Posts Tagged ‘Steeve Boscardin

Une seconde étape du périple discographique du répertoire de ténor chanté en français, par Benjamin Bernheim : un passionnant « Boulevard des Italiens »…

01mai

Après son inaugural magnifique et marquant récital _ soit le CD Deutsche Grammophon 481 6078 _ tout simplement intitulé « Benjamin Bernheim« , constitué d’airs pour ténors de Massenet, Donizetti, Gounod, Verdi, Tchaikovsky, Godard Berlioz et Puccini,

que le superbe Benjamin Bernheim _ cf mon article du 24 novembre 2019 : « «  _ nous a donné en 2019,

voici que celui nous livre maintenant une seconde magnifique étape de son périple de ténor chantant en français,

consacrée cette fois à des airs de compositeurs italiens ayant composé, ou bien tout spécialement pour des scènes fraçaises d’opéra, ou bien des œuvres ayant très vite rencontré le plus vif et large et durable succès en France,

en un récital très judicieusement intitulé cette fois « Boulevard des Italiens« , en un nouveau très réussi CD Deutsche Grammophon, numéro 486 1964.

Cf l’article que, sur le site de ResMusica, et le 27 avril dernier, Steeve Boscardin, a consacré à ce CD, sous le titre de « Benjamin Bernheim rend hommages aux Italiens à Paris« …

Benjamin Bernheim rend hommage aux Italiens à Paris

Ce nouvel enregistrement de Benjamin Bernheim sort des sentiers battus et apparaît beaucoup plus original que les traditionnels récitals de ténors, grâce à la collaboration du Palazzetto Bru Zane qui a concocté un programme autour de l’engouement des compositeurs italiens pour Paris.

L’avantage de ce programme est d’éviter la succession de « tubes » archi-connus, et d’aborder les compositeurs italiens dans leurs compositions en langue française. L’’intitulé, « Boulevard des Italiens », rappelle que Paris et sa « grande boutique » était un pôle d’attraction important pour les compositeurs italiens qui ont été amenés à écrire des opéras en français pour un public avide : on retrouve ainsi le traditionnel Don Carlos de Verdi, mais aussi des pages de son Jérusalem et des Vêpres Siciliennes, ainsi que La Vestale de Spontini ou La fille du régiment et La favorite de Donizetti, et des raretés de Cherubini et Mascagni. Enfin, le programme du disque s’ouvre et se referme avec deux airs de Puccini (extraits de Tosca et Madame Butterfly) dont la simple traduction en français – comme cela se faisait encore jusque dans les années 60 avant l’apparition du sur-titrage – apporte une écoute renouvelée et quasiment « exotique ».

Reconnaissons toutefois que l’enchainement de ces cavatines et romances où la « démonstration » technique semble mesurée quels que soient les styles abordés (romantisme, vérisme et classicisme), manque un peu de variété et aboutit à une absence de relief qui peut susciter une relative monotonie. Relative, car l’élégance suprême _ voilà ! _ domine, et toutes ces pages sont magistralement défendues et interprétées. Et puis quel plaisir d’entendre une telle évidence _ oui _ entre un répertoire et un interprète, car Benjamin Bernheim semble ici sans rival dans la domination naturelle de la prosodie, la clarté d’émission, le legato ondulant prétexte à de longues phrases lancées sur un souffle _ absolument…

A ce titre la cavatine de Dom Sébastien de Donizetti est peut-être le bijou, le point d’acmé de cet album qui résume toutes les qualités du ténor, ici tout en intériorité et raffinement pour peindre le portrait d’un monarque solitaire et mélancolique. Justesse du phrasé, belles dynamiques, maitrise absolue de la demi-teinte et de l’aigu puissant _ oui, oui, oui. L’extrait de la Favorite est du même acabit avec cette ligne de chant ondulante et si, pour donner plus de contrastes, on aurait aimé que Bernheim aborde le personnage de Tonio de La fille du régiment du côté de sa virtuosité, reconnaissons que la romance « Pour me rapprocher de Marie » abordée ici expose là encore une diction parfaite et une émission d’une grande clarté conférant beaucoup de fraîcheur _ oui _ à son interprétation.

Les Verdi sont aristocratiques et d’un grand raffinement _ comme il leur convient. Bernheim y apparait souverain, d’une ligne de chant et d’un legato flottants, et le duo jeune et plus « viril » du Don Carlos avec Florian Sempey (Posa) atteint des sommets dans de superbes harmoniques. La délicatesse des romances de Jérusalem et des Vêpres siciliennes donnent à admirer une grande qualité du phrasé et le souffle infini du ténor ainsi qu’une parfaite maîtrise de la voix mixte.

Le programme donne l’occasion au ténor d’aborder le répertoire plus « classique » – avec notamment le très rare Ali Baba de Cherubini – qui se révèle plein de promesses, même si l’extrait de la Vestale de Spontini nous semble encore manquer un peu de mordant, d’urgence et de drame.

Enfin, Amica, seul opéra en français que Mascagni a composé (1905), est une belle découverte qui nous permet de savourer cette voix duveteuse et moelleuse associée à une clarté d’émission qui sonne avec beaucoup de finesse dans ce répertoire vériste souvent plus trivial chez d’autres artistes.

A la tête de l’Orchestra del Teatro Comunale di Bologna, le chef français Frédéric Chaslin aborde avec la même élégance les divers styles qui composent le programme. Si on aurait parfois aimé – comme pour le ténor – un peu plus de mordant dans certaines pages, l’orchestre offre une belle variété de couleurs et une valorisation des pupitres qui enrichissent l’écoute de ces œuvres que l’on prend plaisir _ oui _ à découvrir ou redécouvrir.

Giacomo Puccini (1858-1924) : « Adieu, séjour fleuri » extrait de Madama Butterfly ; « Ô de beautés égales dissemblance féconde ! » extrait de Tosca.

Gaetano Donizetti (1797-1848) : « Pour me rapprocher de Marie » extrait de La Fille du régiment ; « Ange si pur que dans un songe » extrait de La Favorite ; « Seul sur la terre » extrait de Dom Sébastien, Roi de Portugal.

Giuseppe Verdi (1813-1901) : « Fontainebleau ! forêt immense et solitaire », « Je l’ai vue », « Le voilà ! c’est l’enfant ! – Ô mon Rodrigue ! », « Dieu, tu semas dans nos âmes » extraits de Don Carlos ; « L’Emir auprès de lui m’appelle » et « Je veux encore entendre ta voix » extrait de Jérusalem ; « Ô toi que j’ai chérie » extrait des Vêpres siciliennes.

Gaspare Luigi Pacifico Spontini (1774-1851) : « Qu’ai-je vu ! … Julia va mourir ! » extrait de La Vestale.

Luigi Cherubini (1760-1842) : « C’en est donc fait, plus d’espérance ! » et « C’est de toi, ma Délie, que dépendait mon sort » extrait d’Ali Baba.

Pietro Mascagni (1863-1945) : « Amica ! Vous restez à l’écart … » et « Pourquoi garder ce silence obstiné ? » extrait d’Amica.

Benjamin Bernheim, ténor ;

Orchestra del Teatro Comunale di Bologna, direction : Frédéric Chaslin.

1 CD Deutsche Grammophon réalisé en coopération avec le Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française.

Enregistré au Teatro auditorium Manzoni de Bologne en avril 2021.

