alors en prononcer le mot, par une intervention publique à la télévision du Président de la République, le lundi 16 mars 2020.

Ce nouvel opus cixoussien

a donc en partie trait _ un possible départ d’écriture, à la place de la période rituelle de l’été arcachonnais… _ à l’expérience-surprise du confinement subi _ pour une fois : les confinements des 2 mois d’été en la maison d’écriture des Abatilles, étant, eux, non seulement volontaires (et très rigoureux), mais minutieusement programmés : le travail d’écriture comportant de très drastiques conditions… Je l’avais d’autant mieux vérifié quand j’avais proposé à Hélène Cixous de venir m’entretenir, ne serait-ce que très brièvement, chez elle, en cette maison d’écriture d’Arcachon : elle me l’avait alors très clairement expliqué… _ du printemps 2020, en une certaine précipitation,

du moins en son départ-occasion, très opportunément _ en dépit de ce qu’il venait bousculer des rassurants rituels annuels habituels : la dangereuse et très osée-terriblement-risquée mise en jeu de soi en ce processus follement audacieux d’écriture (cf la justissime et indispensable préface de Michel Leiris à son si beau L’Âge d’homme _ de la littérature considérée comme une Tauromachie) nécessite, en effet, la très soigneuse et drastique précaution de tels pragmatiques sévérissimes garde-fous… Ça se comprend fort bien ! _ mis à profit…

En voyage de printemps pour la thébaïde de la maison d’écriture sacrée des Abatilles…

Ce samedi 25 décembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Pour faire un point sur mes articles de découverte, depuis le 2 mars 2018, de l’admirable « continent Cixous », un commode récapitulatif…

24déc

Entre ma toute première lecture du « Ruines bien rangées » d’octobre 2020,

et ma lecture imminente du « Rêvoir » d’octobre 2021, de la merveilleuse Hélène Cixous,

j’éprouve le besoin de relire-retrouver-mieux faire miens

les 14 articles que j’ai déjà consacrés, en 2018 et 2019,

à cette entreprise de découverte minutieuse de ce que j’ai nommé « le continent Cixous« …

Voici donc la collection de leurs liens successifs :

 

_ 2 mars 2018 : 

_ 25 avril 2018 : 

_ 9 mai 2018 : 

_ 14 mai 2018 : 

 

Ici, une petite parenthèse :

l’entretien prévu le 17 mai 2018 à la Station Ausone à propos de « Défions l’augure » a dû être in extremis annulé ; 

et la rencontre (regarder ici sa magique vidéo) avec Hélène Cixous, remise à l’année 2019, à propos de son opus suivant _ ce sera le tout simplement merveilleux « 1938, nuits«  _, aura lieu, à la Station Ausone, le 23 mai 2019…

Fin de l’incise.

_ 7 juin 2018 : 

_ 10 juin 2018 : 

_ 4 février 2019 : 

_ 6 février 2019 : 

_ 7 février 2019 :  »

_ 8 février 2019 : 

_ 17 mai 2019 : 

_ 5 juin 2019 : 

_ 14 juin 2019 : 

_ 17 octobre 2019 : 

Et à ces 14 articles-ci,

j’ajoute ici, par simple commodité pargmatique, 

mes deux tous récents articles

du 21 décembre

_ 

et du 23 décembre 2021

Et j’entame immédiatement ma toute première lecture de l’opus cixousien de 2020,

au titre formidablement cixoussien, et prometteur, déjà : « Rêvoir« …

À suivre,

Ce vendredi 24 décembre 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

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