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Le mystère de l’espace toujours vivant des sanctuaires désertés : les approches dans Venise, avec progrès, de l’alpha et omega des choses, par Jean-Paul Kauffmann en son « Venise à double tour » (IV)

24juin

En poursuivant mes relectures du Venise à double tour de Jean-Paul Kauffmann,

et mes articles précédents :

j’en viens aux étapes finales

de la découverte et surtout investigation, en ce périple vénitien des églises closes, de « l’alpha et omega » des choses, par le « chasseur » de ce mystère d’abord vaguement mais fortement ressenti, qui a fini par remplacer, en sa recherche vénitienne, ce Mac Guffin qu’a été _ au final de la recherche, il faut en faire le constat et en convenir  la quête de la localisation dans Venise de « la peinture qui miroitait » l’été 1968 ou 69 _ qui a donc fait fonction de simple appât à plus fondamental qu’elle ; et il nous faudra, nous aussi, ses lecteurs, y réfléchir … _ :

l’étape _ importante : un climax, je l’ai dit _ des Terese (au sestier de Dorsoduro), à l’ultime chapitre, le chapitre 45, aux pages 316 à 322 ;

ainsi que,

à l’appendice de l’Épilogue, 

les cas prestement brossés _ l’alacrité vénitienne est contagieuse _, en quelque lignes rapides a posteriori,

des Penitenti (au sestier de Cannaregio), aux pages 324-325 ;

de la Misericordia (au même sestier), à la page 325 ;

du Soccorso (au sestier de Dorsoduro), aux pages 325-326 ;

et, pour finir, celui, paradoxal _ négatif, mais le plus positif ! _, de Santa Croce (dans l’île de la Giudecca), à la page 326.


« Le grand jour. Ce moment, comme je l’ai attendu ! Pour moi, l’ile la plus importante de l’archipel des églises fermées _ il s’agit du sanctuaire fermé des Terese. J’en ai tant rêvé

_ depuis, en effet, avoir découvert tant d’œuvres provenant de ces Terese au musée diocésain (cf pages 242 : « Beaucoup d’œuvres proviennent des Terese (fermés)«  ; et 244 : « J’ai constaté que l’église la mieux représentée au musée est celle des Terese. Lors de ma rencontre avec le Grand Vicaire, elle faisait partie des deux édifices, avec Sant’Andrea, que je souhaitais visiter ») ;

ainsi, sur un tout autre plan, bien sûr, qu’une exposition de Roger de Montebello, au musée Correr, avec sa somptueuse « série sur la porte des Terese«  (cf page 245 : « Est-ce cette intuition de l’intemporel qui l’a attiré _ lui, Roger de Montebello, ce peintre français d’aujourd’hui (il est né en 1964) qui a décidé (en 1992) de vivre à demeure à Venise _ aux Terese ? De toutes les églises fermées que je connais, cet ancien sanctuaire carmélite est certainement le plus étranger. Étranger à aujourd’hui, au quartier. Il n’est articlulé à rien. Indécelable _ aussi en son absolue discrétion (et élégance de sa porte !). Absolument seul. Sans pour autant apparaître abandonné. Au contraire, son aspect lisse, minéral, semble le rendre indestructible« , lit-on page 246 ;

et aussi, page 247 : « Le livre _ Le Chiese di Venezia, aux Edizioni Alfieri (l’indication est donnée à la page 43) _ de Franzoi-Di Stefano _ Umberto Franzoi et Dina Di Stefano _ paru en 1976 publie deux photos _ très précieuses ! _ des Terese. L’extérieur apparaît en piètre état et montre à nu l’appareillage de brique rouge, mais c’est l’intérieur qui est le plus impressionnant _ voilà. On devine une décoration encore fastueuse _ rien moins ! _ même si elle commence à se faner _ plusieurs plafonds sont dégarnis » _ en 1976, donc : il y a quarante ans passés… ;

et surtout depuis que Jean-Paul Kauffmann a appris que « le Cerf blanc« , devenu un ami, Alessandro Gaggiato, « s’est fait ouvrir les Terese«  (…) ; après qu’« il (en) a obtenu la permission grâce au curé de l’église voisine, San Nicolò dei Mendicoli, « un homme excellent » » _ qui en détient la clé (page 253) ; et, plus encore, du fait qu’Alessandro lui a dit qu’il « pense que c’est possible » d’obtenir à nouveau cette opportunité d’« entrer«  aux Terese ! (page 254) ;

telles sont les raisons bien concrètes qui ont suscité la force d’un tel engouement envers ce sanctuaire fermé-ci des Terese en notre auteur… _

que je redoute _ devenu méfiant en cette décidément très imprévisible Venise _ qu’une complication de dernière minute ne vienne tout faire échouer  » : ainsi s’ouvre l’ultime chapitre, page 316.