Texte de présentation en français, anglais et allemand.

Durée : 59:13

La profondeur du charme _ tant de la splendeur du timbre de ténor que de cette conduite admirable, si aisée, de l’art maîtrisé du chant en français _ emportant tout…

Ce dimanche 1er mai 2022, Titus Curiosus – Francis Lippa

 

Stéphane Degout : élégantissime Comte Almaviva des Noces de Figaro de Mozart ; et chanteur merveilleux d’intelligence…

25août

Hier soir, retransmission à la télévision des Noces de Figaro de Mozart dans la mise en scène de James Gray et sous la direction musicale de Jérémie Rohrer, au Théâtre des Champs Elysées, en novembre 2019.

Mon impression d’ensemble est hélas très mitigée,

alors que les représentations sur la scène de ces Noces de Mozart m’ont _ et à la différence des deux autres chefs d’oeuvre de Mozart et Da Ponte : à la merci de faiblesses d’interprétation, tant musicales que dramaturgiques… _ très rarement déçues, tant l’œuvre est splendidement enlevée…

A part les incarnations du Comte et de la Comtesse

_ par Vanessa Vannoni et Stéphane Degout _,

je trouve la plupart des autres incarnations des personnages bien trop lourdes et dénuées, ici, de l’indispensable charme mozartien (et da pontien)…

Je suis aussi déçu de la mise en scène bien trop lourdaude du cinéaste _ que j’apprécie pourtant beaucoup au cinéma ; cf les articles que j’ai consacrés à ses films : The Yards, Two Lovers, etc…. _ James Gray.

Je ne partage donc pas du tout le point de vue d’un spectateur, Bruno Serrou,

exprimé sur le Net : Les Noces de Figaro fébriles de Jérémy Rohrer dans une mise en scène élégante et fébrile du cinéaste James Gray

VENDREDI 29 NOVEMBRE 2019

Les Noces de Figaro fébriles de Jérémy Rohrer dans une mise en scène élégante et classique du cinéaste James Gray

Paris. Théâtre des Champs-Elysées. Mardi 26 novembre 2019

Après Cosi fan tutte en 2012 et Don Giovanni en 2016, le Théâtre des Champs-Elysées confie à Jérémie Rohrer le premier volet de la trilogie Mozart/Da Ponte, Les Noces deFigaro, animé par un troisième metteur en scène, le célèbre réalisateur américain James Gray.

En effet, après les metteurs en scène de théâtre français Eric Genovèse (Cosi fan tutte) et Stéphane Braunschweig (Don Giovanni), c’est au cinéaste new-yorkais James Gray, auteur notamment de Two Lovers (2008), The Immigrant (2013), The Lost City of Z (2016) et Ad Astra (2019), qu’a été confié Les Noces de Figaro. C’est avec cet ouvrage que le réalisateur américain fait ses débuts à l’opéra. C’est donc l’esprit vierge qu’il propose une mise en scène traditionnelle, un peu trop littérale mais sobre et fidèle au texte. La scénographie évocatrice de Santo Loquasto et les beaux costumes du couturier Christian Lacroix situent l’action dans la Séville du début du XVIIIe siècle de la pièce de Beaumarchais dont s’est inspiré Da Ponte et qui répond aux attentes du public du théâtre de l’avenue Montaigne, qui, pourtant, a été témoin de quelques huées peu audibles il est vrai qui manifestaient le dépit d’inconditionnels du cinéaste qu’ils ont jugés moins moderne que dans ses films.

Abondant dans le sens de la mise en scène, la direction nerveuse et vive de Jérémie Rohrer à la tête de son Cercle de l’Harmonie, ne laisse aucun répit, et l’on ne s’ennuie pas une seconde à l’écoute du chef-d’œuvre de Mozart. L’effectif des cordes donne ici une chair sonore onctueuse, qui instille sensualité et fluidité (le pianofortiste est en costume XVIIIe et emperruqué). La fébrilité instaurée par le chef dès les premières mesures de l’ouverture ne réprime pas pour auant un nuancier particulièrement large au sein de l’orchestre.


Mue par la direction d’acteur au cordeau de James Gray, qui fait de chacun des personnages des êtres de chair et de sang aux sentiments authentiques et spontanés, cette production est servie par une distribution homogène qui se fond sans restriction au sein de la dramaturgie. La soprano corse Vannina Santoni campe une Comtesse mélancolique et solitaire singulièrement humaine et complexe, s’appuyant sur une voix lumineuse et brûlante. Face à elle, un Comte de grande classe, à la fois noble, fragile et impulsif du baryton lyonnais Stéphane Dégout, suprêmement chantant, doué d’un timbre rutilant et noir. Le baryton-basse canadien Robert Gleadow, voix sombre et pleine, est un Figaro jaillissant et impulsif, et la soprano russe Anna Aglatova, Suzanne à la voix large et charnue, s’échauffe peu à peu pour atteindre sa plénitude vocale dans Deh veni. Eléonore Pancrazi est un Chérubin un peu éteint, mais elle finit par s’imposer dans l’acte final. La production est également marquée par la Marceline joviale de Jennifer Larmore, et par la pimpante Barberine de Florie Valiquette.

Mais plutôt celui de Steeve Boscardin, en un article de ResMusica : Des Noces de Figaro déjà routinières au Théâtre des Champs-Élysées

Des Noces de Figaro déjà routinières au Théâtre des Champs-Élysées

En faisant appel à James Gray pour mettre en scène les Noces de Figaro de Mozart, le Théâtre des Champs-Élysées a sans conteste fait une belle prise tant les talents du cinéaste américain sont incontestables. De fait, le spectacle constitue le point d’orgue de la programmation mais les attentes n’étaient-elles pas trop grandes ?


noces_tce19 (2)


À la sortie de la salle, le public semble ravi de sa soirée et l’accueil est enthousiaste. Pourtant, qu’il nous soit permis d’émettre ici des réserves importantes sur ce qui nous est proposé. Des réserves qui concernent tous les éléments du spectacle : une mise en scène professionnelle, « jolie » mais qui aurait pu être faite à moindre frais par n’importe quel metteur en scène un tant soit peu professionnel, une fosse très contestable et une distribution intéressante mais d’où émergent surtout les protagonistes masculins.

James Gray signe donc sa première mise en scène d’opéra. Contrairement à ce que l’on pouvait attendre ou craindre (c’est selon) il a décidé d’éloigner toute actualisation et de rester dans une forme de réalisme historique. Cette approche pourrait être révolutionnaire dans un monde lyrique dominé par les néons, structure métalliques et autres robes en lamé, mais les choix opérés par James Gray ne cessent d’illustrer une évidence : si la laideur coutumière du Regietheater ne garantit pas une relecture intelligente, la joliesse ne peut quant à elle suffire à faire le théâtre, à livrer une vision, à donner de la chair à des personnages _ voilà.

