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Seconde vision enthousiaste du Grâce à Dieu de François Ozon

14jan

Je viens de procéder à une seconde vision,

après celle d’hier

_ cf mon article :  _,

du film Grâce à Dieu de François Ozon.

Mes impressions premières sont amplement confortées.

Je suis ravi aussi d’avoir été plus attentif à de multiples détails

qui m’avaient échappé,

ou que je n’avais pas retenus,

dans le fil syncopé du récit.

Et j’ai été encore plus sensible

à l’humanité profonde

des principaux personnages

par le regard et les souvenirs desquels

passe la focalisation de la caméra de François Ozon.

Des personnages qui sont loin d’être tout d’une pièce _ et donc caricaturaux _,

dont la personnalité, par de très intéressants micro-écarts,

frémit, bouge, « évolue« 

_ parfois, le plus souvent, avance, avec courage et responsabilité,

mais parfois aussi recule, régresse, non sans hésiter, et par un comble de lassitude ;

mais ce cas-là n’est pas celui des trois personnages principaux,

l’élégant et ferme Alexandre (de Melvil Poupaud),

le fort et audacieux François (de Denis Ménochet),

l’éperdu et admirable Emmanuel (de Swann Arlaud),

qui apprennent,

à l’expérience souvent très rude du réel,

et souvent grâce aux autres (des amitiés, dans la lutte commune, se créent),

à dépasser leurs failles….

Un grand film, subtil,

qui marque.

Ce mardi 14 janvier 2020, Titus Curiosus – Francis Lippa

Des bouffées de souvenir : « Alabama Song » _ ou Brecht par The Doors _ et Edward Hall, « La Dimension cachée » : la « mine » que sont les « notes » de Bernard Plossu…

01avr

Une brassée de souvenirs (excellents) en remontée du (joyeux) passé,

en cet échange de courriels avec Bernard Plossu : voici…

Le 29 mars 09 à 22:51, Bernard Plossu a écrit :

des petites notes (dans le train : « en route vers Carcassonne« …)

plo

De : Bernard Plossu

A : Amicus X

Envoyé le : Dimanche, 29 Mars 2009 22:48
Sujet : notes

Dans le livre « Quinze hommes splendides » de Yvonne Baby, Bresson parle de « bizarre mélange de hasard et de prédestination« , ça me fait un peu penser à ma lubie de parler de « rencontre de sagesse et de délire » en photographie…

Page 60, Robert Bresson cite Corot : « il ne faut pas chercher mais attendre« , citation que je cite toujours, tout le temps…

Robert Bresson parle, tourne, réfléchit autour du silence, de son rôle, sa présence plus forte que le bruit (que la musique), le non-bruit… Et même on pourrait dire que sa musique est une forme de silence, non ? elle ne dit pas quoi penser (grossière erreur de penser que Bresson est moral, on le disait janséniste, je dirais plutôt « puriste », comme Dreyer dans « Ordet » : chef d’œuvre d’image avant tout).

De son côté, Edward Hall (mon maître et ami) a analysé, décortiqué, le rôle des odeurs dans la société américaine, qui mourra un jour de ne plus en avoir.

Etc… Je passe les notes qui suivent…

Ma réponse (à ce passage-là ; qui « me retient » tout spécialement…) :

—–E-mail d’origine—–
De : Titus Curiosus

A : Bernard Plossu

Envoyé le : Lundi, 30 Mars 2009 6:24
Sujet : Re: notes : Kairos + Edward Hall + Brecht par Didi-Hubermann

La « rencontre » me passionne, comme tu le sais (notamment par ce que j’ai pu aussi en écrire :
« Pour célébrer la rencontre« , que publia sur son site (« Ars Industrialis« , en mars 2007) Bernard Stiegler ;
« Cinéma de la rencontre : à la ferraraise _ ou un jeu de halo et focales sur fond de brouillard(s) : à la Antonioni« , ce gros essai inédit).