Qui se poursuit ainsi :

« Devant l’église San Nicolo dei Mendicoli, le Cerf blanc _ l’ami Alessandro Gaggiato _ m’attend, figure _ lui-même _ fabuleuse _ celui qui connaît le mieux la totalité (!) des églises de Venise, bien qu’il ne soit ni un universitaire, ni un homme du sérail religieux, ni un rouage du réseau administratif _ et insaisissable _ce n’est pas un mondain : seulement un homme réservé et passionné depuis sa lointaine jeunesse de sa recherche (cf pages 207-208 : « Sa vie professionnelle, il l’a passée à la maison Osvaldo Böhm, un établissement autrefois célèbre à Venise sis Salizzada San Moise, spécialisé dans les gravures, estampes originales, photos anciennes (…) Dans cette boutique légendaire, il a été initié à la recherche et au classement de documents anciens. Ainsi est-il devenu un grand brasseur d’archives _ voilà. La plupart des églises fermées que je cherche désespérément à forcer, il les a connues _ lui _ ouvertes.  _ J’ai commencé en 1965. Je ne connaissais rien. J’ai appris seul en les explorant systématiquement _ voilà. J’entrais en action à 6 heures du matin. À l’époque, on ouvrait aux aurores. Je photographiais toujours selon le même ordre, extérieur, intérieur, monuments, sculptures et peintures. Un recensement systématique _ oui. Je dessinais aussi le plan de l’église en indiquant l’emplacement exact des œuvres. A 9 heures, je rejoignais mon travail chez Böhm. J’ai inventorié ainsi tous les sanctuaires vénitiens, y compris ceux qu’on a détruits _ telle, par exemple, l’église du campo della Celestia (cf les pages 250-251). Avec de la patience _ de toute une vie, depuis 1965 _, de l’organisation forcément _,  de la chance aussi, j’ai pu entrer à peu près partout. Le tout est de savoir attendre _ et résider soi-même à Venise aide bien sûr à cela. L’expérience m’a appris qu’une opportunité _ Kairos aidant _ finit par toujours se présenter« ). À le voir toujours aussi impassible et absorbé _ un trait déjà assez vénitien, me semble-t-il : une sobre et placide douceur… _, il me fait penser à un messager de l’autre monde. N’est-ce pas le séjour des ombres et de l’oubli que je vais découvrir, l’église des Terese, fermée depuis une éternité ? Sans doute la représentation la plus achevée à Venise de l’église exclue, dépossédée _ on peut même parler à son sujet de forclusion ».

« Le Cerf blanc est un cœur noble. Il ne cesse de m’en administrer la preuve par une générosité qui peut apparaître distante _ par sa sobriété, sa retenue _ mais qui n’en est pas moins efficace _ ne m’a-t-il pas fait partager _ oui ! _ son territoire ! _, par sa façon taiseuse aussi d’être disponible.

Il ne parle jamais pour ne rien dire. S’il évoque ce Pierre Gruet _ Marseille, 1917 – Thoiry, 2001 _, c’est qu’il a une idée derrière la tête. C’était un industriel marseillais, explique-t-il, admirateur de Casanova, animateur de la revue Casanova Gleanings. Il y a une trentaine d’années _ en 1975, et jusqu’en 1981 _, ce Pierre Gruet avait créé à la Giudecca, dans son Palais Vendramin, un véritable salon réunissant une petite société de casanovistes  à laquelle il avait mis à disposition une riche bibliothèque consacrée à son héros. Il avait proposé au Patriarcat de restaurer à ses frais l’église fermée de Santa Maria degli Angeli à Murano, en très mauvais état.