Beaucoup de choses interpellent ici. D’abord les moyens considérables pour les décors et les costumes aboutissent à un joli livre d’images mais à y regarder de plus près, tout est finalement plus hétéroclite qu’historique. Les décors évoluent entre des atmosphères hispanique, française, vénitienne (etc…) – au milieu de charpentes et de poulies théâtrales pour signifier que nous sommes dans une œuvre du déguisement et du travestissement – et les costumes chatoyants de Christian Lacroix offrent des robes à panier Louis XV à la comtesse, un ensemble Directoire façon « Incroyable » à Chérubin et des livrées très XVIIᵉ pour Bartolo et Basilio. Tout cela semble sans ligne directrice, sans époque, sans puissance évocatrice, sans vision ou éclairage marquant sur un livret pourtant historiquement chargé, mais c’est « joli ».

L’historicisme, on le trouvera davantage du côté d’une direction d’acteur dont on peine à croire qu’elle est l’œuvre d’un Américain du XXIᵉ siècle. Tout _ ou presque tout… _ semble artificiel, des pauses et mimiques convenues et dix mille fois vues aux gags les plus éculés, des mouvements du chœur (par ailleurs excellent) bien symétriques aux entrées et sorties latérales des protagonistes. On ne peut nier qu’un charme aimable et suranné émane de cette production « à l’ancienne » qui a par ailleurs le mérite de rendre lisible le fait que les Noces illustrent tout autant l’alliance des femmes contre le patriarcat que celui des serviteurs contre leurs maîtres, mais l’ennui serait souvent en embuscade sans le talent et la présence scénique des chanteurs. Bref tout cela est neuf et sent pourtant déjà terriblement la routine.

L’autre mauvaise surprise vient de la fosse. Après avoir tant fréquenté Mozart ces dernières années, comment le Cercle de l’Harmonie peut-il sonner aussi aigre, aussi raide, aussi sec avec des vents aussi discordants et faux ? Pourtant, au milieu, émerge comme une pépite le pianoforte d’une délicatesse inouïe de Paolo Zanzu _ certes _, mais cela saurait-il suffire ? Jérémie Rhorer sait nuancer, donner des coups de fouets mais les tempi sont souvent trop rapides et occasionnent des décalages récurrents et une absence très préjudiciable de respiration, essentielle chez Mozart _ en effet : c’est tout à fait fondamental… Si la deuxième partie est apparue plus en place, on a cherché en vain l’émotion, la profondeur, totalement absentes d’une lecture terrorisée par le sentiment.

tce_19-

Heureusement, la distribution a des choses à proposer. Le Figaro de Robert Gleadow est étourdissant de naturel et d’aisance physique _ bof… Après quelques minutes de chauffe, la voix trouve ses couleurs et la ligne de chant s’affermit. Les grands tubes qu’offre le rôle, sont ici assumés avec autorité et panache et le jeu de scène bondissant est impeccable. Anna Aglatova défend le rôle de Susanna avec beaucoup de charme _ ce n’est pas mon avis… Si le medium est parfois couvert par l’orchestre, la voix est pulpeuse, bien conduite et suffisamment veloutée pour donner du relief à un personnage qui s’avère finalement assez ingrat et difficile à défendre _ en cette maladroite incarnation-ci, du moins…. Vannina Santoni remporte un beau succès public en proposant une comtesse jeune, aux aigus rayonnant. Assurément marquante dans les scènes de confrontations avec le comte où la soprano apparaît à son aise dans la puissance, les deux airs plus intimistes (« Porgi amor » et « Dove sono ») déçoivent un peu en exposant un legato assez limité et une voix trop blanche et neutre pour donner de la chair, de l’épaisseur et de l’émotion au personnage.

Éléonore Pancrazi est doté d’un délicieux vibratello qui confère beaucoup de juvénilité et de charme _ non… _ à ce chérubin maladroit et outrancier, et les courtes apparitions de Florie Valiquette en Barberine _ pas assez juvénile, ni fragile _ font regretter que la soprano n’ait pas été plus avantageusement distribuée.

Le Bartolo de Carlo Lepore impressionne par un bronze d’une grande beauté, magnifiquement projeté, et un tempérament comique naturel. Il en va de même pour la Marcelina de Jennifer Larmore dont on retrouve avec plaisir le timbre noir et corsé dans un rôle où elle prend manifestement beaucoup de plaisir _ oui : elle, au moins, s’amuse… Que dire également du Basilio de Mathias Vidal, belle surprise de la soirée dans un rôle bouffe où la veulerie côtoie la sournoiserie pathétique par un jeu de voix assez inédit et franchement réussi. Les belles interventions de Matthieu Lécroart et Rodolphe Briand complètent avantageusement le plateau.

Mais c’est surtout la prestation de Stéphane Degout que l’on retiendra _ oui ! _, passionnante de bout en bout _ absolument ! De plus en plus à l’aise scéniquement avec les années, il impose une belle voix cuivrée avec une autorité confondante _ oui. Maniant avec raffinement l’art du récitatif et de la coloration, il dessine un personnage aussi aristocratique que pathétique, aussi noble que tragique. Chacune de ses interventions est captivante _ oui _ par le mordant d’un chant naturel qui coule simplement avec un sens des mots et des intentions qui le rattache définitivement à ce que l’école du chant français fait de mieux _ absolument. Beaucoup du plaisir ressenti en cette soirée lui revient _ tout à fait.

Crédits photographiques : © Vincent Pontet

 

Cet article de Steeve Boscardin est suivi, sur le site de ResMusica, d’une excellente interview du magnifique Stéphane Degout _ auquel j’ai déjà consacré plusieurs articles ; j’apprécie énormément ce chanteur :  ;  ;  ;  ;  ;  ;  ;  ;  ;  ;  ;  ; …  _ par Vincent Guillemin, intitulée « Stéphane Degout, baryton lyrique mature« …

Stéphane Degout, baryton lyrique mature

Comte Almaviva sur scène pour la septième fois de sa carrière, Stéphane Degout participe à la nouvelle production de James Gray des Noces de Figaro. L’occasion de revenir avec lui sur ses grands rôles et d’évoquer ses projets pour l’avenir.

stéphane_degout cc jean-baptiste_millot

ResMusica : Vous reprenez dans une nouvelle production de James Gray le Comte Almaviva des Noces de Figaro au Théâtre des Champs-Élysées, que recherchez vous avec ce personnage ?

Stéphane Degout : Le Comte est l’un des rares personnages de Mozart qui n’a pas d’âge. Dans la pièce de Beaumarchais, il est plus jeune que Figaro et on peut lui donner vingt-trois ou vingt-cinq ans, mais pour moi, cela n’a pas beaucoup de sens de jouer le jeune homme avec lui. Je l’ai abordé pour la première fois en 2003, à 28 ans, pour le chanter régulièrement depuis, et maintenant à Paris alors que j’ai 44 ans. A chaque fois, j’y ai trouvé des résonances avec ce que j’étais sur le moment. Aujourd’hui, il est plus mûr et porte un regard différent sur la vie que celui qu’il avait il y a seize ans. C’est un rôle dans lequel on peut projeter énormément d’idées, en cela, il peut devenir un miroir de soi-même. C’est aussi le seul dont je me sente véritablement proche chez Mozart, car comme tous les jeunes barytons, j’ai chanté Guglielmo, Papageno et une fois Don Giovanni, en 2002, mais pour moi, ce dernier souffre trop d’une image d’Epinal à laquelle je ne corresponds pas du tout.

RM : Par rapport à la dernière production amstellodamoise de David Bösch, que donnez-vous, en plus ou en moins, à ce Comte par votre maturité et la proposition de James Gray ?