Sur le hasard, et sa réception, le concept (grec) de « kairos » va très loin…
Je n’aime pas beaucoup, en revanche, le mot (de Bresson) de « prédestination« .
Je préfère plutôt ton cocktail à toi de « sagesse et délire« 
; même si « délire » n’est peut-être pas le terme (un peu trop « mode » ; « jeune »…) le plus adéquat à mes yeux, du moins…
Mais l’oxymore est parlant…

Sur le silence, oui… : un espace où peut _ et où seulement peut _ se déployer le jeu de la créativité
pour un artiste…


Le livre que je suis en train de lire, de Georges Didi-Huberman, « Quand les images prennent position _ l’œil de l’Histoire 1« ,
traite pleinement de cela
à travers le montage photos/légendes/épigrammes poétiques
que Brecht a élaboré en son « Kriegsfibel« 
(« ABC de la guerre«  ) qui ne put être publié qu’en 1955…

« Le livre se vendit très médiocrement, laissant à Brecht, peu avant sa mort, l’impression douloureuse que le public allemand cultivait un « refoulement insensé de tous les faits et jugements concernant la période hitlérienne et la guerre » (selon une expression de Brecht lui-même, citée par Klaus Schuffels, en une présentation intitulée « Genèse et historique« , de l’édition française, traduite par Philippe Ivernel, de cet « ABC de la guerre« , aux Presses Universitaires de Grenoble, en 1985)…

Ce livre (rare) de Brecht devrait te passionner.

Je ne crois pas, cependant, qu’on en trouve facilement des exemplaires, que ce soit en allemand, ou en français (cf la note page 30 du livre de Didi-Hubermen, pour toutes les précisions : Brecht ne put publier »Kriegsfibel« , et encore pas comme il le voulait _ il dut y opérer des « coupures » ; ainsi que promettre un second volume (qui aurait été) plus « positif », lui… _, qu’en 1955

_ né le 10 février 1898 à Augsbourg, en Bavière, Bertolt Brecht est mort très vite après cette publication de novembre 1955 : le 14 août 1956, à Berlin-Est, pour être précis : il n’a donc pas eu le temps d’écrire cette « suite »…)…

J’en suis page 198 de ce (très beau !) livre de Didi-Huberman ; et il me reste 60 pages.
J’écrirai bien sûr mon prochain article sur lui…


Le concept central, à partir de celui de « montage/démontage »
étant celui de « rythme« …
C’est fondamental.


« Ne pas chercher, mais attendre« , dis-tu : oui ; et encore, sans traquer ; seulement être prêt à recevoir,
et sans crispation, forcément… « Kairos » dit ici l’essentiel…

Se reporter à ce que j’ai pu en écrire
et en mon (petit) article (de mars 2007), et en mon (gros) essai (terminé en janvier 2008)…

Que tu parles de Edward Hall
comme ton « maître et ami« 
  est assez extraordinaire, pour moi : je parle de ses livres (« La Dimension cachée« , « Le langage silencieux » ; et « Au-delà de la culture« , « La danse de la vie _ temps culturel, temps vécu« , etc…) à mes élèves chaque année…

Il faudra que tu me racontes un peu
comment vous vous connaissez…


Edward Hall est un maître génial de l’attention !!!


Titus

La réponse de Bernard, enfin :

De :   Bernard Plossu

Objet : Re : notes : Kairos + Edward Hall + Brecht par Didi-Hubermann
Date : 31 mars 2009 10:22:34 HAEC
À :   Titus Curiosus

Je voyais très souvent Hall à Santa Fe !
(il m’a même cité plusieurs fois dans ses articles !)


Il a écrit un petit texte d’intro aussi à mon livre « Bernard Plossu’s New Mexico » publié il y a pas longtemps aux USA à University of New Mexico Press, on le trouve pas cher sur Abebooks ….

et je commence le texte de mon livre  » The African desert » publié à University of Arizona Press (Usa aussi) par une citation de « La Dimension cachée »
(on le trouve aussi pas cher sur Abebooks, mais le problème des livres américains est l’envoi postal qui peut être plus cher que le livre !)

Sa théorie de la proxémie s’applique totalement à la distance juste que la focale du 50 mm me permet en photo !

J’ai passé du temps voici 10 jours avec David Lebreton

_ cf mon article du 7 août sur le superbe « Éloge de la marche«  de David Lebreton, en mai 2000 : « Continuer d’apprendre à marcher«  _,

à Digne ensemble : il est à 100 % le successeur de Hall !

plo

Jamais lu encore Didi-Huberman, mais on me le conseille de toutes parts !