Les lecteurs de l’Histoire de ma vie connaissent l’épisode où Casanova et le futur cardinal de Bernis, alors ambassadeur _ de Louis XV _ à Venise, se partagent les faveurs d’une religieuse de ce couvent. Casanova la désigne par les seules initiales M. M.. Pour cette restauration, Gruet posait une seule condition : que le nom de Casanova soit mentionné.

_ Naturellement, fait mon compagnon d’un ton pince-sans-rire, le Patriarcat a refusé la proposition de Gruet.

Son « naturellement » résonne une fois de plus comme un reproche discret à l’égard de cette curie vénitienne qui le snobe. Néanmoins, je ne l’ai jamais entendu se plaindre à son endroit« , page 317.

« Avec les Terese, je sais que j’ai affaire à forte partie. Le Dr Cherido m’a confié qu’il y a travaillé naguère. À l’écouter _ c’est un avis d’expert ! _, c’est un cas clinique désespéré, comme le laissait entendre _ déjà _ le rapport de l’Unesco des années 70. (…)

Cette visite est aussi le test suprême _ voilà pourquoi le récit de cette visite constitue un tel climax du livre. D’autres églises me sont fermées dans lesquelles je ne pourrai jamais pénétrer. Avec le temps _ et les déceptions subies tant auprès du Patriarcat que de la SurIntendance des Beaux-Arts de Venise _, j’ai dû réduire mes ambitions. Les Terese, c’est autre chose. L’édifice _ lui-même _ symbolise pour moi la fermeture absolue. C’est donc l’épreuve décisive _ voilà ! Ma religion _ si j’ose dire _ est faite : si je rentre dans le bâtiment, je prolongerai mon séjour. Sinon…

Apparaît alors le sacristain _ de San Nicolò dei Mendicoli, l’église voisine _, la mine rejouie. La jovialité se dégage de toute sa personne. Il est si cordial que je lui pardonne aussitôt son retard. Il ne tient pas à la main un trousseau de clés, mais une seule clé que j’aurais crue plus imposante. Il ne l’agite pas _ lui _ devant nous. (…)

La clé _ après deux tentatives vaines _ enfin tourne et la porte s’ouvre. A cet instant je pense à la peinture de Roger de Montebello : « Et s’il n’y avait rien derrière la porte ? Et si le passage était simplement _ seulement _ dans la vibration même de la porte ?« 

La porte ne vibre pas. Elle grince tout simplement, comme il sied _ très naturellement _ à des pentures de fer qui n’ont pas fonctionné depuis _ au moins _ deux années. Je franchis le seuil, le passage de la frontière.

Aussitôt, je perçois tout. La prison _ que le bâtiment aussi fut _, l’odeur de confinement. Mon regard embrasse l’intérieur comportant une nef unique de forme rectangulaire. Santa Maria del Pianto faisait d’emblée l’effet d’une discordance. Rien de tel ici, encore que le spectacle tende au même constat : la chute, l’anéantissement avec tous les attributs d’avant. Un choc. J’ai beau m’attendre à un tableau de ruines, je suis confronté à une pure rencontre avec la fin _ voilà. Mais une fin qui se présente comme une sorte de discrédit. Aux Terese, la beauté a tout simplement été injuriée. Elle n’a pas totalement disparu. Car on la voit, son empreinte est encore visible. Mais elle est enfouie _ matériellement _ sous les décombres _ qui dominent…

(…) Un incroyable entassement de corniches, de marbres, de frises, d’entablements, de colonnes tronquées _ un vrai trésor ! _ posés à même le sol _ voilà _ recouvert d’un méchant plastique semé de crottes de pigeons. On dirait un bâtiment qu’on vient de dégager grossièrement après un bombardement. La même vision de désolation. L’œil ne voit que cet ensemble confus qui donne l’impression d’avoir été rangé rapidement après la catastrophe. Et cette odeur remontante de salpêtre qui humecte l’atmosphère ! L’humidité, on ne la voit pas, on la touche, on fait plus que la renifler, elle travaille à l’intérieur des murs, elle est en suspension dans cet air où ont résonné les chants angéliques et le tonnerre de l’orgue, on la sent s’insinuer partout comme un écoulement malsain. Les sanctuaires vénitiens sont plus exposés que d’autres édifices : c’est par les tombeaux que l’eau remonte lors de l’acqua alta.