SD : David Bösch avait transposé l’histoire à aujourd’hui. Il n’y avait donc plus d’aristocratie, mais toujours une notion de richesse et de classes, des gens très riches entourés de leurs serviteurs. La différence aujourd’hui est que l’on revient au temps de la pièce avec des costumes et décors très classiques sans rechercher pour autant à penser comme des personnages du XVIIIe siècle. Nous gardons nos réflexes contemporains, avec des sentiments et des questionnements actuels. James Gray va très loin là-dedans. Il essaie toujours de savoir comment cela résonne en nous et ce que l’on ferait dans une situation similaire.

Contrairement aux metteurs en scène habitués à l’opéra, James Gray est confronté pour la première fois à cette problématique, et contrairement au cinéma, il ne peut monter les scènes comme il veut et doit respecter toutes les parties. Lors des répétitions, on sentait son incertitude dans le traitement des moments moins dramatiques, à l’exemple du final, qui est une pure convention d’opéra et avec lequel on ne peut pas raconter beaucoup.

RM : Est-ce que cela change votre rapport au metteur en scène de travailler avec quelqu’un comme Gray, à la fois très respecté pour son œuvre cinématographique, et en même temps nouveau dans le monde de l’opéra ?

SD : Pour ces raisons, il y a justement eu un besoin d’échange très fort. Très souvent, un metteur en scène a une vision de la scène et nous essayons d’y rentrer. Mais depuis trois semaines, nous travaillons avant tout sur les personnages, et la géographie de la scène vient après, en fonction de ce que l’on donne. Pour un chanteur, c’est assez perturbant car c’est d’une certaine façon l’opposé des répétitions habituelles : comme au cinéma, on fait plusieurs prises sans essayer de fixer les choses, on essaie de voir ce qui est bon, ce qui l’était dans la précédente, et ensuite on tente de refaire ce qui a le mieux fonctionné. C’est un processus de travail plus lent, mais que j’apprécie beaucoup.

Il ne faut pas oublier que dans Les Noces, déroger à ce qui est écrit est très compliqué. C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup de metteurs en scène ont toujours refusé de s’y atteler, Chéreau par exemple, ou Haneke, qui s’est arrêté aux deux autres volets de la trilogie Da Ponte. A Vienne au Theater an der Wien, il y a quatre ans, le metteur en scène Felix Breisach, qui vient de la télévision, a voulu prendre le contre-pied du sujet, et la production a été très compliquée.

Pour revenir à James Gray, il lui arrive en plein milieu d’une répétition de nous prendre à part et de nous donner des indications que les autres n’ont pas besoin de savoir, afin d’affiner le personnage et de lui développer des traits de caractère. Car souvent, lorsqu’on connaît le cheminement psychologique des autres personnages, sans le vouloir, on anticipe leurs réactions. Alors qu’avec cette méthode, on a cette fraction de seconde d’incertitude qui donne un vrai naturel à la scène _ oui. La complexité sera de reproduire ce naturel tous les soirs lors des représentations _ certes.

RM : Concernant vos autres rôles, vous avez quitté Pelléas mais gardez des personnages forts, Hamlet par exemple, ou encore Golaud vers lequel vous semblez vouloir aller?

SD : Pelléas est peut-être le seul rôle de mon répertoire que j’ai abordé avant tout sur le plan musical et vocal. De mon point de vue, Golaud est le personnage dramatique de l’opéra, le seul qui a un cheminement psychologique profond et déterminant. Mais globalement, j’aime les personnages torturés, avec quelque chose de cassé à l’intérieur, avec lesquels la tragédie appelle une grande part de « vécu ». Je suis toujours particulièrement intéressé à exploiter la fébrilité ou la fragilité d’un rôle _ voilà. Pelléas n’a pas la même épaisseur que Golaud, Hamlet ne bénéficie malheureusement pas d’une partition aussi géniale, même si la musique est belle. Mais dans les deux cas, il y a une véritable puissance théâtrale, le sentiment d’être chez Maeterlinck ou chez Shakespeare. Les rôles détiennent une texture, une épaisseur _ oui _, avant même qu’on y ajoute sa propre part d’interprétation _ en effet.

Je ne reviendrai plus à Pelléas car j’ai senti un tournant autour de mes quarante ans, lorsque ma voix s’est installée plus dans le corps _ voilà. D’un coup, j’ai dû faire l’effort pour aller dans sa vocalité qui était pourtant naturelle pour moi. Cependant, je n’ai abordé Golaud qu’en concert avec piano l’an passé à l’Opéra Comique, concert pendant lequel j’étais tellement malade que l’on ne peut en tirer aucune conclusion sur l’avenir. J’ai finalement décidé de repousser ma prise de rôle pour me laisser le temps d’y penser, car me frotter à Golaud tout de suite risquerait d’être un trop grand écart avec les rôles lyriques et plus légers que je porte dans les trois prochaines années.

Et puis j’ai beaucoup échangé sur le sujet avec plusieurs personnes, dont Laurent Naouri qui a été souvent mon Golaud, et c’est José van Dam qui m’a dit la chose la plus pertinente et la plus directe : « Si les bons Pelléas faisaient des bons Golaud, ça se saurait ». Je crois qu’il n’a pas tort, donc rien ne presse pour que je prenne ce rôle, d’autant que j’ai toujours aimé avoir des barytons-basses à mes côtés, ce qui n’est pas ma couleur. Si je le chantais, je ressemblerais plus à un Dietrich Henschel, qui était mon premier Golaud, en 2008, et qui est sur une tessiture assez proche de la mienne. Mais dans ce cas, il faudrait un Pelléas plus clair, pourquoi pas même en version ténor _ tout cela est bien sûr passionnant.

RM : Votre répertoire va du baroque au contemporain, comment sélectionnez-vous les rôles ?

SD : Certains viennent naturellement, par exemple Yeletski de la Dame de Pique, que je chanterai en mai à Bruxelles, suivi d’Oneguine et Ford (Falstaff) la saison prochaine. Ce sont des rôles sur la route d’un baryton lyrique et le moment est venu pour moi de les aborder. Mais encore une fois, même si l’aspect vocal est primordial, je suis vraiment guidé et attiré par la puissance théâtrale des rôles _ et c’est fondamental !

Wozzeck en est un exemple évident : j’ai toujours aimé la pièce de Büchner et quand j’ai découvert l’opéra de Berg, je pensais que je ne chanterai jamais le rôle. J’y entendais toujours des barytons-basses sombres et puissants. Mais quand j’ai entendu Simon Keenlyside le chanter à Bastille en 2006, j’ai compris que ce rôle pouvait être porté par une voix plus claire, plus aigüe, comme celle par exemple de Christian Gerharer qui l’a chanté dernièrement et dont la voix est assez proche de la mienne, alors j’ai gardé l’espoir de le chanter un jour et je devrais aborder le rôle dans deux ans.

RM : En plus de Wozzeck, vers quoi souhaitez-vous faire évoluer votre carrière dans les prochaines années?