Merci de m’en parler si bien

b

ps :

à propos  de Brecht, un de mes « 33 tours » préféré a toujours été Lotte Lenya chantant « Surabaya Johnny » de « L’Opéra de 4 sous« , tu connais surement : sublime ! ! !

Oui !!! je le vénère aussi ;

et je collectionne même les chansons (et interprétations) de Brecht/Weil : outre Lotte Lenya, bien sûr _ plusieurs disques !!! _, Gisela May, Marianne Faithfull, Cathy Berberian, Milva _ j’aime tout particulièrement sa voix si chaude ! _, Teresa Stratas, Ute Lemper, etc… J’ai aussi un album de 2 CDs passionnants d’enregistrements des années trente et quarante, intitulé « From Berlin to Broadway« , édité par Pearl : GEMM CDS 9189 ; plus un autre d’extraits de cette compilation-là… Et encore un étonnant (et remuant les tripes) « September songs _ the music of Kurt Weill« , avec, parmi bien d’autres, Nick Cave, P. J. Harvey, David Johansen, Elvis Costello, Charlie Haden, Betty Carter, Lou Reed; et même Bertolt Brecht lui-même _ en 1930 : ne pas manquer !!! _ ; et Kurt Weil _ le charme ! _ ; et Lotte Lenya (en 1955) ; et encore William B. Burroughs : un CD Sony SK63046, en 1997… Le temps va son train… J’aime aussi, un peu à part _ quelle féminité ! _ le « Speak low« , particulièrement raffiné (= « sofistiqué » !), d’Anne Sofie Von Otter, en 1994 (CD Deutsche Grammophon 439 894-2) ; pour compléter cette somptueuse et fort variée palette d’interprétations…


Ainsi, l’autre jour, n’ai-je pas pu résister à l’écoute, au rayon Musique de la Librairie Mollat, juste à l’instant où j’y effectuais mon petit tour, presque de routine (pour jeter un œil _ ou une oreille _ aux derniers arrivages), à une interprétation par Les Doors _ ou par la voix sublime de Jim Morrisson ? mais les autres aussi y sont très bien ! _ d' »Alabama Song« , sur un Live (de mars 1967) « At the Matrix« , à San Francisco (double CD DMC 8122-79884-8 : une merveille !) : j’ai acheté l’exemplaire unique ; et me le repasse en boucle… C’est renversant de beauté…

Cela m’a rappelé, en outre, mon copain Pierre Géraud _ qui vit depuis longtemps à l’île de La Réunion _, chez lequel passait si souvent la musique des disques-vinyle _ je revois les pochettes ; comme je ré-entends les chansons ; et la voix si prenante de Jim Morrisson ! _ des Doors : ce devait être cette extraordinaire année 1969, l’été de laquelle notre groupe (de philosophie) auto-intitulé (!) « Freud » _ sur l’œuvre duquel nous « planchions » passionnément dans les sous-sols de la Fac des Lettres, Cours Pasteur, à Bordeaux _, avons, suite à la vision du film de Buñuel, « La Voie Lactée« , entrepris notre « pélerinage » à Compostelle : en fait l’aller-retour Bordeaux-Santander en vélo (un peu plus de 1000 kilomètres ; et camping sauvage : il pleuvait aussi pas mal) ! Quel merveilleux voyage de plus de cinq semaines… Dira-t-on jamais assez le charme des (rudes !) côtes des (ultra-vertes !!!) montagnes basques, et des ventas où se désaltérer, et se restaurer : tortillas, o huevos con jamón : le vélo creuse passablement l’appétit ! Un soir à Deva, nous avons même dîné deux fois _ la seconde rien que pour tenir compagnie à d’autres (joyeux !) convives de l’auberge… C’est (assez) beau, la jeunesse (= la décennie des « vingt ans »…) !

Et tout cela « revient » magnifiquement _ les « bouffées de souvenirs »… _ en écoutant Brecht et Les Doors ;

comme en me souvenant de ce que dit si finement Edward Hall, dans cette « Dimension cachée« …

Merci donc de tes « notes« , envoyées _ comme il se doit _ « au débotté« .., Bernard…

Titus Curiosus, le 1er avril 2009

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