Bien après le choc, le regard finit par appréhender l’emmurement : le maître-autel et les six autels latéraux _ voilà _ incrustés de gemmes resplendissant dans la lumière qui provient des hautes fenêtres.

Je crois avoir approché la plupart des autels de Venise qui rivalisent de beauté, comme à la Salute ou à San Lorenzo, où le maître-autel à double face compte parmi les choses les plus magnifiques que j’ai jamais vues. Mais les autels _ au pluriel : sept _ des Terese les dépassent tous _ c’est dire leur degré de somptuosité ! _ par leur marquetterie de pierre rouge de Vérone, leurs incrustations d’émaux et de marbres.

Comme à Santa Maria del Pianto, une impression presque gênante _ cf l’Unheimliche freudien _ de déjà-vu. Impossible toutefois que je sois entré jadis _ en 1968 ou 69 par exemple _ en ce lieu. La mémoire n’est pas fiable, j’ai peut-être vécu un moment qui, en réalité, n’est jamais advenu _ seulement fantasmé. Derrière le tabernacle du maître-autel le retable a disparu. J’interroge mon compagnon _ de visite : le Cerf blanc, Alessandro Gaggiato. Il a beau avoir déjà vu ce champ de ruines, je le sens _ terriblement _ blessé par cette vision.

_ Il y avait là un tableau de Nicolò Renieri, Sainte-Thérèse et le sénateur Giovanni Moro. En 1965 _ c’est donc cette année-là qu’Alessandro Gaggiuto a découvert le sanctuaire des Terese _ il était encore ici. J’ignore ce qu’il est devenu. Nicolò Renieri ou Nicolas Regnier _ peut-être un lointain parent de Jean Clair, qui parle dans son Dialogue avec les morts, à la page 275, de ce lointain cousinage vénitien avec les Régnier-Ranieri ; cf mon article du 16 juillet 2011 : _, né à Maubeuge à la fin du XVIe siècle Maubeuge, c. 1588 – Venise, 1667 _, est un peintre caravagesque _ une œuvre de lui (de sa période romaine, vers 1620) se trouve au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux : Renaud et Armide. Il a vécu un moment à Rome _ de 1615 à 1625 _ et terminera sa carrière à Venise. Renieri est une figure énigmatique. Peintre mais aussi marchand d’art et collectionneur, ayant servi de rabatteur pour Mazarin, il mourut très riche. Ses quatre filles, réputées pour leur beauté, étaient toutes peintres.

Mon acolyte _ Alessandro _ désigne le plafond octogonal à nu où se déployait une autre toile de Renieri représentant Sainte Thérèse en gloire. Elle se trouvait encore dans l’église en 1976 _ année du livre de Franzoi-Di Stefano, avec ses deux photos des Terese. Malgré ses nombreuses recherches, il ne sait pas où elle est.

Serait-ce la pièce manquante ? L’église, ne l’oublions pas, était dédiée à Sainte-Thérèse d’Avila. A l’évidence, le sanctuaire était splendide. Tout y témoignait de l’extase et certainement de la jouissance _ de quoi attiser la curiosité de Lacan lors de ses excursions gourmandes à Venise. Thérèse était enlevée par l’Aimé, son ravisseur. D’après Lacan _ il n’était donc pas très loin _, les mystiques comme Thérèse témoignent de ce qu’ils jouissent, tout en n’en sachant rien _ innocemment, donc. Tout a disparu, tout s’est envolé. De l’ivresse, de la félicité _ thérésiennes _ ne reste plus que cette odeur de croupi et de bas-fond. Et le silence. Le silence vénitien _ non vide _ cher à Luigi Nono, qui n’est ni soustraction ni pure opposition au son. Je l’entends. Il crisse. Il vibre _ et vit, musicalement ; je pense à la sublime Musica callada de Federico Monpou… _ dans cette humidité.

Renieri  a peint d’autres tableaux pour les Terese, une Annonciation et un Archange Gabriel qui figureraient dans les réserves du musée de l’Accademia. D’après mon compagnon, une œuvre de Renieri et une autre de Jacopo Guarana sont entreposées au musée diocésain, l’établissement que dirige le Grand Vicaire.