SD : J’ai compris que ma voix changeait et que je pouvais maintenant m’orienter vers des rôles plus bas _ voilà _, comme Rodrigue, pris récemment dans le Don Carlos de Lyon. Je me suis rendu compte que cela nécessitait un fort engagement physique _ oui _, que je pouvais assumer, notamment dans une salle convenant bien à mes moyens _ et c’est aussi crucial, bien sûr. En revanche, je ne voudrais pas descendre sur des rôles trop lourds, comme chez Wagner par exemple, où à part Wolfram, que j’aimerais vraiment rechanter dans les prochaines années, je vois assez peu de rôles pour moi _ probablement…

Lannion. Voce Degout-Planès 4 (2)

J’aimerais aussi faire plus de récitals _ oui _, car je trouve que c’est vital pour ma propre santé vocale et artistique _ oui. Mais c’est toujours difficile à vendre _ hélas ! _, surtout en France _ pas assez mélomane… Je pensais que c’était une question d’époque, mais lorsque j’ai évoqué le sujet avec François Le Roux, il m’a surpris en me disant que dans ses grandes années de récitaliste, il en donnait relativement peu, parce que l’opéra prend toute la place. José van Dam est aussi célèbre pour ses récitals, mais il y est venu assez tard dans sa carrière, ce qu’il a regretté _ Stéphane Degout sait aussi excellemment écouter ses confrères…

Je fais aussi très peu de concerts avec orchestre, alors que le répertoire est très riche et m’intéresse beaucoup, par exemple les Scènes de Faust de Schumann, les cycles de Mahler, etc. Mais dans ce domaine comme partout, on pense à vous pour ce que vous avez au répertoire, pour ce que vous savez faire. Vous faites partie d’un réseau, opéra ou concert, rarement les deux ! _ hélas… Et tout particulièrement dans le cloisonnement d’esprit de beaucoup de Français… Les chanteurs d’opéra sont rarement invités par les orchestres, et les chanteurs qui ne chantent qu’en concert se produisent rarement à l’opéra, ce qui est dommage _ vraiment ! Il y a peut-être un manque de curiosité _ oui !!! _ou de prise de risque _ aussi… _ de ce côté de la part de certains directeurs de casting. Mais c’est aussi à nous _ oui ! _ d’oser proposer _ oui _ et de faire part de nos envies, et par exemple c’est moi qui ai suggéré à l’Orchestre de Paris les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler que je chanterai en mars à la Philharmonie. Il faut donc aussi, en tant qu’artiste, proposer les ouvrages que l’on souhaite chanter _ voilà.

Crédits Photographiques : Portrait © Jean-Baptiste Millot ; Hamlet Mulhouse © Alain Kaiser ; Récital avec Alain Planès © Alain Le Bourdonnec

Cette interview est vraiment passionnante _ je l’avais déjà donnée le 26 novembre 2019 :

Et elle nous permet d’apprécier une nouvelle fois la très remarquable qualité d’intelligence humaine de Stéphane Degout, au-delà de ses qualités de chanteur et d’acteur…

Ce mercredi 25 août 2021, Titus Curiosus – Francis Lippa

Le bel univers de Michel Fau

31mar

Le samedi 15 septembre dernier,

j’écoutais avec un vif plaisir l’émission Étonnez-moi Benoît, de Benoît Duteurtre,

intitulée Michel Fau & Julie Depardieu dans la célèbre pièce « Fric Frac » d’Édouard Bourdet au Théâtre de Paris

dont en cliquant sur le lien vous accédez à l’écoute (de 90′)…

Et hier,

je découvre ce très intéressant portrait-ci de Michel Fau :

Michel Fau, amoureusement lyrique

sur le site de Res Musica.

MICHEL FAU, AMOUREUSEMENT LYRIQUE

Artistes, Entretiens, Mise en scène, Opéra

FAU Michel_1165Acteur et metteur en scène prolifique, dénicheur d’œuvres inconnues ou méprisées, Michel Fau impose depuis quelques années son univers baroque et à contre-courant sur les scènes lyriques françaises. Après le triomphe de son Ariane à Naxos au Capitole de Toulouse, il donne à redécouvrir LPostillon de Lonjumeau d’Adolphe Adam à l’Opéra-Comique. L’occasion pour ResMusica de s’entretenir avec cet artiste singulier, hors du temps et des modes.

« S’il n’y a pas cette folie ou ce délire, alors oui, en effet, ça devient désuet, conventionnel, ennuyeux et banal. »

ResMusica : L’Opéra-comique contribue depuis quelques années à remettre à l’honneur tout un répertoire méprisé ou tombé en désuétude (l’opérette, l’opéra-comique, le grand opéra français…). Qu’est-ce qui explique selon vous qu’on y revient aujourd’hui ?

Michel Fau : Je pense que c’est le même problème qu’il y a eu dans le théâtre de boulevard ou la tragédie ; on n’apprenait plus ce répertoire, ce style. Il y a eu toute une période où on méprisait la tragédie et la comédie et, par ailleurs, le tragique lyrique était suspect. C’est très curieux. À un moment, dans l’histoire du lyrique, on était davantage sur le drame sentimental, social. Par conséquence, l’opérette ou l’opéra-comique sont devenus désuets. En plus, pour chanter l’opérette ou le grand opéra français, il faut de très grands interprètes. Il faut des gens avec des voix virtuoses et en même temps, il faut qu’il y ait une incarnation, un jeu scénique survolté. Les grands interprètes de ces œuvres-là étaient à l’époque de fortes personnalités. Quand je pense au baryton qui a créé Ciboulette – Jean Périer – il a créé aussi Pelléas, ce n’est pas rien. Ce qui est beau c’est qu’aujourd’hui, on a toute une génération de chefs d’orchestre qui ne méprisent plus cette musique et des chanteurs qui chantent avec autant de profondeur et de conviction cette musique apparemment légère que s’ils avaient à chanter du Schoenberg ou du Richard Strauss.

Quand j’ai mis en scène Ciboulette, on disait à Jérôme Deschamps que ça ne marcherait jamais, que c’était de l’opérette, que c’était ringard. Et finalement, on a refusé 100 personnes par soir ! La raison ? Des interprètes formidables. Il y avait notamment un ténor mozartien parce qu’on s’était rendu compte que le rôle était redoutable à chanter. Et puis il y avait un chef d’orchestre qui n’avait jamais dirigé cette musique mais qui y était sensible. C’est pareil sur Le postillon de Lonjumeau, on a la chance d’avoir un des plus grands ténors du monde (ndrl : Michael Spyres), on peut le dire, parce que c’est très difficile à chanter. Et puis, pour jouer la comédie et la tragédie, il faut être fou. Pendant très longtemps on a eu des chanteurs qui chantaient bien ou des acteurs qui jouaient juste mais ça ne suffit pas. Il faut avoir de la virtuosité et de la folie parce que la comédie et la tragédie parlent de la folie humaine et s’il n’y a pas cette folie ou ce délire, alors oui, en effet, ça devient désuet, conventionnel, ennuyeux et banal.

RM : Comme au théâtre, on a l’impression que vous aimez participer à la redécouverte de ces œuvres. Comment est né ce projet du Postillon de Lonjumeau ?

MF : Jérôme Deschamps m’en avait parlé et Olivier Mantei a pris le relais. En fait, ils voulaient remonter cette œuvre depuis très longtemps. J’ai découvert l’œuvre par la proposition de l’Opéra-Comique. J’ai confiance en mon désir et en mes goûts et je n’ai pas d’à priori sur les œuvres. On m’en a proposé d’autres que j’ai refusées parce qu’elles m’ennuyaient ou que je n’avais rien à dire dessus mais là, la musique m’a plu. Du beau bel canto français. Et puis, j’ai trouvé l’histoire, le fond, ce que ça raconte sur la vie, l’humain, le théâtre, très intéressant. C’est une œuvre drôle, poétique, mais aussi cruelle. Un opéra dans l’opéra aussi puisque c’est l’histoire d’un homme qui devient chanteur lyrique. 

RM : Et puis c’est aussi un opéra qui comme d’autres œuvres du XIXe siècle, comme la Manon de Massenet, regarde vers un XVIIIe siècle un peu fantasmé…

MF : … c’est ça qui est beau ! Je viens de monter Ariane à Naxos à Toulouse et c’était pareil, c’est un opéra du début du XXe siècle qui rêvait autour du XVIIIe. C’est comme quand Fellini fait Casanova, il réinvente un XVIIIe siècle vu sous le prisme des années 70 et moi il n’y a que ça qui m’intéresse de revisiter, réinterpréter ou de rêver une époque révolue mais sans faire de la reconstitution historique, en la réinterprétant. C’est là où, à mon avis, il y a un geste artistique.

 

RM : Tout le monde connaît votre passion pour l’opéra. Pouvez-vous nous raconter un de vos grands souvenirs d’opéra en tant que spectateur ?

MF : Oui, c’est Elektra de Richard Strauss avec Gwyneth Jones et Leonie Rysanek à Orange parce que j’ai découvert une musique d’une violence inouïe, un livret d’Hofmannsthal magnifique, et puis j’ai vu des océans vocaux et en même temps de très grandes tragédiennes. J’avais l’impression de voir Bette Davis et Gena Rowlands, plus Sarah Bernhardt. Pour moi, la tragédie c’est ça. Ce n’est pas triste ou sentimental. C’est violent et ça fait peur. C’était démentiel et ça a été un choc immense même si j’avais vu aussi auparavant des choses très belles comme Montserrat Caballé dans La Force du destin. J’ai toujours aimé l’opéra depuis que je suis petit.

RM : Qu’est ce que ça représente pour vous ?

MF : Tous les matins je me lève et je mets de l’opéra. Ce matin, c’était Faust de Gounod (rires) mais c’est très varié. Ça peut être du Berg, du Rameau… Ce qui me plaît, c’est la voix chantée et donc la réalité sublimée ou la réalité déformée. Je n’aime pas le réalisme. C’est bien que ça existe mais moi je ne monte pas d’auteurs réalistes. J’aime quand les histoires sont déformées et à l’opéra c’est le cas. C’est plus que la réalité. C’est ça qui me plaît.

« J’aime quand les histoires sont déformées et à l’opéra c’est le cas. »

RM : Pour certains metteurs en scène ou directeurs de salles, l’opéra doit s’inscrire dans une contemporanéité et être le reflet de notre temps pour survivre. Qu’en pensez-vous ?

MF : L’académisme me fait peur mais le problème que j’ai, c’est que je n’aime pas non plus la modernisation à tout prix. Donc, je ne me positionne nulle part mais je pense qu’il y a une troisième voie parce que souvent à l’opéra, on a des choses très attendues ou bien des choses très modernes mais qui sont finalement très prévisibles aussi. Je pense qu’à une époque on avait besoin d’aller vers une modernisation, mais maintenant, ça ne surprend plus personne. Ça ennuie les gens plus qu’autre chose. Pour ma part, je considère qu’il faut partir de l’œuvre.

Pour le Postillon, je ne pense pas que c’est en la modernisant qu’on la rendra plus accessible. Les gens ne sont pas bêtes. Quand on voit le cinéma, ils n’ont pas peur de faire des films en costumes d’époque et de délirer autour. Le public a envie de rêver. Il n’a pas toujours envie de revoir ce qu’il voit aux actualités tous les jours. Ces gens-là disent que c’est en modernisant les œuvres qu’ils vont attirer un autre public mais ce n’est pas vrai ! Au contraire, je pense que c’est en faisant des choses poétiques, violentes, délirantes et lyriques que l’on attirera le public des films de Tim Burton par exemple qui sont tous poétiques, pas réalistes, en costume… Ce n’est pas en mettant les chanteurs en survêtements avec des portables. Je ne le pense pas.

RM : Vous vous qualifiez souvent d’acteur lyrique déplorant l’hégémonie du non jeu ou du jeu naturaliste, plaqué sur tous les styles de pièces. L’opéra demande au contraire un respect du style et une forme d’outrance dans le jeu de scène compte-tenu de la grandeur des salles. C’est aussi ce qui doit vous séduire à l’opéra ?

MF : C’est lié à l’interprétation aussi. C’est lié à des sentiments extrêmes. C’est comme dans la tragédie ou dans le vaudeville. Ce sont des personnages pris dans des situations extrêmes. C’est pour ça qu’on ne peut pas le jouer de façon quotidienne. Le metteur en scène essaye mais la musique résiste. On ne peut pas. Ce sont des situations terribles qui n’arrivent qu’une fois dans la vie. C’est pour ça que c’est ridicule de vouloir jouer Racine, Feydeau, Puccini ou Berlioz comme si c’était la vie de tous les jours. Ce n’est pas vrai. Ça n’a pas été écrit pour ça. Ce sont des descriptions tragi-comique de l’existence. Et même sur Le Postillon de Lonjumeau, ce ne sont que des personnages en crise, survoltés par la situation qui leur arrive.

RM : La documentation autour des œuvres a l’air d’être très importante dans votre processus créatif ?

MF : La connaissance enrichit mon imaginaire et me nourrit. C’est pour ça que je pars toujours de l’œuvre pour ne pas refaire éternellement le même spectacle même si j’ai des obsessions récurrentes. C’est en me documentant, en travaillant en amont, que mon imaginaire rebondit. La connaissance, ce n’est pas suspect. J’invite tout le monde à aller au musée, à l’Opéra et à lire des livres. Pas parce que ça fait bien mais parce que la vie devient plus exaltante.

RM : Auparavant, les chanteurs parlaient beaucoup des rôles sous leur aspect technique, valorisant les notes impossibles à atteindre – comme le contre-ré de Chapelou dans le Postillon par exemple. Aujourd’hui, les chanteurs parlent plus volontiers de la construction de leur personnage mais comment incarner des personnages surtout quand ils sont archétypaux ?  

MF : Je pense qu’il faut prendre tout se qui se passe au pied de la lettre en partant vraiment du texte. Si on joue vraiment la situation, ce qu’il se passe dans le Postillon de Lonjumeau est d’une cruauté redoutable… et ça fait rire ! Mais il faut aller au bout de l’intention et de la situation et je pense que l’interprétation du rôle est liée à la technique. Je ne les sépare pas. Ce qui est intéressant c’est de partir de l’excès qui peut faire rire ou peur. C’est le livret et la musique qui m’inspirent. Je pars toujours de l’œuvre parce que je l’estime toujours.

RM : À l’opéra, le temps de répétition est assez court alors que les projets remontent souvent plusieurs années en avance. Donc, avant même que les répétitions ne commencent, le spectacle est quasiment prêt, non ? Quand et comment intervient le visuel dans votre processus créatif ?