Cette liste donne un aperçu de ce que fut la magnificence _ voilà _ des Terese. Deux statues représentant les prophètes Élie et Élisée, attribuées à Andrea Cominelli, encadrent encore le maître-autel. Pourquoi n’ont-elles pas été enlevées ? Mystère. Leur présence au milieu de ce désordre a quelque chose d’incongru. A moins que ce ne soit l’ultime message d’espoir laissé involontairement par un catholicisme qui a toujours voulu jouer _ tout particulièrement à Venise la sensuelle (et la ville des ridotti et casini…) _ la promesse contre la chute _ l’espoir de la jouissance (du Paradis) plutôt que la crainte du châtiment (de l’Enfer).

La promesse, c’est-à-dire l’accomplissement, je me demande bien où elle git _ désormais _ dans ces ruines. Me revient alors en mémoire le mot interdit que j’avais imaginé _ cf page 234 _, exécration » _ qui signifie dé-sacralisation.

S’impose alors relire un passage important aux pages 233-234 (chapitre 33) :

« On m’objectera une fois de plus : que possède de plus _ par rapport à une église ouverte _ une église fermée ? En quoi son inaccessibilité la désignerait-elle comme supérieure à un bâtiment religieux ouvert ? (…) Différente, à coup sûr, la fermeture change tout _ du tout au tout, même. Elle confère au sanctuaire une intériorité secrète _ voilà _ qui n’est pas _ en sa singularité d’exception _ comparable aux autres. Une qualité de silence _ voilà ! _ qui grandit l’espace _ simplement matériel, lui, du lieu. L’intégrité, qu’elle a gardé _ voilà : elle ne l’a pas perdue ! _, en même temps que la permanence _ aussi _ d’un manque _ perceptible ; et fondamental en la puissance de sa capacité dynamique _ : ainsi se distingue-t-elle. Je l’ai perçue à San Lorenzo (…) : une présence en creux qu’accompagnait, je m’en rends compte maintenant, un trouble qui peut se confondre avec un sentiment d’angoisse. (…) Par-dessus tout appréhension de déranger l’ordonnance d’un monde en lui-même, souterrain, absolument inconnu, comme si dans la pénombre se dissimulait sous ces voûtes et derrière ces colonnes la présence d’un hôte insaisissable _ voilà. Et toujours cette injonction _ sacrale _ qui ressemble presque à une menace : Noli me tangere. Ne me touche pas ! Ne m’effleure même pas.

(…) Peut-être Hugo Pratt

_ « Dans son goût pour l’ésotérisme, son penchant pour les mystères qui doivent le rester, Hugo Pratt _ 1925 – 1998 _ l’avait rappelé dans notre parcours de la ville, il y a une trentaine d’années _ peut-être en 1988. Il disait à peu près : ces espaces fermés sont les pages d’un grand livre à déchiffrer _ voilà _, mais tout ne doit pas être pénétré ; ces lieux ont droit à une part de secret qu’il faut respecter « , page 234 aussi ; auquel j’ajoute ce mot de Lacan, donné à la page 239 : « Le gai savoir consiste à « jouir du déchiffrage » »…  _,

peut-être Hugo Pratt voulait-il indiquer que face à ces temples silencieux, épargnés par la multitude _ des touristes _, il fallait renoncer à avoir le dernier mot ? Le mot invisible qui fait défaut, la clé d’accès qui permet d’encoder : se détourner de cette part intime. Ce mot impossible, je n’aurai pas la prétention de l’avoir trouvé. J’en ai imaginé un. Sans doute en existe-t-il d’autres, de plus appropriés. Qui sait ? Rêvons un peu. Si ma quête finissait par se révéler fructueuse, il n’est pas impossible de le capturer, ce mot manquant. En attendant, le voici.

Ce nom est exécration » _ qui signifie action (sacrilège) d’ôter la sacralité.

Fin ici du dernier chapitre, le chapitre 45, à la page 322.

Me reste encore l’Épilogue _ et ses quatre exemples finaux _ à relire et commenter.


Ce lundi 24 juin 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

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