MF : Je trouve ça très bien de travailler en amont. Et puis le chef et les chanteurs travaillent aussi en amont, alors pourquoi pas le metteur en scène ? C’est bien d’arriver avec de la nourriture pour les interprètes. Après, ça change parce que il y a des contraintes techniques et parce qu’on répète et qu’on imagine d’autres choses. Mais j’aime bien arriver avec un squelette de spectacle. Et cette méthode maintenant, je l’applique aussi au théâtre même si on a plus de temps de répétition. Partir de rien c’est une perte de temps et c’est bien de partir d’un dessin, d’un schéma, même si ça évolue. Pour le Postillon, en lisant l’œuvre, en parlant avec le scénographe avec lequel je suis très complice, on savait qu’on voulait quelque chose de poétique, bucolique, avec des couleurs saturées. On voulait partir de la convention en la réinterprétant ; réinterpréter les toiles peintes avec les moyens d’aujourd’hui, réinventer la rampe et ses éclairages frontaux. On a la chance d’avoir aussi Christian Lacroix pour les costumes qui part toujours de gravures et de maquettes d’époque mais là encore, pour rêver et réinventer.

RM : Vos spectacles sont très travaillés plastiquement parlant et assez reconnaissables (beaucoup de couleurs, une approche parfois kitsch, etc). Comment ne pas tomber dans des recettes et l’effet de mode ?

MF : À la base, la mode c’est beau parce que c’est éphémère. Moi ce qui m’angoisse, c’est surtout le goût du jour. Les dadaïstes disaient « merde au goût du jour ». J’essaye de ne pas trop penser à ce que les gens vont dire et je fais ce que je pense qu’il faut faire. Évidemment, je souhaite que le public soit comblé mais ça m’arrive aussi de faire des spectacles qui n’ont pas le succès que j’espérais. Ma position est compliquée parce que j’ai la possibilité de faire des spectacles dans des lieux prestigieux avec beaucoup de moyens – parce que je suis  différent du goût du jour – et en même temps, il y a des gens qui me le font payer très cher et il y a des lieux où je ne suis pas toléré. Ma différence est une force et une faiblesse qui me laisse à part et ça me plaît parce que ça veut dire que je ne suis pas au goût du jour, ce qui me fait très peur. Quand je travaille, sincèrement, je n’y pense pas. Quand j’ai fait le Tartuffe avec Michel Bouquet, c’est devenu un manifeste puisque l’alexandrin était au premier plan, proféré en costume baroque, avec un jeu très frontal, dans un décor monumental. C’était l’opposé de tout ce qui se fait aujourd’hui. Mais quand je l’ai fait, c’est l’œuvre qui m’a nourri. Je ne me suis pas dit que je faisais un spectacle manifeste. Mais c’est devenu un manifeste et un succès public, ce qui a énervé encore plus certaines personnes…

RM : … et puis l’important c’est que tous les regards existent ? Qu’ils s’éclairent les uns les autres ?  

MF : Absolument ! Le danger, c’est la pensée unique. Ce qu’il y a de beau à l’Opéra-Comique, c’est qu’ils programment des créateurs très différents. C’est la grande intelligence d’Olivier Mantei de programmer Cyril Teste, Olivier Py, Michel Fau. Il n’y a pas d’esthétique unique. Il y a trop de salles où on a l’impression de toujours voir le même spectacle.

RM : Vous trouvez souvent le moyen de monter sur scène, même à l’opéra ! Pourquoi et quel est le programme cette fois-ci ?  

MF : Voyez, pour Ariane à Naxos, je n’étais pas sur scène et c’était trop douloureux pour moi parce que je me sens extérieur au spectacle. Le chef d’orchestre, il est dans la fosse, sur le bateau. Le metteur en scène, il ne sert plus à rien quand le spectacle démarre. C’est pour ça que les metteurs en scènes sont parfois aigris ou odieux. C’est très difficile comme position. C’est pour ça que je ne monterai plus de pièce où je ne suis pas sur scène. Là, pour Le Postillon il y avait un petit rôle de suivante qui n’avait pas beaucoup d’intérêt donc je le fais… pour être avec eux !

Crédit photographique : © Harcourt

Samedi 15 septembre 2018
 1h 30mn

Michel Fau & Julie Depardieu dans la célèbre pièce « Fric Frac » d’Édouard Bourdet au Théâtre de Paris

Nous allons plonger dans le Paris d’avant guerre avec Fric-Frac, mise en scène de Michel Fau, pour évoquer ce temps ou l’argot était une langue musicale et ou les comédiens chantaient. Avec Michel Fau et Julie Depardieu, complices de théâtre mais aussi deux mélomanes éperdus !

Michel Fau & Julie Depardieu dans la célèbre pièce "Fric Frac" d'Édouard Bourdet au Théâtre de Paris
France Musique, studio 131… Julie Depardieu, Benoît Duteurtre & Michel Fau, complices de théâtre mélomanes éperdus ! (g. à d.) , © Radio France / Annick Haumier



Après Arletty, Fernandel et Michel Simon c’est Julie Depardieu, Régis                                          
Laspalès et Michel Fau qui vous emmènent faire un tour dans le Paname des années 30, ça gouaille, parle de fraiche, de flouze, d’oseille, ça se paie une bonne tranche de rigolade !



L’homme de Loulou est en prison et il a besoin d’oseille, de beaucoup de  pognon. Loulou sa p’tite veut lui en trouver. Marcel employé de bijouterie est amoureux de Loulou. Loulou va se servir du naïf Marcel pour organiser avec Jo un Fric-Frac dans la bijouterie ou travaille Marcel, une affaire en or…


Michel Fau & Julie Depardieu dans la célèbre pièce "Fric Frac d'Édouard Bourdet"


Michel Fau & Julie Depardieu dans la célèbre pièce « Fric Frac » d’Édouard Bourdet 
 © Théâtre de Paris


Avec Régis Laspalès, Julie Depardieu, Michel Fau, Emeline Bayart, Georges Bécot, Fabrice Cals, Yannis Ezziadi, Antoine Kahan, Audrey Langle, Roland Menou.

Mise en scène : Michel Fau.

Représentations 11 septembre au 14 octobre

– Théâtre de Paris, 15 rue Blanche-Paris 9e – Réserver ! Y aller !  



Étonnez-moi Benoît-Générique début

♫Rythmes gitans : Jo Privat et Les Manouches de Paris

♫James Brown et son groupe The JB’s !

♫Franz Schubert : Polonaise



Étonnez-moi Benoît-Générique fin ♫Étonnez-moi Benoît par Françoise Hardy (paroles Patrick Modiano & musique H. de Courson)

Album 33T Mode 509 191 & CD Virgin 8406382


France Musique, studio 131... Julie Depardieu, Benoît Duteurtre & Michel Fau, complices de théâtre mélomanes éperdus ! (g. à d.)

France Musique, studio 131… Julie Depardieu, Benoît Duteurtre & Michel Fau, complices de théâtre mélomanes éperdus ! (g. à d.) , © Radio France / Annick Haumier


Programme



♫Jacques Offenbach (1819-1880) : opérette Lischen et Fritzchen, Je suis alsacienne, livret Paul Boisselot. Madeleine Renaud (1900-1994) & Pierre Bertin (1891-1984) Orchestre Guitinguer


France Musique, studio 131... Julie Depardieu, Benoît Duteurtre & Michel Fau, complices de théâtre mélomanes éperdus ! (g. à d.)

France Musique, studio 131… Julie Depardieu, Benoît Duteurtre & Michel Fau, complices de théâtre mélomanes éperdus ! (g. à d.), © Radio France / Annick Haumier

Enregistrement live à Lugano, 29 avril 1954



♫Igor Stravinsky (1882-1971) : Dumbarton Oaks Concerto In Mi Bemolle Per Orchestra Da Camera (1937-1938). Orchestra della Radiotelevisione della Svizzera Italiana, direction Igor Stravinsky – De l’album « Igor Stravinsky ‎– Stravinsky conducts Stravinsky » (1995) – Label Ermitage ‎ERM 156 ADD 


Label Naïve


Label Naïve


♫Jean Lenoir & Jacques Charles : La Villette. Julie Depardieu, chant. Laurent Korcia, violon. Arnaud Boukhitine, tuba – De l’album « Laurent Korcia – Danses (2004) – Label Naïve V 4978


Label Mercury Records

Label Mercury Records


♫Georges Brassens (1921-1981) : Le pornographe. Michel Fau, chant – De l’album « Brassens sur Parole(s)”– Label Mercury Records 2016


Label CBS


Label CBS


 

♫André Messager : opérette Véronique, Adieu! Je Pars (La Lettre) livret A. Vanloo & G. Duval. Marcel Merkès, chant. Orchestre direction Jacques Métehen – Label CBS S 63 646 



♫Philippe Katerine & Julie Depardieu : « L’au delà » de la B.O. film « Je suis un no man’s land » de Thierry Jousse (2011)


 

France Musique, studio 131... Julie Depardieu & Benoît Duteurtre, mélomanes éperdus !


France Musique, studio 131… Julie Depardieu & Benoît Duteurtre, mélomanes éperdus !
, © Radio France / Annick Haumier


Les dames du Prix des Muses sont réunies au célèbre restaurant Chapuchot, dans le salon du Chinois, pour décerner leur prix annuel. Un mystérieux assassin les frappe au cours des délibérations. Une lauréate va s’opposer à l’inspecteur et mener  l’enquête…


 

Label Vega

Label Vega


♫Pierre Barillet & JP.Grédy : Le Chinois, comédie en 3 actes. (Musique Michel Emer) .Jacqueline Maillan & Jean Raymond, chant – De l’album « Extraits Musicaux De La Comédie De Barillet Et Grédy, Le Chinois (1959) » – Label Vega T 37 S 2507


 

Label Columbia


Label Columbia

♫Henri Christiné & Albert Willemetz : opérette « Le bonheur mesdames » Elle est épatante cette petite femme là (1935) Michel Simon, chant. – Label Columbia ‎2 C016-14203



Dans le Paris des années 20. Marguerite Dumont femme fortunée, passionnée de musique et d’opéra. Depuis des années Marguerite chante faux devant son cercle d’habitués, mais personne ne le lui a jamais dit !


 


Voilà que tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public à l’Opéra…


Label Studio France Télévisions

Label Studio France Télévisions


♫B.O. film Marguerite de Xavier Giannoli (2015) Avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret, Denis Mpunga – Label Studio France Télévisions Distribution 2016


♫Adolphe Adam (1803-1856) : Le Postillon de Longjumeau (1952) Avec Henri Legay, Janine Micheau, René Hérent, Lucien Lovano, Germaine Parrat & André Vessières. Orchestre de la R.T.F. direction Jules Gressier



♫Henri Christiné & Albert Willemetz : opérette « Le bonheur mesdames « La Baya » Chin’, Chin’, Chin’... (1934) Arletty, chant avec orchestre – Disque 78 tours Pathé PA112


L'Avant-scène théâtre propose : Fric-Frac d'Édouard Bourdet
L’Avant-scène théâtre propose : Fric-Frac d’Édouard Bourdet

Il est des pièces tellement ancrées dans la mémoire collective que même  la distribution en est légendaire. Fric-Frac d’Édouard Bourdet est de celles-là. Dès lors, pas de circonstances atténuantes, il faut ramener sa fraise, comme de bien entendu ! 


 

L'Avant-scène théâtre propose : Fric-Frac d'Édouard Bourdet

L’Avant-scène théâtre propose : Fric-Frac d’Édouard Bourdet

Avant-propos : Comme de bien entendu ! par Rodolphe Fouano
Fric-Frac : L’affiche – Le texte de la pièce



Commentaires
Édouard Bourdet, auteur à succès, par Gérard Lieber
Bourdet, épurateur méconnu, par Jacques Boncompain
Fric-Frac ou l’éloge de la langue verte, par Olivier Barrot
Un type qui donnait l’amour du théâtre, par Arletty
De la scène au film, par Alain Riou
Un texte à interpréter comme une partition, rencontre avec Michel Fau, par Armelle Héliot
Fric-Frac ou la poésie des petites gens, par Michel Fau
Entretiens avec Régis Laspalès, Julie Depardieu et Emeline Bayart


 

Label Angel Records
Label Angel Records


♫Alexandre Glazounov (1865-1936) : Raymonda, Suite, Opus 57 Danse Espagnole. Orchestre philharmonique de Paris, direction Manuel Rosenthal – De l’album « Les Rarissimes De : Ibert – Debussy – Loeffler – Glazounov – Scriabine » – Label Angel Records 2004


Label Marianne Melodie

Label Marianne Melodie

♫Richard Genée : opérette Nanon, La valse du rire. Erna Sack (1898-1972) avec un livret de F Zell – De l’album « Erna Sack : collection « Les voix d’or »


Label Marianne Melodie 2006


 

Label Bell Music

Label Bell Music

♫Klaus Wunderlich, orgue Hammond : An Der Schönen Blauen DonauLabel Bell Music 2007


 

France Musique, studio 131... Julie Depardieu, Benoît Duteurtre & Michel Fau, complices de théâtre mélomanes éperdus ! (g. à d.)


France Musique, studio 131… Julie Depardieu, Benoît Duteurtre & Michel Fau, complices de théâtre mélomanes éperdus ! (g. à d.)
, © Radio France / Annick Haumier


« Immortel Fernandel qui chantait autant qu’il jouait, Sa présence, son charisme, son aise, son sourire et ses colères qui réchauffaient la scène et l’écran. Un artiste complet ! »  Curtis Newton


 


♫Fernandel : Fôlatrerie – De l’album « 125 succès essentiels et chansons rares » – Label Marianne Melodie 2011


 

Label Deutsche Grammophon


Label Deutsche Grammophon


♫Carl-Maria von Weber / Hector Berlioz : Invitation à la valse Op.65. Berlin Philharmonic Orchestra, direction Herbert von Karajan – De l’album « Herbert von Karajan -Berliner Philharmoniker – Invitation To The Dance (2011) – Label Deutsche Grammophon 474 617-2


 

L’équipe de l’émission :
  • Benoît DuteurtreProduction
  • Christine AmadoRéalisation
  • Annick HaumierCollaboration
 …

 

Un beau portrait

d’un artiste authentique

et passionnant !

Ce dimanche 31 mars 2019, Titus Curiosus – Francis Lippa

Chercher sur mollat

parmi plus de 300 000 titres.

Actualité
Podcasts
Rendez-vous
Coup de cœur